Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2011

  • La perle charlot chimères 28 11 11
    Angle La Perle-Charlot. Les chimères du IIIe

                                                                         

    Une fois n'est pas coutume, des "artistes" de la rue trouvent grâce à nos yeux. Nous n'irons pas jusqu'à célébrer une oeuvre originale car, sans avoir analysé de près la chose, il nous semble qu'il s'agit de photos et de collages, mais pour dire simplement que là où elles sont, elles mettent une touche d'humour et de bon goût qui nous fait souhaiter qu'elles restent longtemps et que les passants en profitent.

     

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  • Gaïté lyrique 22 11 11
    La "Gaîté Lyrique" vue depuis le parc, rues Papin et Salomon de Caus, dans le IIIe

                  

    Nous sommes ici dans une partie du IIIe dont on parle peu mais qui est probablement l'une des plus fascinantes du Haut-Marais (*), celle en tout cas qui porte la marque la plus forte du passé et de notre Histoire. Elle s'étend du Prieuré Saint Martin des Champs, jusqu'à l'Enclos du Temple, qui était tout proche.

    En partant du Square du Temple, où s'élevait le palais du Grand Prieur de l'ordre des Templiers, on se rappelle que c'est Napoléon III qui le fit démolir, parachevant ainsi l'action préventive de son oncle Napoléon Ier qui avait décrété l'éradication des vestiges de la tour du Temple, prison de la famille de Louis XVI, devenus lieu de pélerinage pour les royalistes.

    On atteint rapidement l'église du prieuré de Saint Martin des Champs, qui héberge aujourd'hui une partie du musée des Arts & Métiers. Le trajet n'est que de 200 mètres environ le long de la rue Réaumur. Une promenade assez plaisante, d'ailleurs, car elle permet de voir, dans un alignement d'immeubles post haussmanniens, côté impair, quelques bâtiments dans le style "Art Nouveau" (du n° 35 au n° 41), caractéristique des constructions parisiennes du début du XXème siècle.

    Ce prieuré, dont les origines remontent au XIème siècle, est doté d'une enceinte du XIIIème siècle dont il nous reste aujourd'hui des murs et une tour à l'angle de la rue du Vertbois (IIIe). Une deuxième tour se cache non loin de là à l'intérieur d'un immeuble privé situé 7 rue Bailly (IIIe). Elle abrite un escalier hélicoïdal qui a réussi à se lover dans son diamètre.

    Vertbois tour prieuré st martin 24 11 11 Bailly escalier tour prieuré st martin

    Tour d'enceinte rue du Vertbois                      Intérieur de la tour rue Bailly – photo JPD

     

    Dans cet ensemble de bâtiments prestigieux, qui abritent actuellement le CNAM (conservatoire national des arts & métiers), tour d'enceinte, église, cloitre, réfectoire, qui virent se succéder pas moins de 65 prieurs dont quelques cardinaux, les époques se superposent et les styles se mélangent. On trouve du roman, du gothique, des signes de la renaissance sur les ouvertures de l'église et pour finir des bâtiments de la fin du XIXème siècle.

    St martin prieuré réfectoire et entrée monumentale musée 26 11 11 St martin prieuré cloitre 26 11 11

    A gauche, réfectoire du XIIIème siècle d'un gothique épuré (qui devient bibliothèque du CNAM en 1845) et entrée monumentale du musée. A droite, le cloitre (encombré de nombreuses constructions parasites)

     

    Plus au sud, mais toute proche dans la rue Saint Martin, se dresse l'église dans le style gothique flamboyant de Saint Nicolas des Champs. Louis Braille, l'inventeur de l'écriture tactile pour aveugles et mal-voyants, y a tenu l'orgue autour de 1850.

    On voit que le secteur est riche en monuments, riche par son histoire. Le musée des Arts & Métiers à lui seul, qui constitue un pôle d'attraction, ravira ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la science et à l'industrie. Une curiosité y est présentée plusieurs fois par jour, dans l'abside de la chapelle, l'expérience du fameux "pendule de Foucault", qui met en évidence la rotation de la terre sur son axe.

