Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2012

  •                                    4523441086_771dff33c5_z Maison des Compagnons du Devoir – Place Saint Gervais Paris (IVe)

                    

    Le Marais présente la singularité d’abriter dans son périmètre la "Maison des compagnons de Paris", que nous avons visitée ensemble en novembre 2011, un centre de formation de 200 apprentis (place Saint- Gervais), le siège social de l’Association (rue de l’Hôtel de Ville), la Librairie du Campagnonnage (2, rue de Brosse) et nombre de monuments, de bâtiments et de lieux où les compagnons se sont exprimés en magnifiant leur tour de main et leur art. La Place de Grève n’abritait-elle pas le « marché aux maçons » où compagnis et apprentis trouvaient du travail ? L’Hôtel Sully n’a t’il pas aussi abrité en 1973 une grande exposition sur le campagnonnage vivant où nombre de chefs d’oeuvre époustouflants se côtoyaient ? Beaucoup s’en souviennent encore !

     

    ImagesCAYGFLEN Librairie du Campagnonnage – rue de Brosse (IVe)

     

    Les Compagnons d’une façon ou d’une autre sont donc très présents dans notre quartier. Sait-on que le vocable « compagnonnage » n’est usité que depuis le XVIIIe siècle et correspondait à la période d’expérimentation professionnelle qui devait être faite par le compagnon chez un maître ? Divers mythes et légendes règnent sur l’origine du campagnonnage. Celle-ci est sans doute très ancienne et remonte à l’Antiquité où des organisations de métiers se transmettaient vraisemblablement des connaissances par voie orale. Il est un fait qu’il était important au Moyen Age lorsque furent construites les cathédrales, les compagnons étaient des hommes libres face aux serfs. Les métiers sont alors organisés en corporation mais comme il est extrêmement difficile de passer de l’état d’apprenti ou de compagnon à celui de maître, des sociétés de compagnons séparées des corporations se créent. 

       ImagesCAYGFLEN

    Un chef d'oeuvre (Musée de Tours)

    Elles sont interdites par le pouvoir politique puis par le pouvoir religieux sous prétexte de pratiques non contrôlées. Le campagnonnage n’en devient pas moins important et puissant au fil du temps puisqu’au XVIIIe siècle, il contrôle les embauches, organise des grèves tout en étant divisé notamment entre protestants et catholiques. Si la Révolution supprime les Corporations, les associations ouvrières inquiètent et se renforcent jusqu’à compter 200 000 membres au début du XIXe siècle.

    La révolution industrielle qui mécanise les fabrications, le chemin de fer qui vient bousculer le tour de France mettent à mal le campagnonnage, l’autorisation des syndicats accentuant son déclin. Il survit néanmoins et se réorganise sous l’impulsion de compagnons partisans, dans le modernisme d’un certain traditionnalisme, notamment après la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, le compagnonnage attire des jeunes (hommes et femmes).

    ImagesCAYGFLEN Compagnon charpentier

    Le Tour de France ne se pratique plus forcément à l’intérieur de l’hexagone. Le nombre de métiers enseignés est très large (une trentaine). Plusieurs musées dont ceux de Paris (rue Mabillon), Nantes, Toulouse ou Tours constituent des témoignages importants qui lient passé et présent. Les valeurs du campagnonnage (le travail bien fait, la richesse d l’expérience pratique, la transmission du savoir) ont permis sa pérennisation au travers des trois grandes organisations existant actuellement. Cela lui a même valu d’être inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2010.

    Quelques vers pris au hasard d’une des chansons entonnée lors du départ pour le Tour de France résume bien l’esprit qui animent les compagnons :

    " Ne rechignant jamais aux pénibles travaux,

    Sublimes chefs d’œuvre, vous portez témoignage

    De leur ténacité, de leur amour du beau."

    Dominique Feutry

     

  • 79547522 L'ossature du Carreau du Temple  

     

    Entouré notamment de l’architecte en charge du projet et de Jean-Luc Baillet, Directeur Général fraîchement nommé pour diriger ce futur ensemble, Pierre Aidenbaum a présenté un point d’étape sur le chantier du Carreau du Temple. Il a indiqué que l‘ensemble serait placé sous la responsabilité d’une Société Publique Locale (détenue par la Ville de Paris et la Région) dont il venait d’être élu à la présidence par le conseil d’administration de 7 membres, tous conseillers municipaux dont les 2 adjoints (l'un en charge du commerce, de l'artisant, des professions individuelles et des métiers d'art, l'autre du sport). Il souhaite aussi la mise en place d’un conseil consultatif afin que les forces vives de l’arrondissement soient représentées et donnent leur avis.

