Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Auteur/autrice : Vivre le Marais

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    La rue des Francs Bourgeois (IVe), zone piétonne le dimanche

                    

    La rue des Francs-Bourgeois vient de perdre en quelques semaines trois enseignes, le magasin "Filofax" au N°32, "Oliviers and Co" qui était installé au N°34 dans une ancienne pharmacie (voir notre article du 23 mai 2009) et le magasin "Art du Bureau" présent depuis plusieurs dizaines d'années au N°47. Un à un, tous ces commerces sont remplacés par des boutiques de mode qui ont progressivement détrôné les autres activités, notamment de bouche. Seuls subsistent le magasin de surgelés Picard et les quelques bars-restaurants (l'un d'eux au N° 23 a fermé il y a quelques mois au profit de la marque Tam-Tam). La chaîne Amorino avec ses glaces et ses chocolats a toutefois ouvert discrètement un point de vente à l'automne dernier au N°1 (tout près de la place des Vosges).

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     L'ancienne boulangerie du N° 29 avec son panneau central peint, devenue magasin de prêt à porter


    Les panneaux extérieurs du XIX° siècle d'une boucherie en face du N°6 ou ceux protégés de la vitrine et du plafond de deux boulangeries aux numéros 23 et 29 attestent des activités exercées par le passé. Les paysages et les scènes qui sont représentées sont des toiles peintes fixées sous verre. Quant à la dernière épicerie qui se trouvait juste à l'angle du passage qui mène à l'entrée du square des Blancs Manteaux, elle a fermé dans les années 90, lorsque sa propriétaire a pris sa retraite. Vêtements, bijoux de fantaisies (l'ouverture du magasin Fred au N° 6 qui proposait des pièces de joaillerie a vite tourné court), parfums, fragrances et produits de beauté, décoration « vintage » bordent le parcours des passants pour la plupart des touristes.

     800-the-filofax-centre-1-1320422821Filofax, l'enseigne qui vient de fermer ses portes

    Depuis 1999, la rue des Francs-Bourgeois est classée zone touristique, ce qui a provoqué l'accélération d'une mutation déjà entreprise plusieurs années auparavant. N'a t-on pas parlé alors d'« une rue aux boutiques pour shoppeurs bobos » ! Merveilleusement située, piétonne le dimanche, l'artère est en plein cœur de Marais sur l'axe très touristique « Centre Pompidou / Place des Vosges ».

    Les enseignes ont collé à cette évolution, un phénomène que l'on rencontre d'ailleurs dans d'autres endroits dans Paris ou dans d'autres villes, ce qui crée une forme de monotonie puisque ce sont toujours les mêmes marques qui s'installent. Certains nostalgiques se font une raison car pour eux ainsi va l'évolution du commerce qui suit les habitudes de consommation, les modes et la mutation des quartiers. "Vivre le Marais !" estime qu'il en va autrement et est favorable à ce que tout soit mis en oeuvre pour refaire de cette rue une zone d'achalandise diversifiée. Il est regrettable que les autorités  qui savent pourtant se doter des moyens nécessaires lorsqu'il le faut, restent passives face à ce glissement.

    Dominique Feutry

     

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    La piscine Saint-Merri (IVe) sans nageurs

                

    Paris compte 38 piscines municipales dans lesquelles rien ne va plus. En effet des problèmes techniques fréquents, des rénovations qui s’éternisent font que près d’une piscine sur cinq reste portes closes … La presse rapportait récemment que le Conseil de Paris, face à l’ampleur du phénomène, avait demandé un audit (coût 350 000 €) afin d'avoir une idée réelle de la situation. L’adjoint au sport de la Ville explique que l’âge moyen des piscines est de 48 ans. Alors la vétusté conjuguée à des normes d’hygiène renforcées auxquelles s'ajoute une fréquentation très élevée expliqueraient la situation. Ce n’est pourtant pas la fatalité qui a entraîné la fermeture de la piscine de Halles depuis l’été dernier mais les dangers (chutes de béton) qu’il y aurait à y barboter durant les gigantesques travaux en cours dans le secteur.

