Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2015

  • A2Une grue devant le Centre Beaubourg (IVe) visible de Notre Dame et des Arts et Métiers

     

    La grue gigantesque en plein milieu de la rue Beaubourg devant le Centre Pompidou (IVe) ce dimanche matin 5 juillet annonce que des matériels sont à nouveau été transportés sur le toit de l'immeuble.

    Comme dans nos précédents articles des 30 avril 2013, 9 février et 8 septembre 2014 il a fallu déplacer à nouveau cet engin impressionnant.

    Avec la perspective, la photographie illustrant cet article laisse imaginer comme un immense tuteur soutenant les tours de Notre Dame !

    La fin des travaux, rappelons le, est prévu en 2016.

     

  •   A2Ballon survolant le Parvis de l'Hôtel de Ville pour annoncer l'exposition Innov'Climat

     

     

     

    "Innov'Climat" est le thème de l'exposition organisée place de l'Hôtel de Ville pour présenter des innovations dont certaines sont déjà commercialisées, résultat des recherches en partie financées par l'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), un fonds qui depuis 2011 dispose de 3 milliards €.

    Voilà un avant goût de ce qui sera évoqué pendant la COP 21, la conférence internationale sur le climat qui s’ouvrira à Paris, le 30 novembre.

     

    A3L'affiche de l'exposition "Innov'Climat"

     

     

    Chacun peut ainsi se familiariser avec ces nouveautés. On peut découvrir des bateaux tractés par des cerf-volants, une application informatique anti bouchon dénommée Optimod qui donne le meilleur itinéraire en voiture ou le meilleur itinéraire tous modes de transports confondus (vélo, bus, métro…). Cette dernière gère près de 20 millions de données par jour et fournit l’information en temps réel. Vous pourrez découvrir ce qu'est un réseau électrique qui permet de gérer plus intelligemment nos consommations et bien d'autres innovations.

    Nous vous conseillons de vous rendre à cette exposition pour y découvrir ce que sera notre futur en matière d’énergies.

    Jusqu'au 8 juillet 2015

  • A2Inspecteurs habilités de la DPP (photo Mairie de Paris)

     

    "Vivre le Marais !" et "Marais-Quatre" ont rencontré des représentants de le Direction de la Prévention de la Protection (DPP) et du Centre d’Action pour la Propreté de Paris (CAPP), deux organismes qui dépendent de la Mairie de Paris.

    Nous souhaitions cet échange afin de mieux connaitre nos interlocuteurs, leurs moyens et leur mode d’action tout en spécifiant combien notre quartier était meurtri par l’affichage sauvage et parsemé de flyers dans certaines rues telles que la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie (IVe). Nous avons cité la problématique des nuisances sonores notamment la nuit dues aux terrasses des bars et restaurants  en citant la place du Marché Sainte–Catherine, la rue des Archives ou la place Bourg Tibourg (IVe). Il nous est assuré que dans ces lieux des opérations régulières de verbalisation sont menées. Il nous est même demandé de ne pas hésiter à signaler à la DPP les lieux les plus touchés.   

    M. Pascal Davy–Bouchene, Sous-Directeur de la DPP représentant M. Matthieu Clouzeau le Directeur qui n'a pas pu assister au rendez-vous, nous a indiqué que sa direction disposait sur Paris de 1000 agents dont 600 inspecteurs de sécurité des parisiens, intervenant sur les équipements publics, c’est-à-dire le patrimoine municipal y compris le dimanche même si les inspecteurs sont moins nombreux. La mission est de lutter contre les incivilités, le chiffre de 40 000 PV dressés l’an passé étant cité. L’objectif des verbalisations est de les  rendre « plus fluides, plus efficaces avec obligation de paiement immédiat de sorte à faire mal au portefeuille… », en particulier dans notre quartier agité la nuit ce qui veut dire immanquablement plus de nuisances.

    A1Sur les flyers, le constat qui nous est donné est qu’il y a moins de stickers mais davantage de flyers. Cela est le résultat d’une anomalie juridique judicieusement exploitée qui fait que les cartes publicitaires, mises sur les pare-brises des voitures, ne peuvent pas donner lieu à verbalisation par les équipes de la DPP car ces véhicules sur lesquels elles sont disposées sont considérées comme des propriétés privées ! Seul le conducteur pris sur le fait en train de mettre à terre le papier en question peut être verbalisé ! 

