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Lois scélérates et infractions vertueuses…

Quatre-fils 18 collages 25 03 17Collages sur le mur-pignon du 20 rue des Quatre-Fils (IIIe) (Photo VlM)

 

Loi scélérate : l'expression est apparue sous la IIIème République à propos de lois d'exception visant les anarchistes. Elle s'est perpétuée sous la Vème République et des hommes politiques de tous bords en ont fait impudemment usage. Dans le langage courant, il s'agit aujourd'hui de dispositions légales ou réglementaires qui contrarient les intentions de certains….

Ainsi en est-il des tags et de toutes ces dégradations de notre environnement qui défigurent le paysage urbain. Au nom de leur désir de s'exprimer ou de se défouler, des individus prennent possession,  nuitamment en général pour ne pas se faire  prendre "en flagrant délit", de façades, de murs, de palissades et de tout support qui convient à leur entreprise, sans l'accord du propriétaire.

Ce comportement conduit au saccage de lieux qui font partie de notre patrimoine collectif. Un des rares vestiges que nous possédons à Paris de l'époque du Moyen-Âge est le passage des Arbalétriers, à hauteur du 34 rue des Francs-Bourgeois (IIIe). Il permettait au XVème siècle d'aller de l'Hôtel Barbette vers la Seine en passant par une poterne dans la muraille Philippe Auguste. C'est en faisant ce trajet nous dit l'Histoire (certains diront : la Tradition) que le Duc d'Orléans, rentrant d'un rendez-vous galant avec la reine Isabeau de Bavière, épouse du roi Charles VI,  fut assassiné par les sbires de son cousin le Duc de Bourgogne dit Jean-sans-Peur. C'était en 1407.

Arbalétriers 29 03 17Rive OUEST du passage des Arbalétriers (IIIe) et demeure en encorbellement. Vue du désastre de ce lieu historique, imputable à ses propriétaires privés et à ceux de la voie. En revanche, la rive EST est entretenue et fait honneur à ceux qui ont entrepris sa réhabilitation.

 

Ce passage aujourd'hui jette la honte sur ses propriétaires. La légèreté des uns et la cupidité des autres font qu'ils se refusent à prendre les décisions qui permettraient de réhabiliter le site et de le protéger des appétits des vandales. Le Centre Culturel Suisse qui est l'une des personnes morales propriétaires se focalise sur les quelque 40.000 personnes qui entrent chaque année dans cette voie pour accéder à un hangar où ont lieu des expositions ou autres manifestations culturelles. Par ce motif, il se refuse à fermer la grille d'accès quand vient le soir.

Nous avons tous de la sympathie pour les helvètes qui sont un peuple respectable et qui bénéficient d'une image prestigieuse mais en l'espèce, et nous le disons tout haut à leur Ambassadeur, en permettant aux vandales de sévir dans le passage ils sont vandales eux-mêmes. Ce n'est pas l'image que nous voulons avoir de la Suisse et de sa culture.

Les "infractions vertueuses" sont un oxymore du même acabit que la "loi scélérate" mais il en est le négatif. En prenant possession d'un mur de la même manière que les vandales mais en y laissant une trace esthétique leurs auteurs nous incitent à beaucoup d'indulgence. Les "parapluies" du mur-pignon du 20 rue des Quatre-Fils appartiennent à cette famille d'infractions qui nous inclinent à accepter qu'en la matière certains en prennent à leur aise avec la loi. Cependant, nous ne donnons pas licence à chacun pour autant de s'octroyer ce droit, considérant qu'il a du talent. La règle reste la règle. La tolérance ne peut être que l'exception.

Gérard Simonet

 


Commentaires

Une réponse à “Lois scélérates et infractions vertueuses…”
  1. Les tags ne sont qu’une toute petite partie du désastre dans le petit Passage des Arbalétriers qui a le malheur d’être un passage privé en indivision. Le fragile sol pavé s’est effondré sur une grande surface en partie à cause de la vétusté mais surtout à cause de la circulation intensive de camions de livraison pendant 30 ans, provenant d’occupants sans scrupule. Les canalisations en sous-sol sont endommagées et fuient, humidifiant petit à petit les fondations de notre immeuble.
    14 ans de procédures judiciaires entre 4 syndics et un défilé d’avocats qui mettent de l’huile sur le feu et attisent les conflits. Et pour couronner le tout, des petits copropriétaires (comme moi) que personne n’écoute, complètement perdus pour la plupart, ne comprennant rien aux méandres de ces procédures judiciaires à rallonge.
    En attendant, les 4 syndics refusent obstinément de mettre le premier sous, pour entretenir le Passage, ne serait-ce que pour réparer le portail et sa serrure. Cette comédie doit durer depuis 30 ans .
    En dépit de nos appels à l’aide à la Mairie et à la Préfecture de Police pour débloquer cette situation scandaleuse, ils n’interviendront que s’il y a une situation de péril. Le Passage contrevient à tous les règlements sanitaires de la ville de Paris mais ca ne gêne pas les autorités publiques. Monsieur Peninou adjoint au Maire me répondait, en s’en lavant les mains, « on ne peut pas forcer des propriétaires à entretenir leur bien sauf si ça devient dangereux » …(c’est intéressant ces gens qui acceptent de vous aider seulement quand vous êtes mort)
    On nous demande donc d’attendre passivement qu’un immeuble s’effondre, qu’un grand trou s’ouvre dans le sol ou qu’un touriste se pince cruellement les doigts dans le portail…
    Pendant ce temps-là, les ventes continuent dans le Passage des Arbalétriers ….Aaaaarrh

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