Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2015

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      A0Vitrine mal en point et taguée au 43 rue Chapon (IIIe) (photo VlM)

     

     

     

    Voilà une vitrine bien mal en point au N° 43  de la rue Chapon (IIIe). Maculée d'inscriptions et de dessins multiples,  elle fait écho a un immense tag fréquemment renouvelé sur un mur en retrait du côté opposé de la rue.

     

    A1Dessin peint sur le mur 60 rue Chapon (IIIe) (Photo VlM)

     

     

    Ce dernier se trouve d'ailleurs aussi dans un secteur particulièrement défiguré  par des "peintures" en fort décalage avec les lieux comme ce "décor" de vitrine rue de Montmorency juste à cote de la maison de Nicolas Flamel au no 53  (voir notre art du 11 novembre 2014) ou le passage privé des Gravilliers écrasé par les graffitis et bombages de peinture.

     

     

     

    Photo-M2

    Tag réalisé depuis plus d'une an sur une devanture du 53 rue de Montmorency (III°) (Photo VlM)

     

     

     

    Ainsi va la mutation de notre société, mais  doit-on s'en contenter avec passivité?

  • A0Le panneau « Liberté, j’écris ton nom » installé sur la façade du Centre Pompidou  (Photo VlM)

     

    Une immense bâche (13mx9m) a été tendue sur la façade côté piazza du Centre Pompidou en écho à l'élan national et international et en hommage aux victimes des attentats et à leurs familles et amis.

    Le dessin qui est reproduit est de Fernand Léger. Il date de 1953 et fait partie des collections du musée. Quant au texte « Liberté, j’écris ton nom », il est extrait d'un recueil de poèmes de Paul Eluard publié en 1945 et dont le Centre Pompidou détient un exemplaire.

    Le Président du musée à l'origine de cette installation a indiqué lors d’une interview  que ce dessin et ce vers "…expriment la force de la création et de l’esprit face à la force brutale et à la barbarie ».

    Dominique Feutry

     

     

  •  5816051Paris lors d'un pic de pollution

     

    En avril dernier le ministère de l’Écologie annonçait une baisse de 15 % des subventions accordées à l’association Airparif en charge, comme chacun sait, de la surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France. Le ministère avait alors argué que la baisse n’était pas de ce niveau mais seulement de – 2,7% aboutissant à une dotation annuelle légèrement inférieure à 1,5 millions €.

    Cette décision n’était pas anodine car elle s’ajoutait à celle de 2013 par laquelle le conseil départemental des Hauts-de-Seine ne souhaitait plus financer Airparif. Décision suivie cette année par le département de Seine-et-Marne et récemment par celui des Yvelines qui vient d’annoncer qu’il ne subventionnerait plus Airparif à compter de 2016 !

    Voilà qui commence à faire beaucoup, à quelques jours de la COP21, les projecteurs sont à nouveau braqués sur l’association qui se pose des questions sur son devenir et réfléchit déjà à la façon dont elle va répercuter l’arrêt de cette nouvelle réduction de son budget de fonctionnement sur son activité.

    Rappelons qu’Airparif est une association (loi de 1901) créée en 1979 et agréée par le ministère de l'Environnement pour la surveillance de la qualité de l'air sur l'ensemble de l'Ile-de-France. Ces missions réglementaires consistent à surveiller la qualité de l'air, à informer les citoyens, les médias, les autorités et les décideurs (mesures quotidiennes lancement d’alertes …) et à comprendre les phénomènes de pollution tout en proposant des stratégies pour lutter contre la pollution atmosphérique et le changement climatique

    Dans la présentation de ses activités Airparif indique que la surveillance est réalisée dans le cadre réglementaire défini par la Loi sur l'Air et l'Utilisation Rationnelle de l'Énergie du 30 décembre 1996 (LAURE). La LAURE fixe comme objectif «le droit à chacun de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé» et fonde les conditions de la surveillance de la qualité de l'air et de l'information du public en France.

    Les critères nationaux de qualité de l'air sont définis par décrets (objectifs de qualité, valeurs limites et seuils d'alerte, pour toute une gamme de polluants) qui reprennent les directives européennes et les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)».

    Une situation embarrassante qui mérite d’être suivie.

