Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2013

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    Le minibus incriminé rue Vieille du Temple (IIIe)

     

    Le 7 octobre 2012 Jean-François Leguil-Bayart signalait dans un article de notre blog le stationnement illicite d’un minibus-terrasse exploité par le restaurant–pizzeria "Pink Flamingos" au 105 de la rue Vieille du Temple (IIIe).

    Un temps enlevé, ce « véhicule ventouse » qui a fait son apparition dès septembre 2009 est réapparu depuis le 11 juillet dernier et occupe à nouveau, jour et nuit, une place de stationnement résidentiel à hauteur du N° 101 ! La police a été à nouveau alertée, car outre le côté illégal, ce minibus gêne la circulation des piétons sur un trottoir déjà étroit puisqu’il prolonge le restaurant et sa terrasse en servant de salle à manger et de fumoir.

    Quid de l’interdiction de fumer et des risques d’incendie voire d’explosion alors que le réservoir contient de l’essence ? Pour les jours de froid un radiateur électrique a été installé dans l’habitacle ! Le véhicule est-il assuré ?

    Au-delà de toutes ces considérations est-il normal que chacun fasse ce que bon lui semble selon ses commodités, ses envies par pur mercantilisme, en faisant fi de la gêne des piétons, des riverains, du site (face au Musée Picasso) et plus encore au mépris de la réglementation. Agir de la sorte depuis 4 ans sans qu’aucune réelle mesure ne soit venue empêcher son propriétaire de squatter une place de parking résidentiel laisse un goût amer. Il est même surprenant que cela ne donne pas d’idée à d’autres. Des caravanes, des roulottes, des cabines de camions, des camping-cars pourraient ainsi agrémenter le trottoir et faire écho à ce minibus. Car finalement, en ces temps difficiles, toutes les astuces sont les bienvenues pour favoriser le commerce! Nous serions néanmoins curieux de savoir si ce type de véhicules  en plus grand nombre pourraient rester aussi longtemps à cet endroit en toute impunité…

    Vivre le Marais ! a écrit au commissaire central du IIIe arrondissement pour lui faire savoir qu’elle désapprouvait cette installation et demandait un enlèvement immédiat sauf à connaître les éventuelles dérogations et donc les raisons qui auraient pu être données.

    Dominique Feutry

     

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    Corps de bâtiment sur rue de l'Hôtel de Sandreville, 26 rue de Francs Bourgeois (IIIe) 

     

    Le terrain sur lequel est construit l’Hôtel de Sandreville, 26 rue des Francs Bourgeois (IIIe), était, depuis le XIIIe Siècle, la propriété de la famille Barbette dont une rue proche porte le nom. Il s’étendait en fait alors jusqu’à la rue des Filles du Calvaire, et sera morcelé au XIVe Siècle.

    C’est en 1561 que la décision est prise de lotir le terrain. Celui-ci est racheté par Claude de Mortier, sieur de Soisy, Notaire et Secrétaire du roi afin d’y édifier une vaste résidence. Certains affirment que cette dernière fut plus grande que l’Hôtel Carnavalet. L’Hôtel a appartenu ensuite à un autre financier Guillaume Cornuel dont l’épouse, Anne Bigot, tenait un salon alors très en vue. A cette époque la rue attire d’autres financiers et prend même le surnom de rue des Francs Larrons ! Après de mauvaises affaires, Guillaume Cornuel vend son Hôtel à une grande famille bourgeoise, les Poncet dont l’un des membres est responsable du tri des papiers de Fouquet, il fut d’ailleurs parmi ceux qui étaient favorables à la mort du Surintendant. L’Hôtel passera ensuite à la famille Vallier-Le Mairat. Charles Louis Le Mairat fit édifier en 1767 la façade sur rue dans le pur style Louis XVI telle qu’elle se présente encore aujourd’hui. Il est aussi à l’origine de la surélévation de l’Hôtel d’un étage. A la Révolution, l’hôtel est vendu.

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    Une vue de la cour intérieure

    Durant tout le XIXe siècle, cinq propriétaires se succèderont. De 1843 à 1870, l’Ecole des Francs Bourgeois fondée par les frères des Ecoles Chrétiennes s’y installera. En 1870, elle déménagera dans l’Hôtel de Mayenne, rue Saint Antoine, où elle se trouve toujours mais en ayant gardé son nom d’origine d’Ecole des Francs Bourgeois. L’Hôtel de Mayenne a fait l’objet d’une somptueuse et récente restauration (voir nos articles des 12 mars et 14 septembre 2012).   

