Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Auteur/autrice : Vivre le Marais

  • Ste croix passage désir 

    Embarquement pour Cythère : le "passage du désir", 23 rue Sainte-Croix de la Bretonnerie (IVe)

     

    On ne sait ce que l'Ordre de Sainte Croix, communauté dominicaine fondée en 1211 dans l'actuelle Belgique, par Théodore de Celles, penserait de ce nouvel hommage rendu par les hommes du XXIe siècle à la Sainte Croix de Jésus, mais il faudra s'habituer à voir dans la rue qui lui est consacrée, des établissements qui ont choisi de se spécialiser dans autre chose que les images pieuses, les livres d'église ou les objets du culte.

    Ne voulant céder en aucune manière à la vulgarité, je refuse de me livrer à un jeu de mots douteux sur les objets en question. Mais ceux que ce commerce propose nous invitent aux délices de Capoue. Il a choisi pour enseigne : "le passage du désir" avec pour sous-titre : "le magasin de l'amour". Il a opté pour un style sobre, respectueux du caractère du Marais. Dont acte. Notre préoccupation, plusieurs fois affirmée, est que nos quartiers résistent à la dérive de la "pigalisation", la vulgarité dans le sexe, la pornographie en guise d'érotisme. Il nous semble que ce commerçant a une approche du sexe qui reste compatible avec la dignité humaine. Chacun appréciera en fonction de ses valeurs.

    Pour autant, nous ne donnons pas licence à ceux qui voudraient que ce type de commerce prolifère. La qualité d'un quartier est dans la diversité de ses composantes, qu'elles soient morales, politiques, culturelles, sociales ou économiques. La Maire du IVe doit y être attentive mais elle dispose encore de peu de leviers pour intervenir. Il y a des dispositions dans le PLU (plan local d'urbanisme) de Paris qui pourraient l'y aider mais elles sont en instance de jugement dans un litige au Tribunal Administratif, qui oppose en appel le Préfet au Maire de Paris. 

    Il s'agit de la préservation des commerces de proximité. Déclarée incompatible avec la liberté du commerce, en première instance, il se pourrait, selon Didier Bertrand, Directeur Adjoint de l'Urbanisme à la Mairie de Paris, que les nouvelles lois sur la "modernisation de l'économie et de l'artisanat" fournissent au tribunal l'assise légale qui a fait défaut dans le jugement précédent, pour déclarer le PLU recevable dans ses nouvelles dispositions.

     Il faudrait ensuite que ces dispositions soient déclinées dans le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, à l'occasion de sa révision car, il faut le rappeler, c'est lui qui régit le secteur du Marais.

     

    26 novembre 2008

    Publication d'une lettre de Philippe Haeringer, docteur en urbanisme et lecteur du blog :

    Merci, Monsieur, de cette information régulière, de votre vigilance, de votre sagacité, de votre engagement. Je mesure le découragement que vous pouvez ressentir quelquefois. Dans le monde entier le centre historique des très grandes villes est en proie à un syndrome d'autodestruction.

    L'issue de cette pathologie est souvent la table rase. On y a songé naguère pour notre quartier. Il semble acquis qu'on n'y reviendra pas. Mais, depuis ce temps, le Marais se bat pied à pied, quelquefois le dos au mur, pour que la gangrène ne reprenne pas le dessus. C'est épuisant pour ceux qui, comme vous, prennent part à ce combat. Heureusement, ça marche : pour un pas en arrière, deux pas en avant sont faits. Moi, qui ne fais que passer de loin en loin, j'admire.

