Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2013

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    39908122Filets de protection contre les chutes de pierres  sur la façade de l' église Saint-Merri (IVe)

     

    A plusieurs reprises des articles documentés sont parus récemment au sujet de l'entretien du patrimoine religieux de Paris. Il est vrai que les élections municipales incitent à mettre cette question en lumière mais surtout deux associations, SOS Paris et l’Observatoire du Patrimoine Religieux  (OPR), ont tiré la sonnette d'alarme concernant les 96 lieux de culte (85 églises) dont la ville est propriétaire qui nécessiteraient selon leur estimation sur 15 ans, 500 millions € pour les restaurer.  

    Il ne faut pas être grand observateur pour se rendre compte que cet appel repose sur des faits tangibles ne serait-ce que dans notre quartier.

    Ainsi l'église Saint Nicolas des Champs (notre article du 13 octobre 2012) mériterait non seulement un sérieux ravalement mais de nombreuses fuites sont à colmater, l’ensemble des verrières qui ont souffert de la tempête de 1998, est à revoir, certaines parties du sol s'enfoncent et doivent être reconsolidées, l'orgue historique est à bout de souffle, une partie du cloitre extérieur subsistant tombe en ruines …La liste est longue. Certes à l’occasion de l'exposition du Musée Carnavalet « Les couleurs du ciel » des fresques du XVIIe ont été refaites mais d'autres attendent, couvertes de pansements, une restauration d'ampleur….

    La façade de l'église Saint Paul-Saint Louis a été magnifiquement refaite (notre article du 14 septembre 2012) de même que l'église Saint-Gervais Saint-Protais (notre article du 6 août 2013 ) mais cela n'est pas suffisant. Ainsi pas très loin du Centre Pompidou, l'église Saint-Merri (IVe) est dans un telle situation que l'organisation internationale non gouvernementale, World Monuments Fund, l'a classée, après avis d’experts éminents, dans sa dernière liste des 100 monuments les plus en danger au monde ! Cela ne grandit pas l’image de Paris qui est la capitale la plus visitée.

     

    Eglise_Saint_Nicolas_Champs
    Des parties des restes de cloître s'écroulent sur le côté longeant la rue Cunin Gridel (IIIe) 

     

    Alors est-ce seulement une question de budget destiné à la restauration et à l’entretien des lieux de culte, si l'on sait que celui-ci a diminué des deux tiers en 10 ans? Est- ce un désintérêt pour notre histoire, notre passé ? A t-on le droit de traiter ainsi le travail des artistes de renom et moins connus qui ont donné le maximum d'eux mêmes pour réaliser ces chefs d’œuvre que nous envient bien des pays  ?

    Bien sûr qu'il est lourd d’entretenir un tel patrimoine qui comprend non seulement les bâtiments mais aussi le mobilier, les orgues, les installations électriques, les cloches, le chauffage….Le législateur n'imaginait pas en 1905 ce type de conséquence. Plusieurs communes d'ailleurs commencement à détruire des églises non classées trop lourdes à entretenir pour leur budget, gommant souvent aux yeux des habitants un passé récent, ce qui provoque des réactions négatives. D'autres localités se mobilisent pour sauver par tous les moyens ce qui est souvent indissociable du paysage, ne serait-ce que la sonnerie des cloches qui rythme les journées des habitants et donne une vie au village.

    A Paris les moyens financiers dont dipose la vlle sont d'une toute autre ampleur et lorsqu'il s'agit de monuments classés les financements ne proviennent pas uniquement de la Mairie. Aujourd'hui cependant l’État est exsangue et les financements ou les subventions sont distribuées avec parcimonie, raison pour laquelle nos élus doivent gérer le budget de la capitale au scalpel en évitant des dépenses somptuaires voire inutiles ou en subventionnant trop d'associations.
    Certains vont jusqu'à mettre en parallèle des 500 millions € nécessaires pour ces restaurations le coût de la Gaieté Lyrique, 85 millions € ou le surcoût du chantier des Halles !
    L'exercice n'est pas simple mais Paris ne peut délaisser ses lieux de culte, y compris dans le Marais, qui ont tous un intérêt architectural, tous un passé riche et célèbre, abritant tous des œuvres d'art connues et des orgues liturgiques remarquables (notre article du 27 novembre 2012) …

    Il sera intéressant de suivre les solutions que les candidats comptent apporter s'ils sont élus. Car à part une ré allocation budgétaire décidée par nos édiles et le recours au mécénat, il ne faudra pas attendre grand chose du ministère de la Culture qui a déjà fort à faire sur tout le territoire face à des moyens qui diminuent comme peau de chagrin. Pourtant un plan d'ensemble programmé sur plusieurs années devient urgent et indispensable si nous voulons éviter la misère des lieux de culte parisiens.

