Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2016

  • Girard christophe 28 02 14Christophe Girard, Maire du IVe, quai des Célestins (Photo VlM)

     

    Voici ce qu'écrit la "Lettre de l’Expansion" du 28 novembre à propos du Maire du IVe :

    "Après avoir écarté l'idée de briguer un siège de sénateur de la capitale en 2017, le
    maire du IVe arrondissement veut se consacrer aux dossiers locaux d'aménagement
    du cœur de Paris.

    Dans le viseur : la mairie du futur ensemble réunissant les quatre
    premiers arrondissements. Concernant le projet de piétonisation des berges, il entend
    vaincre les réticences en y adossant des animations : un salon littéraire, sur le modèle
    de celui de Morges, en Suisse, une opération sur l'horticulture à l'instar de la Fête
    des plantes du château de Courson. Toujours sur les quais, il travaille avec Henri
    Loyrette, président de la Cité internationale des arts, à faire du site un lieu phare,
    avec la création d'un jardin qui accueillerait des espaces d'animation et des commerces.

    Autre projet : le réaménagement de la place Edmond-Michelet, qui comprendra
    l'installation de deux statues de Xavier Veilhan représentant les deux architectes
    du Centre Pompidou, Renzo Piano et Richard Rogers, indiquant aux piétons
    la direction de celui-ci. Avec le soutien de la galerie Perrotin".

    Il ne trouvera pas sur le chemin de ses ambitions le Maire du 1er, Jean-François Legaret car c'est un élu de l'opposition "Les Républicains" mais il se pourrait que Pierre Aidenbaum, membre fidèle et loyal du Parti Socialiste, qui a été confortablement élu Maire du IIIe et Jacques Boutault (Europe Écologie les Verts), Maire du IIe, garant du soutien de son parti à la majorité de l'Hôtel de Ville, ne lâchent pas aussi facilement la proie sachant que les places seront chères et rares aux élections législatives qui suivront la présidentielle de 2017.

     

  • Hospitalières st gervais 29 11 16Travaux d'aménagement en voie piétonne de la rue des Hospitalières Saint-Gervais (IVe) (photo VlM)

     

    Les travaux d’aménagement de la rue des Hospitalières Saint-Gervais (IVe) juste derrière la Halle des Blancs Manteaux avancent à grands pas.

    La transformation en rue piétonne de cette voie qui relie la rue des Rosiers à la rue des Francs Bourgeois (IVe) devrait être effective d’ici la fin de l’année. Les  barrières, les engins et les équipes de chantier s’activent très tôt le matin, malgré le froid.

    Sur le fond, cette transformation rend la sortie de l’école plus sécuritaire, encore que le trafic des voitures n’était pas des plus intenses. Malgré les vélos et autres deux roues qui à n’en pas douter ne manqueront pas de passer dans cette rue,  les riverains de leur côté risquent de subir les affres  des « usagers »  des terrasses si, les travaux finis, il n’est pas mis bon ordre aux abus potentiels en regard des autorisations existantes…

    Il appartiendra à la  DPSP (Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection)  d’y veiller puisqu’elle dispose d’effectifs renforcés après le transfert d’agents placés auparavant sous l’autorité du Préfet de police.

    Dominique Feutry

     

  • BastLes coulisses de l'Opéra Bastille

     

     En partenariat avec "Vivre le Marais !"

    "CULTURE ET PATRIMOINE" propose  une visite insolite de 

    l’Opéra et les coulisses de l’Opéra Bastille

    samedi 21 janvier 2017. Rendez-Vous à 11h45 (métro Bastille)

    entrée au 120 rue de Lyon (durée 1h30)  

     

    Inauguré en 1989 lors des cérémonies du bicentenaire de la Révolution, cet opéra conçu par Carlos Ott est l’un des plus grands du monde offrant plus de 2700 places aux spectateurs. Ses coulisses peuvent être qualifiées de phénoménales, permettant d’abriter de nombreux décors d’opéras différents. Il bénéficie de techniques ultra performantes permettant de déplacer 54 tonnes en quelques clics. Ses ateliers et entrepôts sont nombreux pour les vêtements, les perruques, les armes … et leur découverte sera un véritable voyage dans l’univers du spectacle. 