    L’architecte de la Ville de Paris rappelle ensuite que le Carreau comprendra une salle de spectacle de 250 places, 1800 m2 d’espace polyvalent dédié à des activités sportives, culturelles et économiques et au sous-sol différentes salles dont un studio d’enregistrement. Ces espaces réversibles sont jugés de grande qualité par les présentateurs et en partie écologiques puisque des cellules photovoltaïques ont été installées sur la verrière. Une isolation thermique et une isolation acoustique ont été intégrées, ce qui n’est pas simple dans ce bâtiment atypique, classé monument historique en 1982, dans lequel devront être réinstallées les échoppes qui sont elles-même classées. Le chauffage urbain a été amené en prolongeant de 330 m la conduite de la rue des Archives. Ce qui explique les travaux que nous avons constatés dans cette rue durant l'été.

    Fin 2012, les façades seront totalement terminées. Les structures métalliques ont toutes été décapées et la structure métallique de la salle de spectacle est posée. L’échéance des travaux est prévue fin 2013.

    ImagesCAM5PH77Le projet d'aménagement

    Il est mentionné que le lieu pourra abriter jusqu’à 2800 personnes et sera ouvert au public 320 jours sur 365. Pour l’aménagement extérieur des 4 côtés du bâtiment (accès sécurité, trottoirs, plantations, stationnement, circulation, pistes cyclables, mobilité réduite…), une réflexion est en cours avec des riverains et les équipes du chef de circonscription territoriale de la voirie pour les 4 premiers arrondissements qui assistait à la réunion. Mais il est déjà annoncé que le programme qui sera défini sera exécuté sur plusieurs années, la Ville de Paris n’ayant pas le budget nécessaire pour réaliser ces investissements sur un seul exercice.

    L’architecte souligne que sur les trois ans de travaux prévus, un an a été consacré à des fouilles archéologiques qui ont permis de retrouver une partie du tracé de l’église Sainte-Marie du Temple, détruite à la Révolution, et les bases de la "Rotonde" de Perrard de Montreuil, un bâtiment “utopiste” édifié en 1788 pour abriter des échoppes et des petits appartements (article du 14 mars 2009).

    ImagesCAASTGNZ "La Rotonde" de Perrard de Montreuil. Une maquette en bois est visible au musée Carnavalet.

                  

    Le cimetière qui se trouvait à cet endroit a révélé plus de mille tombes dont les plus anciennes remontent au XIIe siècle et vont jusquau XVIIIe siècle. Aucune découverte majeure n’a eu lieu.

    M. Bayet présente ensuite les grandes lignes de son projet. Après avoir rappelé qu’il avait été chargé culturel à l’ambassade de Bamako, conseiller du maire de Lille capitale européenne de la culture, il insiste sur sa connaissance du cirque, ayant dirigé le Centre National des Arts du Cirque de Châlons en Champagne. Pour cela, il se dit « proche des pratiques populaires de la culture ». A ce titre il dévoile les orientations principales qu’il souhaite développer. Outre les sports scolaires, les cours pour les associations, il entend attirer des activités payantes telles que des congrès, des salons, des concours, des défilés et des spectacles de toutes formes dans les espaces à louer. Son équipe sera constituée d’une vingtaine de personnes, le budget annuel est de 2,750 millions d’€ dont 50 % de charges fixes.

    Le satisfecit apparent qui transparaissait dans la présentation du dossier par les intervenants s’est trouvé contrarié par certains participants dans l’assistance, au demeurant peu nombreuse, bien que nous ayons noté la présence de notre nouveau député. Certains en effet ont souligné le manque de transparence du Maire du IIIe antérieurement à cette présentation. Pour notre part nous serons intéressés par le devenir effectif du Carreau et l’orientation réelle qui sera prise dans le respect des annonces faites au cours de cette réunion. Il est important aussi, et nous le souhaitons vivement, que ce lieu historique ne devienne pas un puits sans fond pour les contribuables parisiens ; car cette opération, financée par la Ville de Paris, représente tout de même un investissement de 60 millions d' euros auquel s'ajoute le budget annuel de fonctionnement, net des recettes envisagées.

