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Paris capitale « du quart d’heure » : l’urbaniste Alain Bertaud dénonce depuis New-York où il exerce, ce qu’il qualifie « d’utopie »….

Capture d’écran 2021-06-15 203505Harold Lloyd dans le film de 1923 "Monte là d'ssus" (Safety Last !) se raccroche à l'horloge…

 

 

Dans un essai récent, "La Dernière Utopie Urbaine : La Ville de 15 minutes", Alain Bertaud, Urbaniste International directeur de recherches au New-York University Marron Institute, auteur du livre qui fait autorité dans le monde de l'urbanisme "Order Without Design – How markets shape cities", s'attaque à cette nouvelle lubie. Il en a la qualification pour avoir été notamment directeur de la planification à la Banque Mondiale. Sa réflexion s'intéresse à titre d'exemple significatif au grand projet de la Maire de Paris Anne Hidalgo et de son adjoint Vert David Belliard de transformer la capitale pour la rendre conforme à ce modèle.

Il s'agit de principes militants défendus par Carlos Moreno, le gourou urbaniste d'Anne Hidalgo (sa profession de foi où il cite Anne Hidalgo). Il prône comme objectif de ramener à un quart d'heure le temps nécessaire à atteindre de manière écologique tout ce qui relève de la vie urbaine (logement, travail, alimentation, éducation, santé, culture. loisirs…). On pourrait croire qu'on a droit au vélo et autres mobilités douces ainsi qu'aux transports en commun mais il insiste sur l'obligation de limiter les 15 minutes à la marche à pieds. Le vélo est toléré, mais 5 minutes seulement, comme il le précise dans un de ses nombreux manifestes !

En contrepoint à son étude, Alain BERTAUD est désireux de lire les commentaires et points de vue de la population parisienne. La rubrique <commentaires> de ce blog est à la disposition de nos lecteurs pour les recueillir. Le phénomène est contagieux, commente-t-il, "deux candidats à la mairie de New York font allusion à la "Ville de quinze minutes" et en bonne logique recommandent que les emplois de New York soient réservés aux gens du quartier ! Par bonheur ces candidats n'ont aucune chance d'être élus, mais l'idée absurde chemine !"

GS

 

ESSAI :

"La Dernière Utopie Urbaine : la Ville de 15  minutes"

par Alain BERTAUD

 

Juin 2021

 

Résumé

Les maires et les urbanistes sont constamment à la recherche de nouveaux slogans pour démontrer leur créativité. Les maires doivent maintenant avoir une «vision» au lieu d’être simplement prévoyants et bons gestionnaires du capital représenté par l’infrastructure et les équipements urbains.

Cette confusion dans la mission des maires est souvent promue par les urbanistes qui considèrent que la ville est un objet qui doit être conçu à l’avance par des spécialistes géniaux et imposé au nom de l’efficacité aux habitants qui n’ont, eux, ni vision ni génie !

Ces dernières années la vision des maires s’est exprimée par des qualifiants qui changent comme la mode : le développement durable, la ville intelligente, la ville résiliente, la ville vivable, et plus récemment, la ville postpandémique.

Ces slogans avaient l’avantage d’avoir une connotation positive sans engager une obligation quantifiable de la part du politicien. Personne ne peut être contre le développement durable ou la ville intelligente. Mais aucun indicateur n’existe pour prouver qu’une politique urbaine assure le développement durable plus qu’une autre.

Nous verrons qu’une utopie initialement risible peut se transformer peu à peu en une tyrannie mesquine qui étouffe progressivement l’économie d’une ville. Cela n’est pas nouveau. Déjà Alexis de Tocqueville parlait d’un gouvernement démocratique qui «étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ;

il force rarement  à agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger».

 

pour accéder au texte complet de l'essai, cliquer ICI

 


Commentaires

3 réponses à “Paris capitale « du quart d’heure » : l’urbaniste Alain Bertaud dénonce depuis New-York où il exerce, ce qu’il qualifie « d’utopie »….”
  1. Avatar de Pierre Merlin
    Pierre Merlin