    Dominique Feutry

     

  • Jardin temple haudriettes 02 11 13Le square Temple-Haudriettes (IIIe), dit place Renée Vivien, à l'emplacement de "l'Echelle du Temple", où les condamnés de droit commun sous l'autorité des Templiers étaient supliciés. L'Ordre a détenu un pouvoir de Haute Justice (droit de condamner à mort) même à l'extérieur de l'enclos jusqu'en 1674.

     

    Le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, en cours de révision, en fait un espace constructible. Il faut souligner qu'il l'était déjà au titre du plan de 1996 mais la mairie avait opté pour un aménagement en forme de placette avec espace vert. Un nom du reste lui a été donné : place Renée Vivien, en mémoire d'une femme poète du XIXème siècle, disciple de Sappho.

    Une fresque de Catherine Feff – "L'esprit des Lieux" – a été peinte sur le mur pignon qui la délimite et un peu de verdure est venue compléter cet espace qui a la vertu de donner de la respiration au quartier.

    Va-t-on tout détruire ? et pour construire quoi ?

    L'indigence architecturale du gymnase Miche le Comte juste en face nous rend méfiants. La mairie a abandonné le projet absurde d'une crèche à cet endroit-là au profit d'emplacements plus pertinents, notamment le 64-66 rue des Archives. Elle parle désormais d'un "équipement" collectif, sans en préciser la nature. Mais elle admet que l'existence, sous le sol de la place, de ces commodités que sont l'assainissement, l'électricité, le gaz, le téléphone, la fibre optique et le chauffage urbain ne facilite pas la démarche et reconnait sotto voce que le statu quo est l'issue la plus raisonnable.

    Ce qui ne l'empêche pas de qualifier de "téléguidé" le déluge des protestations qui se sont exprimées auprès du commissaire-enquêteur et dont elle n'a d'ailleurs fait aucun cas. Il appartient aux riverains de répondre s'ils se sont sentis contraints d'une quelconque manière, pour dire ce qu'ils avaient à dire ; en d'autres termes s'ils sont des drones ou des citoyens libres de leur comportement.

    Nous tenons à rappeler pour notre part que le rôle de notre association est d'informer et, si un sujet fait débat, d'argumenter. On ne peut "téléguider" que si on distribue des récompenses : un poste, un logement, une subvention … Ce n'est pas notre cas.

    Nous encourageons à rester confiants tous ceux qui de leur plein gré ont exprimé leur refus de voir leur quartier se densifier encore plus et perdre une part de son âme. Qu'ils soient prêts à agir avec nous le moment venu s'il le fallait. Nous avons la conviction rassurante ceci dit, quel que soit le résultat des prochaines élections, que le bon sens s'imposera.

    Gérard Simonet

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    Entrée_du_site_de_Paris_(hôtel_de_Soubise)._Archives_nationales_(France)
    Entrée des Archives Nationales 60, rue des Francs Bourgeois (IIIe)

     

     

    Dans le cadre du partenariat avec "Vivre le Marais !", Culture et Patrimoine Paris – Marais a le plaisir de vous inviter à une nouvelle et passionnante visite, celle des Archives Nationales dont les archives qui sont habituellement fermées au public, les grands dépôts des archives nationales et l'Hôtel de Soubise

    Jeudi 28 novembre 2013

    Rendez-vous à 14h15 précises dans le hall de l'Hôtel de Soubise

    60, rue des Francs Bourgeois 75004

     

    Cette visite, guidée par Nathalie Cauras, vous fera découvrir un lieu fermé
    au public qui recèle notre Histoire.

    L'hôtel de Soubise, édifié à la fin du
    règne de Louis XIV pour la famille des Rohan-Soubise est un des premiers
    exemples de l'architecture rocaille parisienne. Napoléon Ier en fait
    l'acquisition en 1808 afin d'y installer les Archives Impériales. Très vite,
    l'édifice s'avère insuffisant pour accueillir la quantité exceptionnelle de
    documents ce qui décide Louis-Philippe puis Napoléon III à faire construire
    de nouveaux bâtiments appelés les grands dépôts. C'est cette partie
    prestigieuse, fermée au public que vous découvrirez ainsi que le magnifique
    Hôtel de Soubise.