    L’horaire nous est imposé compte tenu du nombre important de demandes, il vous permettra toutefois de déjeuner un peu plus tard.

    Exceptionnellement il vous est demandé d’envoyer au plus vite une participation de 15 euros pour les adhérents de Culture et Patrimoine et de 20 euros pour les non adhérents car l’Opéra demande de payer très en avance. Merci donc d’envoyer un chèque en précisant le nom des personnes qui vous accompagneront libellé à l’ordre de Culture et Patrimoine à adresser à : 

     

    Marie-Françoise Masféty-Klein 41, rue des Francs Bourgeois 75004 Paris 

     

    Nous commencerons donc la nouvelle année par cette magnifique visite et espérons le plaisir de vous revoir à cette occasion avec vos amis que nous serons heureux d’accueillir. 

     

     

  • Bac 01 09 16
    Un soir de septembre à la Butte aux Cailles (XIIIe)

     

    Nos amis de la Butte aux Cailles (XIIIe), membres comme nous de "Vivre Paris !", ont eu des doutes quand ils ont vu paraitre une pétition associant une élue de l'arrondissement, Nathalie Laville, en charge du commerce, de l'artisanat et des professions libérales, destinée à soutenir un bar frappé par un retrait d'autorisation de terrasse.

    Il s'agit d'un des établissements les plus problématiques pour les riverains et agressif de surcroît à l'égard de ceux qui les défendent. Il a fait l'objet d'une mesure de fermeture administrative de 15 jours il y a peu. La semaine dernière, alors qu'il était encore fermé, il affichait une lettre de la direction de l'urbanisme (DU) de la mairie de Paris lui annonçant le retrait de son autorisation de terrasse, pour cause "d'exploitation en violation de la tranquillité publique et débordements".

    En même temps, sur Facebook, il se prévalait d'une pétition de soutien lancée avec l'élue "Les Verts" Nathalie Laville . Contactée par écrit par l'association des riverains de la Butte aux Cailles, l'élue a répondu :

    LavilleNathalie Laville

     

    "Vous avez parfaitement raison de douter de la véracité de ce soutien parce que c'est effectivement un faux. Je me rapproche de PlugIn Café et de change.org afin de clarifier cette situation".

    "….. après m'être entretenue avec la gérante de l'établissement et après avoir été sur le lien, [je précise] NDLR. que mon nom n'apparaît qu'en tant que destinataire de la pétition et non pas en tant que signataire. Mais la façon dont change.org<http://change.org> permet la mise en page sur Facebook est très équivoque, j'en conviens ! Ainsi, j'ai demandé à ce que mon nom n'apparaisse plus, ce qui devrait être fait dans les plus brefs délais.
    Veuillez agréer mes sincères salutations,

    Nathalie Laville"

    Deux conclusions s'imposent : il ne faut pas désespérer des services de la Mairie de Paris et de la Police quand il s'agit d'assurer la tranquillité publique. Il arrive que les associations qui en ont pris la défense face aux abus des commerces qui vivent de l'alcoolisation des foules et de leurs dérives obtiennent la simple application des lois qui réglementent la vie dans la cité. Il faut également se méfier de l'information que les réseaux sociaux véhiculent. Il est devenu trop facile de tricher en faisant passer des vessies pour des lanternes, notamment en manipulant habilement des identités.