    Notons qu’il est possible de visiter le chantier en s’inscrivant à la mairie du IIIe.

    Dominique Feutry

     

     


  • ImagesCA9ZP3GH Statue de Louis XIII, place des Vosges

    Le Marais a ce privilège de présenter deux rois, le père et le fils, à quelque cent mètres l’un de l’autre. Il s’agit vous l’aurez deviné des statues de Louis XIII qui magnifie les jardins de la place des Vosges et celle de Louis XIV qui orne la cour principale du musée Carnavalet.

    La statue équestre de Louis XIII, en empereur romain, est posée sur un imposant piédestal entouré de grilles. Cuirassé sous son manteau avec une couronne de lauriers sur la tête, le roi qui monte sans étriers porte un glaive et tient les rênes à la main gauche. Le cheval lève la patte avant gauche ce qui a nécessité pour équilibrer la statue, de placer un arbre sous le ventre de l’animal. Œuvre en marbre de Dupaty et Cortot, ce monument érigé sous le Restauration en 1829 a remplacé une statue en bronze du même roi commandée par le cardinal de Richelieu, datant de 1639 et exécutée par le sculpteur Pierre II Biard. Malheureusement celle-ci n’a pas résisté aux fontes entreprises pendant la Révolution. Certains ont pu dire que la statue actuelle était un peu lourde, elle s’insère néanmoins harmonieusement dans son environnement, sans doute par la force de l’habitude de la côtoyer à cet endroit.

            Images

    Statue de Louis XIV. Musée Carnavalet

                 

    Si nous nous rendons devant la statue du fils,lui aussi figuré en empereur romain, nous avons la chance d’admirer un œuvre en bronze épargnée, ce qui est rare, par la Révolution et exécutée 100 ans plus tôt par la grand sculpteur Coysevox à qui l'on doit de nombreuses oeuvres, en particulier les sculptures de château de Marly. Louis XIV, en majesté et en pied, a été placé à cet endroit en 1890 après avoir été déplacé de l'Hôtel de Ville où il se trouvait. Cette magnifique statue avait été commandée par les édiles de Paris. En effet, alors que le Roi Soleil, invité à l'Hôtel de Ville trouvait qu'une statue en marbre de Guérin le représentant lors de la Fronde "n'était plus de saison", la municipalité s'empressa aussitôt de la changer…

    ImagesCAG2X2AD Le surintendant Fouquet 

     

    Ironie de l'histoire, non loin de Louis XIV, c'est dans l'église réformée du 17, rue Saint Antoine, ancienne église du couvent de la Visitation Sainte Marie qu'a été inhumé, quasiment anonymement, Fouquet. Le temps les a finalement en quelque sorte rapprochés géographiquement!

    Dominique Feutry

     

  • Airparif trocadéro pollution 09 11 12
    Paris dans le smog, depuis le trocadéro (Photo Airparif)

    La pollution de l’air reste un des grands sujets d’inquiétude de nos concitoyens.

    Avant même que le sujet ne fasse la une des journaux et
    mobilise des chaines comme France 5 à une heure de grande écoute, "Vivre
    le Marais !" sonnait le rappel. Dans un article du 8 avril
    2009
    , à propos de la décision des Maires des IIIe et IVe de piétonniser la rue
    des Francs-Bourgeois, nous avions publié les chiffres de pollution donnés par
    Airparif et conclu qu'il était dérisoire, du point de vue strict de la pollution, d'interdire la circulation une demi-journée
    par semaine sur un périmètre étroit de la ville. Nous suggérions que l'ensemble du trafic, au centre de Paris au minimum, soit réduit tous les jours.

    Le Maire Bertrand Delanoë vient d’annoncer un plan antipollution qui, à peine est –il connu, suscite de nombreuses critiques. A commencer par les nôtres :

    • Baisse de la vitesse sur le périphérique de 80 à 70 km/h : c'est un voeu pieux, la vitesse résultante ne sera pas réduite dans ces proportions
    • Multiplication des "zones 30" à Paris : il ya déjà de nombreuses zones 30 : personnne ne sait de quoi il s'agit réellement et peut-on dire qu'on circule à 30 km/h dans Paris ? C'est plutôt soit 20 (encombrements) soit 100 (le conducteur déjanté)
    • Incitation à la voiture électrique : un autre voeu pieux dans l'état actuel des choses
    • Interdiction de circulation des véhicules les plus polluants, à savoir les voitures, poids lourds et bus de plus de 17 ans (sic) et deux-roues motorisés de plus de 10 ans : elle concerne un nombre trop limité de véhicules d'âge canonique et qui peut croire un seul instant que les contrôles à ce sujet seront effectifs ?



