Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Auteur/autrice : Vivre le Marais

  • Palais justice 03 02 12

    Palais de justice de Paris (Ie) : Tribunal de Grande Instance, Cour d'Appel, Cour de Cassation, Cour d'Assises

         

    L'histoire commence le 3 décembre 2010.  Au moment où une pétition de 50 noms était remise à la Maire du IVe de l'époque, Dominique Bertinotti, contre le projet de boîte de nuit de la rue Pierre au Lard (IVe), (dont le permis de construire vient d'être annulé par le Tribunal Administratif), nous recevions une assignation à comparaitre devant le juge des référés du Tribunal de Grande Instance de Paris, pour diffamation et injures publiques sur ce blog, suite à une plainte de la "société BRV" et de M. Frédéric Hervé, gérant du COX – 15 rue des Archives (IVe).

    Le 28 janvier 2011, deux mois après, une ordonnance du juge des référés prononçait la nullité de l'assignation et condamnait les plaignants, la "société BRV" et M. Frédéric Hervé "in solidum", à nous verser 2.000 €.

    Ces derniers ont choisi de nous poursuivre "au fond". Nous avons alors rencontré par deux fois un juge d'instruction, en compagnie de notre avocat, puis nous avons été "cités à comparaitre" le 8 janvier devant la 17ème chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris qui nous a signifié, ainsi qu'à nos adversaires, que l'affaire sera jugée à l'audience du 26 novembre 2013.

                           

  • Parc royal 12 hôtel de croisilleParc royal 10 hotel de vigny

     

    A gauche, l'hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal ; à droite l'hôtel de Croisille au 12. Cliquez dans l'image pour l'agrandir

     

    L'affaire remonte à 2007. On apprenait que l'Etat avait vendu ces deux hôtels particuliers à un investisseur anglais qui projetait de les transformer en hôtels de tourisme cinq étoiles.

    Le projet a été abandonné et cet investisseur a revendu ses biens. On a de la peine à identifier le nouvel acquéreur. On sait cependant, puisqu'il s'en est ouvert au Maire du IIIe Pierre Aidenbaum, qu'il projette d'en faire des logements de luxe.

    Il faut dire que les bâtiments sont idéalement placés, face au parc Léopold Delisle, proches de la place des Vosges, entre les musées Picasso et Carnavalet. Si la restauration est de qualité, il se trouvera des acheteurs pour s'acquitter de 15 à 20.000 € le m². Des étrangers probablement puisqu'ils sont désormais les seuls à en avoir les moyens et à l'afficher, maintenant que nos riches à nous se réfugient à l'étranger.

    Ces deux hôtels ont valeur de symboles car ils ont apporté une pierre à la rénovation du Marais et participé à la genèse du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais (découverte de plafonds peints remarquables qui étaient voués à la destruction). Nous en avons porté témoignage dans un article daté du 14 février 2007.

    Les voir se dégrader et péricliter, réduits à abriter quelques évènements ou expositions pour couvrir les frais d'un entretien qui reste dérisoire au regard des nécessités de leur sauvegarde, rend tristes tous ceux qui s'intéressent au patrimoine du centre historique de Paris.

    Aussi, constatant que l'Etat n'a plus les moyens de financer la culture, nous sommes prêts à accepter que l'argent de nos créanciers (Etats du Golfe, Chine, Russie ….) s'investisse dans notre cadre de vie, pourvu que leurs interventions respectent les règles de l'art que nous avons fixées. Le PSMV en fait partie.

    Pour ce qui est des pouvoirs publics, il ressort que la Mairie de Paris, bon gré mal gré, accepte que des logements luxueux soient mis sur le marché pourvu que les promoteurs aient un geste de bonne volonté. En la circonstance, le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum nous affirme qu'il donnerait son accord (pas nécessaire au demeurant puisque le PSMV révisé n'est pas encore en vigueur) si 120 m² de logement social était prévu.

    L'exigence parait raisonnable en effet, d'autant plus que la qualification de "social" laisse la porte ouverte à une certaine souplesse. En d'autres termes, il y a social et social. Mais pour M. Aidenbaum, le prix du m² livré ne devrait pas dépasser 4.000 €. Le manque à gagner pour le promoteur se porterait alors sur  les logements vendus librement. Si on fait l'hypothèse qu'on est sur un marché inélastique au prix, du fait de la qualité exceptionnelle des biens, le coup peut être joué.

