Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2015

  • Berges pont marie 27 12 15Les berges rive droite et le Pont Marie (IVe) un dimanche matin de décembre (Photo VlM)

     

    Avec la restriction de la circulation automobile sur la voie sur berge, on a craint à l'origine un report insupportable du trafic sur les quais rive droite. Cette prédiction se révèle fausse. Non seulement ce report n'est pas visible mais il semble que le trafic soit plus faible qu'avant.

    L'explication s'impose d'elle-même : les automobilistes ont choisi d'autres parcours…. et/ou d'autres modes de déplacement. Parmi eux évidemment le deux-roues motorisé (moto, scooter…) mais aussi la marche, le vélo et les transports en commun. Les "Verts" de l'Hôtel de Ville ont gagné leur pari, partiellement en tout cas. L'explosion des deux-roues motorisés et l'anarchie qui caractérise leur utilisation (stationnement gratuit, excès de vitesse, dispense de contrôle technique, occupation des trottoirs, bruit et pollution de l'air) relativise toutefois le succès de leur politique à l'égard des voitures.

    Gyropode.pngLe gyropode (Photo Scooter-system)

    Un nouveau moyen de se déplacer est en train de percer : le gyropode. Un miracle de la technique dérivée des centrales à inertie des systèmes de pilotage des avions de lignes, avec un ou plusieurs gyroscopes qui mesurent la position et des moteurs électriques qui assurent le mouvement (20 km/h de vitesse linéaire, 30 km d'autonomie) et la stabilité de la plateforme en toutes circonstances. Pour l'avoir essayé, nous témoignons que ce moyen est distrayant mais assez casse-cou !

    Ce que nous vivons aujourd'hui, pour en revenir aux berges, qui retrouvent chaque week-end le caractère bucolique des neiges d'antan, est de bon augure vis à vis du programme élargi de piétonisation de la rive droite que nous avons commenté dans notre article du 19 octobre.

    Une remarque importante cependant : le nouvel aménagement évoque la construction d'une ligne de tramway est-ouest (sur les quais selon toute vraisemblance). Les observations que nous livrons plus haut sur le trafic militent pour y renoncer. L'environnement en souffrirait inutilement, la circulation sur les quais serait plus difficile et les travaux de réalisation d'un site réservé dans les deux sens rendrait la vie difficile aux riverains pendant plusieurs années.

    Bordeaux tramway 10 12 15Tramway sans fil, sur site mixte, à Bordeaux (Photo VlM)

     

    Le choix de la technologie, par ailleurs, n'est pas aisé : si on sait désormais s'affranchir de caténaires disgracieux, comme l'a fait la Ville de Bordeaux où l'arrivée de courant se fait par le sol, il reste le problème des rails. A moins de retenir la solution plutôt utopique d'un tram-bus électrique sur pneus (mais peut-on alors parler de tram ?)

    Gérard Simonet

     

     

     

  • Fontaine archivesTravaux en cours sur la terrasse de cette brasserie, carrefour Archives/Haudriettes (IIIe) (Photo VlM)

     

    Tout ce qui caractérise ce site est sur la prise de vue : la "Fontaine des Haudriettes", de Pierre-Louis Moreau-Desproux, décorée par Pierre-Philippe Mignot auteur du bas-relief représentant une naïade, les Archives Nationales dans le fond et les quatre Ginkgo Biloba, arbres d'exception qui apportent leur ombre à la placette. Tout, sauf la peinture murale de Combas qui décore le mur pignon de l'immeuble de droite, inspirée par Don Quichotte avec, disent ses détracteurs, une touche assez marquée de misogynie.

    La terrasse fermée existante a été abattue. A sa place commence à s'élever une nouvelle structure destinée à la remplacer. Une réplique des "Deux Magots" nous dit le propriétaire du fond Pascal Ranger, propriétaire et gérant d'une multitude de cafés/restaurants à Paris, dont le "Café des Phares" 7 place de la Bastille et "L'amuse-Gueule" récemment ouvert au 7 rue Rambuteau (IVe).

    Nous en acceptons l'augure mais nous constatons pour le moment que l'emprise de la nouvelle terrasse a été modifiée : plus profonde sur la partie Haudriettes, plus étroite sur son retour vers Archives. Pas sûr que le piéton s'y retrouve en faisant le bilan mais reconnaissons que le passage qui lui est laissé entre la contre-terrasse et la terrasse renouvelée est plus grand.

