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Le gouvernement renonce à l’Exposition Universelle de 2025 à Paris !

Le Parisien

Projet phare de l'exposition, le "village global" de Paris-Saclay (Jacques Ferrier/Manuelle Gautrand – architectes) Illustration du journal "Le Parisien"

 

 

Tous les médias s'en sont fait l'écho ce dimanche 21 janvier 2018 : le Premier Ministre Édouard Philippe annonce le retrait de la candidature de Paris pour l'exposition universelle de 2025.

Le quotidien "Le Figaro" publie un sondage de ses lecteurs. Ils ne représentent certes pas la France mais tout de même 85,49 % d'entre eux en sont ravis ! On peut, sans prendre trop de risques, extrapoler et dire que cette nouvelle est un soulagement pour un grand nombre et sans doute une majorité de Franciliens.

Il est utile de rappeler que nous devons nous préparer à faire face successivement à Paris aux Jeux Olympiques Gay (Gay Games) de 2018, à la coupe du monde de rugby de 2023, aux J.O. de 2024… et l'exposition universelle se profilait pour 2025 !

Paris et sa région n'ont plus le droit de monopoliser l'activité en organisant en France tous les évènements, dans l'espace surchargé dont elles disposent. Si Paris intra-muros est parvenu dans ses 100 km² à maintenir sa population entre 2 et 3 millions d'habitants du XIXème siècle à nos jours, il n'en est pas de même du reste de l'Île-de-France qui a vu sa  population bondir de 1 à 10 millions d'habitants.

Dans ces conditions, si la France devait prétendre encore à l’organisation de tels évènements, c'est en province qu'il conviendrait de les situer de façon à rééquilibrer l'occupation d'un territoire urbanisé qui souffre de macrocéphalie notoire (*).

Mais il y a d'autres questions qu'il importe de se poser de nos jours. En 1889, nous étions en pleine révolution industrielle et il était de bonne stratégie d'afficher son savoir-faire dans les domaines de la construction, des machines-outils, du transport… Construire la Tour Eiffel, même si elle a été décriée, répondait à une logique de rayonnement sur le monde. A l'inverse, le XXIème siècle, qui s'ouvre sous le signe de la dématérialisation, n'exige plus comme par le passé qu'on montre ce qu'on sait faire.

La révolution que nous vivons en ce moment c'est celle qui résulte du traitement, de la transmission et du stockage de l'information avec des performances qui doublent tous les 18 mois (**), de la colossale banque de données (big data) qui se constitue dans les mémoires électroniques de la planète et dans l'espace et de l'inépuisable capacité des individus à développer des applications toujours plus ingénieuses qui transforment notre existence. Au point que nul n'est capable de prédire ce que sera notre quotidien dans les dix ans qui viennent.

Face à ce défi, nous nous sentons fragiles quand nous comparons la France aux États-Unis ou à la Chine car ces deux États à eux seuls possèdent la technologie (composants, processeurs, mémoires, fibre optique) et des applications quasi exclusives à l'échelle de la planète (Google, Facebook, Amazon, Uber, Twitter….).

Dans ce contexte, nous avons heureusement un rôle à jouer, ne serait-ce qu'être une pièce majeure (le fou, la tour ou le cavalier plutôt que le pion) sur l'échiquier économique global. Mais pour s'y préparer, c'est sur l'éducation de haut niveau qu'il faut miser, sur les échanges, sur la liberté d'entreprendre et sur la reconnaissance de la réussite et l'estime à l'égard des entrepreneurs.

Pour cet ensemble de raisons, une exposition universelle, symbole de la Belle Époque et de l'empire colonial, n'avait pas sa place… Il est heureux que le Premier Ministre et son gouvernement aient décidé de se défausser, en évitant par là-même l'hémorragie financière qui en aurait comme d'habitude résulté avec un nouveau gonflement de la dette de l’État.

Quel dommage qu'il soit difficile pour les J.O. de 2024, malgré les déboires qui viennent de nous être annoncés sur les transports et ces lignes de métro qui ne seront pas prêtes à temps, d'envisager un renoncement qui viendrait nous soulager d'un fardeau dont on n'a pas fini de supporter le poids.

