Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2012

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    Orgues de Saint Denys du Saint Sacrement (Daublaire-Collinet) 1839 – 38 jeux

                 

    Paris est sans doute la seule ville au monde à disposer d’un patrimoine organistique aussi riche. Souvent anciens, construits par des facteurs renommés, la plupart des instruments sont rares, imposants et présentent des particularités qui expliquent leur intérêt. Généralement considérées à tort comme des biens cultuels plutôt que culturels, exception faite des instruments les plus prestigieux, les orgues n’ont pas toujours l’estime qu’elles méritent. Et pourtant leur entretien nécessite des financements qui vont bien au-delà du budget annuel de 200 000 € que consacre la Ville à leur entretien, leur restauration ou leur remplacement! Certes des événements particuliers comme les 850 ans de Notre Dame (cf notre article du 21 novembre 2012), l’appel à la générosité de certains passionnés qui prennent ces questions en main en créant une association ou bien la notoriété du titulaire de l’instrument sont de nature à faciliter l’obtention de financement. 26 orgues sont répertoriés dans les 3e et 4e arrondissements. En ce qui concerne le Marais (environ 15 instruments), tous les édifices religieux possèdent un orgue parfois deux, du fait de l’existence d’un orgue de chœur.

    Sgervaisp6 Eglise Saint Gervais-Saint Protais Orgues (41 jeux) datant du XVIIe

              

    La plupart sont du XIXe siècle. Le plus ancien est celui de l’église Saint Gervais-Saint Protais dont l’orgue d’origine sur lequel ont joué les Couperin a été remplacé par Clicquot puis restauré à plusieurs reprises, la dernière intervention datant de 2003. Signalons que l’église des Billettes a eu le privilège en 1983 de recevoir un orgue neuf, le premier financé par la Ville au cours du XXe siècle… Mais des orgues classées comme celles de Saint Denys du Saint Sacrement qui datent du début du XIXe qui ont connu plusieurs restaurations dont celle de la célèbre maison Cavaillé-Coll n’en ont plus bénéficié depuis 1970! L’orgue lui aussi Cavaillé-Coll et classé de la cathédrale Sainte Croix-Saint Jean de la rue du Perche n’a pas été remis en état depuis 1954! L’orgue Kerne classé de l’église des Blancs Manteaux  (cf notre article du 1er septembre 2012) a été refait en 1964 ! Près de 35 ans se sont écoulés depuis le relevage de l’orgue de l’Eglise Réformée de la rue Saint Antoine!

    OrguesdelgliseLesBillettes2
    Orgues de l'église des Billettes (Mulheisen) 1983 – 29 jeux 

     

    En ces temps de disette budgétaire, compte tenu des différentes priorités souhaitées par la municipalité qui, rappelons-le, est propriétaire de la quasi-totalité des instruments antérieurs à 1905, l’avenir est plutôt sombre pour ce riche patrimoine « musical ». Nous pouvons juste espérer que dans les cas extrêmes et pour éviter un relevage trop coûteux ou une perte irrémédiable, les financements seront tout de même trouvés. En revanche, pour toutes les orgues qui ont besoin d’un entretien régulier, de réfections partielles, il faudra sans doute attendre de longues années sauf à imaginer de rencontrer des mécènes qui prendront le relai…ou de créer une association comme l'ont fait des personnes enthousiastes de l'instrument, aujourd'hui en cours de restauration, de l'église Saint Merri.

    Un orgue pourtant présente des avantages incomparables. Il est à la fois le témoin du passé et d’un savoir-faire toujours actuel qui se perpétue depuis des siècles et que nous devons défendre. Mais un orgue est avant tout un instrument de musique impressionnant. Son rayonnement est porteur de notoriété. Au-delà du simple rôle d’accompagnement des offices, les concerts qui sont organisés, les enregistrements qui ont lieu, les cours qu’ils permettent de dispenser attirent tous les publics et accroissent davantage leur attrait. Paris, dont le montant des fonds alloués à la restauration et l’entretien de ses orgues (près de 200 instruments concernés) a baissé de 50% en 15 ans, pourrait remettre à l'honneur, à l'instar de celui de Chartres ou de Monaco, un grand festival international d’orgue. Ce serait pour les interprètes confirmés et amateurs, pour les jeunes et leurs aînés, mais aussi pour la capitale, une formidable initiative en contrepoint des diverses fêtes nocturnes pour lesquelles des efforts financiers conséquents sont pourtant consentis.

    Dominique Feutry

     

  • Nourrisseur 1 de pigeons 20 09 12Le "nourrisseur" de pigeons de Beaubourg

    Depuis
    longtemps les habitants et les commerçants de Beaubourg s’indignaient de voir
    un homme nourrir les pigeons en insultant copieusement les passants qui
    tentaient de l’en dissuader. En parallèle, d’autres riverains se lassaient de
    voir le même homme parquer à l’année dans la rue des Blancs-Manteaux sa
    Mercédes-ventouse, immatriculée en Italie et transformée en décharge ambulante.

    Conscient
    des enjeux de santé publique liés à cette situation, le nouveau Maire de IVème
    arrdt, Christophe Girard, décida avec bon sens de chercher des solutions
    pour mettre fin à cette situation peu glorieuse.  Las ! En réponse à ses très louables
    efforts pour améliorer la propreté (désastreuse) du quartier, le Maire  reçut des plaintes virulentes de la part
    d’habitants du quartier se disant attachés à leur vieil excentrique nourrisseur
    de pigeons. Cette histoire nous fut contée par l’intéressé, le Maire, pas le
    vieil excentrique, lors de la dernière séance du Conseil de Quartier St-Merri
    qui l’assura cependant de son soutien plein et entier.