    Nous restons attentifs à ce qui va se passer.

    Gérard Simonet

     

    Post scriptum du 11 janvier 2013

    Deux permis de construire ont été déposés le 16 novembre 2012 par le marchand de biens MANGROVE SARL, pour deux réhabilitations :

    • transformation de bureaux en habitations et création de 13 logements pour le premier
    • idem et création de 7 logements pour le second

     

     

  • Rue_Quatre_Fils                 L'immeuble " le Caran" et le mur Napolèon III rue des Quatre Fils

    La bataille semble s’intensifier entre modernistes et conservateurs, c’est-à-dire les promoteurs et les défenseurs, à propos du site de l’Hôpital Laennec. Des articles de presse relatent la situation actuelle contre laquelle des riverains se battent, à savoir la construction déjà bien avancée d’un immeuble à côté de la chapelle du XVIIème siècle dont il n’est pas acquis d’ailleurs qu’elle reste un lieu de culte.

    Ce cas, qui s’est déjà produit dans le cadre d’autres projets, pose la question des limites de la préservation du patrimoine architectural face aux contingences de la société actuelle. Même le Marais, pourtant très protégé (cf article sur le PSVM) est concerné et certains exemples d’immeubles récents implantés à des endroits historiques peuvent sembler choquants pour les puristes.

    Prenons le cas du Caran (Centre d’Accueil et de Recherches des Archives Nationales) rue des Quatre Fils (IIIe). En son temps, sa construction a fait débat. Si le projet fut lancé en 1976, il ne put démarrer qu’après son acceptation, 6 ans plus tard, par le Ministre de la Culture de l’époque Jack Lang. Les travaux ne démarrèrent qu’en 1986 et l’inauguration est intervenue en 1988. Il a donc fallu 12 ans pour mener à bien cette opération.

    C2Façade du Caran côté jardin


    Les contraintes ont été fortes pour l’architecte retenu, Stanislas Fiszer qui est à l’origine de réalisations aussi diverses que la façade de l’Ambassade du Japon, les Thermes d’Aix les Bains ou l’extension de la Bourse de Varsovie. Il a dû, outre les problèmes techniques, tenir compte de la présence d’un côté, des communs de l’Hôtel de Rohan (XVIIIème), de l’autre d’un long mur d’époque Napolèon III et d'importants travaux en sous-sol.

    L’aspect général du bâtiment, composé du Grand Caran et du Petit Caran, reste très moderne. Les matériaux employés et la volonté d’insérer au mieux ce nouvel ensemble dans ce paysage protégé ne se traduit véritablement que par la couleur de la façade proche de celle des pierres des édifices voisins.

    Souvenons-nous de ce tag qui a longtemps « orné » un mur de l’autre côté de la rue et qui représentait un personnage montrant du doigt le Caran fraîchement construit s’exclamant : « Mon Dieu que c’est laid ! ». Si notre œil s’est habitué à voir cet ensemble ainsi, il n’en demeure pas moins que nous sommes très éloignés du style des constructions environnantes et peut-être qu’aujourd’hui les démolitions qui ont été entreprises ne seraient plus autorisées. De plus les murs extérieurs vieillissent assez mal.

    Pourtant les Archives Nationales devaient s’agrandir, sécuriser leurs documents et apporter davantage de confort à leurs lecteurs. Cela signifiait aussi des espaces plus modernes, plus conviviaux, plus éclairés, en résumé plus attrayants en intégrant les meilleures techniques du moment. Or cette réalisation a permis de répondre au cahier des charges avec toutes ses composantes. Il était difficile d’y parvenir avec les immeubles existants.

    C7

    Sculpture "les Quatre fils" de Y. Theimer

    Ainsi, un architecte encore peu connu mais imaginatif s’est fait un nom, le Caran étant son premier grand chantier. Il ne s’est pas laissé entraîner dans une reproduction à l’identique et sans originalité des constructions environnantes. De même des artistes ont pu exprimer leur art, sans avoir à copier leurs illustres prédécesseurs. Citons le bronzier Yvan Theimer, concepteur du bronze des Quatre Fils sur la façade et auteur de l’Obélisque Mystique soutenu par des Tortues qui est installée dans les jardins de l’Elysée. Pierre Gaucher quant à lui a fabriqué les 4 grilles sur la rue et le jardin (elles ont été modifiées par la suite), la sculpture monumentale de la place Ballersdorf de Strasbourg est une autre de ses réalisations.