    Chercheur à la retraite, vivant dans les Préalpes drômoises, je continue cependant de piloter une équipe doctorale que j'avais réunie avant de partir et qui poursuit sa route. Ce groupe s'appelle  "Orients urbains". Il rassemble en effet de jeunes architectes, économistes ou géographes de tous les pays d'Orient, du plus proche au plus lointain, qui aspirent à devenir docteurs en urbanisme. Je multiplie avec eux les "explorations urbaines" dans tous les plis et replis de l'agglomération Ile-de-France. Je les ai aussi emmenés à plusieurs reprises dans le Marais. Mais je viens de décider de leur faire découvrir votre blog ainsi que le Bulletin trimestriel de notre association.

    Comme je vous l'ai dit entre deux portes le mois dernier, celui-ci est devenu, au fil des ans, un trésor d'expérience locale qui méritera un jour publication. Ce qui sera utile à mes étudiants, c'est notamment la diversité des thèmes abordés et leur mise en relation avec les rouages du gouvernement local. Ils apprécieront aussi la simplicité de vos "brèves", l'efficacité de vos photos, et le suivi que vous assurez sur chacun de ces dossiers.

    Encore une fois, bravo et merci !

    Philippe Haeringer,

    Télécharger la lettre                             

                                                                       

     

  • Aubriot 

    Vue des constructions depuis la rue des Guillemites

    La Mairie de Paris reproche au propriétaire de ces constructions, rue Aubriot (IVe), d'avoir procédé, "sans autorisation administrative préalable, à des travaux de démolition et de reconstruction de toutes les toitures sur rue et sur cour, avec rehaussement d'environ un mètre de la toiture et pose d'une fenêtre donnant sur un immeuble", 9 rue des Guillemites.

    L'infraction a été constatée par procès-verbal d'infraction en 2006, envoyé au Procureur de la République pour poursuites pénales.

    Un rehaussement de bâtiment n'est pas une modification anodine. La surface habitable d'une construction est en fait un "volume" dont la valeur n'est prise en compte par le fisc, l'urbanisme et dans les transactions immobilières, que si la hauteur dépasse 1,80 mètre. En l'augmentant de quelques décimètres, on peut, dans certains cas de figure, gagner des mètres carrés de surface habitable dont la valeur marchande passe de zéro à plusieurs centaines de milliers d'€.

    Pour les voisins, et c'est le cas ici, la vue depuis leurs fenêtres peut se voir amputée de façon notable. On peut comprendre que ceux de la rue des Guillemites aient fini par se regrouper et se porter partie civile, à la fois pour des questions de principe (respect des lois et règlements) et pour le préjudice subi.

    La charge du Parquet et celle des tribunaux est telle que cette affaire n'est pas encore passée devant la cour correctionnelle compétente. Le moment venu, notre association a décidé qu'elle serait présente à l'audience avec les parties civiles, au nom de nos statuts dont l'article "objet" stipule que l'association a pour vocation de "veiller au respect de l'architecture et de l'urbanisme ….. et du plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) du Marais".

    La Mairie de Paris a demandé au Parquet de requérir la démolition sous astreinte (avec pénalités pour chaque jour de retard) et la remise du toit dans son état initial. De plus, le contrevenant risque le paiement à l'Etat d'une amende à caractère pénal, dont le montant est apprécié par le Juge, et de dommages-intérêts aux parties civiles. 

                                                                                                                     

  • Charlot 21 avant renovation 

    21 rue Charlot (IIIe), il y a deux ans

     

    Charlot hotel marais d'anjou après travaux 

    La rénovation qui est l'oeuvre de la COGEDIM.

    Il serait plus étonnant encore de comparer les intérieurs. Tout n'était que ruines et délabrement. Ce qui pouvait avoir encore une valeur marchande avait été pillé : rampes d'escaliers, portes, fenêtres, fils de cuivre…. Baudelaire se serait plu à promener son spleen dans ce décor hallucinant. C'était, dans les années 90, le squat "Marais Publique".

