Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2009

  • Pierre au lard 3 engin 18 11 09
     

    L'ancienne galerie d'art du 3 rue Pierre au Lard livrée aux engins de démolition (18 novembre 2009)

     

    Confondant vitesse et précipitation, désirs et réalité, les promoteurs de la boite de nuit géante de la rue Pierre au Lard ont déclenché des travaux lundi 16 novembre. Les riverains, très attentifs à ce projet rejeté par tout le monde, et surpris de ne voir aucun panneau d'information, ont saisi la Direction du Permis de Construire de la Mairie de Paris.

    Dès mercredi, la mairie constatant qu'aucun dossier de demande d'autorisation n'avait été déposé, intervenait pour faire arrêter les travaux et rédigeait un procès-verbal. Le chantier est fermé désormais. Les instigateurs de cette tentative de passage en force encourent des poursuites en correctionnelle.

    Sur le projet lui-même, on apprend que le Préfet de Police, qui a été saisi d'avis négatifs de la Maire du IVe, du représentant de l'opposition municipale du IVe, de la Commissaire Centrale du IVe, de la Députée de la 1ère circonscription et des associations d'habitants, a décidé de renvoyer l'affaire devant le Procureur de la République.

    Historique de l'affaire : notes des 25 mai, 16 septembre, 5 octobre et 13 octobre 2009 de Vivre le Marais !

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  • St antoine 21 hôtel de mayenne gravure ancienne St antoine 21 hôtel de mayenne façade actuelle 
    L'hôtel de Mayenne, 21 rue Saint Antoine (IVe). La gravure du haut représente l'hôtel dans son état originel du début XVIIème siècle, la photo du bas le montre avec son ajout actuel, au milieu, qui date de 1889. (cliquer sur la photo pour agrandir).

      

    Nous sommes en face d'une situation étrange.

    Sur la façade rue Saint Antoine, on peut lire au tableau d'affichage la notification par le Directeur Régional des Affaires Culturelles, d'un accord pour travaux. Il s'agit de la "restauration des façades et couvertures" du bâtiment classé Monument Historique en 1974.

    Le dossier a été déposé le 23 décembre 2008 par la société qui gère l'école. Il inclut la démolition de la partie centrale du bâtiment, qui figure en "tâche jaune" (*) au PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais et le retour de l'hôtel à son état original de 1609, en application du PSMV . On relève dans les attendus "l'accord tacite du Maire de Paris". Les travaux sont financés par l'école mais au titre de la convention qui la lie à l'Etat, elle bénéficie d'une subvention. On comprend pourquoi les travaux de ravalement qui sont intervenus en 1993 n'ont concerné que les ailes du bâtiment, l'ajout au centre restant désespérément sale.

    La direction de l'école est prête à commencer les travaux mais un évènement nouveau l'incite à ne pas se précipiter : la "Commission du Vieux Paris" a voté une résolution le 1er octobre demandant de renoncer à la démolition de l'ajout.

    Elle justifie sa demande en relevant que le corps de bâtiment ajouté au-dessus du portail a été réalisé à la fin du XIXe par un architecte de renom, Alfred Coulomb, et que les orientations prises dans la révision du PSMV vont dans le sens d'une meilleure prise en compte du style XIXe. Elle insiste sur la difficulté de restaurer les parties manquantes en l'absence de documents qui les décrivent.

    Le directeur de l'école que nous avons rencontré, veut rester prudent, en insistant sur sa préoccupation essentielle qui est le bien-être et la sécurité des enfants. Ensemble, nous avons visité la salle qui serait sacrifiée : 100 m² d'une belle pièce avec vue sur la rue décorée de peintures XIXe, qui sert en ce moment de salle de musique. On comprend, malgré sa réserve, qu'il ne serait pas mécontent de conserver cet espace, même si la place ne manque pas dans l'arrière cour, à l'emplacement des anciens jardins, où plusieurs bâtiments (qu'Alexandre Gady qualifie "d'indigents") ont été construits dans les années 70.