    Cette situation n’aurait-elle pas dû être anticipée plus tôt et faire l’objet d’une meilleure organisation et d’un plan précis pour la résoudre ? D’autant que la fronde des maîtres-nageurs qui se prolonge depuis mai dernier complique passablement le dossier. Ces derniers, à l’occasion de la réforme des rythmes scolaires, sont en conflit avec la Mairie sur les heures d’apprentissage de la natation aux scolaires qu’ils partagent avec les professeurs de la Ville de Paris. Des questions salariales sont en cause également.

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    Aussi en pleine période de vacances scolaires, la piscine Saint-Merri est-elle fermée!

    Finalement qui pâtit de ces bévues ? Les usagers et les jeunes en particulier. Une situation que "Vivre le Marais !" dénonce dans une lettre envoyée en date du 12 mars au Maire du IVe Christophe Girard.

    Dominique Feutry

     

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    Entrée de l' hôtel 11, rue des Gravilliers (IIIe)

    Une façade grise, du verre et des montants en fer peints qui caractérisent souvent les ateliers d'artistes, donnent un aspect moderne à cet immeuble étroit situé au 11 de la rue des Gravilliers. Il s'agit en fait de l'entrée de l' Hôtel Jules et Jim. Ouvert depuis un peu plus d'un an, il se trouve à l'emplacement même qu' occupaient autrefois les établissements R. Pochat spécialisés dans le traitement des métaux précieux et laissés longtemps à l'abandon (cf notre article du 11 mai 2009)

     

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     IN MEMORIAM : Les établissements R. POCHAT

    Cinq ans d'études et 19 mois de travaux auront été nécessaires pour parvenir à transformer les lieux en un établissement, non pas de charme, mais "intimiste" tel que l'affirme le publicité. La gageure était ambitieuse puisque tout ou presque a dû être revu, entre démolitions, purge des anciens locaux, pose d'étais impressionnants, renforcement de la façade, construction et réhabilitation. Des tonnes de gravats, de terre (le sol ayant dû être dépollué jusqu'à 5 m de profondeur) et de matériaux sont évacués avant d'effectuer le terrassement, puis de réaliser les fondations des immeubles en béton, dont un de 8 étages, qui abriteront des chambres.

    Les  chambres dont certaines avec balcon sont réparties dans 3 bâtiments  que réunit la cour centrale pavée, sobre et accueillante où chacun peut flâner par beau temps. 

     

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    Cour intérieure avec son feu à l'âtre

    Les travaux ont été exécutés avec beaucoup de soin et le souci du détail, à la suite des études menées conjointement par les architectes y compris l' architecte des bâtiments de France, les décorateurs et les propriétaires. Des "curiosités" ont été installées ici ou là, elles donnent un caractère chic et une note à la fois sophistiquée et "branchée" à l'ensemble, comme ce joli mur végétal (un second va le rejoindre prochainement), cette cheminée à l'âtre dans la cour intérieure pavée, ce bois de pressoir devenu banc ou ces fûts en métal laqués de couleur éclatante qui servent de pots à des buis taillés en boule. Prendre un verre dans cet endroit chaleureux, le feu allumé est apaisant.

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     La réception de l'hôtel 


    Les chambres sont simples et bien conçues, garnies pour certaines d'entre elles d'une coque composite translucide donnant un aspect cocon à la pièce. La décoration est épurée. Nous avons remarqué, lors de la visite, des cadres mettant en valeur des "vestiges " trouvés sur place lors des travaux (morceaux de poteries des siècles passés). Le bar qui donne sur la cour est conçu tel un atelier ancien, une partie du sol est couvert d'un plancher récupéré sur place. Une plaque en verre épais a même été insérée parmi les lattes, ce qui permet d'apercevoir la cave éclairée avec ses bouteilles. Des objets décoratifs côtoient les livres et les revues, un appel à la lecture. Le mobilier oscille entre le style Jean Prouvé et le côté vintage des années 50/60.

    Un des deux maîtres des lieux,Geoffroy Sciard, nous a fait découvrir l'endroit. La qualité de l'accueil qu'il nous a réservé liée à des commentaires passionnés sur l'histoire récente de l'hôtel et plus ancienne concernant le site rendent cette adresse encore plus sympathique. Il nous précise que des événements sont organisés périodiquement chez Jules et Jim, telle cette exposition de sculptures monumentales de Nicolas Lavarenne ou des projections de films dans la salle de cinéma aménagée à cet effet. 