    La nouvelle résidence occupe la place d'une ancienne maison début XVIIe siècle, construite pour M. Desjardins, maçon, côté 21 rue Charlot et d'un hôtel non identifié du XVIIIe, côté 6 rue Pastourelle (source A. Gady). Implantée sur plusieurs bâtiments, trois cours intérieures, un jardin à la française et une courette, elle respecte tout à fait le style de la rue et le caractère du Marais. Elle répond aujourd'hui au nom de "Hôtel d'Anjou du Marais", comporte 43 logements de haut standing, dont les prix tournent autour de 11.000€ le m². Néanmoins, 25% de la surface habitable est constituée de 14 appartements à caractère social (locatif aidé). Les bénéficiaires sont des employés du Ministère des Finances.

    Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, s'est longtemps fait prier pour donner son feu vert au permis de construire. Le PLU (plan local d'urbanisme) de Paris fait désormais obligation aux entreprises de rénovation, pour des surfaces de plus de 1.000 m², de réserver 25% de leurs projets au logement social. Dans le IIIe, mais aussi dans le IVe, à l'intérieur du périmètre du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, le PLU ne s'applique pas. Il a donc fallu que Pierre Aidenbaum joue de sa force de persuasion (et de quelques leviers dont tout Maire dispose) pour convaincre la COGEDIM de se plier à ses demandes.

    C'est une manière de procéder qui a ses avantages : les finances de la Ville, donc l'argent des contribuables, ne sont pas sollicitées, l'exécution est rapide et l'objectif social est préservé. C'est cette approche qui pourrait résoudre, comme nous l'avons dit précédemment, le problème aigu du 35 rue Pastourelle et de ses arcades.

    Dans le Marais, mais singulièrement dans le IIIe, il y a encore de nombreux immeubles qui servent d'entrepôts aux grossistes. Leur absence de motivation pour entretenir un patrimoine qui possède une vraie valeur intrinsèque, cause la dégradation d'une partie de notre parc immobilier. Créer des logements dans un secteur où il n'est pas possible de construire, c'est avant toute chose réhabiliter ces constructions et les rendre à l'habitation, en confiant leur rénovation à ceux dont c'est le métier. L'expérience montre qu'il est possible d'obtenir d'eux qu'ils assurent la diversité des occupants.

                                                                                                                    

    Temple 104 vue generale 

    Cette photo, rue du Temple, illustre bien notre propos. L'immeuble possède une certaine valeur architecturale, le porche est généreux, mais on constate à la vue du premier étage, qu'il est en situation de quasi abandon. On trouve d'autres appartements sur cour ou en étage dans le même état de désolation.

    Une politique intelligente en matière d'urbanisme, dans nos quartiers, ne doit pas se limiter à trouver des hangars aménageables on des immeubles à surélever. Elle doit agir pour que les conditions de transformation du parc immobilier défavorisé, qui doit être mis en valeur et rendu accessible à l'habitation, soient désormais remplies.

                                                                                                                                           

                                                                                                                         

  • Pastourelle 35 nov 08 

    Le trop fameux immeuble à l'angle Temple-Pastourelle, dont les arcades sont évacuées de leurs occupants chaque jour par les forces de police et nettoyées de leurs immondices par la Propreté de Paris.

     

    Le bar qui lui fait face, "Le Roi du Café", ne décolère pas. Ce ballet quotidien et les nuisances qui l'accompagnent ne font pas ses affaires, pas plus qu'il ne réjouit des riverains, à qui les arcades sont interdites de fait, et qui redoutent un nouvel incendie, comme en février 2008, où le feu à un parc de deux-roues a mis leur immeuble du 119 rue du Temple, juste en face, en danger sérieux.

    L'immeuble, vide, appartient à France Telecom qui a décidé de le vendre. Un rénovateur a fait une offre. La Mairie de Paris a exercé son droit de préemption à un prix qui est inférieur de 40%. France Telecom a refusé et l'affaire est allée devant le Tribunal Administratif. Le jugement est tombé : la Mairie de Paris doit s'aligner sur le prix de l'offre ou renoncer à préempter.

