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Ecriture dite « inclusive » : halte au massacre de la langue française !

 

Capture d’écran 2021-03-20 095710Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Devise des Shadoks.

 

Chers lect.eur.rice.s, (ou Ch.er.ère.s lect.eur.rice.s (si on pousse à fond la logique),

Voici comment je m'adresserais à vous si j'étais un adepte de cette écriture inepte. Comme j'en suis très loin, laissez moi vous dire :

Chères lectrices, chers lecteurs,

(en français, tout simplement).

N'est-ce pas une meilleure manière de respecter à la fois les femmes et notre langue. Notons au passage que l'écriture inclusive nomme en premier le sexe masculin alors que notre langue permet très simplement de respecter la galanterie bien française qui fait passer la femme devant….

Le Député de l'Indre François Jolivet, comme nous l'annoncions dans notre article du 18 février 2021, avait réuni 60 parlementaires pour soutenir une proposition de loi interdisant l'écriture inclusive dans la sphère publique. Nous venons d'échanger avec lui : ce sont désormais 112 députés qui le suivent dans cette voie. Le texte va probablement recevoir l'approbation du Sénat. Le Ministre de l’Éducation Nationale Jean-Michel Blanquer vient tout juste de lui apporter son soutien.

Le texte sera présenté ensuite à l'Assemblée Nationale. Notre Député de Paris-centre Pacôme Rupin ne nous a pas rassurés sur l'attitude de son  groupe LReM majoritaire, en l'état actuel des choses, mais nous avons confiance dans le large mouvement de protestation qui se développe contre cette écriture absurde qui essaie insidieusement, par idéologie, d'infiltrer des couches de la société, à commencer par l'université.

Nous avons constaté aussi avec stupeur que le site officiel de la mairie de Paris l'avait retenue ! Il est grand temps de réagir et de demander à Anne Hidalgo, dont les visées présidentielles percent sous sa fonction de Maire de Paris, d'adopter une attitude à cet égard digne de cette ambition.

Le débat n'est pas tout neuf. Voici ce qu'écrivait en 1998 de façon prémonitoire l'académicien Jean-François Revel à propos de la féminisation des mots, sous-jacente à l'invention de cette écriture dont on découvre aujourd'hui les ravages débutants :

 

Anges sexe 21 03 21

 

Byzance tomba aux mains des Turcs tout en discutant du sexe des anges. Le français achèvera de se décomposer dans l’illettrisme pendant que nous discuterons du sexe des mots.

La querelle actuelle découle de ce fait très simple qu’il n’existe pas en français de genre neutre comme en possèdent le grec, le latin et l’allemand. D’où ce résultat que, chez nous, quantité de noms, de fonctions, métiers et titres, sémantiquement neutres, sont grammaticalement féminins ou masculins. Leur genre n’a rien à voir avec le sexe de la personne qu’ils concernent, laquelle peut être un homme. Cliquez pour lire la suite…

Homme, d’ailleurs, s’emploie tantôt en valeur neutre, quand il signifie l’espèce humaine, tantôt en valeur masculine quand il désigne le mâle. Confondre les deux relève d’une incompétence qui condamne à l’embrouillamini sur la féminisation du vocabulaire. Un humain de sexe masculin peut fort bien être une recrue, une vedette, une canaille, une fripouille ou une andouille.

De sexe féminin, il lui arrive d’être un mannequin, un tyran ou un génie. Le respect de la personne humaine est-il réservé aux femmes, et celui des droits de l’homme aux hommes ?

Absurde!

Ces féminins et masculins sont purement grammaticaux, nullement sexuels.

Certains mots sont précédés d’articles féminins ou masculins sans que ces genres impliquent que les qualités, charges ou talents correspondants appartiennent à un sexe plutôt qu’à l’autre. On dit: «Madame de Sévigné est un grand écrivain» et «Rémy de Goumont est une plume brillante». On dit le garde des Sceaux, même quand c’est une femme, et la sentinelle, qui est presque toujours un homme.

Tous ces termes sont, je le répète, sémantiquement neutres. Accoler à un substantif un article d’un genre opposé au sien ne le fait pas changer de sexe. Ce n’est qu’une banale faute d’accord.