    Dominique Feutry

     

  •   Hôtel de mayenne vue générale avant travaux 07 11 09 Hôtel de mayenne 18 09 12

     

     

     

     

     

     

    L'affaire de l'Hôtel de Mayenne (École des Francs-Bourgeois), 21 rue Saint-Antoine (IVe), illustre bien la problématique que soulève la nouvelle loi de protection du patrimoine. Au moment des décisions, la Maire du IVe, Dominique Bertinotti, voulait conserver l'ajout central du XIXème siècle (photo de gauche) contre l'avis du Ministère de la Culture et des architectes des bâtiments de France. Ces derniers avaient le pouvoir, la restauration s'est faite (photo de droite). Chacun s'accorde à dire aujourd'hui qu'il aurait été dommage de renoncer aux travaux quand on voit l'élégance du bâtiment à qui on a restitué son architecture d'origine.

     

    Bien que le France bénéficie des meilleures lois de protection du patrimoine, celles-ci sont depuis des années progressivement attaquées. Ainsi les zones de protection et de mise en valeur existantes, désignées par des sigles complexes que nous éviterons de citer mais qui n’enlèvent rien à leur efficacité, sont petit à petit détricotées par les ministres de la culture successifs. Nous avions relevé les prémisses de cette évolution en 2008, au moment de l'annonce de la révision du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais

    Mais cette fois le projet de loi qui concocte le ministre de la Culture est ravageur en ce sens qu’il remet en cause l’équilibre actuel.

    Certes le nouveau texte propose de classer, y compris in situ (avec accord du propriétaire), des ensembles mobiliers, de créer la notion de « Domaines nationaux». Mais au sein du ministère du Budget « France Domaines », l’entité chargée de vendre des biens appartenant à l’État, n’a pas forcément les mêmes objectifs… Or ces quelques avancées ne sont rien face aux reculades proposées par le nouveau texte.

    Le plus discutable concerne la transformation des secteurs sauvegardés  (loi Malraux et loi Lang) – le Marais est en PSMV –  qui seraient dorénavant élaborés par les villes, avec « …l’assistance technique et financière… » de l’État. Les spécialistes sont formels, cette disposition transfèrera la maîtrise d’ouvrage des PSMV ou des « PLU patrimonial » (nouveau nom des zones protégées)  aux communes,  alors qu’actuellement l’élaboration est conjointe entre l’État et le maire. Le ministère de la Culture devient donc simple conseil actant ainsi le désengagement de l’État de sa fonction de garant du patrimoine. Toute commune pourra désormais refuser la protection d’un ensemble sous le régime du PSMV ou du « PLU patrimonial » sans que l’État puisse l’y contraindre !

    La protection de notre patrimoine, faut-il le souligner, deviendra locale avec ce texte. Tout au plus le ministère de la Culture pourrait-il imposer le titre de « Cité historique » sans conséquence autre pour les élus.

    Les abords des monuments historiques qui sont eux aussi protégés risquent de faire les frais de la réforme en cours. Le champ d’action  des architectes des bâtiments de France (ABF), validant permis et déclarations de travaux,  sera réduit seulement aux « …espaces les plus remarquables… ». Des constructions  pourront en conséquence être faites plus facilement sur les autres espaces… Ce qui revient à réduire les périmètres de protection. Et ces périmètres auront un caractère transitoire puisqu’ils devront être délimités à nouveau chaque fois qu’un PLU sera élaboré, modifié ou révisé !

    Canonica bastia poretta ca 2010Cette magnifique chapelle romane des XIIème/XIIIème siècles est préservée de toute construction dans un rayon de 500 mètres. La municipalité concernée aura-t-elle le pouvoir d'y autoriser, par exemple, la construction d'un lotissement tout autour ?
    (Photos VlM)

     

    Un autre élément soucie les spécialistes du patrimoine, le fait d’institutionnaliser dans ce texte, et c’est une dérogation toute particulière, la possibilité d’accroître la hauteur ou le gabarit d’une construction présentant «…un intérêt public du point de vue de la création de l’innovation et de la qualité architecturale ». Ainsi il sera autorisé de « modifier un PLU pour la seule emprise d’un  projet afin d’en augmenter la constructibilité.»

    En résumé chacun s’accorde à dire que le désengagement de l’État est dramatique pour la protection de notre patrimoine car les élus qui se débattent pour équilibrer le budget de leur commune, auront souvent bien du mal à assumer les coûts financiers induits par cette évolution !

    Sans parler de tous ceux qui, étant plus béotiens qu'esthètes, sont prêts à accepter n'importe quelle incongruité.