     

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    Datail du drapé sculpté de la façade sur rue

    Sous l’appellation d’Hôtel de Sandreville, il faut distinguer aujourd’hui deux hôtels d’époques différentes. Celui bâti vers 1586 en fond de cour pour Claude Mortier, sa façade restaurée est la plus belle et donne un bon exemple de l’architecture privée à Paris à la fin du XVIe siècle. Le second corps de l’Hôtel est celui sur la rue des Francs Bourgeois qui a été construit en 1767 par Louis-Charles Le Mairat dont la façade déjà de style Louis XVI est très classique et beaucoup plus sobre. De longs pilastres encadrent les fenêtres et un joli drapé sculpté souligne la corniche sous le toit, donnant de l'élégance à l'ensemble. Les vantaux du portail sont légèrement ouvragés et s'intégrent avce bonheur. 

    Le bâtiment est privé, il faut donc avoir la chance de passer lorsque le porche est ouvert pour admirer les bâtiments sur cour.

    Dominique Feutry

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    La place du Marché Sainte Catherine (IVe) et ses nombreuses terrasses très fréquentées 

     

    Une si jolie petite place aurait pu inspirer une chanson de Serge Reggiani qui y a habité plusieurs décennies, mais le charme de la place du Marché Sainte Catherine (IVe) a disparu. En effet, elle est ceinturée de restaurants aux terrasses extensives dépassant les clous délimitant les périmètres bien généreux octroyés par la Direction de l'Urbanisme et mettant à mal les autorisations délivrées sachant que certaines n'existent même pas !

    Les riverains de la place n'en peuvent plus mais, malgré toutes les actions qu'ils ont menées (commissariat mairie…), restées malheureusement vaines…

    Nous avons voulu nous rendre compte par nous mêmes de la situation. Le brouhaha permanent de la place dont la configuration agit comme une caisse de résonance impressionne par son intensité accentuée par les fréquentes montées de décibels provoquées par l'arrivée d'un  plat, d'une bouteille de vin ou par l'échauffement des esprits mais surtout  chaque fois qu'un anniversaire est souhaité et il y en a beaucoup… à croire que le lieu s'en est fait une spécialité ! La montée en puissance du bruit est alors à son comble d'autant qu'il est souvent repris en echo dans les établissements et terrasses voisins.

    Comment est-il possible de rester passif face à un tel laisser-faire ? Comment est-il possible de laisser les riverains aux prises avec une telle nuisance de jour et surtout de nuit, 7 jours sur 7 ? Comment est-il possible que les autorités compétentes ne prennent aucune mesure et ne viennent pas constater cette situation dégradée quasi permanente ? Cet état de fait s'ajoute d'ailleurs aux cas des personnes souvent alcoolisées qui prennent racine sur les bancs de la place, à l'ombre des arbres, et aux musiciens de rue qui n'hésitent pas à ajouter des décibels, comme si le bruit attirait le bruit, quelle que soit l'heure. La cacaphonie est alors à son paroxysme.

     

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    La même place de jour 

     

    Tant pis donc pour les riverains, ils n'ont qu'à habiter à la campagne comme le préconisent souvent ceux qui voudraient voir notre quartier dédié uniquement à la fête. Comme nous le rappelons souvent depuis quelques mois à l'approche des élections municipales, les habitants de la place, et non les consommateurs des établissements, sauront sanctionner ceux qui laissent perdurer cette situation intolérable voire infernale qu'ils subissent.

    L'été a été long à arriver, alors que la saison bat son plein, le chiffre d'affaires perdu lors du mauvais temps doit être rattrapé à tout prix et tant pis si c'est au détriment des riverains, d'autant qu'un certain nombre d'emplois sont à la clé. Ce type de refrain est malheureusement éculé et si aucun effort n'est fait, la situation déséquilibrée entre les habitants et les exploitants ne fera qu'empirer,  le conflit va s'enliser davantage, se durcir, avec le risque qu'il ne donne des idées à d'autres en des lieux similaires.

