Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2013

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    Siège du Grand-Orient, 16 rue Cadet (IXe), où se situe le musée de la Franc-Maçonnerie

     

    "Marais-Quatre" et "Vivre le Marais !" proposent une visite inattendue, insolite et passionnante pour laquelle nous vous espérons nombreux, notre guide sera Sylvain Solustri que vous connaissez bien: 

     

    LE MUSEE de la FRANC-MAÇONNERIE

    En l’hôtel du Grand Orient De France

    16 rue Cadet – 75 009 – Paris

     Jeudi 21 mars 2013, rendez-vous à 13h30 très précises à la sortie du métro CADET

     

    Un pan d’histoire bien mystérieux aux yeux de certains vous sera conté. La visite de ce musée permettra d’appréhender les origines légendaires, symboliques ou avérées de la franc-maçonnerie, son éclosion dans l’Europe occidentale du XVIIe siècle et son apparition en France. Seront passées en revue ses grandes figures, du siècle des Lumières à l’époque contemporaine, de Voltaire à Gambetta ou de Mozart à Oliver Hardy.

    Vous connaîtrez son histoire tumultueuse, de Napoléon Ier à la IIIe République, des Bourbons aux persécutions sous le gouvernement de Vichy, de ses démêlés avec le Vatican au grand schisme de 1877. Vous n’ignorerez rien de son influence dans la société et des combats qu’elle mène encore aujourd’hui.

    Le musée a été récemment entièrement rénové afin de mettre en valeur les oeuvres uniques que renferme ce lieu d’histoire et de culture. Son ambition est de témoigner de l’importance du patrimoine maçonnique : une importante collection de sceaux, bijoux, médailles, peintures, objets personnels comme des montres et des tabatières, ainsi que de superbes «décors» (tabliers, cordons, sautoirs…) brodés ou peints avec les emblèmes et symboles des différents grades, des objets rituels ayant appartenu aux loges et aux maçons ainsi que la plus belle collection de faïences à décors maçonniques du XVIIIe siècle et différents manuscrits de la plus grande rareté.

     

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    Plat avec des décors maçonniques (Musée de la Franc-Maçonnerie Paris)

                

    Bien sûr, vous apprendrez les symboles et la fonction de tous ces objets.

    Nous pénétrerons enfin dans un temple (lieu habituellement fermé au public) afin d’en comprendre le fonctionnement. Un parcours de découverte et de réflexion autour de l’identité et de l’histoire des francs-maçons et un musée à découvrir afin de comprendre l’empreinte et l’influence de la franc-maçonnerie sur l’évolution de la société et de la citoyenneté au fil des siècles. Compte tenu du droit d’entrée que nous prendrons en charge, une participation exceptionnelle de 15 euros par personne vous sera demandée lors de notre rendez-vous le 21 mars.

    TRES IMPORTANT : le nombre de personnes étant strictement limité, nous vous remercions de vous inscrire au plus vite auprès de :

    Marie-Françoise Masféty-Klein par mail mfmk@free.fr ou par téléphone 01 42 72 61 41. En cas d’empêchement, prévenir sans tarder.

    Vous souhaitant une excellente visite, nous vous adressons nos fidèles amitiés.

     

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    Le triste spectacle au pied d'un arbre devant le N° 44 de la rue Beaubourg (IIIe)   (Photo VLM)

     

    Le mauvais temps que nous connaissons cet hiver met en exergue la nécessité d’un meilleur entretien des arbres de notre quartier. Nous avions déjà évoqué ce point dans un article du 6 novembre dernier, l’entourage des arbres doit en effet être soigné pour éviter cet aspect de boue sale et d’eau saumâtre dans laquelle des chiens se lâchent et les piétons peuvent marcher.

    Des grilles ou des revêtements ad hoc doivent être installés là où ils manquent.

    Il est important aussi de veiller à qualité la terre utilisée. A certains endroits, comme la rue Beaubourg côté Marais, la terre au pied des arbres est de la terre glaise qui s’est tassée et qui n’absorbe plus l’eau. Que se passe- t-il alors ? Eh bien, l’eau stagne et crée un foyer « infectieux » où les moustiques, les mouches se multiplient dès les beaux jours. Quant à l’arbre il souffre, s’abîme et dans certains cas dépérit, les feuilles roussissent et son remplacement devient inéluctable si la situation perdure.

