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Les laideurs du Marais sont-elles aussi sauvegardées ?

Michel le comte 16 vectrix (2)

Lettres démesurées sur l'enseigne de ce marchand de scooters électriques, 16 rue Michel le Comte (IIIe)

 

En contre-point à l'article sur l'ouvrage de Marianne Ström qui nous livre en "détails" les merveilles du Marais, l'idée nous est venue d'en recenser les laideurs. Notre inventaire ne se veut pas exaustif. Il n'est pas non plus hiérarchisé.

Il nous a semblé pertinent, en effet, l'espace d'un article, de rompre avec la découverte émerveillée du centre historique de Paris pour faire une halte sur ses avatars. Ils sont assez nombreux. Certains sont réparables, d'autres ont toutes les chances de survivre à la plupart d'entre nous.

L'enseigne du dessus peut être corrigée pour satisfaire aux exigences du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais. Il suffit pour cela que le gérant du commerce réduise de moitié la taille de ses lettres. Qu'il se rassure : son chiffre d'affaires n'en sera pas affecté et il s'attirera en prime la sympathie des gens du quartier.

La Mairie de Paris l'a verbalisé en octobre 2011. Il encourt la correctionnelle et une mention au casier judiciaire. Mais selon toute vraisemblance, sans aucune certitude toutefois, l'affaire sera classée. Le gérant doit évaluer le risque et prendre ses responsabilités. Il n'est pas exclu qu'il obtempère. C'est son intérêt bien compris et, en tout cas, ce que nous souhaitons sincèrement.

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D'autres enseignes sont tout aussi choquantes mais leur statut est différent. Elles bénéficient de la prescription de trois ans qui vise ce type d'infraction.

On a ci-dessous quelques échantillons d'enseignes et devantures qui ignorent le PSMV sans être verbalisables car elles sont anciennes .

Rambuteau 11 mandarin enseigne Temple 81 devantures

A gauche, restaurant 11 rue Rambuteau (IVe). Enseigne "en drapeau" de dimension hors norme, placée au-dessus du plancher de l'étage, tubes néon, enseigne parallèle trop grande et "criarde". A droite, 81 rue du Temple (IIIe) enseignes parallèles de grossistes trop hautes et peu respectueuses de la belle façade Louis XV de l'immeuble, avec ses baies cintrées et son portail d'origine .

                  

La persistance de ces anomalies peut être éternelle si les propriétaires des fonds de commerce, peu concernés par ces considérations esthétiques, sont décidés à ne rien faire. On l'a vu récemment avec le ravalement de l'immeuble du 11 rue Rambuteau (IVe) ; tout a été embelli mais les enseignes du restaurant n'ont pas changé d'un iota. Il en sera de même des grossistes de la rue du Temple tant que la nature des commerces n'aura pas changé. On peut regretter que les Maires d'arrondissements ne s'impliquent pas personnellement dans la recherche d'une solution négociée avec les propriétaires. Ils ont repris le dessus dans la gestion du PSMV, qui a cessé d'être une mission régalienne, mais ils oublient trop souvent d'en assumer les devoirs.

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Venons en aux équipements publics. Il y en deux essentiellement, qui se disputent la palme de la laideur : la piscine-école Saint Merri et le gymnase Michel le Comte.

St merri piscine école Michel le comte gymnase 08 01 12

La piscine-école St Merri (IVe) à gauche est une verrue en béton, qui semble planer lourdement sur le carrefour. La trémie d'accès au passage souterrain encombre l'espace public et le rend inhospitalier. Le gymnase Michel le Comte (IIIe) à droite offre une architecture indigente. Ces deux équipements n'ont aucune chance de disparaitre. Ils assurent de plus une fonctionnalité qui a sa raison d'être. Il faut s'en accomoder et oeuvrer pour que leur ravalement ait lieu dès que nécessaire et que leurs murs soient nettoyés. Propres, ils ne sont pas plus beaux mais ils sont moins laids.

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Le Marais compte au moins trois "passages" privés. L'impasse de l'hôtel d'Argenson (IVe), le passage des Arbalétriers (IIIe) et le passage Ste Avoye (IIIe). Nous les avons tous connus dans un état déplorable. L'hôtel d'Argenson fait heureusement l'objet en ce moment d'une rénovation que nous avons rapportée dans un article du 15 septembre 2011.

