Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2014

  • Hotelalbret603bisLa cour de l'Hôtel d'Albret (IVe)

     

      

    L’Hôtel d’Albret (IVe) dont nous avons parlé dans deux récents articles (21 mai et 1er juillet 2014) abrite du 18 au 30 août un festival de musique organisé en partenariat avec France Musique, la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris et la SACEM.

    Chaque jour (sauf les samedis et dimanches) un concert public gratuit est proposé à 18h00 dans la cour de l’Hôtel. Il s’agit de rendez-vous éclectique qui réunit des artistes venant de différents pays et des musiques aussi variées que la musique classique le jazz ou la chanson.

    Ces concerts sont une des facettes de festivals d’été organisés dans la capitale (Théâtre du Châtelet, le Théâtre de la Ville…). En effet la municipalité s’est également engagée auprès de réseaux et de structures d’accompagnement de professionnels de la musique auxquels elle apporte des aides ainsi qu’à plus de 20 ensembles vocaux et instrumentaux (quatre ensembles vocaux et plus de 15 orchestres et ensembles instrumentaux dont l’Orchestre de Paris et l’Orchestre de Chambre de Paris). Pour les amateurs les choix sont donc multiples.

    Les nombreux artistes et les ensembles invités (Spirit of Chicago Orchestra, Les Anches Hantées…) sont de grande qualité. Nous vous conseillons de prendre connaissance quotidiennement du programme sur le site de France Musique qui procède d’ailleurs à une diffusion en direct des concerts à l’affiche.

    Voilà une occasion de redonner un vrai sens à la  musique de plus en plus dévoyée lors de la fête du même nom en juin.

    HOTEL D’ALBRET, 31 rue des Francs-Bourgeois (IVe).

     

  •    Grégoire ménie portrait
    Ménie Grégoire, dans son appartement de la rue Chapon (IIIe). Elle restera dans nos mémoires l'ardent défenseur des droits de la femme (Photo VlM).

     

    Nous avons appris aujourd'hui, avec tristesse, son décès à l'âge de 95 ans, au lendemain de son anniversaire.

    Marie (Ménie) Grégoire est née en Vendée en 1919. Elle voulait être égyptologue, elle devint journaliste. Très jeune, elle s'intéresse au sort de la femme. Il faut se souvenir qu'à l'époque la femme n'avait pas la capacité juridique, ne votait pas, n'exerçait pas l'autorité parentale et était par conséquent subordonnée à l'autorité de son mari, pour ouvrir un compte en banque, signer un contrat …..

    Peu d'entre elles occupaient des emplois valorisants. Esclaves de maternités généralement pas souhaitées, elles menaient une vie morose entre leurs enfants, la cuisine et le ménage.

    Ménie Grégoire se fait connaitre par des manifestes en faveur des femmes. Elle fait des articles pour "ELLE" et "Marie-Claire", dans les années 60. Son premier livre "Le métier de femme" chez Plon fait sensation en 1965 et un ravage. Il bénéficie d'un fort tirage et attire l'attention de RTL.

    En 1967, la chaîne de radiotélévision lui confie une émission journalière de une heure. Ils inventent ensemble la radio interactive, avec intervention directe des auditeurs dans l'émission. Dix pour cent (quand même !) des auditeurs de Ménie sont des hommes, mais l'écrasante majorité sont des femmes. Elles se réunissent par immeuble chez celle qui a le téléphone (tout le monde n'était pas raccordé au réseau) et se confient à Ménie qui sait si bien les écouter et leur parler.

    Pendant ses émissions, l'audience de RTL atteignait 3 millions d'auditeurs. Un record pour l'époque, qui valut à Ménie l'estime et la considération de toute la profession et une popularité immense qu'on peut mesurer aujourd'hui aux 100.000 lettres qu'elle a reçues et qui sont désormais rangées aux archives de la ville de Tours.

    Membre attentif de notre association, elle nous avait reçus plusieurs fois chez elle. Notre dernière rencontre date du 7 mars 2011. Nous étions accompagnés de journalistes belges qui souhaitaient recueillir une interview. Nous lui avons demandé la permission de faire la photo que nous publions ci-dessus. Elle s'était alors absentée pour se "refaire une beauté" et s'est prêtée ensuite au jeu des photos, de bonne grâce.