    Il appartient à la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement de Paris de se pencher sur le cas de ces arbres, afin d’apporter les remèdes nécessaires, notamment bêcher périodiquement la terre qui les entoure.

    Si le Marais a besoin d’arbres, à quoi bon en planter de nouveaux si ceux qui le sont déjà manquent d’entretien ?

    Dominique Feutry

     

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    La rue des Rosiers (IVe), un lieu très fréquenté par les touristes


    Les responsables de l’hôtellerie parisienne ont le sourire. Malgré les prévisions pessimistes sur la baisse de fréquentation, le taux d’occupation des hôtels n’a pas faibli en 2012 comparé à 2011. Et cela en dépit d'un constat plus mitigé pour le reste de la France.

    Les chiffres sont encore meilleurs lorsqu’il s’agit des établissements 4 et 5 étoiles. Nous rappelons qu’un hôtel de ce type est prévu rue Bourg l’Abbé (IIIe) dans les anciens locaux des Bains Douches, le permis ayant été délivré par la mairie.

    Cette stabilité des nuitées à Paris n’est pas le fruit d’une baisse des prix – ceux-ci ont plutôt crû – il est dû au retour des américains (une progression de 11,4% a été enregistrée sur les 11 premiers mois de l’année) qui représentent au total 1,3 millions de personnes. Les japonais reviennent aussi (+ 6,2%) et leur nombre se rapproche de ce qu’il était avant Fukushima. Le plus fort taux d’accroissement est inattendu car il concerne les suisses (+20,3% au 30 novembre 2012).

    Quant aux touristes Chinois, leur nombre n’a pas changé par rapport à 2011. Le tourisme parisien se porte donc plutôt correctement ce qui en ces temps de crise est plutôt rassurant pour le commerçants en particulier, alors que par ailleurs les grands hôtels comme Le Ritz, Le Crillon ou Le Plazza sont en travaux et que les jeux olympiques de Londres apparaissaient comme un lourd handicap.

    Notre quartier est aussi un bon baromètre. Nous y côtoyons jour après jour de nombreux visiteurs dont beaucoup ne parlent pas français et les musées sont très visités. Des efforts ont été entrepris pour augmenter l’offre hôtelière, l’offre Musées, la qualité des grandes expositions (voir notre article du 6 septembre 2012) .

     

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    Touristes et parisiens sur les pelouses, place des Vosges

     

    Espérons que le prochain salon du tourisme (15 au 18 mars) confirmera la tendance. Pour les habitants et les riverains d’un quartier aussi touristique que le Marais, il faut veiller à ce que la propreté soit encore améliorée car des efforts sont possibles, en particulier les week-ends où les sorties nocturnes ne restent malheureusement pas sans trace sur la voie publique. Le Maire adjoint nouvellement en charge de la Propreté, Mao Péninou doit être particulièrement vigilant sur ce point et pousuivre la chasse aux tags et aux affiches sauvages.

    De même, il faut veiller à ce que les cars de touristes respectent les aires de stationnement qui leur sont réservées et évitent de faire tourner leur moteur inutilement pour maintenir la climatisation ou le chauffage, alors que les voyageurs visitent les musées. Enfin, autre point d’importance, le bruit. Plus les visiteurs sont nombreux et plus il y a de bruit. Nous avons évoqué à plusieurs reprises ce sujet (voir nos articles des 25 juin 2012 et 31 janvier 2013), nous continuerons à surveiller son évolution afin d'intervenir auprès des autorités chaque fois que nécessaire.

    Dominique Feutry

     

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    Terrasse équipée de parasols chauffants au gaz


    La Mairie de Paris a pris un arrêté le 6 mai 2011 qui interdit l’usage des chauffages au gaz extérieurs dans le cadre du nouveau règlement sur les étalages et les terrasses (voir notre article du 26 janvier 2013). Les installations nouvelles devaient recourir au chauffage électrique et les anciennes avaient jusqu’en juin 2013 pour se conformer au nouveau texte.

    Cette décision de portée environnementale et sécuritaire, que nous avons soutenue dans le cadre de "Vivre Paris !", a été décriée par les organisations professionnelles, mais a été maintenue. Le Comité Français du Butane et du Propane (CFBP) a porté le litige devant le Tribunal Administratif de Paris. Ce dernier vient, par un jugement du 24 janvier dernier, d’annuler les dispositions prises par la Mairie. Le Tribunal argue du fait que la position de la ville ne reposait sur « aucune étude sérieuse sur le niveau et les effets des émissions de de dioxyde de carbone consécutives à l’usage de ces appareils ».  

