Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Auteur/autrice : Vivre le Marais

  • Vieille du temple 105 pizzeria et forgonentte (2)  Sévigné contre terrasse bis 14 05 10

    Gymnase michel le comte squatters (2)Arts & métiers brasserie terrasse

    (1)  Façon "side-car". Cette pizzéria de la rue Vieille du Temple (IIIe) a placé une fourgonnette devant sa porte. Elle est équipée d'une table avec six chaises. Reliée électriquement pas un câble à la boutique, elle constitue une extension de fait de la salle du restaurant dont le loyer, les charges et les impôts locaux sont à coup sûr les plus bas de Paris.

    (2)  Façon "saute-ruisseau". Ce restaurant, à l'angle des rues Payenne et Parc-Royal, saute le pas de l'autre côté de la rue, sans autre forme de procès, et y installe une terrasse d'appoint chaque fois que le temps s'y prête.

    (3)  Façon "Sam'Suffit". Squatters à ciel ouvert sous les arcades du gymnase Michel le Comte. Ils ont maintenant leur petit studio avec mobilier de récupération et il n'est pas rare qu'ils tiennent salon à quatre ou cinq autour d'une bouteille de rouge. On a envie de pardonner leur sans-gène et de les aider mais les conditions sanitaires de leur installation ont dépassé la limite du tolérable.

    (4)  Façon "J'en remets une couche". Terrasse "Plus" au carrefour des Arts & Métiers. Au-delà de la terrasse proprement dite, fermée, l'exploitant s'est octroyé une rangée supplémentaire de chaises et de tables. Par vagues successives, pour peu que les affaires aillent bien cet été, il finira par occuper toute l'esplanade.

    Viielle du temple 95 ami 6  
    Archives 51 la terrasse tentaculaire

                                                                                   

    (5) Façon "la finta giardiniera" (*), une citroën AMI 6 de collection, qui reprend du service en faisant office d'extension du magasin de fleurs 95 rue Vieille du Temple.

    (6) Façon "à la hussarde", la terrasse tentaculaire de la "Terrasse des Archives", qui n'en finit plus d'ajouter des rangées de chaises et de tables. Sus, il reste encore quelques mètres carrés de trottoir à conquérir. Banzaï !

                                                                                                   

    (*) La Finta Giardiniera (la fausse jardinière) est un opéra de jeunesse de Mozart (écrit à 18 ans) et un des 12 opéras qu'il a composés. Tous n'ont pas eu la renommée de "Don Giovanni", des "Noces" ou de "la Flute".

                          

    Nous défendons un art de vivre dans le Marais, fondé sur le respect
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  • Gravilliers 5

    3 rue des Gravilliers (IIIe), la rue ces jours-ci est interdite à la circulation, il est permis de se promener sur la chaussée et de regarder les nuages sans courir trop de risques.

                                                                                                                                                          

    C'est ainsi que mes amis et moi avons découvert cet immeuble. Nous étions déjà passé mille fois devant mais sans lever la tête, là-haut, très haut.  On ne voyait que les devantures indigentes, parfois grotesques, des grossistes-importateurs en maroquinerie qui n'ont toujours pas réalisé qu'ils ont des devoirs  envers le secteur sauvegardé du Marais.

    L'immeuble date de 1898. Nous sommes dans la période post haussmannienne qui voit fleurir un "art nouveau" qui ose des ornements chargés : fleurs, feuilles (d'acanthe), coquillages, sur les étages supérieurs, et des lignes verticales en façades. Il faut vraiment se dévisser la tête ici mais on remarque au 6ème étage un beau balcon en ferronnerie qui file devant des lucarnes ; quatre colonnes lisses avec chapiteau et des consoles représentant des têtes de lions au 5ème ; des fenêtres richement décorées, encadrées de consoles massives au 4ème.

    Des deux côtés de la façade, un ensemble de lignes verticales dessine des loggias sur deux niveaux, qui encadrent des fenêtres plus sobres.