     

    Dominique Feutry

     

  •  EnceinteCharlesV2Photos des murs de l'enceinte de Charles V mis au jour (Photo La mesure)

     

    Lors du dernier Conseil d'arrondissement du IVe, le sujet de la découverte archéologique de la place du père Teilhard de Chardin IVe (voir notre article du 8 octobre 2015) a été largement évoqué par le Maire Christophe Girard.

    Nous résumons ci-dessous les principaux points de son intervention. Il rappelle tout d’abord que le lancement de la création d'un jardin a eu lieu en début d’année avec ensuite des réunions de concertation qui ont abouti à un projet de jardin établi par la Direction des espaces verts anticipant une possible valorisation de l'enceinte Charles V.

    La Direction des Espaces Verts et de l’Environnement (DEVE) via la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris (DAC) a demandé des fouilles préventives, l'ouvrage mis au jour révèle une partie du mur et sans doute les fondations d'une tour. La qualité de conservation des parements, a été qualifiée « d'exceptionnelle » par les archéologues de la DAC ayant réalisé le diagnostic. Le Maire du IVe et le 1er Adjoint à la Maire de Paris ont en conséquence souhaité qu'un projet de valorisation permettant de voir ces vestiges, soit pris en compte dans le projet de jardin qui devra par conséquent être revu. Dans cette attente, la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Ile de France (DRAC) et la Préfecture de Police ont demandé que les vestiges soient remblayés afin d’éviter tout risque d'intrusion, de chute et de dégradation.

     

    9-charlesV_previewCarte donnant le position des enceintes Charles V et Philippe Auguste (en marron)

     

    La Ville doit rencontrer prochainement la DRAC pour connaitre les intentions de l’État sur le sujet. Différents services doivent être consultés : le Service de recherche archéologique de la DRAC, les Monuments Historiques (SMH), afin de connaître leur position, sachant que de manière générale, la priorité pour l’État reste la conservation, et non la valorisation du site.

    Parallèlement, la Ville de Paris met en place un groupe de travail associant DAC et DEVE pour apporter des pistes de réflexion concrètes d'aménagement du jardin, en intégrant une mise en scène de la découverte archéologique, et définir un projet de valorisation permettant de garantir la conservation du site car nombreux sont les habitants qui ont manifesté un réel intérêt pour cette découverte.

    Nos suivrons avec attention l'évolution de ce dossier qui semble pris en mains comme il se doit.

     

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    Nous vous prions de bien vouloir noter qu'en raison des récents événements la visite du Panthéon et de ses alentours organisée par "Culture et Patrimoine-Marais " en partenariat avec "Vivre le Marais!" le  jeudi 19 novembre est annulée.  En revanche le

     

    Le Spectacle Méliès au Théâtre de la Vieille Grille est maintenu

     

    Rendez-vous le Dimanche 22 novembre  1, rue du Puits de l’Ermite 75005 RV à 14h45 devant le théâtre (métro Place Monge)        

     

    Vieillegrille2Le théâtre de la Vieille Grille 1, rue du Puits de l'Ermite (Vème)

     

    Un spectacle de cinéma, magie, théâtre, musique avec le Théâtre à Bretelles et ses complices qui se proposent de faire découvrir, à travers une mise en scène légère et fantaisiste, la personnalité et l’œuvre de Georges Méliès, telles qu’elles se manifestèrent tant au Théâtre Robert Houdin que dans des baraques foraines : le Cinématographe comme spectacle complet.

    Une grande surprise vous attend lorsque vous reconnaîtrez le merveilleux magicien. Le nombre de places étant limité, merci de réserver en adressant un chèque à l’ordre de Culture et Patrimoine de 20 euros par personne pour les adhérents de Culture et Patrimoine et de 25 euros pour les non adhérents à Marie-Françoise Masféty-Klein 41, rue des Francs Bourgeois 75004 Paris.

     

  • A6M. Jean Benet présentant sa Direction  (Photo JFR)  

     

    Une délégation du réseau "Vivre Paris !" ( Accomplir, Canal Saint Martin, Collectif Riverains, Droits du Piéton, Vivre le Marais !) a rencontré, ce vendredi 13 novembre, Jean BENET, Directeur des Transports et de la Protection du Public  (DTPP) à la Préfecture du Police de Paris.