    La direction de l'urbanisme, sous-direction du paysage de la rue nous informe qu'un dossier a été déposé en février 2015 et que le projet a été approuvé. Il consacre deux types de terrasses : ouverte sur la rue des Haudriettes, fermée sur la rue des Archives. La distinction est importante vis à vis de la possibilité ou non de fumer dans ces espaces.

    Haudriettes terrasse fontaineSouvenir : un aperçu de la terrasse à l'été 2010, annexion de l'espace public, ardoises-menus posées à même le monument… (Photo DA)

     

    Cet établissement jouit d'une bonne considération des riverains depuis qu'il a corrigé les quelques dérives qui lui ont été reprochées au début de son lancement dans la configuration actuelle. On espère qu'il saura conserver leur estime. En étant notamment attentif à l'état du monument classé qui est, de fait sinon de droit, sous sa surveillance citoyenne : la fontaine, monument qui date de 1764 où elle fut construite sur ordre du Prévôt des Marchands et du prince François de Rohan, de sa restauration en 1836 par David et de son déplacement sur le site actuel en 1933 en vue d'élargir la rue.

    Gérard Simonet

     

  •  B1Motard circulant entre deux voitures (Photo Ouest France) 

     

    Admise à Paris au titre de la charte "scélérate" (car refusée par la Préfecture de Police) signée avec les motards par Denis Baupin au nom du Maire de Paris en 2007, la circulation des deux-roues motorisés entre les files de voitures est désormais autorisée en Ile de France ainsi qu'en Gironde dans le Rhône et les Bouches de Rhône, depuis la parution le 26 décembre 2015 d'un décret au journal officiel.  

    Le décret est ainsi libellé «…à titre expérimental et par dérogation à certaines règles…, la circulation inter-files de certains véhicules à deux ou trois roues motorisés et d'une largeur maximum d'un mètre...» sera autorisée pour «une période de quatre ans, prorogeable dans la limite d'un an… lorsque la circulation s'est, en raison de sa densité, établie en file ininterrompue sur toutes les voies, jusqu'à une vitesse maximale de 50 km/h». Elle ne pourra avoir lieu «que sur les autoroutes et les routes, dont la vitesse maximale autorisée est supérieure ou égale à 70 km/h, à deux chaussées séparées par un terre-plein central et dotée d'au moins deux voies chacune». Bien sûr comme souvent lorsque de telles décisions sont discutables il est précisé que ce sera à titre expérimental et seulement à partir du 1er février prochain, après signature de l'arrêté et bien entendu avec force promesse de bilans annuels d'évaluation.

    Les motards n'ont pourtant pas attendu une quelconque autorisation et il y a bien longtemps que ce sport qui consiste à se faufiler entre les voitures est en fonction, y compris en pleine agglomération et hors des conditions qu'impose en trompe l’œil ce décret. Pourquoi alors ne pas avoir carrément écrit dans ce décret qu'il s'agissait d'entériner une pratique devenue commune sans adjoindre des dispositions qui ne seront pas respectées ?

    Motard-periphIllustration de la pratique (Photo Le Parisien)

     

    Les responsables à l'origine de cette autorisation parlent de communiquer fortement auprès des motards et des automobilistes… afin de leur enseigner cette pratique. Que tout cela est bien langue de bois. Tout automobiliste sait déjà quels sont les dangers que représente ce type de pratique laissée aux motards. Impossibilité de changer de file, vigilance redoublée, obligation de se serrer soit très à droite soit très à gauche pour laisser passer les motards toujours pressés qui klaxonnent à tue-tête à l'approche de ceux qui n'obtempèrent pas, voire tapent avec le poing ou le pied sur la carrosserie du véhicule récalcitrant façon d'effrayer le conducteur et ses passagers !

    Non ; répondre de la sorte et trop facilement à "la Fédération Française des Motards en Colère", groupe de pression statutairement en colère, qui tétanise les pouvoirs publics avec ses manifestations violentes et polluantes, est une très mauvaise décision pour les automobilistes et source d'insécurité et d'accidents.  Après cette nouvelle avancée pour les motards qui s'ajoute à celle de pouvoir rouler sur les trottoirs, au non paiement du stationnement et à la non obligation de soumettre leur véhicule au contrôle technique, comme tout le monde, nous nous demandons quelle va être la nouvelle et prochaine revendication à laquelle les pouvoirs publics céderont piteusement afin d'éviter leurs foudres.