     

    Dernière nouvelle dans le IIIe : l'opposition municipale s'est abstenue sur le changement du nom du "square du Temple" en "square du Temple-Elie Wiesel"

     

     

  • HdvVue de l'Hôtel de Ville et de l’esplanade avec la patinoire installée pour l'hiver…

     

    Le Sénat a adopté le 9 novembre 2016 le projet de loi relatif au statut de Paris et à l'aménagement métropolitain qui revient en discussion à l’Assemblée Nationale. Le texte comporte un rappel de la loi du 10 juillet 1964 qui a réorganisé la région parisienne, à savoir que la Ville de Paris dispose d'un régime administratif particulier et rassemble sur un seul et même territoire deux collectivités : une commune et un département. Le préfet de police exerce de son côté les pouvoirs de police qui lui ont été conférés par l'arrêté du 12 messidor an VIII.

    Il est spécifié ensuite que « certains aspects du statut de Paris apparaissent aujourd'hui inadaptés. L'existence de deux collectivités intervenant sous la direction d'une même assemblée délibérante est source de complexité. L'existence de deux budgets est difficilement compréhensible. » Le projet de loi fusionne la commune et le département, l’ensemble sera dénommé « Ville de Paris », et exercera les compétences de la commune et du département de Paris (dès le 1er janvier 2019). Parallèlement est prévue une évolution du rôle des conseils et des maires d'arrondissements et des délégations de pouvoirs supplémentaires du maire de Paris.

    Le projet insiste sur la nécessité « d’une meilleure représentativité des conseillers de Paris, mieux adaptée aux évolutions démographiques différenciées des arrondissements au fil des années » et insiste sur la fusion des quatre premiers arrondissements qui « corrigera d'importants écarts de représentativité des parisiens ». Le Sénat a rejeté cette proposition de regroupement qui a n’en pas douter sera rétablie par l’Assemblée Nationale.

    On se demande pourquoi alors ne regrouper que les quatre premiers arrondissements ? D’autant qu’est mis en avant le renforcement de l'efficacité de la gestion des services publics de proximité offerts par les mairies d'arrondissement en permettant, entre elles, des mutualisations… Pourquoi ne pas profiter de cette loi pour mutualiser davantage encore… Car à l'évidence, regrouper la commune et le département et seulement quatre arrondissements ne provoquera pas d’économies budgétaires significatives puisque les directions opérationnelles (urbanisme, voirie, propreté, parcs & jardins…) sont déjà organisées sur une logique de regroupement (voir notre article du 30 janvier 2016).

    Le projet de loi valorise aussi une plus grande décentralisation des compétences de l’Etat vers la collectivité notamment le maire de Paris pourra « exercer des compétences de proximité, comme la circulation et le stationnement (payant et gênant, incluant la gestion des fourrières), la police des baignades, la réglementation des manifestations de voie publique à caractère festif, sportif ou culturel, la police des édifices menaçant ruine, la salubrité des bâtiments à usage principal d'habitation ou à usage partiel ou total d'hébergement, ou encore la délivrance des cartes nationales d'identité et des passeports. » C’est dans ce cadre que les 1 800 agents de la surveillance de Paris seront transférés de la Préfecture à la Mairie.

    Est adjointe aussi « une habilitation à légiférer par ordonnance en matière de jeux d'argent et de hasard permettra notamment d'abroger le régime des cercles de jeux et d'expérimenter à Paris une nouvelle catégorie d'établissements de jeux dont les règles de fonctionnement rendront plus opérante la capacité d'action de l'Etat pour la lutte contre le blanchiment d'argent. »

    En dernier ressort le projet de texte souligne « les dispositions relatives à l'aménagement urbain, aux transports et à l'environnement du territoire métropolitain qui ont essentiellement pour objet d'améliorer et de développer des outils pour accélérer la réalisation des opérations d'aménagement. »

    Si ce projet est globalement peu contesté, excepté sur le plan de la réduction des dépenses annoncé, le principal grief qui lui est fait porte surtout sur le regroupement des quatre premiers arrondissements. Mesure électoraliste pour certains, « mesurette » pour d’autres qui préconisent d’aller bien plus loin et de procéder à davantage de regroupements d’arrondissements. La polémique n’est pas près de s’arrêter sur un sujet que le gouvernement lui-même avait rejeté dans un premier temps et qui vraiment n'est pas une priorité du moment !

