Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Auteur/autrice : Vivre le Marais

  •   Mairie_du_4meLa Mairie du IVe place Baudoyer

     

    En réponse à une interview d'un quotidien, le Maire du IVe, Christophe Girard, annonce des travaux pour l’arrondissement. 

    Le gymnase de la rue Neuve Saint Pierre attendu depuis plusieurs années, et promis dès l'an passé, devrait voir le jour cette année, son coût est estimé à 2 millions €, sa mise en service est annoncée pour 2017.  La rue  des Hospitalières Saint-Gervais à l'arrière de l'Espace des Blancs Manteaux sera transformée en voie piétonne. Il es vrai que l'ancienne halle de la boucherie du Marché des Blancs Manteaux est devenue une école, ce qui permettrait de renforcer la sécurisation des enfants.

    Parmi les nouveautés Christophe Girard fait part de son souhait de créer  en 2017,  un  salon du livre sur les berges réaménagées et devenues piétonnes de la rive droite de la Seine.  Nous espérons que cette manifestation ne donnera pas lieu à la pose d'imposants auto collants sur les trottoirs comme ce fut le cas l'an passé pour un salon identique, certains étant toujours en place 6 mois après !

    Au passage le Maire du IVe promet des rénovations d'écoles et de crèches pour un montrant de 1 million €,  l'installation d'un relais pour enfants en bas âge et assistantes maternelles dans les locaux de le mairie. La place Baudoyer quant à elle sera agrémentée de bancs et de tables pour pique-niquer et des plants de fleurs sont prévus dans le passage devant l'école Saint-Merri.

    Ces mesures sont les bienvenues et il est temps de donner à l'arrondissement l'impulsion nécessaire pour qu'il cesse de perdre des habitants contrairement aux autres arrondissements du centre de la capitale qui continuent eux à en gagner. La densification n'est pas une fin en soi dans une ville comme Paris qui est la plus dense d'Europe mais la fuite des habitants en dit long sur sa sociologie et sur le ressenti des habitants.

    Il faut des projets d'importance et éviter de transformer une partie de l'arrondissement en quartier de fêtes qui ne peut que dissuader les familles à venir s'y installer.

    Dominique Feutry

     

  •   3046160039_1_3_pN0d55If

     

    Plusieurs grands quotidiens ont fait état dans leurs colonnes de l’étude menée par la très respectée Chambre de Commerce américaine en France en 2015 au sujet de l’attractivité de notre pays.

    Menée auprès de dirigeants de filiales de sociétés américaines établies en France, l’enquête montre que 18% seulement de ceux-ci pensent que leur maison-mère a  une perception positive de l’Hexagone. Un pourcentage très en deçà de celui de 2011 qui atteignait 56% ! Les décisions du gouvernement (Crédit d’impôt compétitivité emploi, loi Macron…) les laissent sur leur faim face à ce qu’ils considèrent comme les « rigidités du marché du travail » et les « instabilités réglementaires » que d’autres pays ont pourtant su faire évoluer.

    Point positif néanmoins, le numérique favorisé par les pouvoirs publics fait naître nombre de start-up, un mouvement qui impressionne Outre Atlantique.

    Bien sûr il faut toujours rester prudent en matière de classements internationaux, fruit souvent de sondages, et peut-être faire davantage de lobbying.

    Or ce qui n’est pas bon pour la France ne l’est pas non plus pour Paris et nous pâtissons de ces résultats non seulement en termes d’image, mais à coup sûr aussi en termes d’emplois, ce qui est plus inquiétant.

    Puisse ces données éclairer nos décideurs.

    Dominique Feutry

     

  •  A5Une image d’Épinal de l'épopée napoléonienne

     

    Fondée à la fin du XVIIIe siècle l’Imagerie d’Épinal s'est installée durant quelques semaines  51 Boulevard Beaumarchais  (IIIe), une première pour cette vielle entreprise vosgienne. Le magasin fermera ses portes dans quelques jours.

    Les dirigeants, Pacôme Vexlard et Christine Lorimy qui ont repris l'imagerie Pellerin en août 2014 avec le soutien de la SEM de l'agglomération Épinal Golbey, ont souhaité faire connaitre autrement la production qui comprend une large sélection d’images anciennes et de rééditions, de produits dérivés, de livres et de créations contemporaines. Un film permet même d'expliquer le procédé de fabrication.

