Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Auteur/autrice : Vivre le Marais

  • Hocquart rvp 13 05 14Frédéric Hocquard (de face), au lendemain de sa prise de fonction en 2014 ; entretien avec des représentants de "Vivre Paris !" (Photo VlM)

     

    Son "Conseil de la Nuit" de cinq personnes auprès du Premier Adjoint à l'Hôtel de Ville Bruno Julliard, dédié à l'animation des nuits parisiennes, a maintenant sa "Newsletter" dont nous nous faisons un devoir de diffuser le n° 4.

    Sur le thème "La nuit est à tous !" qui est une invitation à vivre la nuit, ce qui sous-entend "faire la fête", ce qui implique boire et se livrer au tapage nocturne, Frédéric Hocquard annonce vouloir promouvoir les pratiques   festives "responsables" auprès des noctambules.

    C'est un bel exemple d'oxymore, au même titre que "l'obscure clarté" de Corneille dans Le Cid. M. Hocquard le reconnait du reste implicitement quand il parle "d'ivresse excessive, nuisances sonores, mal-propreté et harcèlement". On sait trop par expérience que les pratiques festives nocturnes sont rarement responsables. Ou plutôt si ! Elles sont responsables de toutes les dérives dont les parisiens supportent les nuisances.

      

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    A11Façade du Syndicat de l’Épicerie française 12 rue du Renard (IVe) 

     

      

    Durant les vacances d'été, à la demande de lecteurs fidèles, nous consacrerons un certain nombre d'articles au patrimoine architectural du Marais.

    Nous débutons cette série par la rue du Renard (IVe)

    L’immeuble du Syndicat de l’Épicerie française, qui est situé juste à côté de l'école Saint-Merri 12, rue du Renard a été construit par Edouard Bauhain (1864-1930) et Raymond Barbaud (1860-1927) qui en édifièrent plusieurs autres, avenue Victor Hugo ou rue Edouard Lalo par exemple. Nous avions évoqué cette construction dans un article consacré aux immeubles art nouveau et art déco du Marais. Édouard Bauhain a aussi bâti à Paris des habitations bon marché dans le XIXe (square Bolivar et rue Bolivar), dans le XIIe (rue du Sergent Bauchat) et dans le XVe rue de la Convention, et avenue Félix Faure. quant à Raymond Barbaux , nous lui devons l'église d'Obézine à Angoulême. Plusieurs constructions, des deux architectes notamment à Bordeaux sont classés monuments historiques 

    Certains estiment que l'édifice de la rue du Renard présente en fait un caractère assez germanique par son décor, de grosses têtes superbes, de grands cartouches aux encadrements richement fleuris, de larges arches au rez-de-chaussée, évoquant les nombreuses gares alors construites dans tout l’empire, telle celle de Metz.

     

    A0Une des grosses têtes sculptées, très "Jugendstil" réalisée par le sculpteur Jean-Louis Rispal

     

    L’ornementation toute en sculptures est l’œuvre du bordelais Jules Louis Rispal (1871-1909) qui a collaboré avec les 2 architectes mentionnés plus haut. Ainsi les Quatre Saisons qui surmontent deux fenêtres du 1er étage sont remarquables. Les portes et les ferronneries sont particulièrement soignées et concourent elles aussi à ce « Jugendstil… cet art nouveau atypique » qui a fait peu d'émules dans la capitale mais fait de cette construction un immeuble rare qui malheureusement ne peut pas être admiré à cet endroit car le trafic routier ne permet pas de prendre du recul sinon de le faire à partir du trottoir opposé de la rue du Renard.

    Il est intéressant de noter que le syndicat n’occupait que les niveaux inférieurs, le reste étant un immeuble de rapport.Transformé en théâtre en 1994, ce dernier a évolué.

    Exploité par le groupe Pearl, le théâtre a été réaménagé, entièrement redécoré, pour être loué ou privatisé lors de manifestations diverses dont il arrive que le bruit incommode le voisinage.

    Dominique Feutry

     

  •     Nonza 10 07 17Village typique du Cap Corse : Nonza

     

     

    Il a fallu que les vacances 2017 nous éloignent de Paris pour réaliser qu’il se passe assez loin de la capitale des évènements qui sont en résonance avec les combats que nous menons à Paris tout au long de l’année. Disons le tout de suite : vous allez être entrainés dans un tourbillon narratif qui mélange des sujets qui n’ont entre eux aucun rapport… en apparence.