    Voilà bien une polémique inutile!
    Comme le cite Alain Bertaud, Carlos Moreno définit « la ville du quart d’heure » de la façon suivante :
    « L’idée consiste à concevoir ou reconcevoir les villes pour qu’en 15 minutes, à pied ou en vélo,les citadins PUISSENT jouir de l’essentiel de ce qui constitue la vie urbaine: accéder à leur travail, à leur domicile, à l’alimentation, à la culture et aux loisirs ».
    Toute l’argumentation d’Alain Bertaud, dans le texte qu’il publie sous le sigle de l’ »Institut libéral » (ce qui a le mérite d’afficher l’idéologie dont il se réclame) repose sur le fait qu’il feint de lire « DOIVENT » et non « PUISSENT ». Personne, ni Carlos Moreno ni quiconque n’a prétendu que, dans une métropole comme Paris, chacun DOIVE se limiter à un périmètre d’un quart d’heure. Mais il ne fait aucun doute que la proximité des lieux de travail, de commerce, de loisirs et de culture à partir du domicile facilite la vie des citadins et constitue un objectif, certes inatteignable à 100 %, mais qu’il est souhaitable de chercher à approcher. C’était l’objectif clairement affirmé du Schéma d’aménagement et d’urbanisme de la région de Paris (dit « plan Delouvrier », 1965) que tout le monde encense aujourd’hui. Paul Delouvrier parlait de « rendre la LIBERTE DE CHOIX du domicile, du lieu de travail, des achats, des loisirs, des amis et des amours ».
    Les Parisiens (et tous les franciliens) manifestent chaque jour davantage ce souhait de liberté de choix et de proximité. La mobilité mécanisée (véhicules individuels motorisés, transports en commun), mesurée par le nombre de déplacements quotidiens par personne, après avoir considérablement augmenté au XXe siècle, diminue depuis le début du XXIe. Longtemps, l’intensité de cette mobilité a été considérée comme un marqueur d’urbanité. C’est l’inverse aujourd’hui.
    Le plus difficile concerne l’emploi. Pour des raisons évidentes, il est impossible de faire coincider la carte des logements et celle des emplois, mais il est souhaitable de s’en approcher. Le succès récent du télétravail montre clairement que les citadins qui habitent loin de leur lieu de travail aspirent à supprimer ou au moins à réduire leurs temps passé dans les transports. L’amélioation de ces derniers en est un moyen, une ville concentrée et diversifiée en est un autre n’en déplaise à M. Bertaud.
    Pierre MERLIN

  2. Avatar de Alain Bertaud
    Alain Bertaud

    Réponse d’Alain Bertaud à Pierre Merlin :
    Pierre Merlin me reproche de prétendre que Carlos Moreno veut forcer les Parisiens à se limiter à un périmètre de 15 minutes de marche autour de leur domicile pour toutes leurs activités. Ce n’est pas du tout mon argument.
    Ce que je reproche à Carlos Moreno c’est de prétendre faire une révolution urbaine, « un big bang de la proximité » pour utiliser ses propres termes, alors que visiblement rien ne va changer, car les changements qu’il préconise sont du domaine de l’économie, de la technologie des transports, et de la démographie et pas d’un retour à un âge d’or de transports à pied et à vélo.
    Les données de l’APUR montrent que tous les Parisiens ont déjà des commerces couvrant tous leurs besoins quotidiens à bien moins de 15 minutes de marche de leur domicile, donc rien à changer de ce côté-là ! Mission accomplie sans avoir eu à « reconcevoir la ville ».
    Le nombre d’école et leur emplacement dépend du rectorat et de la fertilité des Parisiennes. Si leur fertilité diminue, des écoles devront fermer, et donc la distance entre les logements et les écoles va augmenter ; si la fertilité, augmente, le rectorat créera de nouvelles écoles, la distance entre école et logement diminuera. Pas de « big bang » possible dans ce domaine.
    Il y a plus d’emplois dans Paris que d’actifs résidents. Etant donné la densité déjà très haute d’emplois dans Paris et les contraintes des hauteurs dues au respect de l’héritage architectural, il est hautement improbable que de nombreux emplois nouveaux vont se créer dans Paris intra-muros. Les 88% des Parisiens et Parisiennes qui mettent plus de 15 minutes pour aller à leur travail continuerons à le faire. Toujours pas de big bang !
    Si Carlos Moreno arrivait à convaincre un grand nombre de citoyens que le retour à un âge d’or urbain du transport à pied était possible, ces mêmes citoyens, voyant que rien ne change dans leurs trajets quotidiens, pourraient exiger que les pouvoirs publics utilisent des incitations ou une règlementation pour augmenter le nombre d’actifs qui pourraient avoir accès à leur emploi à moins de 15 minutes à pied. C’est un danger possible que j’évoque en citant Tocqueville. Je ne dis nulle part que cette intervention étatique est explicitement contenue dans les propos messianiques de Carlos Moreno.
    La seule stratégie possible pour diminuer les temps de navettes quotidiennes est d’améliorer la vitesse des transports. La RATP et l’Île-de-France Mobilités (IdFM) s’y emploient avec beaucoup de compétence et avec des investissements importants. Mais leur objectif n’est pas de ramener les temps de trajet à 15 minutes à pied, mais simplement de diminuer les temps de parcours domicile travail de quelques minutes et d’éviter la fragmentation du marché du travail dans l’Ile de France. Le projet en cours de réalisation du Grand Paris Express qui ajoutera 200 km de ligne de métro automatiques ouvrira aux Parisiens et Franciliens un large choix d’emplois nouveaux.
    Je suis convaincu que la réduction du temps de trajets domicile travail est un des défis les plus important de l’urbanisme des grandes métropoles. Prétendre atteindre ce but en remplaçant les transports motorisés par la marche ou le vélo, comme le préconise Moreno, est un leurre. Moreno peut faire des TED Talk à longueur de journées sur le sujet, cela ne va rien changer à la réalité de la vie quotidienne des habitants de Paris. En revanche, mieux gérer l’espace public, mieux intégrer les nouveaux modes de mobilités auraient des chances à long terme de diminuer le temps moyen des trajets, et de rendre les déplacements quotidiens plus confortables.