Certains substantifs se féminisent tout naturellement: une pianiste, avocate, chanteuse, directrice, actrice, papesse, doctoresse. Mais une dame ministresse, proviseuse, médecine, gardienne des Sceaux, officière ou commandeuse de la Légion d’Honneur contrevient soit à la clarté, soit à l’esthétique, sans que remarquer cet inconvénient puisse être imputé à l’antiféminisme. Un ambassadeur est un ambassadeur, même quand c’est une femme. Il est aussi une excellence, même quand c’est un homme. L’usage est le maître suprême.

Une langue bouge de par le mariage de la logique et du tâtonnement, qu’accompagne en sourdine une mélodie originale. Le tout est fruit de la lenteur des siècles, non de l’opportunisme des politiques. L’État n’a aucune légitimité pour décider du vocabulaire et de la grammaire. Il tombe en outre dans l’abus de pouvoir quand il utilise l’école publique pour imposer ses oukases langagiers à toute une jeunesse.

J’ai entendu objecter: «Vaugelas, au XVIIe siècle, n’a-t-il pas édicté des normes dans ses remarques sur la langue française ?». Certes. Mais Vaugelas n’était pas ministre. Ce n’était qu’un auteur, dont chacun était libre de suivre ou non les avis. Il n’avait pas les moyens d’imposer ses lubies aux enfants. Il n’était pas Richelieu, lequel n’a jamais tranché personnellement de questions de langues.

Si notre gouvernement veut servir le français, il ferait mieux de veiller d’abord à ce qu’on l’enseigne en classe, ensuite à ce que l’audiovisuel public, placé sous sa coupe, n’accumule pas à longueur de soirées les faux sens, solécismes, impropriétés, barbarismes et cuirs qui, pénétrant dans le crâne des gosses, achèvent de rendre impossible la tâche des enseignants. La société française a progressé vers l’égalité des sexes dans tous les métiers, sauf le métier politique. Les coupables de cette honte croient s’amnistier (ils en ont l’habitude) en torturant la grammaire.

Ils ont trouvé le sésame démagogique de cette opération magique : faire avancer le féminin faute d’avoir fait avancer les femmes.

 


Commentaires

19 réponses à “Ecriture dite « inclusive » : halte au massacre de la langue française !”
  1. Avatar de Marie Catherine
    Marie Catherine

    Bravo !

  2. Avatar de Sylvain
    Sylvain

    Que tout cela est bien dit ! Cerise sur le clafoutis : pour participer un peu mieux à la catastrophe culturelle, nos têtes pensantes ont décidé de ne plus écrire les dates, siècles, oeuvres, etc. en chiffres romains… Des fois que ça serait trop compliqué à comprendre par nos chères têtes blondes… Nivellement par le bas à tous les étages. Au lieu d’enseigner, on supprime ! C’est tellement plus simple ! Cette époque me dégoûte.

  3. Avatar de Amster Jacques
    Amster Jacques

    Nous sommes gérés par des FOUS à l’EducNat !
    Cette écriture inclusive est un massacre organisé par ces technocrates voulant se faire mousser contre l’avis de l’Académie Française . Surprenant tout de même ! Cette France part à la dérive !
    Y’a t’il un capitaine à bord du Navire France ?
    Écœurante attitude !!

  4. N’ayons pas honte de dénoncer les députés tentés par cette écriture débile.
    On a les dirigeants que l’on mérite , alors n’hésitons pas !

  5. Avatar de Hugues M
    Hugues M

    L’écriture inclusive est de la pure propagande, non pour défendre les droits des femmes, mais pour détruire notre culture et effacer notre histoire. La voir crachée à toutes les sauces dans les communications de la Mairie pour servir une ambition personnelle est révoltant. Quel mépris pour notre ville et pour nous, Parisiens ! C’est malheureux de devoir en arriver là, mais espérons qu’une loi nous prémunira enfin d’une telle folie.