    Alors messieurs les représentants des pouvoirs publics il vous faut  agir rapidement pendant qu'il en est encore temps, le risque d'un mauvais fait divers, tant la tension est forte, n'est pas à exclure ! De son côté, Vivre le Marais ! interpelle par courrier le Commissaitre du IVe arrondissement, le Directeur de  l'Urbanisme et le Maire du IVe.

    Dominique Feutry  

     

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    Portail sur rue du 151 rue du Temple (IIIe)

     

    Rien ne laisse imaginer en voyant cette photo paisible d'un portail classique du XVIIIème siècle, entouré de commerces typiques de cette portion de la rue du Temple, qu'un litige courait depuis septembre 2010 entre le syndicat des copropriétaires de l'immeuble et la société SHANA, exploitante d'un salon de thé du nom de "Authentici'Thé".

    En réalité, derrière ce portail, s'ouvre une cour qui donne sur un grand local surmonté d'une verrière. Très rapidement, les copropriétaires et habitants se sont rendu compte que, sous couvert de l'exploitation d'un salon de thé bien classique, c'était une boite de nuit avec bar à narguilé qui s'y était développée, ouverte sept jours sur sept, de 18h00 à 02h00 du matin, dans le mépris le plus complet de la sacro-sainte tradition du "five o'clock". 

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    Cour intérieure et entrée de la boite de nuit, sur la gauche

     

    Le portail sur rue devait rester ouvert ou laisser libre cours aux allées et venues des clients. Dans ce but l'exploitant recruta des vigiles qui firent régner leur loi. Il s'ensuivit un grand désordre et un haut niveau d'insécurité pour les résidents, et beaucoup de bruit dû aux éclats de voix des clients et à la musique abondamment diffusée.

    Défendu par Me Ilana SOSKIN, qui assure par ailleurs notre défense face à la plainte pour prétendues diffamation et injures publiques de notre association à l'égard du COX-BAR, 15 rue des Archives (IVe), le syndicat des copropriétaires obtint le 11/07/2011 un jugement en référé du TGI (tribunal de grande instance) de Paris condamnant sous astreinte de 1.000 € par jour la société SHANA à respecter la destination originale de l'établissement ainsi que la tranquillité des habitants. Pour autant, les termes de ce référé n'ont pas été suivis d'effet.

    Aussi, le président du TGI prit-il une deuxième ordonnance le 26/03/2012 pour liquider la première astreinte en condamnant SHANA à payer 80.000 €, en ré-instaurant l'astreinte. SHANA fit appel. Dans sa décision du 14/02/2013 la cour d'appel condamnait définitivement SHANA en confirmant ce montant.

    La saga judiciaire s'est poursuivie.

    Le syndicat des copropriétaires découvrait en septembre 2012 que SHANA avait cédé le fond à une société du nom de ZADEN, dont le gérant est un ancien employé de SHANA. Une quatrième procédure a donc été lancée, contre SHANA, ZADEN et le propriétaire du local commercial. Le jugement en date du 20/06/2013 prononce la résiliation du bail de ZADEN, l'expulsion par la force si besoin est, le versement d'une somme de 10.000 € au syndicat au titre de l'article 700 du code de procédure civile.

    Ainsi les habitants ont-il été reconnus dans leurs droits. Droit de jouir sans nuisances de leur logement, droit  à la sécurité des biens et des personnes. Il reste à vérifier sur le terrain que l'activité source du litige a réellement et définitivement disparu.

    Notre expérience nous enseigne qu'il y a loin en France entre la condamnation et le retour à l'ordre public. Ceux qui sont condamnés se dispensent souvent d'obtempérer et la République se découvre impuissante.  Ainsi M. Samsam  Bakhtiari, un homme qui pourtant a ses entrées à la mairie de Paris qui l'a chargé des festivités du Pont Alexandre III (cliquer ici). Il présente un compte bancaire à découvert lorsque l'huissier mandaté lui demande de régler les dommages-intérêts qu'il doit au titre de sa condamnation pour tapage nocturne sur l'îlot Charlot, Forez et Picardie (IIIe) (cliquer là).