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    Parasols chauffants dans un passage parisien

             

    Une étude conjointe de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) et du Réseau de Transport d’Electricité (RTE) effectuée en 2007 démontre par contre que les dispositifs au gaz ne sont pas plus polluants que les chauffages électriques. De surcroît la consommation de GPL et de gaz naturel n’émet pas de particules et  peu d’oxydes d’azote appelés NOx. Sur l’argument des risques d’incendie et d’explosion, le tribunal a constaté au travers d’études qu’aucun incident significatif n’est arrivé avec ces chauffages au gaz.

    Ce dossier est donc reparti à la case départ et la Mairie a l'intention de faire appel. En ce qui nous concerne, nous considérons qu'il est absurde de gaspiller des hydrocarbures pour chauffer l'atmosphère. Nous constatons de plus que ces chauffages permettent d’installer des clients aux terrasses pour qu'ils puissent fumer. C'est regrettable pour la santé publique. Le chauffage électrique, de ce point de vue, ne vaut pas mieux mais il a le mérite de ne rejeter strictement aucun résidu de combustion "in situ" et de ne pas contribuer au déficit de notre balance commerciale.

    Dominique Feutry

     

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    Le Bazar de l'Hôtel de Ville (angle des rues du Temple et de Rivoli) indissociable de son illustre voisin

     

    Lorsque des clients ou des flâneurs se rendent au BHV, peu d’entre eux imaginent que cet important magasin, devenu emblématique dans le paysage du sud du Marais, au même titre que l’imposant Hôtel de Ville, est né au début de la seconde moitié du XIXe siècle, de la vente par des camelots de bonneterie exposée dans de simples parapluies. Ces vendeurs étaient à la solde d’un certain Xavier Ruel, un commerçant imaginatif, quincaillier lyonnais, venu à Paris pour faire des affaires. Il s’aperçoit assez vite que la meilleure zone de chalandise est à l’angle de la rue des Archives et de la rue de Rivoli, une zone très passante.

    C’est donc tout naturellement qu’en 1856 il parvient à s’installer à cet endroit en ouvrant son commerce qui est encore loin de connaître l’ampleur qu’il déploiera plus tard sur la rue. L’histoire veut qu’à cette époque, les chevaux de l’attelage de l’impératrice Eugénie qui passait devant le magasin se sont emballés. Xavier Ruel réussit à maîtriser la monture. Il reçoit une récompense qu’il investit aussitôt dans son magasin dont le nom est le Bazar Napoléon.

    1bhv_cpa3Le BHV au début du XXe siècle


    Les affaires sous le Second Empire sont prospères, la France et Paris en particulier connaissent un développement sans précédent. De nombreux autres grands magasins sont aussi fondés durant cette période : le Bon Marché (1852), les Grands Magasins du Louvre (1855), la Belle Jardinière (1856), le Printemps (1865) et la Samaritaine (1869). Si par contre les Trois Quartiers avaient été créés bien plus tôt en 1829, les Galeries Lafayette n’ont quant à elles été ouvertes que beaucoup plus tard, en 1895 !

    Dans ce contexte de forte expansion, notre entrepreneur réussit et il parvient en 1866 à louer de plus grandes surfaces au 54 rue de Rivoli, mais il occupe toujours une façade assez réduite sur la rue, l’activité s’étendant à d’autres immeubles formant îlot. Les parisiennes apprécient la modernité affichée du magasin et ses comptoirs à prix fixes. Lorsque Xavier Ruel meurt, en 1900 l’affaire, fidèle à ses aspirations est plutôt populaire. Elle compte 800 employés.

    C’est un petit-fils, Henri Viguier qui, à 23 ans (il disparaîtra en 1967), prend les rênes du grand magasin. Il entreprend dès avant la première Guerre Mondiale d’énormes travaux, la rotonde et l’essentiel de la silhouette actuelle du magasin aménagés sur les plans de l’architecte Auguste Roy datent de cette époque. Le bâtiment s’élève sur 11 étages. Certains artistes connus, tels Marcel Duchamp, se fournissent au BHV pour créer leurs œuvres ajoutant à la notoriété du lieu.

