Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Année : 2018

  • Ponts perspective 17 04 18L'enfilade des ponts de la Seine depuis le pont Notre-Dame (Photos VlM)

     

    Qu'on soit favorable ou non à la fermeture des berges à la circulation automobile, il est une réalité incontestable : sans cette décision une telle photo n'aurait pas été prise par un amateur. D'abord il aurait été suicidaire, au milieu du trafic, de jouer les piétons-photographes, ensuite le sens de circulation d'ouest en est n'offrait cette vision qu'à travers la lunette arrière de sa voiture et au prix de dangereuses torsions des vertèbres cervicales !

    Il faut s'arrêter sur cette vue car la perspective qu'elle révèle est un miracle. Auparavant, il convient d'effectuer un clic gauche pour agrandir la photo et lui donner du piqué. On peut même y aller d'un deuxième clic pour agrandir encore. On découvre alors successivement, au-delà du Pont Notre-Dame au premier plan, le Pont au Change, le Pont Neuf, la passerelle des Arts puis, au fin fond, le Pont du Carrousel et pour finir, en écarquillant les yeux, le Pont Royal, numéro 3 au podium de l'ancienneté après le Pont Neuf et le Pont Marie.

    Pont change tagsTribunal de Commerce de Paris, 1 quai de la Corse (IVe). Vue de la façade depuis la berge rive droite

     

    Anne Hidalgo a intelligemment changé de portage quand le Tribunal Administratif a condamné la délibération du conseil de Paris et l'arrêté de piétonnisation des berges. Elle a pris en réponse un nouvel arrêté sur un autre fondement qui n'est plus tributaire d'une décision du conseil de Paris et qui met en avant, non plus la santé des parisiens, mais l’intérêt patrimonial et touristique des rives de la Seine, inscrites depuis 1991 au patrimoine mondial de l'UNESCO.

    C'est adroit mais alors que n'a-t-elle vérifié avec son adjoint à la propreté Mao Péninou si ces rives méritent, par leur état de conservation, l'attention qui leur est portée et leur élévation au rang de merveilles du monde ? Le paysage des berges est malheureusement enlaidi au passage le long du quai de la Corse quand on longe le Tribunal de Commerce par des tags aussi énormes qu'inappropriés. Que dirait-on du Taj Mahal, autre haut-lieu distingué par l'UNESCO, si des vandales le recouvraient de ce genre de barbouillages sans que les autorités d'Agra bougent le petit doigt ?

     

    Quai de corseVue plongeante des dégradations sous le quai de la Corse

     

    Les services compétents ont été informés (DansMaRue). Nous allons faire un décompte du nombre de jours que met la mairie de Paris pour réparer cette avanie et mettre en cohérence sa stratégie et son comportement. Nous savons qu'elle peut agir vite à condition qu'elle le veuille…

     

    Postscriptum # 1 : réponse de la mairie du IVe le 20 avril 

    Les tags géants sur les quais sont un grand « classique » malheureusement bien connu de nos services.

    Si les tagueurs se mettent en danger pour réaliser leurs méfaits, nous devons bien évidemment de notre côté protéger les professionnels en charge du nettoyage.

    C’est une opération lourde qui demande l’utilisation d’une nacelle avec un blocage de la voie le temps de l’opération (voir les photos des interventions antérieures ci-après).


    Nacelle bis

    L’opération de nettoyage du Quai de Corse aura lieu dans les prochaines semaines. Nous attendons incessamment la communication de la date d’intervention.

    Bien cordialement,

    Isabelle Knafou

    Directrice de cabinet du Maire

     

    Postscriptum # 2 du 7 mai 2018 :

    Nouveau message d'Isabelle Knafou : "Je vous informe que l’opération de nettoyage des graffiti du quai de Corse devrait avoir lieu la 2e semaine du mois de juin (la réunion de lancement du chantier se tiendra le 17 mai et le plus souvent les travaux démarrent trois semaines après)".

     

    Saluons le fait que la mairie du IVe a réagi, a mobilisé les moyens et suit le dossier. C'est suffisamment nouveau pour être souligné …

     

    Postscriptum # 3 du 18 juin 2018

    Isabelle Knafou, directrice de cabinet du Maire du IVe Ariel Weil nous communique : l'opération "pourrait" avoir lieu le 27 juin. Nous restons attentifs….
     
