Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Auteur/autrice : Vivre le Marais

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    Sery autoroute
    Sery
    Photo du haut : sur une autoroute, graf exposé sur le site "Street Art Graffiti", photo du bas, échantillon d'un des nombreux marquages relevés dans le Marais. FranceTV info nous révèle sa véritable identité : Mickaël Graça

     

     

    Pour visiter le site du tagueur, commander des bombes, des marqueurs, des gants de protection, des masques, consulter la galerie, accéder à la bibliothèque etc … Cliquer dans Street Art Graffiti….

    Cet individu qui signe "Sery" de façon caractéristique a pignon sur rue. Il s'affiche librement dans une activité de nature commerciale. En même temps il pourrit nos quartiers de ses tags abjects. La rue des Archives en est jalonnée, de l'Hôtel de Ville à la mairie de Paris-centre. Le Maire Ariel Weil, la Maire adjointe à la propreté à l'Hôtel de Ville Colombe Brossel, les responsables de la technostructure Propreté de Paris sont invités à constater ou lancer une inspection.

    Que disent les textes de loi ? Interdits par la loi, les graffitis constituent un délit prévu à l’article 322-1 du code pénal alinéa 2, sanctionné d’une amende de 3750 euros et d’une peine de travaux d’intérêt général. Par ailleurs, selon l’article R635-1 la « destruction, la dégradation ou la détérioration volontaires d'un bien appartenant à autrui » dont résulte un dommage léger, constituent une contravention punie d’une amende de classe 5 (1500 euros) portée à 3000 euros en cas de récidive et de travaux d’intérêt général.

    Si le dommage n’est pas considéré comme « léger », l’article 322-1 du code pénal considère la dégradation volontaire comme un délit et la sanctionne de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.

    Les peines encourues peuvent être aggravées s’il s’agit d’un immeuble classé (Article 322-3-1) ou si l’infraction est commise « à raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, de la personne propriétaire ou utilisatrice de ce bien à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » (Article 322-2).

    Par ailleurs, si la teneur du message écrit constitue une diffamation, des injures publiques, des provocations à la discrimination, à la haine ou à la violence, les peines encourues peuvent être plus importantes."

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    A ce tarif, Monsieur Séry est passible du paiement d'une petite fortune en amendes. Sachant qu'il a commis une douzaine de graffiti dans le Marais et qu'on nous rapporte une activité intense dans le Ve, il devrait s'acquitter de quelques dizaines de milliers d'€. Il pourra certes les passer en frais généraux de son officine de vente de bombes et marqueurs mais il pourrait être aussi amené à réfléchir. Pour autant que ce soit possible chez quelqu'un qui est dérangé au point de consacrer des nuits avec la complicité de l'obscurité pour exercer ses actes de vandalisme.

    ParcmètreCommuniquée par "L'association des usagers de DansMarue" (audmr), cette photo d'un parcmètre recouvert de signatures "Séry", victime de son acharnement pathologique. Cet homme est un fou furieux ! dit-elle !

     

    "L'audmr (association des usagers de DansMaRue) s'est constituée récemment pour lutter contre les incivilités et délits urbains, avec l'appui de la mairie de Paris. Elle partage notre révolte contre le comportement de songe-creux qui ont la soif de détruire et de défigurer pour exprimer le vide de leur pensée, le refus voire la haine de la société. Son animateur François Louis se déclare à nos côtés dans la démarche que nous lançons et se joint à notre demande de sanctions auprès de la mairie de Paris. Précisons que dès le dépôt de plainte nous ferons acte de nous porter partie civile.