      Réaumur prieuré st martin chevet chapelle 24 11 11 St martin église prieuré st martin façade
      Église(chapelle) du prieuré de St Martin des Champs. A gauche le chevet roman (rue Réaumur) et à droite la façade gothique (rue St Martin)

     

    C'est dans ce cadre d'une grande richesse intellectuelle, architecturale et historique, à hauteur du CNAM rue St Martin, mais de l'autre côté de la rue, que s'élève le théâtre de la Gaîté Lyrique.

    Il borde le square qui s'étale entre les rues Denis Papin et Salomon de Caus (IIIe). L'édifice, dans sa version actuelle date de 1861. Il devient en 1873 le "temple de l'opérette" sous la direction de Jacques Offenbach. Les œuvres d'Offenbach sont légères, bouffes même, mais sa musique et les livrets qui l'accompagnent en font l'émule de Rossini et même de Mozart. La Gaîté Lyrique garde aujourd'hui la mémoire de son génie. Serge Diaghilev et ses "ballets russes" prirent la suite à la fin de la guerre de 14-18 en imprimant eux aussi au monument la marque de leur prestige.

    Le théâtre connut ensuite une série de déboires et de faillites. Il végète jusqu'en 2001, date à laquelle le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum et Bertrand Delanoë, devenu Maire de Paris réfléchissent à sa reconversion et décident d'en faire un centre culturel dédié aux arts numériques et aux musiques actuelles.

    Dans cet esprit, les organisateurs des "états généraux de la nuit" qui se sont tenus en 2010, proposent que le square et son jardin soient ouverts toute la nuit pour accueillir des festivités musicales.

    On imagine aisément les dégâts, le bruit et la difficulté d'en assurer la sécurité.

    Gaïté lyrique jardin hôtel golden tulip
    Les abords du square : dans cet alignement d'immeubles haussmanniens, l'hôtel trois étoiles "Golden Tulip", qui se sent responsable de la tranquillité de ses clients, et un centre de détention de la préfecture de police destiné aux jeunes délinquants, dont la gestion est particulièrement difficile.

     

    Face à cette perspective, une association de défense des riverains de la Gaîté Lyrique s'est constituée et s'oppose au projet d'ouverture du parc la nuit. A l'Hôtel de Ville, Mao Péninou, Maire-Adjoint chargé du suivi des "états généraux" et instigateur de cette initiative, que nous avons rencontré le 22 novembre, reconnait qu'elle pose de sérieux problèmes pratiques et qu'elle pourrait bien ne jamais voir le jour (ni la nuit !). Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, donne l'impression de se hâter lentement vers cette nouvelle exubérance de la Mairie de Paris. On dit même qu'il serait carrément contre et qu'il l'aurait fait savoir.

    Inutile de dire que nous le soutenons dans cette attitude.

    Gérard Simonet

     

    (*) On n'est pas ici strictement dans les limites administratives du Marais, telles que les fixe le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais mais on en est proche et par leur caractère d'anciennes villes fortifiées dans la ville, les deux communautés du prieuré St Martin et de l'enclos du Temple font partie intégrante de l'histoire du Marais.

     

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  • St paul espace arbres coupés
    Espace Saint-Paul (IVe)          

                                                                                                             

    Les usagers de cet espace, connu aussi sous le nom de "Pointe Rivoli", que la Maire du IVe a requalifié en zone où véhicules publics et piétons s'efforcent de cohabiter, ont remarqué ces derniers temps qu'une douzaine d'arbres ont été coupés.

    Il reste les souches, qui servent de siège bucolique à ceux qui fuient la promiscuité d'un banc public partagé pour savourer leur sandwich.

    La disparition de ces arbres en a ému plus d'un. Qu'ils se rassurent : ils n'ont pas été rasés par plaisir sadique mais hélas pour mettre fin à des jours que la maladie menaçait. Ce sont des ormes. A Paris, comme disait La Fontaine, "tous n'en sont pas morts mais tous en sont atteints". Ceux qui ont été épargnés, on peut le constater, ne sont pas très vaillants. Espérons qu'ils s'en remettront.