     

    BHV  Vieille publicité du BHV 

    En 1926, le magasin étend ses activités à l’ameublement et au confort de la maison. Durant la Seconde Guerre Mondiale des étages sont fermés faute de marchandises. A la fin du conflit, le BHV ouvre des espaces au sous-sol, puis installe son premier escalator en 1954. L’année précédente il avait mis en place un service clientèle destiné à régler les litiges. Dans les années soixante sont créés de nouveaux magasins en Ile de France. Son « vaisseau amiral » dispose de l’air conditionné dès 1966. A cette même époque, il est surélevé d’un étage.

     

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    Les anges sous la coupole veillent aux destinées du BHV


    Dans les années 70, d’autres magasins seront ouverts axés sur le bricolage et la décoration. Il est bon aussi de rappeler que le BHV a institué dès 1932 les allocations familiales pour son personnel. De même durant le terrible froid de l’hiver 1954, touchés par l’appel de l’abbé Pierre, les dirigeants mettent des camions du magasin à disposition pour le transport des marchandises destinées aux nécessiteux.

    Au plan capitalistique, le BHV réalise son introduction en Bourse en 1960, il passe ensuite dans le giron des Nouvelles Galeries (1969), puis dans celui des Galeries Lafayette (1991) qui le détiennent toujours aujourd’hui.

    Le BHV après avoir fermé la plupart de ses magasins n’arrête pas de se transformer afin de résister à la concurrence toujours plus vive et essaie de trouver des services, espaces et nouveaux concepts qui le démarquent (espace homme, espace moto, espace chiens et chats, espace Médical, travaux à domicile, espace chaussures…). Il n’empêche que pour nombre de parisiens, il reste le « temple du bricolage » et les changements significatifs qui avaient été annoncés par le presse à l’automne dernier, nous avaient émus (voir notre article du 30 octobre 2012). Nous savons aujourd’hui qu’ils sont de moindre ampleur et que le BHV qui a pris son nom actuel l’année même de la Commune deviendra le « BHV Marais » en septembre prochain.

    Nous souhaitons qu’il reste encore longtemps une des grandes institutions de la Rive Droite.

    Dominique Feutry

     

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    Tableau de Pieter de Hooch restitué à la famille Rothschild après la guerre et donné au Louvre en 1974

     

    Les visiteurs du Musée d'art et d'Histoire du Judaïsme de Paris (MAHJ) situé dans l'Hôtel de Saint-Aignan  71, rue du Temple (IIIe) ont pu découvrir au détour des oeuvres présentées qu'un certain nombre de tableaux signés par des artistes de renom, volés par les nazis durant la seconde guerre mondiale, n'avaient jamais retrouvé leurs propriétaires.

    Dès la fin de la guerre tout est mis en oeuvre pour la récupération des biens par leurs propriétaires au travers de la Commission de Récupération Artisitique, du Service de Protection des Oeuvres d'Art puis plus récemment de la Mission Matteoli, de la Commission d'Indemnisation des Victimes de la Spoliation (ses services sont situés au pied du Palais de Tokyo) ou de la Fondation pour la Mémoire de la Shoa. Hèlas, des oeuvres ne sont pas réclamées ou manquent de "pédigrée" historique et le temps passant, les restitutions se font de plus en plus rares. Pourtant la sénatrice Corinne Bouchoux qui a fait un thèse sur ce sujet estime qu'une action de "la dernière chance" est encore possible pour notamment les tableaux en dépôt dans les musées français et a fait adopter par la Commission Culture du Sénat des propositions pour activer à nouveau les recherches.

     

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    Caisse d' objets pillés au départ du Louvre durant la seconde guerre mondiale (Bundesarchiv)


    Il est vrai que dès 1940 et jusqu'en 1944, une unité spéciale des nazis appelée Einsatzstab Reichleiter Rosenberg, la sinistre ERR, est chargée du repèrage, puis de la confiscation des collections d'oeuvre d'art appartenant à des juifs en France, en Hollande et en Belgique. Les chefs d'oeuvre enlevés à leurs propriétaires étaient entreposés au Jeu de Paume avant leur départ pour l' Allemagne, soit pour les collections personnelles des dirigeants,  comme Goering qui se rendit 21 fois  sur place pour faire ses amplettes et enrichir sa propre collection qui comptait près de 1000 oeuvres, soit vers l'immense château de Neuschwanstein construit pas Louis II de Bavière, soit à Linz en Autriche, la ville natale d'Hitler, où devait être édifié un musée en son honneur qui devait être plus grand que Le Louvre et  qui n'a jamais vu le jour.