    Il faut préciser que le code de l'environnement interdit le dépôt de tracts sur les biens immeubles. Il aurait suffi que les députés l'amendent en ajoutant "et meubles". Nous avions pensé ingénument en 2012 qu'avec une mairie de Paris et un parlement de la même couleur politique l'affaire serait "pliée". Hélàs, les parlementaires ruraux n'ont pas voulu retirer aux maires de leurs communes la possibilité de faire de la publicité pour leurs kermesses locales ! Voila pourquoi nous subissons le fléau des flyers. De notre point de vue, si la demande avait été soutenue avec vigueur, le problème aurait été réglé. Il reste aux Maires, singulièrement celui du IVe, à trouver ses propres solutions.

    Pour les terrasses et les nuisances sonores liées, il nous est signalé que l’amende montera à 135 € à la rentrée prochaine  (PV de classe IV) à la suite de la volonté de la Mairie de Paris de les alourdir pour non-respect du règlement. Le recouvrement se fera d’office et une procédure plus lourde est prévue pour ceux qui seront verbalisés pour la troisième fois. A ce titre d’ailleurs le CAPP signale que toute entrave à la circulation, à la liberté de passage ou à la sûreté du fait d’encombrements (déchets, dépôts divers…) seront aussi verbalisés 135 €.  L’expérience en cours rue Jean-Pierre Timbaud (XIe) est citée (voir notre article du 21 décembre 2014).   

    En ce qui concerne le marquage au sol, comme l’affichage sauvage, le CAPP nous indique que les fautifs paient à la  fois le déplacement  des entreprises  qui interviennent et le coût de l’enlèvement lui-même. Depuis le 1er juin d’ailleurs suite à une décision du Conseil de Paris,  3 heures forfaitaires d’un montant de 399 € sont facturées outre l’intervention ensuite, pour chaque infraction sachant  que c’est la société de marketing qui est mandatée par les commanditaires qui désormais paie.

     

    A2Pancarte sauvage de vente de tapis rue de Turenne (IIIe) (Photo VlM)

     

    Les panneaux annonçant des "ventes de tapis" à des prix concurrentiels sont souvent l’œuvre de gens du voyage qu’il est difficile de retrouver et donc de verbaliser. Seules sont inquiétées les personnes qui leur louent des locaux. Dès lors pour contourner cela, les ventes ont lieu de plus en plus dans des camions près des adresses des locaux où ils étaient auparavant exposés et il devient plus difficile de verbaliser. 

    Bien entendu des actions conjointes sont entreprises avec la police. 

    Plusieurs annonces nous sont faites en conclusion. Tout d’abord dans le prolongement de la proposition électorale de la Maire de Paris de créer des brigades vertes, 2016 verra sans doute le rapprochement des  services de la DPP et du CAPP de manière à renforcer les moyens d’action.  Des discussions sont aussi en cours entre la Mairie de Paris et la Préfecture de police quant aux ASP ces agents rémunérés par la Mairie mis au service de la police, afin de renforcer les compétences tant en matière de circulation que de stationnement. La Ville  souhaiterait réaffecter ces personnes pour ses propres besoins. Nous avons enfin appris incidemment qu’un projet de réaménagement de la place du Bourg Tibourg serait à l’étude ?  

    Nos interlocuteurs reconnaissent que leur action est de longue haleine dans un environnement et face à des comportements qui ont beaucoup changé. Ils soulignent qu’arriver à la sanction de fermeture temporaire d’un établissement qui bafoue les règlements reste difficile. 

    Ils insistent pour que nous les sollicitions lorsque nous constatons des dérives  notamment via l’application « Dansmarue ». 

    Pierre Colboc, président de Marais-Quatre 

    Dominique Feutry, président de "Vivre le Marais !"

     

     

  • A2Affiche annonçant l'opération de "Jeune Rue" (IIIe)

     

    Une jeune start-up spécialisée dans la location de boutiques éphémères, HopShop, reprend le projet de la Jeune Rue (voir nos articles des 14 décembre 2014 et 8 février 2015) en lançant une opération de crowdfunding (financement participatif) KissKissBankBank.

