Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2007

  • Bhv_hommes_enseigne_2

    Alain Dautresire, Directeur du BHV Rivoli, peut se prévaloir de la sympathie des habitants du Marais. Son magasin fait autant partie de notre patrimoine que les monuments les plus prestigieux. Il en est d’une certaine manière l’antithèse, les belles pierres et la culture d’un côté, l’activité économique, la consommation, la vie tout court, d’un autre.

    On trouve tout au BHV, mais il fallait éviter à ce grand magasin le sort de la Samaritaine, qui avait fait de cette phrase son slogan.

    C’est pour relever le défi que le BHV a décidé il y a deux ans d’étendre son activité vers la restauration légère (on ne dit pas "rapide" car c’est péjoratif) et la mode "hommes". La présence dans le Marais d’un forte communauté homosexuelle n’est naturellement pas étrangère à ce choix.

    Nous ne pouvons que nous réjouir de leur initiative qui donne désormais un lustre tout nouveau à la rue de la Verrerie dont l’image souffrait de la présence de quais de déchargement de poids lourds. L’extension, c’est 4.000 m² sur cinq niveaux dédiés à des variations sur la mode masculine, Moi emoi, Moi et mon costume, Moi et mon week-end, Moi et mon jean et Moi et les créateurs. Le café installé dans la cour principale, qui avait inquiété les riverains, s’avère un lieu de calme et de détente qui participe avec bonheur au décor.

    On aimerait que cette médaille n’ait par de revers.
    Hélas on en dénombre deux. Pour commencer, l’enseigne n’est pas conforme, et de loin, aux règles du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais qui impose des lettres de 30 cm maximum de haut. Le personnage sur la  photo donne l’échelle (elles font un mètre de haut à vue d’oeil !) et l’éclairage fluorescent n’est pas autorisé.

    Dommage pour le mur de végétalisation verticale qui est une merveille !

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    Bhv_cour_interieure                                                                                                                        
    Ensuite, on a du mal à croire comme on nous l’affirme que ces immondices accumulées dans la cour intérieure du 11 square Ste Croix de la Bretonnerie et visibles des riverains soient le fait du BHV. Cette grande dame serait-elle une star aux dessous douteux ?                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      

    Selon nos sources, l’enseigne ne figurait pas dans le dossier d’urbanisme. Elle aurait été ajoutée à la hussarde. Une attitude que nous ne pouvons pas accepter et que nous dénonçons, en demandant en même temps, ce qui n’est pas  très difficile, que la cour intérieure soit nettoyée et désormais entretenue comme il se doit.                                                                                                                                                                        

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    Hotel_de_ville_esplanade_2                                    

    L’Hôtel de Ville et son esplanade, au soleil couchant. Un spectacle qu’il nous est donné rarement d’admirer tant sont nombreux les jours où cette vue dégagée est mise à mal par des manifestations dont l’intérêt échappe à beaucoup de parisiens.

    Il y a quelques années, de grands travaux étaient entrepris pour détourner la circulation automobile et offrir aux piétons cette place qui permet de contempler, avec le recul suffisant, la façade de l’Hôtel de Ville, reconstituée de 1874 à 1882 sur le modèle du bâtiment renaissance du XVIe siècle, dont la Commune n’avait laissé que des cendres en 1871.

    Malheureusement, de plus en plus de parisiens déplorent aujourd’hui l’utilisation quasi permanente de cette place pour des manifestations diverses qui l’encombrent de tentes, chapiteaux, estrades, écrans géants, sonos, patinoires, aires de sable pour les jeux de plein air, cabanes-chalets à la période de Noël, tout ceci accompagné de déploiements de police qui sont là en cas de besoin et qui auraient sans doute mieux à faire ailleurs.

    Nous avons capté cet instant privilégié du 1er avril, où exceptionnellement tout est calme, avec cette photo. Elle nous apportera du réconfort dans quelques jours, quand cette perspective remarquable sur le monument sera  occultée par un nouvel avatar et que retentiront les flonflons qui privent trop de gens de sommeil.

    Ce message s’adresse à Dominique Bertinotti, Maire du IVe, dont c’est le territoire et au Maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui est le maître des lieux.

  • Charlot_hotel_anjou_du_marais

     

    Réhabilitation de l’Hôtel d’Anjou du Marais, l’ancien squat "Marais Public", en conformité avec les règles d’urbanisme du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais. Angle rues Charlot et Pastourelle. Nous nous trouvons ici dans un secteur protégé par l’Etat.