    Camion ancien
    A noter que ces propositions ne seraient applicables qu'en 2014. Aucune mesure n'est prévue concernant le diésel qui génère des micro partricules cancérigènes (voir notre article du 16 septembre 2012). A fin avril 2012, c'est la quantité maximale annuelle qu'il nous a été donné de respirer. La Cour de Justice européenne menace de condamner la France à des amendes de plusieurs centaines de millions d'€.

    Le diesel, un secret bien gardé qui
    pourrait entraîner un scandale comme ceux de l'amiante ou du sang contaminé. Il
    implique des millions de personnes, fait tous les ans des dizaines de milliers
    de victimes en France. Au départ, ce
    carburant était destiné à «sauver» l'industrie automobile française.
    Aujourd'hui, il détruit des vies et les autorités françaises n'ont pas alerté
    l'opinion assez tôt sur ses méfaits.

    Ceux qui se revendiquent de l'Ecologie à la Mairie de Paris déclarent :

    Denis Baupin, Député EELV (Europe Ecologie Les Verts) : "c'est de la non-assistance à personnes en danger"

    Jean Vincent Placé, sénateur EELV : "c'est un scandale pire que l'amiante"

    Yves Contassot, Conseiller de Paris EELV : "un jour sur trois de pollution depuis le début de l'année 2012, on n'a jamais vu ça, il n'est pas possible qu'on continue"

    Aucune mesure n'est proposée pour lutter contre la pollution des deux-roues motorisés, qui pullulent dans Paris. Le même Denis Baupin qui est cité plus haut a été l'artisan en 2006 d'une charte signée avec les "motards en colère" pour leur permettre à Paris de rouler et stationner sur les trottoirs et de remonter les files. Fort heureusement, le Préfet de Police de Paris ne l'a pas avalisée mais le signal donné par la Ville demeure et les "motards en colère" sont plus que jamais revendicatifs. Comme demeure la trouille des élus devant des gens qui manifestent agressivement et en masse sur leur engin bruyant dès qu'ils sentent venir une menace pour leurs privilèges.

    Privilèges, en effet : le parking est gratuit pour eux. Ils occupent pourtant de la place comme les voitures. Le décret qui instaure le contrôle technique, en vigueur pour les voitures, attend depuis 2009 d'être signé. Il est de bon ton en ce moment de parler de justice. Où sont la justice … et le courage ?

    Il est angoissant de constater que la classe politique est tétanisée sur un dossier qui met en jeu à ce point la santé des populations. Nous avons entendu, dans le reportage de France 5, que la Ville de Tokyo a éradiqué la pollution en interdisant, sans exceptions et sans délai, la circulation des diésels. Si c'est comme on nous dit une question de vie ou de mort, pourquoi les responsables politiques en France font-ils si peu de cas de notre sort !

    Jean-Claude Théodart

     

  • Cirque d'hiver 25 03 12Le cirque d'hiver (photo VlM)

    A la lisière du Marais, rue Amelot, se trouve une incontournable du paysage parisien, le Cirque d’Hiver inscrit à ISMH (inventaire supplémentaire des monuments historiques) en 1975.

    Qui pourrait aujourd’hui imaginer qu’il était le pendant du Cirque d’Eté, détruit en 1900, édifié lui aussi par le célèbre architecte Hittorff (à qui l’on doit la Gare du Nord, les fontaines de la place de la Concorde…) en 1841 au Carré Marigny ? La rue actuelle du Cirque fait référence à cet édifice dans lequel Hector Berlioz se plaisait à donner des concerts. Sans la volonté du demi-frère du futur Napoléon III, le duc de Morny, le Cirque d’Hiver n’aurait pas vu le jour.

    Le bâtiment inauguré par le prince Louis-Napoléon fin 1852, après 8 mois de travaux, est un polygone de vingt côtés ornés de bas-reliefs polychromes en frise et percés de 40 fenêtres. La charpente est en bois. L’entrée est encadrée de deux statues équestres, le Guerrier et l’Amazone tels deux gardiens. La salle qui comporte un magnifique décor antique a été conçue pour recevoir jusqu’à 5900 spectateurs. Les normes de sécurité édictées depuis lors ont ramené sa capacité à 1650 places.