    Ainsi seront installés pendant 2 semaines de jeunes entrepreneurs dans des boutiques éphémères, à loyer zéro, dans la rue du Vertbois du 4 au 18 juillet 2015  !

    Designers, stylistes, commerces de bouche et créateurs seront chez eux pendant 10 jours.

    Les entrepreneurs et animateurs de la start up  ont réussi à trouver 10 emplacements.

    Si la campagne de crowfunding réussit (il y a  28.000 euros à trouver), 20 marques (principalement textiles mais aussi de bouche) pourront participer.

    La Ville de Paris ne s'engage pas pour l'instant, compte tenu du fiasco du précédent projet.

     

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      A2L'orchestre de Chambre de Paris
     
     
     
    Nous avons la chance que l’orchestre de chambre de Paris se produise prochainement dans notre quartier. 
     
    Le site de l’orchestre indique son pédigrée : "La forme originale de ses concerts, ses lectures"chambristes" des œuvres, son travail de décloisonnement des répertoires et des lieux comme sa démarche citoyenne en direction de nouveaux publics lui confèrent une identité originale dans le paysage musical parisien tout en assurant son inscription à la Philharmonie de Paris et dans le réseau des grandes formations de chambre internationales".
     
    Du 15 au 18 juillet, l¹Orchestre de chambre de Paris se produira au coeur du Marais pour 4 concerts exceptionnels dans les cours d¹Hôtels particuliers du 4e arrondissement  sur le thème de l'Inspiration vénitienne.
     
    Mercredi 15 juillet à 20h à l¹Hôtel d¹Albret (musique de chambre) Octuor à vents de Beethoven et Mozart,
     
    Jeudi 16 juillet à 20h à l¹Hôtel de Beauvais (musique de chambre) Vents Viennois,
     
    Vendredi 17 juillet à 20h à l¹Hôtel de Lauzun (musique de chambre),
     
    Samedi 18 juillet à 20h à l¹Hôtel de Sully (orchestre)
     
     
    Entrée libre sur réservation en ligne sur le site de l¹Orchestre de Chambre de Paris, dans la limite des places disponibles. Retrait des invitations sur place le jour du concert.
     
    Attention, le service billetterie remettra en circulation les places réservées non retirées 15 minutes avant le concert. Informations pratiques : Du 15 au 18 juillet dans les cours des Hôtels particuliers du Marais
     
     
  • St antoine 40 immeuble étroit 05 04 14Photothèque VlM

     
    "Vivre le Marais !" vient de déposer une contribution dans les cadre de l'enquête publique relative à la modification du PLU (Plan Local D'Urbanisme) de Paris qui touche les IIIe et IVe arrondissements mais épargne le secteur qui relève du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais.
     
    Nous avons été choqués de  constater à cette occasion qu'à la mairie aucun espace n'est réservé à la consultation du dossier d'enquête publique. Le contributeur est installé sur un coin de table derrière un écran d'ordinateur avec peu de place pour écrire. Cela donne une idée de la valeur accordée à cette enquête… De plus, cette enquête publique confidentielle a lieu, comme par hasard, en juin-juillet. Il ne serait pas étonnant que peu de parisiens se manifestent et que la Mairie se prévale d'un large consensus par défaut. Depuis que le projet est lancé, elle a écouté poliment les associations, au nom de la sacro-sainte "démocratie participative", mais donne aujourd'hui l'impression que tout est "ficelé".
     
    Sur le fond, dans ce projet de modification du PLU, la Mairie de Paris s'engage résolument dans un processus de densification du bâti parisien. "Vivre le Marais !" rappelle régulièrement que les mesures structurelles qui visent à densifier Paris (loi ALUR ou Duflot qui a purement et simplement supprimé le coefficient d'occupation des sols à Paris), particulièrement le projet de surélever les immeubles existants, ne font aucun cas de la qualité de vie de ses habitants. Impossible d'ailleurs de trouver dans le dossier de l'enquête publique la hauteur maximale autorisée : est-ce 31m, 25m plus un couronnement de 4,5m, soit 29,5m ? Le dossier semble fait pour brouiller les pistes. L'ancien PLU prévoyait 25m en gradins.
     