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       Sculpture "le guetteur" de N. Lavarenne 

    Pénétrer dans cet hôtel est donc franchement " bluffant" d'autant que derrière la façade, nous sommes loin d'imaginer ce que nous allons découvrir. Il n'a toutefois pas seulement suffi d'une idée, il a fallu aussi une bonne coopération entre tous les intervenants (la Ville, les Administrations, les Bâtiments de France, les architectes, les décorateurs, les spécialistes et les entreprises), un enthousiasme et une volonté proches de la passion pour mener à bien ce projet de longue haleine. La réussite est au rendez-vous et nous espérons que d'autres établissements de cette qualité et avec ce cachet  le rejoindront.

    Prix des chambres autour de 250 €/nuit, petit déjeuner : 18 €

    Dominique Feutry

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    Porche d'entrée de la Bibiothéque Historique de la Ville de Paris rue Pavée (IVe) 

    Qui imagine en passant rue des Archives, au 24 rue Pavée, qu’il se trouve devant le lieu même où fut ouverte la première bibliothèque publique de la Ville de Paris, il y aura très bientôt 250 ans, le 13 avril 1763, date de son inauguration ? Cette institution a connu bien des vicissitudes mais elle a, malgré des déplacements au cours de sa longue histoire, miraculeusement retrouvé depuis bientôt 45 ans, son emplacement d’origine. La bibliothèque est installée dans un bâtiment historique, l’Hôtel Lamoignon que certains appellent d’Angoulême Lamoignon du nom de ses illustres occupants. Construit à la fin du XVIe siècle dans le style renaissance pour la fille naturelle d’Henri II, Diane de France, la bâtisse revient à son neveu Charles d’Angoulême, fils de Charles IX. A sa disparition en 1650, des locataires s’installent dans les lieux, notamment Guillaume de Lamoignon premier président du Parlement de Paris, la famille Lamoignon en deviendra ensuite propriétaire et entreprend des aménagements réalisés par le célèbre Robert de Cotte. On peut admirer les sculptures d’enfants nus au-dessus du portail construit au début du XVIIIe, l’échauguette à trois trompes XVIIe qui donne sur la rue des Francs Bourgeois et dont on retrouve une réplique plus simple dans la cour de l’Hôtel de Mayenne (cf notre article du 16 septembre 2012). Signalons au deuxième étage un salon orné de lambris à pilastres dans le style corinthien. Une salle au rez- de- chaussée est décorée d’un plafond à poutres peintes de flèches et de carquois. Les statues de Diane de France (1621) et Charles d’Angoulême 1681) sont exposées dans un pavillon de la cour. Elles étaient avant sa destruction à la Révolution dans l’ancienne église des Minimes de la place Royale. Tout cet ensemble est classé depuis 1937.

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    Façade de l'Hôtel d'Angoulême Lamoignon

    L’Hôtel fut un lieu de rassemblement et d’échanges d’idées des meilleurs esprits de l’époque, Bourdaloue, le confesseur de Louis XIV, ou Madame de Sévigné qui venait en voisine, ainsi que Racine sont les plus souvent cités. Lorsque les Lamoignon quittèrent le quartier devenu moins en vogue, un certain Antoine Moriau procureur du Roi et de la Ville de Paris loua l’ensemble pour y installer sa bibliothèque qu’il légua alors à la ville qui l’ouvrit ensuite au public. Peu après la Révolution, la bibliothèque est intégrée à celle de l’Institut. Après divers transferts, les collections intègrent l’Hôtel de ville où elles brûleront avec lui lors de la Commune en 1871. Durant cette période, l’Hôtel appartint à divers propriétaires qui le louèrent. C’est ainsi qu’Alphonse Daudet y résida et tenait salon, les dîners où étaient invités Flaubert ou Tourgueniev ont été décrits par son fils Léon Daudet qui naquit à cet endroit. L’ensemble fut finalement racheté par la Ville de Paris en 1928 et après d’importantes restaurations la bibliothèque actuelle y fut installée en 1968 ! Grâce à différents dons dont celle du bibliothécaire Jules Cousin, cette bibliothèque publique spécialisée sur l’Histoire de Paris est riche de 2 millions de documents.

