Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2013

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    C'est dans ce décor d'un immeuble Régence du XVIIIème siècle, sans doute le plus beau de la rue du Temple (IVe), que se déroule un psychodrame permanent depuis deux ans déjà.

    Au rez-de-chaussée, un magasin de chaussures de sport, dont la devanture et la vitrine ne desservent en rien l'esthétique de la rue et de l'immeuble. Enseigne discrète et couleurs de bon aloi. Ouvert le jour, fermé la nuit, ce que d'aucuns voient comme un avantage énorme au regard de la tranquillité des riverains. Un détail cependant : il règne à l'intérieur, de façon quasi permanente, une musique techno que diffusent quatre haut-parleurs.

    Ce commerce a ouvert ses portes il y a près de deux ans.

    Au-dessus, derrière les deux grandes fenêtres vit Evelyne F. Elle est taductrice en langues orientales. Elle affirme, ce que nous croyons volontiers, que cette discipline exige de la concentration. Il y a deux ans, elle a commencé à souffrir sévèrement du bruit en provenance du magasin. "C'est comme des coups de marteau sur une enclume", nous dit-elle. Nous avons compris que les basses traversaient le plancher, d'autant plus aisément que les enceintes sont positionnées sous le plafond du magasin.

    Pour une fois, il ne s'agissait pas de tapage nocturne mais de bruit dérangeant en plein jour. Nous avons orienté Evelyne F. vers le BACN (bureau d'action contre les nuisances) de la Préfecture de Police. Un inspecteur s'est rendu sur place en avril 2012 et a constaté des émergences "non conformes au code de la santé publique". Le jour, on sait que ces émergences ne doivent pas dépasser 5 Décibels (NB : 5 décibels équivalent à un triplement environ du bruit de fond).

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    Evelyne F. à son bureau

    Il s'en est suivi une mise en demeure du commerçant de mettre son installation sonore en conformité, en installant un limiteur de volume. Ce qu'il fit.

    On pourrait penser que l'histoire finit là. Il n'en est rien. Selon Evelyne, il y a des périodes de calme de plusieurs jours puis le bruit reprend, pas très fort mais lancinant, répétitif, exaspérant, comme l'est un suplice chinois. Elle s'enfuit pour rechercher la quiétude de la bibliothèque de la rue Portefoin. Sa santé en souffre. Les jours de crise, quand dit-elle ses voisins du dessous font la sourde oreille à ses protestations, elle doit prendre des calmants.

    Pour ne rien arranger, profitant de l'une de ses absences, des voyous l'ont cambriolée en escaladant sa fenêtre sur cour. Tous ses souvenirs de famille, des bijoux auxquels elle tenait, sont partis sans retour.

    Pour nous être rendus sur place, aux heures d'ouverture du commerce, nous pouvons attester que l'appartement était calme. Nous ne pouvons pourtant pas penser qu'Evelyne affabule. Il est plus que probable que les gérants, involontairement ou pour la provoquer, titillent leur sono. Si c'est le cas, le jeu est cruel car cette dame est en souffrance.

    Face à une telle situation il faut se garder de juger. On sait pourtant que le conflit serait définitivement apaisé si le gérant maitrisait sa musique ou plaçait simplement ses enceintes à distance du plafond. Il n'est pas né encore celui qui démontrera que réduire une musique ambiante de 2 ou 3 décibels fait chûter les ventes. C'est une sornette qu'on entend trop souvent.

    Qu'il le fasse donc, même s'il est démontré qu'il est désormais en règle avec le code de santé publique. Quant à Evelyne F. assurée de pouvoir vivre tranquille, nous sommes convaincus qu'elle serait dès lors une voisine charmante plus encline à lancer des fleurs que les pots de terre qui les contiennent.