  • Grenier st lazRue du Grenier Saint-Lazare côté pair, avec sa contre-allée (Photo VlM)

     

     

    Cette rue garde le souvenir d'une politique urbaine discutable des années 70, qu'on appelle souvent les années Pompidou. Culte de la bagnole, des tours et des immeubles en béton. Le Centre National Georges Pompidou date aussi de ces années-là et avec lui la Piazza Beaubourg qui a causé la destruction d'un grand nombre d'immeubles des XVIIème et XVIIIème siècles qui méritaient d'être restaurés et mis en valeur.

    La rue du Grenier St Lazare présente deux faces aujourd'hui : côté pair des immeubles anciens qui ont survécu à l'holocauste, pleins de charme grâce à une réhabilitation de bon goût, côté impair les immeubles du "Quartier de l'Horloge". Il serait cruel de les présenter côte à côte car on devine où irait notre préférence question esthétique. Encore que selon leurs résidents il soit plutôt agréable de vivre dans ces immeubles récents.

    La rue du Grenier St Lazare a la particularité de posséder une contre-allée et un parking VINCI souterrain sur six niveaux accessibles par un ascenseur à voitures, inutilisé depuis 2014. Les deux rives mais surtout la rive paire abritent de nombreux commerces et des activités de services. Tous sont intéressés, de même que les riverains, par ce qui se prépare du côté de la mairie de Paris.

    Le projet de réaménagement est désormais bouclé. Les travaux devraient commencer avant l'été. Il reste à finaliser certains choix comme la nature du recouvrement de la contre-allée et du terre-plein central (dalles de granite ou revêtement plus spartiate). En fonction des options, le budget (dit participatif) pourrait baisser de 450.000 à 250.000 €. Le granite c'est beau, mais il n'est pas inutile de se préoccuper du porte-monnaie des contribuables parisiens…

    L'objectif reste néanmoins, selon le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum, de "donner de la vie à la contre-allée et la rendre attractive, favoriser une circulation douce et restituer le caractère historique du lieu". L'entrée au parking souterrain sera déplacée vers la rue et l'affectation de cet équipement devrait changer. Nous sommes plusieurs à souhaiter pour lui, plutôt qu'un parking à nouveau, une boite de nuit ou un gymnase privé, une activité du type "une pièce en plus" de location d'espaces de stockage.

    Les containers de verre et de vêtements seront déplacés. Tous ces mouvements permettront la création de 42 places vélos et 17 places motos (côté rue) et la mairie compte sur le départ en 2021 de la police de rue aux Ours et la libération de toutes les places de stationnement confisquées (pour la bonne cause) pour créer des places de stationnement motos en nombre.

    La contre-allée restera ouverte aux véhicules habilités, pompiers, secours, livraisons. Ceux qui rêvent d'en faire un espace d'expansion de leur commerce avec une terrasse risquent d'être déçus : la mairie s'est fait berner une fois par l'hôtel Georgette au numéro 36. Il a demandé en 2012 à la direction de l'urbanisme une autorisation de terrasse fermée pour servir ses petits déjeuners ; il en a fait en réalité une extension de sa réception donc de sa surface aux frais de la princesse. Un tour de passe-passe qui n'est pas vraiment passé et sur lequel la mairie de Paris pourrait bien revenir car les autorisations de terrasses sont précaires et peuvent être retirées chaque année.

     

  • Magali pauline thibault fleurs 3

     

    C'est la fin de leur prestation. Magali Albertini la pianiste, à gauche, Pauline Feracci la soprano à droite et Thibault De Damas baryton au centre saluent un public encore sous le charme et qui leur dédie ces fleurs.

      

    Magali pauline thibault salut 1 Magali pauline thibault salut 1

     

    Nous avons entendu successivement des airs connus de Mozart, Donizetti, Rossini, Puccini, Bizet, Gounod et Offenbach en solo et en duo par Pauline Feracci et Thibault de Damas et deux pièces de piano solo par Magali Albertini, leur accompagnatrice : la Barcarolle des "Saisons" de Tchaikovski et  le nocturne n° 2 de Chopin.

    Un des spectateurs a enregistré "le Catalogue" extrait de Don Giovanni de Mozart par Thibault de Damas. Même si on est loin de la qualité du direct dans l'église des Blancs-Manteaux dont l'acoustique est remarquable, le talent de Thibault est perceptible et l'accompagnement de Magali remarquable.

     

  •  

    Baguettes

     

    Tandis qu'on craignait à Paris samedi un échange de pains entre les black blocs et la police sur le parcours de "La fête à Macron" de Jean-Luc Mélenchon, on fêtait la baguette de pain avec un "Grand Prix de la Baguette de Tradition Française" qui sera décerné par la Ville de Paris.

