Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2015


  • AB Un aperçu du défilé de la "zombie walk" du 3 octobre à Paris

     

     

    Nous avons reçu cet article de Jean-François Bayart, directeur de recherches au CNRS et journaliste du site Médiapart, qui reflète un certain ras le bol que ressentent bien des habitants du Marais et des parisiens plus généralement. Nous avons souhaité le publier car il exprime ce que nous ne cessons de souligner dans nos articles : Paris mérite autre chose que de devenir une ville de fêtes !

     

    "Du Carreau du Temple au musée Picasso, de la place de la République à celle de l’Hôtel de Ville, de Nuits blanches en Fashion Weeks et autres Food Trucks et Zombie Walk, il se confirme que la municipalité a décidé de transformer Paris en nouveau parc d’attraction, avec le soutien résolu de Laurent Fabius, ministre du Tourisme (et des Affaires étrangères), et d’Emmanuel Macron, ministre des Zones touristiques internationales et des autocars libres. Certes, Anne Hidalgo prétend défendre ses prérogatives en la matière. Mais on voit mal en quoi sa politique diffère de celle que préconisent les chantres du tourisme de masse, décidés à lui livrer la capitale. Surtout maintenant que Airbnb se résigne à payer la taxe de séjour due par les hôteliers.

     

    ABPizzeria sauvage installée sur une place de stationnement résidentiel, « réquisitionnée » sans aucune autorisation, rue du Perche, le samedi 3 octobre, à 19h30 (Photo JFB)

     

    Ni les uns ni les autres, en tout cas, ne se soucient de l’avis des premiers concernés par (et des premières victimes de) la transformation de la Ville-Lumière en village du Club Med. A savoir les habitants, exposés au tapage nocturne et à la saleté, aux encombrements humains, à la flambée de l’immobilier sous la pression des locations saisonnières illicites et des investissements étrangers spéculatifs, mais jamais consultés, sinon par le truchement de conseils de quartier noyautés par les entrepreneurs de la nuit et sans pouvoirs réels, ou par le biais de médiations et autres consultations bidons organisées par de bien coûteux "Pierrots de la Nuit".

    Je ne peux m’empêcher, à ce propos, de relater la conversation surréaliste que j’ai eue avec une membre du conseil du quartier des Archives qui recueillait les opinions des habitants sur un certain nombre de projets. Personnellement opposé à la piétonisation, fût-elle partielle, de la rue des Coutures-Saint-Gervais – projet qui prépare naturellement sa piétonisation intégrale, conformément aux souhaits du Musée Picasso, ce qui consacrerait la suzeraineté de celui-ci sur l’îlot – je me suis entendu dire que je ne pouvais pas voter contre, mais seulement pour… Spécialiste des régimes autoritaires en Afrique, je n’avais jamais rencontré une conception aussi sublime de la démocratie, surtout à prétention participative. Et, comme je m’en étonnais et attirais l’attention de notre conseillère sur le ras-le-bol des riverains du musée Picasso, elle m’a rétorqué qu’elle n’était pas le bureau des plaintes. Passons…

    AC La rue des Coutures Saint-Gervais privatisée (Photo JFB)

     

    Le plus irritant est que la transformation de Paris en parc d’attraction et en shopping hall se targue de préoccupations écologiques, quitte à supprimer les transports publics, comme la ligne du 29 dans le Marais pendant sa piétonisation le dimanche.

    Voici, à titre d’exemple, ce qu’a donné la Journée sans voiture, dont s’auto-congratule la mairie, pour un Parisien lambda qui ne pouvait obéir à l’assignation aux loisirs. Devant, pour des raisons professionnelles, prendre le Thalys de 16h01 afin de me rendre à Liège, en ce bon dimanche du 27 septembre, et ayant observé que les autobus circulaient normalement, je suis allé chercher, à 15h, boulevard Beaumarchais, le 65 qui devait me conduire Gare du Nord. Boulevard désert, comme il se devait, emprunté par des bicyclettes, par des deux-roues motorisés (eh oui, Journée sans voiture, pas sans moteur !), et par des taxis. Mais, au bout de 15mn, force me fut d’admettre que d’autobus il n’y avait point, bien que la RATP n’eût apposé aucune affiche signalant une suspension du service.

