Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2008


  • Vieille du temple foule dimanche 28 06 10

                                                                                                       

    La vie est-elle toujours possible pour la grande masse des gens ordinaires qui vivent dans le Marais  ? Beaucoup se posent la question devant l'évolution à laquelle nous assistons.

    Aux désordres de la circulation, à l'anarchie des livraisons et au bruit des klaxons, il faut ajouter aujourd'hui l'extension des terrasses de bars, plébiscitées par les consommateurs mais invasives aux yeux des riverains. Refuge des fumeurs qu'on refuse à l'intérieur des établissements, elles vont fréquemment au-delà des limites qui leur sont accordées.

    Là où existe un espace libre, on voit fleurir, avec l'assentiment discret de la mairie d'arrondissement, des "contre terrasses". Elles laissent en principe un passage aux piétons, mais les chaises des consommateurs, qui ont horreur  du vide, s'empressent de l'obstruer. Elles portent souvent atteinte à l'environnement. Le cas du restaurant "chez Julien"  Vivre le Marais ! 18 avril 2008, (en phase probatoire nous dit la mairie du IVe) est caractéristique de ce dérapage vers le "priorité au business". A signaler également, dans cette rubrique, "La Pierre du Marais", rue de Bretagne (IIIe) dont la terrasse s'étale maintenant sur deux rangées de tables et de chaises.

    Il y a longtemps que nous compatissons avec ceux qui résident rue des Francs-Bourgeois et dans les rues affluentes car ils sont les sacrifiés des boutiques de mode qui ont fleuri sur le parcours. Sortir de chez eux le samedi ou le dimanche est un acte de bravoure face au raz-de-marée humain qui envahit la chaussée .

    Un phénomène plus récent pourrait bien porter le coup de grâce à ceux d'entre nous qui s'accrochent au quartier qu'ils aiment : le rassemblement autour des bars. On voit en effet, dès la fin de l'après-midi, en des lieux que certains magazines décrivent comme "branchés", des gens debout leur verre à la main, qui occupent souverainement le trottoir. Le modèle économique de ce nouveau commerce est extrêmement performant puisque le nombre de consommateurs est multiplié par trois ou plus par rapport à la capacité de l'établissement, ceci au détriment de l'espace public.

    Ce sont des happenings qui se prolongent tard dans la nuit. Jusqu'au petit jour, pour les bars qui ont obtenu l'autorisation de nuit de la préfecture, jusqu'à deux heures du matin pour les autres. Il y en a qui ont trouvé l'astuce : ils ferment à deux heures du matin et rouvrent à quatre heures, en se faisant discrets dans l'intervalle. Résultat, des foules de fêtards déambulent toute la nuit dans les rues, passent d'un bar à l'autre, parlent à haute voix, fument en laissant des parterres de mégots, hurlent quand leur degré d'ébriété fait d'eux des hystériques, font vrombir leurs motos, sans compter ceux qui se livrent, en toute impudeur, à ces occupations qui ont fait la réputation des Bonobos (ne pas confondre avec les bobos).

    Impossible de dormir dans ces conditions si on habite au-dessus. Quand les noctambules sont partis, la rue en garde les stigmates : verres et bouteilles abandonnés, graffiti et rebus divers. Et l'agitation diurne prend la relève.

    Les plus optimistes, auxquels nous nous rattachons, considèrent qu'on assiste à un phénomène de mode qui verra la foule se porter ailleurs demain. En attendant, et pour qu'il soit clair qu'il y a des limites à ne pas dépasser, il faut que la police fasse règner l'ordre la nuit. Un arrêté préfectoral du 22 décembre 2006, voulu par le Commissaire Central du IVe, interdit la consommation de boissons alcooliques en réunion sur le domaine public. Il vise la partie du Marais qui est au sud des rues Grenier Saint Lazare, Rambuteau et Francs-Bourgeois. Rien n'empêche qu'il soit étendu plus au nord puisque les nuisances ont migré dans cette direction. Il donnerait des moyens supplémentaires au Commissaire Central du IIIe, à son tour, pour intervenir.

    Le bruit est considéré par les parisiens comme la nuisance numéro 1. Nous accueillons avec sympathie les visiteurs du jour et de la nuit. Les commerces qui les attirent se doivent de gérer leur comportement pour qu'ils se fassent discrets et respectent la vie des riverains. C'est la responsabilité des Maires d'y veiller et la mission de la Préfecture et de la police de proximité d'intervenir avec efficacité pour qu'il en soit ainsi. A la veille des soirées chaudes du mois de juin, nous ne manquons pas à notre devoir de le leur rappeler.