    Gérard Simonet

     

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    Le clos des Blancs Manteaux (IVe) 

    65 jardins partagés existent actuellement à Paris. Phénomène de société plus que de mode, le jardinage est néanmoins devenu tendance et pour ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un jardin privé, un balcon planté ou une cour verte, les villes offrent souvent, comme le fait Paris, la possibilité de s’adonner à ce plaisir terrien, au travers d’associations d’habitants qui gèrent ces lieux privilégiés que sont les jardins partagés.
    Le Marais n’est pas le moins favorisé des quartiers sur ce plan mais il ne compte que 3 jardins partagés alors que le XIXe ou le XXe en comptent respectivement 16 et 12.

    Ces endroits sont cultivés soit en commun soit divisés en parcelles et chacun peut y planter légumes fleurs et fruits selon ce qu’il souhaite. Nos 3 jardins sont le Clos des Blancs Manteaux (IVe) au 21 de la même rue. Géré par l’association « Les jardiniers du IVe », il s’étend sur 27 m² ce qui est peu. Le cadre par contre et très agréable et très reposant dans un site entièrement clos. Le second jardin de 70 m2 appelé Anne Franck, dans le jardin public du même nom au 4 Impasse Berthaud (IIIe), est géré par l’association « 1001 feuilles ». Il donne l’impression d’espace compte tenu de sa situation au sein d’un terrain vaste.  

     

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    Jardin partagé Anne Franck Impasse Berthaud (IIIe)

     

    Enfin, le jardin sdes oiseaux rue des oiseaux (IIIe) (cf nos articles des 5 juillet 2009 et 16 octobre 2012) est sous l'égide de l'association "les jardiniers du IIIe". Il est le plus grand des trois, 120 m2, enchâssé sous de grands murs, il jouxte le Marché des Enfants Rouges.
    Tous ces jardins sont situés sur des terrains mis à la disposition par la Ville de Paris. Ils ont le label Main Verte (MV) c’est-à-dire qu’ils sont intégrés à un réseau qui a signé une charte avec la Ville, ce qui leur permet, dans le respect de l’environnement et du développement durable, de bénéficier d’informations et de conseils appropriés. Ouverts au moins deux fois par semaine et le plus souvent le samedi et le dimanche, ces lieux sont alors accessibles à tous et pas seulement aux écoliers.
    Il est intéressant de souligner l’existence de la Maison du Jardinage qui se trouve Parc de Bercy et qui offre notamment des cours de jardinage, des conférences, des expositions et dispose d’une salle de documentation.

    Nous souhaitons que d’autres jardins de ce type voient le jour, les listes d’attente de jardiniers sont souvent longues.L'expérience qui va être lancée sur les toits d'immeubles du quartier de Beaugrenelle pourrait faire école.

    Dominique Feutry

     

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     Un mur avec 2 belles colonnes martyrisé dans le passage des Gravilliers (IIIe) (Photo VlM)

     

    Le passage des Gravilliers (IIIe) relie la rue Chapon (N°10) à la rue des Gravilliers (N°19). Il fut ouvert en 1829 et fait 54 m  de long sur 3,60 m de large. Il est bordé de magasins dont une ancienne miroiterie et depuis quelques temps déjà de 3 galeries d'art. Commode pour aller d'une rue à l'autre, emmener ses enfants à l'école ou gagner du temps pour faire ses commissions, le passage comporte aussi des entrées d'immeubles permettant d'accéder aux habitations qui le bordent.

     

     
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     Pendant du mur de la photographie ci-dessus lui aussi outrageusement saccagé (Photo VlM)

     

    Si la demie partie du passage, côté rue Chapon, est dans un état à peu près correct, tel n'est pas le cas de l'autre section particulièrement sale, encombrée de poubelles pleines à ras bord qui lorsqu'elles ne peuvent plus obsorber les détritus, se retrouvent  enchassées dans les ordures de toutes natures. Mais au-delà de cet état de fait, ce sont surtout les tags qui régnent en maître sur ces façades qui en sont totalement recouvertes. Ces tags hideux quasi monstrueux et de cette importance, choquent dans un tel lieu. On se demande si les habitants et les copropriétaires, puisque l'endroit est privé (des portes en fer ferment d'ailleurs  les entrées notamment la nuit) n'ont pas baissé les bras,faute de venir à bout de cette gangrène que sont ces barbouillages peinturlurés totalement informes dont les auteurs agissent en tout irrespect et en toute illégalité.