     

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    L'échauguette à trois trompes (XVIIe)

    Elle est le pendant du musée Carnavalet où se trouvent les collections historiques de la ville de Paris. L’Hôtel de Lamoignon est richement doté, il détient 300 000 volumes dont certains du XVe siècle, 15 000 plans dont les plus anciens sont du XVIe, 500 000 photographies, 20 000 manuscrits dont certains du Moyen Age, un fonds important d’affiches dont certaines concernent la Révolution et des collections théâtrales. Les provenances de toutes ces richesses proviennent de grands noms, Georges Sand, Voltaire, Jules Michelet, Cocteau mais aussi les Fréres Jacques, France-soir, ou Jacques Hébertot qui a laissé son nom à un célèbre théâtre. Notons que le Bibliothéque participe à l'action de la Commission des Travaux Historiques de la Ville de Paris qui comptent depuis sa réinstallation en 1983 une quarantaine de volumes. Les inscriptions sont gratuites et valables pour toutes les bibliothèques de la Ville de Paris. Des visites, des conférences, des expositions sont organisées périodiquement. Il suffit de consulter le site pour trouver les informations correspondantes.

    Dominique Feutry

     

  • Cox od 24 05 11Occupation de l'espace public, rue des Archives (IVe)

     

    Six riverains, qui résident autour du carrefour Archives-Ste Croix de la Bretonnerie, soutenus par trois associations, "Marais-Quatre", "Les Droits du Piéton" et "Vivre le Marais !" sont signataires d'une requête en légalité déposée par leur avocat devant le Tribunal Administratif, contre la carence des pouvoirs publics à faire respecter l'ordre public autour de certains établissements du Marais.

    Cette action fait suite à une série de plaintes contre le comportement du "COX-Bar", qui sert ses clients bien au-delà de sa terrasse de 7,2 m² sur la rue des Archives et jusqu'aux trottoirs et chaussée du square Ste Croix de la Bretonnerie. Ces plaintes avaient été déposées fin 2011 par des riverains auprès de la police du IVe. Elles avaient conduit le Commissaire Central à soumettre au Préfet de Police une demande de retrait d'autorisation de terrasse à la Mairie de Paris. Le préfet n'a pas donné suite.

    L'Hôtel de Ville aurait pu décider seul de cette mesure. L'entourage de Bertrand Delanoë n'a pas souhaité le faire. On a d'ailleurs senti dans cette affaire que chacun se renvoyait courageusement la balle.

    Il ne restait qu'une issue aux citoyens qui dénoncent une situation inacceptable depuis plusieurs années et regrettent l'inaction des pouvoirs publics : porter cette constatation de carence devant la justice administrative. Il y a plusieurs fondements à cette action, notamment le règlement concernant les terrasses et étalages de la Ville de Paris et l'arrêté préfectoral interdisant la consommation d'alcool sur la voie publique et la vente à emporter, mais aussi des dispositions des Codes applicables et une série de décisions en Conseil d'Etat.

    Le "conseil de rue des Archives" qui avait été constitué par la Maire Dominique Bertinotti pour le suivi de la "charte des bons usages de la rue des Archives" s'est avéré totalement inopérant. Le nouveau Maire Christophe Girard a abordé le sujet avec nos représentants il y a quelques mois et s'est engagé à proposer des solutions. Nous attendons toujours de les connaitre.

    Yvon Le Gall

    Vice-président IVe

     

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    Une automobile roulant entre une bicyclette et une moto à Paris

     

    On en parle peu mais les accidents de deux roues sont loin d'être anodins dans Paris. Ainsi une jeune cycliste est décédée dans le XIe arrondissement boulevard Richard Lenoir, le 31 janvier dernier, renversée par le conducteur d'un camion qui ne l'a pas vue dans son rétroviseur en raison de l'angle mort.
    La circulation des deux roues et des bicyclettes en particulier reste un problème face aux camions, aux bus et aux automobiles.