    Cette
    histoire doit nous interpeller sur notre capacité à vivre en respectant notre
    environnement et en s’appliquant un minimum de règles afin que notre ville ne
    ressemble pas à un bidonville. Je ne débattrai pas sur la toxicité des pigeons
    (les déjections de pigeons peuvent être dangereuses pour les nouveaux-nés, les  personnes âgées ou immuno-déficientes) ni sur
    leur surpopulation à Paris et les dégâts que cela entraine, ce n’est pas le
    sujet.

    Par contre, comment une poignée d’individus
    peuvent-ils s’acheter à moindre prix un semblant de bonne conscience en sachant
    pertinemment qu’ils dégradent le cadre de vie de plusieurs centaines de
    personnes et qu’ils fragilisent la santé des plus faibles ? C’est le même
    schéma quand des bien-pensants défendent les roms en imaginant prendre une
    posture citoyenne et généreuse alors qu’ils ne sont que les complices zélés des
    caïds qui exploitent enfants, femmes et vieillards qui eux-même écument nos trottoirs
    et nos métros. Comment le confort moderne associé à une mauvaise conscience
    héritée de l’éducation peuvent-ils altérer à ce point les facultés de jugement
    de ces personnes ?

    Pour revenir
    à nos pigeons, comment peut-on accepter de dégrader un patrimoine architectural
    aussi exceptionnel que celui du du IVème arrdt pour en faire un cloaque et une
    décharge ?  Il y a des manières
    moins stupides d’exercer sa sensiblerie. En cette période hivernale de
    nombreuses organisations recherchent des bénévoles pour servir des repas chauds à des gens qui ont de vrais problèmes et qui, contrairement à ce vieil
    excentrique, ne bénéficient pas d’un logement social. La mairie saura canaliser
    leur bonté débordante en les aiguillant vers les associations ad hoc.

    En
    conclusion, nous apportons tous notre soutien à M. Girard dans cette grotesque
    querelle et nous nous réjouissons d’avoir un Maire d’Arrondissement qui a
    compris que le diable est aussi dans les petits détails qui améliorent ou
    dégradent la vie d’un quartier.

    Yvon Le Gall

  •  9754  

    Affiche du Festival du Marais de 1972


    Des passionnés du Marais ont réussi cette gageure, avec très peu de moyens au départ, de faire sortir de l'oubli et apporter un rayonnement à un quartier dont les nombreux  monuments, pour la plupart  délaissés par les autorités, attestaient de son riche passé.

    Sous l'impulsion de Michel Raude est créé en 1961 "l'Association du Festival du Marais" dans le but de sensibiliser les parisisens sur l'état pitoyable du secteur.

    Le festival fait suite à des petits spectacles qui sont donnés gratuitement dans des hôtels particuliers comme l'Hôtel de Vigny (cf Article de VLM du 14/02/2007) afin d'attirer l'attention sur le Marais. Les encouragements, la volonté d'aller plus loin et différents soutiens conduisent à ambitionner de donner davantage de spectacles pour ouvrir plus de lieux au public. Ce qui nécessite de trouver des comédiens, des musiciens, des bénévoles et des sponsors.

    Le premier festival se déroule les 15 premiers jours de juin 1962 au  cours desquels sont donnés 35 spectacles (théâtre et concerts attirent alors 10 000 spectateurs. Une plaquette est distribuée au public rappelant que le Marais contient des dizaines de demeures et de chefs d'oeuvre d'architecture française mais aussi des pastiches, des ateliers et des endroits déplorables et sales…Pour la saison suivante, compte tenu du succès rencontré, des subventions sont obtenues et des artistes professionnels sont engagés, ce qui permet d'ouvrir d'autres lieux tels que l'Hôtel Sully,  les églises Saint Gervais, Saint Paul-Saint Louis. Des pièces de théâtre modernes, classiques sont donnés par des Centres dramatiques de province. 

    Parallèlement au festival, de nombreux bénévoles organisent des conférences et des visites guidées qui conduisent à créer en 1963 "l'Association de Sauvegarde de la Mise en Valeur du Paris Historique". A cette occasion la Ville de Paris met à la disposition de l'association 2 vieilles demeures, rue François Miron, la Maison d'Ourscamp dont les membres entreprennent bénévolement la restauration et qui deviendra le siège de l'association .

    Images  

    Affiche de 1979


    Des différents festivals qui se sont tenus jusqu'en 1967, retenons  représentations du Ballet de l'Opéra de Paris (Hôtel de Soubise) , les tours de chants de S. Lama, L. Ferré, G. Brassens et Barbara (Hôtel Sully), des concerts de musique composée par Messian, Prokofiev, Tchaïkovsky, Stravinsky ou Honegger…Les nocturnes de gala avec les gardes républicains, des laquais en livrée redonnant à ces endroits, l'instant d'un soir, tout leur lustre d'autrefois, ont laissé des souvenirs impérissables. Le chiffre record de 85 représentations et plus de 100.000 spectateurs est atteint… Ce qui nécessite une sérieuse et lourde organisation au travers d'une structure  comportant outre un conseil d'administration, des comités de programmation et d'organisation.  Car il faut en effet construitre des scènes, des gradins, aménager les loges, installer l'éclairage, le sonorisation, répondre aux questions de sécurité, réaliser et éditer les affiches, les programmes, les plaquettes… 