    Soucieux de ne pas perdre la possibilité de réaliser des logements à caractère social dans cet immeuble qui comporte une dizaine d'appartements, le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, a engagé des négociations avec le repreneur potentiel. Habile et conciliant, il a obtenu en principe que le rez-de-chaussée lui soit réservé, ainsi que les sous-sols, et que un tiers des appartements lui soient cédés à un prix préférentiel, compatible avec une offre de logements à loyers modérés. C'est mieux que le PLU (plan local d'urbanisme) de Paris qui fixe cette obligation à 25% de la surface habitable.

    Il est légitime, pour Pierre Aidenbaum, de se demander dans ces conditions s'il faut poursuivre la procédure d'appel, avec le risque de perdre à nouveau. Il s'engagerait alors dans une voie qui n'aurait pas de chances d'aboutir à la mise de logements sur le marché avant 4 ou 5 ans. A l'opposé, le repreneur s'engage à livrer l'immeuble rénové sous 20 mois et à commencer immédiatement les travaux, ce qui aurait pour effet de libérer le quartier des nuisances que nous subissons du fait de l'état d''abandon de l'immeuble.

    Pierre Aidenbaum a donc la possibilité de régler le problème au mieux de l'intérêt général. Il lui reste à finaliser sa négociation et à convaincre l'Hôtel de Ville de le suivre.

                                                                                                                                      

  • Michel le comte devanture cartons 

    3 rue michel le Comte : un grossiste en … cartons

     Michel le comte 5 linéaire

    Un peu plus loin, une succession de grossistes et, soudain …. une vitrine avec de jolies maquettes.

     

    Désormais, rue Michel le Comte, les vitrines se suivent mais ne se ressemblent plus. 

    La photo du haut illustre ce que nous voudrions cesser de voir. C'est heureusement une espèce en voie de disparition : vitrine et arrière-boutique délabrées, cartons à profusion et livraisons qui encombrent les trottoirs et embouteillent le quartier.

    La photo du bas est notre raison de croire que la diversification des activités est en marche : un cabinet d'architectes s'installe au numéro 5. Massimiliano Fuksas a loué le premier étage pour y installer ses bureaux, et la boutique pour exposer ses maquettes.

    A l'autre bout de la rue, à l'angle Beaubourg, un grossiste en maroquinerie procède à sa liquidation. Personne ne regrettera sa porte à l'angle Michel le Comte, régulièrement encombrée de cartons tels des pylônes de pacotille à l'entrée d'un faux temple égyptien.

    Beaubourg grossiste 

    Reste à savoir qui le remplacera. C'est là qu'on verra si le mouvement amorcé, encore fragile, se confirme.

                                                                                                    

  • Résidence la perle 

    Résidence de la Perle, rebaptisée "Madeleine Béjart", 2 rue de la Perle (IIIe)

     

    Avec le conseil de quartier concerné, nous demandions depuis trois ans que la façade de cette maison de retraite pour personnes âgées, décrépie et décrépite, soit ravalée, à la fois par souci de dignité à l'égard de ses pensionnaires et pour sauvegarder l'esthétique d'un ensemble immobilier qui accompagne l'Hôtel Salé (musée Picasso).

    La Direction des Affaires Sociales de Paris dont elle dépend, a mis du temps à réagir à une intervention du Maire mais ces échaffaudages témoignent que les travaux sont désormais engagés.

    Que ceux qui savent me pardonnent de rappeler que l'Hôtel Salé doit son nom à Pierre Aubert de Fontenay, Fermier des Gabelles, pour qui il fut construit en 1656 par l'architecte Jean Boullier de Bourges. La gabelle était l'impôt sur le sel. D'où le surnom d'Hôtel "Salé" qui lui est resté.