    Paris est déjà la ville la plus dense d'Europe avec 24.000 habitants/km2 (hors bois). Il s'ajoute à ces chiffres un record mondial de fréquentation touristique (35 Millions de visiteurs par an) qui génère un supplément de 250 à 300.000 personnes en permanence dans les lieux publics et les transports en commun déjà saturés, sans parler de la circulation automobile (cars de tourisme) et de la pollution qu'elle induit.
     
    En ces jours de crise économique où les budgets des loisirs rétrécissent, il faudrait laisser aux citoyens parisiens ce qui ne coûte rien et est le plus important : la QUALITÉ de VIE. Nous avons l'impression que la Mairie souhaite que Paris devienne INVIVABLE. L'objectif d'accroître à la fois la demande de logements (par l'augmentation de l'attractivité économique de la capitale) et l'offre de logements (par la densification du bâti) ne peut mener qu'à une dégradation de la qualité de vie des parisiens. Ceux-ci ont plus que jamais besoin d'espaces de respiration et de liberté, en surface comme en hauteur et ce qu'on leur propose ici est une asphyxie progressive.
     
    Densifier Paris est une approche anti-humaniste qui ne fera qu'accentuer la fuite des classes moyennes et des familles avec enfants. Par ailleurs, les atteintes au patrimoine architectural et à la physionomie des rues, qui témoignent tous deux de l'histoire parisienne et sont un élément essentiel de son attractivité touristique, seront irréversibles. La solution passe plutôt par la déconcentration des activités parisiennes vers la périphérie et, de ce point de vue, le projet "Paris-Métropole" est une réponse mieux adaptée aux enjeux présents et à venir.
     
    Isabelle Thomas-Le Doré
     
  • Passage désirLe "Passage du Désir", 23 rue Ste Croix de la Bretonnerie (IVe)

     

    C'était en 2008, il y donc sept ans, ce magasin ouvrait ses portes dans le IVe avec son pendant rue St Martin (IVe). Il suscita un article de notre part que nous vous invitons à redécouvrir car il décrit les prémisses de l'évolution dont nous constatons les effets sur nos quartiers aujourd'hui.

    Vous verrez que nous avons plutôt applaudi (sans frénésie cependant) à l'apparition de ce commerce plutôt insolite, car il n'avait et n'a toujours rien de vulgaire et qu'il respecte les codes du Marais en matière d'urbanisme. Mais nous avions à cette occasion alerté les élus, les deux Maires notamment, sur le risque que nous avions qualifié de "pigallisation" de nos quartiers. Allusion à leur spécialisation dans les commerces consacrés aux plaisirs en tous genres, dont on sait qu'ils ne font généralement pas bon ménage avec une certaine idée du paysage de la rue.

    Derrière ce néologisme, provocateur à dessein, se dissimulait deux visions différentes du Marais, alors que la révision de son PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) se profilait. Il y avait en effet deux façons d'interpréter le concept de "mise en valeur". L'une que nous avons toujours privilégiée qui est la réhabilitation et la restauration "pour l'amour de l'art" ; l'autre qui en faisait saliver déjà plus d'un, la possibilité d'exploiter extensivement notre cadre historique et son patrimoine sur des bases marchandes, dans la mesure où il faisait peu de doute que le succès commercial de masse serait au rendez-vous.

    Nos entretiens avec le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum nous avaient laissé penser que son option était a priori la deuxième. C'est pourquoi nous avions entrepris à l'époque de l'éclairer sur les conséquences prévisibles de cette orientation et son incidence sur la qualité de vie des habitants. Nous avions utilisé à cette occasion le terme de "pigallisation". Le mot avait rendu le Maire perplexe mais peut-être l'a-t-il incité à méditer. Il est vrai que les litiges que nous vivons aujourd'hui avec le musée Picasso et le Carreau du Temple semblent démentir qu'il ait infléchi son orientation mais on peut penser qu'il ait été dans les deux cas entrainé à son corps défendant dans des stratégies d'entreprises où seul le résultat financier compte. On espère toutefois qu'il s'en souviendra et que son entourage en tirera la leçon.