     

     Tapis

    L'entrée du passage des Gravilliers telle qu'elle se présente habituellement côté rue des Gravilliers, les poubelles sont derrière la grille (Photo VlM)

     

    Que peuvent penser ceux qui empruntent ce passage ou passent à  proximité (un hôtel proche accueille de nombreux touristes étrangers) et voient cette mise en coupe réglée d'un quartier historique par des vandales qui "oeuvrent" cachés?

     

     
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     Le porche de l'entrée du  20 rue des Gravilliers (Photo VlM)

    Le portail du 20 rue des Gravilliers juste en face du passsage est aussi dans un triste état formant comme un pendant ! Nous l'avons signalé au service spécialisé de la mairie. Pour le reste, il s'agit d'un domaine privé mais la Mairie de Paris ne se gène pas pour demander aux propriétaires de ravaler leurs façades sur rues ou sur cours ! Pourquoi reste-t-elle passive face à de tels endroits ? Trop de passages privés sont dans cet état comme si on laissait volontairement le sort s'acharner sur eux (cf article du 15 mars 2013 ). Paris ne peut pas devenir un immense atelier de peinture à ciel ouvert pour barbouilleux !   

    Dominique Feutry

     

  • Quatre fils 2 effacement 29 03 13 Mur pignon angle Quatre-Fils/Vieille du Temple (IIIe), 29 mars 2013 (photo VlM)

     

    Il a pris une échelle et un pot de peinture ce matin pour inviter le maniaque qui sévit dans le quartier avec un message débile, à aller taguer ailleurs (ou à la grande rigueur ne plus taguer du tout).

    Nous félicitons ce riverain anonyme pour son initiative. Il reste que le travail n'est pas parfait et si la Mairie de Paris en est d'accord, elle pourrait envoyer le prestataire spécialisé donner un dernier coup de pinceau ou de rouleau, histoire d'éliminer le spectre de l'inscription indésirable.

    C'est l'occasion pour nous de faire le point. Tout le monde en convient, les tags sont un fléau. Ils défigurent l'environnement, sont anxiogènes, et coûtent 4,5 Millions d'€ à la Ville de Paris, donc aux contribuables, pour leur effacement. A l'échelle du pays, c'est une charge de l'ordre de 100 millions d'€, sans compter les dégradations dont souffrent les services publics comme la SNCF et le métro. Il faut relever que l'addiction à cette manie pénalise fortement le pouvoir d'achat de ceux qui s'y livrent

    A Paris, la direction de la propreté confie depuis 2002 la charge d'effacer les tags à des entreprises spécialisées. Depuis juin 2011, elles sont deux à se partager Paris (Nord et Sud de la Seine). Celle qui était en charge de la rive droite, jusqu'à l'an dernier, nous a fourni de piètres prestations. Celle qui a pris le relais est incontestablement plus efficace.

    Il faut retenir le mode d'emploi, que nous n'avons jamais cessé de répéter : à l'apparition d'un tag qui dérange (chez soi ou ailleurs) il faut aller sur le site de la Mairie de Paris. Voici le lien. Placez le dans vos "favoris". Vous le trouverez aussi sur notre blog dans la colonne de gauche page d'accueil ("liens utiles") en bas. En cliquant dans ce lien, la Ville vous propose un formulaire pour identifier l'adresse du tag ou graffiti.

    Nous en avons fait vingt fois l'expérience : la réaction est rapide et le travail bien fait.

    Mais ce n'est pas tout. On ne peut pas rester éternellement à la merci des barbouilleurs. Ils ne bénéficient d'aucune impunité a priori. Il est préférable certes de les prendre en flagrant délit mais ils peuvent aussi être confondus au terme d'une enquête car ils ont généralement pignon sur rue et site Internet. il faut pour cela qu'une plainte soit déposée. N'hésitez pas à vous rendre au commissariat d'arrondissement où votre plainte sera prise.