    Le but de cette réunion étant de mieux se connaître et de collaborer afin de pouvoir progresser en commun sur les questions qui nous préoccupent, notamment sur le fait que nos associations sont souvent mal considérées par les faiseurs de nuisances nocturnes car nous sommes pour la fête mais avec respect des lois et des règlements, ce qui crée de l'hostilité à notre encontre voire de la violence.

    Nous insistons sur les difficultés que nous rencontrons au sujet des compétences respectives de la Préfecture de police et de la Mairie et de la Préfecture de Paris favorisant le « jeu de ping-pong »  entre les interlocuteurs des différentes administrations lorsque nous les interrogeons. J. Benet citant le Ministère de l'intérieur rappelle que « le Maire est responsable et donneur d'ordre quand l'exécution et la mise en œuvre sont du ressort de la Préfecture de police ». Ainsi la Mairie de Paris ne peut pas organiser une manifestation sans que la Préfecture de police puisse l'accompagner sur les questions de sécurité notamment. La Préfecture de police assure l'ordre public et la sécurité de la population.

    Lorsque nous faisons part de l'hyper concentration de bars en soulignant les transferts de licences IV dans certains quartiers, la loi de 48 n'étant pas respectée, J. Benet souligne que si Paris compte un bar pour 250 habitants, ce nombre passe à 450 au plan national. Il confirme que le Préfet de police n'est pas favorable à la création de licences ni aux transferts de ces licences dans ces quartiers. Concernant les fermetures administratives, J. Benet indique que la sanction est le plus souvent de 15 jours et que les propositions de sanctions émanent de plusieurs services sachant qu'il existait une procédure contradictoire, avant que le Préfet ne rende sa décision.

    A7Les membres du Réseau Vivre Paris présents à la réunion de la DTPP (Photo JFR)

     

    Nous décrivons ensuite le système de permis à points existant pour les bars de Genève, le suivi statistique opéré à Londres (hospitalisations actes antisociaux suite à alcoolisation…), l'inefficacité des chartes mises en place dans certains quartiers et le développement des petits restaurants rapides qui vendent de l'alcool sans avoir de licence. Nous insistons sur le fait que l'hyper alcoolisation est devenu un problème grave et coûteux qui n'est pas suffisamment pris en compte et qui se double aussi de la question de la drogue. Pour nous, le langage des élus n'est pas clair et nous étonnons de ne pas entendre affirmer clairement que le canal Saint-Martin par exemple n'est pas un lieu de fête.

    J. Benet rappelle que ses services agissent aussi en matière d'hygiène dans ces établissements, les fermetures peuvent être immédiates y compris en cas de travail clandestin. Nous mentionnons la problématique des toits terrasses que certains élus souhaitent développer et le fait que faute de budget suffisant, des institutions connues type Carreau du Temple ou Musée Picasso devenaient des lieux de fêtes et donc des centres de crispation avec les riverains en raison du bruit provoqué avant, durant et après les manifestations qui sont organisées pour procurer les recettes manquantes et équilibrer leurs comptes. Nous éclairons aussi J. Benet sur cette question d'antériorité qui fait débat où un habitant s’installant dans un quartier de fêtes et donc de bruit ne pourrait plus se plaindre dès lors qu'il aurait eu la possibilité de contrôler préalablement que le secteur était dans un tel contexte…

    En conclusion de cet échange approfondi,  J. Benet indique qu'il est favorable à l'organisation d'autres réunions de ce type avec les responsables des sous directions compétentes qui lui sont rattachées. Nous l'en remercions vivement ainsi que pour le temps qu'il nous a consacré.

    Dominique Feutry

     

  • P1080591Vartan Berbérian dans sa cour (Photo VlM – clic gauche dans l'image pour agrandir)

     

    Vartan Berbérian est né à Gardanne (Bouches du Rhône) il y a 90 ans dans une famille arménienne qui a fui le génocide turc de 1915. Élevé dans les principes de l'époque qui valorisaient le travail et l'effort, il devint officier de marine et inventeur. On lui doit notamment un procédé de fabrication des boules de pétanque dont il a vendu la licence jusqu'en Chine et qui lui vaut de vivre dans une relative aisance aujourd'hui.

    Amoureux de la "terre", il est aussi passionné de vieilles pierres. Aussi, quand il chercha la résidence qui lui serait définitive, dans les années 70, il opta pour le Marais en jetant son dévolu sur un immeuble délabré de la rue Michel le Comte (IIIe), qui avait connu jadis des jours plus glorieux comme demeure de l'intendant Le Tellier sous Henry IV,  "Auberge médiévale de l'Ours et du Lion" ensuite, puis résidence des ducs de Rocquencourt. C'est la présence d'une grande cave sous l'appartement du rez-de-chaussée qui emporta sa décision.

