Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2010

  • Haudriettes 5 et 5bis cours rec
     Les deux hangars sur cours pavées des 5 et 5bis rue des Haudriettes (IIIe). (Cliquer sur la photo pour l'agrandir).

                                                                                                                                                    

    Ces constructions parasites prolongent sur les cours intérieures, dont ils détruisent malheureusement les proportions et l'esthétique, un local commercial qui occupe les pieds d'immeubles des 5 et 5bis sur la rue. Propriétés de la famille Quesnel au milieu du siècle dernier, les immeubles des 3,5 et 5bis sont de la même facture, une architecture XIXe siècle, lourde mais plutôt bien intégrée dans l'urbanisme de la rue.

    En 2001, la municipalité nouvellement élue à la tête de la Mairie de Paris, décide l'acquisition des immeubles du 3 et du 5, pour la somme de 130 Millions de Francs. Ils sont alors occupés à 60%. La SAGI, bailleur social de la Ville de Paris, procède à une rénovation sérieuse et les appartements libres sont affectés à des bénéficiaires de logements sociaux. On y relogera en particulier des familles victimes de l'incendie du squatt du "Roi Doré".

    Le 5bis n'est pas concerné. Pour faire face à ses charges, les propriétaires l'avaient préalablement vendu en copropriété.

    Un grossiste-importateur en maroquinerie occupait un local sur rue à l'enseigne "DIXIMPORT", prolongé sur les cours intérieures, par des hangars avec verrières, pour une surface totale de 400 m². Comme nous le disions dans notre journal "Vivre le Marais !" n° 31, le commerçant a déménagé en mars laissant ses locaux libres de toute activité.

    Au titre du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, les deux hangars figurent respectivement en tâches jaune (pour le 5) et orange (pour le 5bis), ce qui veut dire  que "leur démolition pourra être imposée à des fins de mise en valeur ou en raison de leur vétusté (sauf pour les tâches orange tant qu'il y a maintien des activités)". L'activité ayant cessé, les deux constructions sont vouées au même sort.

    Comment se peut-il, dans ces conditions, que la mairie du IIIe vienne de confirmer au conseil de quartier Ste Avoye, que ce local accueillera prochainement un MONOP', au grand dam des habitants copropriétaires du 5bis, qui viennent de distribuer un tract révélateur de leurs inquiétudes mais aussi du ressentiment qu'ils éprouvent à la constatation qu'une transaction, dont ils sont partie prenante, s'est déroulée au-dessus de leur tête.

    Haudriettes 5bis tract avril 2010

    Cette affaire présente plusieurs facettes.

    Un volet patrimonial, tout d'abord.

    Le PSMV a pour vocation de mettre en valeur le Marais en lui donnant une respiration qui lui fait encore défaut. Il ne fait de doute pour personne que les deux verrières que nous voyons sur la photo enlaidissent une cour pavée qui ne demande qu'à retrouver ses proportions originelles.

    Le PSMV est en révision et nous savons que les orientations prises, même si elles ne seront approuvées qu'à l'issue d'un processus de près trois ans, recommandent plus de considération pour la mémoire du XIXe siècle, son architecture et son héritage industriel. Peut-on affirmer que ces verrières entrent dans cette catégorie ? Certainement pas. Au nom de quels principes, l'agence Blanc-Duché chargée de sa révision et les architectes de Bâtiments de France pourraient-ils renoncer à une injonction de démolir ?

    Un volet économique, ensuite.

    La disparition du monopole du commerce de gros, et singulièrement de la maroquinerie d'importation, est un objectif que la mairie du IIIe partage avec les habitants. Il faut bien entendu accepter qu'il soit remplacé par autre chose. Un MONOP' de ce point de vue n'est pas forcément une mauvaise affaire si sa direction fait preuve d'une bonne écoute à l'égard des riverains.

    Un volet foncier, aussi.

    La démolition a un coût. Sans doute la RIVP, qui a pris la suite de la SAGI comme bailleur social du 5, pourrait y faire face, mais quid des copropriétaires du 5bis ? Sur quelle base indemniser le propriétaire de la verrière (qui ne vaut théoriquement que le prix du terrain) et y aurait-il accord pour financer les travaux de réhabilitation de la cour ?

    Un volet règlement de copropriété, enfin.