    Précisons pour commencer ce qu’est Canari. Un village du Cap Corse éclaté sur onze hameaux dont chacun a sa chapelle votive tandis que la piève (centre) bénéficie d’une église baroque de belle taille dédiée à Saint-François. Elle est attenante à un couvent qu’on doit aux moines franciscains qui l’occupèrent jusqu’en 1729, date de la première révolte des Corses contre les Génois. En représailles, les Génois l’incendièrent. En souvenir de Saint-François, le couvent, restauré désormais et transformé en gîte rural, a pour enseigne "i fioretti (les petites fleurs)", par référence au recueil qui porte ce nom, florilège anonyme de contes miracles et histoires merveilleuses sur la vie du saint.

    CouventCanari : le couvent « i fioretti » et l’église Saint-François (Photos VlM)

     

    La configuration des lieux, avec l’église, le couvent et son cloitre, propices à la tenue de concerts et à l’hébergement des chanteurs et  membres du jury, a donné l’idée à Jacky SCAGLIA, issu de la diaspora du village, de réaliser son rêve d’ancien chanteur de la Scala de Milan en lançant en 2003 un festival sous la forme d’un concours international de chant lyrique pour chanteurs d’opéra et opéra-comique. Il se déroule sur une semaine fin août début septembre.

    L’initiative de Jacky SCAGLIA a bénéficié du soutien d’un des plus grands barytons que la France ait connu : Gabriel BACQUIER, un Leporello, un Rigoletto et un Falstaff mémorables. C’est sous son autorité qu’ont été ouverts le concours et une master-class, dont il a partagé la direction avec la soprano Michèle COMMAND, 1er prix de chant et d’art lyrique du conservatoire de Paris. Ils ont depuis cédé la présidence à Renée AUPHAN qui a dirigé avec autorité et compétence depuis 2002 l’Opéra de Marseille.

    Il a fallu une étincelle dans les yeux de Jacky SCAGLIA pour que le projet prenne corps. De la même manière, c’est à Michel RAUDE que nous devons le festival du Marais dont l’idée a germé en 1961-62 sur la découverte de poutres peintes d’un plafond Louis XIII dans l’Hôtel de Vigny, rue du Parc Royal (IIIe). Il s’en suivit, avec la loi Malraux, un programme de restauration du Marais dont la première réalisation fut l’Hôtel de Marle, rue Payenne (IIIe). A la date d’aujourd’hui, tous les immeubles monuments historiques ont été sauvés et réhabilités (paradoxalement c’est l’Hôtel de Vigny, propriété des Thés Mariage Frères, celui par qui le sauvetage est arrivé, dont la restauration est la plus tardive).

     

    Clocher Canari et le Cap Corse : un cadre et un panorama d'exception

     

    Il serait présomptueux de prédire au festival de Canari un succès aussi massif que celui du Marais qui en 50 ans a vécu une renaissance et une mise en valeur qui en font le secteur le plus visité de Paris. Cependant nous constatons une similitude de destins qui nous invite, de part et d'autre de la Méditerranée, à faire savoir par le biais de nos moyens de communication respectifs notre satisfaction de constater que la musique, la vraie, celle qui s’exprime par la voix et les instruments, n’est pas prête à se laisser étouffer  par la musique enregistrée et amplifiée, celle qui nous est infligée notamment par les débiteurs de boissons alcooliques à chaque occasion  de "faire la fête".

    Autre raison, face au tourisme de masse, nous constatons avec satisfaction que les médias commencent à réagir devant le péril qui menace les centres-villes historiques. Les élus qui ont la responsabilité de les gérer le font très mollement car leur ambition personnelle les pousse à attirer sur leur ville les projecteurs de la renommée. En cela, ils poursuivent une politique égocentrique qui fait peu de cas de l’intérêt national, et bâtissent leur réputation en sacrifiant au besoin le bien-être de leurs administrés ou des pans de leur patrimoine collectif.

    C’est ainsi qu’on a maintenu Roland Garros à Paris au prix de la destruction partielle des Serres d’Auteuil en retirant à Versailles, qui n’a pas de contrainte d’espace, l’opportunité d’héberger le tournoi. C’est ainsi qu’on est prêts à grands frais à la Mairie de Paris à livrer en pâture les principaux monuments de Paris en 2024 pour accueillir le charivari que sont les Jeux Olympiques.