    Une triste façon de satisfaire des intérêts catégoriels que les français et les parisiens supportent de moins en moins bien.

    Dominique Feutry

     

  • Aubriot 12 vue du cielLa rue Aubriot (IVe – photo ci-dessus) servit de cadre à une affaire que nous avons suivie de près. La Mairie de Paris avait dressé un procès-verbal d'infraction au code de l'urbanisme en 2006. Le prévenu a été traduit devant la Cour cinq ans après, en 2011. Il a plaidé l'ancienneté de l'affaire. Le tribunal a retenu la prescription des faits et prononcé, en conséquence, l'extinction de l'action publique et l'irrecevabilité des parties civiles. C'est un peu comme si la Justice, nonobstant un principe universel de droit, s'était prévalue de sa propre turpitude (*) …

     

    De nombreuses personnes travaillent pour la Mairie de Paris à la Direction de l'Urbanisme sous l'autorité de Claude Praliaud qui est au sommet de la technostructure. Lui-même est placé sous l'autorité d'un élu, Jean-Louis Missika, Maire-Adjoint de Paris en charge de l'Urbanisme, avec son cabinet.

    Une partie importante des effectifs est consacrée à l'étude des dépôts de permis de construire, aux demandes d'emprises pour chantiers et aux déclarations préalables de travaux (enseignes, devantures et autres) ainsi qu'aux demandes de changement de destination (commerciale vs habitation). Il reste qu'une activité importante est assumée par des agents qui exercent un contrôle : inspecteurs et contrôleurs de terrain, juristes et personnel administratif, avec leur encadrement. Au total, ce sont plusieurs dizaines de personnes qui veillent au respect des règlements.

    De quelle manière ?

    Lorsqu'ils constatent une infraction, forts de leur statut d'agents assermentés, ils dressent un PV (procès-verbal). Il arrive que les prévenus obtempèrent, en renonçant à l'infraction commise ou en déposant une demande de régularisation. Trop souvent, ils font la sourde oreille. Dans ce cas, le PV est envoyé au Parquet (Procureur de la République du tribunal compétent, le Tribunal de Grande Instance de Paris). Dans l'immense majorité des cas, le Parquet se comporte comme un "trou noir" (singularité de l'espace-temps, d'où rien ne ressort pas même la lumière).

    Palais justice 31ème chambreLa 31ème chambre correctionnelle du Palais de Justice de Paris (Photo VlM)

     

    On ne doit pas forcément en conclure que les affaires sont "classées". On en ferait le deuil et on passerait à autre chose. Non, l'affaire reste "active" mais elle est en hibernation pour une durée indéfinie.

    Ainsi, dans ce domaine qui  nous est familier mais il y en a sûrement d'autres, on admet que des dizaines de personnes, auxquelles il convient d'ajouter les Architectes des Bâtiments de France du Ministère de la Culture, travaillent et s'activent "pour des prunes". La Justice apparait comme le maillon faible d'un processus qui fonctionne à grands frais et qui ne débouche sur rien. Y a-t-il une solution ?

    On peut en imaginer plusieurs. Augmenter les moyens de la Justice est illusoire en cette période de déficit public qui tourne autour de 25 % des dépenses. Supprimer la totalité des effectifs dont l'action est inopérante serait la porte grande ouverte à des abus que les citoyens autres que les anarchistes ne peuvent accepter. Continuer de fermer les yeux sur une anomalie qui coûte cher et dévalorise le travail des personnes qui s'y consacrent ? C'est la politique de l'autruche et notre raison s'y résout difficilement.

    La question s'adresse aux élus de la nation. Pourquoi maintenir un monopole des sanctions au bénéfice d'une magistrature débordée ? Des experts – architectes/urbanistes  en l'espèce – assermentés, sont-ils moins qualifiés qu'un juge pour apprécier quelle doit être la sanction d'une infraction aux codes et règlements en vigueur en matière d'urbanisme ?