    Les origines XVIIème siècle de cette construction apparaissent dans son architecture, notamment la taille et le style des fenêtres. On y découvre en particulier un bel escalier en pierres dont la volée suit un parcours aux sinuosités surprenantes.

    Vartan a conservé sur quelques photos la mémoire des lieux tels qu'il les a découverts. Leur comparaison aux photos d'aujourd'hui montre le chemin parcouru. Un chemin que de nombreux bâtiments et hôtels particuliers ont suivi dans le Marais pour passer du délabrement et de l'insalubrité à l'état restauré qui fait aujourd'hui l'admiration des visiteurs du monde.

                                             Vartan ancienneMichel le comte 16 escalier 14 11 15                                                                        

    A gauche l'escalier en 2015, à droite vue de la cour en 1970 (Photos VlM  et VB – clic gauche jusqu'à deux fois pour agrandir)

     

    Au fond de la cour, près de la porte d'entrée couleur amarante, on aperçoit un figuier. Cet arbre a donné son titre à un livre que Vartan Berbérian a publié en 2005 chez Anne Carrière. Il y raconte sa vie et celle de ses parents avant et après leur exil et leur installation difficile en France. C'est une autobiographie en hommage à son père et sa mère en même temps qu'une page d'histoire contemporaine qui nous éclaire sur le drame qu'a vécu l'Arménie au début de siècle dernier.

    Livre

    En voici un court extrait :

    "….J'ai donc commencé ma vie dans une cave. Et c'est dans une "cave" que je passe aujourd'hui le plus "clair" de mon temps.

    Personne n'a réalisé quand, fortune (petite) faite, j'ai décidé d'acquérir cet immeuble du Marais, vieux quartier qui ressemblait encore au "ventre de Paris" cher à Zola. La maison suintait la misère. Je n'ai vu que la cave.

    Mon père, et tous les miens, personne n'a compris, personne n'a voulu comprendre…..

    Moi, je n'ai rien vu du passé glorieux [de ces lieux – NDLR], je n'ai vu que la cave. Et si j'ai choisi entre tous ce port où jeter l'ancre, c'est pour l'unique raison qu'il plongeait ses racines dans le sol. Parce qu'il était bâti sur cour et me rappelait les jours bénis de ce passé qui ne voulait pas mourir.

    Oui, de cette presque ruine qui suintait la misère, je n'ai vu que la cave.

    J'allais enfin retrouver le sol, la terre, la vie. Et la mort, qui est le couronnement de la vie".

     

    Une vie aussi bien remplie méritait l'hommage de notre association et un article sur ce blog.

    Gérard Simonet

     

     

  • MONCLERBoutique Montcler 11 rue des Archives (IVe) (Photo BHV) 

     

    Nous nous sommes déjà intéressés à l’évolution de notre quartier, à la montée en gamme des commerces liée non seulement à l’attractivité du Marais mais aussi au mode de vie de ses habitants le plus souvent aisés, issus de catégories socio professionnelles supérieures qui s’y installent compte tenu du renchérissement des prix de l’immobilier sans oublier les étrangers étrangers qui l’investissent pour y établir leur résidence secondaire. Mentionnons aussi les investisseurs qui ont compris que leur bien destiné à la location saisonnière rapportait bien plus qu’une location traditionnelle.

    Nous constatons que ce mouvement de « montée en gamme » se poursuit à un rythme soutenu et nous en voulons pour preuve le maillage que réalisent les marques de luxe et les grandes marques moins prestigieuses attirées qu’elles ont par le quartier.

    Après l’installation de Gucci, Montcler, Fendi et Givenchy rue des Archives (IVe), il est de plus en plus question de l’arrivée de Dior et de Louis Vuitton. Rue des Francs Bourgeois (IIIe), après Guerlain ce sont les parfums Chanel qui arrivent s’ajoutant aussi à Aqua di Parma (Groupe LVMH) non loin de là.  