    Il a hébergé l'Ecole Centrale de Paris (Ecole Centrale des Arts & Manufactures), à sa création en 1829, avant qu'elle n'aille occuper les bâtiments de l'actuel IIIe, dans le rectangle des rues Montgolfier, Conté, et Vaucanson, avant son expatriation, au vert, à Chatenay-Malabry.

    Auparavant, en 1671, il fut lui aussi le siège de l'ambassade de la république de Venise en France. 

    Il subit actuellement une cure de rajeunissement avec la réfection totale des façades sur rues, cour d'honneur et jardin. Les travaux se déroulent en quatre tranches de 8 mois chacune. Il est fermé en ce moment en réouvrira ses portes au public le 24 octobre, pour un temps.

                                                                                                                                      

                                                                                                                                      

  • Vieille Temple dimanche 12 octobre 

    Rue Vieille du Temple (partie IVe) le dimanche 12 octobre 2008, deuxième dimanche après la fermeture du coeur du Marais à la circulation automobile.

     

    Sous l'effet conjugué des médias, qui ont abondamment couvert l'information, et de l'été indien particulièrement clément cette année, c'est un tsunami humain qui a déferlé sur cette partie du Marais. Toutes les rues où la circulation est interdite aux véhicules à moteurs se sont remplies de promeneurs : Vieille du Temple, Francs-Bourgeois, Rosiers, pour ne citer que les plus connues.

    Les visiteurs ont laissé leur voiture, espérons le, au garage, mais ils sont venus au plus près avec leurs motos. Tous les espaces piétons à la frontière de la zone interdite sont devenus de fait des parcs à motos, comme en témoigne cette prise de vue.

    Archives 47 motos dimanche 

    Espace devant les bureaux de l'Assurance Maladie, 47 rue des Archives (IIIe).

     

    Que doit-on en conclure ? On va attendre naturellement la fin de l'expérience. Il est probable, mais pas certain, que le flux de visiteurs s'atténue quand l'automne puis l'hiver se seront installés. Un risque se dessine pourtant : qu'on doive finalement choisir entre deux maux : revenir à la présence insupportable des voitures, ou accepter toutes les fins de semaine l'arrivée d'une marée humaine qui pourrait ne satisfaire ni les riverains ni les commerçants traditionnels.

    Il n'est pas interdit de réfléchir d'ores et déjà à la façon de gérer ce dilemme. Pour notre part, nous persistons à affirmer que cette initiative va dans le sens de l'histoire mais elle sera un échec si elle continue à ne s'appliquer qu'à une partie du centre historique de Paris. Il y a trop de monde à satisfaire pour trop peu de place. Il faut donc que des dispositions soient prises pour que la circulation des véhicules à moteurs soit significativement réduite dans tout le centre de Paris, le week-end et en semaine, et que corrélativement davantage d'espace soit laissé aux piétons, notamment mais pas exclusivement, le dimanche.

    On peut se demander, mais c'est un autre sujet, si la généralisation du travail le dimanche n'aurait pas pour avantage de désengorger notre zone touristique.

    "On ne veut pas sanctuariser le centre de Paris" disent certains élus. Pour nous épargner les affres du sanctuaire, il ne faudrait quand même pas qu'ils nous plongent en enfer !

                                                                           

    Post scriptum du 14 octobre :

    On lira avec intérêt l'article sur le sujet de notre confrère   http://lindependantdu4e.typepad.fr/                                                           

  • Cour venise

    Résidence de la Cour de Venise, 10-14 rue Saint-Gilles (IIIe)

     

    C'est un ensemble d'immeubles dont l'origine remonte au milieu du XVIIe siècle, avec l'Hôtel de Venise, résidence de l'ambassadeur de la sérénissime République de Venise. Il devint l'Hôtel de Morangis, au cours du siècle suivant, après adjonction de quelques dépendances qui en étendirent la surface.