    Palmarès 1Annonce du palmarès 2016 par Renée AUPHAN

     

    Face à cette grande braderie, il est réconfortant de se dire que la France dispose sur son territoire d’une multitude de sites comme Canari qui se surpassent pour offrir à leur échelle des spectacles d’une grande qualité, magnifiés par le cadre naturel dont ils bénéficient. Des spectacles qui ne doivent rien aux artefacts de l’électronique et à ses décibels et aux adjuvants trompeurs que sont l’alcool et les stupéfiants.

    Nous voulons qu’ils aient une large place à Paris pour perpétuer le « Festival du Marais » qui a signé l’acte de baptême de son renouveau. Dans cette optique, Canari est pour nous l’occasion de le dire : nous soutenons avec force la musique vocale et instrumentale et souhaitons qu’elle occupe une place plus large encore dans l’image que les médias véhiculent du Marais.

    « Vivre le Marais ! » qui combat sur deux fronts, le patrimoine collectif dont nous sommes dépositaires et la qualité de vie des habitants, s’associe à « Culture et Patrimoine » une association amie qui a vocation à faire connaitre ou redécouvrir Paris et le Marais, son centre historique et culturel, pour adresser leurs encouragements aux organisateurs du "Concours International de Chant Lyrique de Canari" et à toutes les communes de France pour que la culture se décentralise et draine en la répartissant la manne du tourisme. Nous espérons que ce parrainage soit un exemple suivi de relation décentralisée entre Paris et d’autres régions de France.

    Des membres de nos deux associations ont décidé à titre personnel de financer un prix « Paris Marais » de 1.000 €. Nous serons membres du jury pour son attribution en comptant que le ou la lauréate poursuive avec nous à Paris des relations autour de son art ; des évènements auxquels nos adhérents et sympathisants seront conviés.

    Gérard Simonet

     

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    A5Etat actuel des colonnes de l'immeuble à l'angle des rues Michel le Comte et du Temple (IIIe) (photo VlM)

     

     Avec quelques photos prises au débotté d'une marche habituelle dans un des quartiers du Marais, on constate a quel point, sur une simple centaine de mètres, la saleté et le laisser-aller sont partout présents et de plus en plus déroutants.

    Oui il y a  beaucoup de touristes en ce moment particulier de l'année, oui les incivilités s'accroissent, oui les vacances réduisent les moyens humains de nettoyage mais tout de même…! Comment peut-on prétendre devenir la ville des Jeux Olympiques où l'afflux de visiteurs sera bien plus important et les problèmes de propreté seront décuplés en ne parvenant pas aujourd'hui à régler correctement le sujet de la propreté ?

     

    A3Accumulation d'ordures à l'angle des  rues Michel le Comte et du Temple (IIIe) (photo VlM) 

     

    De plan de propreté en plan de propreté,  de consultation en consultation dite "citoyenne" et autre parade, combien de temps encore les parisiens vont-ils être pris pour des ânes, alors que parallèlement à tous ces faux-semblants d'actions, la fête quasi permanente est bien réelle avec toutes ses conséquences allant des beuveries au bruit que doivent subir les riverains dans leur sommeil, sans oublier les dégradations multiples et répétées qui vont de cette nouvelle tendance qui consiste à renverser les pots (cf article du 22 mai 2017) ou bien à uriner n’importe où.

      

    A1Réverbère dégradé et devenu dangereux le long du jardin jouxtant le musée de la Chasse rue des Quatre Fils (IIIe) (photo VlM)

      

    Pourquoi aussi laisser chaque année le même annonceur maculer tout un quartier d'affiches pour visiter une exposition de photos non loin du musée Picasso ?

    Même le mobilier urbain est délaissé  tels les réverbères dont la trappe en fonte est enlevée, laissant les fils électriques apparents et pouvant provoquer une  électrocution.  

     

    A0Etat actuel de la Fontaine des Haudriettes dont la porte a été récemment restaurée, à l'angle des rues des Haudriettes et des Archives (IIIe) (photo VlM) 

      

    Non vraiment le problème de le  propreté n'a absolument pas été pris en main et devient non seulement la verrue de Paris mais l'épée de Damoclès de l'équipe municipale en place à qui nous recommandons d'aller prendre des idées dans les villes et capitales qui ont traité efficacement cette question.

    Cette situation est consternante ! Nous avons alerté une nouvelle fois le service de la propreté.