    A l’origine le cirque, appelé Cirque Napoléon durant le Second Empire, était destiné presqu’exclusivement à l’art équestre, ce que ne renie pas la famille Bouglione qui est aujourd’hui aux manettes. Mais rapidement les clowns et les trapèzes volants sont au programme et des concerts populaires y sont organisés par la fameuse Société des Concerts Pasdeloup. Face à la défection du public attiré par les cirques ambulants dotés de grandes ménageries, le Cirque d’Hiver survit grâce à des rencontres de catch ou des conférences. Il est même transformé en 1907 en cinéma Pathé puis, après la 1ère Guerre Mondiale, en théâtre populaire.

    Scene-cirque-bouglione                                                      La scène

    Ce n'est qu’à partir de 1923 qu’il redevient un cirque avec un spectacle imaginé par les frères Fratellini. En 1934, les frères Bouglione achètent le Cirque, restaurent le bâtiment et donnent des spectacles devenus célèbres souvent conçus dans la tradition de la « pantomime » quelque peu oubliée. Les grands clowns tels les Fratellini ou Zavatta se produisent dans ce lieu devenu mythique. Des scènes du célèbre film «Trapèze» y ont été tournées. Un trapéziste devenu l’acteur Yul Brynner y fit ses débuts et les premières retransmissions de la « Piste aux Etoiles » ont été diffusées en direct du Cirque d’Hiver.

    Désormais, sans oublier sa destination première et traditionnelle de cirque, la salle sert aussi bien pour des spectacles aussi divers que des galas , des concerts symphoniques, des récitals, des comédies musicales, du théâtre, des meetings politiques ou des réceptions depuis que l’écurie et la ménagerie ont été restaurées à cet effet.

    Henry Miller a écrit à propos du cirque: "Le cirque est un petit bout d'arène close, propre à l'oubli. Un temps plus ou moins bref, il nous permet de ne plus penser à nous, de nous dissoudre dans l'émerveillement et la félicité, d'être transportés de mystère". N'est ce pas ce que tous les spectateurs qui se sont succédé rue Amelot ont ressenti en assistant à un spectacle dans cette salle plus que centenaire !

    Dominique Feutry

     

  • Cox attroupement 23 03 12 recadRue des Archives et square Ste Croix (IVe) occupés, vendredi 23 mars 2012

     

    Le cabinet d'avocats retenu par les riverains, dans un courrier adressé en fin de semaine dernière au Préfet de Police de Paris avec copie au Maire d'arrondissement Christophe Girard, rappelle que quatre plaintes pour troubles réguliers à l'ordre public avec occupation des trottoirs et de la chaussée et tapage nocturne ont été déposées courant janvier 2012 auprès du Commissaire Central du IVe.

    Une de ces plaintes a fait l'objet de suites. Il s'agissait de tapage nocturne émanant du FREEDJ, un bar de nuit du 35 rue Ste Croix. Après constatation, la Préfecture lui a infligé neuf jours de fermeture administrative, ramenés à six par souci de conciliation.

    Les trois autres qui concernent le COX-BAR et l'occupation du trottoir de la rue des Archives et des trottoir et chaussée du square Ste Croix (une rue qui débouche sur la rue des Archives), ont été instruites par le Commissariat du IVe qui a conclu sur une demande de retrait de l'autorisation de terrasse. Cette information a été confirmée par le Commissaire du IVe en réunion de mairie avec les conseils de quartiers le 9 octobre. Depuis le mois d'avril, la mesure proposée est bloquée par la Préfecture de Police, qui n'a pas jugé bon de s'en expliquer avec les riverains.

    Les riverains attendent désormais une réponse concrète de la Préfecture pour que cesse enfin une situation choquante qui donne le sentiment d'une démission de l'Etat. A défaut, ils envisagent  de saisir la juridiction administrative d'une demande de réparation formée contre lui.

    Nous sommes à leurs côtés pour les soutenir, en compagnie de l'association-amie "MARAIS QUATRE" et de l'association "Les Droits du Piéton", toutes membres de "Vivre Paris !".

    Dominique Feutry

     

     

  • Yin et yangReprésentation symbolique du yin et du yang

     

    On évoque le yin et le yang dans la cosmologie chinoise, quand deux éléments s'opposent, sont en interdépendance ou s'engendrent l'un l'autre.