     

    Tente

    Sous une vaste tente plantée sur le parvis de Notre-Dame, qui mérite mieux que cette verrue énorme qui surprend les visiteurs nombreux, des stands et une large tribune étaient installés.

     

    Salle

     

    La foule était dense à l'intérieur ce matin. On pouvait y acheter sa baguette, ses croissants, ses chouquettes et autres viennoiseries… et croiser le monde de la politique.

     

    Ah and co

    Anne Hidalgo se prépare à faire son discours. On reconnait Pierre Aidenbaum tout à fait à gauche et Ariel Weil plus au centre (pas de conclusion hâtive, c'est juste le fait du hasard).

     

    Pa et aw

     Échange de salutations avec "Vivre le Marais !". Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, et celui du IVe Ariel Weil, réunis pour l'occasion…. de manifester leur attachement à la Maire de Paris (dont on dit qu'elle conduit son monde "à la baguette").

     

    Nota Bene :

    Nous signalons que nos messages d'alerte adressés aux abonnés "club-internet", "neuf" et "sfr" font l'objet de messages de non-remise pour cause de refus du serveur de messagerie correspondant. Nous le regrettons pour nos lecteurs habituels mais nous n'avons aucun moyen d'intervenir. Il faut s'ils veulent nous lire qu'ils aillent directement sur notre site "Vivre le Marais !"

     

  •  

    Concert 03 05 18L'assistance. De dos Thibault de Damas et René Andréani tournant les pages pour Magali Albertini au piano

     

     

    L'église des Blancs-Manteaux (IVe) s'est remplie hier pour accueillir nos artistes, la pianiste Magali Albertini, la soprano Pauline Feracci et le Baryton Thibault de Damas, ainsi que René Andréani qui a assuré la présentation des œuvres.

    Le Maire du IVe Ariel Weil et l'Adjointe au Maire du IIIe Nicole Bismuth-Le Corre nous ont fait la faveur de leur présence et, associés au public, n'ont pas ménagé leurs compliments sur la qualité de la prestation des artistes.

    Un public qui nous remercie et qui nous encourage à poursuivre et développer les "Moments Lyriques du Marais®" et leur concept. La demande ne nous étonne pas. Pour autant que la qualité et le professionnalisme des artistes soit assurés, le principe de ces concerts-récitals correspond à un besoin qui n'est pas satisfait : accéder à l'opéra de haut niveau mais de façon plus accessible.

    Chacun s'accorde à dire que l'opéra est cher, que les places sont rares, que les mises en scène contemporaines sont trop souvent fantaisistes et inutilement provocantes et que les spectacles sont longs avec des séquences ennuyeuses dont beaucoup de spectateurs profanes ou insuffisamment exercés sont prêts à se passer. La meilleure illustration de cette remarque est dans l’œuvre de Wagner. "Siegfried" dure cinq heures et l'amateur averti s'en délecte car il est sensible à la poésie du texte et au génie du compositeur mais l'auditeur moyen se satisfait de n'écouter – mais avec plaisir – que "Les murmures de la forêt"

    Ayant tiré les leçons de cette analyse, ce que nous proposons dans nos "Moments Lyriques" c'est l'écoute en 90 minutes d'une douzaine d'opéras en choisissant les airs pour solistes ou duos qui sont les plus connus (peut-être  parce qu'ils sont aussi les meilleurs…), assortis d'une présentation préalable de l'action dramatique dans laquelle ils se situent.

    Ainsi, en s'acquittant de 20,00 €, le spectateur navigue au cœur de plusieurs opéras et en savoure la quintessence qui lui est offerte par le chanteur et le piano qui l'accompagne. On a eu confirmation hier du sentiment qui est ressorti de la première édition en novembre 2017, que le concept était bien accueilli.

    Nous publierons dans les jours qui viennent une sélection des enregistrements audio et vidéo qui ont été faits pendant le spectacle.

    Gérard Simonet

     

     

  •  

    Lfi

     

    Le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum nous fait savoir qu'il a demandé et obtenu une modification du trajet de la manifestation "La fête à Macron", organisée le samedi 5 mai par "La France Insoumise" de Jean-Luc Mélanchon sur le thème de la "convergence des luttes", avec la participation auprès de son mouvement du Parti Communiste Français, du NPA (nouveau parti anticapitaliste). d'EELV (Europe écologie les Verts), d'ATTAC…

    Le parcours ira de la place du Carrousel du Louvre à la Bastille mais au lieu d'emprunter la rue Réaumur, puis la rue de Bretagne et le boulevard Beaumarchais, il tournera dans la rue du Temple (nord) vers la place de la République et  descendra vers la Bastille par le boulevard Beaumarchais.