    Au début du XIXe, l'Hôtel fut démoli et le site affecté à des activités industrielles et locatives. Il s'y installa une population modeste et des artisans. Il y a quelques années, sa situation, à deux pas de la place des Vosges, en fit la cible de promoteurs qui envisagèrent d'y construire des logements de luxe. Un collectif d'habitants et des associations s'unirent alors autour du Maire du IIIe, pour qu'un projet plus social voie le jour.

    La réhabilitation a été réalisée sous la maitrise d'ouvrage de la SAGECO, l'un des bailleurs sociaux de la Mairie de Paris. Bien que social, il s'agit d'un habitat de bon standing qui n'a rien sacrifié aux exigences de l'esthétique du Marais. Les bâtiments sont bas et l'équilibre des volumes a été respecté. Il s'agit de petits appartements en général mais certains, sur un total de 75, dépassent 100 m² de surface et peuvent accueillir des familles.

    La cour est bordée d'une quinzaine de locaux avec vérandas, qui sont destinés à abriter des artisans, des artistes ou des créateurs. Un de ces locaux, plus grand, a été affecté aux activités d'un centre médico éducatif, "Autisme 75", qui prend en charge les adolescents autistes. Sa Directrice, Laurence Piou nous a indiqué brièvement ses objectifs : prise en charge de jour de 17 jeunes gens pour les accompagner dans leur insertion sociale. Ce chiffre sera porté à 22 en mars 2009 avec internat alterné à raison d'une semaine sur cinq.

    Tous les logements sont affectés voire occupés déjà. Les locaux commerciaux ont du mal, en revanche, à trouver preneurs. Il faut dire que les loyers sont au niveau du marché et que les artisans, dans l'économie d'aujourd'hui, se font rares, en dépit d'une demande qui ne faiblit pas. C'est un paradoxe qu'on a quelque mal à comprendre.

                                                                                                                                                   

  • Archives sud

    La rue des Archives, entre les rues de la Verrerie et des Francs-Bourgeois (IVe)

    La Maire du IVe, Dominique Bertinotti, est opiniâtre. Tout au long de sa précédente mandature, choquée par le comportement anarchique du bar "Le COX", au 15 de la rue, qui fait du trottoir un espace qui lui appartient, elle s'est sincèrement appliquée à trouver la solution miracle.

    Il existe une solution radicale : demander à la police de dresser procès-verbal et d'appliquer des sanctions. Généralement, une fermeture administrative de un ou plusieurs jours, voire définitive, suffit à ramener l'ordre républicain.

    Elle ne s'y est pas (encore) résolue, pas plus que la police qui a fait oeuvre de conciliation. On nous dit que "le COX est le COX", et nous avons envie de rajouter "et il entend le rester", pour paraphraser cette déclaration éminemment tautologique du Général de Gaulle à propos de Calais "port de pêche….". Nous le disions il y quelques mois, la mise en place par le COX d'un couloir humanitaire, le soir, avec un cordon rouge était un geste de bonne volonté que nous avons apprécié.

    Malheureusement, ce cordon "dérivant" ne parvient plus à contenir les consommateurs qui se pressent debout leur verre à la main, défiant ainsi une autre interdiction de l'arrondissement : la consommation en réunion sur la voie publique.

    D. Bertinotti a donc cherché d'autres mesures. Elle a successivement demandé une étude, il y a trois ans, au cabinet d'architectes-urbanistes Altabégoïty-Beyle, puis au CSTB (centre scientifique et technique du bâtiment). La Direction de la Voirie de la Mairie de Paris, dans une intervention auprès de la Plateforme Parisienne des Associations d'Habitants, parlait en juin de "plusieurs projets" en cours. Interrogée par les associations sur le sujet, D. Bertinotti s'insurgeait en affirmant qu'il n'y en avait aucun. Elle n'avait pas tort, dans la mesure où elle considérait que les propositions faites n'étaient pas acceptables.