     

    Archives_nationales_(Paris)_Grands_dépôts_(salle_de_l'Armoire_de_fer)
    La salle de l'Armoire de Fer des Grands Dépôts

     

    Compte tenu du droit d'entrée et de la rémunération de la guide, nous vous remercions de
    prévoir une participation exceptionnelle de 15 euros par personne à remettre
    en début de visite et de 12 euros pour les adhérents de Culture et
    Patrimoine qui seront bien sûr prioritaires car le nombre de places est
    limité.

    Prévenir de votre venue et du nombre de personnes qui vous
    accompagneron, Marie-Françoise Masféty-Klein par mail mfmk@free.fr ou par
    téléphone 01 42 72 61 41.

    Les coordonnées de votre conférencière Mathilde Cauras sont : 06 10 12 67 27

    N'hésitez pas à nous contacter pour toute information complémentaire.

     


  • IMG_1413
    L'Hôtel de Saint Aignan et sa cour intérieure, 71 rue du Temple (IIIe)

     

    Claude de Mesmes , comte d’Avaux, Surintendant des Finances de Mazarin, hérite d’un hôtel familial au 71, rue du Temple (IIIe) qu’il fait détruire pour édifier dès 1642 le bâtiment actuel connu sous le nom d’Hôtel de Saint Aignan qui abrite aujourd’hui le musée d’art et d’histoire du judaïsme. Les plans sont dessinés par Pierre Le Muet (1591-1669) qui devint architecte du roi et réalisa le château de Tanlay (Yonne) ou l’Hôtel de Comans d’Astry situé 18, quai de Béthune.

    L’hôtel qui est aménagé comprend alors le bâtiment principal avec sa cour et une aile à droite qui est constituée pour partie d’une cuisine, d’une salle à manger et d’une galerie au premier étage. Un mur dit « renard », c’est-à-dire formant pendant mais factice, est construit sur l’aile gauche. Racheté par Paul de Beauvilliers, duc de Saint Aignan en 1688, des travaux de restauration et d‘embellissement sont entrepris, notamment la réalisation de l’escalier d’honneur. Le jardin est agrandi et son aménagement est confié à Le Nôtre (dont le 4ème centenaire de sa naissance est fêté cette année). Saisi à la Révolution, l’ensemble devient le siège du VIIe arrondissement jusqu’en 1823.

     

    Coupole
    Le haut de l'escalier et sa coupole

      

    Dégradés, les bâtiments abriteront ensuite des logements et des ateliers ainsi que des petites industries. Des surélévations ajoutées sur 3 niveaux en feront alors un bien de rapport où vivront des artisans juifs originaires des pays de l’Est. Acheté par la Ville de Paris en 1962, 20 ans exactement après les grandes rafles qui ont touché malheureusement plusieurs des locataires, ce n’est que 1986 que la municipalité décide d’y installer le musée qui s’y trouve dorénavant. Entre temps, en 1963, le classement est intervenu.

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    Deux campagnes de restauration seront nécessaires et dureront 25 ans, des fouilles seront menées sur 3,50 m d’épaisseur et révéleront l’existence de constructions antérieures. C’est ainsi que l’Hôtel de Saint Aignan renait. L’intérêt de l’édifice est qu’il parait vaste alors qu’il se trouve sur une parcelle de terrain de taille modeste. Il est équilibré et présente une grande unité, ainsi les quatre façades de la cour sont identiques et recouvertes de pilastres imposants sculptés sur toute leur hauteur ce qui donne de la puissance à la construction. Nous retrouvons l’escalier reconstruit qui s’inspire du modèle inventé par Mansart. Les volées ne vont que jusqu’au premier étage. Une calotte le surmonte sur laquelle se trouve une perspective en trompe l’œil. Quant au décor de la salle à manger peint en grisaille XVIIIe, il est sans doute dû à Rémy Vuibert (1600 -1652) « peintre ordinaire du Roi » c’est-à-dire peintre habituel qui fut élève de Simon Vouet et ami de Nicolas Poussin. La galerie du Château de Tanlay ou l’escalier de l’Hôtel de la Vrillière, siège de la Banque de France (voir notre article du 31 janvier 2013), sont peints pas lui.

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    Le musée a ouvert en 1998. Il est régi par une association loi de 1901 et géré par un conseil d’administration où siège la Ville de Paris. 150 000 visiteurs le fréquentent annuellement. Il réunit des collections mises en dépôt par le Ministère de la Culture et des anciennes collections du musée précédemment installé rue des Saules dans le XVIIIe arrondissement. Très importantes et magnifiquement présentées, elles sont enrichies chaque année par des dons et des achats. Une médiathèque, des publications et des ateliers sont à la disposition du public intéressé.