    La création d'un nouveau commerce implique des travaux d'aménagement intérieurs et extérieurs (devanture, enseigne) dont certains doivent être acceptés en assemblée générale. A défaut, la Direction du Permis de Construire et du Paysage de la Rue, puis les Bâtiments de France, dans le cadre de leurs compétences, ne peuvent examiner le dossier de façon formelle. Aux dires des membres du conseil syndical du 5bis, le dossier ne leur a pas été présenté. On observe, du reste, qu'aucune "Demande Préalable d'autorisation de Travaux" n'a été déposée bd Morland, au siège de l'urbanisme.

    Il ne faut pas s'étonner, en l'absence d'information, que des commentaires désobligeants circulent : pouvoir de l'argent, entregent, mépris du patrimoine collectif au bénéfice du lucre, volonté de passer en force …. Il existe une façon très simple de l'éviter : INFORMER, JUSTIFIER et NEGOCIER.

    Pour rejoindre l'association, cliquez ICI

       

  • Hôtel de ville entrée lobau

    Hôtel de Ville, entrée 5 rue de Lobau (IVe)

                                                                                   

    En réaction aux exigences irrecevables formulées par les participants à "l'observatoire des lieux de vie et de diffusion musicale", qui se sont fait l'écho de la campagne de communication lancée par les professionnels de la nuit et de la boisson sur le thème de "Paris se meurt, Paris s'endort", nous avons adressé  cette lettre à Bertrand Delanoë le 10 février 2010.

    Renaud Helfer-Aubrac, membre de son cabinet, nous a reçus hier en nous assurant que le Maire était "très sensible aux problèmes que nous évoquions". Nous en avons pris acte.

    Nous étions trois pour représenter le réseau "Vivre Paris !". Nous pensons avoir été entendus. Nous avons désormais l'assurance de participer de façon active (pas seulement dans la salle, mais à la tribune) aux "états généraux de la nuit" lorsqu'ils se tiendront, à l'initiative de Ian Brossat, président du groupe communiste à la Mairie de Paris.

    Pour "Vivre le Marais !", et pour toutes les composantes du réseau "Vivre Paris !", la qualité de vie des parisiens passe par la maîtrise du bruit la nuit et l'utilisation équitable de l'espace public.

    A ce propos, "Vivre Paris !" a remis un texte qui est notre contribution à une évolution de la réglementation des terrasses que la Mairie de Paris étudie actuellement. Cette démarche nous préoccupe, compte tenu de l'explosion des terrasses constatée depuis que la loi anti-tabac interdit de fumer dans les lieux publics.

    Loin d'admettre qu'il faut élargir l'emprise des bars, nous considérons comme une limite à ne pas dépasser celle qui résulte de l'application de la règle actuelle à savoir "un tiers pour la terrasse et deux-tiers pour les piétons", avec un minimum de 1,60 mètre, que nous aimerions voir passer à 1,80 mètre, avant le premier obstacle.

                                                                                                                                        

  • Michel le comte 25 entrée

    25 rue Michel le Comte, entrée du passage et grossiste maroquinier


    Il reste peu d'ensembles immobiliers à réhabiliter dans le Marais.

    La rue Michel le Comte, il y a vingt cinq ans, était un coupe-gorge sinistre. On a assisté successivement à la restauration des hôtels Lenoir de Mézières (n°19), Ferlet, (n°21), d'Hallwyll (n°28), de plusieurs bâtiments d'un intérêt architectural certain comme l'hôtel Louis XV du n°16 en fond de cour, la Maison  du collège de la Marche (n°17), les bâtiments des n°22, 24 et 26 rénovés en 2001, avec des finitions, cependant, dont la qualité a été quelque peu sacrifiée, et le n°30, annexe de l'Hôtel Dieu sous Louis XIV, qui a conservé son portail à impostes et ses vantaux.

    Il y a une ombre au tableau : le gymnase qui n'honore ni son architecte, ni la Mairie de Paris qui en assura la maîtrise d'ouvrage dans les années 80.

    Il reste une vaste parcelle en friche, à laquelle on accède par le passage du 25, et qui s'étend très loin en arrière vers un ensemble de bâtiments XVIIIe et XIX, dans un état de délabrement qui lui donne un air de cour des miracles.

    Il est hors de question d'offenser ceux qui ont trouvé le moyen de s'y installer et d'y travailler, mais incontestablement nous avons affaire à un habitat qui mérite d'être réhabilité.