    Gérard Simonet

     

  • Barbette_12_charpente

                                  

    Nous sommes ici dans les combles, sous la
    charpente, de l'Hôtel du "Docteur MISSA", du nom de celui qui en fit
    l'acquisition en 1774
    .

                                              

    Situé au 12 de l'actuelle rue Barbette (IIIe), les origines de ce bâtiment
    se perdent dans la nuit des temps. L'examen de ses caves
    voûtées incite à penser qu'elles constituaient en partie les
    soubassements de l'ancien Hôtel Barbette, qui occupait à la fin du XIVe
    siècle l'essentiel de l'espace compris de nos jours entre les rues des
    Francs-Bourgeois, Vieille du Temple, de la Perle et Elzévir.

    Le promoteur de l'opération, la société "Lions Saint Paul Rénovation", nous apprend que ce chantier a pour objet la transformation de locaux commerciaux (ex. vêtements WEIL) en logements, la restauration des façades, des lucarnes et de la toiture, dont les
    liaisons verticales sont modifiées pour s'aligner sur l'architecture ambiante, l'aménagement des combles avec mise en valeur des pièces maîtresses de la charpente.

    Cette visite nous a donné envie de faire un long voyage dans le temps.

    A la fin du XIVe siècle, la rue Barbette que nous connaissons
    n'existait pas encore. Le nom des Barbette, en revanche, bénéficiait
    d'une certaine renommée. Ses origines remontent à 1030, et dès le XIIe
    siècle, cette famille était l'une des plus riches de Paris.

    Elle possédait au XIIIe siècle une "propriété" constituée de bâtiments et d'une "courtille", ensemble de jardins et de cultures, tout près des murs de Paris, dans cette campagne un peu marécageuse qui allait devenir "le Marais". Ce
    patrimoine, associé à  d'autres biens dans Paris intra-muros, valut à la
    famille de donner son nom à l'actuelle rue Vieille du Temple et à une
    poterne qui offrait un passage à travers la muraille Philippe Auguste,
    qui protégeait Paris. On pénétrait donc dans Paris par la "Porte
    Barbette".

    La rue des Francs-Bourgeois s'appelait à l'époque "rue des Poulies".
    Elle longeait la muraille par le nord et était jalonnée d'ateliers,
    appelés "poulies", spécialisés dans la fabrication de tissus. Pour les
    produire en rames de plusieurs dizaines de mètres, ils devaient
    disposer d'espace et on imagine que la manipulation de ces longues
    bandes de tissus mettait en oeuvre des câbles,  guidés par des poulies.

    Les autres frontières du quadrilatère étaient constituées par des
    chemins le long des "Coutures" (comprenez "cultures") Sainte
    Catherine", au nord et à l'est.

    Cette industrie, associée aux cultures environnantes, firent probablement la richesse de leurs exploitants et
    progressivement les ateliers cédèrent la place à des demeures de plus
    en plus somptueuses, au point que la Reine de France, Isabeau de
    Bavière, épouse du Roi Charles VI (dit le fou), fit l'acquisition en 1401 de la
    plus prestigieuse de toutes, l'Hôtel Barbette, auprès de Jean de
    Montagu, surintendant des finances du Roi. Elle en fit sa
    résidence secondaire, pour s'éloigner de son époux, qui souffrait de démence, et vivre en toute discrétion sa passion coupable pour
    son beau-frère le Duc d'Orléans.

    On sait ce qui se passa en 1407, dans cette ruelle que les
    arbalétriers de la Reine empruntaient régulièrement pour aller s'exercer au tir le long de la muraille Philippe-Auguste. Le Duc
    d'Orléans fut assassiné par un groupe de 18 spadassins à la solde de
    son cousin le Duc de Bourgogne, dit Jean-sans-Peur. La Reine, pour qui
    le Duc d'Orléans "eut cette essoine", ne s'en remit pas et s'empressa
    de vendre sa demeure, après avoir prudemment rejoint ses foyers de
    l'Hôtel Saint Paul et son roi de mari. 

    Jean-sans-Peur sut habilement convaincre la Cour et son entourage que cette exécution était justifiée car les idées religieuses de son cousin étaient dangereusement réformistes. A l'issue d'une campagne contre les Liégeois, en Flandre, il revint à Paris, fit fuir le roi et la reine, et devint maître de la capitale.