    Je me suis donc résolu à héler un taxi. Parvenu place de la République, j’ai compris l’absence des bus : celle-ci était à nouveau occupée par un amusement public et, une fois de plus, interdite de circulation, y compris celle des nombreuses lignes de bus qui la traversent. Mon taxi a été dévié vers le boulevard Voltaire, d’où il s’est engagé dans le boulevard Henri IV afin de rejoindre la Gare du Nord en contournant République. Las ! Le quai de Valmy était lui aussi fermé à la circulation, sans avertissement préalable, et le flot des voitures était détourné vers l’Hôpital Saint-Louis – à vrai dire était bloqué dans les petites rues le jouxtant puisque le serpent se mordait la queue, les véhicules étant renvoyés vers… République !

    J’ai donc dû quitter le taxi (10 euros dépensés en pure perte, mais une petite contribution à la pollution) et partir en courant avec ma lourde valise. Il était 15h35. Escalade des escaliers du pont enjambant le canal au son d’un orchestre techno triomphant, course vers les Recollets en me frayant un passage à travers les attroupements de badauds, franchissement de la Gare de l’Est, arrivée en nage et le cœur battant (heureusement que je m’étais entraîné le matin en faisant mon jogging) à 15h50, pour découvrir que le Thalys de 16h01 ne verrait son quai affiché qu’à 16h, ce qui bien entendu lui a valu le retard désormais rituel d’un bon quart d’heure. Tel est l’ordinaire d’un Parisien.

     

    ADUne fête place de l'Hôtel de Ville

     

    Nos élus croient-ils que nous le supporterons longtemps ? Ne seraient-ils pas avisés, du strict point de vue de leurs intérêts personnels, de comparer Paris avec Barcelone non pas seulement sous l’angle de la vie nocturne, mais également sous celui des résultats électoraux qui ont consacré la victoire d’une candidature indépendante sur la base d’un programme d’endiguement de l’industrie touristique ? Les écologistes ne devraient-ils pas abandonner leurs querelles intestines le temps de nous expliquer par quel miracle la défense de l’environnement passe-t-elle par la suppression des transports publics ? Et M. Macron, qui s’est érigé en maire de Paris pour y dessiner les Zones touristiques internationales soumettant leurs habitants à un régime dérogatoire préjudiciable à leur tranquillité et à leur santé, peut-il nous dire pourquoi la libéralisation des autocars et du travail le dimanche suppose-t-elle la restriction de la circulation des autobus ?

    Loin de moi l’idée de mener une charge politicienne contre la majorité municipale, dont le bilan est loin d’être négligeable, en particulier en matière de transports publics et de logement. Mais celle-ci semble prise au piège d’une fuite en avant, à laquelle n’échappe nullement son opposition, et que dicte l’air du temps : travailler plus, s’amuser plus, gagner plus d’argent, et en dépenser moins, en tout cas quand il s’agit de l’argent public, c’est-à-dire du service public avec ses transports, ses équipements culturels, ses établissements de santé. Ce faisceau d’attentes (ou d’injonctions) contradictoires conduit inexorablement à la privatisation et à la marchandisation des biens communs : au premier chef, à la privatisation et à la marchandisation de l’espace public – voire de l’espace privé d’autrui, grâce à la magie des décibels –, du repos hebdomadaire et de la nuit, cette dernière dimension de la vie qui échappait au capitalisme1.

    Pour les habitants du Marais, la Nouvelle Frontière d’une capitale transformée en parc d’attraction au service du tourisme de masse, dans l’espoir de réduire le déficit du commerce extérieur, se traduit par leur sujétion à l’équation absurde d’Hidalgo-Macron : travailler le dimanche sans transports publics ni repos nocturne (ou diurne) tout en se conformant à la nouvelle obligation civique, celle de la fête, de jour comme de nuit. Cherchez l’erreur.

    NB : A l’heure où j’écris cet article, en ce samedi 3 octobre, et dans l’attente de la Nuit blanche, la rue des Francs-Bourgeois est fermée à la circulation pour cause de défilé festif et sans doute marchand, à grand renfort de décibels montés sur roue, et le trafic du 29, reliant le quartier à deux gares, est de nouveau suspendu."