    Mais 68 a coupé l'élan de ces grands moments du Marais puisque le festival a dû être annulé. Il reprend et se déplace même aux Halles avant la destruction des pavillons Baltard. Les années suivantes d'autres lieux sont ouverts (Hôtel de Beauvais, Carnavalet…),des spectacles de rue se déroulent place du Marché Sainte-Catherine,  un tourmoi du Moyen-Age est organisé place des Vosges, des fêtes de nuit sont montées mais 68 est passé par là… Les finances sont en baisse. les clients sont plus exigeants, ils demandent des nouveautés et dans des lieux à l'abri du mauvais temps. Des extensions du festival sont donc décidées dans des endroits aussi divers que le Centre Pompidou, la Cité des Arts, le Théâtre Essaïon ou le Café de la Gare. Goldoni, Racine, du jazz mais aussi Mozart, Haydn, Strauss, Bruckner sont à l'affiche. Des colloques, des conférences, des expositions sont données. Un hommage est rendu à Victor Hugo en 1985.

    Pa00086308Siège de l'association de Sauvegarde et de Mise en valeur du Paris Historique, 44 rue François Miron (IVe)


    Mais la baisse d'intérêt du public liée à des financements de plus en plus difficiles à assurer donnent un coup d'arrêt au festival en 1987. Il  essaiera de renaître quelques années plus tard avec un équipe nouvelle mais, après 4 ans, force est de se rendre à l'évidence, le festival a définitivement vécu.

    Que retenir de cette riche période pour la Marais ?

    Une notoriété qui a dépassé nos frontières et qui ne se dément pas, la création de l'Association de Sauvegarde et la Mise en Valeur du Paris Historique qui existe toujours et a contribué à sauver et  à restaurer nombre de monuments. Enfin, le plus important, la prise de conscience que le Marais était un ensemble exceptionnel qui devait être préservé et réhabilité. 

    "La passion est un moteur dont personne ne mesure la puissance" a écrit l'écrivain belge Pieter Aspe. Cette citation s'applique tout à fait à tous ceux qui ont permis que le Marais devienne ce qu'il est aujourd'hui. 

     Dominique Feutry

     

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    Réagissant à notre article du 23  novembre signé de Dominique Feutry sur l'avancement des travaux de rénovation et d'extension du musée Picasso, Jean-François Leguil-Bayart, directeur de recherches au CNRS et journaliste chez MEDIAPART, proche du PS, nous livre sa vision très critique d'un projet auquel il reconnait peu de vertus.

                     

    Vieille du temple 86 - 86bis tagsMur côté sud des jardins du musée Picasso et du square Léonor Fini. Défiguré depuis au moins dix ans par des tags, sans que personne n'intervienne


     Halte au grand musée Picasso !     

     

    Sous la direction, très contestée par sa propre équipe administrative, de Anne Baldassari, et avec le soutien du ministère de la Culture, le Musée Picasso s’est lancé dans un ambitieux programme de rénovation et d’agrandissement, dont la Cour des comptes a critiqué le coût et la gestion. Son objectif est clair : doubler sa fréquentation et recevoir de 750 000 à un million de visiteurs par an ! Il correspond à l’idée marchande qu’Anne Baldassari se fait du musée, et qui lui vaut les critiques acerbes de ses collègues : elle a refusé de prêter des œuvres à la grande exposition Picasso du Kunsthaus de Zürich, en 2010, et a récidivé en 2012, lors de l’exposition Degas du Musée d’Orsay, parce qu’elle préfère louer à prix d’or des expositions itinérantes pour financer ses travaux, conformément au « plan d’affaires » (sic) fixé en réunion interministérielle le 4 mai 2011.

    On peut à bon droit s’interroger sur la pertinence de cet investissement de 54 millions d’euros, dont 19 millions de subventions d’investissement du ministère de la Culture, à un moment où les finances publiques sont en crise et où l’Etat n’est plus en mesure d’assurer la sauvegarde des monuments historiques. Tout cela dans un quartier qui regorge déjà de musées et de visiteurs, et qui manque cruellement d’espaces verts. Or, précisément, l’extension du Musée Picasso va amputer l’un de ceux-ci, le square Léonor-Fini, sans que jusqu’ici personne ne s’en émeuve faute d’information.

    Il n’est pas seulement question de rénover un plancher et d’aménager une salle souterraine, comme l’affirme benoîtement le panneau, à peu près illisible, qui est apposé rue de Thorigny. Il est prévu de construire une aile de 2 000 m2 et de deux étages sur une partie du square Léonor-Fini, à l’aplomb du musée, au risque de défigurer sa superbe façade, une amputation qu’est censée compenser l’ouverture au public de son jardin privé. Mais, dans les faits, l’espace vert sera bel et bien réduit d’au moins 1 000 m2 et des arbres abattus, une partie de l’aile devant être construite au-delà de l’actuel garage, sur l’aire de jeux réservés aux enfants. Et le square sera subordonné aux intérêts du Musée Picasso, dont le « programme scientifique et culturel » prévoit qu’il y organisera des performances et des concerts « en pratiquant une nocturne hebdomadaire, le samedi soir jusqu’à minuit, afin de répondre à l’affluence du public dans le quartier du Marais en fin de semaine », et dont le million de visiteurs investiront ses pelouses dans la journée. Le square, et sans doute la rue des Coutures-Saint-Gervais, dont la Mairie du IIIe annonce maintenant le réaménagement…

    D’un point de vue environnemental, ce projet d’extension est une aberration. Outre la réduction de l’espace vert, les autocars de touristes emprunteront la rue Vieille-du-Temple et la rue de la Perle pour y décharger leurs passagers et y stationner, en provoquant des embouteillages supplémentaires dans des voies déjà surchargées et en laissant tourner leur moteur pour les besoins de leur climatisation ou de leur chauffage. Pourquoi recréer au cœur du Marais les nuisances dont les riverains de Notre-Dame ont eu à se plaindre pendant de longues années, avant qu’ils n’obtiennent gain de cause et que les autocars soient chassés des abords de la cathédrale ?