    Les convois se sont succèdé de février 1941 à août 1944, mais le dernier train a été arrêté par la résistance française. On estime que 200 collections privées (notamment les plus importantes, celles de Maurice de Rothschild et d' Arthur Lévy) ont été expédiées en Allemagne, plus tous les objets saisis dans les appartements (38 000 auraient été vidés), dans les coffres des banques ou achetés dans des conditions "douteuses"… Au total sur les 100 000 objets volés  (tableaux, bibliothèques, meubles, statues anciennes, tapisseries, bijoux, porcelaines, argenterie, timbres rares, fourrures…), 63 000 biens ont été rapatriés en France dès la fin de la guerre.  

     

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     Scène de restitution des objets volés après la guerre (Bundesarchiv)

     

    Si ces restitutions ont pu avoir lieu c'est en grande partie grâce à l'action de personnes déterminées qui parfois au péril de leur vie ont  entrepris un travail de fourmi en parallèle des tristes desseins des occupants pilleurs.

    Ainsi en est-il de l'action de Rose Valland. Cette attachée de conservation au Jeu de Paume a cotoyé quotidiennement les allemands pendant la guerre. Elle a, à l'insu de ces derniers, pris systématiquement des notes et enregistré le maximum de renseignements sur les oeuvres qui transitaient par ce dépôt central qu'était devenu le musée. Ecoutant les conversations, n'hésitant pas à se rendre dans les locaux en dehors des heures d'ouverture, recopiant les carbones des documents allemands laissés dans les corbeiiles… elle constitue des fiches qu'elle transmet au directeur des Musées Nationaux, Jacques Jaujart. Elle prévient les resistants des convois en partance afin qu'ils ne soient pas dynamités. Elle informe les services secrets alliés pour qu'ils évitent de bombarder les lieux de stockage allemands. Elle est devenue rapidement "l'espionne du Jeu de Paume".

     

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    Rose Valland

     

    Alors pourquoi Rose Valland a-t-elle pu faire tout cela sans être inquiétée ?

    Tout d'abord son allure modeste, fragile, discrète et stricte faisait que l'ennemi ne la remarquait pas. Elle parlait allemand, cela lui évitait de commettre des impairs. Peu avant la guerre, elle avait participé à l'opération de mise à l'abri des principales oeuvres d'art des musées français, ce que ne soupçonnaient pas les allemands. Elle avait alors acquis une bonne expérience.

    Son audace, sa détermination, son habileté, sa ténacité n'étaient pas perceptibles et la rendaient moins vulnérable. De même elle cachait son angoisse permanente. Elle apprit à la fin de la guerre que sa déportation était envisagée par les allemands dont elle subissait de temps à autre les interrogatoires qu'elle n'a jamais éludés, ainsi qu'elle l'a rapporté dans son livre intitulé "Le Front de l'Art" qui décrit son action. Ecrit en 1961, réédité en 1997, ce témoignage historique de premier ordre est aujourd'hui épuisé.

     

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    Le livre témoignage de Rose Valland

     

    A la fin de la guerre, elle est nommée secrétaire de la Commission de Récupération Artistique. Capitaine dans l'armée, elle mène avec ses homologues alliés les investigations y compris en zone soviétique pour récupérer les oeuvres volées en Allemagne. Elle témoigne au procès de Nuremberg. En 1953, elle organise le Service de Protection des Oeuvres d'Art et est nommée deux ans plus tard Conservatrice des Musées nationaux. Même après avoir pris sa retraite, elle poursuit inlassablement son action de récupération

    Son histoire fait l'objet d'un film "Le train" signé John Frankenheimer où sont réunis Burt Lancaster, Jeanne Moreau et Suzanne Flon qui joue le rôle de Rose. Une plaque inaugurée 25 ans après son  décès, en avril  2005, sur le mur sud du Musée du Jeu de Paume, a ranimé la mémoire de la résistante de l'ombre que fut Rose Valland. Son action a sans aucun doute permis de sauver des milliers de trésors indissociables de notre histoire qui, sans ce sens aigu du devoir, auraient malheureusement disparu à jamais. 