    Jean-François Bayart

     

  •   A2Le nouveau bar-restaurant "L'Amuse Gueule"  7 rue Rambuteau (IVe)  (Photo VlM)

     

    Après la rénovation de la Pharmacie des Musées ( article du 18 août) au 20  rue Rambuteau (IIIe) et l'ouverture d'une nouvelle papeterie-cadeaux (notre article du 07 avril ) au 11 de la même rue (IVe) , ce sont le bar restaurant " l'Amuse Gueule" situé à l'angle de rue Rambuteau et Pecquay (IVe) et le magasin de cosmétiques "Urban  Decay" 48 rue des Francs Bourgeois (IIIe) qui après des travaux importants améliorent l'aspect de cet axe passant.

    Si la marque de cosmétiques américaine du groupe l'Oréal remplace le magasin "Nickel" qui, après ses heures de gloire avait périclité et était devenu, abandonné, un mur d'affiches  et de tags  hideux, le nouveau bar-restaurant quant à lui réunit les ex bars "Le Fontenoy" et "Le  Felteu" qui se jouxtaient et avaient tous deux besoin d'une sérieuse restauration.

    A6Le magasin de cosmétiques "Urban Decay" 48 rue des Francs Bourgeois (IIIe) le soir de son inauguration (Photo VlM)

     

    Ces deux aménagements sont de qualité. Toutefois "l'Amuse Gueule" (dont l'exploitant est aussi celui de la "Terrasse des Archives" au 51 de la rue éponyme) a disposé son comptoir à l'aplomb du trottoir, collé à la vitrine qui elle-même s'ouvre sur la rue, ce qui n'est pas fait pour réduire les nuisances sonores bien au contraire, celles-ci s'ajoutant à celles dues au brouhaha des clients en terrasse. Nous resterons vigilants sur cette question si d’aventure nous étions alertés par les riverains de niveaux sonores hors normes .

    Dominique Feutry

     

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    Gare-du-Nord-discotheque-700x336La gare du Nord sera transformée en discothéque géante durant la nuit du 3 octobre

     

     

    Le 3 octobre, la Gare du Nord sera transformée en night-club le temps d'une nuit,  la « Silence Station Night ».  Si l'endroit, insolite, devient pour la première fois un  lieu festif,  le plus grand club éphémère de la Capitale avec 4000m2 offert à la danse et à la musique, c’est surtout le mode de diffusion du son qui retient toute notre intérêt alors que nous ne cessons de dénoncer les nuisances sonores justement.  

    Toute la nuit en effet les participants seront munis de… casques  ainsi que l’indique l’annonce: « l'agence Silence Events et la SNCF proposent une "silent party", une soirée inédite qui a la particularité de se dérouler dans le silence. La musique sera en effet diffusée via des casques sans fil dont les trois canaux permettront de recevoir la musique de trois DJs mixant en même temps.»

    Webgareg L'affiche de la soirée "Silence Station Night"

     

    Nous ne rêvons pas, cette manifestation qui aura lieu de surcroît lors de la Nuit Blanche montre que des solutions existent contre le bruit. Ceux qui souhaitent s’amuser peuvent le faire avec l'intensité de musique qu'ils souhaitent sans priver les autres de leur sommeil contairement à la pratique habituelle de sonorisations tonitruantes. Cette forme de respect des droits vis à vis de l’autre est à l’honneur des organisateurs et ouvre des perspectives à tous ceux qui  pensent que le bruit est indissociable de le fête et ne font rien pour le réguler ! Même si cette expérience ne régle  pas tous les problèmes liés à la fête,  c'est un premier pas. La Mairie de Paris, il faut le noter, figure parmi les sponsors.

    Alors avis à tous ceux qui ne sont pas convaincus, cette manifestation se déroulera  dans la Gare du Nord  le Samedi 3 octobre 2015 de 23h30 – 5h.

    Une expérience à méditer !