    La qualité de l’air, déjà problématique dans ce quartier, sera détériorée par cet afflux de véhicules très polluants, par l’agrandissement du bâti chauffé et climatisé, et par l’abattage d’arbres, sans même parler des deux années de travaux supplémentaires qu’exigera cette extension et qui entraîneront une noria de camions, le fonctionnement de pelleteuses et de grues, la production de poussières industrielles. Enfin le square sera fermé pendant au moins un an et demi, à charge pour le voisinage d’aller respirer et jouer ailleurs – mais où, dans le IIIe arrondissement ?

    L’extension du Musée Picasso est un scandale écologique et un gaspillage inadmissible en ces temps de disette financière. Sa réalisation ne ferait qu’intensifier la dérive marchande du IIIe arrondissement, sa transformation en quartier de tourisme de masse sous prétexte de culture, sa muséification consumériste au prix d’un bétonnage supplémentaire. Au-delà de la subvention d’investissement nécessaire aux travaux, elle se solderait par l’augmentation de la subvention d’équilibre du ministère de la Culture, au profit d’un établissement qui incarne une conception hautement contestable, et peut-être caduque, de la politique culturelle, et au détriment d’autres musées dont les besoins sont souvent plus criants. Madame le Ministre de la Culture, vous avez annoncé, en septembre, la poursuite de ce projet hautement contestable sous prétexte qu’il était trop avancé pour être revu à la baisse. Mais vous avez là une occasion salubre de réaliser les économies budgétaires que la dureté des temps exige de vous !

    Jean-François Leguil-Bayart


     REPONSE de Madame Monique Saliou adjointe au Maire du IIIe, en charge de l'espace public

     

    " L’équipe municipale du 3ème arrondissement ne peut laisser passer sans réaction l’article de M. Jean François Leguil Bayart intitulé « Extension du musée Picasso : halte au feu ».

    Non que nous entendions nous prononcer, en tant qu’élus de cet arrondissement, sur la politique muséologique et les choix qui ont conduit les ministres de la culture successifs à soutenir le projet de rénovation du musée Picasso. Il est un fait : Paris demeure la première ville touristique mondiale et les musées participent à son rayonnement. Chaque citoyen peut avoir ses préférences : grands ou petits musées, approbation ou rejet des expositions temporaires, pas de musées du tout, culture élitiste contre culture dite de masse etc. In fine, c’est à un (e) ministre, membre d’un gouvernement issu d’institutions démocratiques, de trancher. La Cour des Comptes que cite M. Leguil Bayart et dont il a sans doute mal lu les travaux, ne porte pas davantage d’appréciation sur la pertinence du projet Picasso ; elle s’inquiète seulement des coûts supplémentaires de fonctionnement créés par la mise en œuvre de nombreux projets culturels (dont beaucoup ont été abandonnés depuis cet été) ; c’est d’ailleurs à la suite de cette inquiétude que le musée Picasso s’est doté d’un « plan d’affaires », destiné à équilibrer coûts et recettes, dont l’auteur de l’article raille l’existence…

    Si nous avons souhaité réagir, c’est que M. Leguil Bayart énonce des contre vérités et multiplie les procès d’intention sur ce qui touche à l’aménagement des abords du musée. Il est faux de dire que le jardin Leonor Fini sera amputé de 1000 mètres carrés : les constructions prévues pour abriter des expositions temporaires seront édifiées au dessus et à la place de l’entrée du garage actuel et non dans le jardin. Qui regrettera, en outre, l’esthétique douteuse du bâtiment actuel ? Il n’est pas davantage question de fermer le square lors des travaux, pas plus qu’il n’est question de l’ouvrir tous les samedis soir, jusqu’à des heures indues, au profit d’hypothétiques activités du musée…qui dispose d’ailleurs de son propre jardin.

    Quant aux aménagements des rues avoisinantes (rue Thorigny, rue des Coutures Saint Gervais), aucune décision ne sera prise sans une large concertation, selon une méthode suivie pour tous les aménagements réalisés depuis des années dans le 3ème arrondissement. Un conseil de riverains sera réuni très prochainement qui débattra sur les solutions envisageables.

    Enfin, la perspective d’une noria d’autocars stationnant, tous moteurs allumés, rue Vieille du Temple, relève du procès d’intention. La mairie du 3ème n’a pas la moindre intention de tolérer une dérive de ce type et les mesures seront prises, en concertation, avec la préfecture de police pour préserver la tranquillité du quartier et la qualité de l’air.

