Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2006

  •                                        

    Charlot_1

     


    Le carrefour Charlot-Quatre-Fils (IIIe) pendant les travaux de transformation de la chaussée et des trottoirs. Le conseil du quartier concerné n'était pas au courant !

    <>

    On ne peut pourtant pas dire qu'il s'agissait de travaux mineurs. La rue Charlot est restée fermée pendant un mois environ. Irène, qui est membre du conseil de son quartier et qui vit là, n'en a pas cru ses yeux. Notre association, toujours prompte à réclamer des transformations quand elles correspondent aux voeux des riverains, n'avait rien demandé. Pas plus que nos cousins de "Marais-Temple", dont le siège est précisément rue Charlot.

    Sur le fond, nous ne critiquons pas ce qui a été fait. La sécurité des piétons, en particulier celle des parents des enfants et des élèves de l'école primaire des Quatre-Fils, est améliorée grâce à un aménagement approprié des trottoirs et la mise en place d'un ralentisseur. A plus forte raison, pourquoi avoir laissé le conseil de quartier dans l'ignorance du projet ?

    C'est l'occasion de s'interroger sur le rôle de ces fameux conseils, créés par la loi "démocratie de proximité" du 27 février 2002. Obligatoires pour les villes de plus de 80.000 habitants mais laissés totalement à l'initiative des maires, ils connaissent des sorts divers.
    A l'extrême, comme à Marseille où l'agglomération ne compte pas moins de 200 "comités d'intérêt de quartiers" (CiQ), le Maire, avec le ton débonaire qu'on lui connaît, a annoncé sentencieusement que sa ville n'avait pas besoin des nouveaux conseils de quartiers. Les CiQ fonctionnent depuis le début du XXème siècle et sont devenus là-bas une institution.

    A Paris, 121 conseils de quartiers ont été créés depuis 2002. Chaque arrondissement a sa charte de constitution et de fonctionnement. On trouve des disparités gigantesques de l'un à l'autre. Dans le IVe, la Maire Dominique Bertinotti, a fixé pour postulat que la composition des conseils devait refléter la majorité politique de la municipalité. Pour s'en assurer, la charte dispose que 2 collèges sur trois, pour faire court, sont directement sous son influence.

    Chez Pierre Aidenbaum, dans le IIIe, c'est le hasard en totalité qui détermine le choix des conseillers, tous volontaires donc tous militants, mais pas forcément de la sensibilité du Maire. Cette relative impartialité n'a pas empêché toutefois des psychodrames qui se sont souvent terminés par le limogeage pur et simple du président du conseil voire du bureau tout entier.

    Les conseils sont ouverts au public, à l'exception du quartier St Gervais qui travaille à huis clos, style politburo.Cette façon de concevoir la démocratie de proximité est une perversion. Les conseils de quartiers n'ont ni représentativité ni pouvoir. Se donner de l'importance en se refermant sur soi-même relève du syndrome de la grenouille qui voulait être plus grosse que le boeuf !

    La seule démocratie qui vaille aujourd'hui, c'est celle que nous donne nos institutions, celle qui fait de nos élus nos représentants. La loi de 1982 (dite loi PLM) qui instituait les CICA (comités d'initiatives et de consultation d'arrondissements) a ouvert les Conseils d'Arrondissements (où seuls les élus ont voix au chapitre) aux associations habilitées qui peuvent dans cette circonstance être entendues et écoutées. C'était sans doute le pas le plus volontariste vers une démocratie de proximité qui n'en altérait pas les fondements. Les conseils de quartiers  actuels n'ont pas ce mérite et rendent désormais confus le rôle des CICA, que les maires ont tendance à négliger, ce que nous n'acceptons pas.

    La lecture de ces lignes peut laisser croire que nous voulons la disparition des conseils de quartiers. En réalité, nous les fréquentons assidûment car il s'y dégage un parfum de Comédie Humaine qui réchauffe le coeur. On s'y fait des amis et le quartier devient un village où tout le monde ou presque se connaît. Il faut et il suffit à notre bonheur que cette instance reste à la place qui est la sienne.

     

                                  