  6. L’écriture dite inclusive est profondément exclusive pour ceux qui apprennent ou tentent d’apprendre la langue française : illisible, complexe, imprononçable, inintelligible… c’est à ce titre que le comité à la francophonie l’a condamnée : nous sommes la seule langue au monde à pratiquer ce charabia rebutant.
    La circulaire Blanquer de 2017 est claire : elle est proscrite. Il n’y a donc qu’à l’appliquer, et Mme Hidalgo, à son niveau de responsabilité et d’ambition doit être exemplaire dans le respect des règles , et non pas tout bouter pour son idéologie personelle et agressive.
    Jr

  7. Avatar de Patrick
    Patrick

    Plutôt que de créer une hypothétique loi sur l’emploi du français, n’existe-t-il pas déjà un texte (loi, décret, édit…) disposant que le français est la langue officielle de l’Etat français et qu’en conséquence la langue française, telle qu’elle est définie, s’impose à toutes ses collectivités ? Libre à certains particuliers, auteurs, artistes etc de prendre quelques libertés avec la langue mais pas les instances officielles !
    Peut-être qu’un historien pourrait chercher et trouver ce texte-là qu’on pourrait brandir sous le nez de notre Maire parisienne..!

  8. Avatar de Broussy
    Broussy

    Tout à fait d’accord avec ce qui est dit ci-dessus. Quels sont ces gens qui nous dirigent?

  9. Avatar de robert simonet
    robert simonet

    Je ne peux qu’approuver.Le seul mérite de cette tentative d’effacer tout ce qui peut manifester de notre culture est qu’elle est tellement outrancière qu’elle réveille les consciences.
    Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg et il faut en effet se mobiliser, car, comme le dit notre président: nous sommes en guerre.

  10. Avatar de Elisabeth
    Elisabeth

    Je ne me fais pas trop de souci pour « cette Mode » d’écriture inclusive qui est imprononçable, illisible et complexifie à outrance une langue qui l’est déjà. Portée par le mouvement LGBT (plutôt L que G d’ailleurs) elle trouvera rapidement ses limites et s’essoufflera toute seule. Par contre la féminisation des mots est plus inquiétante (Autrice me fait penser à autiste ou autruche) car elle gagne du terrain (création de tout un ensemble de nouveaux mots) et surtout intègre l’exclusion. Avant lorsque vous écriviez « Chers lecteurs » en tant que femme je me sentais incluse, il ne me venait pas à l’idée que vous vous adressiez exclusivement à ces Messieurs. Dans le futur, si on laisse faire, celui qui omettra de préciser « chères lectrices » ne s’adressera plus qu’au sexe masculin !!!. Outre la nouvelle difficulté dont celle de n’avoir surtout oublié personne.e,cette forme de singularisation du Féminin/Masculin ne créera au final que de la ségrégation. But recherché pour créer de nouvelles victimes ??

  11. Avatar de Marie

    Vous ne pensez pas une seule seconde que madame Hidalgo puisse être élue par le peuple français? J’espère qu’il n’y a qu’elle et son entourage pour le croire, surtout avec une telle attitude. S’attaquer à la langue française, quel outrage!

  12. Nous sommes en effet dans une époque des plus étranges où la croyance prévaut sur la science. Comment une société et ses dirigeants, même par pur populisme, peuvent-ils se coucher aussi ignominieusement devant des minorités (que dis-je, des nano-rités) simplement parce qu’elles sont vociférantes.
    Il m’apparait que cette volonté d’imposer cette écriture inclusive participe de la même dynamique que les mouvements Culture Cancel, Woke, et autres mouvements adeptes d’anachronisme. Sans doute, cette écriture se heurtera en effet à sa complexité (et son illisibilité) à un moment où l’on dégrade autant les niveaux scolaires et où on fait disparaître les numéros romains parce que trop compliqués (!?!). Vive Louis 14 et Henri 4 ! Mais rien n’est sûr. Certains professeurs continuent par pure idéologie à utiliser la méthode globale (catastrophique), inventée aux US et abandonnée depuis 40 ans.
    Par amusement, on m’a offert récemment des annales du Certificat d’Études en 1923. On y demande, par exemple, aux candidats de trouver une définition de mots tels que « olographe », « diapré », « pénultième », « sybarite », ou « misanthrope ». Je crains qu’il ne puisse y avoir beaucoup de bacheliers d’aujourd’hui qui aient le niveau en français du Certificat d’Études de l’époque.