    Quant à l'Hôtel Barbette, il échut à Jean VI, Duc de Bretagne. On ne va
    pas en faire l'histoire ici : ceux qui s'intéressent au détail des vicissitudes de cette demeure pourront se reporter à l'excellent ouvrage de Charles
    Sellier "Le Quartier Barbette" (1899). Il est utile pourtant de
    souligner, au titre de ses lettres de noblesse, qu'il devint la propriété de Diane de Poitiers, épouse du Comte Louis de Brézé, et maîtresse de Henri II, fils de Francois 1er.

    A sa mort, ses héritières procédèrent à la vente de la propriété par
    lots. Nous sommes en 1563, c'est la fin de "l'Hôtel Barbette" et la date de création de la rue Barbette telle que nous la
    connaîssons, qui perpétue  le souvenir de cette lignée prestigieuse.

    Qu'en est-il aujourd'hui de ce quartier ? l'impasse des Arbalétriers
    appartient à la copropriété du 56-58 rue Vieille du Temple, comme en atteste un document émanant de la Mairie de Paris. Sa façade,
    défigurée par les graffiti, attend toujours d'être ravalée, au contraire, heureusement,
    de celle qui lui fait face, propriété du 34 rue des Francs-Bourgeois,
    qui a su mettre en valeur son caractère moyenâgeux. Les hangars LISSAC
    et du Centre Culturel Suisse ( revoir votre article du 17 janvier 2008)
    attendent que la Ville s'en occupe pour en faire des jardins
    conformément aux prescriptions du PSMV (plan de sauvegarde et de mise
    en valeur) du Marais. La reconstitution des cheminements d'origine est
    prévue et avec elle la perspective d'organiser des parcours historiques qui donneraient à ce secteur du IIIe arrondissement un attrait exceptionnel .

    Faire revivre cette histoire très riche est un projet ambitieux qui
    devrait mobiliser ceux qui ont le pouvoir de le conduire. Bertrand
    Delanoë, qui nous a assurés de son attachement pour le centre
    historique de Paris, les Maires d'arrondissements et au premier chef 
    Pierre Aidenbaum qui en est le dépositaire, la Direction Régionale des
    Affaires Culturelles, le Service Départemental de l'Architecture et du
    Patrimoine (dont dépendent les Architectes des Bâtiments de France).
    Mais aussi les habitants, leurs associations, les conseils de
    quartiers, les commerçants. Nous devons tous oeuvrer pour que cette
    ambition se concrétise.
                                                                                                                                                           

  • Rosiers (2) La rue des Rosiers (IVe) au soleil levant

                                        

     

    Une révolution discrète se prépare.

    Lancé en 1962, par Michel Debré et André Malraux, consacré en 1996 par un décret qui en arrête les détails, le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) est devenu le document d'urbanisme du secteur qui englobe une grande partie des IIIe et IVe arrondissements du centre historique de Paris, connu sous le nom de "Marais".

    La Ville de Paris, ses Maires successifs, les Maires des arrondissements concernés, ont pris peu de part à sa conception et ont toujours manifesté de la distance dans sa gestion quotidienne. Nous avons regretté cette attitude dans plusieurs articles de ce blog et de notre journal (voir notamment lettre ouverte aux Maires sur la gestion du PSMV,  du 22 septembre 2007).

    Les choses vont changer. A l'origine, les décisions de décentralisation du gouvernement qui ont inspiré les nouvelles règles de fonctionnement des secteurs sauvegardés, concrétisées par le décret 2007-452 du 25 mars 2007 et la mise en révision du PSMV du Marais. Désormais, la création et la gestion de ces secteurs ne sont plus l'affaire exclusive de l’État mais de la responsabilité conjointe des municipalités et de l’État.

    Le Décret n° 2007-452 du 25 mars 2007 relatif aux secteurs sauvegardés  instaure une Commission Locale du Secteur Sauvegardé. Celle qui nous intéresse est en cours de constitution et devrait être opérationnelle dès le mois de juin. Ses membres sont composés à égalité de personnes désignées par la Ville de Paris et par l'Etat (le Préfet). Elle interviendra à la fois dans le processus de révision du PSMV, qui est véritablement lancé puisque le cabinet d'architectes Duché-Blanc chargé de le piloter vient de recevoir son contrat, et dans sa gestion quotidienne qui devrait cesser d'être la victime du désintérêt de la Ville pour des affaires qu'elle ne s'était pas réellement appropriées.