    En France, chez nous, une saisie sur compte bancaire infructueuse le jour "J" sur le compte "C" vaut pour le jour "J" seulemement et n'a aucun impact sur les autres comptes du débiteur. Il faut donc recommencer et régler à nouveau des honoraires d'huissier. En Belgique, juste à côté de chez nous, la saisie sur un compte "C" se propage sur l'ensemble des comptes du débiteur et reste valide sur une durée raisonnable. Le débiteur peut difficilement y échapper. Mme Christiane TAUBIRA, Ministre de la Justice, devrait se pencher sur cette faiblesse de nos institutions à moins qu'elle ne trouve que cette mesure est juste.

    Dans ce cas, nous devrons nous résigner à constater que tout est conçu chez nous pour faciliter la tâche des filous.

     

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    L'immense thermomètre du 36 rue de Poitou (IIIe) 

     

    Pourquoi la façade du 36 de la rue de Poitou (IIIe) est-elle ornée d'un thermomètre de taille impressionnante peint en noir et rouge qui indique la température extérieure ? Il s'agit en fait d'une enseigne rappelant qu'il existait autrefois dans cet immeuble une fabrique d'instruments de mesure nommée Lucien Hyppolyte Berne-Bourette. Ce nom figure d'ailleurs en haut du thermomètre. Fondeur et fabricant, cette entreprise est l'inventeur du pagoscope présenté à l"exposition internationale organisée à Paris en 1905. Cet appareil servait à indiquer la survenance de gélée pour les agriculteurs.  

    L'atelier fut transformé dès avant la Première Guerre Mondiale en hôtel dont la dénomination pour le moins originale fut "l' Hôtel du Thermomètre". L'atelier avait déménagé boulevard Beaumarchais avec une entrée rue Amelot. Le lieu est aujourd'hui devenu un immeuble d'habitation.

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    Un exemple de pagoscope

    Les témoignages  sur l'activité artisanale, des ateliers et entreprises divers  qui animaient le Marais autrefois ne  manquent pas, à l'instar de plaques qui rappellent que des personnages illustrent ont vécu dans notre quartier (notre article du 23 juillet 2012) .

    Nous aurons l''occasion d'en reparler lors de prochains articles.

    Dominique Feutry

     

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    Le toit fumant encore de l'Hôtel Lambert à la pointe de l'Ile Saint Louis (IVe) le matin du 10 juillet 2013

     

    L’incendie de l’Hôtel Lambert qui s'est déclenché le 9 juillet dernier a provoqué un émoi à la hauteur de l’intérêt historique de cet édifice exceptionnel situé à  la pointe de l’Ile Saint Louis proche du Marais dont elle ne fait pas partie. Ce drame est un événement qui ne peut pas laisser indifférent même si il n'y a eu à déplorer heureusement aucune victime humaine. Mais ce qui est parti en fumée a bel et bien disparu et les dégâts collatéraux sur ce qu’il reste sont significatifs. Il est déjà envisagé pas moins de 2 ans de restauration sur laquelle se sont engagés les propriétaires et l’Etat. La perte majeure semble être ces fameux décors d’un cabinet réalisés par Eustache Lesueur au XVIIe siècle. Un escalier aussi se serait effondré…L’architecte en charge de la rénovation de l’Hôtel veut rester optimiste indiquant que tout n’était pas détruit et que les murs allaient sécher doucement afin que les décors n’éclatent pas.

    Classé monument historique en 1862, représentant 4000 m2 de superficie, l’Hôtel Lambert qui doit son nom à son commanditaire, le secrétaire de Louis XIII, a été construit en 1640 par Levau que l’on retrouve à Vaux-le-Vicomte et à Versailles. Les plus grands artistes de l’époque ont travaillé sur ce chef d’œuvre. Outre Le Sueur, Charles Le Brun y peignit les peintures de la galerie d’Hercule. En dehors de différents cabinets (cabinet des Muses, cabinet de l’Amour. ..) datant de cette époque, il existe encore de nombreux plafonds à solive. Des témoins du XVIIe siècle rares à Paris. Des transformations ont eu lieu au fil du temps dont des appartements néogothiques aménagés sous les combles qu’occupa Michèle Morgan. Voltaire y séjourna, l’édifice appartenait alors au marquis du Châtelet, le mari de la célèbre femme éponyme.