    Quant à ces moignons, qui donnent un air triste au paysage, ils vont disparaitre pour laisser la place, à la bonne saison (printemps ?), à de nouvelles essences plus résistantes.

     

    Post-scriptum du 8 décembre 2011

    Oui, "ceux qui ont été épargnés ne sont pas vaillants"…. On apprend, hélas, que 5 nouveaux arbres vont être abattus sur le terre-plein St Paul. Pour rester dans ces mauvaises nouvelles : à l'angle Verrerie-Temple, à hauteur du 44 rue de la Verrerie et du 10-12 rue du Temple, l'arbre sur voie publique va lui aussi être coupé.

     

  • Archives 15 incendie 22 11 11

    Véhicule de pompiers et grande échelle à hauteur du 15 rue des Archives (IVe) le 12 novembre 2011. On distingue, en partant de la gauche, le COX-Bar, le chocolatier "Les Paris Gourmands", puis le petit restaurant japonais AKATSUKI

     

    L'incendie s'est déclaré mardi 12 novembre vers 14h00 dans la cuisine du restaurant japonais AKATSUKI. Le restaurant se trouve au fond d'une cour à laquelle on accède par le porche de l'immeuble. La cuisine est dans cette cour, sous une verrière. "C'est le quatrième incendie que ce restaurant provoque en trois ans", nous dit un habitant de l'immeuble. Il exprime des doutes sur la compatibilité de cet établissement et de son activité avec les structures de l'édifice.

    Fait aggravant, le "18" ne répondait pas. Les témoins ont dû appeler le BHV dont le service incendie, grâce à sa ligne directe, a obtenu l'intervention des pompiers de Paris. L'incendie a été rapidement maitrisé par un arrosage copieux de la verrière. La police a bouclé le quartier. Les résidents, quant à eux, ont pu rejoindre leur domicile vers 15h30.

     

  • Guimard bouche métro châtelet (2)
    Métro "Châtelet", place Ste Opportune (Ier), l'une des 66 entrées de métro dont on doit la décoration à Hector Guimard

                        

    Hector Guimard, architecte français né en 1867, mort en 1942 à New-York, est représentatif d'un style architectural connu sous le nom d'Art Nouveau. Après la fin de la IIIe République, sur laquelle régna à Paris – et en province – la figure imposante du Baron Haussmann et le style qu'il imposa tant pour les immeubles que pour les voies et perspectives, il semble prendre le contre-pied de la rigueur ambiante, par l'exubérance du décor, la présence de rythmes, de couleurs et d'ornements.

    Il n'est pas seul dans son genre. Victor Horta en Belgique et Antoni Gaudi le catalan appartiennent à la même école, que Violet le Duc influença par son enseignement.

    Pour lui rendre hommage, nous sommes partis de l'entrée du métro "Châtelet", place Ste Opportune (Ier). Elle date de 1901. Avec celle de la station "Abbesses", c'est l'une des plus belles qu'il ait réalisées. Tout est de lui y compris les inscriptions dont il dessina lui-même la typographie.

    En remontant la rue de Rivoli, jusqu'à la rue St Antoine, face à l'espace St Paul, on s'engage dans la rue Pavée. On trouve là au n° 10 un ouvrage très caractéristique de son art : la synagogue construite en 1913 pour une union de communautés israélites ashkénazes, représentative des juifs qui ont immigré massivement d'Europe de l'Est au début du XXème siècle.

    Pavée 10 synagogue hector guimard (2)

    La synagogue du 10 rue Pavée (IVe)

    L'originalité est dans les lignes verticales, fenêtres étroites et pilastres élancés, qui métaphoriquement élèvent l'âme vers le ciel et font oublier que l'ouvrage disposa, pour son érection, d'une emprise au sol étriquée. On observe sous la marquise, que l'architecte cède à son goût de la décoration : au-dessus de l'étoile de David (qui serait un rajout à la rénovation de l'édifice après la guerre), on devine une série de végétaux sculptés. Le matériau est constitué de pierres creuses sur béton armé. Une audace technologique pour l'époque.