                                                                                                                                                        

    Gravilliers vertus passage surélevé
    Carrefour Gravilliers-Vertus

                                                                                                                                                 

    On doit l'absence totale de circulation à des travaux de surélévation de la voie au niveau de la rue des Vertus. Des panneaux font état de la création d'un ralentisseur. On apprécie toujours l'installation de ralentisseurs car ils forcent des chauffards à agir en hommes civilisés. Pourquoi avoir choisi ce point ? Il y a bien une école mais elle se trouve assez loin dans le renfoncement de la rue des Vertus. La mairie aurait pu en parler au conseil de quartier compétent. Enfin, dans l'absolu, c'est une bonne chose.

    A la réflexion, on se rappelle qu'à la veille des élections municipales de 2008, l'APUR (atelier parisien d'urbanisme) avait proposé la fermeture de cette rue à la circulation (sauf riverains etc …). Le Maire Pierre Aidenbaum n'avait pas osé, pas voulu, les écouter et écouter la vox populi. On a là une démonstration en vraie grandeur que cette disposition ne crée pas de cataclysme.                 

                                                                                                                                                             

    Gravilliers grummes

    Gravilliers 11 fev 10

    Tout près, au 7 et au 11, le chantier de l'hôtel "Jules & Jim" suit son bonhomme de chemin.

                                                                                                                                                    

    La présence de ce stock de grumes venues directement du Congo nous a posé une devinette : à quoi seront-elles utilisées ? Une hypothèse : servir de vraies fausses poutres au bâtiment étroit qui va remplacer l'immeuble "POCHAT". Il serait bien que "Jules & Jim" nous éclaire !

          




  • Francs bougeois 39 sté des cendres hall
cheminée


    Le hall principal et la cheminée monumentale, 39 rue des Francs-Bourgeois (IVe)

                                                                                                                

    Dans un article daté du 14 avril 2009 sur ce blog, nous annoncions le départ de la Société des Cendres de son siège historique du 39 rue des Francs-Bourgeois. On en sait un peu plus aujourd'hui des intentions des propriétaires, la holding SOFIMAR (Société Financière du Marais), actionnaire majoritaire de la Société des Cendres.

    Une déclaration préalable de travaux a été déposée auprès de la direction de l'urbanisme de la Mairie de Paris pour le "réaménagement d'un bâtiment de deux étages à usage d'atelier, avec réouverture d'une cour et modification partielle des façades sur cour et sur rue …."

    Cette information liminaire prend forme quand on visite les lieux, ce que nous venons de faire. On découvre d'abord une cour encombrée de verrières. Les travaux prévoient de lui rendre ses proportions originelles, dans la ligne du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais.

    On débouche ensuite dans le hall sous ferme métallique, qui constituait l'atelier principal de la fonderie. Car c'est bien d'une fonderie qu'il s'agissait. Les bijoutiers-joailliers lui confiaient ses déchets. Ils étaient broyés puis fondus pour récupérer l'or ou l'argent résiduels qu'ils contenaient encore.

    Francs bougeois 39 sté des cendres presse 

    Presse géante à double meule en fonte, installée en sous-sol.

                                                                                                               

    La cheminée en briques, visible du jardin public de la Maison de l'Europe, ne fait pas moins de 35 mètres de haut. Elle trône sur un four principal qui fait partie intégrante du bâtiment. D'autres fours de capacité plus modestes sont visibles à l'intérieur sur la partie latérale du bâtiment.

    Le projet des propriétaires est de mettre en valeur ce site en conservant la mémoire industrielle d'une activité pratiquement disparue de nos jours (il reste encore un petit atelier rue des Haudriettes dans le IIIe). Les constructions parasites doivent disparaître pour laisser place nette à la structure principale. La cheminée, les fours, les machines (presses) et naturellement le bâti du XIXe qui donne sur la rue seront traités et mis en valeur.

    Francs bougeois 39 sté des cendres propriét
    Francs bougeois 39 sté des cendres escalier

                                       

    Le pétitionnaire, Jean-Cyrille Boutmy, Président de la SOFIMAR, devant le grand four. Derrière la cheminée, cet escalier qui donne accès aux sous-sols, est taillé dans la muraille de Philippe Auguste.