Le passage des Arbalétriers offre deux visages : la rive "Est" merveilleusement entretenue par les propriétaires de l'hôtel Poussepin (34 rue des Francs-Bourgeois) et une rive "Ouest" dans un état détestable qui nous fait dire que ses propriétaires (qu'ils pardonnent notre franchise) ne méritent pas de posséder la moitié d'un haut-lieu de l'Histoire de France (XIVème siècle), connu pour avoir été un cheminement entre l'hôtel Barbette et la porte du même nom qui menait au château du roi Charles VI (dit "le fou"), mari d'Isabeau de Bavière, bien connue pour son "tempérament".

  Arbalétriers contraste droite gauche

Passage des Arbalétriers (IIIe). A gauche, rive "Est" en parfait état d'entretien, à droite rive "Ouest" affreusement taguée et mal entretenue.

 

Puisque l'un des camps a fait son devoir et que la maintenance est assurée, on peut penser que le jour viendra où les copropriétés concernées metront fin à une situation indigne du patrimoine dont elles ont la charge. Les pouvoirs publics (Mairie de Paris, Ministère de la Culture) prétendent qu'ils ne sont pas concernés. L'explication nous parait un peu légère. Il y a visiblement ici un défaut de ravalement. Pourquoi n'y a-t-il pas d'injonction, là comme ailleurs ? Ne s'agit-il pas en réalité d'un manque de motivation à l'égard de la sauvegarde du patrimoine collectif ?

Le passage Ste Avoye se trouve dans une situation qui présente des similitudes avec celle des Arbalétriers. Il y a là aussi un ensemble de copropriétés qui gèrent une cour qui communique avec les rues du Temple et Rambuteau par deux voutes. Depuis des temps immémoriaux, elles sont à la fois décrépites, taguées, barbouillées. Comme elles sont parfaitement visibles depuis l'espace public, elles participent bon gré mal gré au paysage de la rue.

Ste avoye passage
Passage Ste Avoye (IIIe), voute d'accès rue Rambuteau.

 

Ici, les nouvelles sont rassurantes. Les travaux de remise en état des deux voutes ont été approuvés par l'Architecte des Bâtiments de France et votés. La laideur est vouée à disparaitre. Dieu ait son âme !

 

Cliquez gauche jusqu'à deux fois dans les images pour les agrandir

 

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Commentaires

10 réponses à “Les laideurs du Marais sont-elles aussi sauvegardées ?”
  1. Avatar de jean-françois bayart, directeur de recherche au CNRS
    jean-françois bayart, directeur de recherche au CNRS

    Cher ami,
    Vous auriez pu ajouter la façade sud du square Léonor-Fini (musée Picasso) qui est défigurée depuis de longs mois par des tags toujours plus hideux sans que cela semble préoccuper la mairie. Signe annonciateur de l’amputation de cette partie du square pour permettre l’extension du musée Picasso, au prix d’un peu plus de béton et de visiteurs dans ce quartier désormais livré au tourisme de masse?
    Bonne année, et un grand merci pour votre action

  2. Avatar de C. Baldassari
    C. Baldassari

    En ouvrant ce débat ne craignez vous pas d’avoir ouvert la boite de Pandore? Chacun va y aller de son témoignage car rien n’est jamais parfait.
    Il restera l’interrogation: que peut-on faire?
    C. Baldassari

  3. Je ne ferai qu’un commentaire : continuez ce blog et cette association si utiles!!!
    Cordialement
    Nicole

  4. A propos de Pandore …
    Notez que nous nous sommes surtout intéressés à la typologie des laideurs en expliquant pourquoi la plupart d’entre elles sont vouées à disparaitre. Et de quelle manière.