    Dominique Feutry

     

  •    Psmv_maraisPlan extrait du PSMV du Marais

     

    Le titre de cet article de notre blog reflète en lui-même tout l’enjeu  des discussions en cours actuellement à l’Assemblée Nationale relatives à un projet de loi qui ferait du Ministère de la Culture un simple conseil pour les communes  en matière de protection du patrimoine, rôle dévolu jusqu’à présent à l’État. 

    Déjà l'autorité du Ministère de la Culture avait été réduite par un vote le 6 mai 2010 qui supprimait "l'avis conforme" des ABF (architectes des bâtiments de France) sur les ZPPAUP (zones de protection  du patrimoine architectural, urbain et paysager), au profit d'une responsabilité conjointe des autorités territoriales (mairies) et de l'ABF (architecte des bâtiments de France) (voir article du 10 mai 2010). Question sous-jacente : les ABF dont le rôle s'efface depuis quelques années, ont-ils vocation à disparaitre ?

    Le projet de loi en examen est explicite à ce sujet « le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV)  est élaboré conjointement par l’État et l’autorité compétente en matière de plan local d’urbanisme (PLU) » c’est-à-dire le maire. 

    Ainsi les ZPPAUP et les Aires de Valorisation de l’Architecture du Patrimoine (AVAP) qui ont pour but d’assurer la protection du patrimoine paysager et urbain, la mise en valeur de sites ainsi que le développement durable paysager pourraient être remplacées par un PLU Patrimonial. PLU qui pourrait être remis en question à tout instant. La commune garderait le choix du PSMV ou du PLU patrimonial qui  deviendrait une décision d’échelon local. 

    Nous percevons très bien les dangers de cette éventuelle décision, un maire qui refuserait, un autre qui reviendrait sur la décision de son prédécesseur etc… au détriment de notre patrimoine et en totale incohérence les uns par rapport aux autres puisque la vision d’ensemble, en central, par l’État, ne serait plus assurée ! 

    Le retrait de l’État serait donc un mauvais signe et n’annoncerait pas de beaux jours pour notre patrimoine déjà confronté à l’absence de moyens financiers. 

    Voilà un dossier à suivre qui n’est pas pour nous rassurer s’il était voté en l’état. 

    Dominique Feutry

     

  •   A6Affiche officielle de la "Nuit Blanche" 2015 à Paris

     

    Nombreuses sont les activités proposées pour cette nouvelle édition de la Nuit Blanche. qui a lieu le 3 octobre prochain. Nous en reprenons ici quelques unes.

    La Mairie du IIIe (2 rue Eugène Spuller) propose "trois installations sonores interactives sur le thème du Pôle Nord : un jardin d’éveil numérique, un circuit de billes géant et sonore" jusqu'à 4h30.

    Soirée conjuguant "concerts, projections, lectures et performances autour de la force d’évocation de Sodome, ville que la tradition biblique situe au sud de la Mer Morte" au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme  (71, rue du Temple IIIe) de 21h00 à 02h00

    A l’Hôtel de Soubise (60, rue des Francs-Bourgeois IIIe) sera évoquée, de 19h00 à 1h00, « une vision apocalyptique de la modernité et notre prédilection pour l’amnésie historique. L’installation vidéo a enté entièrement tournée au Japon, avec un téléphone et un télescope ».

    Au Centre Pompidou, il sera possible de découvrir les collections permanentes du Musée
    de 20h à 2h (entrée libre et gratuite au musée).

    La librairie Les Cahiers de Colette (23-25 rue Rambuteau IVe) propose la lecture par des auteurs de « L’Infinie Comédie » de David Foster Wallace, œuvre majeure de la littérature américaine contemporaine, publiée pour la première fois en français par les Editions de l’Olivier. 

    La Mairie du IVe 2 place Baudoyer, a fait venir l’Orchestre Lamoureux et du Chœur Lamoureux qui proposeront aux visiteurs de les suivre tout au long de la nuit, à travers un programme de musique de chambre inédit.de 20h00 à 3h00

    « Des voix dans la nuit », organisé par l’association Acœurvoix réunit des jeunes handicapés et la musique dans l’église des Blancs Manteaux au 12 de la rue éponyme de 20h00 à 02h00

    La Maison de l’Europe de Paris propose de 19h30 à 2h00, 35-37 rue des Francs Bourgeois (IVe), un "Tour d’Europe en Cinéma"

    Mais voilà, comme nous l’écrivions en septembre 2014,  l’expérience des années passées nous rappelle que la Nuit Blanche ne l’est pas seulement pour ceux qui la choisissent et s'amusent,  mais aussi pour ceux qui la subissent, c'est-à-dire les riverains qui ont le malheur d’habiter dans les parages car trop souvent l'égoïsme règne en maître.