    Dialogue de sourds entre le Préfet de l’Ile de France, Préfet de Paris, Bertrand Landrieu et le Maire de Paris, Bertrand Delanoë à propos de la protection du patrimoine. Pour le Préfet, seul l’Etat est habilité à accorder sa protection au bâti au travers des plans de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) comme il en existe pour le Marais et le VIIe ainsi que pour une centaine de centres historiques en France ; pour le Maire de Paris, qui supporte mal l’intrusion de l’Etat dans trois de ses arrondissements, il existe des précédents avec les POS (plans d’occupation des sols) de certains quartiers typiques comme Montmartre ou Mouffetard.

    Dans la ligne de ce raisonnement, le Maire de Paris, en même temps qu’il lançait le PLU, actionnait les différents acteurs de la vie publique, notamment des associations et les conseils de quartiers, pour que soit constitué un fichier d’immeubles "à protéger".

    L’opération, conduite de façon conviviale mais assez brouillonne, typique de cette démocratie de proximité qui est le leitmotiv de l’Hôtel de Ville, a conduit à dresser une liste de 5.607 bâtiments hors PSMV. Un chiffre qui surprend par son importance, à première vue, mais qui choque certains experts que nous avons rencontrés, par l’incohérence de son contenu. Il comporte en effet beaucoup de "bruits" et trop de "silences". Des bruits quand on a intempestivement classé "à protéger" des bâtiments tout à fait ordinaires, par ignorance ou par intérêt, et des silences quand on est passé allègrement à côté de vastes parcelles dignes d’attention, par simple négligence ou par manque de moyens d’investigation.

    Le Préfet demande le retrait de cette disposition au nom du droit à la propriété privée. Il est clair, en effet, qu’un classement de ce genre affecte la valeur du patrimoine, de façon positive ou négative, suivant l’utilisation qu’on projette d’en faire. Le Maire rétorque que c’est le propre de tout règlement d’urbanisme d’affecter le droit à la propriété par les avantages et les limitations qu’il apporte.

    Le juge du tribunal administratif statuera. Sur le fond, il est probable qu’il ne se prononce pas. Faisons le à sa place. Il est clair que tout ce qui mérite d’être protégé à Paris ne le sera pas par de nouveaux PSMV. Il faudrait un siècle pour y parvenir. Il semble tout aussi évident que le fichier actuel, établi dans la hâte et sans l’expertise qui s’impose en la matière, ne fait pas un sort équitable aux divers éléments du bâti de Paris. Il faudrait, pour que cette protection soit crédible, que ce fichier soit passé au peigne fin pour que les "bruits" soient éliminés et que, simultanément, on lance une chasse aux oubliés de l’enquête, aux "silences", qui n’ont pas eu la chance d’être sélectionnés.

    Cette nouvelle péripétie est la conséquence des structures duales qui caractérisent Paris, à la fois ville-capitale et département. Au Préfet,  le Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine qui héberge les Architectes des Bâtiments de France et contrôle les PSMV, au Maire, la Direction de l’Urbanisme, du Patrimoine, de la Culture, la Commission du Vieux Paris et, désormais, la "protection Ville de Paris". Que les meilleurs gagnent !
                                                    Gravilliers_linaire_grossistes                            

     



    Le PLU entend protéger des rez-de-chaussée en conservant leur destination actuelle. Une aubaine pour les grossistes importateurs qui bénéficieraient ipso facto d’une incroyable rente de situation ! (photo rue des gravilliers)


    Autre motif de polémique, au nom de la protection du commerce et de l’artisanat, qui fait naturellement consensus, le PLU contient une disposition qui interdit leur transformation en bureaux ou logements, sur un linéaire de 260 km de chaussée, dans Paris. Curieusement, dans les débats multiples qui ont eu lieu sur sa conception dans les conseils de quartiers, le sujet n’a jamais été mentionné. Il est probable, autrement, que les habitants du IIIe et même du IVe, qui subissent les affres de la mono activité, auraient signalé les dangers et perversions de cette mesure, si elle devenait applicable au Marais, non concerné pour le moment par le contenu du PLU.