    Une longue restauration certes mais qui fut à la hauteur de l’enjeu pour ce rare exemple de l’architecture parisienne datant de la régence d’Anne d’Autriche.

    Dominique Feutry

     

     

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    JpgLe projet de la Tour Triangle Porte de Versailles (XVe) 

     

    En ce début d’automne, le Sous-Directeur Général de l’UNESCO en charge du patrimoine mondial a émis de sérieuses réserves sur la politique menée par le Conseil de Paris concernant les immenses tours qui risquent d’encercler la capitale. Il souligne l’impact visuel qui sera durablement affecté alors que nous sommes une des rares villes de cette taille au « modèle 6 étages » encore préservée dans le monde. A ce titre d'uilleurs, les berges de la Seine sont classées au patrimoine mondial de l'UNESCO.

    Pointant déjà la forte densité de Paris, il a égrainé un à un les inconvénients liés à ce type de construction souhaitée, notamment ceux liés à une forte consommation d’énergie.

    Plusieurs chantiers sont déjà au stade de projet avancé.

    Ainsi deux immeubles d’habitation de 50 m de haut sont en cours de construction dans le quartier Massena-Bruneseau (XIIe) près du périphérique et  4 tours de bureaux devraient à l'avenir les rejoindre. L' une d'entre elles atteindrait une hauteur de 180 m conséquence  de la révision du PLU qui limitait à 37 m la hauteur des contructions depuis la polémique qui avait suivi la réalisation de la Tour Montparnasse (210 m).

    L’ édification de la Tour Triangle est prévue à la Porte de Versailles (XVe). Son implantation fait débat. Le Commissaire Enquêteur n’a-t-il pas souligné les risques qui pèseront sur l’activité du Parc des Expositions dont l’emprise sera amputée de 7 000 m2, de même que les questions d’ombre dans les bureaux et l’afflux de 50 000 salariés dans un quartier où la circulation est particulièrement encombrée.

    Quant à la tour prévue aux Batignolles (XVIIe) pour y installer dès 2017 le Palais de Justice, elle atteindra 160 m et sera construite en partenariat public-privé avec Bouygues.

     

    Jpg

    Le futur Palais de Justice aux Batignoles (XVIIe) 

     

    Beaucoup estiment la formule de partenariat contestable, voire aberrante, puisque Bouygues paie la construction pour loue ensuite les locaux au Ministère de la Justice. Sans doute une bonne affaire pour l’opérateur.

    D’autres pointent du doigt la modification à doses homéopathiques du PLU, via la procédure de révision simplifiée, quartier par quartier, ce qui permet d’esquiver un débat général qui aurait été bien nécessaire car des sondages révèlent que la majorité des parisiens sont contre les tours. Le débat sur ce sujet à l’occasion des élections municipales montre les différences de point de vue entre les candidats déjà déclarés. Certains y sont favorables et d’autres y sont opposés.

    Il n’empêche et sans vouloir paraître ringard que Paris risque de perdre gros si les projets prévus arrivent à leur terme. Tout d’abord le quartier de La Défense ne manque pas de tours et Paris n'est donc pas exangue comme cela a été dit pourtant ! Est-il judicieux de gâcher le paysage unique de Paris si l’on voit poindre de n’importe quel endroit de la capitale, y compris le Marais historique, une cohorte de gratte-ciels comme les tours d’une citadelle ? Citadelle qui créera alors une rupture dans la perspective du Grand Paris pourtant souhaité et indisposera les parisiens à l'image du mur des fermiers généraux qui a coûté cher à ses instigateurs lors de la Révolution.

     

    Jpg
    Les tours Duo de Jean Nouvel sur la Zac Paris Rive Gauche (XIIIe)

     

    Il ne serait pas impossible que l’UNESCO, très critique à ce sujet, sorte Paris de sa liste des villes inscrites au patrimoine mondial de l’humanité. Paris risquerit alors de perdre très vite son statut de capitale la plus visitée au monde

    A-t-on d'ailleurs aujourd’hui les moyens de se lancer dans des investissements aussi colossaux alors que le coût des grands chantiers tels celui des Halles ou celui de la salle de concert de la Vilette voient leur   budget initial exploser et sont de plus en plus vivement critiqués ?