    GS

     

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    Aaa 13 02 21

    Perspective des Ponts de Paris : au premier plan le Pont Notre-Dame (1853/1919), ensuite le Pont au Change, le Pont Neuf. On devine, sans la voir vraiment, la Passerelle des Arts. La Seine est haute. En écarquillant les yeux, on peut voir jusqu'au Pont Royal. On est le samedi 13 février 2021 autour de 11h00 comme en témoigne l'inclinaison de l'ombre de la barrière métallique. Admirez la beauté du mascaron au centre sur la voute du pont et les têtes de béliers sur la pile du pont à gauche (Photo VlM – cliquer gauche pour agrandir)

     

  • Locations saisonnières st antoine valises roulettes floutée 12 03 12La location saisonnière, symbolisée par les fameuses "valises à roulettes" (Photos VlM)

     

     

    a Cour de Cassation a rendu ce jeudi un arrêt qui valide sa stratégie de lutte contre les plates-formes touristiques comme Airbnb, Abritel ou Leboncoin. Dans son arrêt la cour juge la réglementation nationale adaptée et proportionnée".

    Ian Brossat, Maire-adjoint communiste en charge du logement auprès d'Anne Hidalgo, s'en est immédiatement réjoui. Deux dispositions imposées par l'Hôtel de Ville étaient en cause : les 120 jours autorisés pour la résidence principale et l'obligation de convertir en  destination "commerciale" les résidences secondaires pour avoir le droit de les louer.

    Il existe en effet une typologie des locations saisonnières : On distingue le propriétaire, dont c'est la résidence principale, qui la loue pendant ses absences. S'agissant de son domicile personnel, il est improbable qu'il puisse s'en dessaisir longtemps. La réglementation à Paris en limite la durée à 120 jours par an. C'est considérable. Si le tribunal avait décidé d'étendre cette durée voire la supprimer, c'est à peine si on s'en serait rendu compte !

    L'autre cas de figure concerne les résidence secondaires. On en dénombre près de 130.000 à Paris, soit 9% des logements, avec une concentration plus forte dans les arrondissements du centre. La mairie de Paris, soucieuse de soutenir le marché de la location longue durée, n'a pas pu interdire la location touristique de courte durée mais a pris des mesures pour qu'elle ne soit possible qu'à la condition d'obtenir de la Ville un changement du statut "d'habitation" vers celui de "commercial", décision dont elle a la maitrise. Elle a rendu en pratique cette transformation difficile voire impossible en l’assujettissant d'obligations drastiques pour compenser la surface d'habitation perdue. 

    Pour cette catégorie de logements l'enjeu était fort pour la mairie de Paris et pour les plateformes de location. L'arrêt de la Cour de Cassation donne les coudées franches à Ian Brossat pour renforcer les contrôles et sévir en relançant les contentieux en cours. Il peut légitimement se réjouir d'avoir gagné une bataille.

    Il existe cependant un mode opératoire du "troisième type", très discret, mais qui se propage et prospère, et dont en apparence personne ne se soucie. Il s'agit des locaux nombreux, rez-de-chaussée, caves, étages même, qui abritaient une activité commerciale disparue ou déplacée hors de Paris. C'est le cas des grossistes-importateurs de maroquinerie et de bimbeloterie qui constituaient la mono activité de secteurs entiers des IIIe et IVe arrondissements.

     

    Gravilliers 20 cour vue de haut 09 02 12Cour d'immeuble dans le IIIe avant transformation

     

    Jusqu'à ce que la mairie de Paris cesse de diffuser par bulletin la liste des demandes de permis de construire et de demandes d'autorisations de travaux, on pouvait voir chaque quinzaine l'annonce de la transformation de nombreux locaux en "résidence hôtelières". S'agissant d'espaces ayant déjà le statut "commercial", aucune autorisation n'ést nécessaire si ce n'est celle de l'urbanisme.

    Certains s'en dispensent et sont rarement inquiétés. D'autres plus consciencieux déposent un dossier, soumis à l'avis conforme de l'ABF (architecte des bâtiments de France) qui n'a pas toujours les moyens de procéder aux contrôles du respect des règles du PSMV (devenu SPR). Ils procèdent tranquillement à la transformation de surfaces considérables en espaces pouvant accueillir les clients des plateformes de location.