    Pierre Aidenbaum a accédé à la demande pressante des riverains et des nombreux commerçants de la rue de Bretagne pour qu'on leur épargne les exactions qu'on a fait subir à leurs biens lors de manifestations nationales précédentes. Dans son intervention dans ce sens auprès du Préfet de police, il a souligné le caractère commercial et hautement touristique de cette artère du IIIe et la nécessité de préserver son intégrité.

     

    Postscriptum du 4 mai

    On apprend ce matin que la Préfecture de police interdit le rassemblement initial au Louvre, trop évocateur de la prise de pouvoir d'Emmanuel Macron qui avait débuté son mandat avec une déclaration depuis l'esplanade de la pyramide du Louvre. La manifestation se tiendra à 12h00 à l'Opéra et s'ébranlera vers 14h00 en direction de la République puis de la Bastille.

     

  •  

    Barres Ce sont des ressortissants d'Europe de l'Est, dont deux d'entre eux se sont établis à l'angle des rues des Barres et François Miron (IVe) et se livrent en réunion à la boisson.

     

     

    Un des riverains les plus proches s'exprime ainsi dans un message adressé au maire de l'arrondissement. Extraits :

     

    J'habite là avec une partie de mon appartement et mon activité professionnelle qui donnent sur la rue des Barres, au dessus de SDF. Je me permets de vous faire part de la situation invivable que nous subissons depuis quelques temps et qui ne fait malheureusement qu'empirer.
     
    Leur campement qui se trouve au niveau du 17 rue des Barres favorise le rassemblement de nombreux marginaux à heures aléatoires qui viennent consommer de grandes quantités d'alcool. Ils peuvent être jusqu'à 7-8 personnes régulièrement (plus parfois) installées rue des Barres, écoutant de la musique forte, criant dans la rue qui résonne, se battant parfois, agressant verbalement les passants.
     
    Les horaires sont aléatoires : cela peut être en pleine journée ce qui ne favorise pas le passage de gens du quartier, touristes, clients, mais cela peut également se produire la nuit. Nous sommes réveillés plusieurs fois par semaine en pleine nuit et obligés de prévenir la police pour faire cesser l'agitation.
     
    Il y a quelques jours j'ai même dû aller au commissariat déposer une main-courante. En effet, j'ai été agressé verbalement par un d'eux qui m'a suivi jusque devant chez moi.
     
    Comme vous le voyez, cela n'évolue pas dans le bons sens. J'espère vivement que vous trouverez une solution rapide pour apporter un peu de calme et sérénité dans cette partie du Marais qui était si paisible.
     
     
     
    La police est attentive à la situation mais considère que "les faits dénoncés ne sont pas constitutifs d'une infraction pénale. Il n'y a donc pas d'interpellation et de placement en garde à vue possibles".

    Les manifestations du 1er mai ont été frappées du même syndrome. L’État de droit qui est le nôtre et l'humanisme qui guide la pensée de notre société ne fournissent pas toutes les réponses aux difficultés que nous affrontons du fait des bouleversements politiques, climatiques, des guerres et des persécutions qui sévissent sur la planète.

    Nous pouvons rester fidèles à l’État de Droit si nous adaptons l'état du droit aux circonstances dans nos démocraties. Qu'en sera-t-il de l'humanisme ? Personne n'a envie de s'en éloigner mais peut-être faudra-t-il qu'il soit plus exigeant pour ne pas sombrer dans un angélisme suicidaire.

    GS

     

  • Ste Apolline Paola tresses et salon DiosseRue Ste Apolline (IIIe), près de la porte St Martin

     

     

    Dans un message adressé au Commissaire Central du IIIe, Vincent Gorre, avec copie à l'Adjointe au Maire du IIIe Nicole Bismuth-Le Corre, le président de l'association ARQAM (renaissance du quartier des Arts & Métiers) mesure le chemin parcouru et en appelle aux mesures qui restent à prendre pour que son quartier redevienne habitable.

    Il constate que sous les efforts conjugués de la police et de la mairie une amélioration de la situation sécuritaire des rues Ste Apolline, Blondel et St Martin est aujourd'hui visible. Il en remercie tous ceux qui se sont mobilisés. Le nombre de jeunes errants et souvent éméchés dans les trois rues a baissé avec toutefois des pics occasionnels qui restent problématiques.