    Dominique Feutry 

     

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    A02L'entrée de l'Hôtel National des Arts et Métiers 243, rue Saint-Martin (IIIe) (photo VlM)

      

     

    Nouveau venu au sein du groupe privé Clé fondé en 2014, l'Hôtel National des Arts et Métiers qui vient d'ouvrir après plus de 4 ans de travaux dresse sa magnifique façade Haussmannienne 243 rue Saint-Martin (IIIe) face au portail d'entrée de l'église Saint-Nicolas des Champs (voir notre article du 13 octobre 2012).

    Le Groupe Clé qui possède l'Hôtel Bachaumont de la rue éponyme, Paris (IIe), s'apprête à ouvrir aussi un établissement 4 étoiles de 140 chambres à Tel Aviv.

    Si l'extérieur est réussi, l'intérieur l'est tout autant. Aménagé par le designer Raphael Navot et l’agence d’architecture DVVD, les matières et textures retenues de couleurs tendance (blanc, noir, beige, taupe… ) se marient à merveille ensemble. La cour intérieure bénéficie d’une verrière ouvrante. De nombreuses plantes vertes parsèment l'espace sobre et raffiné à la fois.

     

    A03Vue du patio et à l’arrière plan du Ristorante National (photo VlM)

     

    Depuis la rue Réaumur jusqu’au patio de l’hôtel, le Ristorante National se déploie « à la manière d’une trattoria chic » et propose des plats typiquement italiens

    Le bar à cocktails Herbarium ouvert dès 18h00 aux clients de l'hôtel et aux parisiens est situé au fond de l’immeuble derrière le patio. L'éclairage, le mobilier, les tons employés lui donnent un aspect calme et reposant.

    Une adresse à découvrir.

     

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    A 12Le directeur général d'Airbnb, Brian Chesky exposant sa stratégie à Los Angeles (photo La Voix du Nord) 

     

     

    Dans un article de « l’Observateur du crédit immobilier du Crédit Foncier » de juin 2017, le Professeur Nicolas Tarnaud de l’Université de Bordeaux analyse ce qu’il appelle « la révolution Airbnb ».

    Après avoir rappelé la révolution digitale et l’existence antérieure de Homeway à l’étranger ou Abritel en France, il souligne qu’Airbnb qui compte 160 millions de clients a totalement profité de la mondialisation du tourisme, des prix élevés de l’immobilier dans les « villes mondiales » et a « changé la manière de communiquer et de consommer les logements meublés dans le monde… Les professionnels de l’immobilier et même les hôteliers passent par la plateforme pour diminuer la vacance de leurs chambres ou appartements. » Les entreprises (simplicité, tarifs avantageux) l’utilisent pour leurs salariés. Au final Airbnb a favorisé le développement de l’économie collaborative, c'est-à-dire la symbiose d’un changement culturel, d’un changement technologique, de l’envie d’un lien social plus fort, du rejet de l’économie classique et de ses grandes entreprises.   « Le tourisme collaboratif et participatif – créateur aussi de liens sociaux – est ainsi apparu. »

    D’après certaines études Airbnb génère en moyenne 2.100 € par an à ses hôtes et 1,6 milliards d'€ de retombées économiques à Paris (2016).

    Cela n’est pas sans incidence sur le prix des loyers comme dans les quatre premiers arrondissements de Paris, l’action d’Airbnb et consorts créant un phénomène de raréfaction des logements. Le rendement d’un logement meublé est de 30 à 50% supérieur à celui d’un logement nu. Dès lors précise t-il « plus le différentiel de rendement est important entre les 2 formules et plus le locations nues seront rares dans les zones touristiques recherchées. » (NDLR comme le centre de Paris et donc le Marais !). Selon lui « en se financiarisant, l'immobilier est devenu un actif de référence pour les institutionnels comme pour les privés » et ajoute que « la valeur totale du patrimoine immobilier dans le monde représente trois fois le PIB mondial » 

    Du côté statistique l'article mentionne que la France est de le 2ème marché d'Airbnb après les États-Unis , notre pays compte 300.000 hôtes, a enregistré 400.000 logements (78.000 pour Paris et l'Île de France) – à comparer aux 650.000 chambres d'hôtels – et 8 millions de voyageurs ont occupé ces logements en 2016 ! De quoi donner le tournis !

    Face à cette expansion, nombre de grandes villes ont pris des mesures restrictives, Paris semble s'y mettre (voir notre article du 05 juillet 2017). Amsterdam limite la location, à 60 jours pas an, New York interdit de louer plusieurs appartements simultanément ou pour une durée inférieure à 30 jours . Berlin interdit même de louer un apparentement entier pour des locations saisonnières, sinon l'amende est de 100 K € !