    C'est de cette façon que  de nombreuses œuvres d'artistes ont pu être créées et parvenir jusqu’à nous, forgeant par là même une partie de notre environnement actuel, mais des choix ont pu déplaire car ils conduisaient assez fréquemment à détruire des réalisations plus anciennes pourtant remarquables.

    Dominique Feutry

     

  • Beaubourg partie de cartes cadrée 29 02 12 (2)

    SDF rue Beaubourg. Leur souci : mettre à l'abri le peu de "patrimoine" dont ils disposent

     

    Le Conseil d'Administration de "Mains Libres IIIe" qui s'est réuni le
    8 janvier, lance un appel :


    "Deux ans et demi de prétextes et de tergiversations, cela
    suffit ! 2013 doit être l'année de l'ouverture effective de la
    bagagerie pour les SDF".


    TOUS À LA
    MANIFESTATION DEVANT LA MAIRIE DU IIIe,

    SAMEDI 19 JANVIER À 11h00




    PARTICIPONS, MOBILISONS-NOUS, LE SUCCÈS DEPEND DE
    TOUS !

     


  • Patinoire-de-lHotel-de-Ville-Paris-Noel  Patinoire devant l'Hôtel de Ville à la nuit tombante

    La Ville de Paris a installé 5 patinoires éphémères durant l’hiver. La plus grande est abritée par la superbe verrière du Grand Palais dont l’entrée est payante alors que dans notre quartier celle qui se trouve sur le parvis de l’Hôtel de Ville jusqu’au 17 mars est gratuite (seule la location des patins est facturée 5€). Ouverte de 12h à 22h et dès 9h les dimanches et jours fériés, elle présente une surface de près de 1400 m2 dont 200 m2 réservés aux enfants. Des moniteurs aident les patineurs, font des démonstrations et des séances de hockey sur glace sont programmées. Il est intéressant de signaler aux adeptes de ces sports que les disciplines de glace et de neige ne sont devenues olympiques que lors des premiers jeux d’hiver qui se sont déroulés à Chamonix en 1924.

    Df0307600Partition de la Valse des Patineurs d'Emile Waldteufel

    Tous les patineurs sont acceptés sur cette piste parisienne. Les plus aguerris pourraient s’entraîner au son de la célèbre Valse des Patineurs (1882) qui a fait la renommée internationale du célèbre compositeur Emile Waldteufel. Par opposition nous pourrions imaginer les débutants, évoluer sur les notes de la Valse Lente de Claude Debussy et les habitués aux chutes sur la Valse Oubliée de Franz Liszt.

    Au-delà de ces considérations musicales, il faut souligner que ce type d’initiative, qui existe d’ailleurs dans d’autres villes de l’Hexagone, est une bonne chose pour les parisiens. La douceur inhabituelle du climat, la pluie pourraient entraîner une fermeture temporaire, ce qui n’est pas souhaitable. Pour l’instant seul un film d’eau couvre la surface de la glace, ne perturbant pas la glisse.

    Il est aussi possible d’imaginer que ces installations certes ludiques feront peut-être naître des vocations et des talents assurant ainsi la relève de nos champions. Enfin, les touristes aussi peuvent s’essayer sur ces pistes de glace. Cela nous semble bien plus original que les « petits trains » qui vont bientôt sillonner nos rues historiques ( cf notre article du 28 décembre 2012 ).

    Dominique Feutry

     

  • 000_par3153374
    Nettoyage des trottoirs parisiens

    Les médias se sont emparés du sujet relatif à la taxe de balayage qui selon certains augmenterait de 688% pour les contribuables parisiens.

    Qu’en est-il exactement ?

    Cette taxe est un très vieil impôt puisqu’elle entrera dans sa 150ème année en 2013. Ce qui montre qu’elle présente un intérêt certain pour les communes. Elle sert à couvrir les dépenses de nettoiement effectuées par ces dernières ou par leurs prestataires en lieu et place des riverains à qui ce nettoyage incombe pourtant. Elle touche tous les propriétaires dont l’immeuble donne sur une rue. Le calcul est effectué à partir des informations cadastrales fournies par l’Administration. Le produit de cet impôt doit être inférieur aux dépenses engagées.