Gérard Simonet

 

(*) macrocéphalie : (étymologiquement "grande tête" en grec) désigne l'hypertrophie de la ville la plus peuplée d'un territoire.

(**) Cette loi pourrait se voir remise en question à cause de l'échauffement des circuits, mais la physique quantique pourrait prendre le relais en ouvrant de nouveaux horizons pour les performances

 

 


Commentaires

16 réponses à “Le gouvernement renonce à l’Exposition Universelle de 2025 à Paris !”
  1. Avatar de askharia

    Enfin une décision de bon sens. Une exception extrêmement rare qui mérite d’être soulignée. Tout à fait d’accord avec l’article.

  2. Oh si si encore un petit effort Messieurs et Mesdames du gouvernement et élus. Sortons de l’organisation des Jeux comme nous avons su le faire pour l’aéroport de Nantes. Il n’est jamais trop tard.
    Cela aura un coût financier, bien inférieur au coût final des JO Notre image au niveau mondiale sera abîmée quelques temps mais la raison et la sagesse seront,au final, nos plus beaux ambassadeurs.

  3. Avatar de Jean-René
    Jean-René

    Enfin une bonne nouvelle! Dommage que les J.O. 2024 n’aient pas fait l’objet d’une décision aussi raisonnable!

  4. Avatar de Gervais

    Bonne nouvelle. Alors que tout est accessible par Internet, comment croire que ce genre d’événement a encore une utilité ? Surtout pour Paris, première destination touristique mondiale, pour le bonheur des commerçants et le malheur des habitants/vaches à lait.

  5. Les gens qui nous ont entrainés dans cette folie des Jeux Olympiques, ont menti sciemment,car on savait que techniquement on ne pouvait pas tenir les délais pour le super métro.
    Espérons qu’ils payeront pour ces mensonges et la trahison des électeurs et autres.

  6. Il n’y a pas eu à Paris que l’Exposition universelle de 1889. Il y en eut en 1855, 1867, 1878, 1889, 1900 et 1937.
    Chacune a entraîné des difficultés dans les réseaux de transport et chacune a correspondu à une amélioration de ces derniers, avec un succès inégal. Celle de 1855 a coïncidé avec l’unification des réseaux d’omnibus (véhicules collectifs tirés par des chevaux). Celle de 1867 a conduit à la mise en place des bateaux omnibus sur la Seine (qui furent exploités jusqu’en 1937). Celle de 1878 a été accompagnée du développement du réseau de tramways (alors tirés par des chevaux). Celle de 1889, faute d’un accord sur un projet de métro (dont le premier projet remonte à … 1854) entre la Ville (qui l’estimait d’intérêt local) et l’Etat (qui considérait qu’il serait d’intérêt général), a dû se contenter d’une extension du réseau de tramways (et de la tour Eiffel) et a connu des embouteillages monstres. Pour celle de 1900, afin d’éviter des désordres encore pires, la Ville et l’Etat ont dû se mettre d’accord. C’est la Ville qui a gagné cette partie de bras de fer : chemin de fer reconnu d’intérêt local, ce qui a conduit à un maillage très serré (plus que dans les autres métropoles mondiales), des stations rapprochées, une vitesse de ce fait limitée et, jusqu’en 1934, des lignes limitées aux portes de Paris.
    Dans le cas des Jeux Olympiques de 2024 et du projet d’exposition de 2025, récemment abandonné, le Grand Paris Express devait être largement sollicité, notamment les deux lignes les plus controversées : la 17 (carrefour Pleyel- Aéroport CDG) et 18 (desservant le plateau de Saclay). La réalisation -plus que discutable- de ces deux lignes risquait fort de ne pas intervenir à temps (en particulier la 18, qui devait desservir les sites de l’exposition universelle). Il est probable que l’abandon de l’exposition préfigure l’abandon -souhaitable- des lignes 17 et surtout 18. Quant au reste du réseau du Grand Paris Express, dont le coût total a déjà doublé depuis le projet initial (de 19 à 38 milliards), il est lancé, mais n’aura qu’une clientèle beaucoup plus faible que prévu par des prévisions volontairement gonflées et sera en outre pour la collectivité un gouffre en matière de coûts de fonctionnement.
    Pierre MERLIN

  7. Avatar de Marion Mouchot
    Marion Mouchot

    Quelle bonne nouvelle ! Merci pour cet article si bien argumenté !