                                                                                                                                               

    On ignore encore l'affectation ultérieure du site. Hall d'exposition, musée, salle de sports, pépinière d'entreprises, école ? Nous souhaitons bon vent au projet, pourvu qu'on nous conserve la façade et que l'activité résultante ne vienne pas perturber un équilibre urbain déjà bien affecté par la fréquentation excessive des week-ends et la mono activité du prêt à porter.

           

          Francs bourgeois 39 sté des cendres
façade

    Façade sur rue

             

  • Haudriettes terrasse fontaine

    Tout comme la nature a horreur du vide, les exploitants de terrasses ne supportent pas l'idée qu'il reste un peu de place aux piétons. Les ardoises aussi prolifèrent. On les voit ici posées sans vergogne sur un monument historique.

                                                                                                                                         

    Anne Penneau est présidente de l'association "Les Riverains de la Butte aux Cailles", dans le XIIIe, membre du réseau "Vivre Paris !" Juriste de profession, elle met son expertise au service de nos associations. Elle vient de publier un article dans la revue "Liaisons" d'Île-de-France Environnement. Nous avons le plaisir de le reproduire ici avec son accord.

    N.B. le copié/collé de son texte conduit à des coupures de lignes non désirées et qui ne doivent rien à une tentative de versification. Merci de nous en excuser.


    Article d'Anne Penneau :

    La
    direction de l'urbanisme de la
    Ville
    prépare une réforme du règlement des terrasses et des étalages.
    Prendra-t-elle en considération les intérêts propres des Parisiens qui, vivant
    à proximité de certains commerces envahissants et tapageurs, souffrent de
    nuisances insupportables ?

     

    Plutôt que
    d'envisager un recours en illégalité contre le futur texte, le Réseau "Vivre
    Paris !"
    estime plus positif d'offrir sa contribution aux services municipaux. Il a
    ainsi réécrit  un grand
    nombre des articles de la réglementation actuelle afin de la faire correspondre
    à la réalité des pratiques. Chaque proposition s'appuie sur une argumentation
    précise. Chacune veille à ne pas négliger les intérêts des commerçants
    (conditions de saine concurrence), la politique économique de la Ville, de même que les
    attentes des usagers des terrasses et les besoins des piétons.


    Cohérence et proportionnalité sont les axes de la contribution. Les
    associations de "Vivre Paris !" avancent quelques principes.

     

    Les
    Parisiens eux-mêmes, par la diversité de leurs modes de vie quotidienne,
    contribuent à l'attractivité de Paris. Acteurs de la vie parisienne, ils ont
    droit, malgré la présence de terrasses et étalages, à circuler sans risque ainsi
    qu'à dormir. Ainsi en va-t-il des droits de l'homme (art. 8 Convention
    européenne des droits de l’homme). Qui pourrait légitimement décider qu’ils soient
    bafoués au prétexte de « réveiller Paris » et ses terrasses ?


    Pour préserver l'attrait touristique de Paris, il importe de ménager son
    patrimoine culturel.
    Cela implique de concilier la présence des terrasses et étalages avec certaines
    exigences
    d'ordre esthétique.

     

    Paris se
    présente comme une ville soucieuse de la protection de l'environnement. Dès
    lors,
    l'exploitation privative de la voie publique ne devrait heurter ni les
    principes de bon usage
    énergétique (aberration des terrasses chauffantes), ni mettre en péril la santé

    (sommeil) et moins encore compromettre la sécurité des personnes.


    Sur ces bases, nos propositions de modification du règlement sont axées sur le
    partage de
    l'espace public (emprise des terrasses sur la voie publique), le partage de
    l'espace sonore
    (limitation des horaires d'exploitation et terrasses plus nombreuses mais 
    plus petites) et
    le respect du paysage urbain (aspect des terrasses et étalages).


    Améliorer les normes sans se préoccuper du régime des sanctions encourues en
    cas de manquement (écueil de l'actuelle réglementation) n'aurait eu aucun sens.