    L’entreprise  a failli disparaitre à plusieurs reprise au cours de son histoire, elle a même dû vendre à Drouot,  dans les années 70, une partie de ses bois gravés anciens qui constituaient son patrimoine.  Créée à  l'origine pour éditer au pochoir des gravures à bas pris et des carnets  de colportage vendus par des colporteurs parcourant la  campagne, c'est surtout le premier empire qui a fait prendre à l’imprimerie une  dimension nationale et même internationale en célébrant Napoléon, sa famille,  son armée et ses victoires.  Avec l'arrivée de la lithographie dans la seconde moitié du XIXe siècle les possibilités de production sont multipliées. Apparaissent alors les théâtres de papier, les constructions à découper. L'image d’Épinal entre même dans le langage commun. A43

    Après un essor éphémère dans les années 80, le dépôt de bilan ne peut être évité. Grâce à 50 investisseurs spinaliens (noms des habitants  d’Épinal), l'entreprise est néanmoins sauvée. 

    Aujourd'hui en raison du renouveau affiché des dirigeants qui font appel à des artistes contemporains, comme l'avaient fait en leur temps les prédécesseurs utilisant les services d'un Benjamin Rabier ou d'un Job, et d'un fonds très important de tirages anciens, l'entreprise prend un nouvel élan.

    Le bâtiment de l'imprimerie Pellerin est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1986, plusieurs machines sont classées un an plus tard. Enfin en 1991, la collection de 1.344 bois gravés et des  pierres lithographiques du  XIXème siècle sont également classées.

    Si d'aventure vous passez par la préfecture des Vosges la  visite  de l'Imagerie Pellerin est incontournable.

    Dominique Feutry

     

  •  Artistes et Architecture

     Le Pavillon de l'Arsenal dans lequel des pièces sont exposées (Photo Pavillon de l'Arsenal)

     

    Le Pavillon de l’Arsenal consacre jusqu'au 17 janvier l’ensemble de ses espaces d’exposition à l’art contemporain. 56 artistes français et internationaux sont représentés au travers de leurs œuvres. Intitulée "Artistes et Architecture-Dimensions variables", l'exposition est constituée de prêts exceptionnels donnant un ensemble unique qui " au filtre des problématiques architecturales, explore les flux physiques et virtuels, redéfinit les temps urbains et les usages publics, interroge la temporalité et la mondialisation, la place de la nature et de l’économie collaborative, ou se joue de l‘espace et de la mesure pour repenser l’architecture, non seulement dans sa substance physique, mais aussi comme organisation sociale."

    Quelle est " la place de la ville, de l’urbain et des constructions dans les recherches pratiques et conceptuelles des artistes actuels ?". Les commentaires soulignent aussi combien "les  artistes éclairent et révèlent des potentiels susceptibles d’enrichir et transformer nos ambitions partagées pour construire ensemble la ville monde de demain."

    Une exposition à voir absolument. Il ne reste plus que deux semaines pour s'y rendre.

    Du mardi au samedi de 10h30 à 18h30 et le dimanche de 11h00 à 19h00.

     

  • Turenne 103 bio c' bon 01 01 16Le 103 rue de Turenne, à la pointe Turenne-Vieille du Temple (IIIe) (Photo VlM)

     

    Cet  immeuble n'a l'air de rien. Il héberge sagement un magasin "Bio c' Bon" qui a ouvert en 2014 et qui semble prospérer depuis. (notre article du 15/08/2014)

    Il n'en a pas été toujours ainsi.

    En 1997, les 800 m² de locaux de l'immeuble se trouvent vacants. Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, s'y intéresse avec l'intention de créer des logements. Prêt à en faire l'acquisition dès l’installation de Bertrand Delanoë à l'Hôtel de Ville, il essuie en 2002 un refus de la part de la propriétaire, Monique Piffaut, présidente de la holding "Financière Turenne Lafayette", qui possède les marques William Saurin, Garbit, Panzani, Gringoire-Bossard et autres. Les gens du quartier affirment qu'elle est personnellement attachée à cet immeuble qui a appartenu à ses parents et où elle a passé elle-même une partie de sa jeunesse. En réplique, elle indique qu’elle a un projet de réhabilitation.

    C'était son droit. En réponse, Pierre Aidenbaum brandit la menace d'expropriation pour cause de vétusté et "d'abandon manifeste", un statut qui donne aux municipalités la possibilité de récupérer un bien.