    Un autre aspect remarquable est la fermeture depuis janvier du salon de coiffure-manucure du 5 rue Blondel, véritable usine qui ne fermait pratiquement jamais et employait dans des conditions discutables et en permanence une trentaine de personnes. Ce local n'a pas été remis en location depuis sa fermeture il y a quatre mois. C'est un pas dans la bonne direction, dont les riverains se félicitent.

    Le point noir est la persistance d'un nombre encore excessif de boutiques génératrices de nuisances qui fonctionnent avec des rabatteurs qui achètent et consomment sur place de l'alcool à toute heure. L'association s'applique à attirer de nouveaux commerces diversifiés dans les boutiques dès qu'elles ferment. C'est ainsi que s'est installé il y quelque temps un "Espace Game".

    Les riverains ont une requête ancienne à rappeler qui leur paraît centrale pour la reprise en main de leur quartier : l'installation d'une caméra de vidéosurveillance au carrefour des rues Saint-Martin et Sainte Apolline, requête qui ne devrait pas être trop difficile à satisfaire…

     

  • Fiscalité int'le

     

     

    Je me propose de quitter un instant le Marais pour revenir sur un sujet sur lequel je me suis exprimé dans un article sur ce blog en date du 29 février 2016 : l'évasion fiscale des multinationales. Pour dire d'entrée de jeu qu'il s'agit bien d'évasion du point de vue du pays qui en fait les frais mais qu'aux yeux des entreprises et même aux yeux de la Loi universelle c'est d'optimisation qu'il s'agit.

    L'analyse que j'en faisais il y a deux ans n'a pas vieilli. Ce qui a changé ce sont les propositions qu'on voit fleurir ça et là, notamment en France où le gouvernement vient de proposer une mesure à ses partenaires européens où il serait question que les GAFA (Google, Amazone, Facebook, Apple) soient taxés à hauteur de 3% du chiffre d'affaires par pays.

    Cette suggestion manifestement ne fait pas l'unanimité. On peut comprendre que les États qui sont les moins-disants fiscaux n'aient pas très envie de voir une manne dont ils profitent s’envoler…  Mais il y a plus grave : comment des technocrates peuvent-ils proposer une mesure qui n'est pas applicable ?

    Ils devraient savoir que ces sociétés multinationales localisent le chiffre d'affaires où elles le veulent, au même titre que leurs bénéfices ! Elles-mêmes peuvent évidemment savoir dans quels pays leur chiffre d'affaires est généré mais il s'agit du secret des affaires et ce chiffre ne figure pas obligatoirement dans les comptes là où ils sont déclarés. Qui aura la candeur de communiquer ces données à des pays comme la France si l'on sait qu'il y a une lourde taxe à la clé ?

    Il faut donc trouver une autre voie. Voici ce que j'écrivais sur le sujet. Il revient dans l'actualité. Certains qui ont zappé à l'époque pourraient s'y intéresser cette fois. Sachant aussi que le problème n'est pas limité aux GAFA mais à toutes les entreprises de taille internationale qui opèrent sur des modèles similaires.

     

    Extraits de l'article du 29 février 2016

     

    Nous vivons depuis quelques années une révolution mondiale qui est celle de l'information, de son traitement, de son transport et de son stockage. La capacité de traitement des microprocesseurs double tous les 18 mois, la fibre optique véhicule 100 Millions (bientôt 1.000 Millions) de bits par seconde (100 fois, 1.000 fois plus que l'ADSL d'il y a dix ans), les capacités de stockage de l'information évoluent aux même rythme dans d'immenses mémoires domiciliées dans des « clouds » capables de conserver la masse vertigineuse des données du monde et des gens qui le peuplent… 

    Face à cette transformation radicale de notre environnement industriel, qui coïncide avec la sortie du sous-développement de continents entiers, avec une émancipation des plus pauvres qui implique fatalement un transfert de bien-être du nord vers le sud et de l’occident vers l’orient, les dirigeants des nations, les économistes, les penseurs et surtout les médias s’obstinent à commenter les affaires du monde comme si rien ne changeait.

    L’impact de cette myopie est considérable chez les élus où des pans entiers de la classe politique s’accrochent à des visions passéistes qui doivent plus à Karl Marx qu'aux courants de pensée novateurs. En se raccrochant à des chimères, en refusant de voir des réalités comme le poids insoutenable de la dette, ils nous acheminent tout droit vers l'apocalypse.