    Le Préfet dépose un recours contre cette disposition, au nom de la liberté du commerce. C’est son caractère "totalitaire" qu’il met en cause. Pour notre part, nous préférons nous placer sous l’angle de l’efficacité. Nous savons que l’activité des grossistes n’est pas compatible avec l’urbanisme du centre historique de Paris dont l’évolution souhaitée est la diversité économique, à l’image de secteurs comme la rue Charlot qui a réussi sa mutation. Geler la situation dans sa configuration actuelle, interdire l’arrivée d’activités à forte valeur ajoutée comme la création, les nouvelles technologies et les services de proximité, reviendrait à stériliser nos quartiers pour toujours.

    Alors, par pitié, si le PLU était approuvé en l’état, que jamais une telle disposition soit intégrée au PSMV du Marais au moment de sa révision !

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    Hotel_de_vigny_3Parc_royal_12_1

     

    A gauche l'Hôtel de Croisille, dont il ne reste en réalité que la façade traitée dans un style néo-classique. Il abrite, dans des structures rapportées, à l'arrière, la médiathèque du patrimoine.

    A droite l'Hôtel de Vigny qui doit sa survie à ses beaux plafonds peints du rez-de-chaussée.


     

    Les hôtels jumelés de Vigny – Croisilles, situés au 10 et au 12 de la rue du Parc-Royal dans le IIIe, avec leurs façades classiques
    entre cours et jardins ont été sauvés de justesse de plusieurs projets de
    démolition.

    Achetés
    par l’Etat en 1938 afin d’être détruits dans le cadre du prolongement de la rue
    Etienne Marcel, ils doivent leur salut à l’échec du projet

     L’hôtel
    de Vigny est à nouveau voué à la démolition en 1961 au profit d'une école.
    Des bénévoles, animés par Michel Raude, dégagent alors sous un faux plafond des
    poutres peintes sous Louis XIII ; ils alertent André Malraux, Ministre
    de la culture, qui fait classer l’hôtel.

    Ce mouvement incita André Malraux à créer le
    "Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) du Marais". En 1962, il fait voter la loi créant des secteurs sauvegardés, destinée à protéger les
    centres-villes anciens menacés par la promotion immobilière et le clientélisme des élus.  

    Les Hôtels de
    Vigny-Croisilles, modestement restaurés par l’Etat au début des années 80,
    hébergent actuellement la Fondation du patrimoine, la Fondation Lartigue et la
    Médiathèque du patrimoine. 

    Participant à l'effort général de désendettement de
    l'Etat, le Ministère de la Culture vient de conclure la vente de ces Hôtels.
    Toutefois, il reste discret sur le détail de la transaction ; les hôtels (3.800 m² plus jardin) étaient estimés à 22,5 millions d'€. Des fuites, rapportées par Le Monde,
    annoncent un prix d'achat plus proche de 27 millions d'€, par un groupe financier britannique,
    qui a pour projet de les transformer en un hôtel de luxe.

    L'Architecte des Bâtiments de France suit de près les évènements et fera tout ce qui est en son pouvoir pour que la nouvelle restauration gomme les imperfections des interventions précédentes et que ces bâtiments, remarquablement situés face au parc Léopold Delisle et aux vestiges de l'ancien Hôtel de Ville de Paris,  détruit par la Commune en 1871, restent un témoignage précieux de l’architecture du Marais au début du
    XVIIème.

    Il reste un problème pratique à régler : où iront travailler les chercheurs, à partir de 2008, quand la médiathèque aura été priée de s'installer ailleurs ?

  • Haudriettes_enregistrement_bruitparif_1

    Vue du dispositif d'enregistrement des bruits en façade d'immeuble

    La campagne de mesures qui s'est étalée sur 11 jours, du 11 au 22 décembre, a été annoncée par nous dans notre blog du 7 décembre 2006, même rubrique. Les résultats nous ont été communiqués aujourd'hui. Ils sont comparés à ceux obtenus par l'Observatoire du Bruit de Paris en 2001, dans des conditions identiques de lieu, de date et de prise du son.

    Le rapport complet et détaillé de BRUITPARIF qui peut être consulté sur http://www.bruitparif.fr/images/stories/Rapport_final_75R4.pdf, comporte une bonne et une mauvaise nouvelle.

    La bonne nouvelle, c'est que le nombre de coups de klaxons dont le niveau dépasse 80 décibels (dB) est passé de 138 en un jour à 61. Il reste toutefois inacceptable dans l'absolu. Nous sommes simplement passés de l'enfer au purgatoire !