     

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    La galerie d'Hercule peinte par Le Brun qui serait épargnée

    De grandes fêtes y furent données, Lamartine, Balzac, Chopin, Georges Sand s’y rendaient fréquemment. Les célèbres fêtes données au siècle dernier par le baron Redé notamment celle de décembre 1969, appelée le « Bal oriental » fut une des dernières grandes manifestations mondaines de grande ampleur organisées dans ces lieux. On rapporte que des éléphants en papier mâché accueillaient les invités dans la cour de l’hôtel. Des « esclaves noirs » torse nu portaient des torches dans le grand escalier menant à la salle de bal, tandis que des automates jouaient de différents instruments disposés dans galerie d'Hercule…

     

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    Détail d'une partie des peintures de Lesueur détruites

    Racheté en 1975 par Guy de Rothschild, l’Hôtel a été acquis en 2007 par la famille al-Thani apparentée à l’Emir du Qatar. En travaux depuis lors, les difficultés et la polémique ont émaillé cette période, le parking souterrain comme d’autres demandes, contraires à l’intérêt de l’édifice, ayant été refusés par la Ville de Paris. Dès fin 2008 (voir notre article du 23 décembre) nous évoquions « la tempête » déclenchée par les projets d’aménagement des nouveaux propriétaires.

    Nous osons croire que ce pénible et triste épisode servira à démonter qu’une vieille dame telle que cette bâtisse du XVIIe siècle ne se traite pas comme n’importe quelle construction dépourvue d’histoire et de riches témoignages du passé. Aussi souhaitons-nous que la restauration soit à la hauteur de l’enjeu.

    Dominique Feutry

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    Schéma décrivant les avantages du systéme de paiement par Smartphone du stationnement à Valenciennes

     

    Bientôt Paris va suivre l’exemple de plusieurs villes de banlieue ou de province et permettre le paiement du stationnement par téléphone portable.

    Une consultation va être lancée pour la mise en place de ce système. Il sera d’abord testé dans les 4 premiers arrondissements pour les visiteurs avant d’être étendu à tous, courant 2014. En revanche ce n’est qu’en 2015 que l’ensemble de la capitale pourra bénéficier de ce système.

    Le but avoué, outre les avantages décrits dans le schéma de la ville de Valenciennes repris ci-dessus, est de faire monter le taux des usagers qui paient le stationnement. Celui -ci n’est en réalité que de 10% actuellement, ce qui est particulièrement faible! Bien entendu il faudra disposer d’un Smartphone ou d’un mobile classique pour utiliser ce service. En donnant des informations concernant le véhicule, un ticket virtuel sera alors émis et pourra être contrôlé par les agents de surveillance de Paris équipés d’un matériel de lecture adapté.

    Nous souhaitons que le coût de ces évolutions techniques louables sera compensé par l’augmentation du nombre de payeurs et non par l’augmentation des tarifs. D'ailleurs les parlementaires étudient actuellement l'éventualité de l'application du systéme du forfait pratiqué dans d'autres pays où tout non payeur reçoit directement à son domicile  une facture de 8 à 10 fois le montant du ticket de stationnement non acquitté.  

    Dominique Feutry

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    Le musée Carnavalet 23, rue de Sévigné (IIIe) et son jardin dessiné en 1950

     

    Construit par Pierre Lescot au XVIe siècle pour Jacques de Ligneris, Président du Parlement de Paris, l’Hôtel Carnavalet (23, rue de Sévigné IIIe) fait partie des plus anciens hôtels particuliers du Marais. Il présente des similitudes quant à son plan avec le château d’Ecouen. Les statues extérieures que l’on peut admirer sont l’œuvre de Jean Goujon à qui l’on doit le célèbre tombeau de Diane de Poitiers et dans notre quartier le portail de côté de l’église Saint Nicolas des Champs (notre article du 12 octobre 2012). Passant de mains en main en main, il appartint à Claude Boislève qui le fit modifier par F. Mansart au XVIIe siècle. Ensuite il fut occupé en tant que locataire par Mme de Sévigné, à la Révolution il appartenait à la famille du Pré de Saint-Maur. Transformé en école des Ponts et Chaussées, il abrita alors différentes institutions jusqu’à ce que Haussmann préconise à la Ville de Paris de l’acheter, ce qu’elle fit en 1866 afin d’y installer ses collections historiques. Les nombreux travaux en cours alors au sein de la capitale étaient une source abondante d’apports architecturaux et de témoins d’exception pour ce futur musée. Malheureusement un certain nombre ont disparu car, alors qu’ils étaient encore en attente d’affectation à l’Hôtel de Ville, ils brulèrent dans l’incendie de la Commune. Malgré cela l’apport fut important, en particulier dans les années qui suivirent l’ouverture du Musée au public en 1880. Aussi dès 1881, il fut décidé de vendre à l’Hôtel Drouot les pièces les moins précieuses (soit au total plus d’un millier de faïences, meubles, étains etc…).