    Chère Ménie, pour ce que vous avez été et pour ce que vous êtes encore, c'est à travers vous que nous célébrerons chaque année dans le Marais et sur notre blog, en souvenir de vous, la journée internationale de la femme.

    Gérard Simonet

     

  •   Bio-c-bonDevanture de magasin Bio C' Bon

      

    Créée en 2008 sous forme de SAS animée par Daniel Chouraqui et installée à Rungis, "Bio C’Bon" est une jeune chaîne de distribution de produits bio qui s'est d'abord concentrée sur le XVe arrondissement et comprend aujourd'hui une cinquantaine de magasins dont une vingtaine à Paris et trois dans le Marais [26 rue du Renard, 16 rue de la Cerisaie (IVe) et 103 rue de Turenne (IIIe)].

    Alors que les magasins bio sous des enseignes multiples fleurissent , "Bio C’Bon" se différencie sur plusieurs points.

    Tout d'abord le prix des produits est abordable. Ensuite le choix très large de produits bio offerts. Le cadre des supermarchés (700 m2 pour la plupart), est agréable et moderne avec des rayonnages élégants. Le rayon fruits et légumes est appétissant. Des produits sont proposés à la coupe comme le fromage, la charcuterie. D'autres sont en vrac (riz, pâtes, lentilles…). Les vins son nombreux. Toutefois tous les produits proposés ne sont pas du terroir français, cetains viennent d'atres pays mais sont bio néanmoins.

     

    Bio-c-bon-supermarche-bio-magasin-biologique-paris_fs

     

    Le reste du magasin offre tout ce dont on peut avoir besoin habituellement. Certains regrettent l'insuffisance de spécialités végétaliennes. On trouve des rayons de cosmétiques, hygiène et entretien assez intéressants avec des marques évocatrices telles que "Douce Nature" ou "Etamine du Lys"

    Le client remarque surtout rapidement la qualité de l'accueil de la clientèle qui est très tangible. Un programme de fidélité a été mis en place.

    Au moins une fois, essayez quelques produits, notamment le sac garni de fruits et légumes à 10 € qui est concocté chaque semaine. 

    Dominique Feutry

     

  •  Affiche_definitive_0L'affiche des manifestations à l'occasion des 70 ans de la Libération de Paris 

     

     

    Nous conseillons à ceux qui ne sont pas partis en vacances ou qui viennent de rentrer de se rendre à  la Mairie de Paris qui, à l'occasion du soixante dixième anniversaire de la Libération de la capitale, en partenariat avec le musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin, nous fait revivre les principaux événements d'août 1944. L'exposition s'intitule: "Août 1944. le combat pour la Liberté".

    La ville était occupée depuis 4 ans lorsque du 19 au 26 août, l’action des résistants, des soldats du Général Leclerc et de la 4e division américaine et des habitants va donner lieu à l’une des pages marquantes de son Histoire.

    Ces jours tout particuliers sont restitués dans les murs de l'Hôtel de Ville. Une fresque audiovisuelle projetée sur un écran long de 22 mètres, "clou de l'exposition", fait revivre les temps forts de l'insurrection. Des mouvements de grèves, en passant par l'occupation de la Préfecture de police et de l'Hôtel de Ville, la construction des barricades, la reddition de Von Choltitz. Suivent ensuite les moments de liesse populaire.

    04_paris Une des photographies de l'exposition montrant l'accueil réservé à un soldat de la 2ème DB

      

    Rien n'est oublié dans ce qui est proposé à la visite notamment les rues, les quartiers, les édifices témoins des affrontements, le PC du Colonel  Rol Tanguy, le QG du général Leclerc, le Grand Palais incendié, les Champs Élysées et le Général de Gaulle.

    Nombreux sont  les témoignages, les photos, les dessins,les tracts et les documents d’archives en paticulier la presse, clandestine depuis de longs mois, qui sort enfin au grand jour.

    Hôtel de Ville Salle Saint-Jean, jusqu'au 27 septembre 2014, du lundi au samedi

    A ne pas manquer non plus l'exposition du Musée Carnavalet, jusqu'au 8 février2015 sur le même théme comprenant de nombreuses photographies et intitulée « Paris libéré, Paris photographié, Paris exposé » qui est "portée davantage sur l’émotion que sur la véracité historique". 