    Aussi le
    Réseau "Vivre Paris !" préconise un système progressif et dissuasif,
    inspiré du modèle du permis de conduire à points. Il suggère que la Ville organise enfin ses
    services en adéquation avec les besoins créés par sa politique
    d'extension  des autorisations d'exploitation privative de la voie
    publique. Ceux qui sont les principaux bénéficiaires des
    exploitations des  terrasses et des  étalages doivent respecter
    quotidiennement les droits des autres.

     

    C'est
    pourquoi les associations demandent que les commerçants répondent non seulement
    de leurs propres manquements ou ceux de leur personnel, mais aussi, le cas
    échéant, de ceux commis  par leur clientèle : tapages sur la voie
    publique, non respect des limites des autorisations.

     

    Avec des
    règles claires et les moyens de les faire appliquer, Paris continuera à
    prospérer demain aussi bien qu'aujourd'hui, puisque, quoique l'on en dise,
    notre ville reste la ville la plus visitée du monde.


    Anne Penneau
     


    Association Les Riverains de la
    Butte
    aux Cailles
    Membre du Réseau «Vivre Paris !»
    4, passage du Moulin des Prés75013 Paris
    lrdbac@yahoo.fr

    "Contribution pour une concertation sur la réforme du règlement parisien
    des terrasses et
    des étalages",  http://www.vivre-paris.fr/
     "Vivre Paris !» présentera ces propositions 


    mercredi 15 septembre 2010 de 18H  à 21H,

     à  "La Cantine", Galerie des
    Panorama, 12 Passage Montmartre, 151, rue Montmartre,

    75 002
    Paris

                                                                                                                                           

     

     

  • Temple 51

    Hôtel de Largillierre, 51 rue du Temple et 6 rue Simon Le Franc (IVe)

                                                                                                                                                                 

    Cet ensemble immobilier vide, qui hébergeait jusqu'à un passé récent des entreprises et la direction de l'environnement de la Mairie de Paris au rez-de-chaussée, va être rendu à l'habitation.

    Le bâtiment date de la fin du XVIIème siècle. Le peintre Nicolas de Largillierre y vécut à partir de 1689. Sa façade seulement présente un réel intérêt architectural. Elle se distingue par la présence d'un premier étage noble sur entresol avec de très grandes hauteurs sous plafond et un porche central qui englobe l'entresol. La cour pavée intérieure sera conservée mais les corps de logis, qui s'étendent sur le 6 rue Simon Le Franc, sont assez dégradés et ont subi des ajouts comme cet escalier extérieur à vis métallique soutenu par des IPN inesthétiques. Une sérieuse réhabilitation s'impose.

    Temple 51 escalier métallique à vis Le maitre d'ouvrage est la société MARAIS FONCIER S.A.S. qui a déjà à son actif de nombreuses réalisations dans le Marais.

    31 logements sont créés avec maintien d'une surface commerciale au rez-de-chaussée. Un quart de la surface, en accord avec la Mairie de Paris, est acquis par BATIGERE Île-de-France, qui administre 63.000 logements sur toute la France. Elle a bénéficié d'un prix préférentiel compatible avec la location à loyers modérés. Les autres logements subissent le contre coup de la péréquation mais ont déjà trouvé acquéreurs, au prix de 12.000 €/m².

                                                                                                                                                              

  • Haudriettes 5 et 5bis portique profil

    MONOP' et DAILY MONOP', 5-5bis rue des Haudriettes (IIIe)

                                                                                                                                              

    Exercice d'assouplissement obligatoire pour les piétons qui marchent sur le trottoir. On ne passe qu'au prix de contorsions. Les personnes à mobilité réduite, y compris les mamans avec poussettes, descendent sur la chaussée à leurs risques et périls, ou passent sur le trottoir d'en face.

    Curieuse façon de se faire remarquer le jour de l'ouverture. L'inauguration mercredi 16 juin ne laissait pas présager un attitude aussi désinvolte envers les riverains.