    Décidée à ne pas abandonner, Mme Piffaut lance un programme de travaux qui lui en coûte 3 Millions d'€. Juste de quoi éviter l'expropriation. Elle met l'immeuble sur le marché mais exige de le louer d'un seul tenant pour un montant annuel de 500.000 €. Du côté de la mairie, on pense qu'il s'agit en réalité d'une offre dissuasive destinée à décourager tout loueur potentiel. C'est là que les déboires sérieux commencent.

    En 2010, des familles de mal-logés prennent possession de l'immeuble et occupent l'ensemble des locaux. Leur collectif qui a pris le nom de "chez Madame", définit leur geste comme une "réquisition citoyenne". Leurs noms sont collés sur les boutons de sonnette de la porte d'entrée. Des Roms s'installent sur le trottoir dans des campements de fortune. Au rez-de-chaussée, une équipe d'artistes prend possession des lieux  et organise des expositions.

    Turenne 103  ZAZ 15 12 10ZAZ,  l'organisateur de l'exposition de décembre 2010 retire une affiche sauvage (photo VlM)

     

    Cette situation a duré plus d'un an. Le 20 mai 2011, sur décision de justice, les occupants étaient expulsés. La propriétaire fit valoir devant le tribunal qu'un bail avait été conclu avec un locataire et qu'elle se devait de l'honorer.

    C'est en 2013 que Bio c' Bon a pris la décision d'ouvrir son magasin à cette adresse. Nous ne saurions affirmer qu'il n'y a eu aucun locataire dans l'intervalle mais c'est plausible. On se réjouit qu'une activité se soit installée dans ce qui a ressemblé trop longtemps au château de la Belle au bois dormant. Quant à la quinzaine d'occupants qui espéraient une solution plus ou moins durable basée sur un accord d'occupation précaire, on  ignore si une solution pérenne a été trouvée pour eux, mais on l'espère.

    Rien ne laisse deviner aujourd'hui que ces évènements se sont succédé il n'y a pas si longtemps. On ne voit plus aucune affiche vantant les mérites de la choucroute William Saurin ou du couscous Garbit mais au-dessus de la porte d'entrée du 103 rue de Turenne on peut lire encore en relief l'inscription "CCA" qui voulait dire "Comptoir Commercial Alimentaire", l'ancien nom de la "Financière Turenne Lafayette" que dirige toujours Mme Monique Piffaut.

    Gérard Simonet

     

     

  • Turenne street art bas relief 01 01 16

     

    On trouve ici ou là dans le IIIe ces moulages en plâtre en forme de bas-reliefs, décoratifs et sobres, collés sur certains murs, qui nous engagent à deviner le sens du message qu'ils véhiculent.

    Chacun peut y aller de son interprétation.

    La cage d'écureuil, dans des temps éloignés, a servi  de moteur humain pour actionner des engins, notamment des grues. Une personne enfermée à l'intérieur avait pour fonction de poser un pied sur le barreau à 45 degrés. Son poids faisait tourner la cage. Il ne lui restait plus qu'à enchainer en marchant pour que l'ensemble tourne à vitesse régulière en fournissant un couple apte à assurer une fonction dynamique.

    On peut penser que l'artiste de la rue qui s'est exprimé ainsi nous présente une vision de l'homme esclave de la société ou de son entreprise, qui court après le temps, attaché-case à la main et cravate au vent ; un temps qui le dévore.

    Un détail pratique cependant : dans la position inopérante où il se trouve, au point bas de la cage, ce personnage s'active pour rien car la roue est vouée à rester immobile.

    Faites nous part vous aussi de votre réaction !

     

  • Berges pont marie 27 12 15Les berges rive droite et le Pont Marie (IVe) un dimanche matin de décembre (Photo VlM)

     

    Avec la restriction de la circulation automobile sur la voie sur berge, on a craint à l'origine un report insupportable du trafic sur les quais rive droite. Cette prédiction se révèle fausse. Non seulement ce report n'est pas visible mais il semble que le trafic soit plus faible qu'avant.