    Notre statut d'association agréée au titre du code de l'environnement et notre implication dans la conservation du cadre de vie du Marais nous ont incités à faire acte de candidature pour être membre à part entière de la Commission. Le nombre de nos adhérents (près de mille personnes ont adhéré à l'association depuis sa création en septembre 2000), notre couverture du IIIe et du IVe arrondissement et les moyens que nous avons mis en œuvre pour l'action et la communication, justifient notre revendication de prendre notre part des décisions ou des orientations qui viendront de cette instance. D'autres associations, dont la compétence et la notoriété sont reconnues, y siègeront aussi.

    L'une de nos priorités, car le sujet a été négligé jusqu'à ce jour, sera la qualité du paysage de la rue. Il n'est pas admissible que tant d'efforts aient été consentis pour réhabiliter des monuments et des immeubles, tant d'argent dépensé en ravalements dont les effets sont visibles et appréciés, si des devantures de commerces défigurent l'environnement sans aucun souci de respecter l'unité architecturale, l'esthétique et le caractère du lieu.

    Trop d'accessoires indésirables polluent l'environnement, en infraction avec le règlement du PSMV : rideaux roulants et leurs coffrages, stores, bannes, bâches plastiques sur les terrasses, "inserts" pour la réclame sur les murs, enseignes qui jurent et, bien qu'il s'agisse davantage de propreté" que d'urbanisme, l'invasion croissante de l'affichage sauvage sous toutes ses formes.

    Si notre participation se confirme, nous serons à la source d'une information que nous diffuserons et commenterons en toute liberté puisque aucun lien, hormis le respect que nous leur témoignons, ne nous attache à la Ville ou à l’État.

    Gérard Simonet

     

  • Aidenbaum2

    Candidat à un troisième mandat à la mairie du IIIe, Pierre Aidenbaum nous a reçus ce 19 février dans son bureau, où il pose devant une peinture XIXe du carreau du Temple.

     

    A 65 ans, ce routier de la politique, ancien président de la LICRA, ex président de la Fédération Française du Prêt à Porter, père de trois enfants et habitant du IIIe qu’il connaît comme sa poche, brigue un troisième mandat de Maire du IIIIe.

    A la question : "si vous étiez appelé à la Mairie de Paris, quel est le poste d’adjoint qui vous conviendrait le mieux ?" il répond sans hésiter : "le développement économique". Mais il ajoute : "je ne cumulerai pas deux mandats car Bertrand Delanoë s’y oppose et, si je devais choisir, j’opterais pour la mairie d’arrondissement, car c’est là que je me sens bien".

    Il regrette lui aussi que les Verts "notre allié naturel" n’ait pas voulu faire alliance au premier tour mais n’exclut rien pour le second tour, ni personne, "s’il y a accord sur un programme" sur lequel des négociations sont toujours possibles entre les deux tours.

    On en vient aux dossiers plus spécifiques aux quartiers. Il confirme qu’il s’est porté acquéreur, au nom de la Ville de Paris, de l’immeuble  XVIIe siècle du 35 rue Pastourelle, propriété de France Telecom, désormais vidé de ses occupants. Ses pseudo arcades sont de fait interdites aux piétons à cause des motos qui s’y garent et des nuisances dues à la présence d’occupants qui s’y sont établis dans des conditions critiques d’hygiène et de salubrité. La remise en valeur de cet immeuble permettrait la création de logements et rendrait à cette portion de la rue Pastourelle, l’environnement décent auquel elle aspire depuis des années.

    Nous l’attendions sur les mesures annoncées pour le 17 janvier sur le secteur Beaubourg Temple. A ce jour, on constate que des panneaux 15km/h ont été placés à l’entrée des rues transversales, avec des ralentisseurs rue Chapon, mais l’essentiel n’est toujours pas fait. "Sur les créneaux horaires de livraisons (10h00-12h00 et 14h00-18h00), le syndicat des transporteurs routiers, invoquant le règlement marchandises signé le 28 juin 2006 avec la Ville de Paris, s’y oppose. Des rencontres ont eu lieu et le président du syndicat s’est montré compréhensif. Il est possible que nous parvenions à un accord dans les semaines qui viennent". Rien n’est moins sûr, cependant.