    On se souvient de sa déclaration au moment des élections municipales de 2014 d'où il ressortait que sa priorité serait désormais la qualité de vie et la tranquillité des habitants. Sans doute est-il prisonnier des opérations déjà lancées mais on peut espérer au minimum qu'il réfléchira à deux fois avant d'en lancer de nouvelles. Il est significatif, par exemple, que le Premier-Adjoint du IIIe, Gauthier Caron-Thibault, ait donné un avis défavorable à la demande de permis de construire du "restaurant sur le toit" du 2 rue des Quatre-Fils (nonobstant le fait que la mairie de Paris n'en ait tenu aucun compte…). Les mois qui viennent nous diront si notre analyse est pertinente ou candidement naïve.

    Dans le IVe Dominique Bertinotti était à la barre. Nous ne dirons jamais assez quelle a été sa détermination, quel a été son courage dans l'affaire de la grande boite de nuit de la rue Pierre au Lard, dont la réalisation aurait déstabilisé le secteur. Son successeur Christophe Girard a suivi la même voie, en se rendant ultérieurement compte que la solution du problème était contenue dans la révision du PSMV.

    Mme Bertinotti a aussi œuvré, mais sans succès, à résoudre le scandale de l'occupation de l'espace public par le COX-BAR. Elle a cru en 2010 que la signature par toutes les parties d'une "charte des bons usages de la rue des Archives" conduirait à la fin des conflits. On sait qu'il n'en a rien été.

    Bertinotti archives charteDominique Bertinotti présentant sa charte aux commerçants de la rue des Archives, le 25 mai 2010

     

    Christophe Girard a pris la suite en 2012. Le mieux qu'on puisse dire est qu'il subit aujourd'hui une situation qui le dépasse (notre article du 21 juin). Sauf pour lui à nous apporter la preuve du contraire dans les mois qui viennent.

    Les craintes que nous formulions en 2008 se sont vérifiées mais l'orientation prise ne débouche pas à l'évidence sur cette "pigallisation" que nous avions appréhendée. Les commerces douteux n'ont pas fleuri. A leur place c'est le luxe qui s'impose avec la gentrification  des quartiers. Au détriment il est vrai du commerce de proximité qu'on regrette comme un vieil ami qu'on aimait et qui disparait sans qu'on puisse réellement en vouloir à quiconque.

    Gérard Simonet

     

  • 95912_gay-pride-de-parisL'affiche de la gay pride 2015

     

    Rien de commun ou presque avec la fête de la musique une semaine plus tôt (voir notre article du 22 juin 2015), la gay pride qui a lieu samedi dernier 27 juin s’est déroulée  de l’avis de nos adhérents dans une ambiance un peu plus respectueuse des habitants que lors des éditions des années précédentes.

    Bien  sûr que certains excès notamment le bruit dû aux attroupements et à la musique  ont été constatés jusque tard dans la nuit et toujours dans les mêmes secteurs du fait notamment de quelques établissements bien connus que ce soit dans la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie ou la rue des Archives (IVe). L’alcoolisation aidant n’a fait que renforcer le phénomène.

    Ce qui est à déplorer aussi est l’avalanche de tracts, flyers et affiches de mauvais goût, le plus souvent en nombre et destinés à attirer le chaland. La Mairie  de Paris a eu connaissance des commanditaires en lisant ces publicités et a dû intervenir comme il se doit en verbalisant les fautifs. L’a-t-elle fait ?

    Une nouvelle fois nous devons saluer le travail accompli par les forces de police et les services de la propreté qui ont dû d’une part assurer la sécurité et d’autre  part effacer les nombreuses traces des excès commis, sachant qu’ils ont dû œuvrer ensuite à la suite du passage du carnaval tropical (voir notre article du 28 juin 2015).  

     

  •    Tour-Triangle-Credit-Herzog-et-de-Meuron-tour-triangle_com_Photo montage de la tour Triangle (Photo Herzog et de Meuron)

      

    Courte majorité due à des ralliements de dernière minute et quelques modifications apportées au projet ont eu raison des oppositions pourtant nombreuses à la construction de cette tour dite Triangle (voir notre article du 08 décembre 2014) pour laquelle la polémique ne va pas s’arrêter pour autant.

    Est-ce bien « une formidable chance pour Paris » comme le prétend la Maire qui accouche de ce dossier aux forceps et que certains appellent déjà « le caprice » ?