    N’étant pas un commentateur politique, je laisse à d’autres le soin de développer ce thème pour me concentrer sur un sujet sur lequel je possède une expérience que je dois à mon activité professionnelle passée. Il s’agit des accusations d’évasion fiscale dont sont l’objet les entreprises multinationales, en particulier celles qui se sont développées ces quinze dernières années sur les nouvelles technologies de l'information.

    CharbDessin de Charb

    Il n’est pas inutile de définir ce qu’on entend par « entreprise multinationale » : c’est généralement une société qui est née dans un pays, s’y est développée et a créé des filiales dans d’autres pays. Il est courant que ces filiales soient pour commencer des sociétés commerciales qui ont la charge de vendre localement et d’y rendre un service après-vente (formation, installation, maintenance….). Le moment arrive où le développement d’un réseau international de filiales conduit les dirigeants à repenser l’organisation et la répartition de l’ensemble des taches, en terme de management, recherche, développement et production.

    Naturellement, ceux qui ont la charge de gérer ces groupes sont guidés par un souci d’optimisation, qui se traduit par la recherche de résultats financiers satisfaisants et de la "création de valeur" pour l’entreprise, avec comme finalité d’assurer sa pérennité dans son univers concurrentiel. La morale parait ne pas y trouver son compte car les résultats semblent ne concerner que les actionnaires. En réalité, le socle sur lequel une entreprise a toute chance de prospérer est un trépied : les actionnaires, les clients et le personnel. Que l’une de ces composantes soit négligée et c’est l’entreprise qui bascule. C’est donc par la force des choses, si ce n’est par philanthropie, que l’entreprise est dans l’obligation de soigner ses employés au même titre que ses propriétaires.

     

     

    Laddict dot comToujours plus haut afin de survivre !

    Dans l’environnement qui a prévalu jusqu’aux années 80, où peu ou prou régnait le contrôle des changes et des transferts financiers, on pouvait décomposer l’entreprise en "centres de profits" et "centres de coûts", avec un "siège" où se concentraient des entités fonctionnelles. Chaque pays générait son chiffre d’affaires local, enregistrait ses coûts de fonctionnement et achetait ses produits chez lui ou les importait. Il était logique dans ces conditions de construire un compte de résultat à partir de revenus et charges locaux affectés de "frais de siège" (management fees). Sur cette base, la filiale était en mesure de présenter au fisc de son pays une comptabilité sincère sur laquelle la fiscalité locale avait tout le loisir de s’appliquer.

    Vaille que vaille, ce modèle a tenu la route pendant des décennies. Il avait pourtant ses faiblesses : rien ne garantissait la sincérité des coûts de production en cas d’importation (variabilité des prix de transfert), pas plus que celle des frais de siège qui ont toujours eu mauvaise presse car ils ont souvent permis de majorer ou minorer un résultat pour le déplacer vers les pays à fiscalité favorable.

     

     

    ParadisImage du paradis fiscal dans la conscience collective

     

    Ce sentiment d’arbitraire a explosé  à partir des années 90. On a assisté alors à l’abolition quasi générale du contrôle des changes dans les pays de l’OCDE et la disparition progressive des devises non convertibles qui traçaient de fait une frontière physique autour des pays concernés.  La nature des filiales est passée de centres de profit à centres de coûts (cost centers) fonctionnant en mode « cost plus ». Les anglo-saxons, États-Unis en tête, ont été influents dans le choix de cette approche qui leur laissait les coudées franches pour structurer leur organisation internationale et jouer sur les flux financiers.

    Son principe repose sur l’existence d’une ou plusieurs plateformes de facturation, domiciliées dans des pays choisis. Elles ont pour effet de retirer aux autres pays leur autonomie de gestion. Ainsi, un client français d’une filiale française reçoit une facture d’un centre de facturation à l’étranger et procède à son règlement par transfert financier sur le pays concerné. Aucun chiffre d’affaires n’apparait dans la filiale française. Cette société n’enregistre que des charges et par voie de conséquence ne dégage aucun bénéfice.

    Le mécanisme du « cost plus » implique enfin sur une subvention d’équilibre du siège à la filiale à hauteur de ses charges, majorée d’un montant qui devient du bénéfice (le "plus" au-dessus du "cost") et constitue de fait l’assiette imposable.

    On voit bien comment s’est installé le chantage : on argue que la filiale serait en perte dans une comptabilité d’exploitation classique. On donne le choix au fisc de n'avoir rien à taxer ou de lui assurer une perception faible mais garantie. Ce modèle de tractation, qui laisse de plus aux agents du fisc des prérogatives en matière de négociation, s’est généralisé dans le monde.