                                                                 

    Post scriptum du 21 juin 2010

    Le portique a été retiré à la fin du week-end. Nous ne regrettons pas d'avoir signifié à ce nouveau commerce, que nous accueillons avec joie, qu'il y a des devoirs auxquels on n'échappe pas quand on a par ailleurs le bonheur de vivre ou de travailler en secteur sauvegardé.

                                                                                                                                     

                                                                                                                                                     

  • Vieille du temple 108 façade

     108 rue Vieille du Temple (IIIe) : cette façade haussmannienne cossue cache un différend sérieux entre deux populations.

      

                                                                                                                                                     

    Il ne s'agit pas de communautés montées l'une contre l'autre mais de deux catégories d'habitants qui découlent d'une évolution différenciée de leur logement.

    Point de départ : 2004, tout le monde est locataire. A des conditions considérées comme favorables. Les propriétaires de l'immeuble, une indivision, le cèdent à un groupe financier à capitaux américains qui procède à une "vente à la découpe". La loi "Aurillac", qui accorde des droits aux locataires victimes de ces ventes, ne sera votée qu'en 2006.

    Les résidents sont décrits comme faisant partie des classes moyennes, mais leurs réactions diffèrent. Certains d'entre eux saisissent l'offre qui leur est faite. Les appartements libres sont achetés par de nouveaux arrivants. A 8.000 €/m², après rénovation, ils considèrent que "c'est le prix".

    Treize autres, dont les baux ont été reconduits pour six ans, créent en 2005 un "comité de locataires" qui cherche et obtient le soutien d'une association de défense, et de la mairie. Ils ont comme modèle la résidence des Arquebusiers où un immeuble entier a été acquis il y a quelques années par la Ville pour y loger ceux qui s'étaient mobilisés.

    Courant 2008, la Mairie de Paris, à travers le bailleur social social RIVP (régie immobilière de la ville de Paris, dont le président n'est autre que P. Aidenbaum), traite avec le vendeur sur la base de 4.000 €/m² et obtient son accord pour que les membres du comité puissent individuellement, s'ils le souhaitent, acquérir leur logement au prix de 5.000 €/m². Deux locataires profitent de l'aubaine et deviennent propriétaires. L'un d'eux, peu de temps après son passage chez le notaire, décide de revendre son bien en faisant la culbute à près de 10.000 €/m². Opportuniste ordinaire …. ou spéculateur  ?

    Une part importante des lots est occupée par des galeries d'art, comme la galerie Lambert. L'acquisition, pour elles, ne pose pas de problème pas plus qu'au promoteur qui conserve trois appartements et la "latitude" accordée par le Maire de les vendre.

    Si on s'en tient à ce descriptif, il semble que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes.

    Ce n'est qu'apparent. La réalité est tout autre : les nouveaux propriétaires attaquent la RIVP et la Mairie de Paris devant le Tribunal Administratif. Ils demandent l'annulation par le tribunal de la vente à la RIVP et accusent la Mairie de Paris d'immixtion et d'influence dans les transactions qui se sont déroulées.

    Ils mettent en avant le préjudice qu'ils subissent du fait du traitement discriminatoire entre les deux vagues d'acheteurs et le caractère choquant de la spéculation à laquelle s'est livrée l'un des bénéficiaires, en doublant son capital en six mois. Ils craignent les conséquences néfastes, sur la valeur de leur bien, d'un changement de destination de l'immeuble et dénoncent le risque que la Ville cherche à étendre son emprise de façon arbitraire en préemptant des futures ventes individuelles, au mépris de l'intérêt et de la liberté d'agir de chacun.

    Il appartient à la justice de trancher ce litige. Il faudra démontrer que le Maire n'était pas dans son rôle en obtenant la modération à l'égard de la RIVP et des nouveaux acheteurs, et que le vendeur n'a pas agi de son plein gré. Va-t-on ressortir à l'occasion la parabole de l'ouvrier de la 11ème heure ? Y a-t-il fondement d'accuser la mairie de décisions qu'elle n'a pas encore prises ? Ce qu'on peut prévoir en tout cas et à coup sûr, c'est que les deux communautés auront du mal à cohabiter.