     

    Dominique Feutry 

     

     




  • Turenne 39 cour et gloriette
    La "Gloriette" du 37 rue de Turenne (IIIe)

     

    Entre les immeubles situés rues de Sévigné, des Francs-Bourgeois et de Turenne s'étend un grand espace constitué de jardins, terrasse et anciens ateliers, dominé par un lanterneau à l'allure de clocheton, auquel les habitants ont donné le nom de "gloriette".

    Une quarantaine de résidents se sont regroupés dans une association : "Au calme de la gloriette" pour protéger le calme et la tranquillité dont ils bénéficient. Ils craignent que ne s'implantent dans cet espace des activités entrainant des nuisances diverses incompatibles avec la sérénité actuelle.

    A ce jour, aucune menace n'est identifiée mais le risque potentiel existe. C'est pour être en mesure de l'affronter, s'il se concrétisait, que nous avons créé une association et demandé un rattachement à "Vivre le Marais !". Cela nous permettra de profiter de son expérience et de son savoir-faire.

    Daniel Sée

    Président de l'association "Au calme de la gloriette"

     

    Nous accueillons avec joie la nouvelle association avec qui nous partageons les valeurs et les aspirations. "Vivre le Marais !" en porte témoignage en devenant  à son tour adhérente de "Au calme de la gloriette"

    L'évènement illustre le fait que notre association cristallise un "mouvement" que nous avons décrit dans un article précédent et qui se caractérise par la recherche d'un art de vivre dans l'un des plus beaux sites urbains du monde

    Gérard Simonet

    Président-fondateur de "Vivre le Marais !"

     

  • Louis XVII Louis-Charles, le dauphin

    13 août 1792, à onze heures du soir, le Dauphin
    Louis-Charles, fils de Louis XVI et de
    Marie-Antoinette, endormi dans les bras d’un homme qu’il ne connait pas,
    pénètre le premier dans la Tour du Temple. La journée a été difficile,
    la traversée de Paris, des Feuillants jusqu’au palais du Grand Prieur dans
    l’Enclos du Temple, longue et douloureuse, en raison de la foule et de la
    chaleur orageuse. La fatigue et le sommeil lui ont fait tout oublier. Il n’a
    que sept ans !

    Son père, Louis XVI, sa mère Marie-Antoinette, sa sœur
    Marie-Thérèse appelée Madame Royale, et sa tante Madame Elisabeth l’ont rejoint
    un peu plus tard, en compagnie de quelques fidèles et de certains membres de la
    Commune de Paris, les "municipaux". Peu à peu, la Tour voit partir ses
    prisonniers pour la guillotine. Seuls vont rester  les deux enfants, enfermés à des étages différents. Ils ne se
    reverront plus de leur vivant.

    Louis-Charles, séparé
    de sa famille, est tout d’abord confié au couple Simon qui prend soin de lui, à
    sa manière. Après le départ de ses gardiens, le petit garçon est abandonné à sa
    solitude, mangeant ou ne mangeant pas selon l’humeur des municipaux. Pendant
    sept mois (19 janvier -1er septembre 1794), personne ne prend soin
    de lui, ne le fait se laver,  ne lui
    coupe les cheveux ni  les ongles, aucun
    médecin ne le visite et la maladie le ronge. Il ne reçoit aucune éducation, n’a
    ni jeu, ni livre, ni lumière, et ne sort
    ni dans le jardin ni sur la terrasse de la Tour. Lui qui aimait tant les fleurs
    et les oiseaux !

    Deux mois après la mort de Robespierre, le 9 Thermidor an
    II, les portes de sa chambre sont ouvertes. Mais il est trop tard. Les efforts
    de ses nouveaux gardiens, Lasne et Gomin,
    et des médecins qui sont mandés
    auprès de lui, quelque temps avant sa mort, ne peuvent le sauver d’une maladie
    douloureuse dont l’enfant a conscience. Il meurt dans les bras de Lasne, le 8
    juin 1795, à l’âge de 10 ans.