    Observons d’ailleurs que les inquiétudes de M. Leguil-Bayart ne sont pas partagées par tous : il suffit de regarder les devantures des agences immobilières pour constater que l’adresse « proche du musée Picasso » est un argument de vente. Notre arrondissement est attractif, il gagne des habitants dont beaucoup de jeunes et de familles, il a une image de dynamisme. Tout en redoublant de vigilance sur la qualité de vie dans nos quartiers, ne nous en plaignons pas !"

     

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    Hotelsale1
    Hôtel Salé côté jardin

    En présence du Directeur de l’Etablissement Public, de l’Architecte en Chef des Monuments Historiques et des différents intervenants, le Maire du 3e a organisé une réunion publique relative au chantier du Musée Picasso. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire, la réouverture au public est fixée au 1er octobre 2013.

    Après un bref historique sur le monument construit en 1656 pour le Fermier des gabelles, Pierre Aubert de Fontenay, l’Hôtel Salé, le plus grand corps de logis construit à cette époque, a subi des transformations au XVIIIe siècle puis fut vendu à la Révolution pour devenir un immeuble de rapport (Balzac y logea). Quelques années plus tard, il abrita l’Ecole Centrale des Arts et des Manufactures.

    Un amphithéâtre est érigé sur la cour d’honneur et des salles de classe occupent les jardins. Après le déménagement de l’Ecole Centrale, à la fin du XIXe, un bronzier d’art s’y installe et aménage les appartements en « show-room ». Une école de formation aux métiers d’art le remplace juste après la seconde guerre mondiale. Des projets (musée de la mode, centre des archives de la Seine) sont envisagés durant les années soixante, mais la décision est prise d’y loger la dation Picasso. Des travaux sont entrepris sous la direction de l’architecte Roland Simonet et le musée ouvre en 1985.

    Au fil des années, face à l'afflux des visiteurs, du fait que le projet initial n'a pas été réalisé en totalité pour des raisons de coûts, du fait aussi de l'entrée en vigueur de nouvelles normes, le musée présentait un certain nombre de défauts : une sécurité insuffisante, des accès (ascenseurs…) et une capacité d’accueil étriqués, des surfaces d’exposition limitées, une climatisation et des installations électriques à revoir…

    Le but de la rénovation est donc de pallier ces problèmes et d’en profiter pour terminer le grand projet initial. Ce qui représente un coût de 51 millions d’€ (l’Etat et la Région apportent 19 millions €, une politique de prêts payants de œuvres durant la fermeture permet de compléter en partie le financement). Cette dépense très élevée comprend les travaux et des investissements dont l’acquisition de l’immeuble du 20, rue de la Perle où sera transférée l’administration du musée. Une boutique-galerie sera installée au  4, rue de Thorigny, elle ouvrira dans les toutes prochaines semaines et servira de lieu d’échanges avec le public sur le projet jusqu’à la livraison, prévue en mai prochain.

    Nous retiendrons de la présentation à laquelle nous avons assité les évolutions les plus importantes. Ainsi les surfaces d’exposition passeront de 1600 à 5000 m2 soit 500 œuvres accrochées en permanence contre 300 auparavant. L’éclairage de l’escalier d’honneur et des vestibules qui ont traversé le temps est entièrement changé et sera plus doux. L’éclairage des façades sera entièrement revu. L’entrée se fera toujours par le porche (en restauration) rue de Thorigny et l’accès par un espace (emplacement de l’ancienne basse-cour) largement agrandi avec, au-dessus, l’installation d’un café prolongé d’une grande terrasse.

    A3d33cd6-168b-11e1-9494-e3acaff19457 Projection non définitive du hall d'accueil (photo Bodin et associés Artefactory Lab.) 

     

    La circulation à l’intérieur du musée sera facilitée par la réouverture de portes qui avaient été condamnées. Le sous-sol des jardins sera organisé en réserve technique, salle de conférence de 100 places et locaux polyvalents car l’objectif est de recevoir 75 000 scolaires par an (une plage horaire de 9h00 à 11h00 leur sera consacrée chaque jour). Un accès dans les locaux, réservé au personnel, à la livraison de œuvres, sera possible à partir de la rue Vieille de Temple le long du square et du jardin côté rue de la Perle ou seront installés des édicules qui « s’inséreront dans la paysage » dont une sorte d’orangerie avec un habillage de plantes grimpantes « …plutôt que des buis ». Les tilleuls seront préservés et a priori l’emprise du square ne serait quasiment pas réduite. Ces installations nouvelles changeront toutefois l'aspect général de ce côté de l' Hôtel Salé auqel nous nous étions habitués.

    Des échanges avec la salle, il ressort que la demande des riverains de réunir en un seul espace, le jardin et le square Léonor Fini ne sera pas possible pour des raisons de sécurité. Afin d’améliorer l’accès et les conditions de sécurité des réflexions sont en cours pour les aménagements des abords extérieurs du musée. En effet 800 0000 visiteurs par an sont attendus contre 300 0000 auparavant et davantage de scolaires. Beaucoup s’étonnent de la dangerosité de la rue de Thorigny, étroite ouverte à la circulation, où se situera l’entrée. Le Maire n’a pas caché qu’il ne pouvait pas grand'chose quant au choix de l’entrée qui est imposée. En revanche, il faut qu’il revoie le plan de circulation puisque pour l’instant tout est à l’état de réflexion.