    Nous l'avons souligné au cours de la réunion le 25 mai 2010 de la CLSS (commission locale du secteur sauvegardé) du Marais, l'acquisition par la Ville de Paris de logements à l'occasion d'une rénovation, sauf s'il s'agit de la totalité de l'immeuble, et a fortiori dans le "diffus" (appartements isolés) est une opération délicate car elle contient en germe des risques de conflits. Cette affaire en est l'illustration.

     Il ne s'agit pas d'une fatalité toutefois puisque, au moins jusqu'à présent, la situation a été bien gérée dans des résidences comme les îlots Charlot-Pastourelle, Temple-Pastourelle et une autre au moins qui se dessine dans le IVe (on en parlera plus tard), mais l'exemple présent montre qu'un déficit d'écoute, de concertation et, in fine, de conciliation, peut conduire tête la première à un échec.

    Gérard Simonet

     

      

  • Terrasse sur rue

    Terrasse rue des Lombards (1er-4ème). Ce qui nous attend dans le Marais si les pouvoirs publics ne réagissent pas.
      

    Ils commencent à réagir cependant. C'est le Maire du VIe et le Commissaire Central, les premiers, qui en ont pris l'initiative. Dans une lettre co-signée aux responsables d'établissements recevant du public, divulguée par "Vivre Paris !", réseau d'associations auquel nous appartenons, il les met en garde contre les débordements de terrasses et contre le bruit généré par les clients qui consomment sur l'espace public.

    Voici la copie de cette lettre.

    Les Maires et Commissaires Centraux des IIIe et IVe arrondissements en prendront surement connaissance avec intérêt. Chacun a naturellement le choix de ses moyens d'action compte tenu du contexte local mais l'exemple venu d'ailleurs est porteur d'enseignements qu'il ne faudrait surtout pas ignorer.

  •  

    Peninou mao 

     Mao Peninou, Adjoint au Maire de Paris, chargé de la qualité des services publics municipaux et de l'accueil des usagers.

      

    Trois associations membres du réseau "Vivre Paris !", ACCOMPLIR (Les Halles-Montorgueil), A.Ab.V. (Association Anti-bruit de Voisinage) et "Vivre le Marais !" ont été reçues le 10 juin par Mao Peninou et son Directeur de Cabinet Thomas Perez-Vitoria. D'autres associations du réseau, qui comporte désormais 13 membres, seront également reçues le 22 juin. Mao Peninou disposera ainsi d'une vision panoramique de la problématique telle que, dans leur diversité, les habitants de Paris la vivent.

    L'accueil a été radicalement différent de celui que nous avait réservé le 8 mars Ian Brossat, président du groupe communiste à la Mairie de Paris et instigateur de ces "états généraux". Sa vision unilatérale de la nuit parisienne, essentiellement attentive aux intérêts des professionnels de la nuit, exploitants d'établissements et fabricants de boissons et matériel de diffusion de musique amplifiée, excluait a priori d'y associer les associations de défense des riverains.

    Dans une lettre adressée le 10 février au Maire Bertrand Delanoë,  nous avions pris position sur cette campagne surréaliste dont le thème était "Paris s'endort, Paris se meurt". Elle assénait des contre-vérités au point que Christophe Girard, Adjoint au Maire de Paris pour la Culture, la qualifiait publiquement de "cabale". Comment prétendre que Paris est une ville en déclin alors qu'avec ses 30 à 35 millions (suivant les sources) de visiteurs par an, elle est la ville la plus recherchée au monde. Pas forcément pour ses nuits, mais pour son rôle majeur dans le création, son dynamisme économique, son patrimoine historique et architectural, sa vie culturelle, ses monuments, ses spectacles, sa gastronomie, son art de vivre, la douceur de son climat et son romantisme.