     Le risque pour le délinquant n'est pas mince : un graffiti sur une façade non autorisée est passible d'une amende allant jusqu'à 7.000 € pour un édifice public et la réparation des dégradations. Le dépôt de plainte a aussi pour effet d'orienter les rondes nocturnes de la police vers des interpellations en flagrant délit.

    Pour qu'une vaste action citoyenne se développe contre cette pratique détestable, transmettez cet article à vos contacts.

    Gérard Simonet

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    Façade de l'immeuble des Bains Douches 7 rue Bourg L'Abbé (IIIe) 

    La presse a levé un peu le voile sur la transformation en hôtel de luxe de l'ex-boîte de nuit des Bains Douches située rue Bourg l’Abbé (IIIe), lieu de fête qui a connu ses heures de gloire dans les années 80 – 90. Cet endroit célèbre dès après sa construction en 1884, où se sont rendus des personnages connus mais aussi des forts des halles qui y prenaient leurs douches, est devenu un établissement de nuit à partir de 1978.

    Il a dû fermer ses portes il y a 3 ans, à la suite d’un arrêté de péril, l’immeuble étant fragilisé consécutivement à des travaux illégaux effectués sans aucune autorisation (pas d’accord du propriétaire, pas de permis et pas de déclaration en Préfecture !). La discothèque, décorée par Philippe Starck, qui a vu démarrer David Guetta et accueilli des artistes et personnalités du moment a donc dû arrêter son activité. La porte d’accès a même alors été murée. Il faut donc désormais rénover l’endroit sans en changer l’esprit ainsi que le souhaite le propriétaire.

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    Plaque toujours visible à côté de la porte d'entrée des anciens Bains Guerbois

                

    La solution de l’hôtel de luxe s’est ainsi imposée mais selon semble-t-il un concept inédit (les termes « bohême » et « inventif » sont avancés) qui reste confidentiel pour l’instant. Seuls quelques noms de décorateurs ont été rendus publics, comme Denis Montel dont le cabinet est en charge de l’aménagement des magasins Hermès ou Tristan Auer qui rénove les Hôtels du Louvre et Le Crillon.

    Pour les restaurants, serait retenu le nom du chef du Shangri, Philippe Labbé. On parle aussi comme source d'inspiration, du modèle du Château Marmont de Los Angeles (lieu mythique hollywoodien imitant le château d'Amboise où sont venues de nombreuses vedettes, de James Dean à Jim Morrison en passant par Elisabeth Taylor). L’ouverture est programmée pour l’été 2014.

     Images douches CANHF5I7Un exemple de "Street Art" à l'intérieur du bâtiment


    En attendant le lancement des travaux, le lieu a été transformé en résidence d’artistes. Le propriétaire a autorisé une quarantaine d’artistes  du « Street Art » à s’exprimer dans l’ensemble des locaux (3 000 m2), mais ce n’est « visitable » que sur le web puisque la sécurité du public ne peut être assurée…

    Augurons d’un bel établissement qui saura préserver l’esprit des concepteurs de cet édifice du XIXe siècle, tout en offrant des prestations étendues, puisqu’il est même question que s’y déroulent des concerts privés. La rue va être ainsi rehaussée, ce qui est plutôt positif pour l’activité et l’animation du quartier. Beaucoup se souviennent des nuisances nocturnes notamment en matière sonore mais aussi de propreté ainsi que de ce petit jeu qui consistait en sortant des « Bains » à monter sur une voiture en stationnement et de passer de l’une à l’autre, de toit en capot et de capot en toit, de façon à rejoindre ainsi l’autre extrêmité de la rue. Bien entendu les carrosseries étaient toutes à revoir !

    Dominique Feutry

     

  • Peninou maoMao Péninou (photo VlM)

     C'était notre interlocuteur pour les "états généraux de la nuit", qui se sont tenus en novembre 2010, et les réunions bi-annuelles de suivi. Elu du XIXe au conseil de Paris en 2008 et nommé Maire-Adjoint chargé du "bureau des temps" et de la qualité des services municipaux, il a changé de fonction en  février 2013 et devient notre interlocuteur en charge de la propreté de Paris.