    Car élever un building de 180 m de haut à Paris ce n’est pas rien ! Et c’est certainement le coup d’envoi à d’autres tours, cela ne fait aucun doute. Déjà des voix dénoncent le manque de concurrence dans l’attribution du marché au promoteur Unibail, le fait que ce soit un bail à construction de 80 ans (!), qu’un un loyer jugé dérisoire ait été fixé,  que  le même promoteur ait déjà obtenu le marché de la canopée des Halles et qu’il n’ait pas été  tenu compte la surabondance de bureaux à Paris (1 000 000 m2 non loués). La future tour en effet comprendra ¾ de bureaux un hôtel 4 étoiles et un équipement culturel. 

     

    Sans-titreVue de la future tour Triangle du centre de Paris (Photo montage Atlantico)

     

    Ce qui est regrettable dans affaire, et notre position sur ce plan n’a jamais varié, est une nouvelle fois l’attitude des politiques qui semblent tout faire pour que Paris perde son âme. Comme s’il y avait une volonté rentrée, dont on ignore les raisons, de gommer, de casser tous azimuts un passé qui a fait la grandeur de la capitale au prétexte que ceux qui veulent préserver ces acquis sont des ringards, des malotrus, des habitants obtus qui veulent soi-disant préserver leur confort. Ils n’ont d’ailleurs rien compris car dans une économie de globalisation le standard  est  d’édifier des tours de bureaux, de « merchandiser » le plus d’espace, de développer le tourisme surtout le tourisme nocturne et bien entendu tout ce qui touche de loin ou de près à la fête… Alors que les habitants se le tiennent pour dit, ils n’ont pas voix au chapitre et vont finir par agacer les élus. 

    Vraiment trop c’est trop, ils ont déjà le privilège d’habiter Paris, que veulent-ils de plus ! J’oubliais ils ont une arme, leur bulletin de vote…

    Dominique Feutry

     

  • A5Le Musée Picasso éclairé par de puissants projecteurs pour le défilé, toutes les habitations alentour sont éclairées comme en plein jour (Photo JFLB)

     

    Nous publions ci-dessous un article de Jean-François Leguil Bayart concernant les animations non muséales qui se multiplient au musée Picasso à l'instar de ce qui existe dans d'autres lieux emblématiques du Marais et de Paris en totale contradiction avec la qualité de vie que sont en droit d'attendre les habitants qui se sentent de plus en plus marginalisés par leurs élus. 

     

    "Comme il était à craindre, le Musée Picasso, contraint par son business plan à autofinancer 61% de son budget de fonctionnement (Libération 17 juillet 2014) entend privatiser l’Hôtel Salé autant que nécessaire et exercera, pour ce faire, sa souveraineté sur le quartier, sans égard aucun pour ses habitants. C’est ainsi que les riverains du square Léonor-Fini, du jeudi 25 au vendredi 26 juin, ont vécu à l’heure d’un défilé de mode : invasion de la rue Vieille-du-Temple par une nuée de camions polluants qui ont squatté toutes les places de stationnement résidentiel entre la rue des Coutures-Saint-Gervais et la rue des Quatre-Fils, essais de sono tonitruants, illumination de la façade de l’Hôtel Salé mais aussi des immeubles avoisinants que balayaient des projecteurs éclairant l’intérieur des appartements comme en plein jour.

    Réponse benoite du musée à l’interpellation de Vivre le Marais : « dans le cadre de ses activités (il) accueille exceptionnellement un défilé de mode qui ne durera pas plus de trente minutes ». Sauf que la performance de trente minutes a été précédée de plus de vingt-quatre heures de préparatifs. Sauf que les riverains du square Léonor-Fini avaient eu droit à un spectacle d’acrobates tout aussi bruyants quelques semaines auparavant. Sauf que l’on a quelque peine à comprendre le rapport entre « les activités » du musée Picasso et un défilé de mode qui participe plus de la fashion week que de l’art du Maître.

    Tout comme au Carreau du Temple, un établissement culturel se transforme en lieu d’exposition marchand. Tout comme au Carreau du Temple, les riverains, les premiers concernés, en sont les premières victimes, et l’objet de l’indifférence, quand ils se taisent, du mépris, quand ils s’expriment, des pouvoirs publics. Tout comme au Carreau du Temple, ces derniers, directement impliqués dans la gestion de l’établissement culturel, par le biais de leur présence au sein du conseil d’administration, voire leur présidence de celui-ci, pratiquent le mélange des genres en faisant passer la tranquillité et la santé publiques, dont ils sont redevables en tant qu’élus, après l’intérêt marchand. Carreau du Temple et Musée Picasso, même combat des riverains ! Terrasse du Jules et restaurant-toit de La Perle, même combat des riverains !