  8. Avatar de IBERT Edith
    IBERT Edith

    UNE CITOYENNE RAVIE de ce désistement! Et je rejoins l’avis de Michel….Rien n’est impossible au Bon Sens!

  9. Avatar de R.Mougin

    Une bonne décision enfin raisonnable . c’ est sur la matière grise de nos jeunes qu’ il faut investir et la revitalisation du territoire dans certaines provinces délaissées et pas sur des évènements médiatisés coûteux

  10. Je rejoins ceux qui ont la sagacité de faire valoir que renoncer aux JO couterait moins cher financièrement que les pertes inéluctables à la réalisation du projet.
    J’ajoute que cela serait aussi porteur socialement, car cela susciterait la satisfaction de tous ceux qui ont été contre les JO, le restent ou le sont devenus grâce à l’information médiatique sur les risques enfin libérée après la décision officielle.

  11. Avatar de HP Lemaigre
    HP Lemaigre

    Quitte à paraître mauvais coucheur, je regrette cette décision. Autant les jeux olympiques (dont personne ne voulait en 2024, sauf Los Angeles qui en a profité pour récupérer 700M$ supplémentaires du CIO), qui ne durent que 15 jours et que tout le monde oublie après, l’exposition universelle dure 5 à 6 mois(ce qui me paraît mieux justifier un investissement finalement pas plus important que pour les JO).
    Cela aurait présenté au monde l’image d’une France entrée de plein pied dans les nouvelles technologies et le siècle.
    Pas d’accord pour dire que tout se fait virtuellement maintenant, j’en veux pour preuve le succès planétaire du salon de Las Vegas qui est bien physique.
    Mais il est vrai que les budgets sont bien épongés par les JO (gay et pas gay du tout).

  12. Merci à HP Lemaigre d’avoir défendu la cause bien malmenée de cette expo universelle qui ne verra pas le jour…
    L’exemple du salon de Las Vegas est intéressant mais il s’est tenu au tout début de 2018. D’ici 2025, sept/huit ans vont passer pendant lesquels le processus de dématérialisation va se poursuivre à grands pas.

  13. Avatar de HP Lemaigre
    HP Lemaigre

    Merci à VLM pour sa réponse.
    Bien sûr la dématérialisation va extrêmement vite, mais tout ne se réduit pas au big data.
    Quand il s’agit de démonstrations de Machine Learning, d’objets connectés, d’applications santé (par exemple chirurgie à distance) ou de domotique, de nouveaux produits en head-up display ou en virtual reality, de drones avec des applications du quotidien, etc, etc… le citoyen consommateur aime voir, toucher, essayer.
    Les start-up françaises (plus gros contingent après les américains de Las Vegas cette année, auraient pu démontrer l’excellence française en la matière avec le support d’une exposition universelle.
    Mais vous avez raison, c’est un combat d’arrière garde.

  14. Le Gay Games sont une ineptie communautariste dont nous nous serions volontiers passés.
    Le Jeux Olympiques sont un goufre financier dont plus aucune ville sérieuse ne veut
    L’expo Universelle était le seul projet intéressant et, surtout, fédérateur.
    On peut échanger 3 barils de Gay Games + JO contre l’Expo Universelle ?

  15. Je remercie Vivre le marais de nous donner la chance de pouvoir débattre de sujets aussi intéressants que celui-ci avec des gens qui argumentent et nous apportent des éclairages qui peuvent modifier notre vision des choses.
    Tout ceci au sein d’échanges respectueux et polis.
    A développer….

  16. Je regrette cette décision. L’exposition universelle était un projet plus beau et plus intéressant que les JO qui vont défigurer le patrimoine et qui sont le prétexte à toutes sortes de décisions contestables et surtout pensés et présentés comme le marche-pied d’hIdalgo pour son ambition personnelle.

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