    A Paris, le taux de couverture est bas puisqu’il est quasiment de 50 %. En fait la polémique découle d’une décision du Conseil de Paris qui date de l’automne 2011 et qui a alors décidé de supprimer les 8 barèmes existants au profit d’un barème unique qui correspond à la tranche la plus haute appliquée auparavant, soit 9,22 € le m2, ce qui rapporte à la commune, alors que 70 000 immeubles sont concernés, 104 millions d’€ (soit 34 millions d’€ supplémentaires en comparaison avec l’année précédente).

    Balayage   Balayage entre des motos

                      

    La Mairie de Paris interrogée se veut rassurante. Elle a d’abord indiqué que cette hausse restait modeste puisqu’elle ne représentait que 26 € par foyer. Elle ajoute que seuls 0,8 % des immeubles (c’est-à-dire 59 au total) étaient assujettis à la tranche la plus basse de l’ancien barème et seuls ceux-ci subiraient la hausse de 688%. Enfin, elle met en avant le fait que la Mairie était avec l’Etat et quelques grandes entreprises les premiers contributeurs du fait du nombre d’immeubles que chacun détenait. Il est néanmoins possible aussi que ces taxes soient répercutées sur les locataires et nous espérons que tel est le cas. Chacun sait aussi que la baisse des recettes due à la contraction des droits de mutation oblige les communes à trouver d’autres compensations outre la réduction possible des dépenses, notamment en cette période difficile au plan économique.

    Nous ne redirons jamais assez combien la propreté reste un sujet sensible qui nécessite la mise en œuvre de moyens importants qui ne nous paraissent d’ailleurs pas toujours suffisants. Les chiffres ci-dessus montrent les sommes en cause. Il ne faudrait cependant pas que les montants qui lui sont alloués deviennent un enjeu budgétaire. Nous sommes persuadés qu’il est toujours possible de procéder à des arbitrages judicieux qui toucheront des postes de dépenses moins prioritaires que la propreté.

    Dominique Feutry

     

     

  • 1 (1)
    Bâtiments XVIIème de l'Hôtel Voisyn, 80 rue de Turenne (IIIe), côté rue


    Construit au milieu du XVIIe siècle, l'Hôtel Voisyn qui est situé à quelques dizaines de mètres de l'église Saint-Denys du Saint-Sacrement, est un des grands hôtels particuliers typiques de l'époque. Le corps de logis principal est encadré par une cour pavée, que l'on découvre à l'entrée depuis la rue par un "bâtiment porche", sur la façade avant et un jardin sur la façade arrière.
    Le grand jardin privé à l'arrière était bordé latéralement par un corps de logis secondaire ou galerie, longeant le mur gauche.

    Des modifications sont apportées au XVIIIème siècle. L’Hôtel Voysin fut remis au goût du jour dans le style épuré du siècle des Lumières. Au siècle suivant, l’Hôtel fut transformé en atelier comme la plupart des immeubles du quartier, Il fut par ailleurs surélevé et un bâtiment industriel fut construit le long du jardin.
    Au XXème siècle, il est occupé par des artisans et peu à peu abandonné.
    Racheté en 2011 pour devenir un "immeuble de prestige". Le projet de rénovation a été confié par le promoteur à l’architecte Bertrand Monchecourt, architecte du patrimoine diplômé de l'Ecole du Louvre.

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    Maquette de l'Hôtel Voysin après rénovation (cabinet B. Monchecourt)

    Les travaux ont débuté depuis lors et l'Hôtel n'est plus qu'un immense chantier.
    Cet édifice doit son nom à l'un de ses occupants, Daniel Voysin de la Noiray (1655-1717) qui fut un protégé de Madame de Maintenon qui appréciait son épouse (celle-ci n'a aucun point commun, malgré son nom, avec la « Voisin » mêlée au scandale de l'affaire des poisons). Cette proximité avec la maîtresse du roi Louis XIV a permis à Daniel Voysin de devenir directeur de l'école de Saint- Cyr, puis Secrétaire d'État à la Guerre et Chancelier de France .

    Il fut mêlé à des affaires troubles de la fin du règne de Louis XIV.
    Au XVIIIe siècle, l'Hôtel sera un lieu privilégié par les grands personnages de l'État. Son dernier occupant célèbre fut le malheureux Marquis Jourdan de Launay, gouverneur de la Bastille qui fut massacré le 14 juillet 1789, c'est sa tête qui fut brandie au bout d'un pic ! L'Hôtel revint alors à l'une de ses filles, la baronne de Jumilhac, puis fut vendu en 1841 à Guillaumet de Chrétien et ensuite, en 1880, à un nommé Touchard.