    En conclusion, il nous semble que la sagesse et le bon sens (quand aurons-nous en France un Ministère "du bon sens" ?) commandent que nous sortions de la situation ubuesque que nous vivons en mettant en œuvre des dispositions à caractère "administratif" avec des barèmes de sanctions. Si les défenseurs du monopole de la justice s'y opposent, qu'ils fassent en sorte alors que le maillon faible que nous dénonçons s'efface d'une manière ou d'une autre. Il est frappant de constater que d'autres chaînes, notamment celle qui conduit au Tribunal de Police, laissent beaucoup moins de place au "classement" de fait qu'on observe presque toujours sur les questions d'urbanisme avec le TGI.

    Nous nous tournons vers les Députés élus dans le Marais pour qu'ils nous donnent leur avis.

    Gérard Simonet

     

    (*) Les maîtres en droit enseignent au nombre de nombreux principes sacro-saints du droit universellement admis, un principe révélé en latin suivant lequel "nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude" (nemo auditur propriam turpitudinem allegans).

     

  • IMG_2186La Fontaine de Jarente située 2 Impasse de la Poissonnerie (IVe) (Photo VlM)

     

    Dans un article du 9 juillet 2014, nous évoquions la fontaine de Jarente,  appelée aussi fontaine de la Poissonnerie ou fontaine d'Ormesson, au fond de l'impasse de la Poissonnerie non loin de la place du Marché Sainte -Catherine (IVe).

    La photo ci-dessus prise le 21 décembre en début d"après-midi indique dans quel état elle se trouve actuellement. Des restes de gravats au sol, un caddy abandonné rempli de saletés, une grande caisse en  polystyrène et autres papiers servent de décor à ce monument classé, en plein abandon, sur lequel on aperçoit des restes d'affiches qui n'ont pu être totalement décollées. Une honte pour notre quartier près d'une place sur fréquentée, en plein Marais.

    Osons croire que les autorités, les élus et les riverains auront rapidement à cœur de remettre en ordre ce site pittoresque du vieux Paris qui mérite autre chose que cette maltraitance injustifiée et gratuite.   

    Dominique Feutry

     

  • A3Le langage des fleurs et des choses muettes, 1995-2015. Acrylique, émulsion, huile Shellac et argile sur toile  (Collection particulière)

     

    Une grand rétrospective vient de débuter jusqu'au 18 avril 2016 au Centre Pompidou concernant l’œuvre du peintre et plasticien Anselm Kiefer. Elle couvre le fin des années 1960 à aujourd’hui,
    Anselm Kiefer est considéré comme l’un des principaux artistes allemands de la seconde moitié du XXe siècle. Il a choisi la France et le Marais plus particulièrement pour y résider. Il nous fait l'honneur, depuis 2005, d'être membre éminent de notre association.

    Il faut noter parallèlement et jusqu'au 7 février prochain une exposition à la Bibliothèque Nationale de France (BNF) sur l’importante place que l'artiste accorda au livre dans son œuvre. Elle est présentée dit l'introduction à l'exposition « dans une mise en espace inédite que l'artiste a lui-même signée, »

    Né en Allemagne en 1945, l'artiste a suivi l’enseignement de l’art dans les académies de Fribourg-en-Brisgau, Karlsruhe et de Düsseldorf. Il a « participé au renouveau de la peinture allemande des années 1970, qui émerge dans un contexte international marqué par le néo-expressionnisme. Très vite, son œuvre apparaît comme singulier, par l’obsession que développe l’artiste à traiter de l’Histoire et des mythes propres à la culture Nord-européenne.». Il travaille en France depuis 1993

    Son œuvre est décrite ainsi :  « elle invite le visiteur, avec une singulière intensité, à découvrir les univers denses et variés, de la poésie de Paul Celan, Ingeborg Bachmann, Velimir Khlebnikov ou Jean Genet (auteurs qui dressent le langage contre l’oubli et la barbarie) à la philosophie d’Heidegger, aux traités d’alchimie, aux sciences, à l’ésotérisme, à la pensée hébraïque du talmud et de la kabbale. En plus des références à l’Histoire récente de l’Allemagne dont il émaille ses œuvres, l’artiste puise également aux mythologies nordiques (Walkyries, épée de Siegfried, Parsifal) « et à une mentalité "romantique" sensible aux catastrophes, à la violence, et à une nature exaltante ou hostile » (Gérard Durozoi)

    Kiefer livraison toilesChargement des toiles vers les expositions

     

    L’exposition rassemble sur plus de 2.000 m2 quelque 150 créations dont une soixantaine de peintures comprenant les plus connues. « Souvent dans ses tableaux, un chemin central se dégage et pourrait mener vers un horizon rêvé ou fantastique… »

    A voir absolument.