    On constate qu'elle est en voie de s'installer rue du Temple, dans cette partie où les grossistes-importateurs sont encore en quasi monopole. Au n° 111, un commerce a ouvert récemment. Sans la moindre autorisation, il a refait une devanture à l'enseigne de "CHARIS". Dans Paris et a fortiori dans le secteur sauvegardé du Marais, toute modification de devanture doit faire l'objet d'une demande auprès de la Direction de l'Urbanisme, Sous-Direction du Permis de Construire et du Paysage de la Rue (voir notre documentation à ce sujet). Dans le cas présent, on ne s'en est pas préoccupé.

     

    Temple 111 charis 12 11 12"CHARIS", bijouterie fantaisie, 111 rue du Temple (IIIe)

    Un contrôle de la Mairie de Paris a été effectué en août avec constat. Le commerce a alors déposé une demande de régularisation. Demande rejetée par l'Architecte des Bâtiments de France constatant que l'enseigne n'est pas conforme au règlement du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais. Une injonction de dépose a été adressée au commerçant.

    Que peut-il se passer maintenant ? Au-delà du délai accordé, des poursuites pénales sont prévues : rédaction d'un procès-verbal qui va chez le Procureur de la République et émissions d'astreintes. S'il décide de ne pas le classer, il y a jugement avec sanctions à la clé. Une association comme la nôtre est habilitée à se porter parie civile.

    Il serait naturellement plus simple et plus citoyen que le commerçant tire la leçon des évènements. Il suffit qu'il s'inspire d'un autre commerce qui s'est ouvert à deux pas et en face de chez lui, à peu près au même moment : "STRADA CAFE". C'est un modèle de discrétion et de bon goût. Il remplace avantageusement un autre grossiste et c'est déjà en soi une grande nouvelle ; la confirmation que la diversification, qui s'impose déjà dans la partie IVe de la rue, est en marche dans cette portion du IIIe qui paraissait vouée à la mono-activité.


     


    Temple 94 strada café et voisinage              

    "STRADA CAFE", du café BIO, des viennoiseries et de la petite restauration, 94 rue du Temple (IIIe). Notez l'intégration harmonieuse de la devanture dans l'architecture de l'immeuble et l'extrême discrétion de la toute délicate enseigne en drapeau.

     

    On conviendra que les deux éléments décrits s'opposent. Ils se sont engendrés l'un l'autre puisque le café succède à un grossiste. Pour les besoins de la cause, on dira enfin qu'ils sont en interdépendance car le grossiste sera trop heureux d'aller là boire son petit café du matin. On est bien dans le yin et le yang. Et ne dites pas que la symbolique est tirée par les cheveux. C'est le prix à payer pour rêver un peu !

    Gérard Simonet

     

  •                          Les Ruchers du crédit Municipal                       

     

    Depuis 2010, 4 ruches ont été installées sur le toit du Crédit Municipal rue des Archives, mais elles ne sont pas déposées contre un prêt sur gage, elles participent simplement au développement des ruches dans les villes, les abeilles étant moins exposées aux pesticides.

    Connaissons-nous bien d'ailleurs l'histoire de cette vieille institution ? 

    C'est en Italie à Pérouse, en 1462 qu'est né le premier Mont de Piété destiné à combattre les pratiques de l'usure qui sévissaient alors, en proposant des prêts à faible taux. Le premier établissement est apparu en France à Avignon à la fin du XVIème siècle et à Paris en 1637. On doit son arrivée dans la capitale à Théophraste Renaudot, médecin, gazetier, créateur de l'ancêtre de "Pôle Emploi" mais aussi Commissaire Général des Pauvres du Royaume.

    L' Hexagone compta alors jusqu'à 58 établissements mais à la disparition de Richelieu et de Louis XIII, ses protecteurs, ils seront fermés. Ils ne réapparaîteront qu'en 1778, car les usuriers régnaient à nouveau en maître et pratiquaient des taux prohibitifs de 120 % l'an !  Le Mont de Piété de Paris ouvre rue des Blancs Manteaux dans un des bâtiments qu'il occupe encore aujourd'hui. Après une interruption de 2 ans pendant la Révolution, l'institution rouvre ses portes en 1797 pour ne plus jamais fermer et acquiert le monopole du prêt sur gage en 1804 par décision de Napoléon Bonaparte.