    Même contretemps à propos de l’inversion du sens de la rue des Gravilliers et son interdiction à la circulation (sauf riverains et livreurs). La Préfecture doit se prononcer et la Ville de Paris voter une décision. "Après les élections municipales".
    Quant aux ordures ménagères et la fréquence de leur enlèvement, la décision est actée." Il faudra seulement patienter quelques semaines encore".
    Il rappelle qu’un bilan sera établi au bout de six mois. "Si la situation ne s’est pas améliorée, nous prendrons des mesures plus draconiennes".

    Il faut ensuite mentionner trois projets structurants pour l’action municipale : L’îlot "Barbette", avec les hangars LISSAC et Centre Culturel Suisse, la rue Rambuteau et le réaménagement de la rue des Archives entre Haudriettes et Pastourelle.

    Le Maire entend s’y consacrer, pour que des jardins et un cheminement historique, culturel et touristique soit rétablis entre Barbette, Vieille du Temple et Francs-Bourgeois, comme le prévoit le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais ; pour requalifier, en accord avec la mairie du IVe, la rue Rambuteau et conforter ses commerces de proximité, et en finir avec l’effet repoussoir de la rue des Archives à hauteur de la Poste, ses trottoirs défoncés et ses camions tagués qui envahissent l’espace piétons.

    Dans le sillage de notre lettre ouverte à propos de la surveillance du secteur sauvegardé, il admet que des moyens humains pourraient être affectés à cette mission dans les deux arrondissements du Marais.

    L’idée (et une pré étude) de parking résidentiel est lancée. Pierre Aidenbaum révèle "qu’il se situerait entre Arts & Métiers et mairie. Le moment venu, il sera soumis à référendum sur l’ensemble de l’arrondissement".

    Des personnes âgées ou fragiles se sont plaintes des risques qu’elles encourent en passant sur l’esplanade de la mairie, fermée à la circulation, à cause des jeunes gens qui jouent au ballon. P. Aidenbaum envisage d’aménager cette aire de jeu en créant, par une dalle, une continuité entre la mairie, la rue et le jardin du square.

    Deux autres réalisations importantes sont prévues : le réaménagement de la place de la République et du carrefour des Arts & Métiers (projet Michel Cantal-Dupart), pour laisser dans les deux cas plus de place aux piétons.

    En matière de démocratie participative, Pierre Aidenbaum ne se gargarise pas du concept mais il entend bien renforcer le rôle des CICAs (conseils d’initiatives et de concertation d’arrondissements) [NDLR : avec les associations] et revoir l’organisation et le fonctionnement des conseils de quartiers.

    La cerise est pour la fin : Bertrand Delanoë entend déconcentrer la responsabilité de la propreté dans les arrondissements et appointer des inspecteurs pour verbaliser les propriétaires de chiens indélicats (*), dès potron-minet  et après la tombée de la nuit. Il est triste, tout de même, qu’il faille en venir là dans un pays qui se veut civilisé.

    (*) le qualificatif s’adresse aux propriétaires, pas aux chiens

     

  • Galerie_alexis_lartigue

    La Galerie Alexis Lartigue, 64 rue du Temple (IIIe) tél. 01 42 78 91 16.
    site :  www.artcontemporaingalerie.com / contact : galeriealartigue@9business.fr

    C’est un évènement. Peut-être assistons-nous au crépuscule du monopole des grossistes dans ce quartier du Marais. La galerie Alexis Lartigue, spécialisée dans l’art et le design contemporains, remplace en effet un commerce de gros, dont on aperçoit encore dans la rue l’enseigne perpendiculaire (en infraction) au-dessus de la boutique rénovée.

    Agé de 24 ans, Alexis Lartigue s’est formé à l’école de la vente aux enchères. Dès 2005 il crée une société de marchand d’art et opte délibérément pour l’art contemporain. Habitant du IIIe, il décide cette année de monter sa galerie dans le genre qu’il affectionne, et l’installe rue du Temple.

    La galerie expose des tableaux qui vont de l’hyperréalisme à l’abstrait total, du mobilier et des objets de décoration. On y trouve les signatures d’Arman, de César et ses incroyables compressions, Albert Gleizes, Mendjisky, Salvador Dali, Philippe Starck, Chu Teh Chun ….

    A la croisée des chemins qui relient Beaubourg au Musée Picasso en passant par le Musée de la Chasse et de la Nature, juste en face du Musée d’Art et Histoire du Judaïsme, et à faible distance des Archives Nationales et de Carnavalet, cette galerie est admirablement située et son fondateur, qui croit à un renouveau de la rue du Temple,  mise sur une évolution dont il pourrait bien être le catalyseur.