    La mauvaise nouvelle comporte deux facettes : d'abord, le nombre de pics de bruit imputables aux deux-roues est resté stable à 75 pour un jour et, par ailleurs, nous sommes très au-dessus des "valeurs-guides" de l'Organisation Mondiale de la Santé. Elle préconise des maxima de 55 dB pour le jour et 45 dB pour la nuit.  Nous nous situons en moyenne à 73,5 dB  le jour et 63,5  la nuit.
    La définition du décibel, qui varie de façon logarithmique, fait que le bruit double tous les 3 dB. Ceci veut dire que le bruit est soixante douze fois trop élevé le jour comme la nuit (2 puissance 6,17).

    Dans les deux cas, les mesures ont été effectuées rue des Haudriettes, où circulent 5.500 véhicules/jour. On peut, sans prendre trop de risques, estimer qu'elles ne seraient pas meilleures rue du Temple et dans les rues très fréquentées par les véhicules de livraison comme la rue des Gravilliers.

    Comme on le voit, le gouvernement et la Mairie de Paris ont encore fort à faire pour que leurs politiques environnementales nous fassent rejoindre les niveaux de nuisance sonore recommandés par la communauté scientifique internationale.

    Il nous reste maintenant à obtenir de l'autre organisme, AIRPARIF, des mesures analogues dans nos quartiers pour que nous connaissions l'importance du risque auquel nous sommes exposés du fait de la pollution de l'air. La station de mesures la plus proche, à notre connaissance, est aux Halles. Il est peu probable que des analyses pratiquées sur la grande dalle, bien dégagée, puissent être déclinées chez nous où le confinement est notre lot.

  • Non, il ne s’agit pas d’une photo montage ! ce camion semi-remorque, trois essieux, à l’enseigne "CHINA SHIPPING", manoeuvre rue des Haudriettes (IIIe) pour se loger dans un espace livraisons qui a été conçu pour héberger deux à trois fourgonnettes.

    Il doit se reprendre plusieurs fois et tant pis pour les potelets qu’on déforme, tant pis pour la longue file de voitures qui se forme derrière, tant pis pour le bus 29 et ses passagers, tant pis pour les tympans des riverains qui subissent le déferlement de décibels des klaxons.
    La scène s’est déroulée le lundi 22 janvier à 17h15. Le camion est resté deux heures sur place. Il n’a pas été constaté d’intervention de la police.

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    Et pourtant !

    Depuis le 1er janvier 2007, un accord signé par le Maire de Paris et son Adjoint Denis Baupin, avec 46 autres partenaires, syndicats de transporteurs, entreprises de transport, chambres consulaires, préfecture de police …. , s’applique dans Paris.
    Il différencie les camions de moins de 29 m² de plateau, et ceux qui vont jusqu’à 43 m². Pour les premiers, 29 m² c’est un plateau de 10 m de long environ auquel il faut ajouter le tracteur. N’essayons pas d’imaginer les autres !
    La présence d’un engin aussi grand dans les petites rues du Marais est une abérration en soi. Une réglementation locale, dont l’accord conclu prévoit explicitement l’existence (où est-elle ?) devrait les interdire radicalement. En tout état de cause, ce camion est en infraction puisque les véhicules de son gabarit sont interdits de 17h00 à 22h00.
    Autre infraction : l’accord stipule que le stationnement à fins de livraison ne doit pas excéder 30 minutes. Des disques de stationnement sont désormais obligatoires. Ici, le déchargement a duré deux heures.

    Il y a au moins trois conclusions à tirer de cet évènement qui n’est malheureusement pas isolé.
    Tout d’abord, il faut que la Mairie de Paris édicte des règles appropriées pour les quartiers du centre.  URGENT !
    Ensuite, la voirie doit se méfier des espaces livraisons adjacents qui offrent à des monstres comme celui-là la possibilité matérielle de stationner sur plusieurs places.
    Pour finir, on regrettera une fois de plus que la police ne soit pas en observation sur quelques points névralgiques pour pouvoir réagir vite.

    Une précision s’impose toutefois, pour couper court à une objection qui vient immédatement à l’esprit. Si pour des raisons de force majeure, des  livraisons hors normes doivent avoir lieu (déménagements, par exemple), il n’est pas question de les interdire mais l’opération doit faire l’objet d’une demande auprès de la mairie ou de la police pour qu’elle se déroule de manière organisée, après que la voie concernée, notamment, ait été fermée à la circulation.