    Dominique Feutry

     

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    13_rue_de_montmorency
    L'entrée de l'ancien Comptoir Lyon-Alemand Louyot et Cie 13, rue de Montmorency (IIIe)

     

    Nombreux sont ceux qui se souviennent encore du temps, pas si lointain, où la rue de Montmorency (IIIe), notamment dans sa partie "Est", comprise entre la rue Beaubourg et la rue du Temple était une véritable ruche. Le fondeur de métaux précieux côtoyait les ateliers d’orfèvres non loin de l’Ecole de la Bijouterie et de l’Ecole des Impôts (notre article du 23 juillet 2013 ). Un argenteur exposait de magnifiques pièces dans sa vitrine et les bijoutiers pouvaient se fournir en outils et pièces dans un magasin très connu pendant qu’un établissement coté restaurait ses clients. Les allers et venus incessants des camions chargés de métaux précieux, les élèves des écoles et les artisans qui s’activaient quotidiennement ont disparu.

    Aujourd’hui cette section de la rue de Montmorency est devenue en miniature ce qu’est devenu le quartier sans les  musées néanmoins. Effectivement les immeubles du fondeur de métaux (le Comptoir Lyon- Alemand Louyot et Cie) qui comprenaient aussi l’Hôtel d’Hallwyll (notre article du 16 janvier 2013) ont  été transformés en résidences privées. Les joailliers, argenteurs et bijoutiers (souvent en étage) ont disparu et ont fait place aussi à des appartements d'habitation. Les écoles ont été transférées en d’autres lieux. Les locaux de l’une sont en cours de modification en logements sociaux et en crèche, l’autre établissement est devenu un ensemble de bureaux offerts à la location.

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    Le Bar à maquillage "Makeup Me" 12, rue de Montmorency (IIIe)

     

    Seuls subsistent le magasin de fournitures et outils pour bijoutiers–joailliers, la maison Pouget aux numéros 15 et 20 et cette façade hideuse et taguée qui a remplacé le restaurant coté (voir nos articles des 31 mars 2010 et 27 décembre 2012), on se demande d'ailleurs combien de temps encore cette lêpre va être maintenue ?

    Quant aux autres boutiques elles sont devenues pour l’une ( N°12 ) un Bar à Maquillage "Makeup Me" très tendance résultant d'un concept nouveau en provenance de New York, ce qui devient une prérogative fréquente du quartier ( voir notre article du 21 septembre 2013 sur le bar à chats ouvert dans le Marais, le 1er à Paris et même en France). D’autres sont devenues des magasins de mode dont un à l'enseigne Pierre et Georges (N°12) qui réalise des vêtements sur mesure et un autre sous forme de concept store appelé "Code Couleur" (N°6).

    Le Marais se spécialise en effet de plus en plus dans la mode et son attractivité ne se dément pas sur ce plan. On trouve aussi une nouvel établissement d'enseignement l' Ecole des Spas et Instituts au N°24, ce qui est assez inattendu en ce lieu, une  agence immobilière au N°18 et tout à côté une galerie d’art Métropolis (N°16), sans oublier le cabinet d'architecture qui a installé ses bureaux au 19. Enfin quelques boutiques de grossistes en breloques continuent à alimenter des commerçants ambulants. 

     

    Tb_showroom-mariage-net_3_106411Boutique "Pierre et Georges" 12 rue de Montmorency (IIIe)


    Le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, dans sa version révisée qui verra le jour probablement en janvier 2014 y met aussi son grain de sel. Tel atelier qui figurait en jaune ou en orange dans le plan de 1996, donc démolissable, a désormais droit de cité. Il en est ainsi de l'ancienne fonderie d'or du 14 qui porte en elle une histoire fabuleuse. Elle est désormais le siège d'une société de rénovation immobilière qui a beaucoup contribué à faire du Marais ce qu'il est aujourd'hui.

    Excepté de rares affaires qui se sont maintenues, les immeubles qui n’ont pas changé d’aspect, les activités qui faisaient l’animation de la rue et du quartier sont parties ou ont été supprimées. Sans nostalgie aucune, il est intéressant de constater combien peut changer un quartier en l’espace de 20 ans, fruit des tendances, de la mode, des changements d’habitudes et des modes de consommation des habitants qui ont investi les lieux mai aussi de la flambée de l'immobilier.

    Cette section de la rue de Montmorency est en elle-même un petit résumé visuel de l’évolution récente du Marais.

    Dominique Feutry

     

  •  Parc royal 12 hôtel de croisille 26 10 13Parc royal 10 hotel de vigny 26 10 13

     

    Les hôtels de Croisille (à gauche) et de Vigny (à droite) situés au 12 et 10 rue du Parc Royal (IIIe) se suivent mais ne se ressemblent pas.