    Ouvert tous les jours, de 10 h à 18 h, sauf les lundis et  jours fériés.

     

  •  Paris-notre-dame-touriste-Touristes non loin de Notre Dame

     

    Bien que la France demeure la première destination touristique du monde, elle aura peut-être du mal à  maintenir son rang, ainsi que nous l'avons déjà rappelé dans nos articles des 16 juin 2013 et 30 avil  2014.

    En effet les résultats 2014 du classement des villes les moins accueillantes du monde établi par les lecteurs du magazine Condé Nast Travaler et qui viennent d'être publiés dans les médias place plusieurs villes françaises dans le top 5 dont Paris. 4ème juste avant Marseille la capitale française est donc une nouvelle fois mal classée sur l'accueil, la qualité des infrastructures touristiques et des hôtels.

    Les touristes font de nombreux reproches quant aux habitants taxés de "froids et distants". "Apportez une carte, car les Parisiens ne bougeront pas d’un pouce pour vous aider" ou "Vous aurez peut être une meilleure expérience si vous savez comment ne pas ressembler à un touriste" disent certains. D'autres prétendent  que les parisiens ne seraient pas très prévenants avec les touristes.

    Il faut remarquer, à la décharge des parisiens, qu'il y a une certaine logique à ce que l'agacement des résidents soit plus visible dans les villes qui subissent une fréquentation élevée. En revanche, c'est peu ou pas compréhensible de la part des professionnels du tourisme.

     

    Ngt-cnt-copy

    Un exemplaire récent du magazine Condé Nast Travaler 

     

    Les seules notes positives est que  Paris serait toujours une ville "fabuleuse et romantique" et les touristes qui fréquentent Paris depuis plusieurs années, soulignent une petite amélioration du comportement des parisiens avec le temps.  

    Il n'empêche que ces reproches qui nous sont faits doivent être pris au sérieux et entrainer les mesures correctives qui s'imposent. Une sensibilisation plus forte des professionnels et de leurs équipes en relation avec les autorités municipales et gouvernementales. L'enjeu  économique est de taille et Paris n'est pas la seule ville française à figurer en mauvaise place dans ce classement.

    Dominique  Feutry

     

  •  Turenne_rue_de_56_Scarron_Crebillon_01_miniFaçade du 56 rue de Turenne (IIIe) avec ses garde-corps ouvragés 

     

     

    A l'angle des rues de Turenne et Villehardouin (N° 17) se trouve un immeuble assez simple construit en 1638 avec d' autres maisons voisines (cf Le Marais Evolution d'un paysage urbain de D.Chadych) que loua Paul Scarron (1610-1660). Cet écrivain paralysé dès l'âge de 28 ans sans doute en raison d'une polomyélite, et non comme il l'a cru d'un bain trop froid, parvint malgré de dures suffrances à écrire une oeuvre littéraire abondante (romans, pièces de théâtre et poésies). Les spécialistes estiment que  "Le Roman comique", son oeuvre majeure, a inspiré Théophile Gautier lorsqu'il écrivit "Le capitaine Fracasse". Scarron disait avoir la charge de malade de la reine car il recevait une rente annuelle de cette derniére. Malgré sa mauvaise santé, le fait qu'il ne se déplaçit qu'en fauteuil roulant, il épousa en 1652, il avait alors 42 ans, Françoise d'Aubigné la petite-fille  d'Agrippa d'Aubigné qui deviendra plus tard la célèbre marquise de Maintenon, la maîtresse de Louis XIV. 

    Scarron tenait dans cette maison un salon littéraire réputé où se pressaient les grands noms d'alors tels Ninon de Lenclos, Scudéry… Cinq domestiques étaient au service de l'écrivain qui menait un certain train. Ainsi le tableau de Nicolas Poussin  intitulé "Le ravissement de Saint Paul" qui est aujourd'hui exposé au Louvre lui a appartenu.