     

    Contr

    Cette situation a prévalu pendant environ deux décennies sans faire trop de vagues alors qu’elle était fiscalement imparfaite puisque fondée sur l’arbitraire des prix de transfert, des frais de siège et du mécanisme de « cost plus ». Bien entendu, on savait déjà comment utiliser ces paramètres pour déplacer le profit vers des paradis fiscaux. Ceux qui font mine de découvrir le phénomène aujourd’hui en le dénonçant bruyamment manquent à l’évidence de culture dans ce domaine.

    Depuis le début des années 2000 nous vivons un phénomène nouveau. Les produits que nous consommons sont pour l’essentiel ou pour partie dématérialisés, s’agissant de ces géants que sont devenus Microsoft, Google, Yahoo, Facebook, Twitter, Amazone, Airbnb, eBay, Uber et autres… A la différence des multinationales des années 80, comme IBM, elles n’ont plus nécessairement besoin de filiales, en France comme ailleurs. Si elles s’en sont doté, (Google et Amazon notamment), c’est pour héberger et légaliser une part de leur activité qui est visible localement. Il en est ainsi de la démarche commerciale de Google qui vend le "positionnement" sur ses pages à des entreprises françaises, et d’Amazon ou eBay qui vendent, entreposent et livrent des produits matériels.

    AmazonEntrepôts d'Amazon

    A côté de ces géants on dénombre une multitude d’entreprises qui vendent des services immatériels et qui se font payer par carte bancaire sur Internet. La plupart des sociétés informatiques qui hébergent des sites Internet ou des blogs, qui vendent des logiciels, des antivirus, des applications… n’ont aucune présence « de droit » en France. Leur chiffre d’affaires n’apparait nulle part et le bénéfice que l’administration française pourrait essayer de taxer n’est pas matérialisé en France. Y a-t-il évasion fiscale ? Certainement. Est-ce nouveau ? Non ! En croissance : Oui. Peut-on imaginer une parade ? Difficilement.

    Il faut préciser toutefois que si la société prestataire de services invisibles se trouve dans l’obligation pour des raisons d’efficacité commerciale, de service après-vente de proximité (autre qu’une « hot-line »), d’exercer une présence même légère en France, elle est repérable et peut être suspectée de disposer chez nous d’un "établissement stable de fait" passible de l’impôt sur le bénéfice des sociétés. Elle peut sur ce fondement être recherchée et taxée d'office mais, en l’absence de livres comptables, le calcul d’un tel impôt et sa justification sont un casse-tête que les inspecteurs du fisc répugnent à affronter.

    Dans le paysage actuel on note que Google déclare en France un chiffre d’affaires 2014 de 225,4 Millions d’€ et un résultat net (imposable) de 12,2 Millions d’€ (5% du CA). Son chiffre d’affaires mondial est de 60 Milliards d’€ et son bénéfice de 14,4 Milliards d’€ (24% du CA). Est-il logique que la France pèse 4 pour mille du business mondial de Google alors que son PIB est de 4 pour cent du PIB mondial ; et que le bénéfice ne soit que de 5% du chiffre d’affaires contre 24% dans le monde ?

    Amazon affiche une situation encore plus douteuse. La société n’a déclaré aucun revenu en France, et s’apprête seulement à le faire en Allemagne à hauteur d’un modeste 11 Millions d’€. Jusqu’à ce jour, tout passait par le Luxembourg. Elle vient seulement d’accepter timidement de modifier son mode de facturation sur les instances de la Commission européenne.

    Facebook a une petite implantation en France avec 37 personnes. Elle affiche un chiffre d’affaires de 19,9 Millions d’€ en 2014 et un résultat net très modeste de 638.100 €. A comparer aux 35 Milliards d’€ de chiffre d’affaires mondial (0,6 pour mille seulement déclarés en France !).

    A l’évidence, on peut avoir légitimement des doutes sur la sincérité des comptes que Google et les autres affichent en France et considérer avec suspicion leur comportement de "tax payers". Ensuite que faire, quand on a connaissance de la multitude de paramètres dont dispose l’entreprise pour optimiser ses impôts en toute légalité. Comment les contraindre à payer un impôt dont elles peuvent parfaitement dire qu’il ne les concerne pas ? Qui est capable d’étreindre des fantômes ?