     

    A2Camions stationnés tôt le matin rue Vieille du Temple afin de préparer la manifestation (Photo JFLB)

     

    Ces événements n’ont rien d’ « exceptionnel ». Ils institutionnalisent un état d’exception dont les habitants du Marais font les frais, et que consacrera le classement imminent de leur quartier en zone touristique internationale, à la faveur de la loi Macron. Comme dans tout état d’exception qui se respecte, les droits des citoyens ne sont plus garantis par les autorités publiques qui accordent des dérogations à qui mieux mieux, permettant aux prédateurs de la nuit de faire valoir qu’ils ont obtenu les « autorisations » nécessaires et leur prodiguant une indulgence sans limite quand ils s’affranchissent de ces dernières. Ce n’est pas parce que le Musée Picasso a obtenu l’autorisation administrative d’illuminer l’intérieur des appartements jouxtant le square Léonor-Fini, et la brasserie La Perle le permis de construire un restaurant sur le toit du 2 de la rue des Quatre-Fils, que leur accaparement de l’intimité des riverains et la violation de leur droit au sommeil sont pour autant légitimes et acceptables.

    Il n’empêche que, dans un état d’exception, le Cox et les Jules peuvent exploiter une terrasse sans autorisation administrative avec la complicité de fait de la municipalité, La Perle enfreindre la législation sur l’ivresse publique sans encourir de fermeture administrative comme l’a illustré le scandale Galliano… et le Musée Picasso faire passer du tapage nocturne pour de la culture, voire de l’art.

    Soumis à la pression du lobby puissant et plein d’entregent des entrepreneurs de la nuit, ayant transformé les établissements culturels en partenariats publics-privés et les ayant ainsi rendus tributaires de la loi du profit, en proie à l’hybris de l’industrialisation touristique de la capitale bien qu’elle soit déjà la ville la plus visitée au monde, fantasmant sur les euros des millions de voyageurs chinois annoncés et les retombées supposées des Jeux Olympiques, les édiles de Paris se jettent dans une fuite en avant qui piétine les droits élémentaires de ses habitants : droit au sommeil, droit au repos notamment dominical, droit de circuler librement sur les trottoirs, droit à un marché du logement résidentiel déconnecté de la bulle des locations saisonnières frauduleuses, droit à des commerces de bouche, droit à une ville sans publicité sauvage à vague prétexte culturel, droit à l’égalité devant la fiscalité ou la réglementation relatives aux engins à moteur, droit de ne pas voir ses impôts grevés par des investissements inconsidérés en faveur d’événements sportifs mondiaux qu’entachent la corruption, le dopage et la spéculation télévisuelle – en bref, droit à une vie normale et non dérogatoire.

     

    A6Préparatifs dans les jardins du musée, on aperçoit les colonnes d'amplificateurs … (Photo JFLB)

     

    Certes, la municipalité a pris des mesures utiles à la qualité de la vie depuis une décennie, en particulier en matière de transports publics, et s’efforce d’endiguer le phénomène des locations saisonnières. Mais sa politique débridée de marchandisation de la ville et son culte niais de la fête de masse la mettent en contradiction avec elle-même. Fascinés par la course à l’échalote de la nuit la plus in (et la plus bruyante) dans laquelle les a précipités le lobby des limonadiers "new age", les édiles ont pris le parti de snober leurs électeurs. Ils oublient que la victoire dans les urnes de la nouvelle équipe municipale de Barcelone doit beaucoup au ras le bol de ses habitants à l’encontre du tourisme de masse qui a dénaturé leur ville.

    Nous sommes de plus en plus nombreux, dans le Marais, à avoir retenu la leçon et à faire dépendre nos suffrages à venir des réponses qui seront apportées aux scandales du COX, des "Le Jules" et de "La Perle"– entre autres – et à la dérive marchande des établissements culturels tels que le Carreau du Temple ou le Musée Picasso."

    Jean-François Leguil-Bayart

    Directeur de recherches au CNRS – Journaliste