    Il remplace à ce poste François Dagnaud, devenu Maire du XIXe, avec qui de nombreux échanges avec "Vivre Paris !" ont eu lieu ces dernières années

     

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    Philippe Ducloux (photo VlM)

     Elu conseiller de Paris dans le XIe, Philippe Ducloux vient d'être nommé Maire-Adjoint en remplacement de Mao Péninou, avec les mêmes responsabilités, notamment le suivi des "états généraux de la nuit". Il devient notre interlocuteur à ce titre. Nous l'avons rencontré le 27 mars dans son bureau pour une prise de contact, dont on espère qu'elle inaugure des relations détendues et constructives.

     

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    Elisabeth Borne (en compagnie de Bertrand Delanoë)

    Elisabeth Borne était la directrice de l'urbanisme à la Mairie de Paris. C'est avec elle et ses adjoints que  "Vivre Paris !", a négocié le nouveau règlement des étalages et terrasses en 2011. Polytechnicienne, ingénieur du corps des ponts & chaussées, elle quitte ses fonctions pour la région Poitou-Charent dont elle est devenue la préfète en février.

    Nos interlocuteurs à la direction de l'urbanisme, sont désormais Denis Pétel, directeur adjoint de l'urbanisme et Denis Caillet, sous-directeur du permis de construire et du paysage de la rue. Une rencontre est prévue avec eux le 18 avril.

    Gérard Simonet

     

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    Le théâtre "La Tour Vagabonde"

    Une construction bizarre a fait son apparition depuis peu dans le jardin de la Cité des Arts, 18 Quai de l’Hôtel de Ville (IVe).  Il s’agit d’un théâtre en bois, le pendant non prévu de la salle éphémère de la Comédie Française dans les jardins du Palais Royal. Elle étonne tant par sa forme circulaire que par l’emplacement où elle a été autorisée à s’installer face à l’Ile Saint-Louis.

    Ce bâtiment de 12 m de diamètre et près de 11 m de haut est en tous points dans l’esprit des théâtres anglais des XVIe et XVIIe siècles. Les spectateurs disposés en cercle au sol et dans les gradins sont au plus près des acteurs et de la scène. Le "Théâtre des Muses" qui a fait l’objet d’un article (31 janvier 2013) de "Vivre le Marais !" avait adopté cette disposition des spectateurs, mais ceux-ci étaient debout alors que dans le cas présent ils seront assis sur des chaises ou des bancs.

    Certains poussent la comparaison jusqu’à dire que ce théâtre installé temporairement est analogue au fameux "Globe Theater" de Londres sous l’ère élisabéthaine. Appelée la « Tour Vagabonde », cette salle de spectacle est née en suisse avec la vocation d’être nomade. Il faut 4 jours pour la monter tel un meccano. L’accès aux gradins se fait par un escalier intérieur.

     
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     Intérieur du Théâtre

    La "Compagnie des Milles Chandelles" qui va s’y produire est constituée de comédiens issus pour nombre d’entre eux du cours de Jean-Laurent Cochet. Ils déclament mais chantent aussi sur la musique élaborée à partir de partitions classiques connues. Les représentations programmées sont celles de Shakespeare : En soirée, « Roméo et Juliette » jusqu’au 19 juin et en après- midi, du 21 mai au 07 juin, « Comme il vous plaira ». Il est aussi prévu d’intéresser le jeune public avec un spectacle en matinée inspiré du célèbre auteur anglais.

    Enfin pour être complet, signalons qu'il est aussi possible de suivre des stages de théâtre et une master class. Outre les remorques que l’on aperçoit et qui constituent les loges, une seconde construction, plus petite, jouxte le bâtiment principal. Il s’agit de la « Pinte à Fondue » c’est-à-dire la « Win stub » du théâtre où les passionnés de beaux vers pourront échanger autour d’une raclette ou d’une soupe. Si certains ont pu dire que cette salle était un véritable bijou, nous comprenons mieux pourquoi elle a pu s’installer dans un endroit aussi prestigieux que le Marais. Augurons d’un beau succès pour les représentations prévues comme cela fut le cas à Metz, Nancy, Dijon ou Fribourg.