    Par ce biais, la maitrise du phénomène de location saisonnière n'est plus vraiment l'affaire de Ian Brossat mais plus discrètement celle du Premier-adjoint à la Maire de Paris en charge de l'urbanisme, Emmanuel Grégoire, et de la technostructure dont il assure la tutelle. Ian Brossat peut se targuer d'avoir obtenu satisfaction en muselant les propriétaires de résidences secondaires à Paris, il reste démuni face à la déferlante des résidences hôtelières.

    Que doit-on en conclure ? Tout d'abord qu'il y aurait moins d'engouement pour la location meublée touristique si les lois en matière de location longue durée et la fiscalité n'étaient pas aussi pénalisantes pour les propriétaires-loueurs. Le Parlement devra un jour s'en préoccuper et M. Brossat l'admettre. Dans l'état actuel des choses, il faudrait que la mairie de Paris soit exigeante, protectrice du patrimoine et transparente vis à vis des transformations qui se déroulent autour de nous. Il faudra aussi que ces nouvelles résidences hôtelières soient soumises aux mêmes règles d'hygiène, d'accessibilité et de sécurité que l'hôtellerie traditionnelle pour éviter la concurrence déloyale.

    GS

     

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    Ass nat jpgL'Assemblée Nationale, chambre des Députés (Photo le Figaro)

     

     

    Le quotidien Le Figaro, comme la plupart des médias, se fait l'écho du dépôt ce 17 février par François Jolivet et une soixantaine de députés issus de la majorité LREM et de l'opposition LR, d'une proposition de loi qui appelle à «interdire l'écriture inclusive dans les documents administratifs et pour les personnes morales chargées d'une mission de service public".

     

    Ass nat proj loi

     

    Nous saluons cette initiative au nom de notre attachement à la sauvegarde du patrimoine collectif français, dont la langue de Montaigne fait partie. De quoi s'agit-il ? On tronque les mots avec des points séparateurs pour s'adresser aux personnes des deux sexes. Par exemple : "Cher.e.s concitoyen.ne.s… Cher.e.s lect.eur.rice.s… (notez qu'on a perdu les accents au passage !).

    Dans sa séance du 26 octobre 2017, l'Académie Française rejetait cette écriture en ces termes : "Prenant acte de la diffusion d’une « écriture inclusive » qui prétend s’imposer comme norme, l’Académie française élève à l’unanimité une solennelle mise en garde. La multiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. On voit mal quel est l’objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture – visuelle ou à voix haute – et de prononciation. Cela alourdirait la tâche des pédagogues. Cela compliquerait plus encore celle des lecteurs."

    Cette mise en garde n'a pas découragé ses partisans qui ont agi depuis en tirant parti de l'activisme de courants politiques et idéologiques. C'est ainsi que dans certaines sphères, notamment à l'université, on en est venu à discréditer les dossier rédigés dans la forme officielle de notre langue.

    Il y a d'autres façons plus efficaces et moins pénalisantes pour notre langue de défendre l'équilibre femmes/hommes dans notre pays, puisque tel est l'objectif revendiqué. On constate pourtant avec étonnement que le site de la mairie de Paris a cédé à cette dérive…

    Nous ignorons à cette heure si le projet de loi sera adopté. En tout état de cause, il est rassurant de constater que les consciences se réveillent et que de nombreuses voix s'élèvent autour de nous pour que cesse cette entreprise de sape de notre identité.

    GS

     

  • BretagneRue de Bretagne (IIIe) (Photos VlM – clic gauche jusqu'à 2 fois pour agrandir)

     

     

    Le quotidien Le Parisien publie ce mercredi 17 février un article signé Cécile Beaulieu avec interview de Gilles Pourbaix, président de l'association "Réseau Vivre Paris !", à propos des terrasses qui se sont créées au printemps 2020 à l'instigation de la Maire de Paris pour permettre aux bars-restaurants de recevoir du public à l'extérieur de leurs établissements.