    Il ne savait plus d’ailleurs si un groupe de travail ad hoc avec des habitants existait. Sa préconisation, afin de faciliter l’accès pompiers mais aussi de réduire les nuisances sonores, serait de supprimer les places de stationnement de la rue des Coutures Saint-Gervais afin d’élargir la chaussée. Toutefois il y verrait bien une quarantaine de places de stationnement en épi pour les motos. Enfin, le mur côté musée, le long de cette même rue, n’est pas d’époque mais dans l'esprit, il devrait être maintenu. Nous devons donc être très vigilants et ne pas hésiter à donner notre point de vue (groupes de réflexion, espace échanges 4, rue de Thorigny…) car ces travaux d’aménagement des abords du musée seront réalisés pour longtemps en cette période de restrictions budgétaires.

    Cette réunion a permis de mieux connaître le projet et son état d’avancement. La réouverture du Musée sera un événement culturel majeur pour Paris et notre quartier.

    Gageons, comme l’ont souligné les participants, que des moyens suffisants, dignes de l’enjeu, soient engagés afin d’amélioration la circulation, la signalisation, la propreté, la sécurité du quartier et la qualité de vie de ses habitants. Il serait dommage que la coûteuse valorisation du musée et le travail des nombreuses personnes qui ont oeuvré à ce chantier soient mis à mal par une sous-évaluation de ces problématiques bien réelles.

    Dominique Feutry

     

  • Réaumur 39 art nouveauImmeuble "Art Nouveau", 39 rue Réaumur (IIIe). Les étages élevés sont mis en valeur (balcons, loggias, colonnes, consoles, rosaces et motifs végétaux)

      

    Tout le monde s'accorde à reconnaitre que l'architecture des XIXème et XXème siècle avait été négligée dans le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais en 1996. L'attention des rédacteurs à l'époque s'était focalisée sur l'architecture des XVIIème et XVIIIème siècles, sachant qu'il existe peu de vestiges du moyen-âge et de la renaissance. L'Art nouveau, caractéristique des années post-haussmanniennes et l'Art Déco, qui a prospéré autour de 1920, s'y trouvent pourtant en abondance même si leur présence se manifeste  surtout en périphérie du Marais (rues du Renard, Beaubourg, des Archives, Réaumur, de Bretagne, de Turenne ….).

    La délibération du Conseil de Paris des 12 et 13 novembre a comblé cette lacune. Nous nous en réjouissons. Le texte de 22 pages qui présente le projet de PSMV révisé, avec ses considérants, ses orientations et ses conclusions vaut d'être consulté par tous ceux qui s'intéressent au patrimoine exceptionnel dont nous disposons dans le centre historique de Paris, et à son devenir.

    Pour en parler, il nous parait inutile de le paraphraser. Certains aspects méritent cependant qu'on les analyse et qu'on les commente sans se soucier du "politiquement correct" qui caractérise les textes officiels et leur langue de bois.

    Sur la "concertation" d'abord, présentée comme un modèle du genre, nous aimerions relativiser. Les divers ateliers qui se sont tenus effectivement en mairies étaient soigneusement encadrés et seules sont remontées les prises de position qui obéissaient à la ligne tracée par les animateurs. Notre association, qui est  pourtant membre de la "commissison locale du secteur sauvegardé", n'a pas été autorisée, au stade de l'examen du projet en commission, à exposer l'opinion de nos adhérents, souvent des érudits en histoire et architecture de Paris.

    C'est d'autant plus regrettable que nous approuvons la plupart des dispositions proposées. Nous serons certes amenés à défendre des points de vue d'habitants qui auraient localement des objections à telle ou telle mesure, mais nous n'aurions pas voté contre le texte de la commission, repris par la Mairie de Paris, si nous avions été présents à la séance (deux fois reportée) du 23 octobre 2012.

    Pour ceux qui n'auraient pas la force de lire les 22 pages et qui ne sont pas dépourvus de sens critique, voici ce que nous en retenons, avec nos commentaires et nos réserves.

    Il est dit que la densité du "bâti" est faible dans le Marais, inférieure à la moyenne parisienne. Ce qui justifie la décision de densifier. C'est vrai, parce que les immeubles sont bas. Mais comme les immeubles sont serrés les uns contre les autres le long de rues étroites, la densité au km² est la plus haute de Paris, notamment dans le IIIe (source APUR). Cette densité-là crée le sentiment d'étouffement que le PSMV actuel avait résolu de réduire pour "donner de la respiration" aux quartiers, en démolissant les constructions parasites, en reconstituant les cours et espaces verts ainsi que les cheminements.

    Il faut rappeler que le centre de Paris est le siège d'une "bulle de chaleur" où les températures dépassent de 4 à 7 degrés celles des quartiers périphériques. C'est moins sensible dans le IVe, à cause de la Seine qui raffraîchit, mais le IIIe détient le recours absolu en la matière.

    Ces édifices légers, qui occupent généralement des cours pavées, devaient disparaitre pour ce motif et rendre au bâti son harmonie originelle. Il n'en sera rien dans 90 % des cas. Il est vrai que certains d'entre eux méritent d'être pérennisés mais à ce titre combien de laideurs auront définitivement acquis droit de cité avec en prime une valeur foncière confortée ?

    Portefoin 11 édicule cour intérieureEdicules sur cour, 11 rue Portefoin (IIIe)

    Le volet social, que personne ne conteste, mérite qu'on en mesure les conséquences. L'obligation qui est faite aux rénovations supérieures à 800 m² de consacrer 30% de la surface au logement social est généreuse dans son inspiration mais il faut être capable de surmonter les difficultés qui en résultent.