    La mort de
    Louis-Charles, Dauphin de France, Louis XVII, a suscité de nombreux
    commentaires [et controverses – NDLR]. Les analyses ADN pratiquées sur des fragments du cœur de l’enfant
    mort au Temple et subtilisé par le Docteur Pelletan, un des médecins pratiquant l’autopsie, ont prouvé que
    l’enfant mort au Temple est bien Louis XVII, fils de Louis XVI et de
    Marie-Antoinette (*).

    Depuis plus d’un mois, des plaques de métal de la Ville de
    Paris, accrochées sur les grilles du
    square du Temple, rappellent ce moment douloureux de notre passé. Il ne reste plus à la Ville qu'à en faire
    mention sur la plaque concernant la famille royale, apposée sur le mur de la
    Mairie et qui, brisée, mérite vraiment d'être changée (dossier en attente depuis plusieurs
    années).

     Dominique Sabourdin-Perrin

    Auteur du livre "Les oubliés du Temple", Editions Persée



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     (*) NDLR : en toute rigueur, les analyses ADN attestent qu'il s'agit du fils de Marie-Antoinette et donc, très vraisemblablement, du fils de Louis XVI. C'est désormais l'hypothèse officielle. Le coeur (photo ci-dessus) a été déposé en 2004 dans la chapelle des Bourbons de la Basilique Saint-Denis.

                          

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     Une scène d'un vitrail de l'église Saint-Etienne de Bar sur Seine illustrant le miracle des Billettes 

     

    Qui imaginerait aujourd’hui que l’existence dans notre quartier de l’église et du cloître des Billettes (IVe) est le fruit d’un miracle qui s’est produit au cours du XIIIe siècle ?

    L’histoire rapporte qu’une femme désargentée voulant absolument obtenir restitution de ses vêtements mis en gage, auprès d’un prêteur juif du nom de Jonathas pour la fête de Pâques, avait dû donner une hostie consacrée en échange à ce dernier. Dès qu’elle lui remet l’hostie, l’homme poignarde l’hostie qui se met aussitôt à saigner. La plongeant aussitôt dans l’eau bouillante, celle-ci rougit et le Christ serait alors apparu.

    Les thèses sont divergentes ensuite. D’aucuns prétendent que malgré sa conversion et celle de sa famille, le prêteur fut brûlé en place de Grève. D’autres prétendent qu’il fut gracié en raison de sa conversion. Il est dit qu’à la suite de cette affaire et avant que leurs relations ne deviennent conflictuelles, le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII autorisèrent la construction d’une chapelle expiatoire à l’endroit même où les faits s'étaient produits.

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    Le cloître des Billettes

     

    L’édifice religieux est confié aux Frères Hospitaliers de la Charité Notre Dame surnommés les Billettes, sans doute à cause de la forme rectangulaire de leur scapulaire qui ressemblait à celle des pièces plates de métal de certains vêtements d’armes appelées des billettes. La chapelle devint vite un lieu de pèlerinage très fréquenté et une nouvelle église doit la remplacer au début du XVe siècle financée par les nombreux dons des pèlerins. Le cloître lui fut adjoint en 1427. Il s’agit du seul de cette époque qui existe encore à Paris aujourd’hui. La rue qui le longeait s’appelait "la rue où Dieu fut bouillie". Les maisons que nous pouvons voir au-dessus du cloître sont des XVIIe et XIXe siècles.

     

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    La façade du temple des Billettes

     

    Des représentations du « Miracle de l’Hostie » ou « Miracle des Billettes » sont visibles sur des vitraux des XVIe et XVIIe siècles de Notre Dame du Mont, de l'église Saint-Etienne de Bar sur Seine, ainsi qu’au Musée des Antiquités de Rouen (les vitraux proviennent de l’église Saint Eloi de la ville) et sur une enluminure du XVIe siècle exposée au château de Saumur.
    Confié ensuite aux Carmes-Billettes au XVIIe siècle, la construction d’une nouvelle église est envisagée mais ce n’est qu’un siècle plus tard que les religieux font appel à Jacques Hardouin Mansart de Sagone, le petit fils de Jules. Il propose un projet et après bien des atermoiements liés à des querelles avec la paroisse voisine de Saint Jean de Grève qui voit d’un mauvais œil l’extension des Carmes, les travaux ne commencèrent qu’en 1754.