    Le Figaro rappelait lors des premières installations de ces marques de luxe que celles-ci « cherchent sans cesse des nouveaux terrains de chasse pour asseoir leur présence dans les endroits stratégiques du luxe de la capitale. Le Marais est-il le nouvel Eldorado?…Il y a une volonté de décomplexer et rajeunir une certaine image du luxe…»

    Nous pensons que le mouvement ne devrait pas s’arrêter là en raison de « l’effet d’imitation » bien connu en théorie économique. Les concurrents s’imitent les uns les autres afin de ne pas se laisser distancer. Il existe aussi un turn-over élevé des fonds de commerce dû non seulement à la crise mais aux prix proposés par ceux qui cherchent les meilleurs emplacements. La décision de vendre est souvent liée au nombre de zéros sur le montant du chèque.

     

    Sans-titrePatisserie Pierre Hermé 16 rue Sainte-Croix de la Bretonnerie (IVe) (Photo VlM)

     

    Parallèlement aux marques de luxe, cherchent à s’implanter toujours par « effet d’imitation» et de potentiel d’activité, des marques connues. Le magazine « Elle » ne titrait-il pas en avril un de ses articles « Le Marais Eldorado du shopping » ajoutant que « le quartier est devenu la proie de la mode ».

    Il est vrai que la mode l’emporte largement sur les autres activités qui s’installent, y compris dans le Haut Marais où l’on trouve nombre de créateurs. Citons parmi les marques récentes tout aussi bien Uniqlo, Maje, Kooples, J. Crew… Mais en dehors de la mode, nous trouvons Nature et Découvertes (l’ouverture est toute proche), Ikea serait à la recherche d’un emplacement alors que des commerces de bouche Michalak, Pierre Hermé… sont arrivés en attendant l’ouverture prochaine d’Eataly qui vient d’être annoncée (notre article du 26 septembre 2015) via le Groupe Galeries Lafayette. Groupe dans lequel se trouve le BHV, navire amiral historique de cette partie de la Rive droite. Sa direction dynamique le fait évoluer constamment et donne même le la, assurant une certaine pérennité dans ce quartier en changement permanent.

    Tout cela bien entendu ne se fait pas sans conséquences pour les habitants qui ont connu le quartier avant ces évolutions… 

    Dominique Feutry

     

  • Tours

     

    Par solidarité avec l'association "Monts 14", membre de la "Plateforme des associations parisiennes" dont nous partageons le combat pour la sauvegarde de Paris, et par conviction, nous publions un appel à pétition pour faire obstacle au programme de construction de tours qui vise à encercler progressivement Paris en s'invitant dans des panoramas qu'on croyait protégés par la notoriété internationale de "la plus belle ville du Monde", mais qui ne semblent pas résister à la boulimie de construction de la nouvelle Maire de Paris.

    Voici in extenso le message de Patrice Maire, Président de "Monts 14" :

    Les pages centrales de notre dernier journal Monts 14 titrent Peu à peu, Paris retrouve l'enceinte des fortifications du XIXe siècle. A la tour du Palais de justice et à la tour Triangle viendront s'ajouter, outre les Tours Duo, d'autres tours à Masséna et à Bercy, de l'autre côté de la Seine. A chaque fois, la capitale s'en retrouve rétrécie : depuis les hauteurs (Sacré-Cœur, Arc de Triomphe, etc…), elle semble s'arrêter à la place d'Italie, à la tour Montparnasse ou au Front de Seine. A l'heure où elle devrait s'ouvrir à sa métropole, son site s'atrophie sous l'effet de cette barrière. Aussi, je viens de lancer une pétition contre les tours dans Paris. Cliquer gauche ici : Hidalgo tu nous emmures !

    Nous rappelons sans cesse que Paris est la ville la plus dense d'Europe avec 22.400 hab./km². Elle est au bord de l'étouffement comme nous le rappellent les épisodes de plus en plus fréquents de pollution extrême. La sagesse recommande de construire au-delà de ses murs en mettant à profit une politique de Grand Paris qui soulage Paris intra-muros, pour le logement et l'activité économique. Anne Hidalgo n'en prend pas le chemin, et semble céder à l'éblouissement narcissique que lui procure sa charge et à la culture de son ego.

    Les parisiens vont le lui faire savoir par leur bulletin de vote des élections régionales. S'ils ont des doutes sur ce que ferait l'opposition si elle était aux affaires, ils constatent que d'autres courants, notamment les Verts, font entendre régulièrement des opinions qui sont plus responsables sur la densité et les tours, les deux-roues motorisés, l'occupation de l'espace public, voire les Jeux Olympiques. A défaut, il reste l'abstention et les extrêmes. La Maire de Paris risque de payer cher son égarement.