    Si aucun accident mortel de cycliste n'avait été enregistré en 2011, 2 s'étaient produits en 2010, 6 en 2009 et un en 2012.
    Dans son apport annuel 2012 sur les accidents de la circulation à Paris, la Préfecture de Police constate que 39 personnes ont perdu la vie, contre 51 en 2011 et que le nombre d'accidents corporels est passé sous la barre des 7000, une première depuis 10 ans. Ces accidents ont tout de même blessé 7930 personnes, soit 400 de moins qu'en 2011. Or la moitié touche les usagers des deux roues motorisées alors que 1875 piétons sont concernés.

    Le problème de l'angle mort à l'origine de l'accident rappelé ci-dessus sonne comme un avertsisement sur la dangerosité de rouler à 2 roues dans les grandes agglomérations. Des formations et des stages existent tels par exemple les "vélos-écoles" de la Fédération Française des Usagers de Bicyclettes ou celle de la Mairie de Paris appelée « Remise en Selle ».
    Il n'empêche que les imprudences, ainsi que nous l'avons déjà écrit (cf notre article du 09 juin 2012), des conducteurs de deux roues ou des automobilistes sont fréquentes et source d'accident.

    Nous ne répéterons jamais assez aux conducteurs de vélos, de motos ou de voitures que lorsqu'ils roulent, ils ne sont plus seuls, les risques qu'ils courent et font courir alors à leurs congénères sont réels et très nombreux. Ils doivent donc être très vigilants et très respectueux des autres bien entendu, mais aussi du code de la route, de la signalisation et de la réglementation.

    Nous ne pourrons jamais admettre que les accidents sont la rançon du succès de l'usage grandissant des deux roues.

    Dominique Feutry

     

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    Le local du restaurant Nanashi, angle Forez-Picardie (IIIe)

     

    Dans un article du 28 novembre 2012, nous décrivions le combat que mènent les riverains du 57 rue Charlot (IIIe) contre le bruit nocturne et les nuisances générées par un ensemble d'établissements festifs qui occupent tout l'espace limité par les trois rues Charlot-Forez-Picardie, résultat d'acquisistions successives et de transformations effectuées par MM. SAM SAM  BAKHTIARI Adrien et ATTIA Dov.

    L'audience s'est tenue comme prévu le 1er février devant le Tribunal de Police de Paris. L'association "Vivre le Marais !" s'est portée partie civile aux côtés des plaignants, la copropriété du 57 rue Charlot. La décision vient d'être rendue en date du 28 février 2013. Le prévenu est condamné à payer une amende de 450 € et 22 € de frais de justice. Il versera de surcroît 2.000 € de dommages-intérêts à la victime et 800 € à l'association.

    A l'appui de leur demande, les plaignants avaient obtenu un procès-verbal de la police du IIIe et des mises en demeure du BACN (bureau d'action contre les nuisances) de la Préfecture de Police de Paris. Pas moins de seize mains courantes avaient été déposées par les plaignants contre l'établissement.

    Nous attendons que les responsables des établissements adoptent désormais un comportement respectueux des riverains. Une récidive serait de leur part très grave car elle ouvrirait la voie à des sanctions encore plus lourdes et à une fermeture administrative.

    Gérard Simonet

     

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    Les serres d'Auteuil construites en 1898 

    Le tribunal administratif de Paris vient de rendre une décision intéressante. Celle-ci enjoint la Ville de Paris à résilier la convention passée avec la Fédération Française de Tennis en juillet 2011. De quoi s'agit-il exactement ?

    Le jugement rendu vise le projet qui consiste à étendre la surface du stade Roland-Garros de 8,6 à 13,5 hectares. "Vivre le Marais !" s'était élevé contre ce projet qui sacrifie un patrimoine exceptionnel, dans un article daté du 10 février 2011. La fronde des riverains et de différentes associations qui sont "vent debout" s'est focalisée notamment sur une des conséquences de cette extension, à savoir la construction d'un court de tennis de près de 5000 places dans les célèbres serres d'Auteuil édifiées en 1898, par Jean-Camille Formigé.

    Sacrifier ces magnifiques constructions de verre et de métal au ton bleuté qui s’élèvent majestueusement dans ce paysage protégé est, il est vrai, osé.
    Le Tribunal a estimé que cette convention (concession d'une durée de 100 ans) était « illégale aux motifs que l’information des conseillers de Paris, lors du vote de la délibération, n'avait pas été suffisante et que le taux de redevance versé à la Ville de Paris, en application de la convention, était manifestement trop faible au regard des avantages de toute nature… ».