    Dominique Feutry

     

     

  • Judicaël "Musiciens du silence", huile sur papier, de Judicaël

     

    Judicaël expose en l'église de Saint-Louis en l'Île, du 16 mars au 1er avril, ses encres et ses huiles. 

    Je m'étais dit en découvrant ce dessin qui illustre l'évènement, qu'un de ces soirs sur les grandes orgues de l'église un concert serait donné avec des oeuvres muettes, où l'interprète méditerait devant ses claviers et son pédalier en gardant silencieusement les mains dans le dos et les pieds repliés. Il serait permis toutefois d'applaudir bruyamment.

    Pour ne rien vous cacher, j'ai été tenté de classer cette artiste parmi ces provocateurs qui, à défaut de talent, voguent sur la vague du temps présent, sur le jeunisme ambiant, et se font les apologistes des tags ou graffiti qui défigurent nos villes et coûtent chaque année en France aux contribuables la bagatelle de 100 millions d'€ pour leur nettoyage .

    Tags tableauDécouvert dans un restaurant du quartier : un amoncellement de tags, présentés et encadrés comme une oeuvre d'art ! (photo VlM)

    Le promoteur de l'exposition m'en a dissuadé. "Venez à l'exposition pour voir l'ensemble des oeuvres, parlez avec l'artiste et faites votre article ensuite".

    Je m'y suis rendu et j'ai découvert que ces "musiciens du silence" sont une multitude de déclinaisons d'un visage d'enfant qui vont du chérubin angélique au démon dont les traits épais et bouffis, maculés de sang, disent l'horreur d'un spectacle dont il est témoin.Judicaël putto

     

     En compulsant l'iconographie de l'artiste, on réalise qu'elle est hantée par la vision de corps entassés dans un désordre qui témoigne autant de la cruauté des bourreaux que de leur absence totale de respect pour ceux qu'ils ont supprimés. On pense évidemment à l'holocauste, mais c'est dit nulle part.

    Dans un autre genre, Judicaël ouvre l'éventail de ses talents et nous offre des encres, plus classiques, sur le thème des portes et fenêtres de Venise.

     

    Judicaël veniseVenise : fenêtre avec balcon et ferronnerie

     

    Ainsi va l'art. Une amie professeur d'arts plastiques me disait récemment : "en peinture, tout a été inventé". C'est sans doute le cas également en musique et peut-être en littérature. Aussi est-on tenté de qualifier d'art toute forme d'expression qui permet à l'individu de "dire" quelque chose, dans n'importe quel langage, pourvu qu'il y ait des gens pour s'en émouvoir.

    J'ignore combien d'entre nous seront sensibles à ces oeuvres et à son auteur. Je reconnais en toute franchise que, dans cette salle d'exposition attenante à l'église, en présence de l'artiste qui explique son art avec passion, enveloppé d'une musique sotto voce qui diffuse Parcifal ou Tristan, même si je continue à m'interroger sur le caractère singulièrement provocateur d'une partie de la collection, cette  visite a été et restera un moment fort de ma journée.

    Gérard Simonet

     

     

  •  LancementPSMV

    Panneaux avec des plans déployés pour l'enquête publique en mairie du IIIe

     

    Dans le cadre de l’enquête publique concernant le plan de révision du PSMV (Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur) du Marais, "Vivre le Marais !" a consulté les documents mis à disposition du public. Plusieurs sujets nous interpellent. Nous avons donc adressé au Commissaire-enquêteur un courrier reprenant ces différents points et ceux que nous ont aussi signalé des adhérents et habitants du quartier.