    Nous méconnaissons le nom de l’architecte qui a mené à bien les travaux, Mansart ayant abandonné entre temps, moyennant une indemnité.
    Le nom de Claude Navan un architecte dominicain est parfois avancé. A-t-il repris des idées de son illustre prédécesseur ? Certains détails nous le font penser car la façade est sobre et sur un plan rectangulaire classique prolongé d’une rotonde bien que de dimensions modestes. La présence de pots à feu et de fougères comme à Saint Louis de Versailles réalisé par le même Mansart est assez caractéristique de son style.

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    Intérieur du Temple des billettes

     

    Les Carmes sont chassés à la Révolution et les bâtiments vendus. Napoléon autorise l’achat de l’ensemble par la Ville de Paris afin de l’apporter à l’église luthérienne. Nous sommes en 1808. Des aménagements intérieurs sont entrepris à cette époque puis sous Louis-Philippe, après qu’une tribune supplémentaire ait été ajoutée en 1824. Mais le style est très dépouillé, nous sommes en effet dans un temple. L’église et le cloître ont été classés en 1862.

    A la fin du XIXe siècle les bâtiments conventuels ont été transformés en école.
    Tout en restant un lieu de culte, ce site attire les mélomanes qui assistent aux nombreux concerts qui sont organisés dans l’église. Elle dispose d’ailleurs d’un orgue Mülheisen qui a 30 ans (cf notre article du 27 novembre 2012) et présente la particularité, avec ses 29 jeux, de permettre de jouer tous les styles de musique. Quant au cloître, il est fréquenté par les passants surpris de le trouver derrière les deux petites portes qui ouvrent sur la rue des Archives et attirés aussi par les expositions fréquentes qui s’y tiennent.

    Une bien curieuse histoire tout de même !

    Dominique Feutry

     

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    L'Armoire de Fer de Archives Nationales (Photo Arch. Nationales)


    Dans le transfert à Pierrefitte (cf notre article du 21 novembre 2012), les Archives Nationales n'ont pas prévu de déménager sa pièce maîtresse conçue pendant la période révolutionnaire, son célèbre coffre- fort appelé "l'Armoire de Fer". Elle a été commandée par l'Assemblée Constituante en 1790 qui souhaitait protéger le matériel utilisé pour l'impression des assignats. La fabrication de ce meuble spécial a été confiée au serrurier Marguerit sur des plans de l’architecte Paris.

    Il a été installé en 1793 aux Tuileries où se trouvaient alors les Archives et transféré Hôtel de Soubise avec ces dernières, en 1849. Il est placé 7 ans plus tard dans la salle du Trésor des Chartes, au centre du nouveau dépôt édifié sous Napoléon III. Les hôtes de marque qui visitent la gallerie historique peuvent voir l'Armoire qui est fermée par trois portes doubles (en chêne pour la première paire, puis en fer pour les deux autres). Le contenu du coffre objet de remaniements a très vite dépassé sa destination initiale. Dès le début y ont été placés les minutes des lois et décrets, des documents provenant des Tuileries.

    40973_15224Extrait du testament de Louis XIV (Photo Arch. Nationales)


    Au fil du temps ont été aussi ajoutés tous les papiers considérés comme historiques allant de la ratification du traité de Paix d’Amiens en 1527 par Henri VIII d’Angleterre au Serment du Jeu de Paume, sans oublier les testaments de Louis XIV, de Louis XVI et de Napoléon Ier, le Journal de Louis XVI , les clefs de la Bastille, la dernière lettre de Marie-Antoinette, l’étalon mètre, l‘étalon kilogramme et les textes constitutionnels depuis 1791. Cela représente, au travers des 800 pièces que contient l'Armoire, un résumé concret de notre Histoire.

    L’Armoire fut même appelée la vitrine de Jules Michelet qui avait souhaité y réunir les documents les plus symboliques de l’Histoire de France lorsqu' en 1849, il était responsable de la section des archives nationales. Parmi les pièces récentes mises dans ce coffre figurent des documents découverts il y a quelques années dans la statue équestre d’Henri IV datant de 1818 qui se trouve sur le Pont Neuf. Les serrures ont été restaurées à la fin des années 90 grâce au mécénat du Groupe LVMH. Les boîtes intérieures en carton ont quant à elles été refaites par les élèves du lycée Tolbiac de Paris. Dommage que ces documents précieux, et nous en comprenons fort bien les raisons, ne soient pas visibles pour le grand public sauf lors des Journées du Patrimoine.

    Dominique Feutry