    Du côté du Service Départemental de l'Architecture et du Patrimoine (Bâtiments de France), on ne voit aucune raison pour remettre en question un dossier qui est bouclé. Les architectes soulignent du reste que l'ajout concerné n'est pas une "oeuvre" représentative du XIXe mais un ouvrage qui "accompagne" le style Louis XIII de l'hôtel, et que les manuels consacrés au Marais qualifient de "pastiche". Elle nie qu'il soit difficile de retrouver la trace du décor original, qu'on devrait découvrir en le dégageant de son habillage actuel. Il y a eu un précédent similaire avec l'hôtel de Sully, au 62 de la même rue, dont la restauration est réussie.

    La "Commission du Vieux Paris" a un rôle consultatif auprès du Maire de Paris, qui a l'habitude de suivre ses recommandations. Elle n'a cependant pas autorité sur le Marais. C'est pourquoi elle demande que sa résolution soit portée devant la "Commission Locale du Secteur Sauvegardé" du Marais, pour qu'elle statue.

    On verra bien, puisque nous en sommes membre, si le sujet figurera à l'ordre du jour de la réunion de décembre. On pourra peut-être mesurer aussi quel peut être l'impact d'une décision de cette instance qui contreviendrait au PSMV en vigueur. N'y a-t-il pas un risque de le "détricoter" avant que le PSMV nouveau ne soit approuvé (pas avant 3 à 4 ans) ?

    Nous sollicitons ardemment l'avis de nos lecteurs. Nous nous sommes efforcés de décrire objectivement la situation et les enjeux sans prendre partie. Vos commentaires, messages, témoignages seront appréciés et pris en compte. Nous en parlerons aussi au cours de nos visites guidées dans le Marais (la prochaine a lieu le 10 décembre).

      

    (*) Les "taches jaunes" correspondent à des édifices "à démolir" au titre de la mise en valeur du patrimoine

     

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    Post Scriptum du 20 novembre 2009 :

    La résolution de la "Commission du Vieux Paris" se réfère à la charte de Venise (1964) pour la restauration des monuments anciens. Consultation de la charte


     

  • Voiture electrique

    Voiture électrique 4 places. (La photo n'est pas contractuelle).
     

    En face d'une assistance réduite aux plus assidus (8 à 10 personnes), la Mairie de Paris a présenté ce projet le 17 novembre. L'intérêt très vif des présents compensait leur rareté. Ils ont posé les bonnes questions.

    Voici ce qu'en dit l'Hôtel de Ville :

    Autolib  s'inspire de Vélib (on avait compris), les véhicules sont électriques, il y aura 700 stations dans Paris, dont 500 en surface et 900 dans les 28 communes de banlieue qui ont accepté de s'associer au sein d'un "syndicat mixte" (privé-communes) qui sera le gestionnaire du projet avec délégation de service public. C'est la Ville, en revanche, qui consent l'investissement (35 millions d'€). Il n'est pas précisé si l'amortissement et les frais financiers sont répercutés sur le délégataire.

    Les tarifs envisagés aujourd'hui sont 15 à 20 €/mois pour l'abonnement et 4 à 5 € par demi heure d'utilisation.

    Calendrier : création du syndicat en 2009, délégation de service public à l'opérateur élu en 2010, mise en service en 2011. (rappel : élection présidentielle en 2012).

    Nos réactions :

    Points positifs : projet séduisant comme l'a été Vélib, véhicules silencieux et non polluants, offre de transport qui comble un vide entre taxis (trop rares à Paris) et loueurs professionnels (peu flexibles et coûteux), tarifs attractifs.

    Points négatifs : le bilan carbone de la voiture électrique, au niveau européen (source ADEME), n'est pas meilleur que celui d'une voiture thermique récente ; le loueur devra se garantir avec une caution (carte bancaire) qui pourrait être comprise entre 500 et 1.000 € ; un état du véhicule devra être établi à la prise et à la restitution du véhicule, de façon contradictoire, les dégâts intérieurs et extérieurs étant compensés par une retenue sur la caution. Nous n'avons eu aucune précision sur la nature de l'assurance qui est habituellement incluse dans le tarif de location, ni sur son extension éventuelle à la suppression totale de franchise (couramment 15 €/jour chez les loueurs).