    Entrons ensemble dans cet univers qui pourrait effectivement servir de décor à une reconstitution des années 50.


    Michel le comte 25 passage  

    Un long couloir dessert les bâtiments sur rue, en arrière et jusqu'à une cour assez grande au sud. L'état des lieux dénote une absence totale d'entretien depuis des décennies.

       

    Michel le comte 25 atelier sur cour


    On découvre à droite un atelier sous verrière qui occupe l'essentiel d'une cour intermédiaire.

    Michel le comte 25 cour sud vue du passage

    La cour, au fond du passage, bordée de constructions de qualité très médiocre.

    Michel le comte 25 couloir escalier porte sur cour   

    Cette vue révèle l'état de vétusté des immeubles.

    Michel le comte 25 escalier à vis bât central

      

    Escalier hélicoïdal en fond de cour.

                                                                                                            

    Le devenir de cet ensemble immobilier a été longtemps incertain. Un moment, on a cru qu'une entreprise de rénovation en ferait l'acquisition mais un désaccord entre les propriétaires a fait échouer le projet. Finalement, c'est la Mairie de Paris qui a pris en charge sa réhabilitation et qui décidera de l'affectation des locaux et logements créés, à travers le bailleur social SGIM (société de gestion immobilière de la Ville de Paris).

    Il faudra au préalable faire des choix. Le bâti date des XVIIIe et XIX siècles. Tout ne mérite pas d'être conservé. Il semble à première vue qu'un curage sélectif s'impose car les constructions parasites sont nombreuses et créent un urbanisme anxiogène.

    Si on se réfère au PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, pour cette parcelle, seuls les bâtiments sur rue sont à conserver. On comprend que le reste peut être démoli et en partie reconstruit, en prenant soin de ménager quelques espaces verts et de sauvegarder les cours pavées. Dossier complexe mais intéressant qui devrait passionner les Bâtiments de France et l'agence Blanc-Duché chargée de la révision du PSMV.

    Sans oublier la Mairie du IIIe qui voit dans cette opération l'une des dernières chances de récupérer du foncier pour le réhabiliter et étendre son parc de logements sociaux. On lira à ce propos l'intéressant article de Gauthier Caron-Thibault, Maire-Adjoint, sur son blog rue de bretagne, qui donne des précisions importantes sur la nature des logements envisageables et les moyens à mettre en oeuvre pour reloger les habitants et entreprises qui occupent l'espace aujourd'hui.

       

       

  • Réaumur 83 emprise terrasse Réaumur 83 passage piétons

     

     

     

     


    Chantier d'aménagement d'un bar avec terrasse au 83 rue Réaumur (IIe)

                                                                                                                                                         

    L'information nous vient du réseau "Vivre Paris !" auquel nous sommes affiliés. Le bar en cours d'aménagement a déposé à la mairie une demande d'autorisation de terrasse. Si on en juge par l'emprise des barricades mises en place (voir photo), l'espace libre laissé aux piétons est de 1,20 mètre, bien inférieur au règlement qui prévoit 1,60 mètre et pas moins des deux-tiers du trottoir.

    Sans doute pour cette raison et d'autres peut-être, le maire du IIe, Jacques Boutault, élu des Verts et populaire dans son arrondissement auprès des riverains, a refusé cette terrasse.

    Qu'à celà ne tienne, l'Adjointe au Maire de Paris chargée du commerce, Lyne Cohen-Solal, est passée outre et a donné son avis favorable. Est-ce à dire que l'affaire est bouclée ? normalement, non. L'autorité opérationnelle en la matière est la "Direction de l'Urbanisme et du Paysage de la Rue", qui dépend d'Anne Hidalgo, 1ère Adjointe au Maire de Paris. Il serait contraire au bon sens, et à la morale, que Mme Cohen-Solal, qui défend les commerces, soit aussi celle qui décide des faveurs à leur accorder. Rappelons que l'installation de terrasses et étalages sur l'espace public n'est pas un droit mais une tolérance.

    Le Maire du IIe, Jacques Boutault, a transmis à l'association ACCOMPLIR, membre de "Vivre Paris !" sa lettre  de protestation. Il semble toutefois s'avouer vaincu. Les riverains en tout cas ne l'entendent pas de cette oreille et sont mobilisés. Si ce dossier ne se règle pas dans le respect du règlement des terrasses et étalages, qui n'autorise pas de telles emprises sur l'espace piétons, "Vivre Paris !" demandera l'intervention de Mme Hidalgo et, si nécessaire, l'arbitrage du Maire Bertrand Delanoë.

