Chez Jenny, 39 boulevard du Temple – IIIe
Si vous appréciez comme beaucoup d'entre nous le cadre, l'ambiance et la carte de ce restaurant mythique du Haut-Marais, dont la création remonte à 1932, dépêchez vous d'y réserver une table. En 2020, à une date qui n'est pas encore précisée, ce haut-lieu de la cuisine alsacienne sera intégré dans le groupe des Frères Moussié qui possèdent déjà "Le Bouillon Pigalle" et divers établissements dans l'hôtellerie et la restauration.
Le Chef Luis Ribeiro aux côtés de la statue en bois de l'alsacienne
Est-ce à dire, puisque "Chez Jenny" va perdre son nom pour s'appeler "Le Bouillon République", que l'établissement perdra tout de son caractère ? Peut-être pas. L'acquéreur nous assure qu'il veillera à le conserver. Aucune décision n'est encore prise mais on peut penser qu'il conservera son emblème, la statue en bois d'une alsacienne dans l'entrée et les belles marqueteries de Charles Spindler au premier étage, version initiale d'un décor qui représente une vue de Strasbourg avec ses cigognes, complétée en 1953 par la présence dans la salle du restaurant de sculptures d'Albert Erny en hommage à Auguste Bartholdi et au général Rapp.
Que dit à ce propos le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais (qui a changé de nom et répond désormais à l'appellation SPR pour "site patrimonial remarquable") ? Rien malheureusement car sa limite se situe au 35 du boulevard du Temple alors que "Chez Jenny" est au 39 ! Dommage car il a vocation à protéger aussi les intérieurs….
La choucroute artisanale (Photo Gilles Pudlowski)
Sans oublier bien sûr le plat-phare de "Chez Jenny", la fantastique choucroute artisanale qui a fait sa réputation, avec ses jarrets et ses échines de porc fumés, ses saucisses au cumin…. et le chou qui est craquant et savoureux, et les pommes vapeur qui fondent dans la bouche…
Il y a peu de chance toutefois que "Le Bouillon" renonce à son concept : une stratégie qui remonte à la fin du XIXème siècle. Il s'agissait, à l'époque déjà, de récupérer les morceaux de viande délaissés et bon marché pour en faire des plats cuisinés tels que pot-au-feu, bœuf bourguignon, daubes, blanquettes….
Au "Bouillon Pigalle", on trouve des œufs mayonnaise à 1,90 € et le bœuf bourguignon est à 9,80 €. Selon la direction du groupe, l'objectif pour la nouvelle enseigne sera de proposer un repas entrée-plat-dessert de cuisine française pour moins de 20,00 € vin compris.
Chez Jenny, la salle du restaurant
C'est séduisant mais on insiste pour qu'une place honorable soit réservée à la choucroute "façon Jenny". Avec une interrogation : l'établissement saura-t-il gérer sa clientèle quand on sait que le concept attire beaucoup de monde et qu'il n'est pas rare de faire une demi-heure de queue au "Bouillon Pigalle" pour s'y restaurer ?
GS
Commentaires
11 réponses à “« Chez Jenny », repris par « Le Bouillon Pigalle », vivra ses derniers jours en 2020….”
C’est parce que j’avais appris que « Chez Jenny » vivait ses derniers jours que mes amis sont venus y fêter avec moi mon anniversaire. Et en l’honneur de la future fermeture, nous avons tous pris une choucroute maison, le 1er août (!), et nous nous sommes régalés, malgré la chaleur !
Espérons que le Bouillon République sera à la hauteur de nos attentes.
Avec sa réputation sulfureuse, connu comme repaire d’extrémistes, le lieu était systématiquement évité par un bon nombre d’habitants du quartier.
Ils devront essayer de se faire une nouvelle réputation.
voilà une bonne nouvelle : il était temps que cet établissement change de propriétaire…
Nous sommes très nombreux à ne plus fréquenter Jenny depuis les années 90… En cause sa fréquentation. Voir article suivant de 2011 :
https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2011/09/06/le-nouveau-fn-de-marine-le-pen_1568382_1471069.html
Doit-on juger un restaurant à l’aune des gens qui y mangent ? (Question pour le Bac Philo)
J’espère surtout qu’ils vont garder les superbes boiseries intérieures.
Faire l’amalgame entre la politique et la bonne cuisine est une aberration sans nom pour rester polie. A ce moment là si on fait le tour des restaurants de bonne facture, on va éliminer celui qui accueille les mouvements d’extrême gauche, puis l’autre qui accueille les communistes etc etc alors que leur cuisine est un régal.
La cuisine n’a ni religion, ni parti politique, ni sensibilité alimentaire que ce soit ; seul l’amour de la bonne cuisine, de la bonne chère et des bons vins est de règle.
Quelle honte de propager encore cette rumeur malveillante ! Une fois, effectivement, l’établissement a accueilli dans sa salle du premier étage un parti d’extrême droite. Lorsque la direction s’en est aperçu, elle a appelé le commissariat de police qui a donné pour instruction (venant du ministère et du président François Mitterrand) de ne rien faire. JENNY a reçu pendant des années des associations respectables dans ses salons. Le chef de cuisine de l’époque était un de mes amis, ulcéré par cet événement. J’ai déjeuné et dîné maintes fois dans ce beau et bon restaurant sans rencontrer de personnes ouvertement déclarées d’extrême droite (ou d’ extrême gauche).
Les decors ont ete vendus aux encheres: https://magazine.interencheres.com/art-mobilier/la-brasserie-chez-jenny-vend-son-mobilier-aux-encheres/
Quelle surprise aujourd’hui je pense a mon ancien chef Michel Dionnet en 89 débarquant de Clermont Ferrand j’avais intégré cette Brasserie sublime et le temps passé ici est dans ma mémoire à jamais.Mr Sylkeyiowick (pas sur de l’ortographe) patron de l’époque et sa fille qui avait le Relais D’Eguisheim………quelle époque
Bonjour, j’ai 60 ans et j’ai passé mon apprentissage chez Jenny en 1977 avec comme chef Roger Grivel. Apres 45 ans de métier j’ai un peu de nostalgie de cette époque. Auriez vous des photos de cette époque, ainsi que de ce chef qui a su me donner la passion. Est-il encore en vie et si oui pourriez vous lui transmettre ce message. Merci.
Eric Trilleaud
A ceux qui ressassent leurs « gnagnagna restaurant de l’extrême-droite », je préciserai que j’y ai déjeuné pendant de nombreuses années en compagnie de… syndicalistes ! De toutes les centrales, y compris la CGT !
En tout cas les magnifiques décors me manqueront.