    Consciente de ces réactions en chaîne, Airbnb a commencé a réagir en offrant des services annexes d'activités complémentaires dites « Tripos » et en limitant un propriétaire à ne louer à Paris que 120 nuitées par an. La Société a même mis en place la collecte de la taxe de séjour de Paris auprès de ses utilisateurs.

    Le jugement de la cour d'appel de Paris de juin 2016 est cité sachant que dans les contrats de copropriété la « clause d'habitation bourgeoise » interdit dans les lots dédiés à l'habitation toute activité commerciale. (y compris les locations de courte durée). Aussi lorsqu’un propriétaire obtient les autorisations administratives requises, il ne peut pas louer en meublé touristique si la clause en question existe dans le règlement de l'immeuble

    Dernier point, et non des moindres, l'incidence des locations touristiques contribue à la pénurie de logements aggravée par le blocage des loyers édicté par la loi ALUR …

    Alors outre ces mesures , les contrôles opérés avec renfort de publicité sont il efficients ?

    En conclusion le professeur Tarnaud cite un directeur de start up pour qui le B2C et le B2N n’existent plus au profit de P2P, c'est-à-dire « People to people » et s’agissant d'un sujet planétaire Airbnb cherche à « devenir la plateforme incontournable du voyage en le rendant plus authentique plus locale avec plus de services… »

    Il importe donc que les municipalisés, en lien avec le législateur, mettent en place des textes pour réguler cette activité. Sinon il en risque d'en coûter cher au secteur de l'hôtellerie… et les centres villes deviendront invivables et se dépeupleront de leurs habitants.

     

     

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    A13Le centre d'appels d'urgence commun aux pompiers et à la police  (photo Le Parisien) 

     

     

    Nous nous sommes procuré un document de la préfecture de police relatif à la "Plateforme des appels d'urgence (PFAU). Mutualiser pour mieux sauver."
     
    Mise en place depuis plusieurs mois, la PFAU, hébergée au sein du centre opérationnel de la brigade des sapeurs pompiers de Paris, reçoit tous les appels 112 et 18 de la petite couronne et les appels 17 de Paris et du 93 ( une étude est en cours pour y intégrer les appels des 92 et 94). 
     
    Cela permet de "mutualiser pour mieux sauver". Pourquoi ? Explique  le document. 
    Tout d'abord cela permet de cibler plus rapidement les appels d'urgence et de détecter en fait les appels non urgents des appels qui le sont réellement. Ensuite la mutualisation des moyens de la police et des pompiers permet des interventions plus rapides et améliore in fine la sécurité, face à certains risques ou menaces. Autre avantage enfin à souligner, ce regroupement permet des économies d’échelle et des réductions de coûts. 
     
    La PFAU fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Les appels sont reçus et filtrés par un opérateur en fonction de leur nature (11 postes de travail). Les appels transférés considérés comme urgent sont traités soit par les opérateurs pompiers, soit par les opérateurs police (21 postes).  Il est indiqué que 43% des appels reçus sont qualifiés en effet de non urgents! 
     
    La mise en place d'un système informatique commun à tous les opérateurs est une avancée certaine. Mais cela demande rodage et pédagogie à l'égard des usagers qui aujourd'hui avouent être un peu perdus et frustrés de ne plus pouvoir appeler leur commissariat directement et de devoir payer leur communication…
     
    Dominique Feutry
     
     
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    AaLe Conseil de Parais en séance

      

     

    Nous avons évoqué à de nombreuses reprises les excès des locations touristiques et ses conséquences néfastes dans les copropriétés et sur le marché de l'immobilier.

    Le Maire du IIIe arrondissement Pierre Aidenbaum a fait une intervention à ce sujet au dernier Conseil de Paris, que nous reproduisons in extenso. A la suite de sa proposition le Conseil de Paris a voté la mise en application du décret dit Airbnb qui est issu de la loi sur le numérique de mai 2017. Il donne la possibilité aux communes de plus de 200.000 habitants et à celles de la petite couronne parisienne de contraindre les loueurs de logements meublés utilisant des plateformes internet de type Airbnb, Homeaway, Abritel… à se déclarer en mairie pour obtenir un numéro d’enregistrement. 

    La capitale est la première grande ville à mettre en œuvre le dispositif d’enregistrement obligatoire. A compter du 1er décembre 2017.

