Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2015

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    Hôtel_de_Montmort_porteL'imposant portail de l'Hôtel de Montmort 79 rue du Temple (IIIe)

     

    Parmi le grands hôtels particuliers du Marais figure un hôtel dont on parle peu, l'Hôtel de Montmort, situé 79 rue du Temple et érigé au XVIIe siècle. Il jouxte l'Hôtel de Saint-Aignan qui abrite le musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme.

    Nous devons cet imposante construction à Jean Haber de Montmort, Trésorier de l'Epargne (chargé de recevoir les revenus du domaine royal et des impositions et contrôler les recettes et les dépenses de la monarchie).

    Son fils Henri-Louis en héritera en 1641. ce dernier Conseiller au parlement, académicien encourage les arts et les sciences pour lesquelles il tient même salon où sont exposées les dernières découvertes. Ces réunions scientifiques sont à l'origine de la création, en 1666, de l' Académie des Sciences. Montmort abritera ainsi en son hôtel l'abbé Gassendi, le philosophe, astronome et physicien, qui légua à son hôte la fameuse lunette astronomique de Galilée que ce dernier lui avait donnée. Les manuels d’histoire relatent que Melle de Montpensier fut elle aussi hébergée en ces lieux mais pour d'autres raisons, elle souhaitait se protéger, après que la fronde ait échoué, alors qu'elle avait soutenu Condé.

    C’est en 1751 que l'Hôtel quitte la famille Montmort pour échoir à la famille Charron dont l'un des membres sera Fermier Général. Remanié, l’hôtel restera dans cette famille jusqu'à la Révolution. Puis, comme la plupart du temps dans le Marais, la bâtisse est investie par des artisans. Les murs voient alors produire des bougies, des bijoux dont à partir de 1889 la production "industrielle" de tours Eiffel en or à la suite de l’obtention du monopole par son initiateur.

    Dégradé et un temps propriété de l’Institut de France, l'Hôtel fut l'objet d’une lourde restauration en 1999.

     

    Hôtel_de_MontmortLe corps de logis de l'Hôtel de Montmort et le passage correspondant à l'ancien vestibule

     

    Ce qui fait le grand intérêt de ce bâtiment est sans aucun doute son magnifique portail en cintre surmonté d'un homme casqué encadré de deux pavillons dont l'un contient un escalier. A noter, à l'arrière du porche, un médaillon contenant le profil de Mme Charron une des propriétaires. Dans le cour les deux ailes disposent chacune d'une lucarne qui servait à acheminer les charges lourdes dans les greniers. Une remarquable méridienne, à ne pas confondre avec une horloge solaire dont elle se se distingue par le fait qu’elle ne fonctionne qu’aux alentours de midi, a été installée sur l'aile nord.

    Le passage ouvert en 1840 sous le corps de logis correspond à l'ancien vestibule qui donnait accès à l'escalier à rampe, toujours visible, en fer forgé d'une grande finesse d'exécution, il est surmonté d'une corniche avec en médaillon une figure d'Hercule au-dessus duquel est un balcon en fer forgé de belle facture entre deux jolis pilastres que termine un fronton. Dans ce fronton sont représentés un enfant se mirant dans un miroir (allégorie de la Vérité) et une chouette symbolisant la connaissance rationnelle. De l'autre côté du passage, le jardin est entouré d'autres édifices érigés, dans le style de l'Hôtel, sous Louis-Philippe et qui sont en vis à vis avec une autre jardin, le jardin Anne Franck auquel on accède par l'impasse Berthaud (IIIe).

    Il est possible de pénétrer dans la cour de l'Hôtel de Montmort en semaine.

    Dominique Feutry

     

    NB: Ce résumé sur l'Hôtel de Montmort a été établi à partir de différents articles et du livre de Danielle Chadych intitulé "Le Marais, évolution d'un paysage urbain" Ed Parisgramme.

     

  •  Paris Magnum : une expo photo à l'Hôtel de Ville

    Les quais près de Notre Dame en 1953 (Photo Marc Riboud, Ag Paris Magnum) 

     

    Jusqu'au 2 mars 2015, l'hôtel de Ville abrite sous le titre "Paris Magnum" une exposition des photographies les plus marquantes sur Paris prises au cours des 80 dernières années par les meilleurs photoreporters de l'agence Magnum. Figurent notamment parmi ces artistes  Raymond Depardon, Cartier-Bresson, Martine Franck, Robert Capa ou Martin Parr.

    Ils ont saisi le quotidien des Parisiens ainsi que l'apparition du Front populaire de 1936, le Libération, l'emballement de mai 1968. Ce sont 150 clichés qui ont fixé à jamais les évolutions qui ont fait l'histoire de Paris, notre histoire tout simplement.

    L'agence Magnium connue dans le monde entier a été fondée voilà 80 ans par Henri Cartier-Bresson. Les photographes qui ont travaillé pour elle, tous de grands professionnels, montrent combien "en immortalisant un instant de grâce, un reflet ou la silhouette d'un passant, ils nous révèlent la beauté de la Ville Lumière et de ses monuments" résume un commentateur. 

    Une exposition qui mérite véritablement un détour.