    Dominique Feutry

     

  • P1080532 L'Ambassade d'Auvergne, 22 rue du Grenier Saint-Lazare (IIIe) – tél. 01 42 72 31 22, ouvert 7jours/7 (photo VlM)

     

    C'est un immeuble XVIIème siècle qui l'abrite, sur cette rive de la rue du Grenier St Lazare qui est restée "dans son jus" tandis que l'autre, démolie dans les années 70 pour laisser la place à la Piazza Beaubourg, au centre Georges Pompidou et au "Quartier de l'Horloge", offre à la vue des immeubles contemporains qui vieillissent mal.

    L'ambiance est restée la même : murs à pans de bois, poutres et solives, mobilier tradition. Murs et plafond ont été éclaircis pour donner plus de volume.

    Le propriétaire Didier Désert nous a fait le plaisir de nous accueillir.

    P1080528Didier Désert (Photo VlM)

     

    Son objectif a été cet été de rajeunir la maison, en lui conservant son caractère. En effet on n'a pas le sentiment en passant devant la devanture du restaurant qu'il a fondamentalement changé et on s'en réjouit car il reste une clientèle nombreuse à Paris et ailleurs pour apprécier la bonne cuisine française et celle de ses terroirs. L'Auvergne en est un pour sa nourriture et ses vins.

    La carte des entrées est particulièrement riche. Elle suggère même d'en faire un vrai repas. Qu'on en juge : jambon de coche, salade de lentilles, chiffonnade de saumon fumé, foie gras de canard, quenelles au caviar d'aubergines ….

    On pourra poursuivre et déguster bien sûr la saucisse à l'aligot, qui est le plat  emblématique de l'Auvergne mais aussi un excellent magret de canard, la viande de Salers, un filet de bar sur lit de fenouil, et pour ceux qui veulent se donner des frissons sans en assumer le risque, une andouillette "de canard".

    Les desserts ne sont pas en reste avec notamment leur fameuse mousse au chocolat et les macarons de Massiac.

    L'Auvergne a ses vins. Didier Désert leur a réservé une place de choix dans sa cave mais il propose aussi les grands crus qui font la gloire de la France, notamment pour les amateurs les plus fortunés un Corton Grand Cru de 2008 et un Château Talbot, Grand Cru Classé Saint Julien, 2006.

    Il faut compter 40 à 50 € pour un repas à la carte, vin et café compris. Plus encore en fonction du vin. Mais la maison propose un menu "saveurs d'Auvergne" pour 33 € et un repas midi entrée/plat ou plat/dessert pour 22,50 €.

     

  •   Paris_3_hôtel_de_vignyL'Hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal (IIIe)  (Photo Paristoric)

      

    L’Hôtel de Vigny 10 rue du Parc Royal (IIIe) ne passera pas aux mains d’un promoteur étranger et  ne sera pas rénové en appartements de luxe (nos articles des 11 janvier et 27 octobre 2013) en effet, ainsi que l’annonce Le Parisien dans ses colonnes, il vient d’être racheté par la célèbre maison de thés Mariage Frères (voir notre article du 08 septembre 2013).

    Voilà une bonne nouvelle pour ce bâtiment historique qui a failli disparaitre et a servi en son temps à faire prendre conscience aux parisiens que le quartier du Marais regorgeait d’un patrimoine exceptionnel qu’il fallait sauver. Ce qui  a mené à la mise en place du PSMV (Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur) du Marais. 

    Le bâtiment est du début du XVIIe siècle et fut bâti par un conseiller du roi. Il est de tradition d’attribuer le beau portique de la cour à François Le Vau. 