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    Pirogue néolithique  provenant du site archéologique de Bercy

     

    En 1998 la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris (notre article du 06 mars 2013) déménage de l’Hôtel Carnavalet pour l’Hôtel Le Pelletier qu'elle quittera 70 ans plus tard afin de s’installer sur son emplacement actuel l’Hôtel de Lamoignon. Ce départ a permis en 1989, après de lourdes restaurations et des aménagements, de relier par une passerelle les Hôtels Carnavalet et Le Pelletier pour n’en faire plus qu’un seul musée. Il convient de rappeler qu’entre temps les costumes sont transférés au Palais Galliera devenu le Musée de la Mode et du Costume. L’Hôtel Le Pelletier de Saint Fargeau doit son nom à celui pour qui il fut construit au XVIIe siècle, Michel Le Pelletier Intendant de France. Il comprend des pièces majeures de l’art de cette époque dont le grand escalier a la rampe exceptionnelle, de vastes cheminées et des carrelages d’origine.

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    Un des salons reconstitués

    Carnavalet abrite les témoignages de la préhistoire jusqu’à la Révolution. L’immeuble Le Pelletier recouvre la période postérieure. Les jardins que l’on peut admirer de l’extérieur et attirent le regard datent de 1950.
    Des cabinets et salons d’Hôtels particuliers richement décorés mais détruits ou transformés ont été regroupés à Carnavalet. Ceux des Hôtels de Rivière ou de Villacerf sont remarquables. Une suite de salons d’époque Louis XV et Louis XVI méritent le détour. Les lambris d’origine recouverts de plusieurs couches de peinture ont été restitués dans leur couleur d’origine qui ont surpris par leur aspect vif, leur donnant un éclat tout particulier. Les souvenirs de la Révolution foisonnent et sont très touchants, tels les soldats de plomb du Dauphin. Parmi les acquisitions récentes les plus importantes, la salle de bal Art Déco de l’Hôtel de Wendel peinte par José Maria Sert en 1925 est imposante.
    Bien entendu les objets de fouille notamment les fameuses barques du néolithiques découvertes à Bercy en 1991 occupent de larges espaces de même que les pièces gauloises ou les enseignes anciennes de magasins. Pour les amoureux de Proust, il est possible de visiter la chambre où il écrivit à la Recherche du Temps Perdu (son pendant est visible dans le château de Breteuil de la vallée de Chevreuse).

     

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    La fameuse vitine de l'apothicaire Lescot

    Le musée Carnavalet est le plus ancien musée municipal de Paris, il dispose de 600 000 œuvres, d’un atelier de restauration, d’un fonds très riche de documents (dessins, affiches, photographies…).
    Notons que l’établissement est aussi en charge de la Crypte du Parvis de Notre Dame et des Catacombes.

    Un grand musée donc pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de Paris.

    Dominique Feutry

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    Faucon crécerelle sur une gargouille de Notre Dame (IVe)

     

    Nous avons parlé dans différents articles de notre blog du retour des renards, des corbeaux sur Paris, des rats dérangés par les grands chantiers en cours, notamment celui des Halles.

    Des observateurs rapportent que les faucons sont plus nombreux dans Paris intramuros. Le nombre de 66 individus est répertorié (ils étaient 40 en 1989). Une conférence très intéressante leur a été consacrée récemment à l'Hôtel de Ville par le Centre Ornithologique Île de France (CORIF).