    Il n'y a pas profusion d'ouvrages d'Hector Guimard. Aussi, notre flânerie va faire un crochet par le coeur de son oeuvre à Paris. Il suffit pour cela de prendre le bus 72 et de descendre à la Maison de la Radio. Le saint du saint de Guimard est là, à deux pas, 14-17-18 rue Jean de la Fontaine et 8-10-12 rue Agar, dans le XVIe. C'est au 14 qu'on peut admirer le Castel Béranger, sa porte étonnante qui est en soi une composition ornementale et les "hippocampes", fantaisie de l'architecte, piqués ça et là sur les façades.

    Guimard façade 17 rue la fontaine Guimard portail fer forgé castel béranger 14 la fontaine
    Façade 10 rue Agar, à gauche et porte d'entrée du "Castel Béranger"

     

    Avec le temps, Guimard évolua vers plus de sobriété. On le retrouve dans le Marais avec un immeuble dont il signe l'architecture au 10 rue de Bretagne (IIIe).Les lignes verticales sont privilégiées, le haut de l'immeuble est traité avec imagination.

    Bretagne 10 immeuble h guimard 1919

    On est en 1919, à l'aube du virage vers l'art déco dont on rencontre quelques exemples dans les artères à la périphérie du Marais, tels le 10 rue du Renard, qui a servi de siège au syndicat de l'épicerie.

    Renard 12 art nouveau Renard 10 art déco

    La rue du Renard (IVe) avec deux immeubles côte à côte au 10 et au 12, illustre le contraste entre "art nouveau" à droite et "art déco" (période 1920 à 1940) à gauche.

     

    Nous vivons dans le Marais au sein d'un univers des XVIIème et XVIIIème siècles où on dénombre quelques touches allogènes : un peu de médiéval avec l'hôtel de Sens, l'immeuble du 3 rue Volta (IIIe) et celui de Nicolas Flamel, 51 rue de Montmorency (IIIe), un peu de renaissance, avec la maison de la famille Jacques Coeur, 40 rue des Archives (IVe), et ses fenêtres à meneaux simples et croisés (si, si … allez vérifier sur place !), puis de l'art nouveau et de l'art déco et enfin du contemporain dont on ne peut malheureusement pas se réjouir, avec le gymase Michel le Comte (IIIe), la piscine St Merri et la cité des Arts (IVe) pour ne citer que les plus symptomatiques.

     Dans ce contexte, c'est une joie de posséder un peu de Guimard. A forte dose, il est probable que son style surchargé, déconcertant et hallucinogène créerait une forme de rejet. Avec deux ouvrages seulement dans le Marais, nous sommes loin de là.

     

    N. B. En cliquant jusqu'à deux fois dans les images, on obtient des photos de très grande résolution en plein écran.

     

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  • Orage mairie iv (2)
    Nuit sur fond d'orage dans le Marais. Photo A.U. droits réservés

                                                                                                                                  
    Préparez vous cette année encore à subir cette initiative, dérivée des "états généraux de la nuit" qui se sont tenus l'an dernier à l'Hôtel de Ville.

    Le message des organisateurs aux parisiens était clair : si vous voulez dormir la nuit, entre le 14 et le 20 novembre, partez de Paris. Les réactions indignées de "Vivre Paris !" les ont conduits, à 9h52 le 12 novembre, à retirer cette déclaration. Les commentaires de "Vivre Paris !" n'ont cependant pas été publiés ce qui a fait dire à nos amis que la Mairie de Paris ajoutait la censure à l'outrance. On note toutefois qu'à 12h09, ces commentaires apparaissaient enfin !

     On peut voir cette annonce sur le site de la mairie de Paris, rubrique "BLOGS", article "POUSSE LE SON" (sic). La phrase retirée était : "c’est du 14 au 20 novembre alors si vous avez envie de passer des nuits calmes mieux vaut poser tout de suite votre semaine de vacances au fin fond de votre campagne préférée."

    Bien que la phrase en question ait opportunément disparu, l'entourage du Maire de Paris n'a pas hésité pas à évoquer des déplacements de population. Bigre ! Dans quel système de pensée vivons-nous à Paris ?