    Dominique Feutry

     

  • Birga-realisme13-filteredRue de Crimée (Paris XIXe),1995, 50 x 60 cm, huile sur toile par Sergio Birga

     

    La Galerie Saphir au Marais, 69 rue du Temple (IIIe) présente une exposition « Variations sur Kafka » du peintre et graveur Sergio Birga, consacrée à un cycle de 23 gravures sur bois illustrant des romans ou des récits de Franz Kafka. Ces xylographies s’échelonnent de 1963 à cette année 2016 où Birga réalise 3 gravures d’après «Le Château». La gravure sur bois de fil a été pratiquée par les expressionnistes du mouvement Die Brücke. 

    Sergio Birga, né en 1940 à Florence, diplômé de la Scuola d’Arte de cette ville, a découvert le mouvement par le livre et lors de la grande exposition qui lui a été dédiée dans sa ville natale. Il entreprend alors de rencontrer en Allemagne et en Suisse les grands artistes encore vivants, Otto Dix, Kokoschka, Heckel, Meidner. La peinture qu’il va pratiquer à cette époque peut être qualifiée de néo-expressionniste. Il s’installe à Paris en 1965 et vit depuis 2001 dans le Marais. Il est membre du Comité du Salon de la Jeune Peinture

    Si le terme de «Variations» convient bien à cette exposition à visage double, il est aussi le titre d’une étude de l’écrivain et historien d’art Gérard-Georges Lemaire (le livre est disponible en galerie) qui a beaucoup écrit sur Kafka et a organisé des expositions à son sujet, entretenant avec le graveur peintre un long dialogue. 

    Gérard-Georges Lemaire écrit à ce propos : « Et il a imaginé un univers plastique original se situant entre l’illustration fidèle et la transposition imaginaire, accentuant ainsi l’étrangeté et la beauté dérangeante des histoires narrées de l’auteur pragois. »  Gérard-Georges Lemaire donnera d'ailleurs 2 conférences autour de Kafka.

    Exposition du 1er décembre 2016 au 15 janvier 2017

    Vernissage le 1er décembre de 18h00 à 21h00. 

     

  • IMG_20160921_140537-600x600  Vue du concept store "Empreintes" 5 rue de Picardie (IIIe)   

     

    Au 5 rue de Picardie (IIIe), au débouché rue de Bretagne, un grand magasin très sobre attire le regard. Flambant neuf, gardien à l’entrée, d’allure sobre et de couleur neutre, le blanc, une nouvelle enseigne « Empreintes », après d'importants travaux de rénovation, s'est en effet installée voilà quelques semaines et propose une foultitude d'objets de fabrication artisanale 100% française.

    « Une sorte de marché exposant plusieurs centaines d’objets de créateurs, réalisés en pièces uniques ou petites séries, dans leur atelier installé en France…, art de la table, décoration, art de vivre, bijoux, meubles, luminaires, mobilier, accessoires, curiosités… », sur un espace de plusieurs niveaux soit plus de 600m2 au travers d’un mise en scène très étudiée et intéressante. « La vente se fait en circuit court, sans intermédiaires et la distance entre les créateurs, leurs savoir-faire et le grand public. »

     

    Un-bien-joli-decor-pour-manger-sain-dans-un-concept-store_square500x500Vue du bar d'Empreintes

     

    Tout en visitant, il est possible de prendre un café, de s’arrêter à la bibliothèque ou à la salle de projection. Des espaces de repos sont prévus afin de se détendre. Un véritable « concept store » intéressant à voir.