    C’est peu avant la Révolution que l’Hôtel pris son nom actuel lorsqu’il passa aux mains de la veuve d’un autre conseiller du roi Jacques Olivier de Vigny.

    Solives, plafonds peints, deux jolis escaliers du XVIIe et une très belle pièce ornée de peintures au premier étage sont parmi les « raretés » de l’édifice. A noter qu’une surélévation fut réalisée au XIXe. 

    Depuis la vente de l’édifice par le ministère de la Culture en 2007 son sort était en suspens, la nouvelle que nous venons d’apprendre nous réjouit et nous pouvons déjà imaginer une splendide restauration. 

    Dominique Feutry

     

  • A0

     

    Partial, partisan et tronqué, tels pourraient être les adjectifs qui caractérisent le contenu du rapport rédigé sur commande du Ministre des Affaires Étrangères, et intitulé « Pôle d’excellence touristique : 22 mesures pour faire de la vie nocturne un facteur d’attractivité à l’international ».

    Nous nous sommes en effet procuré ce pensum à la gloire des fêtes nocturnes en France mais surtout à Paris, rédigées par des experts dont nous avions révélé qu’ils comprenaient des industriels de la nuit et les représentants  de l ‘AMUON, cette association qui emploie les "Pierrots de la Nuit".

    Dès les premières lignes le décor est  posé,  « notre offre nocturne »  est-il écrit  « répond aux attentes du marché français … », « il faut opérer une véritable révolution dans les mentalités afin que l’offre nocturne ne soit plus seulement tolérée mais pleinement  considérée et valorisée par les élus nationaux et locaux… » ?  Et d’ajouter « Les actions des associations de riverains  à l’encontre des organisateurs d’évènements ou gérants d’établissements sont particulièrement dommageables, et ce alors que ces organismes ne représentent les intérêts que d’un faible nombre  d’usagers ».

    Ces propos totalement gratuits et non étayés amènent d’ailleurs la confusion car s’il est question dans le corps du rapport de développer une marque, un label  « Qualité Tourisme » (sous couvert du GIE Atout France, l'Agence de développement touristique de la France, opérateur de l'État dans le secteur), cela se ferait, est-il ajouté, « en bonne intelligence avec l’environnement immédiat »  des établissements ?

    Comme attendu les mêmes exemples de villes modèles, celles « qui ne dorment jamais », une comptine bien huilée et mille fois racontée,  sont citées. Vous avez deviné, il s’agit de  Barcelone et de Berlin dont on sait que les habitants intoxiqués des fêtes nocturnes  sont au comble du désespoir. En France, Bayonne a la réelle faveur des rédacteurs impressionnés de ce qui s’y passe…Quand aurons- nous une feria dans les rues de Paris ? A noter que relativement aux villes étrangères, seuls des représentants de Rotterdam et de Milan ont été auditionnés pour ce rapport mais leur fonction n’y est pas déclinée ?

    A3

    Le jargon employé peut paraître bluffant avec les  « city breakers », le « cluster », le « good France » et autres, sans oublier la sempiternelle « intelligence artificielle » et le mélange confus entre « opéra, salles de concerts, clubs- bars, restaurants » etc .

    Viennent ensuite les 22 propositions qui vont de l’élargissement des horaires des promenades en bateau sur la Seine en passant par « l’ouverture des lieux publics au privé » (sans qu’un quelconque endroit soit cité), ou la « mise en place d’un site web multilingue pour la promotion de la vie nocturne », ou bien « la mise en lumière de l’espace public ». Autre singularité, afin « d’encourager l’internationalisation des dispositifs de prévention et de médiation dédiés à la vie nocturne »,  il faudra désormais être polyglotte pour intégrer le corps des pierrots de la nuit.

    L’aménagement urbain n’est  pas oublié dans la longue liste d’actions proposées,  « favoriser la prise en compte de la dimension nocturne dans l’emménagement urbain… »,  c’est-à-dire plus de bus, plus de métro avec des horaires élargis, plus  de navettes  privées et des plans de métro et de bus indiquant spécifiquement les quartiers réputés (traduire de fête) pour la vie  nocturne… Deux phrases résument ces demandes, « inclure l’activité nocturne dans le PLU » et « étendre les horaires de nuit des sites culturels et magasins en zone touristique » ?