    Dominique Feutry

     

  • P1080623De gauche  à droite : Dominique Feutry et Gérard Simonet (qui prend la photo), Patrick Nieps, Lionel Bourgeois, Gérard Metais et Brigitte Igalens (Photo VlM)

     

    Dans le sillage de notre entretien de novembre à l'Hôtel de Ville avec Mao Péninou, Maire-Adjoint de Paris en charge de la propreté et de l'eau, nous avons été reçus par Patrick Nieps, chef du service technique de la propreté de Paris pour la division regroupant les 1er, 2ème, 3ème et 4ème arrondissements, accompagné de Gérard Metais, responsable de la propreté du IIIe, Lionel Bourgeois, chef d'exploitation et Brigitte Igalens en charge de l'animation.

    Nous avons demandé si des explications pouvaient nous être données quant au récent dysfonctionnement de l'application « DansMaRue » qui permet de faire enlever tags et affiches sauvages. Un problème informatique entre la Mairie et le sous-traitant, touchant plusieurs arrondissements, dont les nôtres, et difficile à résoudre, en a été la cause. Il est aujourd'hui corrigé.  A cette occasion nous avons appris que les tags et affiches prônant la haine raciale ou religieuse, ou obscènes, étaient enlevés très rapidement (sous 4 heures en principe) sauf le week-end où une brigade dédiée appelée « la fonctionnelle » est chargée alors d'intervenir sur tout Paris. Depuis le 1er octobre les amendes à l'égard des tagueurs (ou poseurs d'affiches sauvages) pris en flagrant délit sont passées à 68 € contre 35 €, mais le montant n'est pas encore assez dissuasif.

    En matière d'affichage sauvage, nous nous demandons si le recours au « recouvrement d'office » qui fait partie de l’arsenal répressif est appliqué  à l'encontre des éditeurs d'affiches ? Il nous est répondu qu'au cours des trois  derniers trimestres, 7 « recouvrements d'office » ont été pratiqués sur nos deux arrondissements représentant 7.000 € d'amendes (fixées à partir du coût du déplacement des équipes d'enlèvement et en fonction de la surface a traiter).  Cela reste insuffisant mais nos interlocuteurs semblent assez peu motivés car ils considèrent que les montants de ces amendes sont faibles et intégrés à l'avance par les fournisseurs dans la facturation de leurs clients !

    Francs-bourgeois lamoignon tagué 04 11 15Un des hauts-lieux désormais de l'affichage sauvage : l'Hôtel de Lamoignon, carrefour Francs-Bourgeois/Pavée (IVe) (Photo VlM)

     

    Notre point de vue diffère : les montants peuvent être dissuasifs mais les commanditaires de l'affichage intègrent dans leur provision pour amende la très faible probabilité que la procédure soit déclenchée. Nous insistons pour que les interventions de la mairie à ce titre soient plus nombreuses, voire systématiques. C'est la condition, nous semble-t-il, pour que soit assuré un environnement de qualité.

    Les responsables de la propreté précisent que toute publicité au sol entraîne dorénavant un dépôt de plainte de la Ville. L'abondance de  flyers , la plaie des rues des Francs-Bourgeois, des Archives et Sainte Croix de la Bretonnerie, est difficile à combattre puisque les agents ne peuvent enlever que les flyers à terre ou sur les rebords de fenêtres et non sur les automobiles qui sont des propriétés privées… Il semble toutefois qu'il y en ait moins actuellement, mais n'est-ce pas lié à la saison ? Cependant les flyers auto collants restent légion sur les gouttières, le mobilier urbain et  les armoires électriques dont l'entretien, nous l’apprenons, est dévolu à la Direction de la Voirie. 