    L'explication s'impose d'elle-même : les automobilistes ont choisi d'autres parcours…. et/ou d'autres modes de déplacement. Parmi eux évidemment le deux-roues motorisé (moto, scooter…) mais aussi la marche, le vélo et les transports en commun. Les "Verts" de l'Hôtel de Ville ont gagné leur pari, partiellement en tout cas. L'explosion des deux-roues motorisés et l'anarchie qui caractérise leur utilisation (stationnement gratuit, excès de vitesse, dispense de contrôle technique, occupation des trottoirs, bruit et pollution de l'air) relativise toutefois le succès de leur politique à l'égard des voitures.

    Gyropode.pngLe gyropode (Photo Scooter-system)

    Un nouveau moyen de se déplacer est en train de percer : le gyropode. Un miracle de la technique dérivée des centrales à inertie des systèmes de pilotage des avions de lignes, avec un ou plusieurs gyroscopes qui mesurent la position et des moteurs électriques qui assurent le mouvement (20 km/h de vitesse linéaire, 30 km d'autonomie) et la stabilité de la plateforme en toutes circonstances. Pour l'avoir essayé, nous témoignons que ce moyen est distrayant mais assez casse-cou !

    Ce que nous vivons aujourd'hui, pour en revenir aux berges, qui retrouvent chaque week-end le caractère bucolique des neiges d'antan, est de bon augure vis à vis du programme élargi de piétonisation de la rive droite que nous avons commenté dans notre article du 19 octobre.

    Une remarque importante cependant : le nouvel aménagement évoque la construction d'une ligne de tramway est-ouest (sur les quais selon toute vraisemblance). Les observations que nous livrons plus haut sur le trafic militent pour y renoncer. L'environnement en souffrirait inutilement, la circulation sur les quais serait plus difficile et les travaux de réalisation d'un site réservé dans les deux sens rendrait la vie difficile aux riverains pendant plusieurs années.

    Bordeaux tramway 10 12 15Tramway sans fil, sur site mixte, à Bordeaux (Photo VlM)

     

    Le choix de la technologie, par ailleurs, n'est pas aisé : si on sait désormais s'affranchir de caténaires disgracieux, comme l'a fait la Ville de Bordeaux où l'arrivée de courant se fait par le sol, il reste le problème des rails. A moins de retenir la solution plutôt utopique d'un tram-bus électrique sur pneus (mais peut-on alors parler de tram ?)

    Gérard Simonet

     

     

     

  • Fontaine archivesTravaux en cours sur la terrasse de cette brasserie, carrefour Archives/Haudriettes (IIIe) (Photo VlM)

     

    Tout ce qui caractérise ce site est sur la prise de vue : la "Fontaine des Haudriettes", de Pierre-Louis Moreau-Desproux, décorée par Pierre-Philippe Mignot auteur du bas-relief représentant une naïade, les Archives Nationales dans le fond et les quatre Ginkgo Biloba, arbres d'exception qui apportent leur ombre à la placette. Tout, sauf la peinture murale de Combas qui décore le mur pignon de l'immeuble de droite, inspirée par Don Quichotte avec, disent ses détracteurs, une touche assez marquée de misogynie.

    La terrasse fermée existante a été abattue. A sa place commence à s'élever une nouvelle structure destinée à la remplacer. Une réplique des "Deux Magots" nous dit le propriétaire du fond Pascal Ranger, propriétaire et gérant d'une multitude de cafés/restaurants à Paris, dont le "Café des Phares" 7 place de la Bastille et "L'amuse-Gueule" récemment ouvert au 7 rue Rambuteau (IVe).

    Nous en acceptons l'augure mais nous constatons pour le moment que l'emprise de la nouvelle terrasse a été modifiée : plus profonde sur la partie Haudriettes, plus étroite sur son retour vers Archives. Pas sûr que le piéton s'y retrouve en faisant le bilan mais reconnaissons que le passage qui lui est laissé entre la contre-terrasse et la terrasse renouvelée est plus grand.

    La direction de l'urbanisme, sous-direction du paysage de la rue nous informe qu'un dossier a été déposé en février 2015 et que le projet a été approuvé. Il consacre deux types de terrasses : ouverte sur la rue des Haudriettes, fermée sur la rue des Archives. La distinction est importante vis à vis de la possibilité ou non de fumer dans ces espaces.