    Cerise sur le gâteau, la demande « de mesures réglementaires plus favorables à la vie nocturne… »… pour «…rassurer les investisseurs » !  C’est-à-dire attribuer aux établissements  des autorisations  d’ouverture de nuit  plus longues et créer une clause d’antériorité pour protéger les établissements des recours abusifs ! Difficile de ne pas deviner qui serait ainsi  visé ?

    A4

    Le permis à points est toutefois préconisé de même que l’occupation de l’espace devant les Grand et Petit Palais qui serait dédié à la nuit, préconisation de Christophe Girard, seul maire d’arrondissement auditionné,  l’endroit en effet ne comporte pas d’immeubles d’habitations.

    Les subventions versées ne sont pas abordées mais il est toutefois suggéré que le fonds de financement du tourisme  créé par la BPI (Banque Publique d’Investissement)  étende son champ d’action au tourisme nocturne.

    Ce rapport a de quoi inquiéter encore davantage les riverains. Instiller partout et par tous les  moyens (ce rapport en est un) l’idée que Paris ne pourrait plus être une capitale digne de ce nom  sans vie nocturne  est une notion totalement fallacieuse, une pression indigne auprès des élus et de ceux qui le croient, une  course en avant à marche forcée dont le seul but est de remplir le tiroir-caisse de quelques privilégiés.

    On a peine à imaginer que le Ministre des Affaires Étrangères, fort d’une longue expérience des affaires publiques, puisse cautionner ces travaux par trop parcellaires et orientés. En effet  les habitants sont passés à la trappe, les dégâts  collatéraux relatifs à la santé (nuisances sonores, insomnie, souffrance psychologique, montée de l’alcoolisme, drogue …), l'insécurité et la malpropreté sont tout simplement ignorés.

    La copie est à revoir !

     

  • BacchusBacchanales : c'étaient des fêtes de la mythologie célébrées dans l'Antiquité. Liées aux mystères dionysiaques, elles se tenaient en l'honneur de Bacchus, dieu du vin, de l'ivresse et des débordements en tout genre.
     

     

    Le week-end qui vient de s'écouler concentrait dans notre quartier une longue liste de manifestations attirant nombre de curieux qui repartent du Marais avec l'impression qu'il devient un immense champ de fêtes et non plus, comme il a été rabâché à tort, un quartier musées. 

    Mais parmi tout cela, que fait-on des habitants  qui subissent plus qu'ils ne participent à ces festivités dont ils vivent mal les conséquences imposées et maintes fois dénoncées dans nos colonnes ? Les élus paraissent bien insensibles à leur qualité de vie, même lorsque une échéance électorale est proche ?

    Parmi les nombreux messages qu'a reçus "Vivre le Marais !", l'un d'eux émanant d'une habitante de la rue de Bretagne résume à lui seul le ressenti, et disons le, le ras le bol des riverains qui ont dû supporter cette inflation de fêtes durant tout le week-end. Nous le reproduisons in extenso :

    "Aujourd'hui, nous avons vécu et vivons encore l'enfer, entre le carreau du Temple, ses camions et ses odeurs, la brocante de la rue Rambuteau et la journée sans voiture. Où est l'hygiène dans toutes ces manifestations ?

    Ce matin, il y avait un container qui débordait de sacs pleins derrière le Carreau du Temple, du verre cassé partout, rue de Bretagne, Dupetit-Thouars, Picardie, seulement balayé vers 11 h du matin. La Mairie ne peut ignorer qu'on voit des rats dans les rues…

    Un orchestre dans le jardin avec des musiques qui émettent des vibrations, raison pour laquelle nous avons refusé de conduire ma petite fille de 2 ans dans le square du Temple. Il est 18 h et je ne peux travailler intellectuellement par le bruit d'une musique ininterrompue, si on peut appeler cela musique !

    J'ai essayé de sortir mon chien, il est tout petit. Impossible de le poser par terre en raison de la foule, sans compter les planches, vélos…  Est-ce que les gens de la Mairie de Paris ont conscience des nuisances qu'ils infligent aux résidents ? Il faut arrêter de vivre dans l'utopie et de réaliser des rêves de show bizz parce qu'on a le pouvoir et qu'on veut gagner les élections, de l'argent ou vivre dans un fête perpétuelle.