    Le plus représenté de ces oiseaux est le faucon crécerelle. Il recherche les endroits élevés avec des trous afin de protéger sa progéniture. Il y en a sur Notre Dame. Il chasse des moineaux et des petits rongeurs. Il ne s'attaque pas aux pigeons trop gros qui sont la proie du faucon pèlerin. Mais un seul couple de ce dernier a été décompté dans toute la capitale . Toutefois il vient d'avoir sa première nichée. Un événement exceptionnel dont on parle peu et qui pourtant n'était pas intervenu depuis plus de 100 ans!

     

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    Faucon pélerin 

     

    Cette régénérescence de la faune parisienne due a sa meilleure santé est très encourageante…même les anguilles repeuplent la Seine.

    Sachons mettre tout en oeuvre pour que ces espèces s'installent de façon pérenne, que d'autres puissent les rejoindre et qu'elles reprennent possession de l'espace qu'elles occupaient autrefois duquel la pollution et notre mode de vie les avaient chassés.

    Dominique Feutry

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    Dans un article du 29 avril 2011 intitulé « Plan de prévention du bruit dans l'environnement : la Mairie de Paris lance son groupe de travail », nous faisions le point sur le bruit, la nuisance environnementale numéro 1 pour les habitants selon une enquête de l'Observatoire du Bruit en Île de France et les mesures qui pouvaient être prises.

    Un groupe de travail initié par la Ville de Paris réunissant de nombreux spécialistes et organismes compétents et des représentants des habitants dont Vivre le Marais! a passé en revue les mesures éligibles au PPBE (plan de prévention du bruit dans l'environnement), qui sont déjà engagées, plan qui aurait dû être présenté dès 2008 par la Ville au terme d’une directive de 2002 de Bruxelles. 2012 constituait la limite ultime pour le produire. Le groupe de travail s' est penché sur le bruit des deux roues, les klaxons, les sirènes des véhicules d’urgence considérées comme les principales agressions. Des actions de sensibilisation sur l'interdiction du klaxon en ville devaient être entreprises prolongées, ce que nous préconisions, par des actions de communication permanentes sur le bruit.

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    Malheureusement depuis lors, nous constatons peu d’évolutions si ce n’est une nuisance par le bruit de plus en plus prégnante pour les habitants en particulier la nuit du fait de comportements irresponsables que nous avons dénoncés à maintes reprises.

    Or force est de signaler qu’en raison d’une mise en œuvre insuffisante de la directive en question à l’échelle du territoire français, la Commission Européenne vient de mettre en demeure les autorités Françaises par courrier en date du 31 mai 2013 !

    Il est ainsi précisé dans Actu bruitparif de juin 2013 que « des données relatives aux cartes de bruit stratégiques concernant certaines agglomérations ou certaines grandes infrastructures n’ont ainsi toujours pas été remontées à la Commission Européenne, alors que ces cartes devaient être établies au plus tard le 30 juin 2007. La Commission observe également que les informations qui lui ont été fournies sur certaines agglomérations ne permettent pas toujours d’apprécier si celles-ci sont complètes et satisfont aux exigences de la directive. Concernant les plans d’action qui auraient dû être publiés avant le 18 juillet 2008, la situation est encore plus grave dans la mesure où la Commission observe que sur les 24 résumés des plans d’action relatifs aux agglomérations qui auraient dû lui être transmis par les autorités françaises, seuls deux (Rennes et Montpellier) satisfont aux exigences de la directive. La Commission Européenne observe également que ne lui ont toujours pas été transmis non plus la très grande majorité des résumés des plans d’action relatifs aux grandes infrastructures identifiées sur le territoire. Par ailleurs, la Commission relève que le public ne semble pas toujours avoir été consulté sur ces plans d’actions, contrairement à ce qui est requis par la directive ».

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    Nous avons ainsi la démonstration qu’un tel sujet, une des principales nuisances de notre quotidien dénoncée par la majorité des habitants des grandes villes, n’a pas fait l’objet d’une prise en compte suffisamment sérieuse et nous vaut les diatribes de Bruxelles.

    N’aurait-il pas été plus simple, en concertation avec toutes les parties prenantes, de prendre en mains cette nuisance des temps modernes qui est la cause de bien des perturbations pour ceux très nombreux qui la subissent.

    Peut-être que Bruxelles aura plus de poids que les parisiens car nous ne pouvons plus rester au stade des incantations ?

    Dominique Feutry