    Airbnb, pour laquelle Paris est le second marché du monde avec 65.000 logements revendiqués (devant New York et Londres), a proposé de mettre en place un système de blocage automatique dès lors que le maximum des 120 nuits est dépassé, puis de transmettre à la ville les coordonnées de ceux qui demandent à dépasser ce seuil. Ce système déjà en place à Londres et à Amsterdam permettait ainsi des contrôles ciblés et efficaces.

    Pierre Aidenbaum, comme Véronique Levieux conseillère de Paris élue du IIe, considère du reste que ce nombre de 120 nuits devrait être revu à la baisse avec l'interdiction de le considérer "par plateforme". Nous découvrons à ce propos que des propriétaires découperaient cette tolérance pour qu'elle s'applique pour chacun des sites de réservation…

    Espérons que ces  dispositions vont permettre de mieux réguler un marché devenu quasi incontrôlable. 

     

    Intervention de Pierre Aidenbaum
    Mairie du 3ème arrondissement
    Conseil de Paris : Séance des 4 et 5 juillet 2017

     

    Aidenbaum 19 02 14

    Madame la Maire,
    Mes chers collègues,

    c'est en effet avec une grande satisfaction que j'ai vu arriver à l'ordre du jour de notre Assemblée cette délibération actant la mise en place d'un service d'enregistrement préalable des locations touristiques saisonnières. En effet, comme vous le savez, ce phénomène en pleine expansion, surtout dans le Centre de Paris, constitue une offre intéressante pour les touristes qui veulent visiter la Capitale, mais non régulée, elle amène avec lui son lot de problématiques qui interpellent de plus en plus nos concitoyens : nuisances dans les copropriétés, captation de logements qui ne servent plus à héberger des foyers qui font la mixité du Centre de Paris, transformations non autorisées de logement en chambre d'hôtel au détriment de ces derniers. Il est grand temps d'apporter des solutions pour que cette économie du partage ne devienne pas une économie de l'éviction sociale.
    Vous avez d'ores et déjà réussi à obtenir de la principale plateforme de locations touristiques saisonnières la récolte de la taxe de séjour et son reversement à la Ville, ce dont je vous remercie.

    Depuis, vous avez toujours marqué votre attachement à ce dossier, notamment en augmentant le personnel enquêteur au nombre de 25 agents, ce qui est naturellement insuffisant, mais qui a déjà permis, depuis le début de cette année par exemple, la poursuite et la condamnation à des amendes pour 300.000 euros des propriétaires les plus récalcitrants.
    Cette vigilance a permis de régulariser ou de faire revenir à leur vocation initiale près de 900 logements qui sont autant de solutions pour les familles qui cherchent à se loger.

    Néanmoins, ce phénomène qui se déploie à la vitesse d'Internet ne pourra pas être régulé uniquement par des contrôles inopinés, des opérations coups de poing ou des signalements souvent difficilement exploitables.  J'ai déjà eu l'occasion de le dire ici même, il faut responsabiliser les plateformes, qui doivent elles-mêmes garantir le respect des règlements et des lois par les propriétaires qui les utilisent.  C'est justement d'éléments législatifs dont nous manquions et que la loi pour une République Numérique a en partie comblé.

    En effet, je voulais remercier le précédent Gouvernement pour avoir voté cette loi et je salue cette mesure qui nous permet de proposer aujourd'hui cette délibération : la possibilité pour les communes de mettre en place une sorte de permis de louer pour les propriétaires désireux de louer leur résidence principale, moins de 120 jours par an, ou pratiquant la location commerciale à titre habituel.
    Cette déclaration préalable permettra de délivrer un numéro d'enregistrement qui devra obligatoirement être mentionné sur chaque annonce. En outre, les plateformes de location devront stopper à 120 jours de location, ce qui est trop à mon avis et j'y reviendrai, les locations occasionnelles pour les résidences principales afin de faire respecter la loi en vigueur.
    Ce nouvel outil permettra de mieux localiser les appartements utilisés dans ce cadre et de mieux repérer ceux qui semblent ne pas respecter le règlement municipal.

    Ce travail d'exploitation des données préparera et facilitera le travail des agents enquêteurs, et donc, le retour à un usage autorisé. 