    On a encore en mémoire les conflits dans la gestion du 108 rue Vieille du Temple (IIIe), en 2010. La présence dans une même copropriété d'habitants de statut social comparable mais dont certains bénéficient de conditions préférentielles, a conduit à des actions contentieuses mettant en cause la mairie.

    Plus généralement, l'obligation pour le promoteur de céder 30 % de la surface à un prix diminué de 50 % environ, le conduit à augmenter ses prix sur les 70 % restant, tout calcul fait, de 20 % pour s'y retrouver. Si le marché était élastique au prix, le vendeur devrait limiter ses ambitions et s'en tenir au prix de marché, mais ce n'est pas le cas. S'il s'agit d'une rénovation prestigieuse, il trouvera toujours un étranger fortuné pour en payer le prix quel qu'il soit. Le résultat est une pression à la hausse sur les prix de l'immobilier, dont les records aujourd'hui interdisent aux parisiens de la classe moyenne d'accéder à la propriété.

    Enfin, une autre conséquence domageable serait le renoncement pur et simple à la rénovation sur des programmes moins prestigieux où l'élasticité bien réelle de la demande au prix peut faire reculer le promoteur.

    Alors que le Marais échappait – en théorie – aux dispositions de la loi SRU (solidarité et développement urbain) qui prévoyait une obligation de construire 20 % (bientôt 25 %) de logement social, le Marais désormais se distinguerait avec un taux de 30 % applicable dans son périmètre et non pas à l'ensemble de la commune comme c'est le cas en règle générale. Est-ce réaliste ? Une fois de plus, on le voudrait bien mais comment pourra-t-on parvenir à ce résultat ?

    Pour ce qui est des équipements collectifs, on note avec satisfaction la création de deux crèches dans le IIIe, dont une bizarement au "carrefour maudit" des rues Temple/Haudriettes (encombrements, bruits et pollution record, on en reparlera ultérieurement), une école au 64 rue de Turenne, et pour le IVe, un gymnase au 10 rue Charles V.

    Gérard Simonet

     

     

     

     

     

  • Notre dame parvis vue du pont

      Parvis de Notre-Dame vu du pont (IVe)

    A l’occasion des 850 ans de Notre Dame (cf notre article du 5 octobre 2012), le parvis de la cathédrale sera transformé en « Chemin du Jubilé » et des espaces vont bientôt « sortir de terre ». Ainsi un beffroi (haut de 13 mètres) sera construit dans lequel pourront être admirés des vitraux du maître verrier Jacques Le Chevallier (1896-1987) qui a travaillé pour Notre Dame et aussi construit sa renommée sur la production de luminaires épurés.

    Des photographies et des documents historiques guideront les visiteurs sur un plan incliné qui les conduira sur une esplanade placée à 5 mètres du sol afin de pouvoir scruter de près les multiples éléments sculptés des trois portails d’entrée du célèbre monument. Des projections sont programmées et pourront être regardées des 800 places en gradin qu’il est prévu d’installer.

    Enfin plusieurs maisons seront dressées pour abriter des tailleurs de pierre, des facteurs d’orgue, des verriers ainsi que des associations caritatives. Une redevance sera versée à la Ville de Paris pour cette occupation de l’espace public durant une année. Elle est comprise dans le coût des différents travaux et événements prévus (estimés à 6 millions d’€). Les principaux étant la restauration des grandes orgues, la réfection de l’éclairage intérieurde l'édifice, l’amélioration de la muséographie des collections du Trésor de la cathédrale, des concerts avec la maîtrise de la cathédrale, des publications, des expositions, un congrès et surtout le remplacement des cloches.

    Conf061020122Le grand bourdon de Notre-Dame

    A ce sujet d’ailleurs selon certaines sources journalistiques, une polémique pitoyable se serait malheureusement déclarée entre une communauté religieuse désireuse de racheter les illustres cloches  pour les conserver et le recteur archiprêtre de Notre Dame partisan de les faire fondre, pour en faire des minicloches vendues comme souvenirs … Il est vrai que le remplacement des cloches dont le son n'est plus très bon nous dit-on, par des cloches fraîchement fondues, coutera fort cher.

    Le lancement du 850e anniversaire de la cathédrale est prévu le 12 décembre prochain et durera jusqu’au 24 novembre 2013. L’œuvre choisie pour le concert d'ouverture est celle des Vêpres de Monteverdi. Avis aux amateurs intéressés et peut-être que ces manifestations permettront de dépasser les 14 millions de visiteurs recensés chaque année en ce lieu. Ce qui n’est pas sans poser des problèmes de circulation, de stationnement, de propreté et de sécurité….

    Dominique Feutry

     

  • FRAN_SF_20110089_2001
    Camions de déménagement sur le site de Paris (IIIe)                

     

    Depuis le 22 mai dernier, les fonds des archives nationales postérieurs à 1790 partent vers leur nouvelle destination à Pierrefitte sur Seine. Le transport, en provenance de l’Hôtel de Soubise et de Fontainebleau, est prévu respectivement durant 9 mois et 16 mois, soit deux ans au total. Il s’agit d’une tâche immense puisque 250 km environ de documents vont être ainsi déplacés. Les cartes, les plans et les photographies seront déménagés en dernier car ils sont destinés à rejoindre des salles spécialement aménagées.