     

    Entrée historique rue des Blancs Manteaux

    Le développement est contrasté au gré des événements économiques et politiques durant le XIXe siècle, plusieurs succursales ouvrent nénamoins dans Paris. Avant la première guerre mondiale, l'activité est en déclin et l'établissement doit évoluer. Ainsi en 1918, il devient Crédit Municipal de Paris et s'oriente vers les activités bancaires. Durant la guerre de 39-45, l'établissement marche au ralenti. Ce n'est qu'en 1984 qu'il devient une banque à part entière et en 1992 qu'il est rattaché à la Ville de Paris qui en devient l' actionnaire unique.

     Entrée actuelle, 55 rue des Francs-Bourgeois (IVe)

                   

    Sur le plan architectural, les bâtiments imposants sont de style classique. Ils comprennent d'anciennes parties du couvent des Servites de Marie (cf notre article du 01/09/2012 consacré à l'église des Blancs Manteaux). Lors des journées du patrimoine, il est possible de découvrir certaines parties de l'ensemble immobilier: la tour Philippe Auguste de la fin du XIIe, la façade de l'ancien hôtel de Nouvion construit en 1680 et démoli en 1880, les cours Théophraste Renaudot et Framboisier de Beaunay construites par les architectes Charles-François Viel  et Emile Blanchard à la fin du XVIIIe. Le grand escalier avec ses quatre imposants faisceaux licteurs mérite le détour. On remarquera aussi les vantaux de la  porte d'entrée principale qui sont XVIIIème et classés à l'ISMH (inventaire supplémentaire des monuments historiques) depuis 1926. 

     

    CRÉDIT MUNICIPAL DE PARIS

     L'escalier avec ses quatre faisceaux de licteurs  

     

    Une rareté à ne pas manquer lors de ces visites, la machine à étuver les matelas … En effet au XIXème siècle les matelas, très nombreux, étaient acceptés en dépôt mais passaient dans cette machine avant d'être remisés. Les bicyclettes ont eu aussi un certain succès par la passé ainsi que les armes qui ne sont plus acceptées depuis la Révolution de 1848 où les émeutiers se sont emparés des armes gagées!

    Vue de la tour de l'enceinte de Philippe Auguste (IVe)

     

    Depuis quelques années le vin est pris en dépôt. Il faut aussi souligner que depuis le début de la crise que nous traversons, le nombre de visiteurs fréquentant chaque jour le Crédit Municipal est passé de 400 à près de 800. Ils bénéficient d'un prêt d'un an égal à la moitié de la valeur du bien confié (bijoux, argenterie, fourrures, porcelaines, tableaux, pièces de monnaie, bronzes, instruments de musique…entreposés sur des kilomètres de rayons). 90% des objets sont récupérés par leurs propriétaires, les autres sont vendus aux enchères sur place tel ce pastel de Renoir vendu en 2008.

    Lors des périodes de grande pauvreté, les biens sont rendus gratuitement et donnent lieu à ce qui est appelé un dégagement gratuit. 30 ont ainsi eu lieu entre 1777 et 1914. Quelques personnages célèbres ont eu recours au  prêt sur gage. Le prince de Joinville le fils de Louis Philippe qui a déposé sa montre pour honorer des dettes de jeux. Honteux, alors que sa mère s'étonnait de sa disparition, il lui répondit "je l'ai laissé chez ma tante" d'où l' appellation célèbre. Victor Hugo, Degas, Monet, Nadar ou Verlaine ont eu besoin des services du Mont de Piété. 

    Méditons enfin sur cette phrase de Théophraste Renaudot qui affirmait que "l'expérience a appris que, dans les affaires de la vie, un secours venu à propos avait toute l'importance d'un trésor".

    Mieux vaut être toutefois abeille que cigale.

    Dominique Feutry

     

  • Jean pierre timbaud rue des trois bornes nuit sept 2012Rue des Trois Bornes, une nuit de septembre, dans le XIe

     

    La situation est devenue ingérable dans le XIe. Nos amis du "Collectif Riverains du XIe", membres comme nous de "Vivre Paris !" ont essayé de mettre en oeuvre les dispositions que la Mairie de Paris et la Préfecture de Police, avec la contribution de Bruitparif, ont proposées dans le sillage des "états généraux de la nuit". Les conclusions sont rapportées dans un document dont nous vous invitons à prendre connaissance, présenté comme un "bilan au 30 septembre 2012".