    Je me permettrai pour conclure, Madame la Maire, de préciser que j'appelle le nouveau Gouvernement à ne pas perdre le sens de l'action de leurs prédécesseurs. D'autres décrets doivent être pris pour finir de responsabiliser les plateformes comme la transmission aux services fiscaux des revenus issus de ces locations pour une imposition directe, disposition inscrite dans la dernière loi de finances, je le rappelle, ou le calcul des fameuses 120 nuits par appartement et non par plateforme. Madame la Maire, mes chers collègues, l'économie de partage est une belle idée, quand elle permet des progrès et que cela bénéficie à tous. Elle s'éloigne de son esprit initial quand elle vise à s'abstenir des lois et qu'elle prend le risque de défigurer nos quartiers.

    Ainsi, c'est avec satisfaction que je vois Paris ne pas attendre pour saisir ces dispositions intelligentes, ce qui va dans le bon sens pour réguler ce phénomène.
    Mais ce n’est pas suffisant, il faut aller plus loin et notamment envisager de réduire la durée de location des nuitées limitée aujourd’hui à quatre mois par an. A cet égard, je partage la proposition de Véronique Levieux pour demander à ce que ce délai soit réduit à deux mois; mais aussi prévoir des mesures spécifiques pour les quatre arrondissements du centre de Paris. D'autre part, ne serait-il pas également envisageable, dans une nouvelle loi, d'étudier la possibilité d'un quota maximum par secteur de manière à trouver des solutions à ce phénomène qui, si nous ne prenons pas le problème à bras le corps, va s'accentuer malgré tout ce que l'on pourrait faire ?

    Je vous remercie.

     

  • Sévigné 1Entrée des Ateliers Beaux-Arts du centre de Paris, 48 rue de Sévigné (IIIe) (Photo VlM/AP)

     

     

    En 2014, la Maire de Paris et son Adjoint pour l'urbanisme Jean-Louis Missika annonçaient le plan "Réinventer Paris"  pour la transformation de 23 sites parisiens. Les entreprises intéressées avaient délivré 372 projets

    Forts de ce résultat, Anne Hidalgo et son Adjoint ont décidé en 2017 de renouveler ce concours sous l'étiquette "Réinventer Paris II" pour transformer les souterrains de Paris et révéler leur potentiel, avec un slogan : "sous les pavés, l’avenir !"

    On apprend avec un certain étonnement que le bâtiment du 48 rue de Sévigné (IIIe) qui n'est manifestement pas sous les pavés serait concerné et court le risque d'être vendu, si l'on en croit le corps professoral des "Ateliers".

    Face à cette perspective, les professeurs publient une lettre ouverte à destination des élus. Nous la publions ci-dessous :

     

    Gardons vivants les Ateliers Beaux-Arts de la rue de Sévigné !

     

    Nous venons d'apprendre que le centre des Ateliers Beaux-Arts de Paris où nous enseignons, situé au 48, rue de Sévigné dans le troisième arrondissement fait partie du projet « réinventer Paris 2 ».
    À court terme, cela implique que d'ici deux ans environ, il sera affecté à d'autres activités et les treize ateliers le constituant seront dispersés dans des locaux aujourd'hui inconnus.

    Nous voudrions vous alerter sur la façon dont cette décision a été prise : sans concertation et en niant purement et simplement la vie et l’activité déjà existante de ce centre en l’incluant dans une liste de lieux vides voire désaffectés tels que d’anciens postes de transformation, abattoirs, stations de métro, tunnels, parcs de stationnement, etc.

    Nous sommes d’autant plus surpris que le dernier audit de l’inspection générale des services souligne la bonne santé des Ateliers Beaux-Arts de Paris (ABAVP) tant au service des Parisiens que du point de vue de leur coût.

    Les Ateliers Beaux-Arts de Sévigné ont une histoire qui en fait une institution au sein des pratiques amateurs de la Ville de Paris. Au fil des années, le centre a acquis une réputation dépassant largement le quartier : nombre de Parisiens mais aussi de Franciliens et d'étrangers sont venus s'exercer aux différentes pratiques proposées : dessin, peinture, gravure, photographie, histoire de l'art, écriture.

    Depuis plus d’un siècle, les ABAVP proposent un enseignement artistique adressé à tous, d'un niveau supérieur, correspondant à la qualité et à la diversité des 80 artistes qui y enseignent.

    Répondant à une forte demande des Parisiens d'avoir un lieu central consacré à la pratique des Beaux-Arts, « Sévigné » a été créé à l'initiative de Jean Cardot, membre de l'Institut de France et inspecteur des ABAVP de 1983 à 2006. Jean Cardot avait pu convaincre Jacques Chirac, maire de Paris, de l'importance stratégique de ce lieu pour la cité. Et nous ne pouvons que nous étonner des choix d'une mairie dans la seconde moitié de sa mandature qui ferme progressivement des espaces de culture ouverts depuis tant d'années aux Parisiens.