    Merci quand même au directeur de la publication du site d'avoir retiré ces propos méprisants qui sonnaient très mal aux oreilles des parisiens.

    Au même moment, on nous annonce la création d'une "Association de Médiation pour un Usage Optimal de la Nuit (AMUON)" avec comme objet – pas très clair – de  "permettre l'ouverture d'un dialogue à travers une médiation innovante, mieux adaptée aux aléas de nuits capitales pas comme les autres".  

    On observe que ses dirigeants sont tous des professionnels du spectacle et de la nuit.

     Pour faire bref, on crée le bazar et simultanément un organisme pour atténuer les effets du bazar. On peut être sûr dans ces conditions d'avoir le bazar ; il y a fort à craindre qu'il s'avère ensuite impossible de gérer la relation avec les riverains. Et on trouve naturellement, dans les sources de financement de cette association, une fois de plus et malgré la crise, des subventions d'origine publique, notamment de la commune, c'est-à-dire nos impôts.

    Voilà à quoi certains adjoints de Bertrand Delanoë consacrent leur temps : tout faire pour développer la fête la nuit à Paris, en ne se préoccupant de la qualité de vie des parisiens que pour leur dire : "dégagez".

    En cette période où la situation de notre pays est grave, on est rassuré de constater qu'il y a au sommet de la capitale, des gens qui se préoccupent de questions sérieuses. Il est clair qu'en proposant à notre jeunesse des nuits endiablées arrosées d'alcool, ils éliminent leurs angoisses et les préparent efficacement à un avenir meilleur.

     

    Post-scriptum # 1 du 16 novembre 2011

    Nos craintes étaient fondées. Une subvention de 50.000 € a bien été attribuée à l'association "Nuit Vive" qui organise les "Nuits Capitales". Voir Délibération Conseil de Paris

    Il est intéressant, du reste, à la lumière de ce qui se passe aujourd'hui, de relire les débats de juin 2010 autour de la conclusion d'une convention avec l'association "Nuit Vive" car ils rendent bien compte de la dérive festive impulsée par le Maire de Paris en 2010 et en désigne les acteurs : MM. Ian Brossat, président du groupe communiste et élu du XVIIIème arrt, Mao Péninou, élu du XIXème, Maire-Adjoint chargé du "Bureau des Temps", Christophe Girard, Maire-Adjoint à la Culture, élu du IVe, Jean-Bernard Bros, maire-Adjoint chargé du Tourisme, élu du XIIIème.

    Parmi ces promoteurs de l'agitation nocturne et du bruit qui l'accompagne, Yves Pozzo di Borgo, élu "Nouveau Centre" du VIIe, a fait figure de moine convers en surprenant son auditoire par son revirement. Il est vrai que depuis le plaidoyer de sa collègue de la mairie du VIIe Martine Namy-Caulier, élue UMP, en décembre 2009 pour "plus de tolérance quant à la verbalisation excessive des étalages et terrasses" (voeu déposé puis retiré en catastrophe !), on ne sait plus bien à Paris qui se sent responsable de défendre la qualité de vie et la santé des parisiens.

                                                                                                     

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  • Bretagne autolib dégats 06 11 11Rue de Bretagne (IIIe) à hauteur du Franprix

                                                  

    Autolib joue de malchance dans le IIIe. Alors que la station nouvellement créée attend ses voitures,  ses bornes de commande toujours enveloppées dans leur emballage de protection, la porte d'accès en verre a été brisée.

    L'évènement s'est produit vendredi 4 novembre au soir. Un témoin a vu un homme entrer et ressortir en claquant violemment la porte …. qui n'a pas résisté et s'est retrouvée en mille et un morceaux.

    A la question : l'acte était-il volontaire ? notre témoin ne veut pas être formel mais il trouve que le geste a été brutal, assez pour susciter des doutes. L'individu était-il alcoolisé pour ne pas maitriser à ce point sa force ou a-t-il agi pour exprimer sa haine ou sa désapprobation ? Si la police veut s'en donner la peine, c'est une question à laquelle elle devrait pouvoir répondre.