     

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    Le stade Roland-Garros

     

    Ceux qui se sont opposés à ce projet ont pu penser au départ qu'ils engageaient une action du « pot de terre » contre le « pot de fer » que peut représenter la Ville de Paris en la circonstance. Pourtant, le bon sens est à la base de cette décision. Il est difficile d'imaginer qu'un site faisant partie du domaine public et de l'intérêt des Serres d'Auteuil, classé de surcroît monument historique, puisse être amputé même pour y construire des installations sportives. Nous ne doutons pas que Roland-Garros doit être à la hauteur des autres tournois du "Grand Chelem". Mais il existe d'autres solutions sur place ou dans d'autres communes proches.
    Il est très possible que la Fédération Française de Tennis et la Ville de Paris fassent appel de cette décision.

    Il n'en demeure pas moins que ce coup d'arrêt donné par la Justice constitue un exemple à méditer pour nos élus qui ne peuvent pas s'exempter de l'avis des riverains et des défenseurs de l'environnement en ce qui concerne notamment les espaces verts et les constructions remarquables qui émaillent nos quartiers. Ce sont les témoins de notre histoire et nous devons les protéger afin de pouvoir les transmettre dans les meilleures conditions possibles aux générations futures.

    Dominique Feutry

     

     

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    La synagogue du 21 bis, rue des Tournelles IVe

     

    C’est en 1872 que débutent les travaux de construction de la synagogue de la rue des Tournelles (IVe) au N° 21 bis. Ils s’achèveront 4 ans plus tard et la consécration aura lieu le 15 septembre 1876. Ce projet né en 1865, suite à une délibération du Conseil Municipal de Paris, répondait d’abord au souhait exprimé par Napoléon III de mieux intégrer les juifs à la Nation mais aussi au besoin de donner des lieux de culte (la Grande synagogue de la rue des Victoires IXe et celle de la rue des Tournelles ont été construites en même temps) aux nombreux « émigrés » juifs installés dans le Marais puis ceux venus de l’Alsace- Lorraine passée sous le joug prussien. Plus tard ce lieu sera aussi celui des émigrés de la communauté ashkénaze arrivés de différents pays d’Europe Centrale, de Pologne et de Russie.

    Le bâtiment est souvent qualifié de style « romano-byzantin », mais surtout il a été conçu comme s'il s'agissait d'une église. En effet, l’architecte retenu, Marcellin-Emmanuel Varcollier, un ancien élève de Baltard qui a construit la Mairie du XVIIIe, n’avait jamais édifié de synagogue avant celle-ci. Il n’a pas donc pas hésité à installer à l’intérieur de l’édifice deux éléments anachroniques dans une synagogue, une chaire et un orgue ! Il prit d’emblée le parti d’utiliser le fer très en vogue à l’époque comme élément du décor architectural, ce qui donne une allure très élancée à l’espace. Les matériaux ont été produits par les Ateliers de Normandie qui étaient en relation avec Gustave Eiffel.

    La façade principale située rue des Tournelles (car il existait une entrée 14 place des Vosges) est assez imposante car il s’agit de la deuxième plus grande synagogue de Paris avec plus de 1300 places, longue de 50 m et large de plus de 20 m. Elle comprend une partie centrale et deux côtés formant pendant. Elle est ornée d’une rosace et de 3 fenêtres entre lesquelles sont sculptées les armes de Paris, les rouleaux de la Loi et un texte en hébreu tiré des psaumes qui commence par « Ouvre moi les portes du salut….».

     

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    Intérieur de la synagogue et la struture en métal

     

    Après avoir franchi un péristyle, nous nous trouvons dans la nef qui se termine par une seconde nef semi circulaire. Des poutrelles et arcades ouvragées de métal reposent sur des piliers de chaque côté formant des tribunes sur deux étages. L’ensemble est très harmonieux, bien proportionné et agréable à l’œil. Il faut aussi souligner que l’édifice tourne le dos à Jérusalem, une façon de monter que l’on entre dans la Nation française et que l’on quitte la Nation juive.
    Le bâtiment a été endommagé lors de l’affaire Dreyfus à la fin du XIXe siècle. Réservé à la communauté ashkénaze décimée lors de la guerre, la synagogue de la rue des Tournelles accueille aujourd’hui les séfarades, les ashkénazes pratiquant leur culte de l’autre côté qui lui est accolé, place des Vosges.