    Nous avons déjà relaté une tranche de la saga de ces monuments, depuis 2007, date où l'Etat propriétaire décidait de les vendre :

    On en sait encore un peu plus aujourd'hui. L'information de 2013 est confirmée. La Mairie de Paris est d'accord pour accorder le permis de construire. Le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum a demandé et obtenu que le promoteur réserve à la location deux appartements de 70 m² chacun, à 16 € le mètre carré. Cet engagement porte sur neuf années. Au-delà de cette échéance, le propriétaire sera libre de les vendre ou de les louer au prix de marché.

    Rue du Parc Royal, face au square Léopold-Achille et à ce tarif-là, les candidats-locataires seront nombreux. C'est la mairie du IIIe qui les choisira.

    Rue de Montmorency, au numéro 26, la situation est tout autre mais l'issue pourrait être semblable.

    Montmorency 26 façade 26 10 13

    L'immeuble est en déshérence depuis plusieurs années. Il a d'abord été squatté puis en 2011 ses propriétaires concluaient un accord avec la mairie du IIIe au terme duquel ils s'engageaient à le réhabiliter pour le louer par appartements à un tarif social, sur la base d'une convention de neuf ans.

    Nous avons suivi l'histoire de cet immeuble. Notre article de mars 2010 faisait le point de la situation à cette époque. Elle a peu évolué depuis. Les travaux commencés en 2011 sont suspendus sine die faute d'argent. Aucune cession n'est annoncée. Que va-il se passer ?

    Première hypothèse : les propriétaires (privés) trouvent un financement pour sa réhabilitation et mettent en oeuvre la convention. Ils semblent reculer devant le modèle économique proposé par la mairie  et pourraient bien y renoncer. On touche ici du doigt la difficulé pour ne pas dire l'impossibilité de louer "social" en rénovant au prix de marché pour le foncier et pour les travaux.

    Deuxième hypothèse : la Ville de Paris offre un prix pour l'acquisition de l'immeuble. S'il est trop bas, les propriétaires déclineront et pourraient avoir les tribunaux pour eux s'ils allaient en justice. S'il est "acceptable", l'opération sera évidemment déficitaire et ce sont les contribuables parisiens qui paieront. Perspective devant laquelle les classes moyennes commencent sérieusement à renacler à Paris après les hausses vertigineuses d'impôts qu'elles ont subies ces dernières années.

    Troisième hypothèse qui a notre préférence : un promoteur achète l'immeuble à un prix qui satisfait les deux parties et fait son affaire de sa vente ou location par appartements. La mairie impose une part de social. Peut-être réussira-t-il à résoudre la péréquation qui consiste à augmenter le prix de la surface libre pour baisser celui de la partie encadrée, mais il faut que la Ville soit souple sur les contraintes qu'elle lui impose.

    Le pire serait évidemment que chacun campe sur ses positions, les uns par idéologie les autres par réalisme économique.

    Gérard Simonet

    (Photos VlM)

    Post-scriptum du 3 décembre 2013

    Deux permis de construire ont été accordés par la Mairie de Paris en date du 05/11/2013 :

    • sous la référence PC 075 103 13 V0019 au bénéfice de la SARL MANGROVE, pour un changement de destination partiel d'un bâtiment de bureaux en habitation (7 logements créés) avec ravalement des façades inscrites sur rue cour et jardins, remplacement des menuiseries et pose d'une grille sur porche et reconstruction d'un perron
    • sous la référence PC 075 103 13 V0020, même bénéficiaire ), pour une réhabilitation d'un immeuble de bureaux et changement de destination en habitation  (12 logements créés) avec ravalement des façades et démolition de murs porteurs

    Ces deux bâtiments sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques

                   

     

  • Hôtel d'argenson impasse rg 26 10 13L'impasse de l'hôtel d'Argenson, à hauteur du 20 rue Vieille du Temple (IVe) –

    Cliquez jusqu'à deux fois dans l'image pour savourer le caractère exécrable du décor

     

    Nous osons à peine en parler car nous avions claironné sa réhabilitation il y a deux ans déjà … et voilà où nous en sommes aujourd'hui ! On finira pourtant par avoir raison. On nous assure que cette fois est la bonne : les travaux ont été votés et plus rien ne s'oppose à leur lancement.

    Rappelons qu'il s'agit d'un passage privé où la Ville n'a pas de raison – ni le droit – d'intervenir. Le nom de "cloaque" lui va comme un gant. Il n'existe pas dans le Marais de lieu plus dégradé que celui-ci. Comme toujours, laideur et dénuement attirent les badauds. On voit ici des gens qui photographient ces murs, comme ils le feraient face au spectacle de la misère et de l'insalubrité dans les slums de Bombay….