    Il reste que l'installation, au vu de cet incident, peut paraitre fragile. Nous nous sommes déjà exprimés à propos d'Autolib, nous prenons rendez-vous pour un examen des résultats de l'expérience dans quelques mois.

     

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  • Pas de la mule 2 façade
    Immeuble du 2 rue du Pas de la Mule (IIIe). Beau portail avec voute en "anse de panier".

     

    On sait peu de choses sur la rue du Pas de la Mule. Simplement que son percement date de 1603 et qu'elle permet de rejoindre la place des Vosges au boulevard Beaumarchais en traversant la rue des Tournelles. Les nos pairs sont dans le IIIe, les nos impairs dans le IVe. On note qu'elle gravit une pente au-delà de cette rue pour atteindre le talus sur lequel reposent les immeubles du boulevard. On suppose qu'elle doit son nom à un dispositif dit "pas de mule" qui permettait de monter plus facilement cette rue à cheval.

    Une chronique nous apprend que dès 1560, "le premier président du parlement de Paris, Gilles Lemaistre, passait par là monté sur une mule, suivi de sa femme dans une charrette et de sa servante sur une ânesse, allant le soir voir pendre les gens qu'il avait jugés le matin". Voilà qui est parfaitement sinistre et quelque peu misogyne.

    Entrons par ce portail. On découvre une cour entourée de bâtiments XVIIIème siècle, que le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais considère intéressants donc "à conserver et à mettre en valeur".

    Pas de la mule 2 cour intérieure

    L'édicule qu'on entrevoit sur la gauche n'a pas lui cette chance. Il est en "tâche jaune" donc "à démolir". Comme la tendance observée dans l'élaboration de la nouvelle version du PSMV est carrément en faveur de la conservation de l'existant, et que de surcroît ce bâtiment est fort utile car il abrite le gardien des immeubles, il a toutes les chances de survivre.

    Approchons nous du portail du fond en notant le caractère féerique et exhubérant du cadre, que la photo rend bien.

    Pas de la mule 2 portail cour intérieure
    On s'attend tout naturellement à trouver dans ce décor de marquise, niche, arcades et menuiseries, derrière le portail, un escalier superbe. On n'est nullement déçu.

    Pas de la mule 2 escalier
    Ce bel escalier du XVIIIème siècle avec sa rampe en fer forgé est menacé toutefois de laisser sa place à un ascenseur. C'est apparemment le voeu des propriétaires. Parions qu'il s'agit plus vraisemblablement des occupants des étages supérieurs (3ème, 4ème ?).

    La Commission du Vieux Paris en a été saisie par la Mairie de Paris. Dans sa séance plénière du 15 septembre 2011, elle a émis un avis défavorable à ce projet. Le Maire de Paris n'est pas tenu de l'écouter mais nous nous permettons de dire, en cette circonstance, qu'il serait mal avisé de ne pas le faire. Le PSMV a la particularité de protéger notre patrimoine collectif, qu'il s'agisse des constructions ou des intérieurs. Les propriétaires n'ont pas sur cet ouvrage droit de vie ou de mort. C'est ainsi que la loi est faite dans les secteurs sauvegardés comme le Marais.

    Un détail pratique nous échappe pour le moment : l'Architecte des Bâtiments de France doit se prononcer. Sa décision est sans appel : pas de visa conforme, pas de permis. Son service a-t-il déjà statué et de quelle manière ? Que les limiers de l'association aillent bd Morland consulter le dossier. Nous serons ravis de publier leurs conclusions. Il serait assez attristant, en tout cas, d'apprendre que le visa a été accordé et que le salut de l'escalier menacé ne tient plus qu'au fil d'une Parque dont le nom est "Commission du Vieux Paris".