    Flyers ste croix 05 04 14 (2)Le fléau des flyers. Ici, rue Ste Croix (photo VlM)

     

    Le plan de nettoiement est organisé en concertation avec les mairies d'arrondissement et en fonction de remontées du terrain, des constats réalisés et des saisons (en été il y a afflux de visiteurs, en automne les feuilles tombent… Le balayage est effectué  en règle générale 6 jours sur 7 et les trottoirs sont lavés au moins un jour par semaine, sauf dans les endroits où il est nécessaire d'agir plus fréquemment. Bien entendu cela est en relation avec les effectifs présents, ainsi le dimanche seulement la moitié des agents est en fonction.

    Il ne nous a pas été caché que des inspecteurs en civil ou en uniforme intervenaient pour verbaliser en flagrant délit les incivilités comme les dépôts illégaux de sacs de gravats ou d'appareils ménagers dans la rue voire dans des squares. L'amende selon les conditions de réalisation de l'infraction peut atteindre 1.500 €.

    L'état déplorable du jardin de la place Renée Vivien (IIIe), au carrefour Temple/Haudriettes a été abordé. Le comportement inadmissible d'un propriétaire de trois énormes chiens va faire l'objet d'un traitement approprié. Il les amène là tous les jours pour batifoler dans la végétation, en dépit du panneau qui annonce "interdit aux chiens même tenus en laisse". Ils laissent évidemment sur le dallage des excréments proportionnés aux nombre d'animaux et à leur taille, excréments dont chacun constate qu'ils ne sont pas ramassés.

     

    ChiensLes trois  chiens et leur propriétaire

     

    Des essais de peinture anti épanchements d'urine sont en cours prés de l’école  Saint-Merri (IVe) sans constituer toutefois la solution idoine au phénomène qui ne cesse de croître.

     

    UrinoirOn entend plus parler de ces urinoirs "à l'air libre" essayés il y a un an du côté de la gare du nord. Nos concitoyennes ne les ont pas franchement défendues, et on peut les comprendre.

     

    Nos interlocuteurs, conscients de la difficulté de maintenir une propreté appréciable des habitants du quartier ne cachent pas  en conclusion de cet entretien intéressant, franc et direct, qu'il faut arriver à adapter progressivement les moyens dévolus à la propreté à la vie des parisiens d'aujourd'hui.

    Dominique Feutry

     

  • Serres auteuilLes serres d'Auteuil qu'on doit à l'architecte Jean-Camille Formigé, construites en 1897 et classées monument historique en 1998

     

    Le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris a ordonné aujourd'hui la suspension des travaux engagés par la Fédération Française de Tennis (FFT) avec le soutien de la Mairie de Paris pour son projet d'extension du stade Roland Garros, qui prévoit la destruction partielle des Serres d'Auteuil.

    L'action en justice pour dénaturation de l’œuvre a été introduite par les héritiers de Jean-Camille Formigé (1845-1926) et par des associations amies, soucieuses comme nous de sauvegarder notre patrimoine collectif et l'environnement.

     

    FoigiéJean-Camille Formigé

     

    Le TGI, saisi en référé, a ordonné la suspension des travaux pour une durée maximum de trois mois, sous astreinte de 10.000 € par infraction constatée. La FFT a en outre été condamnée à verser 2.000 € au titre des frais de justice à la famille Formigé. L'avocat des héritiers s'est réjoui de cette décision "extrêmement rare en matière de protection d'une œuvre d'architecte".

    La FFT va vraisemblablement faire appel.

    La partie n'est pas gagnée pour les défenseurs du patrimoine. La Maire de Paris Anne Hidalgo, vivrait ce contretemps comme une défaite personnelle et un obstacle à son ambition de concentrer tous les évènements importants sur le territoire de la ville qu'elle dirige. Cette attitude la pousse aussi à vouloir les JO de 2024 (après des JO Gays en 2018), l'exposition Universelle de 2025 et à tout faire pour conserver Roland Garros, alors que Versailles, sans contrainte d'espace, était candidate.

     Une démarche qui concourt à faire de Paris une ville toujours plus dense, bardée de tours, hyperactive, au bord de l'asphyxie, au détriment d'une région à laquelle elle porte ombrage. Il est indispensable que le "Grand Paris" prenne le relais d'une politique mieux répartie en matière d'activité, d'habitat et de logement.