    Sévigné 2

    Depuis sa création, « Sévigné » accueillera successivement le public et les professeurs du centre de la place des Vosges, autre endroit emblématique contraint de fermer ses portes en 2005, ainsi que celui de l'Hôtel de Lauzun un peu plus tard.

    Sa situation géographique, dans le cœur historique de Paris a fortement contribué à son rayonnement et à son attractivité.

    Nos élèves, informés de la fermeture prochaine de leurs ateliers, nous témoignent quotidiennement de leur désarroi et de leur tristesse face à la perte de cet endroit exceptionnel par son caractère historique, sa centralité, sa proximité aux musées et galeries du Marais. Celui-ci rassemble un panel d'élèves extrêmement divers et participe activement à une démocratisation des pratiques artistiques.

    Bien relié par le réseau de transports en commun, il est devenu un espace de mixité sociale, ouvert à la banlieue et aux quartiers périphériques de Paris.

    Si ce site ferme, n'est-ce pas la perte irrémédiable d'un certain public fort de 800 personnes, fidèle, exigeant, curieux de culture et impliqué dans la vie de la cité ?

    Ensemble, avec le nouveau Carreau du Temple et l’espace des Blancs Manteaux, les Ateliers de la rue de Sévigné forment un pôle d’excellence des pratiques de la création artistique. Ensemble, ils participent au maintien des activités de création du cœur de Paris et contribuent à l’équilibre délicat de ces activités avec celles, croissantes, du luxe et du tourisme. La disparition des Ateliers Beaux-Arts de la rue de Sévigné ne risque-t-elle pas de renforcer l’image commerciale et la muséification du Marais au détriment de son identité culturelle ?

     Les Professeurs du centre Sévigné

    Myriam Boccara, Véronique Masurel, Olga Rochard, Mélissa Pinon, Isabelle Geoffroy-Dechaume,
    Juliano Caldeira, Eric Genevrier, Sarah Verstraeten, Pierre Lancelin, Pascal Monteil, Vincent Faou

     

  • Clouzeau rvp 25 10 19Matthieu Clouzeau (à droite) Commissaire Divisionnaire, Directeur de la DPSP (direction de la prévention, de la sécurité et de la protection) en réunion avec une délégation de "Vivre Paris !" – octobre 2016 – (Photo VlM)

     

     
    En réponse à notre article du 4 juillet, Matthieu Clouzeau nous adresse la clarification suivante, dont nous le remercions très sincèrement :
     
    "La Ville de Paris a en effet repris depuis le 1er juillet les compétences relatives aux nuisances sonores et olfactives d'origine professionnelle ; les agents de l'ex-BACN (bureau d'action contre les nuisances) qui travaillaient sur ces nuisances ont été transférés à la Ville et travaillent à présent au sein du Bureau d'Action contre les Nuisances Professionnelles (BANP), au sein de ma direction.

    En revanche, la PP (Préfecture de Police) a conservé, comme c'est le droit commun en France, les nuisances relatives à la musique amplifiée, les agents travaillant sur ce sujet étant restés à la PP.

    De même, la PP reste compétente pour les bruits de voisinage classiques, non liés à une activité professionnelle mais au comportement d’une personne ou d’un animal.

    Enfin, la PP conserve ses attributions, qui relèvent de L’État, en matière de police administrative ou d'hygiène sur les professions réglementées. Les agents de la PP en charge de ces missions n’ont naturellement pas été transférés.

    Les sujets étant effectivement complexes pour l'usager ou/et parfois enchevêtrés, il est convenu entre la PP et la Ville que les "plaintes" seraient réorientées vers le bon service en cas de saisine incorrecte.

    De même, le BANP communiquera à la PP les éléments pouvant alimenter des dossiers de sanction administrative à l'encontre d'un établissement.

    Des éléments ont été mis en ligne sur le site de la Ville pour expliquer « ce qui change dans les démarches » à compter du 1er juillet (http://www.paris.fr/actualites/ce-qui-change-des-le-1er-juillet-2017-4992).

    Les premiers mois de fonctionnement nous permettront d'ajuster nos procédures pour qu'elles soient à la fois le plus efficace et le plus simple possible pour les Parisiens.

    Restant à votre disposition

    Bien cordialement

    Matthieu Clouzeau