                                                                               

  • Lissac

    Le grand hangar LISSAC  (au second plan) vu du 5ème étage du 34 rue des Francs-Bourgeois (IIIe). Au premier plan, (vue sur pignon) la verrière du Centre Culturel Suisse. Deux constructions qui doivent disparaître conformément au PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, quand les conditions sont satisfaites.

    Depuis plusieurs années maintenant, le hangar LISSAC est inactif. Inscrit en orange (*) dans le PSMV du Marais, il est voué à la démolition. Les plans parcellaires précisent "espace vert à réaliser". Rappelons que l’objectif du PSMV est progressivement d’éliminer les constructions parasites pour rendre à nos quartiers la pureté de leur architecture originelle et donner de la respiration à un bâti très dense qui offre trop peu d’espace et de verdure.

    En vertu d’un contrat signé avec la Ville de Paris, LISSAC avait obtenu le droit de conserver le bâtiment jusqu’à fin 2006, sous réserve de le céder gratuitement à la municipalité à cette échéance.

    Dès que nous avons été avisés de l’affaire, nous en avons informé le conseil de quartier et le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum, qui nous a alors assurés, après en avoir référé à l’Hôtel de Ville, que les dispositions du PSMV seraient appliquées et que l’espace libéré par la démolition (600 m² environ) serait transformé en jardin public. Nous nous sommes naturellement réjoui de cet engagement.

    Le projet a achoppé toutefois sur une contestation des héritières de LISSAC, au motif que le contrat conclu avec la Ville comportait des vices de forme qui le rendaient inopposable. Le litige est allé devant les tribunaux, mais en cours de procédure, les plaignantes ont renoncé au recours.

    Le champ est libre par conséquent. La mairie devra naturellement s’assurer de la faisabilité du projet. L’accès, en particulier, pose un problème. Il peut se faire aujourd’hui par le passage des Arbalétriers mais cette voie est privée. Un accord avec ses propriétaires devrait être recherché. Il existe une alternative, l’accès par la rue Vieille du Temple ou par la rue Barbette, mais les préalables sont du même ordre.

    Quoiqu’il en soit, l’attente est forte de la part des riverains et des amoureux du Marais, qui n’oublient pas le caractère historique du lieu. C’est là en effet, suivant certains témoignages, que venant de l’Hôtel Barbette  où il était allé souper chez la  reine (et, disent les pipistrelles, sa maîtresse) Isabeau de Bavière, et se dirigeant vers l’église Saint Paul, le Duc d’Orléans tomba dans un traquenard ourdi par des sbires du Duc de Bourgogne, Jean sans Peur, qui le laissèrent sur la chaussée, le poignet tranché et le crâne fendu (récit de Gourdon de Genouillac). Il est donc établi qu’à l’époque on pouvait cheminer de la rue Barbette vers la rue des Francs-Bourgeois par le passage des Arbalétriers ou accéder directement à la rue Vieille du Temple.

    La création d’un jardin public et l’aménagement d’une promenade sur le parcours du Duc d’Orléans seraient d’un haut intérêt environnemental et touristique. La ruelle est aujourd’hui maltraitée. Ravalée sur sa rive droite (merci au Centre Culturel Suisse et aux autres copropriétaires) elle attend un traitement identique en face où les murs sont délabrés et couverts de graffiti. Elle témoigne pour nous des XIIIe/XIVe siècles dont elle a conservé l’architecture et la voirie et il y règne un parfum de moyen âge qui dépayse agréablement.

    Arbaltriers_rnov

    Les candidats aux municipales sont friands de projets phare. Celui-ci l’est particulièrement, y compris dans sa difficulté de mise en oeuvre qui implique persévérance, imagination et diplomatie du fait des nombreuses copropriétés  concernées. On appréciera de connaître leur point de vue et leur motivation à le mener à terme. Pour sa part, Pierre Aidenbaum a déjà pris des initiatives, nous espérons qu’il est animé du désir de conclure.

    La ruelle des Arbalétriers, qui borde le 34 rue des Francs-Bourgeois (IIIe), (anciennement "rue des poulies")

                                                                                  

    (*) Les "taches jaunes" sont des constructions dont la démolition est demandée. Les "taches orange" accordent aux bâtiments concernés un répit tant qu’ils abritent une activité économique.