    La rénovation prévoit l'aménagement d'une cinquantaine d'appartements et 9 logements sociaux (représentant une surface totale de 553 m2 préemptés par la Ville pour un montant de 2,67 millions € en partie financés  par des prêts de la Caisse des Dépôts et Consignations d'une durée de 40 et 50 ans, cf délibération du Conseil de Paris des 19 et 20 mars 2012).

    Les surfaces des logements proposés à la vente oscilleront entre 30 et 120 m2. Une partie d'entre eux se situera dans l'ancien bâtiment industriel qui a été préservé. Il représente en effet un témoignage intéressant de l'architecture du XIX eme. 

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    Un des 2 escaliers XVIIéme        

    Deux cages d'escaliers du XVIIème encore conservées seront sauvegardées. Les jardins seront en partie reconstitués.
    Augurons que cette rénovation respectera l'esprit voulu par les concepteurs des différentes parties de cet ensemble qui il est vrai a été bien malmené durant deux siècles…

    Dominique Feutry

     

  • Pierre au lard 3 date 03 11 11 Pierre au lard boyau 04 01 13

    La rue Pierre au Lard (IVe) commence par un entonnoir qui longe le Café de la Gare (à gauche) et termine sa course, à angle droit, par un boyau dans la rue Saint Merri (à droite).

     

    Ils sont vingt riverains à avoir déposé un recours il y a plus d'un an auprès du Tribunal Administratif contre les permis de construire délivrés par la Mairie de Paris à la "SAS Moovment", dont le président est le gérant du COX, pour un projet de "Bar-Club" de nuit pouvant accueillir plusieurs centaines de personnes. Permis "tacite", obtenu dans un premier temps, confirmé opportunément par un arrêté du Maire de Paris peu de temps après.

    En réponse à la requête des riverains, le Tribunal a d'abord statué en référé. Par ordonnance du 2 décembre 2011, il a suspendu la décision d'accorder un permis de construire, dans l'attente du jugement sur la requête en annulation.

    L'audience "au fond" s'est tenue le 30 novembre 2012 (un an après). Les parties en présence viennent de recevoir la notification du jugement dont lecture a été donnée le 31 décembre 2012. Les deux permis (tacite et explicite) sont annulés ; la Ville de Paris versera 3.000 € à chacun des deux groupes de requérants et 70 € pour les dépens ; les demandes de dédommagement de la "SAS Moovement" au titre du code de justice administrative sont rejetées.

    Ce jugement fait droit à la demande des riverains. Les considérants précisent que le règlement de sécurité dans les établissements recevant du public impose notamment qu'une façade au moins donne sur une voie de huit mètres de large minimum. Dans ce projet, les deux façades donnent sur des voies de 3,09 mètres, très en-deçà de la largeur minimum requise.

    Il reste pour nous tous à comprendre comment l'entourage du Maire de Paris a pu soutenir ce projet contre l'avis unanime du conseil du IVe arrondissement, de son Maire de l'époque Dominique Bertinotti qui s'est donné la peine de motiver son refus en faisant justement valoir l'exiguïté des voies, du Maire actuel Christophe Girard, du chef de l'opposition municipale Vincent Roger, de la Députée Martine Billard ; comment un service de la Préfecture de Police a pu donner son visa de sécurité alors qu'on était si loin des conditions requises. Et que la Commissaire Centrale du IVe, Johanna Primevert, bien consciente des particularités locales, avait elle aussi émis un avis défavorable sur la pertinence d'un projet de cette nature sur ce site-là dans l'arrondissement ?

    Pierre au lard vue du 24 renard 04 01 13

    A ceux qui n'auraient pas compris encore la nature de l'enjeu pour les riverains, aujourd'hui soulagés, voici une vue prise de chez l'un d'eux. Outre l'atteinte aux exigences de sécurité sanctionnée par le tribunal, on perçoit bien à quel point ce projet de grande boite de nuit (bâtiment à couverture métallique, sur deux niveaux, à droite sur la photo) est enchâssé dans un ensemble résidentiel dense, où les nuisances propres à son activité et au flux de clients allant et venant toute la nuit auraient été extrêmement préjudiciables à la fragile harmonie du quartier. Une harmonie que tout le monde appelle de ses voeux mais qui est tributaire du sens de la mesure de chacun. 