    De source proche du dossier, on sait qu'elle avait obtenu de l'Hôtel de Ville un budget de 840.000€ sur 2008 et de 840.000€ à nouveau pour 2009. La première tranche ne sera pas engagée en 2008. Tout est reporté en 2009.

    L'indécision de la Maire en la matière est une preuve d'intelligence. Rien ne dit en effet que la configuration actuelle de la rue ne soit pas la meilleure. Un urbaniste nous disait récemment que "si on fait tourner un modèle heuristique sur les données disponibles, il conclura que l'optimum est dans le dimensionnement de la chaussée et des trottoirs tel qu'on le connait aujourd'hui".

    L'expérience montre en particulier que tout élargissement des trottoirs conduit bon gré mal gré à une extension des terrasses.

    Faut-il dans ces conditions, pour ménager un bar aussi rutilant soit-il, dépenser 1,7 Million d'€ sur l'argent des contribuables et leur faire subir pendant des mois les affres d'un chantier qui créera inévitablement des désordres importants ? On comprend que Dominique Bertinotti hésite …

                                                                                                                                      

  • Vieille temple dimanche paysage

    La rue Vieille du Temple, au carrefour Francs-Bourgeois, le dimanche 14 septembre 2008. Déjà piétonnisée de fait, comme la rue des Francs-Bourgeois (Photo VlM).

                                                                                                                

    La réunion publique du 11 septembre en mairie du IIIe, annonçant la piétonnisation, à l'essai, le dimanche après-midi, de l'espace compris entre ces rues et leurs affluentes, La Perle, Parc-Royal et Sévigné a mobilisé le Landernau médiatique, dont une équipe de France 3 Île-de-France qui nous a invités ce dimanche à prendre part à un reportage.

    Nous n'avons pas échappé à la question : "qu'en pensez-vous ?"

    Il fallait tout d'abord rétablir une réalité qui a été occultée par le fait que la mairie du IVe n'a pas communiqué sur le sujet de manière synchrone avec celle du IIIe. Tout le monde ignore par conséquent que la zone visée par l'expérimentation comprend la rive gauche (IVe) de la rue des Francs-Bourgeois mais aussi la portion sud de la rue Vieille du Temple et un périmètre délimité par la rue du Roi de Sicile. Les rues des Rosiers, Ferdinand Duval et des Ecouffes en font naturellement partie.

    Ceci étant, nous avons rappelé aux journalistes que nous insistons depuis des années auprès des Maires des deux arrondissements pour que  la circulation des véhicules motorisés soit réduite, dans les artères étroites du centre historique de Paris. Nous avons nos hiérarchies : il y a des véhicules prioritaires à nos yeux et des secteurs prioritaires. Sont prioritaires, par ordre d'importance : les véhicules de secours, les services publics (dont les taxis), les riverains, puis les livraisons (qu'il faut réglementer) et, pour finir, une circulation qu'il faut réduire, celle des véhicules de passage.

    Il y avait un secteur prioritaire, celui des grossistes du périmètre Beaubourg-Temple, où des dispositions audacieuses étaient attendues de la part du Maire du IIIe, après l'étude et les propositions concrètes de l'APUR (atelier parisien d'urbanisme), les multiples réunions qui se sont tenues sur le sujet et pour finir une annonce de sa part qui, quoique timide, nous apportait quelques perspectives d'amélioration, notamment l'interdiction de circuler dans la rue des Gravilliers, pour les non riverains. Tout s'est sublimé (*) avec les élections. Rien ne subsiste de nos maigres espoirs.

    Alors, que penser de l'expérience Francs-Bourgeois ? Bien sûr elle va dans le bon sens mais notre regret est qu'elle ne soit pas présentée comme la première réalisation d'un plan d'ensemble de limitation du trafic dans le Marais et, comme nous le disions plus haut, que le dossier le plus critique en matière de circulation n'ait pas reçu encore l'ombre d'une esquisse de traitement.

    (*) sublimation = passage direct de l'état solide à l'état gazeux