    Le syndicat des copropriétaires est maintenant déterminé à y mettre fin. Une grille avec contrôle sera placée à l'entrée. Comme au passage Ste Avoye dans le IIIe. Les barbouilleurs iront taguer ailleurs.

    Gérard Simonet

     

  • Forez picardie angle 25 10 13Attroupement de personnes et leurs motos, angle rues du Forez et de Picardie (IIIe)

     

    La colère est à son paroxysme chez les habitants de l'îlot Charlot-Forez-Picardie tandis que l'agitation nocturne bat son plein. Déjà condamné en février par le Tribunal de Proximité de Paris, le propriétaire des établissements concernés, le "Jackets" – un rock-bar – (ex "Wildricks") et le "Nanashi", ce grand patron de la nuit parisienne redouble d'initiatives qui rendent la vie impossible aux riverains. Avec une demi-douzaine de boites, dont l'aménagement du pont Alexandre III que lui a confié le Maire de Paris Bertrand Delanoë, il devrait pourtant s'estimer comblé et avoir une pensée citoyenne pour ceux qui souhaitent vivre tranquillement chez eux.

    Forez jackets calicot nuiit à nos nuits 22 10 13
    Plusieurs calicots ont fleuri sur les immeubles. Savoir dire avec poésie son exaspération n'est pas à la portée de tout le monde !

     

    Suite aux plaintes diverses enregistrées, une décision de fermeture administrative de ces deux établissements, de respectivement quinze et trente jours, est à l'examen par la Préfecture de Police de Paris. C'est la seule sanction qui puisse toucher sérieusement ces gens-là car ils se déclarent insolvables quand il s'agit de verser les dommages-intérêts auxquels ils sont condamnés.

    Dans un courrier adressé le 23 octobre 2013 aux plaignants, le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum déclare qu'il a "demandé au Préfet une intransigeance et une grande fermeté à l'encontre des bars et restaurants qui rendent la vie des riverains insupportable".

    Il s'engage également à intervenir auprès de la Direction de l'Urbanisme pour des travaux effectués sans les autorisations requises, en demandant qu'elle dépose plainte, et signale à son attention une installation interdite de terrasse sur un trottoir de moins de 2,2 mètres.

    Il conclut en assurant qu'il fera tout pour ramener la quiétude dans ce quartier, très éprouvé nerveusement depuis plusieurs mois.

     Le collectif "Picardie Forez"

     

    Post scriptum du 30 octobre 2013

    Le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum nous prie de publier sa réponse à notre article :

     

    "Suite à la publication de plusieurs articles sur le site "Vivre le Marais !" concernant le 3e arrondissement, je me permets de vous transmettre un certain nombre d’informations.

    Tout
    d’abord, je vous confirme que suite à une pétition des riverains de
    plusieurs établissements situés rue de Picardie et rue Forez, j'ai
    renouvelé mes interventions auprès du Préfet de Police et du Commissaire
    de Police du 3e arrondissement pour que leurs services
    rétablissent la quiétude du quartier avec une grande fermeté à
    l’encontre des bars et restaurants qui rendent la vie des riverains
    insupportable. Vous trouverez ci-joint la lettre que j’ai fait parvenir à
    l’ensemble des habitants de ces rues.

    Ensuite,
    je tiens à réaffirmer avec force l’action de la municipalité pour la
    tranquillité des habitants. Les établissements nocturnes se doivent de
    respecter le droit  au calme des riverains. Aussi, aucune autorisation
    de terrasse ouverte n’a été donnée aux établissements de la rue de
    Picardie entre la rue de Bretagne et la rue Pérée, le trottoir étant
    inférieur à 2,20m. De même, la Mairie du 3e arrondissement
    comme la Ville de Paris ont donné un avis défavorable pour la demande de
    permis de construire concernant la modification de devanture du
    restaurant Nanashi. Le gérant ayant malgré tout procédé aux
    modifications refusées, la Ville de Paris a déposé plainte sur ma
    demande.

    Enfin,
    concernant les questions de sécurité, j’ai toujours été favorable à
    l’installation des 24 caméras, dont la localisation a été étudiée en
    collaboration avec la Préfecture de Police. Aussi, je ne peux que me
    réjouir, qu’après un formidable travail des forces de police judiciaire
    et grâce au concours d’une caméra implantée à proximité l’auteur de
    l’homicide d’un employé d’un établissement sensible de la rue des
    Haudriettes survenu en décembre 2012 ait pu être confondu. Cependant, je
    partage votre opinion sur l’importante baisse des effectifs de police
    dans Paris avec 2500 postes supprimés sous le précédent quinquennat.
    Comme vous le savez, avec Bertrand DELANOE et Anne HIDALGO, nous
    militons auprès du Préfet de Police pour qu’il récupère ses effectifs au
    nom de la sécurité des Parisiennes et des Parisiens.