  •                                                                                                                                               

    Caf_de_la_terrasse_1

                                     
                             Café Restaurant de la Terrasse – 51 rue des Archives – IIIe

    Les terrasses de cafés font le charme de Paris. Aucune capitale au monde n’offre une telle surface de tables et de chaises où l’on peut consommer en plein air. Paris s’y prête bien : les avenues et leurs trottoirs sont larges, l’ensoleillement n’est pas aussi rationné que le prétendent nos compatriotes du midi et le vent et la pluie sont toujours modérés. Paris attire par ses monuments mais les terrasses contribuent à entretenir une légende de ville romantique où vivre est un art.
    C’est le bon côté de la médaille. Elle a aussi son revers. Quand les terrasses sont envahissantes au point de refouler les piétons, quand elles ne respectent pas le droit à la tranquillité des riverains qui souffrent du bruit des consommateurs ou de la musique que l’établissement diffuse sans se préoccuper de la gène causée à son entourage, elles deviennent des nuisances que les habitants dénoncent et combattent.
    Il existe heureusement une attitude médiane que défend la Ville. Elle repose sur une réglementation spécifique et un contrôle qu’il n’est pas inutile de rappeler.
    Les terrasses ne sont pas autorisées d’office. Il faut en faire la demande auprès de la Direction de l’Urbanisme, Sous-Direction du Permis de Construire et du Paysage de la Rue, 17 bd Morland – IVe –
    Le Maire d’arrondissement et  la Préfecture de police peuvent s’y opposer.
    En cas d’accord, l’autorisation est notifiée par écrit et le gérant d’établissement a l’obligation de produire ce document sur réquisition et  montrer qu’il respecte le périmètre qui lui est assigné. Dans le IVe, les limites sont repérées par des pastilles métalliques de quelques centimètres scellées au sol.
    Dans le IIIe, on est plus désinvolte. Les limites sont pour le moment virtuelles.
    La règle d’occupation des trottoirs peut se résumer ainsi : un minimum de  2/3 de la largeur du trottoir est impérativement réservé aux piétons avec un minimum de 1,60 mètres. Il en résulte qu’un trottoir dont la largeur est inférieure à 2,40 mètres ne peut pas bénéficier d’une autorisation de terrasse.
    Qui vérifie ?
    On est tenté d’afficher un rictus en réponse, tant sont nombreux les manquements à la règle.
    Il ne faut pas jouer les grincheux. Que la douceur d’un soir d’été pousse les consommateurs (et le commerçant) à dépasser la ligne ne constitue certainement pas un crime. Comme toujours, c’est aux excès manifestes qu’il faut s’attaquer. Retenons nous de citer un fois de plus le COX qui persiste à faire dans l’outrance (pour combien de temps encore ?), il reste tout de même un certain nombre de bars-restaurants qui abusent et lorsque nous le constatons nous sommes en droit de protester.
    Qui contrôle et qui sanctionne ?
    Trois organismes sont concernés : la Direction de la Prévention et de la Protection de la Ville de Paris, la Sous Direction du Paysage de la Rue, citée plus haut et le Commissariat Central d’arrondissement (01 42 76 13 00 pour le IIIe et 01 40 29 22 00 pour le IVe). C’est la  police qui est leader et qui assure la coordination de l’ensemble de ces moyens, dans le cadre d’orientations générales discutées avec les Maires.

  • On nous l’avait promis, le nouveau plan d’urbanisme de Paris (PLU) ferait l’objet de la vaste concertation que la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain) impose en la matière. Les associations et les conseils de quartiers ont travaillé des mois sur les dossiers qui leur étaient soumis. On était prêt à reconnaître que, dans cette affaire, la démocratie de proximité avait bien fonctionné. C’était sans compter sur le coup de théâtre déclanché par le rapport de la commission d’enquête.

    Ce rapport, dont le contenu nous a été révélé début juin, émet un avis favorable sous réserve de trois conditions. Cette formulation interdisait pratiquement au Maire de les refuser. S’y ajoutent vingt trois recommandations, des suggestions qui n’ont pas un caractère obligatoire.

    Pour l’essentiel, les réserves introduisent une hausse du coefficient d’occupation du sol de 20% pour les logements sociaux et une autre hausse de 20% pour les constructions à hautes performances énergétiques ou utilisatrices d’énergies renouvelables. Le total fait 40 ou 44% de surface habitable en plus, suivant le mode de calcul.

    Le coefficient (COS) est égal à « 3 »  actuellement. Il passera donc à 4,2 voire 4,32. Ainsi un immeuble de cinq étages pourrait être surélevé de un à deux étages supplémentaires.

    On se demande si cette politique est raisonnable quand on sait que Paris a une densité au m² qui est une des plus fortes du monde. A titre de comparaison, avec 20.137 hab/km² et 24.448 hab/km² (*) en excluant les bois de Boulogne et Vincennes, on avoisine Manhattan en laissant Londres loin derrière avec ses 8.663 hab/km².

    Ces mesures s’ajoutent à l’obligation contenue dans le PLU de réserver 25% de logements sociaux dans les constructions nouvelles de plus de 1.000m². Les promoteurs et les banquiers avaient déjà plébiscité cette disposition qui, au prix d’une remise symbolique sur le prix, les assurent de vendre en bloc dès le départ 25% de leur programme à des investisseurs-bailleurs institutionnels, à l’exemple de la rénovation Cogedim du 21 rue Charlot.

    On relève aussi dans les recommandations, la possibilité pour les mêmes motifs de dépasser le plafond des 37 mètres de hauteur pour les tours.

    Qu’en sera-t-il du Marais ?

    A priori, le PLU ne nous concerne pas car l’urbanisme dans nos quartiers est régi par le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV). Et c’est là que le bât blesse l’échine du Maire de Paris. Aussi a-t-il demandé sa révision. Il l’obtiendra sans doute car un certain nombre de bonnes raisons militent dans ce sens, notamment son inadaptation aux situations créées par la mise hors la loi de constructions parasites qui ont tendance à se pérenniser. Nous devrons veiller, toutefois, à ce que des constructions anarchiques et disgracieuses ne viennent pas dégrader la valeur architecturale de ce secteur historique qui attire les visiteurs du monde entier.

    Nous devrons nous méfier des dents creuses qu’une extension du coefficient d’occupation pourrait inciter à combler. Mais aussi de la tentation de construire des étages supplémentaires sur des immeubles existants.

    (*) source wikipedia—année 1999

    Dent_creuse_1

    On nous répond que les Bâtiments de France sont là pour veiller au respect de l’harmonie architecturale du Marais. Nous savons leur compétence mais nous pouvons craindre cette solidarité envers les architectes contemporains qui les conduit souvent à valider des projets innovants en apparence mais qu’on regrette ensuite amèrement

    Exemple d’immeuble qui peut susciter des convoitises (rue St Antoine)