    Au chapitre des interrogations : avec ce véhicule, il sera tout aussi difficile de se garer dans Paris ; on nous dit que le rechargement sera du type "lent" (basse tension), ce qui veut dire 5 à 6 heures. Comment sera-t-on garanti contre les "batteries à plat" ? et dernière question : quid du coût pour le contribuable parisien, déjà très malmené ces temps-ci ?

    Impertinence ultime : ce projet ne serait-il pas un échappatoire pour un gouvernement et une municipalité qui sont incapables d'accroître le nombre de taxis dans Paris ? personne n'aurait l'idée de proposer semblable montage à Londres où les taxis pullulent.

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  • Julien (chez) sans terrasse novembre 09

    La perspective du chevet de l'église Saint Gervais Saint Protais et les degrés de la rue des Barres (IVe), après le démontage fin octobre de la contre terrasse de "chez Julien", qui la défigurait.

                                                                                                                                      

    "Chez Julien" prend ses quartiers d'hiver. Les marches de la rue des Barres retrouvent leur authenticité. Nous avons six mois de répit avant un possible retour. Prions pour que la Mairie de Paris, cette année, décide que l'expérience a assez duré et que personne n'a réussi à s'habituer à voir les marches de la rue perforées par les tire-fonds du dais gigantesque qui sert de toit à la contre terrasse.

    Nous suggérons, en accord par les autres commerces du site, que "Julien" soit autorisé à disposer d'une terrasse ordinaire, avec tables, chaises et parasols qui, comme l'exige le règlement de la Ville de Paris, sont remisés chaque soir.

    Les riverains et tous ceux qui affectionnent l'endroit sont invités à exprimer leur sentiment sur cette proposition de compromis.

                                                                                 

  • Gravilliers sens interdit 

    Ce panneau à la sortie de la rue des Gravilliers, côté Beaubourg, va disparaitre. La rue change de sens.

                                                                                                                                          

    C'est l'épilogue du débat qui a suscité bien des passions : le réaménagement de secteur Beaubourg-Temple, l'étude de l'APUR (atelier parisien d'urbanisme) et les décisions "a minima" du Maire Pierre Aidenbaum, en janvier 2008, peu de temps avant les élections municipales.

    La plupart des mesures annoncées étaient soit cosmétiques comme la réduction de la vitesse à 15 km/h, soit vouées au rejet par la préfecture comme l'interdiction de circuler rue des Gravilliers. Vivre le Marais ! n° 22, page 3

    Une seule semblait apte à survivre : le changement de sens de circulation de la rue des Gravilliers. Sans nouvelles dix huit mois après nous en avions fait notre deuil. Nous devons rendre grâce aujourd'hui au Maire Pierre Aidenbaum, il ne l'avait ni oubliée ni jetée aux orties, simplement la mesure suivait un cheminement administratif habituel en la matière : examen par la "Sécurité de Proximité  de l'Agglomération Parisienne", par la "Direction de l'Ordre Public et de la Circulation" et, pour finir, par la "Commission du Plan de Circulation", qui a donné son approbation le 25 Mai.

    Y a-t-il un intérêt à changer le sens de la rue ? 

    Nous voyons trois raisons de répondre par l'affirmative.

    (1) Les riverains se plaignent à nouveau du retour de gros camions de livraison. Ils arrivent par Pastourelle et foncent tout droit au carrefour dans la rue des Gravilliers qu'ils s'empressent d'obstruer par un long déchargement de leur cargaison. Les camions de gros tonnage ne pourront plus s'y engager car il leur sera impossible de tourner, faute de dégagement suffisant, et de s'échapper par la rue du Temple. Il sera judicieux d'ailleurs que la Voirie leur interdise l'accès par panneau pour éviter qu'ils soient piégés au bout de la rue.

    (2) Il existe un flux de véhicules qui remontent la rue du Temple en venant soit de Rambuteau soit de la rue des Haudriettes pour s'engager dans Gravilliers. Ils sont la source d'encombrements au carrefour Temple/Haudriettes et tout au long de leur remontée vers Gravilliers. Le trafic bénéficiera de cet allègement de flux.

    (3) La pratique des livraisons malignes "en boucle" du type Gravilliers, Beaubourg, Montmorency, Temple, Gravilliers et ainsi de suite devient impossible

    Ces nouvelles dispositions entreront en vigueur dès la mise en place de la signalisation.