    A la veille de la révision du règlement de la Ville de Paris sur les terrasses et étalages, à laquelle nous entendons bien être associés, au moment où les demandes explosent et où l'espace piéton se réduit comme peau de chagrin, il importe d'être vigilants et de dénoncer toute dérive dans ce domaine.

     

      

  • Montmorency 26 squat

    Immeuble du 26 rue de Montmorency (IIIe), à l'emplacement de l'ancien couvent des Carmélites

     

    On est loin ici du squat médiatique et médiatisé de "Jeudi Noir", dans l'hôtel de Coulanges au 1bis place des Vosges (IVe). Celui-ci a le charme discret d'un squat de province. Quelques fanfreluches pendent aux fenêtres et l'écriteau fixé sur l'entresol n'est que partiellement lisible derrière la jardinière qui en cache la coda.

    Les habitants de l'immeuble voisin se sont plaints à diverses reprises de bruits de musique nocturne. On le sait, la musique amplifiée, dite techno, avec ses basses répétitives, se propage aisément par la maçonnerie dans les immeubles attenants.

    Prévenue, la police de l'arrondissement est intervenue mais n'a pu accéder aux logements pour faire un constat, faute d'y être habilitée par une demande du propriétaire …. que personne ici ne connaît. Le statut de cet immeuble, aux dires des voisins, était obscur.

    La réalité est plus claire.

    L'immeuble appartient à une personne physique, qui a décidé il y a trois ans environ de procéder à sa réhabilitation. Sa vétusté, l'absence d'ascenseurs, l'état de la toiture et des menuiseries, nécessitaient des travaux conséquents. Le propriétaire a invité ses locataires à un départ qui, selon lui, a été négocié à l'amiable.

    La demande de permis de construire date de 2008. Il prévoit la réhabilitation des cinq étages et du sous-sol, l'installation d'ascenseurs, la création d'un logement au premier étage en remplacement d'un commerce, et le ravalement de la façade sur rue.

    L'immeuble rénové est destiné à la location à loyers modérés. On parle de 17 €/m², soit  600 €/mois environ pour un 35 m². Le cadre est remarquable : la vue bénéficie en face d'une double ligne de toits et lucarnes à la française et, en biais, du spectacle de la cour et des jardins de l'hôtel d'Hallwyll, dont l'entrée se trouve au 28 rue Michel le Comte. L'arrière de l'hôtel, qu'on voit ici, ressemble à une villa romaine avec sa double série de colonnes doriques qui conduit à un nymphée. L'hôtel d'Hallwyll combine le génie austère de son créateur, François Mansart (XVIIe), et l'extravagance de l'architecte qui l'a rénové au XVIIIe : l'étonnant Claude Nicolas Ledoux (connu notamment pour sa "saline royale" d'Arc et Senans).

    Michel le comte hallwyll  Montmerency 24 vue sur toits

    Le Maire du IIIe voit ce projet, nous dit-on (mais il ne l'a pas confirmé), "d'un oeil sympathique", à cause de son orientation sociale qui a l'avantage complémentaire de ne pas solliciter la bourse des contribuables parisiens, déjà sévèrement mise à contribution en 2009 et, on le craint, en 2010.

    Ce bel ordonnancement pourrait pourtant avoir des hoquets depuis que, à la suite d'un contre temps dans le programme de réhabilitation, des squatters se sont invités à la table et occupent l'immeuble. Mais pas forcément. Le propriétaire aurait négocié un accord avec leur "collectif" par lequel ils se sont engagés à laisser place aux travaux à une date précise (il semble que nous y soyons), en contre partie de leur hébergement pour un loyer dérisoire.

    La justice s'est de toute façon prononcée avec une ordonnance d'expulsion. Il reste à vérifier si le gentleman agreement en est un et si les parties en présence sont décidées à l'appliquer. Sinon, ce serait la partie de bras de fer à laquelle nous commençons à être habitués. Et un retard dans la mise en chantier de logements qui feraient le bonheur d'une dizaine de ménages, en toute légalité.