    Sensible à nos arguments, M. Delanoë nous faisait recevoir par Renaud Helfer-Aubrac, un membre de son cabinet, pour nous rassurer sur ses intentions de nous impliquer dans les "états généraux de la nuit" lorsqu'ils auraient lieu. Le rendez-vous d'aujourd'hui avec Mao Peninou, à qui le Maire Bertrand Delanoë  a choisi de confier l'organisation et la gestion de cet évènement, a confirmé cet engagement.

    Les dates retenues sont les 12 et 13 novembre 2010. Dès juillet, des ateliers seront constitués autour de thèmes que nous devrons choisir. Les associations de "Vivre Paris !" en seront membres actifs et nos représentants seront présents à la tribune et rapporteurs. L'ambition de Mao Peninou est de parvenir à traiter équitablement  "la nuit reposée, la nuit travaillée, et la nuit festive" en veillant au respect mutuel des uns et des autres.

    Nous ne pouvons qu'approuver cet objectif. Le respect des individus et des lois qui sont le ciment de notre république a toujours été notre credo.

       


  • Turenne 39 cour et gloriette

    Cours intérieures très encombrées entre les 37 et 39 de la rue de Turenne (IIIe). Le "lanterneau" au centre est surnommé "la Gloriette" par les riverains.

                                                                                                

      

    Le 1er juin sur ce site
    en réponse à une lettre de riverains copropriétaires
    aux décisionnaires en matière d'urbanisme dans le Marais, le Maire Pierre Aidenbaum
    était là, en compagnie de son Adjointe à l'urbanisme Christine Frey,

    mais aussi Sophie Hyafil, Architecte en chef des Bâtiments de France, Elisabeth
    Blanc et Daniel Duché, architectes en charge du dossier de révision du PSMV
    (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais.

    De quoi s'agissait-il ?

    On l'aura remarqué sur
    la photo, les cours de ces immeubles sont occupées par une imbrication d’ateliers,
    jardin et terrasses que domine un lanterneau aux allures romantiques de la fin
    du 19ème ou début du 20ème siècle. Le PSMV dans son 
    état actuel, toujours en vigueur, prévoit que  toutes ces constructions bien présentes sont amenées à disparaître.

    Les
    propriétaires des immeubles qui entourent la cour s’en émeuvent car ils souhaitent
    le maintien des ateliers. Dura lex, sed
    lex
    pourrait-on dire, mais le règlement du Marais prévoit la possibilité pour les Bâtiments de
    France de décider la démolition
    mais pas l'obligation.
    Ils sont donc juges de la situation.

    Ces ateliers ont
    accueilli pendant de nombreuses années l’entreprise IMEX spécialiste en gros de
    fausse fourrure. Trop à l’étroit dans un quartier en mutation,  IMEX a quitté le quartier à la fin des années
    90. Les ateliers, rachetés par des promoteurs, ont un avenir incertain quant à leur utilisation. Après avoir hébergé les archives du mémorial
    juif, ils accueillent aujourd’hui de façon provisoire une partie des Archives Nationales dans l’attente de la livraison du nouveau bâtiment que
    construit le Ministère de la Culture et de la Communication à Pierrefitte.

    Il y a désormais parmi
    les habitants des immeubles riverains de la cour une prise de conscience qu'il
    faut préserver les ateliers et en particulier le lanterneau, témoin de l’époque
    artisanale du Marais. Les habitants sont attachés au cadre de la cour, à son
    calme et apprécient le mélange d’habitations et d’activités, quand elles sont
    silencieuses …

    Les réactions de
    architectes ont laissé penser que la construction et sa gloriette auraient
    droit de cité dans le PSMV révisé, comme d'autres qui seront réhabilitées au nom
    de la sauvegarde de la mémoire industrielle du
    19ème siècle mais aussi, dans
    le cas présent, pour la qualité esthétique intrinsèque qui lui est reconnue. La
    photo permet d'en juger.

    Il reste à voir comment,
    à l'intérieur et autour de ce symbole remis à neuf, des logements, des
    activités économiques ou des équipements trouveront leur place. 

                                                                                                             

    Avec la contribution de Anne de Gromard, architecte, et Daniel Sée