    Nous relevons tout d’abord  une inexactitude criante. La délibération adoptée  par le Conseil de Paris le 13 novembre 2012 spécifie en effet qu’ « en terme de densité des surfaces d’habitation, le PSMV présente une valeur relativement faible par rapport à la moyenne parisienne ». Si le bâti par lui-même est moins dense qu’ailleurs dans Paris en raison de la faible hauteur des immeubles anciens, par contre l’étroitesse des rues, la rareté des espaces libres et le resserrement des constructions qui sont des caractéristiques du quartier aboutissent au constat contraire, à savoir l’existence d’une très forte densité d’habitants à l’hectare.

    C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles le PSMV actuellement en vigueur prône la « respiration » du Marais par la démolition de constructions parasites. Nous citons à l’appui de ce constat deux études indiscutables (Atelier Parisien de l’Urbanisme et Chambre des Notaires) qui montrent que le IIIe arrondissement a une densité d’habitants à l’hectare sensiblement supérieure à la moyenne parisienne !

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    Place du Marché Sainte Catherine (IVe)


    La situation du IVe arrondissement est comparable à celle du IIIe si l’on considère que les chiffres sont minorés par le nombre élevé d’édifices publics imposants tels Notre-Dame, l’Hôtel de Ville, l’Hôtel Dieu, le Centre Pompidou, le Préfecture de Police et par l'existence des berges de la Seine.
    Nous réfutons donc les dispositions qui s’appuient sur la nécessité de densifier le Marais en lui attribuant des objectifs déraisonnables en matière de logement social qui vont au-delà des exigences de la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain).

    Dans cet esprit, il est décrété dans le nouveau PSMV que le Marais doit comporter 30 % de logements sociaux alors que les textes exigent 20 % (taux qui pourrait être porté à 25%). Si nous comprenons la nécessité d’un effort en matière de logement social, il est étonnant que le Marais qui n’est pas une commune mais un quartier, se voit imposer un taux supérieur à celui des communes de France et de la Ville de Paris ! Si cette décision devenait acquise, les conséquences pour les classes moyennes seraient tout à fait néfastes. Elle induirait pour celles-ci en particulier :

    • Une contribution croissante aux efforts de solidarité se traduisant par des impôts supplémentaires pour subventionner les bailleurs sociaux alors que les taxes foncières ont cru fortement ces dernières années.
    • La non accession à la propriété. En effet les prix de l’immobilier sur le marché « libre » augmenteront puisqu’il y aura moins de biens à rénover et ceux qui le seront devront être vendus par les promoteurs à un prix plus élevé du fait de l’application de l’objectif de 30% de logements sociaux pour les programmes de plus de 800 m2.
      La mixité sociale risque fort alors de voler en éclat. Seuls les pauvres et les riches auront droit de cité dans le Marais !

    Il faut renoncer à ce taux de 30% et s’en tenir à la loi SRU stricto sensu, c'est à dire à la règle générale.

    Par ailleurs, nous avons soulevé dans notre courrier des modifications que nous jugeons inacceptables :

    •  Il en est ainsi du square Renée Vivien qui serait supprimé afin d’y construire un immeuble abritant une crèche, qui exposeraient nos bambins à la pollution très importante à cet endroit alors que d’autres possibilités en des lieux très proches existent (notre article du 28 février 2013). Une lettre attirant l’attention sur l’inopportunité de ce projet a été adressée au Maire du IIIe.
    • Nous insistons aussi sur le maintien de la réalisation d’un espace vert public comme cela est prévu dans le PSMV actuel à l’emplacement du Hangar Lissac (64, rue du Temple IIIe) lorsqu’il sera détruit. Cela faisait d’ailleurs partie des conditions de la donation Lissac à la Ville de Paris !

    En ce qui concerne le Centre Culturel Suisse (34-36, rue des Francs Bourgeois IIIe) nous demandons qu’il soit bien mentionné que s’il était démoli un espace vert serait à réaliser à son emplacement comme cela est indiqué dans le PSMV actuel.

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    Un type d'immeuble à ne plus construire

    Nous avons mentionné des anomalies dans la classification de plusieurs immeubles de la rue des Archives et de la rue Sainte- Croix- de- la-Bretonnerie.
    Nous avons aussi relayé les riverains de la place du Marché Sainte Catherine (IVe) dont le collectif demande l’application de normes adaptées au site pour les rez- de-chaussée et terrasses des immeubles situés sur son pourtour.