    Le monument a été classé en 1987, il est un témoin très intéressant de l’architecture du XIXe siècle et de la volonté politique du Second Empire et de la IIIe République naissante
    de donner en France toute sa place au judaïsme.

    Dominique Feutry

     

  • Haudriettes soleil d'hiver

    Placette carrefour Temple-Haudriettes (IIIe), emplacement de "l'Echelle du Temple" (*), baptisée Renée Vivien, du nom d'une poétesse à la renommée confidentielle

              

    Il fallait à cette époque donner des noms féminins à tout ce qui n'en avait pas. Il y a eu en France et de par le monde, une foule de femmes de valeur. Loin de nous l'idée d'établir un classement mais celle qui a donné son nom à cette placette n'a pas laissé de trace indélébile dans notre mémoire collective.

    C'est pourtant "place Renée Vivien" qu'elle s'appelle. Pour toujours ? Le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum regrette peut-être ce choix car, avec Anne Hidalgo, Maire-Adjoint de Paris chargée de l'urbanisme et candidate à la succession de Bertrand Delanoë, ils se proposent de rayer la placette de la carte de Paris.

    On a peine à le croire. On est dans un quartier à forte densité, sans "respiration", qui atteint des records de concentration – en 2007, l'APUR (atelier parisien d'urbanisme – Marie de Paris) estimait sa densité à 450 habitants par hectare, pour une moyenne de 240 à Paris (dossier Beaubourg-Temple). Va-t-on s'acharner à construire encore ?

    On peut le craindre. La délibération prise en conseil de Paris le 13 novembre 2012 (texte intégral, voir en haut de la page 17) qui fixe les contours du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, le confirme. Interrogé à ce sujet, le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum nous disait il y a un mois que c'était "un vague projet".

    On en trouve pourtant confirmation dans le dossier d'enquête publique que chacun peut consulter dès maintenant dans les mairies des IIIe et IVe arrondissements. Il consacre le caractère constructible de la placette et le projet d'y établir une crèche !

    L'association et les riverains concernés ont toutes les raisons de s'y opposer avec vigueur. Les espaces libres et la végétation sont si rares dans le secteur que ceux qui y vivent tiennent à conserver le peu d'espace et de verdure qui leur est octroyé.

    La placette est un lieu de passage et de repos avec ses quatre bancs publics. Le sol est classé domaine viaire et le sous-sol abrite les nombreuses servitudes de passage et d'accès dont témoignent les plaques et trappes de visite visibles parmi les dalles du sol (chauffage urbain, assainissement, EDF/GDF, eau, téléphone, fibre optique …)

    Le mur mitoyen du 78 rue du Temple dont les pierres apparentes ont été mises en valeur sur le soubassement, a reçu un enduit il y a une douzaine d'années qui sert de support à une fresque de Catherine Feff, qui a reçu une approbation unanime. Baptisée "l'Esprit des Lieux", elle est un élément du décor quotidien des riverains. Va-t-on le leur retirer ? De la même manière, qu'en serait-il des fenêtres existantes sur ce mur ?

    La plus grave des interrogations concerne la crèche. Sur la rue des Haudriettes, en direction de Michel le Comte ou du Temple, le trafic est dense et le carrefour sensible. Du fait de la présence de grossistes, dont les livraisons se font en pleine voie, les bouchons sont fréquents et avec eux les concerts de klaxons et une pollution élevée aux dioxydes d'azote et aux particules fines cancérigènes. AIRPARIF recommande de ne pas exposer de personnes fragiles à moins de 40 mètres d'un axe de circulation. On serait ici à deux ou trois mètres ! Va-t-on ainsi faire courir ce risque à des nourrissons ?

    Il arrive que des décisions aient des conséquences très graves. Si celle-ci est confirmée, nous ferons en sorte que ce projet ne voie pas le jour.

     

    (*) "L'Echelle du Temple" était l'instrument de "haute justice" où les auteurs de larcins sur les terres des Templiers subissaient leur juste châtiment. Exposés à la foule, ils en subissaient l'opprobre.