     

    Fantomes

    Je me rappelle ce séminaire dans les années 80 autour de Dominique Strauss Kahn où nous parlions de la taxe professionnelle. Pour la critiquer bien sûr car elle constituait disait-on un frein à l’investissement et à l’embauche. En réfléchissant il apparaissait que pour décider qu’une société verse de l’argent à une commune où elle possède une forme d’implantation (bureaux, usines….), parce que le hasard a fait qu’elle se trouve là, il fallait bien définir des critères. Le chiffre d’affaire, le résultat n’ont de sens qu’au niveau national. D’où l’idée de taxer la "visibilité" de la présence locale ce qui conduit inévitablement au nombre de salariés et à la taille des investissements (machines, bâtiments…). Rien de stupide par conséquent en dépit des apparences.

    Je m’étais risqué à dire alors à DSK qu’il serait peut-être préférable de supprimer la taxe professionnelle et de majorer en conséquence l’impôt sur les sociétés au niveau national (là où on sait le calculer) en réservant le résultat ainsi dégagé aux communes où la société est implantée, sur la base d’un montant proportionnel au nombre d’habitants. Que n’ai-je dit ! J’ai eu droit à cette réplique : "vous êtes un affreux jacobin !" Car cette approche aurait privé les dirigeants politiques locaux de leur prérogative de décider de cette taxe.

    La référence aux jacobins à vrai dire me souciait peu mais être qualifié d’affreux à propos d’une idée qui aujourd’hui encore ne me parait pas stupide m’avait rendu le personnage peu sympathique et suscité en moi des doutes sur la compétence dont il était auréolé.

    Si je parle de cet épisode c’est qu’à bien des égards il se rapproche de la problématique actuelle. On ne réussira pas à contraindre Google et les autres à payer un impôt sur les bénéfices en France très différent de celui qu’ils affichent. En revanche, et l’OMC (organisation mondiale du commerce) peut prendre en charge ce genre de dossier, on pourrait convenir que sur la base du bénéfice mondial, qui est connu, audité, observé, on admette que chaque pays où la société est active se voie affecter une part de ce bénéfice correspondant à sa part dans le PIB mondial.

    Ce chiffre servirait d’assiette au calcul d’un impôt du type "impôt sur les sociétés" avec un taux d’imposition unique dans le monde et situé au bas de l’échelle des taux (5 ou 10% par exemple), de manière à rendre inutile la recherche d'un paradis fiscal.

    Dsk"Vous êtes un affreux jacobin ! (DSK)"

     DSK peut dire que je suis encore plus jacobin qu’il ne le pensait. S’il a une solution meilleure à nous proposer, il est temps de nous le dire car la planète est noyée sous les pleurs de ceux qui voient des Milliards échapper au fisc. Chaque année en France notre conservatisme nous coûte la bagatelle de 70 Milliards d'€, à cause de toutes les brèches dans la fiscalité, bien sûr, mais à cause il faut bien le dire du caractère hautement confiscatoire des prélèvements chez nous.

    Baisser indistinctement la fiscalité en France n’est pas possible à cause de nos déficits cumulés et de la dette colossale qui en résulte. Renoncer à une partie de notre souveraineté fiscale, n’en déplaise à M. Strauss-Kahn, pour faire revenir vers nous des ressources considérables plutôt que s’y attaquer en partant à la chasse aux feux follets avec un filet à papillons, est à mon sens une piste que notre pays et la communauté internationale doivent étudier.

    Gérard Simonet

     

  •   Saisons

    Le Guide Pudlo 2018 les présente en ces termes : "les splendides fromages sélectionnés, affinés, maturés, vendus en musique, avec précision et poésie, par Mariette Grammont et Frédéric Deville aux "Saisons", 30 rue du Grenier St Lazare (IIIe)" - 01.81.29.47.52 – www.saisons-paris.fr

     

     
     
    Gilles Pudlowski récompense chaque année, dans son incontournable Guide Pudlo, les meilleurs restaurants et artisans de bouche… Voir son blog.
     
    Depuis lundi, Mariette et Frédéric font partie du palmarès de ses 10 nouveaux lauréats !
     
    Ils ont préparé un stand pour la soirée de sortie du guide, et ont très envie de partager l'évènement avec leurs clients et ont donc décidé de faire de ce samedi 28 avril une journée de fête chez "Saisons" !
    Passez les voir dans la journée, ils trinqueront avec vous à cette grande nouvelle et vous ferons goûter leurs merveilles de fromages !
     
    "Vivre le Marais!", bien avant M. Pudlovski, les avait repérés dès la rentrée de 2016 et leur avait consacré un article ! C'est dire si nous sommes heureux qu'ils soient confortés par la décision du Guide Pudlo de les inclure dans les "promus de 2018". Un succès bien mérité !