    Haudriettes terrasse fontaineSouvenir : un aperçu de la terrasse à l'été 2010, annexion de l'espace public, ardoises-menus posées à même le monument… (Photo DA)

     

    Cet établissement jouit d'une bonne considération des riverains depuis qu'il a corrigé les quelques dérives qui lui ont été reprochées au début de son lancement dans la configuration actuelle. On espère qu'il saura conserver leur estime. En étant notamment attentif à l'état du monument classé qui est, de fait sinon de droit, sous sa surveillance citoyenne : la fontaine, monument qui date de 1764 où elle fut construite sur ordre du Prévôt des Marchands et du prince François de Rohan, de sa restauration en 1836 par David et de son déplacement sur le site actuel en 1933 en vue d'élargir la rue.

    Gérard Simonet

     

  •  B1Motard circulant entre deux voitures (Photo Ouest France) 

     

    Admise à Paris au titre de la charte "scélérate" (car refusée par la Préfecture de Police) signée avec les motards par Denis Baupin au nom du Maire de Paris en 2007, la circulation des deux-roues motorisés entre les files de voitures est désormais autorisée en Ile de France ainsi qu'en Gironde dans le Rhône et les Bouches de Rhône, depuis la parution le 26 décembre 2015 d'un décret au journal officiel.  

    Le décret est ainsi libellé «…à titre expérimental et par dérogation à certaines règles…, la circulation inter-files de certains véhicules à deux ou trois roues motorisés et d'une largeur maximum d'un mètre...» sera autorisée pour «une période de quatre ans, prorogeable dans la limite d'un an… lorsque la circulation s'est, en raison de sa densité, établie en file ininterrompue sur toutes les voies, jusqu'à une vitesse maximale de 50 km/h». Elle ne pourra avoir lieu «que sur les autoroutes et les routes, dont la vitesse maximale autorisée est supérieure ou égale à 70 km/h, à deux chaussées séparées par un terre-plein central et dotée d'au moins deux voies chacune». Bien sûr comme souvent lorsque de telles décisions sont discutables il est précisé que ce sera à titre expérimental et seulement à partir du 1er février prochain, après signature de l'arrêté et bien entendu avec force promesse de bilans annuels d'évaluation.

    Les motards n'ont pourtant pas attendu une quelconque autorisation et il y a bien longtemps que ce sport qui consiste à se faufiler entre les voitures est en fonction, y compris en pleine agglomération et hors des conditions qu'impose en trompe l’œil ce décret. Pourquoi alors ne pas avoir carrément écrit dans ce décret qu'il s'agissait d'entériner une pratique devenue commune sans adjoindre des dispositions qui ne seront pas respectées ?

    Motard-periphIllustration de la pratique (Photo Le Parisien)

     

    Les responsables à l'origine de cette autorisation parlent de communiquer fortement auprès des motards et des automobilistes… afin de leur enseigner cette pratique. Que tout cela est bien langue de bois. Tout automobiliste sait déjà quels sont les dangers que représente ce type de pratique laissée aux motards. Impossibilité de changer de file, vigilance redoublée, obligation de se serrer soit très à droite soit très à gauche pour laisser passer les motards toujours pressés qui klaxonnent à tue-tête à l'approche de ceux qui n'obtempèrent pas, voire tapent avec le poing ou le pied sur la carrosserie du véhicule récalcitrant façon d'effrayer le conducteur et ses passagers !

    Non ; répondre de la sorte et trop facilement à "la Fédération Française des Motards en Colère", groupe de pression statutairement en colère, qui tétanise les pouvoirs publics avec ses manifestations violentes et polluantes, est une très mauvaise décision pour les automobilistes et source d'insécurité et d'accidents.  Après cette nouvelle avancée pour les motards qui s'ajoute à celle de pouvoir rouler sur les trottoirs, au non paiement du stationnement et à la non obligation de soumettre leur véhicule au contrôle technique, comme tout le monde, nous nous demandons quelle va être la nouvelle et prochaine revendication à laquelle les pouvoirs publics céderont piteusement afin d'éviter leurs foudres.

    Une triste façon de satisfaire des intérêts catégoriels que les français et les parisiens supportent de moins en moins bien.