     

    Texte intégral de la déclaration de l'auteur de la pétition "sauvons les serres d'Auteuil"

     

     

  • Bruit klaxonsQuand va-t-on les empêcher de nuire en ville ?

     

    C'est le plus stupide des bruits. Car il ne sert à rien lorsqu'il sévit dans une agglomération. Il est dit dans le code de la route que son usage est interdit "sauf en cas de danger immédiat". Une enquête réalisée par nos soins il y a quelques années montrait que les coups de klaxons étaient dans 90% des cas le fait de véhicules à l'arrêt. Il n'y a qu'un seul cas où un véhicule à l'arrêt est menacé de danger en ville : quand la voie est en pente et que le véhicule qui précède recule sans s'en rendre compte.

    Autant dire que ces coups de klaxons relevés étaient strictement inutiles et n'avaient pour raison que de manifester un agacement vis à vis d'un véhicule qui ne repart pas assez vite à un feu de croisement. Ou pour râler contre un livreur en pleine-voie. Ou pour quelque autre raison encore plus futile.

    S'agissant des 10% restants, ils étaient pour l'essentiel le fait de véhicules en mouvement, généralement des deux-roues motorisés, désireux de manifester leur désir de voir des occupants de la voie situés à cent mètres ou plus, se ranger humblement et prestement à leur passage. Il n'y avait pourtant aucun danger, encore moins immédiat ; seul un désir malsain du conducteur de montrer sa force et sa capacité à nuire.

    Des voix s'élèvent depuis longtemps pour neutraliser les klaxons en ville. Plusieurs solutions ont été envisagées. Un Préfet de police autour des années 2005 avait émis l'idée qu'on pourrait coupler l'avertisseur sonore avec les feux de détresse. C'était un fin psychologue : l'individu qui klaxonne, constatant que son véhicule flashe de tous bords, est frappé d'une angoisse et de la crainte d'être convaincu d'infraction (car l'usage d'un avertisseur est passible d'une amende). Il réfléchit donc à deux fois avant de s'y livrer.

    Techniquement, c'était un jeu d'enfant de câbler une voiture ou un deux-roues pour qu'il en soit ainsi mais il faut croire que les lobbies ont étouffé cette bonne idée dans l’œuf car le Préfet en question est tombé dans l'oubli et son projet … à l'eau.

    Bruit micro haudriettesMesure des bruits sur dix jours dans une rue du Marais IIIe en 2007. Résultat : 138 coups de klaxon dans une seule journée ! (photo VlM)

     

    Dans le même registre, d'autres idées ont vu le jour. Par exemple inhiber le klaxon quand le véhicule est à l'arrêt. On supprimerait ainsi les 90% de coups de klaxons strictement inutiles. Très facile aussi à réaliser avec un interrupteur sur le compteur de vitesse. Que n'avait-on dit ! Immanquablement les songe-creux qui se régalent des nuisances de leur bagnole ont évoqué le risque du véhicule de devant qui recule. En feignant d'oublier qu'on peut aussi se manifester en faisant des appels de phares.

    Ce dossier dont la pertinence saute aux yeux de beaucoup peine visiblement à s'imposer. Nous enverrons cet article à la presse sans être assurés qu'il se trouve quelqu'un pour le relayer. Nous pensons pourtant que sa prise en compte relève d'un impératif de santé publique. En effet, c'est couramment 85 décibels qu'une voiture vous lance dans les oreilles lorsqu'elle klaxonne à votre hauteur. Un avertisseur du type corne de bus délivre 105 décibels (alors qu'un léger coup de gong généralement suffirait). Les motos et scooters se signalent avec des sons stridents qui percent les tympans.

     

    Bruit dessin humour

    Enfin, il faut souligner qu'un bruit est d'autant plus agressif qu'il ne prévient pas. Un véhicule à moteur qui passe dans la rue se fait entendre au lointain, le bruit va crescendo, passe par un maximum et décroit ensuite pour disparaitre (en offrant au passage, par effet Doppler, une baisse de fréquence qui le rend plus tolérable). C'est l'inverse avec le coup de klaxon : il ne prévient pas et vous frappe sauvagement. Rien de tel pour entretenir le stress et alimenter les états dépressifs.