  13. Avatar de coltelloni maguy
    coltelloni maguy

    Cette idée de l’écriture inclusive est complètement burlesque. J’espère qu’elle ne sera jamais appliquée

  14. Avatar de Ange-Marie Coltelloni
    Ange-Marie Coltelloni

    Nous avons la chance d’avoir une des plus belles langues qui soient. On voudrait la démolir qu’on ne s’y prendrait pas autrement

  15. Avatar de MBénédicte
    MBénédicte

    « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué » en effet, et surtout incompréhensible ? Dans un monde déjà fort complexe où tout devient une prise de tête, ne devrait-on pas s’occuper de sujets bien plus graves ou profonds ? Quelle énergie perdue en pure perte ! Car ceux-là mêmes qui ont trouvé cette fausse bonne idée de l’écriture inclusive sont des ignares prétentieux qui ne savent pas qu’une langue vit par elle-même. Des formes syntaxiques, des mots, des tolérances, des usages… apparaissent et d’autres disparaissent d’eux-mêmes, se transforment, se modifient parfois même à la va comme je te pousse. Toute cette affaire d’écriture inclusive, selon la formule éponyme de Shakespeare, n’est que « Beaucoup de bruit pour rien ». Néanmoins, il est plus que judicieux malheureusement de le crier haut et fort afin de rabattre le caquet des ignares prétentieux. Merci à ceux qui se lèvent à l’Assemblée, au Sénat et dans la société civile pour refuser une idée stérile et contre-productive.

  16. Avatar de Ewa B

    Bonjour,
    existe-t-il une pétition ou autre forme de réaction protestant contre la transformation unilatérale par la Mairie de Paris des règles de grammaire?

  17. Avatar de Danou

    Merci Monsieur Revel,de conforter ma colère contre cette imbécile volonté d’établir une écriture inclusive.
    Je n’ai pas son talent pour le dire aussi bien mais j’adhère à sa démonstration de l’absurdité de cette polémique

  18. Avatar de jp75003
    jp75003

    Je me bornerai au fait que notre langue ne connait pas de 3 eme genre : le neutre, c’est donc soit le masculin soit le féminin. Lequel des deux doit l’emporter ? L’invention de la loi salique a déjà répondu à cette question.
    « On ne nait pas femme on la devient » aurait du écrire Simone de Beauvoir si elle n’avait assimilé les règles concoctées depuis le XVIIe pour donner au genre masculin la place qu’il occupe aujourd’hui dans la langue française.
    N’oubliez pas que les règles appliquées aujourd’hui dans notre langue ne sont que le résultat d’une masculinisation imposée à partir du XVIIe siècle, non pas par la linguistique mais par l’idéologie patriarcale qui domine.
    Madame de La Fayette, le savait parfaitement, elle qui avait un pseudo, au moins pour Le Grand dictionnaire des précieuses, paru en 1661, où elle apparaît sous le nom de Féliciane. Dans ses romans, point de pseudo. Son nom n’apparaît tout simplement jamais.
    Et pourtant, au Moyen-Âge, la langue française permettait, à la fois avec la grammaire et le vocabulaire, d’exprimer à égalité le féminin et le masculin. Les noms de métiers par exemple existaient déjà au féminin, même le bourreau avait son équivalent, la bourrelle : »Femme chargée de l’exécution de certaines peines (le fouet, etc.) infligées à des femmes ».
    Quant à l’accord de proximité il était très répandu, c’est l’Académie Française qui l’a supprimé.
    Sans oublier, Scipion Dupleix qui en 1651, décrète que « Parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut seul contre deux ou plusieurs féminins, quoiqu’ils soient plus proches de leur adjectif ». Pourquoi « plus noble » ? En 1767, le grammairien Nicolas Beauzée répond : « à cause de la supériorité du mâle sur la femelle ». Les femmes apprécieront…
    1-Voir: sur la bourrelle :https://www.cnrtl.fr/definition/bourrelle
    2-Voir: Sur l’accord de proximité : http://www.gauchemip.org/spip.php?article16561
    3-Voir: Sur Nicolas Beauzée » Grammaire générale, ou Exposition raisonnée des éléments nécessaires du langage »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Beauz%C3%A9e
    4-Voir : sur le contexte intellectuel de l’origine du principe ayant abouti à la croyance que selon laquelle, en matière de genre grammatical, «le masculin l’emporte sur le féminin»
    http://www.slate.fr/story/153675/ecriture-inclusive-masculiniste-grammatical
    Péril mortel, expression d’une pensée directoriale, d’un massacre de la langue française, chacun appréciera.

  19. Avatar de JR001

    Merci JP pour votre analyse et vos références.
    Le retour de l’accord de proximité serait en effet un moyen élégant et équitable d’apaiser ce débat tout en préservant la beauté et l’interlude notre langue…

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