     

    Pierre AIDENBAUM

    Maire du 3e arrondissement"

     

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    Le Square duTemple face à la Mairie du IIIe arrondissement

     

    Un mort, sans doute par assassinat, découvert par des employés de la Ville de Paris le 23 octobre dans le Square du Temple qui fait face à la Mairie du IIIe arrondissement.

    Un employé qui arrive à son travail et se fait tuer par un malfrat dans un atelier de la rue des Haudriettes (notre article du 05 décembre 2012).

    Des personnes qui se font agresser et voler par des jeunes originaires des pays de l’Est au distributeur de billets du bureau de Poste de la rue des Archives (IIIe) (notre article du 4 mai 2013).

    Les exemples s’égrainent au fil des jours et laissent à penser que la sécurité de notre quartier devient un problème. L’année passée déjà, dans un article du 26 octobre, nous dénoncions le nombre insuffisant de caméras de surveillance disposées dans les rues du IIIe puisque seulement 24 avaient été jugées suffisantes sur les 1 000 installées à Paris intramuros ! Quant à la Police, elle se plaint de la baisse de ses effectifs… !

    Alors face à des faits divers aussi dramatiques qu’inquiétants, face à  bien d'autres faits portés ou non à notre connaissance, appelés pudiquement "incivilités" traduisant  une montée de la délinquance de la violence et donc de l'insécurité, que pouvons-nous espérer et attendre ?

     


    Pickpocket
    Pickpoket en action

     

    Les autorités chargées de notre protection et de faire respecter la loi sont débordées. Il suffit pour s’en convaincre de se rendre dans un commissariat. Le lieu tient souvent à la fois d’une cour des miracles, d’un assistanat, d’une agence de renseignements et de bureau d’enquête lorsque des faits sérieux sont avérés. Tout cela est par ailleurs agrémenté de la lourdeur qui caractérise toute Administration. En fait ce sont les moyens qui manquent le plus et les délinquants le savent.

    La prévention est de son côté insuffisante et la crise apporte son lot de personnes marginalisées, sans emploi et désoeuvrées qui peuvent passer à l’acte. A cela s’ajoute la montée de l’alcoolisme et lesproblèmes liés à la drogue et les trafics qui leur sont inhérents.

    Il n’empêche que même si notre pays connait de sérieux problèmes budgétaires, la sécurité des personnes et des biens ne doit pas être sacrifiée car dans les urnes de telles impasses peuvent coûter cher à ceux qui en ont la responsabilité.

     

    Images

    Une caméra de surveillance

     

    Au modeste niveau de "Vivre le Marais !" nous ne pouvons qu’encourager nos élus et futurs élus à davantage quadriller nos rues de caméras de surveillance, à renforcer l’éclairage de certaines artères mal éclairées la nuit comme par exemple la section de la rue des Francs Bourgeois (IIIe) entre la rue des Archives et la rue Vieille du Temple. Faire connaitre aux habitants les endroits où sont disposées les caméras peut les inciter à emprunter en priorité des itinéraires sécurisés. Nos policiers doivent aussi être davantage visibles et jouer ce fameux « rôle du gendarme » qui est la forme la plus simple et souvent la plus efficace de prévention en matière de sécurité, au lieu d’être accaparés par les tâches administratives dans leur commissariat.

    De telles mesures ne sont pas si coûteuses et seront bien plus bénéfiques que celles qui consistent à financer la fête la nuit avec les conséquences déplorables que nous ne cessons de dénoncer…

    Dominique Feutry

     

    Post-scriptum du 28 octobre 2013

    Le Commissaire Central du IIIe nous informe :

    • Le meurtre du square du Temple est élucidé. Il s'agit d'une dispute amoureuse qui a mal tourné. L'un des protagonistes a frappé l'autre et l'a tué.
    • L'agression criminelle de l'employé du fondeur d'or de la rue des Haudriettes (article du 5 décembre 2012) a conduit à l'interpellation de quatre personnes qui sont mises en examen. Il y aurait deux auteurs et deux complices. La justice décidera de leur culpabilité. Ce résultat est le fruit d'une longue traque et d'un jeu de piste hallucinant. Ils témoignent de la conscience professionnelle et de la compétence des services de police qui n'hésitent pas à mobiliser des moyens considérables d'investigation avec une conscience professionnelle qui, dans le cas présent, force notre admiration.