    Post scriptum # 1 du 12 avril 2010

    Gauthier Caron-Thibault, Maire-Adjoint du IIIe, qui a déposé un commentaire à l'article en date du 1er avril, donne des précisions supplémentaires aux habitants de l'immeuble voisin, au 24 de la rue, dans une lettre qui fait en détail l'historique de l'affaire.

    Il annonce que l'huissier de justice, sur la base de l'ordonnance d'expulsion prononcée par le tribunal, a demandé l'intervention du commissaire de police le 29 mars pour déloger les occupants qui n'ont pas respecté les termes de la convention d'occupation précaire qu'ils avaient signée avec le propriétaire. Renseignements pris auprès des habitants voisins, le commissaire est venu (venit, vidit) mais n'a rien fait (sed nihil fecit). Samedi dans la nuit, vers 03h00 du matin, la musique battait son plein.

                                                                                                                                                  

                                                                                                          

  • Bruit sommeil troublé 

    Comment dormir la nuit quand c'est la fête autour de vous ?

                                                                                                                                           

    Cette photographie onirique décrit les tourments d'un brave garçon qui cherche à dormir quand tout s'agite autour de lui. En vérité, elle le rend plutôt antipathique avec son air grincheux et ses accessoires du dormeur : T-shirt démodé, pantoufles, lampe de chevet et réveille-matin.

    Ne rions pas trop de nous-mêmes. On a tendance de nos jours à considérer que l'agressé n'a que ce qu'il mérite. Le bruit, quand il empêche les gens de se reposer la nuit est une vraie torture. En particulier lorsqu'il prend la forme d'un motif rythmé de musique amplifiée, avec des basses qui se transmettent par la maçonnerie des immeubles. Même faible, un son répétitif agit sur l'organisme comme un supplice chinois.

    Selon Bruitparif, dont nous avons rencontré la Directrice Fanny Mietlicki, les franciliens considèrent le bruit comme la nuisance environnementale numéro 1. Pour les uns, il s'agit des avions. Pour les autres, de bruits de circulation autoroutière ou ferroviaire. Pour nous, à Paris, le bruit est lié à la circulation automobile et au voisinage.

    Une directive de la Commission des Communautés Européennes émise en 2002 imposait aux Etats membres de publier une carte du bruit pour les grandes villes et, au plus tard en 2006, un plan de mesures visant à éliminer le bruit. La Ville de Paris, dès 2003, publiait une carte du bruit disponible sur Internet. Considérant, ce qui est vrai, que le bruit est fortement corrélé au trafic automobile, la Ville s'était bornée à faire un changement de la variable trafic en variable bruit, en introduisant tout de même quelques modulations intelligentes telles que la nature du revêtement, l'éloignement des façades, etc …

    Cette "carte du bruit" ignorait complètement les émergences locales telles que concerts de klaxons dus aux encombrements ou diffusion de musique amplifiée. Des campagnes de mesures ont eu lieu depuis pour réconcilier la théorie avec la réalité mais l'échantillonnage est resté trop faible pour que le résultat reflète la réalité telle qu'on la perçoit.

    En tout état de cause, le diagnostic est intéressant mais l'important est le plan d'action qui en découle. La Commission fixait 2006 comme date limite aux grandes villes pour annoncer leur plan. La Mairie de Paris s'en est provisoirement acquittée en annonçant effectivement un plan PLAN 2006, qui n'a pas reçu le commencement d'une exécution 4 ans après.

    On y trouvait pourtant des propositions intéressantes, notamment l'éradication du bruit des klaxons, particulièrement désagréable et stupide, ou la création de médiateurs dans les mairies pour régler les conflits provenant des "lieux de vie" (bars, discothèques ….). Mais pour cela, il faut des mesures, et pour le moment nous sommes forcés de constater qu'il n'y en pas. Dans les milieux proches du sujet, on estime cependant que la Mairie de Paris ne peut pas différer ces mesures au-delà de la fin de cette année.

    Cette obligation heurte de front la démarche des professionnels de la nuit et de ceux qui les soutiennent. Comment lutter contre le bruit si on autorise les bars à diffuser de la musique et à faire danser toute la nuit ? Si on renonce aux fermetures administratives de ceux qui enfreignent les règlements de façon répétitive ?