    Trois bornes soirée trottoir 2012Jean pierre timbaud soirée privée sept 2012

     

     

     

    Rues des Trois Bornes et Jean-Pierre Timbaud – XIe, "dîner trottoir" et soirée privée en octobre

     

    Il est important que vous perceviez la détresse et la colère des habitants qui ne demandent qu'à vivre normalement chez eux. Vous comprendrez mieux sans doute notre combat, dans nos deux arrondissements du Marais, pour que la situation reste sous contrôle, comme elle l'est aujourd'hui si l'on exclut la seule et unique pierre d'achoppement que nous nous efforçons de surmonter.

    Il est utile que nous vous donnions cette information sur nos voisins pour que vous ne pensiez pas que  notre action a un caractère isolé et obsessionnel. C'est simplement parce que nous pensons que Paris doit rester une ville "à vivre", avec des habitants, et non pas un parc d'attractions dévolu aux touristes ou visiteurs en goguette en quête de beuveries nocturnes. Cette réflexion sera un enjeu important des élections municipales de 2014. Comme à l'ordinaire, nous resterons politiquement neutres mais très engagés sur ce thème. Au sein de "Vivre Paris !" et avec, nous l'espérons, votre soutien actif.

    Gérard Simonet

     

  •  Potelets-derapage-2    Un potelet déscellé…

    Nous attirons souvent l’attention des élus et celle de nos lecteurs sur les questions qui ont pour thèmes : la propreté, les tags, l’affichage sauvage, la pollution de l’air, la verdure, le bruit. Mais nous oublions parfois de souligner les petits détails qui nuisent aux efforts entrepris ici ou là pour améliorer notre environnement, la mise en valeur du Paris historique dans lequel habitants et touristes évoluent. Nous en voulons pour preuve quelques exemples pris au hasard.  

     ImagesCA9ELM7K Exemple de revêtement draînant

    Certains arbres ne disposent pas de grille de protection à leur pied car le trou où ils ont été plantés est de forme carrée. La terre donne un aspect de saleté amplifié par temps de pluie et par les déjections canines qui s’y trouvent. Pourquoi ne pas mettre, comme cela existe, un revêtement synthétique parsemé de petits cailloux conçu spécialement pour l’entourage des arbres et qui approprient l’aspect général des emplacements où ont été ainsi plantés les arbres?

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    Boites aux lettres taguées

    Combien de potelets, ces piquets disposés le long des trottoirs pour éviter le stationnement sauvage, sont tordus, peinturlurés, enlevés ou grossièrement sciés ou coupés à leur base, donnant un aspect de désordre ? Les potelets devraient faire l’objet d’un suivi rapproché afin de les redresser ou de les remplacer. Certes cela représente du travail mais les contrevenants, conducteurs de voitures qui abîment les potelets pour stationner malgré l’interdiction, les « voleurs » de potelets amovibles devraient être verbalisés plus sévèrement. Autre sujet, l’éclairage public. Dans certaines rues (comme par exemple la section de la rue des Francs Bourgeois, entre la rue des Archives et l'église des Blancs Manteaux), il est insuffisant et rend le parcours du piéton sinistre, notamment lorsque la nuit est entièrement tombée. Il a l’impression de ne plus être en sécurité. 

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    Bac à fleurs saccagé

    Le petit mobilier urbain sur lequel nous avons déjà insisté est dégradé par les tags, le petit affichage sauvage. Il est même souvent endommagé. Telle boîte électrique n’a plus son couvercle de protection, il a été arraché. Tel tuyau de gouttière est maculé d’affichettes. Tel pied de corbeille publique est en partie déboulonné penchant dangereusement. Telles plantes ont été arrachées des pots dans lesquels elles se trouvaient. Les plaques de rues, couvertes d'autocollants, deviennent illisibles et déconcertent les touristes à la recherche de leur chemin.

    Les exemples sont multiples et font penser à un certain laisser aller qui contraste avec l’image d’un Paris propre, ordonnancé, soigné que l’on souhaite véhiculer. Sans vouloir encourager une maniaquerie obsessionnelle car nous serions alors très éloignés de la réalité, il serait souhaitable que tous ceux qui ont en charge l’entretien de nos rues et du mobilier qui s’y trouve, corrigent ces déficiences souvent très visibles qui entachent les efforts menés par ailleurs en matière de propreté et d’amélioration de l’aspect général de nos rues, places et avenues.

     Dominique Feutry