    Il faut espérer enfin qu'avec ce dossier et la mobilisation qu'il a provoquée, la Mairie de Paris ainsi que la Préfecture de Police reconnaissent qu'elles sont là pour servir les citoyens et non pas les intérêts commerciaux de quelques uns.

    Yvon Le Gall

    Vice-président pour le IVe

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  • Marseille_vieille_charitMarseille_st_laurent_2

     

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    De gauche à droite et de haut en bas : La Vieille Charité, l'Eglise Saint Laurent, vue de la Cathédrale de la Major et du Fort Saint Jean, la place de Lenche.


    Pour profiter pleinement des photos et les agrandir, cliquer gauche dans l'image                                                      

    RE-EDITION                                                                                          

    J'avais délaissé le Marais, l'espace d'un instatant en 2008, pour un court séjour à Marseille, une ville qui n'a pas de secteur sauvegardé malgré ses 2.600 ans d'histoire. Née en l'an 600 avant JC de l'union d'une princesse ligure, Gyptis, et d'un capitaine grec venu de Phocée, Protis, elle ne conserve que quelques rares souvenirs  de son passé en amont du XVIIe siècle.

    L'abbaye de Saint Victor, dont l'origine remonte au XIe siècle, l'eglise Saint Laurent, bâtie au XIIe et les vestiges gréco-romains qui ont été mis à jour sous la place de la Bourse, sont des exceptions.  Les Forts Saint Jean et Saint Nicolas datent pour l'essentiel du règne de Louis XIV. Le quartier du Panier, que la bourgeoisie abandonna au XVIIe siècle pour s'installer à l'est, et qui hébergea depuis toutes les vagues d'immigration que la ville a connues, n'offre au visiteur que des maisons reconstruites dont la plus ancienne, qui attend toujours son rénovateur, ne remonte pas au-delà de cette époque.

    C'est néanmoins un lieu plein de charme où il est très agréable de flâner en allant de la Cathédrale de la Major (XIXe) à la Vieille Charité (XVIIe), dont Le Corbusier a évité la destruction, en passant par la place des Moulins, qui offre un coin de campagne dans un bâti hyper dense, la place de Lenche d'où la vue plonge dans les eaux du Vieux-Port et remonte vers Notre-Dame de la Garde et la montée des Accoules et son clocher, immortalisé par Pagnol dans sa trilogie, qui descend sur l'Hôtel Dieu, bâtiment remarquable qu'on doit à l'architecte Mansart.

    Il y a eu beaucoup d'erreurs d'urbanisme à Marseille. De grandes barres d'immeubles en béton construites dans les années 50, 60 et 70 défigurent les perspectives de la Major, de la Corniche, la colline de N.D. de la Garde et les contreforts des montagnes de Marseille-Veyre.  Plusieurs tours encombrent le centre-ville tout près du "Jardin des Vestiges" où sont exposés les restes du port des origines de la ville.

    Avec le projet "Euro Méditerranée", la ville a entrepris un chantier titanesque de réhabilitation du site que le vingtième siècle n'a pas épargné et de réconciliation des habitants avec le cadre exceptionnel qui leur est offert avec le port naturel du Vieux Port, la rade dont la perspective s'étend bien au-delà de l'Estaque, jusqu'au Cap Couronne, le long de la Côte Bleue, la Corniche, ses criques et ses îles du Frioul, d'If et Maire, la colline de la Garde qui sert de socle à la "Bonne Mère" et les forts Saint-Jean et Saint-Nicolas qui trônent des deux côtés de l'entrée du Vieux-Port, pour en garder l'accès.

    Avec ces atouts, on peut s'étonner que le centre historique de la ville, c'est-à-dire le "Panier", révélé par la série télévisée "Plus belle la vie", n'ait pas revendiqué et obtenu le statut de secteur sauvegardé. Sans doute le bâti, en dépit de son charme et de sa situation qui attirent de plus en plus d'artistes et de créateurs, ne mérite-t-il pas les efforts de sauvegarde et de conservation qu'on déploie dans un secteur comme le Marais de Paris, où tant d'hôtels particuliers et d'immeubles ont la qualité de bâtiments historiques.