    Du lundi au samedi de 11h à 19h

     

  • Sévigné 40 incendie 24 11 1640 rue de Sévigné (IIIe) : les flammes de l'incendie ont atteint le cinquième étage de l'immeuble et l'immeuble voisin. Une bâche recouvre les restes calcinés des véhicules brulés (Photo VlM)

     

    Une dizaine de deux-roues motorisés et une voiture qui étaient garés devant l'immeuble ont été incendiés dans la nuit du 23 au 24 novembre, vers 3 heures du matin. L'état de l'immeuble dont la façade est noircie jusqu'au toit, les fenêtres calcinées, témoignent de la violence de l'incendie. L'immeuble contigu du 38 est également touché.

    Cet évènement réveille de sinistres souvenirs : à l'automne 2010, le IIIe avait été visé par une série d'attentats du même genre rues Pastourelle, Portefoin et du Perche (cf. article du 10 octobre 2010). Les auteurs avaient été arrêtés par la police et traduits devant la justice.

    Dans le cas présent, on ignore s'il s'agit d'un acte de vandalisme ou d'un incendie accidentel. Le représentant des forces de l'ordre que nous avons rencontré sur place en compagnie d'un agent de la voirie ne se prononce pas à ce stade mais précise que l'enquête a été confiée à la police judiciaire. Nous exprimons notre sympathie et notre solidarité aux habitants touchés par ce qui ressemble à un acte criminel.

    GS

     

  • BarcelBarcelone, l'église de la Sagrada Familia de Antoni Gaudi

     

    En 2010, à l'époque des "états généraux"de la nuit", Barcelone et Berlin étaient citées comme des modèles par les industriels de la nuit qui militaient pour que Paris leur ressemble. Leurs "nuits" étaient présentées comme la référence en la matière, tant la beuverie y régnait en maitre !

    De gros moyens ont été mis à disposition des nouveaux élus à la Mairie de Paris en 2014 : création d'une délégation à la nuit auprès du Premier Adjoint Bruno Julliard, mise en place d'un "conseil de la nuit" confié à l'élu du XXe Frédéric Hocquard, avec deux conseillers pour cette mission auprès de lui Thierry Charlois et Gilles Srédic…

    Pendant ce temps, les villes tant enviées se ravisaient que leur situation était devenue intenable et cédaient à la pression de la population pour qu'un combat soit déclenché contre les dérives d'un tourisme qui n'avait plus rien de culturel. Il en fut ainsi de Barcelone dont la Maire Ada Colau, à la tête d'une coalition de gauche, a fait de la maitrise du tourisme de masse dans tous ses états une de ses missions prioritaires.

     

    Ada colauAda Colau, Maire de Barcelone

     

    La location saisonnière, avec toutes ses dérives, est apparu comme une des composantes du problème avec en prime une évasion fiscale qui crée pour la ville un manque à gagner. La Maire a décidé de s'y attaquer aussi. Airbnb et Homeway ont été ciblés, avec des mesures qui paraissent assez dissuasives si elles sont appliquées. Boursorama en a fait un article aujourd'hui ; à lire.

     

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    La place des Vosges

     

     

    Jour après jour nous constatons que le Marais évolue.  La plupart d’entre nous voit cette  « gentrification », cette  « boboïsation », ainsi que la montée en gamme des commerces (mode, prêt-à-porter) au détriment de ce qui reste encore  des activités traditionnelles  (artisans, commerces  spécialisés…),  tuant petit à petit le côté convivial,  voire traditionnel du quartier attaqué aussi pas le développement sans précédent des locations saisonnières.

    Si l’on procède par étape pour expliquer ce processus, revenons en arrière dans un temps pas si lointain. Le premier des changements a de toute évidence été la prise de conscience forte dans les années 60 de la richesse patrimoniale du Marais, intérêt qui avait permis quelques décennies plus tôt d’éviter son éradication pourtant souhaitée par des personnalités telles que le Corbusier  (voir notre article du 13 août 2015). Le quartier est depuis lors devenu progressivement un quartier prisé, à la mode, comme il l’était au XVIIème siècle.