    L'idéal serait bien sûr que les intéressés agissent avec responsabilité et modération. Un lieu de diffusion de musique correctement insonorisé, un niveau de son maitrisé, des consommateurs respectueux du voisinage peuvent parfaitement cohabiter avec les riverains. Bruitparif teste actuellement un appareil mis au point en Scandinavie, qui ressemble à une grande oreille, dont la couleur varie en fonction du niveau de bruit. Les seuils sont ajustables. Le gérant de l'établissement peut ainsi montrer à ses clients si le bruit qu'ils génèrent se situe en zone verte, orange ou rouge. Un appareil de ce type est en cours de test en ce moment dans un pub du XVIe.

                                                                                                                                          

    Bruitparif indicateur

     

           

                                                                                                                                                                                         

  • Gravilliers 7

    Derrière cet immeuble du XVIIIe siècle, remarquable par la majesté de sa façade (qui souffre cependant du mauvais goût des devantures), son portail à consoles cannelées et ses ferronneries, au fond de la cour, se cache un bâtiment de quatre étages avec combles et sous-sol qui abritait des activités d'artisanat. Il a été acquis par le promoteur de l'hôtel en construction au n° 11 de la rue, à l'emplacement des ateliers POCHAT, dont l'enseigne trône encore au sommet d'un pan de façade.

    C'est maintenant un secret de Polichinelle : la création d'un hôtel (de tourisme) dont nous parlions dans notre article du 16 février se confirme. Sur un site encore très confidentiel et inachevé, ses propriétaires en font une publicité discrète mais alléchante (site Jules & Jim).

    Quand nous évoquions, avec le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, le devenir de la rue des Gravilliers le jour où le monopole du commerce de gros cèderait la place à une véritable diversité, nous pensions aux commerces de bouche (à propos, le boucher "Manu" se déclare très satisfait de ses affaires et parle de s'agrandir), aux professions libérales, aux galeries d'art, aux activités tertiaires en général mais certainement pas à la création d'un hôtel. D'autres l'ont osé et c'est tant mieux. Leur réussite signera indiscutablement le renouveau de la rue et, par contagion, du quartier.

       

  •  Cassan la veys

    Dans les arrondissements centraux de Paris, où l'agitation bat son plein, les riverains ont laissé libre cours à leurs rêves bucoliques.

      

    Aux "Européennes" de 2009, la liste des Verts s'était placée en tête dans trois des quatre arrondissements du centre (35 % dans le IIe). Aux "Régionales" de 2010, la même tendance se manifeste à l'issue du premier tour. Certes, Jean-Paul Huchon s'en sort mieux que Harlem Désir, tandis que l'UMP est à peu près stable, mais les Verts font bonne figure dans le Ier, caracolent en tête dans le IIe, talonnent le PS dans le IIIe et sont tout proches de l'UMP et du PS dans le IVe.

    Les Verts, à tort ou à raison, et malgré le parfum d'utopie qui les entoure, malgré la perplexité voire la désapprobation que suscitent leurs prises de position sur certains sujets de société, sont associés dans la pensée collective à la défense de la qualité de vie dans les quartiers qui souffrent le plus de l'invasion de l'espace public, des désordres en tout genre, de la pollution et du bruit.

    On les trouve en tête dans les quartiers les plus touchés, au sommet desquels se place Montorgueil, présenté jadis comme le laboratoire d'un urbanisme écologique, dont le Maire, Jacques Boutault, est obligé désormais de combattre les dérives, soutenu par ses administrés dont il a réussi néanmoins à garder la confiance.

    Ils commencent à peser dans le Ier où l'UMP reste dominant, car "les Halles" sont là avec leur cortège de nuisances et leurs terrasses invraisemblables, dans la continuité du IIe, de Montorgueil et de St Denis.

    Ils font jeu égal avec les deux grands dans le IVe, qu'on présente souvent comme le pôle magnétique de la fête dans le Marais. Ils talonnent le leader PS dans le IIIe, bastion socialiste, que les désordres nocturnes commencent à envahir, attisés par la rue de Bretagne, haut lieu de la mode et de la création, arrosés par le chapelet de bars de jour et de nuit, qui jalonnent l'axe est-ouest de La Perle à Michel le Comte, et qui lancent leurs métastases sur des lieux inattendus comme la rue des Gravilliers.

    Faute d'avoir accordé suffisamment d'attention aux attentes des habitants, les partis dominants se partagent ce qui reste. Leurs prises de positions récentes sur les revendications des professionnels de la boisson et de la nuit, en dépit des mises au point qui ont suivi, ont fait penser aux habitants, sans doute à tort, qu'ils n'étaient pas au centre de leurs préoccupations.