    Peut-être faudrait-il considérer "le Panier" comme un quartier dont la valeur architecturale n'est pas dans le détail mais dans son ensemble urbanistique, qui est une crèche provençale grandeur nature. Je suggére au Maire, Jean-Claude Gaudin d'oeuvrer dans ce sens et j'ajoute deux remarques qu'il devrait accepter de ma part puisque je suis originaire de sa ville, où je suis né et où j'ai grandi : (1) débarrasser les ruelles du "Panier" de tous les graffiti qui le défigurent franchement et (2) …. reconstruire le Pont Transbordeur.

    Ce pont a été le symbole de Marseille, comme la Tour Eiffel est celui de Paris, l'Opéra celui de Sydney et le  Cable-Car celui de San Francisco. Il est unique au monde. Les Allemands l'ont détruit en 1943, c'est une victime de guerre à qui on doit réparation. Si on me dit : " il ne serait pas compatible avec le trafic du port", je réponds : "il n'est pas nécessaire de rétablir sa fonction, seulement sa structure avec ses deux tours et son tablier, ce qui signifie qu'on pourrait se passer de la nacelle qui assurait un transport des véhicules d'une rive à l'autre, devenu inutile. Ce serait de plus une économie considérable sur le coût de l'opération.

    Pont_tranbordeur

                            
    Gérard Simonet

     

  • Images
    Panneau de début de "zone de rencontre"

    Interrogé récemment par un grand quotidien, Julien Bargeton, adjoint au Maire de Paris chargé de la circulation, a précisé que l’équipe municipale souhaitait multiplier les « zones de rencontre » et qu’à ce titre une concertation serait organisée afin de déterminer les endroits qui pourraient être retenus. Il s’agira surtout de lieux passants avec des commerces ou de rues étroites dans lesquels sont situés des écoles ou des équipements publics.

    Une « zone de rencontre » a été définie dans le code de la route par un décret du 30 juillet 2008. Il permet aux maires, à l’instar d’expériences venues de la Suisse ou de la Belgique, d’aménager des zones de circulation plus larges que ne le permettaient les « zones 30 » ou les « aires piétonnes ». Tous les véhicules peuvent emprunter ces zones, mais la priorité est donnée aux piétons (excepté sur les tramways) qui n’ont pas l’obligation de circuler sur les trottoirs et parallèlement la vitesse des véhicules motorisés est limitée à 20 km/h. La réglementation habituelle demeure, notamment en ce qui concerne la législation pour les personnes à mobilité réduite et la signalisation. De même, il est conseillé si cela est possible, de prévoir des espaces réservés aux piétons non accessibles aux véhicules motorisés.

    ImagesCAG8FRT6Stationnement sauvage rue Rambuteau

             

    En résumé, la chaussée et le trottoir s’effacent l’un l’autre. Des panneaux spécifiques délimitent et signalent les « zones de rencontre ». La rue Rambuteau (notre article du 8 décembre 2012) est un exemple d’un tel aménagement. Un certain nombre de projets sont déjà avancés parmi lesquels figure à juste titre la rue de la Verrerie (IVe). Elle sépare les deux magasins du BHV et il est vrai que rendre cette zone semi piétonne, tout en réglementant la vitesse de circulation, serait un plus. La rendre totalement piétonne n’aurait-il pas été préférable ?

    Images Panneau de fin de "zone de rencontre"

                   

    A l’usage il semble que sur ces zones la coexistence est harmonieuse entre d'une part les piétons prioritaires et d'autre part les véhicules, en particulier ceux qui sont motorisés pour lesquels la vitesse est limitée. De plus, ces zones réduisent normalement le bruit et la pollution dégagés par les moteurs. Par contre, les automobilistes ou les motards ne doivent pas profiter de la symbiose qui existe dans ces espaces entre chaussée et trottoir pour stationner leur véhicule sur des aires qui ne leur sont pas réservées. C’est d’ailleurs le constat qui est malheureusement fait dans la partie réaménagée de le rue Rambuteau.

    Enfin, une question importante se pose, combien coûtent ces aménagements ? Pour l’adjoint au maire, le coût est très variable et oscille entre celui de la simple pose de panneaux de signalisation à celui d’un réaménagement complet de l’espace. Ainsi, le prix du réaménagement de la rue Rambuteau que chacun s’accorde à dire qu’il est très réussi, serait le plus cher, soit 4.580 € le m2… !

    Dominique Feutry