  3. Si la proximité des commerces « essentiels » reste un avantage de Paris (et c’est, en effet, déjà le cas, croisons les doigts pour que ça dure !), comment accepter qu’on limite la conception des mobilités à ce seul « essentiel » ?
    Il est insupportable que le politique se mêle de vouloir « orienter » les choix des Parisiens non pas, bien sûr, en les forçant à rester dans leur quartier, mais, plus sournoisement, en complexifiant à outrance leurs possibilités de se déplacer hors de leur quartier par diverses tracasseries décourageantes, comme la fermeture de Paris-Centre à toutes les voitures, alors même que Paris-Centre offre bien des richesses culturelles, des lieux de restauration ou de loisirs, ou des commerces d’une qualité qui ne se retrouve évidemment pas dans chaque quartier.
    Sans parler de l’emploi ! Que l’on recherche en priorité en correspondance avec ses qualifications et ses affinités personnelles, et pas selon l’adresse géographique – et d’autant plus dans une métropole comme Paris, qui est supposée permettre à chacun d’accepter un emploi qui l’intéresse même s’il doit pour cela traverser toute la ville ! C’est justement l’immense avantage qu’offre l’urbain sur le rural… où la distance, bien souvent, empêche qu’on accepte un emploi qu’on aurait aimé pouvoir occuper.
    Sans compter la diversité simplement humaine, qui fait que, lorsqu’on change de quartier, on change souvent aussi d’environnement humain : la ville est pour moi LE lieu de brassage par excellence, et je ne vois pas l’intérêt de transformer la ville en une addition de villages, où chacun se connaît et dont on ne sort que rarement.
    Je ne m’assieds quasi JAMAIS à une terrasse de café de mon quartier, car les gens que j’y vois déambuler me ressemblent… J’aime au contraire m’asseoir ailleurs, pour voir d’autres gens !
    En résumé : la mairie de Paris pourrait-elle « lâcher les baskets » aux Parisiens, ne pas décider pour eux de ce qui est « le mieux » pour eux, mais garantir, au contraire, à tous les Parisiens une égalité de liberté de choix, en leur rendant accessible l’ensemble de la ville, et pas seulement leur quartier ???
    Car, désolée, mais non : je ne remplacerai pas le plaisir d’aller voir une exposition à Beaubourg ou au Louvre par une expo dans l’école de mon quartier… Je veux avoir le choix des boutiques où je vais m’habiller, le choix du café sympa ou du restaurant où j’irai avec mes amis, etc.
    Et je veux conserver le plaisir de pouvoir me déplacer dans tout Paris, autant que je le veux, car c’est pour ça que j’habite à Paris, en fait ! Pour pouvoir profiter de TOUT ce que Paris m’offre, que ce soit dans mon quartier ou dans un quartier à l’extrême opposé du mien ! Ça s’appelle la « grande ville », pour moi.
    Si je voulais me limiter à mon quartier, eh bien… j’aurais choisi d’habiter dans un village.

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