    ScarronmGravure représentant Paul Scarron

     

    Curieusement, c'est dans ce même édifice que s'installa plus tard Prosper Jolyot de Crébillon ( 1674-1762) connu pour ces tragédies (Idoménée, Electre…) souvent appelé "le prince de l'épouvante" tant ses pièces aux intrigues compliquées étaient noires. Certains contemporains ont raconté qu'il vivait rue Villehardouin avec une vingtaine de chiens, dans la saleté et le laisser-aller jusqu'au moment où devenu académicien il reçut lui aussi une rente annuelle de Madame de Pompadour. Il ne doit pas être confondu avec son fils Claude Prosper Jolyot de Crébillon qui connut aussi la célébrité. On peut imaginer qu'il venait à cet endroit pour rencontrer son père. 

    220px-Crébillon_Père_2Gravure représentant Crébillon père

     

    A vécu dans cet immeuble Alain René Lesage (1668-1747), l'auteur de " " L'histoire de Gil  Blas de Santillane" son oeuvre maîtresse, mais aussi "Crispin rival de son maître" et "le diable boîteux" qui le rendirent fort célèbre malgré une grande modestie. Lesage s'est beaucoup inspiré de la littéature espagnole dont il était le spécialiste en son temps.

    220px-Alain-René_Lesage

    Portrait d'Alain-René Lesage 

     

    Dans cet immeuble au demeurant modeste de la rue de Turenne, il est difficile d'imaginer qu'une riche vie littéraire s'y soit déroulée… 

    Dominique Feutry

     

     

     

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    2862757_zones-30
    Carte des zones 30 et 20 (Mairie de Paris)

     

    La Mairie de Paris vient d'annoncer qu'elle réfléchissait à l'extension dans plusieurs quartiers, notamment des arrondissements centraux, de zones de rencontre ou zones 30 et zones 20 qui totalisent déjà 560 km de voies pour la seule capitale.

    Présenté comme un moyen de réduire la pollution en dissuadant les automobilistes prendre leur véhicule, l'idée peut séduire. Et c'est le cas, puisque toutes le grandes villes de France et de l'étranger ont recours à ce moyen pour donner plus de place aux pétons et aux cyclistes. Cette formule a pourtant ses détracteurs.

    En 2012 un rapport commandé à un groupe d'experts-ingénieurs par les commerçants de la ville de Lausanne a fait grand bruit. Ne concluaient-ils pas qu'il n'y avait aucune différence d'émission polluante que le véhicule roule à 30 ou à 50 km/h et que les décibels baissaient très peu entre ces deux vitesses! Bien entendu ce rapport a été critiqué notamment par les élus locaux, il n'en demeure pas moins que le doute subsiste. On peut aussi s'interroger sur le fait que des passages piétons soient maintenus sur ces zones alors que les piétons sont toujours prioritaires ?

    Téléchargement

    La question est davantage celle de savoir dans ce cas, si cette solution n'est pas comme le disent certains un simple pis-aller alors qu'il faudrait sans doute être plus clair, aller plus loin en transformant ces voies en zone piétonne. Mais face à une telle décision, nous risquons de voir se lever des haies de boucliers. La voie piétonne n'est pas non plus la solution idoine, les commerçants en prennent souvent à leur aise en annexant de l'espace réservé aux piétons pour y installer leurs terrasses et leurs étales, ce qui ne manque pas de créer des confits avec les riverains. Le bruit a aussi tendance à augmenter du fait d'un nombre de piétons plus élevé attirés par la «piétonisation». Enfin il y a déplacement de la circulation motorisée vers d'autres axes ce qui ne contribue pas vraiment à faire diminuer la pollution atmosphérique.

    Toutes les solutions, quelles qu'elles soient, mises en œuvre pour favoriser les moyens de transports «doux» et les piétons et ainsi diminuer l'usage des automobiles, cars et motos et avec eux l'émission de gaz polluants comme le bruit inhérent au trafic, ont leurs défauts. Mais alors seul celui qui ne ferait rien éviterait les méprises ?

    Nous estimons pour notre part qu'il faut plus que jamais combattre la pollution de l'air, sans doute le dilemme contemporain le plus important. Or cela ne peut être fait en croisant les bras, les zones 30 même si elles sont l'objet de critiques, même si elles sont parfois malmenées, ont un mérite, celui de faire prendre conscience que le «tout automobile» dans les grandes villes faisait désormais partie du passé.