    Dominique Feutry

     

  • Aubriot 12 vue du cielLa rue Aubriot (IVe – photo ci-dessus) servit de cadre à une affaire que nous avons suivie de près. La Mairie de Paris avait dressé un procès-verbal d'infraction au code de l'urbanisme en 2006. Le prévenu a été traduit devant la Cour cinq ans après, en 2011. Il a plaidé l'ancienneté de l'affaire. Le tribunal a retenu la prescription des faits et prononcé, en conséquence, l'extinction de l'action publique et l'irrecevabilité des parties civiles. C'est un peu comme si la Justice, nonobstant un principe universel de droit, s'était prévalue de sa propre turpitude (*) …

     

    De nombreuses personnes travaillent pour la Mairie de Paris à la Direction de l'Urbanisme sous l'autorité de Claude Praliaud qui est au sommet de la technostructure. Lui-même est placé sous l'autorité d'un élu, Jean-Louis Missika, Maire-Adjoint de Paris en charge de l'Urbanisme, avec son cabinet.

    Une partie importante des effectifs est consacrée à l'étude des dépôts de permis de construire, aux demandes d'emprises pour chantiers et aux déclarations préalables de travaux (enseignes, devantures et autres) ainsi qu'aux demandes de changement de destination (commerciale vs habitation). Il reste qu'une activité importante est assumée par des agents qui exercent un contrôle : inspecteurs et contrôleurs de terrain, juristes et personnel administratif, avec leur encadrement. Au total, ce sont plusieurs dizaines de personnes qui veillent au respect des règlements.

    De quelle manière ?

    Lorsqu'ils constatent une infraction, forts de leur statut d'agents assermentés, ils dressent un PV (procès-verbal). Il arrive que les prévenus obtempèrent, en renonçant à l'infraction commise ou en déposant une demande de régularisation. Trop souvent, ils font la sourde oreille. Dans ce cas, le PV est envoyé au Parquet (Procureur de la République du tribunal compétent, le Tribunal de Grande Instance de Paris). Dans l'immense majorité des cas, le Parquet se comporte comme un "trou noir" (singularité de l'espace-temps, d'où rien ne ressort pas même la lumière).

    Palais justice 31ème chambreLa 31ème chambre correctionnelle du Palais de Justice de Paris (Photo VlM)

     

    On ne doit pas forcément en conclure que les affaires sont "classées". On en ferait le deuil et on passerait à autre chose. Non, l'affaire reste "active" mais elle est en hibernation pour une durée indéfinie.

    Ainsi, dans ce domaine qui  nous est familier mais il y en a sûrement d'autres, on admet que des dizaines de personnes, auxquelles il convient d'ajouter les Architectes des Bâtiments de France du Ministère de la Culture, travaillent et s'activent "pour des prunes". La Justice apparait comme le maillon faible d'un processus qui fonctionne à grands frais et qui ne débouche sur rien. Y a-t-il une solution ?

    On peut en imaginer plusieurs. Augmenter les moyens de la Justice est illusoire en cette période de déficit public qui tourne autour de 25 % des dépenses. Supprimer la totalité des effectifs dont l'action est inopérante serait la porte grande ouverte à des abus que les citoyens autres que les anarchistes ne peuvent accepter. Continuer de fermer les yeux sur une anomalie qui coûte cher et dévalorise le travail des personnes qui s'y consacrent ? C'est la politique de l'autruche et notre raison s'y résout difficilement.

    La question s'adresse aux élus de la nation. Pourquoi maintenir un monopole des sanctions au bénéfice d'une magistrature débordée ? Des experts – architectes/urbanistes  en l'espèce – assermentés, sont-ils moins qualifiés qu'un juge pour apprécier quelle doit être la sanction d'une infraction aux codes et règlements en vigueur en matière d'urbanisme ?

    En conclusion, il nous semble que la sagesse et le bon sens (quand aurons-nous en France un Ministère "du bon sens" ?) commandent que nous sortions de la situation ubuesque que nous vivons en mettant en œuvre des dispositions à caractère "administratif" avec des barèmes de sanctions. Si les défenseurs du monopole de la justice s'y opposent, qu'ils fassent en sorte alors que le maillon faible que nous dénonçons s'efface d'une manière ou d'une autre. Il est frappant de constater que d'autres chaînes, notamment celle qui conduit au Tribunal de Police, laissent beaucoup moins de place au "classement" de fait qu'on observe presque toujours sur les questions d'urbanisme avec le TGI.

    Nous nous tournons vers les Députés élus dans le Marais pour qu'ils nous donnent leur avis.

    Gérard Simonet

     

    (*) Les maîtres en droit enseignent au nombre de nombreux principes sacro-saints du droit universellement admis, un principe révélé en latin suivant lequel "nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude" (nemo auditur propriam turpitudinem allegans).