                                                                                                              

  • Perle 1 hôtel musée bricard ouvert Bien protégé derrière son mur d'enceinte, l'ex musée Bricard de la serrurerie, 1 rue de la Perle (IIIe) a été rendu à l'habitation après rénovation tout récemment. Un propriétaire privé en a fait l'acquisition. Admirez le tympan profane et les deux putti joufflus qui le décorent de part et d'autre de la rosace.

                                                                                                     

    Au cours de sa séance du 1er octobre, la "Commission du Vieux Paris" a adopté une résolution visant à interdire des travaux de creusement de la cour pour, notamment, l'aménagement d'un parking pour voiture.

    Elle invoque à ce propos le PLU (plan local d'urbanisme) de Paris qui restreint la réalisation de parkings souterrains dans la capitale. Le PLU n'est pas opposable au PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais mais c'est l'objet de la mise en révision du PSMV de les rendre compatibles. La commission anticipe en somme des décisions attendues mais pas encore entérinées.

    L'avis de la "Commission du Vieux Paris" n'est que consultatif mais ses recommandations sont généralement suivies par le Maire de Paris. Il ne faut pas le confondre avec l'avis conforme de l'Architecte des Bâtiments de France, au titre du PSMV, qui est exécutoire. 

    La construction de cet hôtel particulier date de la fin du XVIIème siècle. Il est connu sous le nom de son constructeur, l'architecte Libéral Bruand. Tout comme son voisin l'hôtel Salé (musée Picasso) qui abrita l'Ecole Centrale des Arts & Manufactures à sa création, celui-ci servit de cadre à l'Ecole Nationale des Ponts & Chaussées.

    Il y a cinquante ans environ, la société Bricard en fit l'acquisition pour le restaurer et y implanta le "musée de la serrurerie" qu'on pouvait visiter encore il y a dix ans. Une nouvelle rénovation est ensuite intervenue pour sa transformation en demeure habitable.

    Limiter la place de la voiture dans Paris est un objectif auquel nous adhérons volontiers. Nous constatons simplement mais amèrement que le-dit PLU ne s'attaque pas à la prolifération des deux-roues motorisés, source de bruit, de pollution, d'encombrement des trottoirs, d'incivilités et d'accidents. Mieux, nous apprenons que la Ville de Paris va offrir 18.000 places de plus en surface aux motos.

    Va-t-elle en même temps résilier la charte signée début 2007 avec l'association "Les motards en colère" (ils le sont restés, en dépit de cette faveur), qui les autorise, de manière illégale (le préfet de police n'a pas voulu cautionner cette initiative) à stationner et à rouler sur les trottoirs.

    Denis Baupin, Adjoint au Maire pour les déplacements, s'était justifié à l'époque en disant: "ces mesures sont transitoires en attendant qu'il y ait davantage de places de parking deux-roues." Nous y voilà et nous attendons maintenant que le Maire de Paris renonce à cette charte controversée. La vérité est qu'on en doute.

    On peut donc s'interroger sur l'inadéquation entre ces mesures du PLU qui visent à expulser quelques voitures du sous-sol de Paris, et une politique qui fait la part désormais trop belle aux propriétaires d'engins polluants qui se garent en surface, où ils veulent et sans payer.

    Bien sûr, la Commission du Vieux Paris n'a pas vocation à se préoccuper de la pollution et du cadre de vie. Le Maire, oui.

                                                                         

  • Ste croix 22 bazar mode olivier

    Le "Bazar de la Mode", 22 rue Ste Croix (IVe) et son olivier d'Espagne

    On se souvient que l'ouverture de ce "bazar" en février 2009 déclencha une vague de protestations pour non-respect des clauses du permis de construire délivré par la Mairie de Paris, avec l'accord des Bâtiments de France, en février 2006 "Vivre le Marais !", 23 février 2009.

    On reprochait au commerçant sa signalétique racoleuse et, surtout, l'absence de "l'arbre de haute tige" dans l'entrée, qui figurait au dossier du permis de construire.

    Ste croix 22 permis construire Ste croix 22 bazar de la mode avec dais

    A gauche, permis de construire avec l'arbre "de haute tige", à droite la réalisation.