     

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  • Chef d'oeuvre saline arc et senansChef-d'oeuvre de charpente pour la saline d'Arc et Senans

     

    Prochaine visite guidée

    Le jeudi 24 novembre 2011

    Rendez-vous à 14h15

    44, rue François Miron (métro Hôtel de Ville ou Saint Paul) (IVe)


    La longue histoire de l'excellence des Compagnons

    du Devoir et du Tour de France


    En partenariat avec « Paris Historique », nous vous donnons rendez-vous à la Maison d'Ourscamp où vous pourrez visiter le remarquable cellier du XIIIème siècle puis nous irons, avec notre guide, Gilbert Martin, dans la Maison des Compagnons du Devoir, toute proche, bien à l'abri en ces temps de frimas, où nous pourrons admirer quelques uns de leurs magnifiques chefs-d'oeuvre.

    Lors d'une conférence, vous saurez tout sur les Compagnons issus des bâtisseurs de Cathédrales et qui, depuis le XIIème/XIVème siècle forment les plus remarquables artisans. Issu du Moyen-Age, le Compagnonnage se rattache aux plus anciennes croyances de l'humanité. La source légendaire des Compagnons reste la construction du Temple de Salomon. Cette chevalerie du travail est animée par un esprit de communauté confraternelle où tous les hommes comme tous les métiers ne sont pas admis.

    Le Tour de France est la pierre angulaire du Compagnonnage avec son symbolisme et son rituel qui font toujours partie du vécu des Compagnons encore aujourd'hui malgré un assouplissement et une évolution dus à la vie moderne. Après la conférence, vous pourrez poser toutes les questions qui vous tiennent à co eur : les métiers des Compagnons, les liens éventuels avec la Franc-Maçonnerie… Des siècles d'Histoire passée et à venir vous attendent donc pour cette visite.

    Le nombre de places étant limité, merci de vous inscrire au plus vite auprès de Marie-Françoise Masféty-Klein par mail mfmk@free.fr ou par tél. au 01 42 72 61 41. Nous  vous rappelons la participation aux frais de 10 euros par personne.

                                                                                                 


  • Berlin porte brandebourg
    Berlin, la porte de Brandebourg

     

    L'an dernier à cette époque, le Maire de Paris, sous la pression insistante des professionnels de la nuit qui brandissaient une pétition sur le thème de "Paris, ses nuits meurent en silence...", confiait à son Adjoint Mao Péninou le soin de les revitaliser à travers des "états généraux de la nuit" qui se sont tenus, on s'en souvient, les 12 et 13 novembre 2010.

    "Les nuits meurent …", c'est le contraire de ce que nous observons sur le terrain. On n'a jamais vu autant de monde le soir et la nuit à Paris – Paris n'est-elle pas la ville la plus recherchée au monde avec quelque 35 millions de visiteurs par an ?  Ceux dont l'intérêt est de vendre des boissons alcooliques et des appareils de sonorisation en veulent encore plus. Ils ont donné Berlin et Barcelone en modèle et demandé une aide à la Ville et à la Région (c'est-à-dire à nous-mêmes) pour qu'enfin nos nuits puissent concurrencer les leurs.

    Il se trouve qu'on constate actuellement une forte réaction de rejet dans ces villes à l'égard de la fête et des beuveries qui l'accompagnent. Voici ce qu'en dit le très sérieux magazine allemand " der Spiegel" dans son édition du 12 septembre 2011.

     

    Berlin : une ville à bout de nerfs

     

    Des loyers élevés, du tourisme bon marché – les Berlinois vivent dans une métropole mais ils aimeraient avoir « une ville à eux ».

    Histoire d’une ville qui se demande à qui elle appartient : à ses habitants ou bien au monde entier ?

    (D'après Wiebke Hollersen et Dirk Kurbjuweit : Berlin, die überreizte Stadt, der Spiegel : 12/09/11)

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    Les Berlinois doivent faire face à un nouveau défi : Berlin, à la fois capitale du monde et ville à vivre. L’économie de la ville reposant pour une très grande part sur le tourisme, les arguments des gens de l’hôtellerie, de la restauration et de l’immobilier semblent imparables.

    Cependant, on assiste à un mouvement de protestation jusque-là jamais vu de la part des résidents berlinois.

    On compte actuellement plus de 20 millions de nuitées par an à Berlin, et on en attend 30 millions cette année. L’année dernière, ce même nombre a augmenté de 10,2%, pour la première moitié de 2011, on enregistre une augmentation de 6,5 %.