    C'est inconvenant vu les évènements qui se passent dans le monde. Notre quartier n'est pas une esplanade pour faire la fête et je n'ai pas envie de déménager."

    Nous ne ferons aucun commentaire sur ce texte que se suffit à lui-même…et devrait nourrir les réflexions de nos élus !

     

  • P1080526Agents de la Mairie de Paris chargés d'informer le public sur la "journée sans voiture" (Photo VlM)

     

    Tout véhicule à moteur était interdit ce 27 septembre 2015 dans Paris. Pas seulement les voitures mais aussi les motos dont on sait qu'elles sont aussi polluantes et affreusement bruyantes et dangereuses.

    Nous sommes d'accord avec la Maire de Paris Anne Hidalgo quand elle dit que c'est un signe donné en faveur de la lutte pour l'amélioration de la qualité de l'air. Un signe, car l'impact de cette journée isolée sur les indices de qualité de l'air est évidemment négligeable. Mais la société a besoin de "signes", comme elle besoin de repères pour guider sa conduite.

    Voici deux photos qui illustrent le calme qui régnait en fin de matinée dans le IVe, au voisinage de l'Hôtel de Ville.

    P1080519Rue de Rivoli (IVe), dimanche 27 septembre 2015 (Photo VlM)

    P1080518Rue des Archives (IVe), dimanche 27 septembre 2015 (Photo VlM)

     

    Sur le fond, que doit-on en conclure ?

    D'abord, éviter les extrêmes. Ces rues désertes ne sont pas un idéal pour une ville comme Paris. Nous avons toujours soutenu qu'il fallait réduire la circulation des véhicules à moteurs, en commençant par le centre historique, autant pour améliorer la qualité de l'air que pour faire bénéficier la population d'un cadre de vie plus favorable, mais il faut éviter cependant de le piétonniser.

    La vue de foules qui se bousculent dans des voies qui leur sont exclusivement réservées a toutes les raisons de nous inquiéter.

    Champs élyséesChristophe Najdovski, chargé de la Voirie auprès de la Maire de Paris, publie cette photo sur  Facebook comme un trophée. Elle n'a rien pourtant pour nous faire rêver….Veut-il nous faire tomber de Charybde en Scylla ?

     

    Dans le brouhaha de cette initiative d'Anne Hidalgo, il n'est pas simple de se forger une opinion éclairée. Pour ce qui nous concerne, au nom de notre objectivité qui n'a pas de raison de se démentir aujourd’hui, nous disons que le "signal" est bon, que l'image donnée d'un Paris "libéré" du flot de véhicules à moteurs est réjouissante MAIS que les débordements de foule et les comportements grégaires ne correspondent ni à la vocation de notre ville-capitale ni aux attentes des parisiens.

    Que faut-il alors pour Paris ?

    Nous rappelons notre "programme", en insistant sur sa cohérence : (1) désengorger Paris en facilitant le déplacement d'activités économiques et figer la densité d'habitants à Paris au profit des constituants du "Grand Paris". Veiller au rapprochement des emplois et de l'habitat pour réduire les besoins de transports ; (2) mettre sur un même plan voitures et deux-roues motorisés pour maitriser la progression anarchique des motos et scooters. Ceci implique l'application du contrôle technique et la tarification du stationnement sur les trottoirs, mesures éternellement différées sous la pression du lobby des "Motards en Colère" (qui ne décolèrent de toute façon jamais car c'est  leur état statutaire !) (3) réduire progressivement la présence du diésel en commençant par les véhicules les plus anciens et enfin (4) cesser de mettre tous les projecteurs sur Paris en oubliant sa banlieue (JO de 2018 et 2024, Expo Universelle de 2025, Roland Garros, tours monumentales Triangle et autres …)

    Aucune de ces mesures n'est mise en œuvre par la municipalité en place. A croire qu'elles sont insensées. Nous vous laissons juges sachant que des élections approchent…

    Gérard Simonet