  5. Avatar de Patrice

    Bonjour,
    Pour les enseignes en langue étrangère il me semble qu’il existe une loi leur imposant la traduction en français si ce n’est pas tout simplement l’interdiction.
    http://www.dglf.culture.gouv.fr/lois/loi-fr.htm
    La demande de l’application de la loi entrainerait une nouvelle demande d’enseigne qui elle pourrait être refusée si elle ne respecte pas le PSMV
    Patrice

  6. Pour ce qui concerne les passages en piteux état, il est à relever que la Mairie de Paris refuse de prendre à sa charge l’effacement des tags au prétexte qu’ils sont dans des propriétés privées. Les facades d’immeubles nettoyées par la ville sont également des propriétés privées et elles sont nettoyées. Les riverains de ces passages ne sont pas les auteurs des tags et ils sont tenus de laissés libre l’accés à ces passages donc tous les vandales peuvent entrer tager et les riverains paieront.

  7. Avatar de Monique B-F
    Monique B-F

    En rentrant hier soir à pied du quartier St-Eustache-Montorgueil, j’ai été écoeurée du nombre de beaux immeubles et commerces souillés par d’immondes tags, hideux et sans talent…La vulgarité et la grossièreté envahissent le quartier en toute impunité. Que font les services publics, la police en particulier, qui passe sans arrêt toutes sirènes hurlantes et accélérateur enfoncé, particulièrement la nuit, alos qu’ON NE VOIT QU’EXCEPTIONNELLEMENT DES POLICIERS A PIED sillonner tranquillement le quartier EN FAISANT ACTE DE PRESENCE,simplement…QUE FAIT LA POLICE de sa mission d’application de la loi : respect des personnes, respect des piétons, respect des trottoirs, respect du silence et du droit au repos, respect du repos dominical, respect du patrimoine, respect de la propriété… ? OU EST LA POLICE, QUE FAIT-ELLE ? QUE FONT LES SERVICES PUBLICS ?

  8. Avatar de catherine
    catherine

    Merci de soulever ces points.
    Je suis moi aussi lassée de ses enseignes hideuses, de ces devantures qui ne respectent rien, des ces volets métalliques extérieurs atroces, de ces tags, de ces flyers sur les chaussées.
    Tous ces éléments ne font que mettrent en évidence, de façon criante, l’incurie des pouvoirs publics.
    Quel laxisme. La municipalité et la préfecture ne peuvent-elle pas faire appliquer les lois et réglements, tout simplement ?
    Qu’attend la Mairie pour interdire les flyers et punir sévèrement leurs auteurs ?
    Est-ce aux riverains déjà pollués par ces flyers de payer, par leurs impôts locaux, le nettoyage des chaussées ?
    Il suffit !

  9. Avatar de Françoise Amsellem
    Françoise Amsellem

    Toutes ces laideurs, nous le déplorons chaque jour dans nos rues. Combien de façades sont enlaidies par des enseignes. La Ville de Paris reste muette à cela. Quand on en parle à Mme POURTAUD, Ajointe au maire de Paris en charge du Patrimoine, pour elle ces dégradations sont mineures ! Quant aux tags, malheureusement on constate qu’ils sont montrés comme un art de la rue et certaines mairies d’arrondissements organisent des expositions… A New York, ils sont réprimés.
    Toute cela est regrettable.

  10. Avatar de Vincent
    Vincent

    Bonjour,
    Félicitations pour votre association.
    C’est avec plaisir que j’avais appris la sélection du Gymnase Michel Lecomte parmi les sites retenus dans le cadre de l’action « Embellir Paris ».
    Malheureusement, la décision prise par le jury risque de décevoir. Loin de gommer la laideur de ce bâtiment, elle ne pourra que la souligner en y rajoutant des couleurs criardes. Vous pouvez en juger par vous même sur le site de cette initiative municipale.
    http://www.embellir.paris/fr/sites/1336-preau-du-95-rue-du-temple-3e.html
    Les projets écartés n’étaient pas brillants non plus mais il semble que le Jury ait retenu le pire. C’est d’autant plus dommage que certains projets sélectionnés ailleurs paraissent moins contestables et bénéficieront d’un réel embellissement alors que la rue Michel Lecomte, voisine de plusieurs hôtels particuliers remarquables, méritait une réhabilitation.
    En outre, le gymnase accueille de nombreux enfants dont le goût peut être durablement faussé par l’exposition à cette oeuvre.
    Je suppose que les riverains vont se mobiliser contre la mise en place de cette décision.
    Merci pour votre action.
    Vincent

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