    Il partait de loin et les nombreuses restaurations entreprises au fil des ans lui ont redonné ses lettres de noblesse, le visage qu’il méritait. Mais cette transformation a eu des effets pervers, l’augmentation significative du prix de l’immobilier dans un contexte de montée des prix dans  la capitale accélérant le départ d’artisans, de petites entreprises,  de commerçants  traditionnels ne parvenant plus à assumer le coût de la location ou bien cédant  leurs locaux pour encaisser de belles plus-values.  Dans le même temps une vague de grossistes asiatiques a investi certaines rues en se spécialisant (bijoux fantaisie, articles en cuir…). Parallèlement  la communauté gay a plébiscité une  partie du IVe arrondissement,  et l’attractivité du Marais pour les touristes a grandi. 

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     Un des magasins de luxe installé rue des Archives IVe (Photo BHV)  

     

    Soulignons aussi l’effet «  locomotive » de l’arrivée des 2 grands musées que sont le Centre Pompidou tout proche du Marais et le musée Picasso, et dans une moindre mesure le musée de la Chasse et de la Nature puis le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme  qui ont participé au renforcement de  l’offre culturelle, sans oublier  la réhabilitation réussie du marché des Enfants Rouges connu aujourd’hui au-delà des frontières.  

    Après une pause assez courte dans sa transformation, des aménagements emblématiques (Carreau du Temple, réaménagement du musée Picasso) combinés au départ de grossistes,  à la multiplication des magasins de prêt-à-porter, des galeries d’art, des hôtels chics, des marques de luxe (y compris de bouche),  la montée en gamme de certains commerces  en particulier du  BHV qui a accolé Marais à son enseigne historique,  ont constitué une nouvelle étape de la mutation du quartier. Ce que nous avons appelé l’étape clone de la Rive Gauche.  

    Des épiceries traditionnelles, des boucheries, des poissonneries,  quelques boulangeries ont disparu mais le constat est le même au plan national. D’ailleurs si les magasins de type « Félix Potin » ont disparu, les supermarchés et les supérettes les ont finalement remplacés et la guerre est dure entre les enseignes alors que le maillage des meilleurs emplacements est mature, chaque groupe (y compris le secteur du bio) essayant d’attirer sous sa marque les franchisés concurrents !

    Bien entendu dans ces mouvements d’ordre économique, nous pouvons ne pas comprendre l’intérêt de cette montée en gamme des commerces. C’est oublier que le Marais, où des étrangers aisés disposent d’un pied à terre, est devenu une sorte d’aimant pour les touristes. Le label « Marais » est synonyme de nec plus ultra pour nombre de touristes, ce qui les conduit à procéder à leurs achats in situ comme le font les clients asiatiques de Vuitton qui font la queue sur les Champs Élysées, alors que la marque est implantée dans  leur pays d’origine !

     

    Sans-titre"A la Ville de Rodez", le magasin-institution  qui résiste 22 rue Vieille du Temple (IVe)

     

    Il faut être réaliste, le Marais va continuer à évoluer. La Fondation d’art des Galeries Lafayette qui ouvrira rue au Plâtre (IVe) l’an prochain, suivie de celle d’Eataly rue Sainte Croix de la Bretonnerie (IVe), l’aménagement entre la rue des Archives (64-66) et la rue Charlot de l’important ilot appartenant à l'américain Blackstone, l’arrivée probable de nouvelles grandes marques (H & M est annoncée rue Vieille  du Temple IIIe ) continueront à accroitre l’attractivité de nos deux arrondissements, à accroitre  le prix de l’immobilier résidentiel et commercial,  provoquant la probable disparition des derniers artisans resté sur place.

    La tranquillité des riverains quant à elle restera perturbée alors que beaucoup d’entre eux n’ont pas souhaité ces changements, mais nous dira-t-on,  il faut vivre avec son temps et accepter les changements inéluctables comme l’ouverture des commerces le dimanche, la multiplication des bars …

     N’est-ce pas aussi tout simplement un des effets de la mondialisation qui alimente le débat actuel !

    Dominique Feutry