     

    L'olivier que nous découvrons est intrinsèquement beau avec son tronc de fort calibre qui indique un grand âge. Peut-être empêchera-t-il le retour du dais grotesque, qu'on voit sur la photo, l'été prochain. Mais le moins qu'on puisse dire est qu'il ne répond que de très loin à la définition et à la représentation de l'arbre requis.

    On peut avoir des craintes aussi pour sa santé. Ceinturé par une armée de pavés, il aura du mal à survivre. Enfin, on verra bien. Saluons tout de même les efforts du commerçant, qui a fait venir son arbre d'Espagne, en réponse aux injonctions de la Ville.

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  • Vosges 1 plaque jeudi noir Façade de l'hôtel de Coulanges, 1bis place des Vosges, occupé depuis le 28 octobre par un collectif d'étudiants.

     

    Cet hôtel jouxte le "Pavillon du Roi" (1 place des Vosges), qui ouvre sur trois porches l'accès de la rue de Birague à la célèbre place. Sa construction date de 1607. Une plaque rappelle que Marie de Rabutin Chantal , marquise de Sévigné, y est née le 6 février 1626.

    Il appartient actuellement à Mme Béatrice Cotin. Beaucoup plus jeune alors (elle est âgée aujourd'hui de 87 ans), elle entreprenait la réhabilitation du vaste ensemble que constitue l'hôtel, dès 1964, dans le but de le rendre habitable. L'intérieur porte les traces des travaux effectués, dont certains restent inachevés.On dit qu'elle s'est usée dans une relation difficile avec les Bâtiments de France. Chacun était dans son rôle : elle pensait confort et rentabilité, les architectes du Ministère de la Culture, au nom de la sauvegarde et de la mise en valeur du Marais, ne voulaient rien sacrifier du patrimoine exceptionnel qu'abrite l'hôtel.

    Le résultat de cet affrontement, voué malheureusement à l'échec, est un bâtiment en déshérence où des pigeons ont réussi à nicher dans les recoins et à répandre leur fiente, des canalisations percées et des armoires électriques éventrées. Les chantiers de l'époque sont restés en l'état. En le parcourant, on est dans l'univers de le Belle au Bois Dormant.

    Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, qu'une quarantaine de jeunes gens, tous étudiants, dont 5 en architecture, qui ne parviennent pas à se loger dans des conditions décentes, aient eu l'idée et l'ont exécutée, d'occuper l'ensemble du bâtiment en annonçant qu'ils veilleraient au respect de son patrimoine (il est interdit, par exemple, d'y fumer).

    Nous proposons à nos lecteurs de faire avec eux une visite commentée des lieux, sous la conduite de Laurent Dubouchet, l'un de ces étudiants

    Vosges 1 entrée birague  Entrée 11bis rue de Birague

                                                            

    Vosges 1 écuriesCour intérieure et écuries

     

                Vosges 1 escalier             Vosges 1 ascenseur         

     

     

     

     

     

     

     

     

    Escalier avec rampe en fer forgé (gauche) et ascenseur remarquablement dissimulé (droite)

                                    

    Vosges 1 poutres peintes magnifiquesPoutres et solives peintes, une véritable merveille.

                                                                     

    Vosges 1 cheminée détailVosges 1 grande salle

    Grande salle et cheminée (le détail, à gauche, est peut-être "Empire" mais un lecteur attentif et compétent pense que la cheminée est de style "école de Fontainebleau", XVIème siècle, et serait donc d'époque).

     

    Quelle sera l'issue de l'affaire ? En tout état de cause, l'objectif du collectif est atteint : faire un coup d'éclat pour sensibiliser les pouvoirs publics et l'opinion à leur situation. Une procédure en référé est en cours. Il est possible que le juge ordonne l'expulsion. Est-il réaliste, du reste, que les étudiants restent là, sans eau, sans chauffage, sans sanitaires, sans électricité ? La réponse est évidemment : non. Ils auront montré, toutefois, leur sens des responsabilités et du respect du patrimoine collectif. Cette attitude les assure de notre estime et, nous l'espérons, l'engagement des pouvoirs publics pour une solution durable à leurs difficultés.