    Elle analyse parfaitement la situation en ces termes : "Elles ont poussé par milliers dans les rues de la capitale. De toutes les tailles, faites de palettes  parfois protégées par des bambous, ou des bâches en plastique, avec sol en moquette vert gazon. Dès que la Ville a autorisé les cafetiers et restaurateurs à se doter de terrasses éphémères, ces deniers, cruellement touchés pas la la crise sanitaire ont rivalisé d'ingéniosité pour s'offrir un espace extérieur. Il en existe 8.000 aujourd’hui à Paris !".

    Gilles Pourbaix enchérit : "C'est abominable ! Certaines installations sont devenues de véritables poubelles. Elles enlaidissent les rues, donnent à certains de nos quartiers des airs de bidonvilles. Les déchets s'y accumulent, favorisant la prolifération des rats. Elles confisquent des places de stationnement, celles réservées aux personnes handicapées, aux vélos et aux livraisons."

    En conclusion, le Président de Réseau Vivre Paris rappelle que son association a annoncé qu'elle porterait plainte. Il précise "en référé, pour occupation de l'espace public". Sa crainte est que ces aménagements "soient pérennisés cet été à l'occasion de la révision du règlement des étalages et des terrasses. On se souvient que les représentants du mouvement "Vivre Paris !" avait été associés à sa rédaction et à son approbation par Élisabeth Borne, alors Directrice de l'urbanisme à la mairie de Paris, il y a dix ans en 2011.

    PicassoRue Vieille du Temple, sur fond de musée Picasso (IIIe)

     

    Les exemples ne manquent pas dans Paris-centre mais le pire a été évité car le Maire Ariel Weil a été vigilant et sensible à nos interventions. La place du Marché Ste Catherine a été évacuée, la terrasse-pergola du "Café Charlot" rue de Bretagne a disparu et la terrasse-palissade de la brasserie La Fronde a connu un début de rabotage sur sa longueur (il faut poursuivre !), débarrassée de son enseigne racoleuse. Les autres établissements, dans leur ensemble, ont eu une attitude raisonnable et responsable qui augure positivement de ce qu'il adviendra au sortir de la crise.

    Gérard Simonet

     

  • Archives 40 école 13 02 21La maison de la famille Jacques Cœur, Grand Argentier de Charles VII, natif de Bourges au début du XVème siècle. La maison fut la résidence de sa petite-fille Marie Cœur. Elle abrite aujourd'hui une école maternelle publique (38-40 rue des Archives – IVe) (Photos VlM – Cliquez gauche pour agrandir)

     
     
    Nous avons peu de vestiges "Renaissance" à Paris et dans le Marais. On se réjouit d'en avoir un près de chez nous, en plus de l'Hôtel de Sens près de la Seine qui marie les styles Gothique finissant et début Renaissance. Il s'agit de la "maison Jacques Cœur", rue des Archives dans le IVe.
     
    La mise à nu de sa façade en 1971, alors recouverte d'un enduit qui en dissimulait le décor, mit en évidence la modénature polychrome de la façade en briques. Deux fenêtres à meneaux sont visibles à l'extrémité droite. Elles témoignent de la date de construction qu'on situe au milieu du "quattrocento" (XVème siècle).
     
    D'autres éléments architecturaux la rendent intéressante, un portail très large avec voutes, surmonté d'une belle fenêtre et de motifs décoratifs dans le style Régence (Rocaille).
     

    Archives 40 renaissance 13 02 21 Archives 40 portail
    A gauche deux fenêtres à meneaux, à droite le large portail à deux vantaux, avec sa double voute et les motifs décoratifs sculptés

     

    Ces bâtiments abritent aujourd'hui une école maternelle publique. Ses effectifs sont en baisse depuis plusieurs années, confirmant en cela le manque d'attractivité du IVe arrondissement pour les familles. Le nombre d'élèves par classe n'est que de 18 cette année quand la norme est de 24. Elle emploie une directrice à mi-temps. Le Maire et l'Inspection de l’Éducation nationale ont proposé aux familles de regrouper cette école avec celle de la rue de Moussy sous un même projet pédagogique avec une seule direction.