    Berlin attire comme un aimant, on aime Berlin malgré sa laideur. Berlin n’attire pas par ses vieilles pierres, mais par son atmosphère.

    Par ailleurs, un des thèmes des dernières élections municipales était l’augmentation des loyers, qui semble aller de pair avec l’augmentation des touristes. Les loyers du centre ville ont augmenté de 14% en deux ans. 20 % de la population qui vivait à Prenzlauerberg a dû émigrer à la périphérie de la ville ne pouvant plus payer les loyers. C’est un des effets de la « boboisation » de ces quartiers que certains déplorent et dont d’autres se satisfont. C’est une conséquence aussi de la rénovation de ces quartiers.

    Depuis quelques années, on assiste à la naissance sauvage d’un nouveau Berlin de touristes et de nouveaux arrivants. On entend de plus en plus parler de Berlin comme d’un gigantesque Disneyland.

    Les protestations des riverains se multiplient : contre le bruit, contre la hausse des loyers, contre le nouvel aéroport.

    D. Dagan a vu se transformer son immeuble en hôtel sans la moindre intervention des services publics. 10 appartements sur 21 sont loués à des touristes qui font la fête tous les soirs, qui jettent leurs ordures dans le hall d’entrée. Rien que dans la rue Wilhelmstraße (Mitte), on compte 257 appartements de vacances illégaux. D. Dagan a créé une association de riverains qui lutte pour un Berlin aux Berlinois.

    Marion Mayr et Karsten Mierke luttent eux contre O. Winter, propriétaire de la chaîne d’hôtels « A&O », entre autres, et qui a très vite compris quel attrait représentait Berlin, d’abord pour les groupes scolaires, ensuite pour les touristes "easyjet". Marion et Karsten, Berlinois ordinaires qui vont au travail le matin et souhaiteraient dormir le soir, appellent la police toutes les nuits, ou rédigent des rapports sur le bruit : les bus s’entassent devant leur maison, les filles s’interpellent par les fenêtres de l’hôtel, les garçons grimpent sur les gouttières, les touristes titubent dans les rues et urinent dans les buissons, jettent et cassent les bouteilles de bières par terre.

    A Kreuzberg, les écologistes ont appelé les riverains à une réunion avec le mot d’ordre : « au secours, les touristes arrivent ! »

    Ce qui était autrefois le Berlin mythique et d’avant-garde est devenu la « partytown », constituée de restaurants, bars et bars à cocktails, qui étendent leur « happy-hour » jusqu’au matin, d’épiceries ouvertes toute la nuit offrant un choix immense de bières et transformant de ce fait les rues en bars géants. La moitié du Wrangelkiez est déjà conquis, de grandes parties du quartier Friedrichshain, la Oranienstraße à Kreuzberg et l’Oranienburgstraße à Mitte. Cette « partytown » commence à s’étendre vers Neukölln, quartier pauvre habité principalement par des immigrés. Là aussi, le combat a commencé.

    Les agents immobiliers suivent les bars à la trace. D’abord ils laissent s’installer les bars et de là naît une « infrastructure subculturelle ». E. Skjerven, agent immobiler norvégien, est entré dans la danse il y a 5 ans. Il a déjà acheté plus de 14.000 appartements sur une zone qui s’étend de Pankow jusqu’à Zehlendorf. Il place l’argent de riches Norvégiens qui espèrent que les loyers vont augmenter, mais l’église norvégienne aussi a investi. Il est aussi question d’un fonds danois qui achète maison sur maison pour ensuite revendre après très forte augmentation les appartements séparément.

    Berlin est devenu pour beaucoup trop cher et trop bruyant.

    La ville a fait savoir il y a peu qu’une quinzaine de clubs étaient menacés de fermeture, suite à des plaintes du voisinage.

    Pour reprendre une célèbre phrase d’Hans Magnus Enzensberger : « Le touriste détruit ce qu’il cherche, au moment où il le trouve. »

    Synthèse et traduction : SD