    Ils ont eu raison pourtant de souligner qu'il y a d'autres enjeux bien plus fondamentaux dans ces élections régionales que vouloir dormir la nuit ou circuler sans gêne et sans danger sur les trottoirs. Mais pourquoi alors les têtes de listes d'Île de France ont-elles prêté une oreille si attentive aux leaders de la fête, dont les arguments sont contestables, sans même nous consulter ?

    Notre analyse ne signifie pas que le salut viendra des Verts. Les Verts cristallisent peut-être en ce moment nos aspirations mais on a le droit de douter qu'ils aient l'envie et les moyens de les exaucer. Ils ne sont d'ailleurs aux commandes ni de l'Etat ni de la Ville qui, eux, gèrent notre quotidien. A ceux-là nous disons qu'il y a des pressions en ce moment et des exigences que nous ne pouvons pas accepter.

    Assouplissement du règlement des terrasses, extension des autorisations ; musique et danse dans les bars la nuit, sans limite d'heure ; prise en charge par la collectivité des frais d'insonorisation ; quartiers réservés à la fête ; beuveries nocturnes. Voilà ce dont nous ne voulons pas. Pensez à notre qualité de vie au quotidien, nous prêterons alors une oreille plus attentive aux projets de "Grand Paris" ou "Paris Métropole". Et vous verrez sans doute se dégonfler le réservoir des abstentionnistes dont le niveau, à ce scrutin, a atteint des records absolus.

      

  • Sirènes de la nuit    

    Près des rivages de la politique, vivent des créatures enchanteresses  qui essaient de charmer, de leur voix mélodieuse, les candidats aux régionales. Ce sont des sirènes, des femmes-poissons. Attention : elles ont le pouvoir d'envoûter pour entraîner à leur perte ceux qu'elles auront séduits.

      

    Depuis des mois, les médias se font l'écho des plaintes des professionnels de la nuit au cri de "Paris se meurt, Paris s'endort, Paris n'est plus une capitale de la fête et de la nuit comme le sont Berlin ou Barcelone….."

    Nous sommes persuadés du contraire : Paris est la ville la plus visitée du monde. Les 29 à 35 millions (suivant les sources) de personnes qui s'y pressent chaque année se répartissent statistiquement vers toutes les activités de la ville : hôtels, bars, restaurants, cinémas, théâtres, spectacles, discothèques, boites de nuit …).

    Nous le rappelons, notre association d'habitants du Marais et toutes celles qui participent au réseau "Vivre Paris !" sommes tout à fait favorables à l'existence d'une vie nocturne qui, d'ailleurs, ne fait pas défaut à Paris. Nous demandons simplement qu'elle respecte les lois et règlements qui en régissent l'exercice dans deux domaines essentiels : le bruit et l'occupation de l'espace public.

    Les professionnels de la nuit et des débits de boissons ont cherché, dans la perspective des élections régionales, à obtenir des têtes de listes des engagements au bénéfice de leurs affaires. Nous avions annoncé que nous en rendrions compte à la veille du premier tour pour que vous puissiez juger l'importance que ces personnalités accordent à leurs électeurs qui, dans l'Île de France, considèrent à 71% le bruit comme la nuisance environnementale numéro 1 (Bruitparif).

    Face aux exigences, qui sont : levées des contraintes horaires sur la fermeture des bars le soir, modification du règlement des terrasses, révision du décret de 2006 qui limite le bruit des établissements diffusant de la musique la nuit, tolérance des policiers devant les infractions, suppression de la fermeture administrative et financement des travaux d'insonorisation, voici comment ils ont réagi.

    Jean-Paul Huchon est ouvert au financement par la région des aménagements visant à insonoriser les salles. Il se propose également de faire fonctionner le RER toute la nuit du samedi soir pour que les échanges Paris-Banlieue soient plus aisés.

    Ian Brossat, président du groupe communiste à la Mairie de Paris, chargé d'organiser les "états généraux de la nuit", a reçu "Vivre Paris !" et a prêté peu de cas à nos arguments. Selon lui, les quartiers de Paris qui disent souffrir d'un excès d'activité festive sont en réalité des privilégiés puisque le prix du logement y est plus élevé qu'ailleurs. CQFD.