    Dominique Feutry

     

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      Passage-ancreLe passage de l'Ancre (IIIe)

       

    Rejoignant le 223 rue Saint-Martin et le 30 rue de Turbigo (IIIe,) long d'une cinquantaine de mètres, le passage de l'Ancre, fleuri et verdoyant, composé d'habitations, de petites boutiques, d'ateliers et de bureaux est inattendu et insolite à cet endroit. En arrivant par la porte cochère de la rue Saint-Martin, la surprise est totale et l'effet garanti.

    Appelé tout d'abord passage de l'Ancre-Royale, puis à la Révolution passage de l'Ancre Nationale, ce passage étroit allait jusqu'à la rue du Bourg-l'Abbé, avant que le percement du Boulevard de Sébastopol ne l'ampute en partie en 1855.

    L'origine du nom viendrait, selon les indications affichées sur place, de l'auberge "Au Grand Saint Pierre" tenue par Nicolas Sauvage, qui y remisera les premières voitures publiques (les fiacres) en 1637, dont figuraient sans doute celles de la Marine Royale.

    Curieusement ce n'est pas un passage couvert comme ceux qui fleurirent sous la Restauration, mais en fait une petite allée donnant sur l'arrière des immeubles. Le passage Molière plus bas au N° 139 est un peu son pendant (notre article du 4 novembre 2012). Nous ne pouvons pas a priori parler d'intérêt architectural mais plutôt d''ambiance, d'atmosphère particulière de ce lieu restauré en 1998, après de longues années d'abandon.

     ImagesIntérieur du magasin-atelier de parapluies "PEP'S" 

     

    Il faut surtout s'arrêter devant l'une des dernières boutiques, PEP’S, spécialisée dans la réparation et vente de parapluies, ombrelles et cannes.

    Ce « petit bout de campagne à Paris » dissimulé derrière une lourde porte cochère et sous une végétation presque exubérante est souvent cité comme l'un des plus anciens passages de Paris qui est d'ailleurs prolongé vers l'ouest, un peu plus loin, dans le IIe arrondissement, par le passage du Bourg-l'Abbé.

    Difficile d'imaginer que lors de la rafle du Vel' d'Hiv, en 1942, la plupart des habitants du passage furent emporter !

    A noter que le passage est fermé le week-end.

    Dominique Feutry

     

  •  P1150525_Paris_III_rue_Pastourelle_rwkLa rue Pastourelle au débouché de la rue des Archives. Au fond l'intersection avec la rue Charlot

     

    La rue Pastourelle (IIIe), longue de 135 m, commence rue Charlot et finit rue du Temple face au débouché de la rue de Gravilliers.

    Elle porte en fait le nom du seigneur de Groslay, Jean Pastourel, membre du Parlement qui possédait au début du XIVe siècle une maison dans cette rue. Cette appellation lui fut donnée lors de la réunion, en 1877, de deux rues situées de part et d’autre de la rue des Archives, la rue d’Anjou-au-Marais et la rue Groignet. Cette voie s'appelait rue Groignet car un mesureur des blés du Temple portant ce nom y occupait une bâtisse. Cette dénomination avait remplacé celle de rue Jehan de Saint Quentin un autre habitant de l'époque, ce qui prouve qu'autrefois les rues se voyaient attribuer le nom de certains de leurs occupants.

    Cette rue située à l'origine hors de l'enceinte de Philippe Auguste est intéressante car nous y trouvons plusieurs témoignages de notre histoire. Le premier d'entre eux assez inattendu concerne le N° 23 où résidait le culottier Bérard, auteur en 1793 de la chanson «La Carmagnole».

     

    51ad6c90f168af977c5942d7edba432aLa coutellerie Apollonox installée rue Pastourelle (carte ancienne notrefamille.com)

     

    Le N° 7 a appartenu à Pierre d'Hozier qui fut généalogiste de la cour et à qui la généalogie doit d'être devenue une science. Il avait notamment pour tâche au XVIIe siècle d'être « commis pour certifier la noblesse ».

    Au N° 5, l'Hôtel de Montauglan se caractérise par son escalier et ses ferronneries.

    Au N°10 débouche la très étroite rue de Beauce qui rejoint la rue de Bretagne et permet d'accéder au Marché des Enfants Rouges.