    Nous lançons ce message comme une bouteille à la mer. Dieu ou la providence fasse qu'il soit repris par un cénacle qui lui accorde quelque crédit. Voilà un beau sujet pour Bruxelles car si la réflexion, ce que nous souhaitons, allait jusqu'à décider la suppression pure et simple de tous les avertisseurs autres que lumineux (appels de phares), c'est à l'échelle de l'Europe des 28 qu'il faudrait le faire.

    Enfin si le sujet a du sens à vos yeux, faites circuler l'article autour de vous et déposez des commentaires pour que nous sachions si le combat vaut la peine d'être poursuivi.

    Gérard Simonet

     

    Post Sciptum

    Le blog du quotidien "Le Monde", SOS-Conso, sous la signature de Rafaële Rivais, reprend le thème aujourd'hui 17 décembre, avec une très mauvaise nouvelle pour notre cause : les vélos, le plus vulnérable des moyens de transport, pourraient bientôt s'équiper d'avertisseurs plus puissants encore que ceux des voitures… On n’avait pas osé l'imaginer !

     

  •   Sans-titreSiège de la Direction  de l'Urbanisme, qui a quitté depuis plus d'un an le bâtiment du 17 boulevard Morland (IVe), 121 avenue de France/promenade Claude Lévi-Strauss (XIIIe) (Photo VlM)

     

    Dans le cadre d'un point annuel établi, "Vivre le Marais !" a rencontré Bertrand Lericollais, sous-directeur à la Direction de l’Urbanisme, en charge du Permis de Construire et du Paysage de la Rue, et deux cadres de sa direction, Élisabeth Morin et Sébastien Leparlier.

    Nous avons évoqué un à un les différents dossiers que nous avons signalés au cours des derniers mois desquels il ressort que des PV ont été dressés par les 24 inspecteurs et contrôleurs de terrain. Il s’agit soit de terrasses non conformes ou non autorisées, soit de pose d’enseignes non appropriées, soit de réaménagement de devantures, effectuées sans dépôt de permis de construire et souvent aussi sans avis de l’architecte des Bâtiments de France (ABF) pourtant nécessaire dans le secteur protégé du Marais.

    Malgré plusieurs PV, certains propriétaires n’obtempèrent pas. Dans ce cas,  la DU adresse une lettre de mise en demeure et sans résultat le dossier entre dans le voie judiciaire. Nous avons évoqué les 3 dossiers patents du IVe à savoir la place du Marché Sainte-Catherine, la place du Bourg Tibourg et la rue du Trésor, que connait bien la DU.

    La tension est au maximum avec la place du Bourg Tibourg puisque les quatre établissements qui y sont établis, dont "L’Étincelle" qui fait l'angle avec la rue de Rivoli, ont fait l'objet de procès-verbaux dirigés vers le Procureur de la République. Ils courent le risque d'être traduits en correctionnelle. "Vivre le Marais !" a rappelé à ce propos que l'association est prête à se porter partie civile et à le signifier au Procureur si la DU considère que son aide peut être utile, ce que nous croyons par référence à des expériences passées.

    Il a été rappelé que le relais de la DU était assuré le soir et le week-end par les agents de la Direction de la Prévention et de la Protection de la Ville de Paris (DPP).  Il nous a été signalé que suite à une  délibération récente du Conseil de Paris,  une  remise de 6 mois des droits de voirie avait été accordée aux établissements touchés par les attentats de novembre.

    Concernant les procédures appliquées, il nous est confirmé que pour les permis de construire, comme les rénovations, l’ABF est systématiquement saisi pour avis, d’autant que la DU est « au carrefour du code de l’urbanisme, du code de l’environnement et du code du patrimoine. » A ce titre il nous est spécifié que la DU est particulièrement vigilante sur les velux et autres fenêtres installées sur les toits car elles sont rarement visibles de la rue.  En matière de terrasses sur les toits, Bertrand Lericolais souligne toute l’importance de bien travailler en amont la prévention de ces difficultés au travers des règlements de copropriété, le meilleur rempart selon lui à des désagréments de ce type y compris les locations saisonnières.

    Cette rencontre utile et agréable nous conforte dans l’idée que la DU, avec les moyens dont elle dispose,  agit de façon à faire respecter le règlement en général ainsi que les règles propres au secteur sauvegardé du Marais (PSMV).

    Dominique Feutry