    Valérie Pécresse est d'accord aussi pour que la région finance l'insonorisation des salles bruyantes. Chantal Jouanno ajoute quant à elle qu'il faut affecter à "la fête" un domaine réservé et suggère que ce soit le Marais, plus précisément les quais de Seine.

    Vincent Roger, élu UMP de Paris dans le IVe, est plus réservé mais pense qu'il faut effectivement trouver un secteur où les gens soient plus libres de festoyer. Que les exploitants bénéficient d'une aide financière de la région ne le gène pas.

    Christophe Girard, élu PS de Paris dans le IVe, Adjoint au Maire de Paris pour la Culture, se dit scandalisé par les prétentions des professionnels de la nuit et parle de "cabale". Pour lui, cette campagne est faite pour masquer le manque de créativité, d'inventivité de ceux qui se plaignent. Il rejette leurs demandes et affirme que le Maire de Paris n'a jamais dit qu'il les soutiendrait.

    Dominique Bertinotti, Maire PS du IVe, tient "au mélange, dans le Marais comme ailleurs, des acteurs de la vie urbaine, habitants, commerces, entreprises, touristes. Elle n'est pas opposée au financement de salles publiques polyvalentes qui peuvent abriter des fêtes ou des spectacles mais ne voit aucune justification à ce que la région apporte son concours financier à des exploitants privés". Elle pourrait tirer profit de la déclaration de Mme Jouanno, qui va laisser
    perplexes les habitants du Marais et de Paris, car elle revient à créer
    un parc d'attractions, un Disneyland, un ghetto festif, incompatible
    avec la présence d'habitants.

    Corine Faugeron, élue à la mairie du IVe, au nom des "Verts" -Europe Ecologie- plaide contre une densité d'habitants excessive et pour une dilution des lieux générateurs de bruit. L'heure normale de fermeture des bars – 02h00 du matin – lui paraît trop tardive. Elle rêve d'une salle des fêtes dans un lieu prestigieux, gérée et aménagée par la Ville et pourquoi pas l'hôtel de Coulanges, 1bis place des Vosges, occupé actuellement par les squatters de "Jeudi Noir". Elle précise en revanche au sujet des exploitants privés : "on n'est pas là pour servir la soupe aux bars".

    Nous rapportons ce que nous avons lu ou entendu. Nos colonnes sont ouvertes à ceux qui voudraient y apporter des clarifications. A M. Pierre Aidenbaum, par exemple, à qui nous le disions hier et avec qui nous n'avons pas pu discuter sur le fond. L'existence d'un deuxième tour nous laisse le temps pour cela.

    Pour que se rompe l'envoûtement de ceux qui auraient pu succomber aux sirènes.

      

    (Illustration Edmond Dulac, la petite Sirène)

    P.S. # 1 du 12 mars 2010 : Vincent Roger, élu de Paris du IVe, nous adresse une réponse en commentaire. Nous vous invitons à la lire attentivement et le remercions pour les précisions et clarifications qu'elle comporte.

    P.S. # 2 du 12 mars 2010 : Thiéry Coudert, vice-président du groupe UMP à la Mairie de Paris nous informe d'un voeu présenté en conseil de Paris en décembre pour la création aux Batignoles d'un espace culturel et festif, Voeu thiéry coudert, voeu qui a été rejeté par la majorité. Nous sommes heureux qu'il y ait eu des velléités de protéger les riverains, mais nous aurions préféré que les attendus ne reprennent pas un argumentaire des industriels de la nuit (Paris se meurt, etc …) qui ne reflète pas la réalité. Nous remercions Thiérry Coudert pour son intervention.

    P.S. # 3 du 18 mars : Dominique Bertinotti, Maire du IVe, nous demande de préciser que les propos que nous lui prêtons n'engagent que nous.

     

       

       

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    On s'est réjoui trop vite. AVANT, maintenant, c'est la photo de gauche. APRES c'est celle de droite. La bâche est revenue envahir le trottoir. Le rideau de douche en plastique s'est refermé sur le ventre rebondi de l'habitacle. On gagne 50 centimètres de trottoir qui valent leur pesant d'or. On fume en toute illégalité, on appauvrit le paysage urbain. Qu'importe. La police va intervenir ? S'il le faut, on paiera l'amende. Et puis, on verra ….

    Aimer le Marais, c'est le respecter. On peut l'exploiter, oui, mais avec modération. Sinon, on tue la poule aux oeufs d'or.