    Informations pratiques :
    Salle Saint-Jean 5, rue Laubau
    Horaires : 10h-19h lundi-samedi
    Entrée libre et gratuite

     

  • Quatre filsMur pignon du 95 de la rue Vieille du Temple, à l'angle de la rue des Quatre-Fils (IIIe), devant la porte du siège de la division "Propreté de Paris" pour la zone Est (Photo VlM)

     

    En l'état actuel du mur, c'est tellement laid que c'en est beau ! Exactement ce qu'on disait de Michel Simon dans le rôle de Méphisto du Faust (La Beauté du Diable) de René Clair dans les années 50.

     

    Simon Michel Simon dans le rôle du diable

     

    On a envie de dire aux auteurs de ces prestations immondes : continuez, allez jusqu'au bout de l'horreur vous en ferez peut-être un chef-d’œuvre.

    Le mur n'a pas toujours été dans cet état. Début 2013, les services de la Mairie de Paris  intervenaient pour refaire l'enduit et l'avaient laissé d'un blanc-crème uni à rendre jalouse une hermine. Trop propre au gré d'un désaxé qui décida de le bombarder de poches de peinture de couleur. En toute honnêteté c'était plutôt décoratif mais le geste avait une allure de mauvais présage pour la suite des évènements.

     

    Quatre fils 2 tag effacé jean-philippe 29 03 13

     

    Le 29 mars 2013, Jean-Philippe (sur son échelle), membre de l'association, élevé au rang de conservateur du mur, dut se dévouer pour réparer les outrages d'un autre maniaque qui laissait à l'époque des messages débiles peints un peu partout dans le quartier.

    Peine perdue, une armée de barbouilleurs et de poseurs d'affiches en tout genre fondirent sur ce panneau encore vierge pour en faire ce qu'il est aujourd'hui. Le propriétaire de l'immeuble refusa que la mairie intervienne à nouveau, non pour protéger le patrimoine d'art de la rue ainsi constitué dont il devenait détenteur, mais dans la crainte que le  traitement au Karcher n'entame la solidité du mur porteur.

    Jean-Philippe eut des velléités de trouver une solution au problème mais n'y parvint pas.

    Heureusement, les élections municipales arrivaient. Le candidat Pierre Aidenbaum, sensible à notre émotion, prit alors une décision : soumettre ce cas à Mao Péninou, Maire-Adjoint de Paris chargé de l'environnement et de la propreté et obtenir un engagement de l'Hôtel de Ville pour un traitement approprié et durable du problème.

    Nous avons publié le 19 janvier 2014 un article qui signalait un autre site dans le IVe, ainsi que la réponse de M. Péninou : "L’entretien des murs demeure ….. une obligation du propriétaire selon l’article  23 du Règlement sanitaire départemental. Le responsable du service local de propreté lui a de nouveau rappelé la réglementation : il semblerait que la réalisation d’une fresque sur ce mur soit à l’étude".

    Le Maire Pierre Aidenbaum, brillamment réélu en mars, nous en reparla par la suite. Il continue de penser que la réalisation d'un "décor" (fresque ?) est la solution pérenne que nous privilégions. Cette pétaudière à deux pas du musée Picasso, qui vient de rouvrir et attire le monde entier, n'est pas digne du cadre ambiant. A moins évidemment qu'en l'état le mur devienne une œuvre d'art à part entière et que son classement soit décrêté. En ces temps de paradoxes tout est possible. Dire que nous le souhaitons serait probablement exagéré.

    Gérard Simonet

     

  •   MG_7107 4La cour de l'Hôtel de Beaubrun 19 , rue Michel Le Comte (IIIe) 

     

    Nous évoquions le 3 juillet dernier la restauration réussie de l'hôtel de Beaubrun 19, rue Michel Le Comte (IIIe), un édifice à la fois très classique et strict des XVIIe et XVIIIe. Nous précisions alors qu'Il abritait le siège d’une société de promotion immobilière, Emerige, dirigée par son propriétaire Laurent Dumas dont certains se souviennent qu’il a racheté la célèbre CFOC (la Compagnie Française de l’Orient et de l’Occident)".

    Point d'orgue de cette restauration et pour les 25 ans du groupe Emerige, une exposition intitulée « As I run and run, happiness comes closer – Morceaux choisis d’une collection »,  s'est tenue au sein même de l'Hôtel jusqu'au 20 décembre et a dévoilé une sélection d’œuvres d’artistes français et internationaux de la collection de Laurent Dumas.

    Depuis peu un écriteau indique sur la façade du bâtiment un transfert de permis de contruire, le changement de destination et la réalisation d'un hôtel de luxe. Le lieu est sans aucun doute adapté pour une telle transformation.  

    Il est intéressant de noter que les hôtels de tourisme haut de gamme fleurissent ces dernières années dans le Marais. Après la création notamment de l'hôtel Jules et Jim rue de Gravilliers (notre article du 10 mars 2013), l'ouverture prochaine de l'hôtel en lieu et place des Bains Douches rue Bourg l'Abbé (notre article du 29 ma 2013), ce nouveau projet hôtelier confirme la "gentrifiation" que nous évoquions récemment à propos des boutiques de prêt à porter de luxe qui choisissent elles aussi notre quartier. 

    Il importe, alors que cette implantation d'un hôtel haut de gamme est annoncée, que la la municipalité s'occupe de donner à la rue Michel Le Comte un aspect plus digne, plus propre et plus en rapport avec le Marais. Il serait dommage en effet que la mauvaise tenue des abords du futur hôtel pénalise le classement de ce dernier et nuise à son activité.

    Domnique Feutry