    Conf061020122
    Le nouveau bâtiement de Pierrefitte conçu par l'architecte Massimiliano Fuksas

                        

    Cette opération, la plus importante en la matière depuis l’après-guerre, est préparée depuis 5 ans au travers de la Mission du Chantier du Fonds. Les implications sont multiples. Il a fallu tout d’abord dépoussiérer, reconditionner et désinfecter des kilomètres de documents, tout en respectant un classement selon 6 thématiques (Education-Culture, Exécutif-Législatif…).Ensuite les transports (des centaines de camions sont à pied d’œuvre) sont assurés par une entreprise spécialisée en appliquant des principes de sécurité et sous la surveillance des personnels des Archives nationales. Trois à 4 quatre kilomètres de fonds arrivent chaque semaine dans leur nouveau bâtiment.

    Les salles de lecture de Pierrefitte ouvriront début 2013 (elles ont été ouvertes en avant-première lors des dernières Journées du Patrimoine). En attendant les fonds sont communiqués via des navettes et retournent à Paris lorsque des lecteurs veulent les consulter. Le coût de cette opération est important, 19 millions d’€, mais nombre d’archives étaient en danger faute de pouvoir être conservées dans de bonnes conditions.

    Quant à la Maison de l’Histoire de France qui devait remplacer les espaces libérés, jugé "extrêmement coûteux et un petit peu contestable" par le nouveau Ministre de la Culture, le projet, économies budgétaires obligent, a été remisé comme d’autres (l’Hôtel de Nevers, la Comédie Française, et l’Hôtel de la Marine). Le coût était estimé à 60 millions d’€ (le même montant que les travaux de réfection du Carreau du Temple). Cette déclaration a donc sonné la fin des polémiques sur le contenu de ce musée, l’arrêt des grèves et de l’occupation des locaux par le personnel mécontent. En revanche, rien n’est annoncé sur la destination des salles libérées de la rue des Francs-Bourgeois. Il a juste été dit que l’espace retrouvé permettrait des nouvelles collectes, notamment celles des minutes des notaires interrompues par le manque de place.

    Le quadrilatère conservera le Musée des Archives Nationales et les 55 kilomètres d’archives déjà présentes (celles antérieures à la Révolution). Attendons donc la fin de cette gigantesque opération de transfert et peut-être qu’ensuite nous apprendrons ce qu’il est envisagé pour occuper tous ces mètres carrés et volumes ainsi dégagés.

    Dominique Feutry

     

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    Grenier st lazare 36 hôtel georgette 20 11 12

    Hôtel Georgette, 36 rue du Grenier Saint-Lazare (IIIe)

     

    Au 36 rue du Grenier Saint Lazare (IIIe) et après de longs mois de travaux, un nouvel hôtel, "l’Hôtel Georgette", vient d’ouvrir ses portes. Il remplace un vieil établissement situé au même endroit.

    D’aspect moderne et agréable ce commerce a construit une terrasse fermée, une sorte de "véranda", qui lui permet de disposer sur la rue d’un espace supplémentaire qui abrite la réception et aménage une salle pour les petits déjeuners.

    Le règlement des terrasses de la Ville de Paris prévoit en son article 2.1: "une terrasse fermée est une occupation délimitée du domaine public de voierie couverte et close destinée limitativement aux exploitants de débit de boissons, restaurants, glaciers et salons de thé pour la restauration sur place de leur clientèle". Comme ce commerce n’est ni un restaurant ni un débit de boisson, cette extension ne devrait pas être autorisée. Au vu de sa taille, il est plus que probable qu'elle dépasse le seuil du tiers du trottoir utile.

    Nous nous étions réjouis du réaménagement de la rue du Grenier Saint lazare par la Mairie de Paris. Nous sommes moins enthousiastes de constater que les nouveaux espaces qui ont été dégagés suscitent l'appétit de marchands qui se soucient peu de l'équilibre, qu'il faut pourtant préserver, entre leurs intérêts et la qualité de vie des habitants

    Nous avons donc signalé cette anomalie à la Direction de l’Urbanisme et à la Police. Nous attendons leur réponse avec intérêt.

    Dominique Feutry

     

  • Francs-bourgeois bicyclette scellée tags jpg
    Rue des Francs-Bourgeois, face à l'entrée de la rue Elzévir


    Un demi-vélo planté dans un mur agrémenté de tags face à l'angle de la rue Elzévir et de la rue des Francs-Bourgeois ! Où s'arrêtera l'imagination des pourfendeurs du beau et du saccage en règle des façades, des vitrines, des portes, des porches et du mobilier urbain ?

    Lorsque l'on regarde cette demi-bicyclette de couleur rose bonbon, on imagine une enseigne de magasin de cycles. Pas de chance, le commerce tout proche est un magasin de sous vêtements féminins ! Si on pense plutôt à un cirque, nous sommes bien loin de la rue Amelot ou de la pelouse de Reuilly ! Alors peut-être nous annonce-t-on une nouvelle piste cyclable ? Ce n'est pas cela non plus. Tout milite donc pour choquer tant l'incongruité de cette action, qu'il s'agisse du sujet et du lieu, sciemment choisi car particulièrement passant, sont anachroniques.

    Ces constats militent pour un enlèvement rapide par les services compétents de la Ville de Paris ("Vivre le Marais !" a adressé un courrier à la Direction de l'Urbanisme), tout en espérant que les fautifs soient tôt ou tard trouvés et sanctionnés en conséquence, comme il se doit… car ils recommenceront à abîmer d'autres murs. Notre seul espoir est que cet incident soit "l'oeuvre" d'un isolé et ne crée pas de vocation auprès de nouveaux acteurs de l'enlaidissement.

    Dominique Feutry