    Qu'en sera-t-il ensuite de la sauvegarde de ce lieu prestigieux ? l'arrivée d'un investisseur ou d'un mécène éclairés ? l'intervention de l'Etat ou de la Ville (très pauvres en ce moment !) ? On a du mal en tout cas à imaginer le statu quo.

     

    Post Scriptum #1 du 6 janvier 2010 : L'affaire est passé au tribunal d'instance du Ve aujourd'hui. Le délibéré sera rendu le 18 janvier. La propriétaire (87 ans), représentée par sa tutelle, a demandé l'expulsion sous astreinte et des indemnités par jour d'occupation. La trêve hivernale ne s'applique pas ici car il y a eu occupation sans bail, avec effraction.

    Post sriptum #2 du 18 janvier 2010 : le délibéré a été rendu par le tribunal du Ve le 17 janvier 2010. Les squatters sont condamnés à être expulsés, si besoin est en faisant appel à la force publique. Il leur est laissé une semaine par partir de leur plein gré. Ils devront payer une indemnité de 3.400 € par mois d'occupation depuis le 31 octobre 2009. A partir du 26 janvier, s'ils occupent toujours les lieux, l'indemnité passera à 25.000 € par mois. Les dédommagements réclamés par la propriétaire étaient beaucoup plus importants, de l'ordre de 150.000 €.

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    Post scriptum du 1er octobre 2010 :

    Un nouvel article a été publié en date du septembre 2010. Lire l'article.

    Post scriptum du 22 octobre 2010 : la cour d'appel confirme le décision d'explulsion et le paiement d'indemnités. Toutefois, celles-ci sont allégées par rapport à la décisoin de première instance

    Post scriptum du 23 octobre 2010 : la préfecture de police a procédé dans la nuit à l'évacuation des occupants

    Gérard Simonet

     

  • Rambuteau leroy merlin

    Rue Rambuteau, entre Saint Martin et Beaubourg (rive IIIe)

                                                                                 

    Pour Dominique Bertinotti, les jeux sont faits. Elle se réfère à une réunion publique qui s'est tenue en juillet, en période de vacances, où des gens se sont inscrits sur une liste érigée depuis en "comité de rue" (*), qui a engendré de façon obscure un "bureau du comité de rue", dirigé par un consultant appointé par la Maire, seul habilité désormais à discuter avec les Maires (IIIe et IVe) du devenir de cette rue, mitoyenne aux deux arrondissements.

    Notre association propose aux deux Maires de prendre une part active (et bénévole) aux travaux de réflexion sur l'évolution de la rue, comme nous l'avons fait en d'autres circonstances. Pierre Aidenbaum acquiesce, Dominique Bertinotti refuse.

    Aucune loi n'est là pour légitimer et réglementer ces conseils que la Maire veut façonner à son image. Il est probable que nous ne soyons pas assez malléables à ses yeux et qu'elle nous trouve encombrants.

    Les habitants jugeront. Ceux notamment, très nombreux, sur le IIIe et le IVe qui sont membres de l'association et usagers de la rue ; ceux qui, par centaines, lisent notre blog tous les jours et qui soutiennent les actions que nous menons sans visées politiques. Avec eux, d'ailleurs, nous resterons présents sur ce dossier peu controversé, du reste, depuis que Mme Bertinotti, face à l'opposition des riverains, a renoncé à faire revenir les voitures sur le tronçon Saint-Martin/Beaubourg.

    Rappelons enfin que l'association et son président ont été désignés par décision conjointe du Maire de Paris et du Préfet de Paris-Île de France, membre de la commission du secteur sauvegardé du Marais, qui intègre une partie de la rue. Nous serons donc impliqués dans le processus de révision du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) mais non grata aux yeux de Dominique Bertinotti pour exprimer un point de vue sur la transformation d'un de ses éléments. Est-ce là le sens de cette "démocratie participative" qu'elle prône à l'envi ?

                                                                                 

    (*) Les "comités de rues" ont vu le jour dans les démocraties populaires d'Europe de l'est. Ils participaient au système de surveillance policière de la population. On trouve les derniers vestiges à Cuba.