    L'hôtel de Saban (voir notre article du 17 octobre 2012) se trouve au N° 17, il fait l'angle avec la ruelle Sourdis. Entièrement restauré il est depuis 1920 le siège de la Société Nouvelle Janvier Gruson Prat S.A.R.L. qui pratique encore l'emboutissage de pièces en métal et en cuivre destinées aux secteurs de la mode, de la bijouterie et de l'ameublement. Cet exemple plutôt rare rappelle combien ces rues devenues si bourgeoises de nos jours (des personnages politiques et du monde du spectacle y habitent) ont vécu un passé plus industrieux fait d'ateliers, d'artisans (il reste encore quelques bijouteries, un enfileur de perles et un argenteur en étage) et même de petites usines telles la coutellerie Apollonox (au N° 31) ou le lunetier Lissac, ex Société des Lunetiers devenue Essilor…

    Dominique Feutry

     

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    1ecol_mas1 L'Hotel de Fieubet ou de la Valette, 2 bis quai des Célestins (IVe)

     

    En débouchant de la bibliothèque de l'Arsenal, on aperçoit à l'angle de la rue du Petit Musc et du quai des Célestins, un immeuble dont la façade est chargée de sculptures représentant des chutes de fruits, guirlandes, trophées, pots à feux, draperies, cariatides et mascarons en tout genre sur la façade dans un style néo-baroque italo-espagnol.

    Ce bâtiment qui abrite l'école Massillon est un ancien hôtel particulier appelé tour à tour Hôtel d'Herbault, de Fieubet, de Mareuil et enfin de la Valette…

    En 101 Raymond Phelypeaux, seigneur d’Herbault se rend acquéreur d'un cet endroit qui fut vendu ensuite en 1676 à Gaspard de Fieubet, le Chambellan de la reine Marie-Thérèse. Ce dernier va faire de sa demeure, au début du régne de Louis XIV, un lieu remarquable, les travaux dureront 5 ans.

     1ecol_mas9 La façade XIXe néo baroque 

      

    Si l'extérieur est simple et classique (un corps de bâtiment avec deux ailes) dû à Hardouin Mansart, l'intérieur est somptueux avec la participation des meilleurs artistes de l'époque dont Lesueur qui a aussi décoré l'Hôtel Lambert et dont une partie des décors a disparu dans l'incendie de juillet 2014 (article du ). Le Louvre conserve quelques témoignages des réalisations de Lesueur pour cet Hôtel. Une chapelle a même été prévue, l’échauguette actuelle, sur la rue du Petit Musc servant d'oratoire. Madame de Sévigné comme d'autres personnages importants de l'époque ont fréquenté les salons et les jardins de l'Hôtel. La demeure fut occupée par les descendants de Gaspard de Fieubet jusqu’en 1752.

    La propriété est passée ensuite en diverses mains, avant d'appartenir à partir de 1769 et pendant prés d'un demi siècle à la famille Boulai de Mareuil qui embellit l'immeuble avec des œuvres dignes de musées dont des Van Dyck.

    Ce sont deux industriels qu achetèrent l'immeuble peu après la chute du Premier Empire. Les locaux furent loués à un raffineur de sucre, des chaudières et cheminées d’usine furent installées dans les cours arrières. Le demeure perdit alors tout son éclat entraînant la destruction des jardins attenants et la vente des œuvres d'art qu'elle contenait. Des bâtiments utilitaires furent même ajoutés. 

     

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     Le clocheton ajouté au XIXe 

      

    A l'abandon l'Hôtel fut repris en 1857 par le rédacteur en chef de l'Assemblée Nationale, Adrien de la Valette qui recourut à Jules Gros pour redonner du lustre à l'ensemble en utilisant abondamment toute cette ornementation abondante très second empire dont nous avons parlé plus haut. Il semblerait qu'un canal souterrain ait alors été construit pour permettre aux invités de rejoindre en gondole depuis la Seine la salle à manger. C'est à cette époque que fut édifié le clocheton.

    Mais l'argent manquant, l'édifice fut à nouveau abandonné jusqu'à ce que des obus traversèrent les combles durant la Commune. En 1877 l'école Massillon prend possession de lieux. Elle y est toujours aujourd'hui et la pérennité de sa présence fait qu'elle a donné son nom à l'Hôtel, à tel point que peu de personnes savent aujourd'hui qu'il s'est appelé autrement par la passé.

    Dominique Feutry