    Enfin nous avons signalé une anomalie relative aux devantures et enseignes qui résulte de la non observation par nombre de commerçants, en particulier du secteur Beaubourg-Temple (IIIe), des obligations qui leur incombent en matière d’esthétique. Passé en effet trois ans, il y a prescription et ce qui est laid ou irrégulier ne peut plus alors être interdit ou modifié même si le demande émane de la Direction de l’Urbanisme ou des Bâtiments de France. Cette prescription de 3 ans devrait être abrogée.

    Nous vous tiendrons informés de la suite qui sera réservée aux avis, demandes et objections que nous avons formulés.

    Dominique Feutry

     

  • Tinguely-st-phalle-stravinsky-fontaine-hotel-voix-de-jeanne-marais-paris_jpgLa fontaine Stravinski. Au fond le Centre Pompidou

    Dans quelques semaines le Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky fêtera ses 100 ans. Le célèbre ballet fut en effet créé en mai 1913 au Théâtre des Champs Elysées, en présence notamment de Debussy et Ravel, il it scandale. Certains commentateurs n’hésitant pas à parler, alors,  du « Massacre de Printemps » ! Avec le temps beaucoup reconnaissent qu’il s’agit d’une œuvre majeure de son compositeur. Mais la polémique a d’une certaine façon été perpétuée lorsqu’au début des années 80, le Maire de Paris, le Centre Pompidou et le Ministère de la Culture décidèrent de confier l’élaboration et l’installation d’une fontaine dédiée à Igor Stravinski, entre le nouveau Centre Pompidou et l’ancienne église Saint- Merri, à deux artistes alors en vogue, Niki de Saint Phalle et Jean Tinguily. Le bassin rectangulaire de près de 36 m sur 16 m comporte 16 sculptures /automates animées par un système informatique sophistiqué réglant la marche des moteurs. Les noms des différentes sculptures est parlant : clé de sol, l’oiseau de feu, la sirène, le cœur, ragtime…la plupart sont en aluminium et en acier peints en noir, certaines figurent sont en résine polyester peinte. Lorsque la fontaine fut terminée en 1983, les railleries allaient bon train allant jusqu’à la qualifier de provocation. Sait-on que des problèmes techniques ont été rencontrés dès la fin de la mise en route ?

    536260067_b5752c65daLa sirène qui posa des problémes peu après son installation 

    La sirène par exemple trop lourde pour le moteur qui l’actionnait a été remplacée par une naïade disposée sur un rocher de couleur bleue puis l’artiste a souhaité remettre sa sirène en l’allégeant. Pourtant aujourd’hui ce bassin reste critiqué mais au fil du temps, il  fait partie du paysage du quartier (IVe), à la fois insolite, ludique, agréable, plein de couleurs et qui reste très moderne malgré ses 30 ans. Une restauration a  été entreprise par la Ville de Paris en 2010 dans les ateliers qui l’avaient fait naître. Il était temps car le pauvre bassin et ses automates étaient mal en point. Vivre le Marais ! comme les descendants de Niki de Saint Phalle, avait d’ailleurs alerté les autorités sur l'état de cet ensemble (articles des 11 février et 02 juillet 2010), dégradé, sale et ne fonctionnant plus. L’aspect de saleté était de surcroît renforcé par les tags environnants notamment sur le grand mur nu servant de fond au bassin lorsque l’on arrive de la rue du Renard.

    Cet ensemble reste fragile, très fréquenté, soumis aux aléas du temps, à la pollution, au calcaire de l’eau et aux dégradations environnantes tels les papiers cannettes, bouteilles … et les tags. Le gigantesque pochoir qui lui fait face, intitulé « Chuuuttt ! » du street-artist Jef Aérosol, n’y peut pas grand-chose malheureusement. Les services de nettoyage de la Ville doivent donc rester particulièrement vigilants.

    Dominique Feutry