                                                                                          

    Post Scriptum du 2 novembre   

    Cet article a suscité de nombreuses réaction et un relais par la presse quotidienne (Le Parisien). Il est utile de lire les commentaires en cliquant dans le lien "commentaires" situé ci-dessous.

                                                                                                                                                                                                       

  • Charlot 42

    Immeuble de quatre étages avec deux commerces en rez-de-chaussée, 42 rue Charlot (IIIe). Décor sinistre. Un permis de construire a été déposé pour la réhabilitation de quatre étages d'habitation (plus combles) et deux commerces dont l'un sera transformé en caves. (Architecte Laurent Meder).

                                                                                                                                            

    Les deux commerces sont fermés depuis des années. Les appartements en étage sont visiblement abandonnés. Trois pigeons en profitent, tranquillement posés sur le garde-fou du premier étage. C'est une nouvelle illustration du paradoxe très répandu dans le IIIe : le m² rénové est cher (10 à 11.000 € si on se réfère à la dernière opération COGEDIM du 21 rue Charlot) mais de nombreux immeubles sont en déshérence ou consacrés à l'entreposage de marchandises.

    La situation évolue à un rythme lent. Nous signalons régulièrement des changements encourageants de destination du commerce vers l'habitation mais beaucoup reste à faire. Dans un sens, c'est du grain à moudre pour l'équipe municipale qui affiche régulièrement sa détermination à créer des logements. Avec ce projet, confié à la SGIM, bailleur social de la Ville de Paris, ex gestionnaire des appartements "Ville de Paris", dont certains ont fait scandale, déjà connu dans l'arrondissement pour son intervention au 29 rue au Maire, c'est un sérieux bond en avant.

    D'autres possibilités existent dans nos quartiers. Aussi, n'y a-t-il pas comme un excès de zèle au conseil municipal à vouloir intervenir "dans le diffus" ? Pour ceux qui ne connaissent pas cette expression, il s'agit d'appartements isolés que la mairie achète pour les louer en logements sociaux.

    Au cours de sa séance du 12 octobre, le conseil a adopté un "voeu" dans ce sens. Il est dit, dans les attendus, que la Ville n'a pas l'intention (mais elle en a le droit) d'intervenir sur des transactions entre particuliers. C'est à la fois heureux et inquiétant car cette précaution oratoire peut dissimuler une tentation sous-jacente. Il est utile de rappeler, lorsque la mairie préempte, qu'elle propose, sur recommandation des Domaines, un prix qui peut se situer 40% au dessous du prix de marché. On n'est certes pas obligés d'accepter mais le processus de vente est bloqué.

    On a le sentiment, de plus, que les élus ne tirent pas les leçons de la situation financière préoccupante de la Ville de Paris. Acheter dans le diffus des logements qui n'ont pas vocation à être sociaux, c'est alourdir un déficit que nous commençons à payer cette année avec une taxe foncière majorée de 28% et une taxe d'habitation qui progresse de 11%, sans préjuger des décisions en cours pour 2010, comme si dans cette affaire le maintien du pouvoir d'achat des parisiens, dont les salaires et traitements progressent péniblement de 1%, n'était en aucune manière le souci du Maire de Paris.

    Là où le voeu du IIIe sonne juste, s'est dans la référence à l'obligation du PLU (plan local d'urbanisme) de Paris de réserver 25% de logements sociaux dans les rénovations supérieures à 800 m². Cette disposition a été l'argument majeur de la Ville pour demander la révision du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) qui a force de loi sur le Marais et son alignement sur le PLU. C'est de bonne guerre mais on a envie de sourire car le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, avec l'habilité que nous lui connaissons, a obtenu à plusieurs reprises que des promoteurs comme COGEDIM se plient à sa demande d'appliquer la règle sans y être obligés.

    Il faut citer la "coda" du voeu en question : "les élu(e)s …..émettent le voeu que le Plan Local de l'Habitat [……] prenne en compte la nécessité de mener une politique attentive et volontaire de financement du logement social dans le diffus". On dirait qu'on marche sur des oeufs. Pourquoi ne pas écrire : "les élus […..] demandent qu'on fasse du logement social dans le diffus" ? On dirait que les auteurs ne sont pas sûrs de ce qu'ils avancent. C'est peut-être un signe de sagesse.