    Cette orientation semble pertinente au vu de l'évolution constatée et prévisible des effectifs, d'autant que des travaux de consolidation des bâtiments sont nécessaires et ne peuvent être entrepris et se dérouler en présence des élèves dont une partie d'entre eux devraient être déplacés. La réunion des deux écoles permettrait d'absorber les mouvements nécessaires.

    Archives 40 antoni stéphanie amalia flouté
    Parents d'élève et leur petite fille qui fréquente l'école

     

    Les parents d'élèves ne semblent pas convaincus par ces arguments. Ils lancent une pétition sur Internet et s'opposent vivement aux orientations prises par la mairie. Stéphanie et Antoni, que nous avons rencontrés, craignent que la municipalité cherche à récupérer ces bâtiments pour un autre usage ou leur vente pure et simple. Si tel était le cas, il y aurait lieu en effet de s'en préoccuper. Mais le Maire Ariel Weil est formel, il n'existe aucun projet de ce genre. Dont acte.

    Nous comprenons que l'objectif est de réunir deux écoles sous une même autorité pour qu'elles atteignent ensemble la masse critique et que la plus petite, qui sans cela serait condamnée, bénéficie d'un projet pédagogique et de l'encadrement nécessaire. "Créer une polyvalente ce n’est pas fermer une école, c’est au contraire la consolider pour éviter son dépérissement. Ne pas le faire, c’est condamner l’avenir des deux écoles qui seront trop petites pour être attractives – Ariel Weil – Maire de Paris-centre".

    Le projet du Maire et de l'Inspection semble marqué au bon sens. Il reste une interrogation cependant : les élèves continueront-ils à occuper les lieux après travaux ou seront-ils in fine regroupés sur le site de Moussy ? Dans cette dernière hypothèse quelle sera la destination finale de la "maison Jacques Cœur"?

    GS

     

  • Temple tagsRue du Temple (IIIe), face au musée d'Art et d’Histoire du Judaïsme. La classe ! (Photo VlM)

     

     

    C'est l'adjectif  "sinistre" qui convient le mieux à ce décor. Il n'est pas unique. Désormais, peu ou prou, toutes les rues de Paris sont frappées de ce mal. Caractère aggravant ici : nous sommes en secteur sauvegardé, ou "Site Patrimonial Remarquable", le Marais, en face de l'Hôtel Saint-Aignan qui abrite le Musée National d'Art et d'Histoire du Judaïsme.

    L'effet des tags immondes qui souillent les murs est renforcé par la peinture à la bombe des rideaux métalliques des magasins. Des messages ésotériques, peu rassurants car enveloppés du mystère de leur anonymat et de leur signification.

    A notre grand regret, nous l'avons exprimé dans notre article du 5 février, le service d'enlèvement des tags qui est censé répondre aux signalisations, présente depuis le début de l'année un électro-encéphalogramme plat.

    Colombe Brossel, Maire-adjointe à l'Hôtel de Ville en charge de la Propreté et les responsables de la technostructure de la mairie de Paris s'en sont expliqué : il y a plusieurs prestataires sur les arrondissements parisiens, certains se sont montrés "défaillants". Il faut croire que nous sommes dans leur juridiction. A l'occasion de la renégociation des contrats, une nouvelle approche est proposée. La réponse "sur demande" que nous avons connue serait remplacée par des interventions "rue par rue". En clair, on s'attaque à une rue et on la nettoie de fond en comble. C'est ce que Colombe Brossel qualifie de "traitement territorialisé" dans sa réponse du 5 février à notre interpellation.

    Quincampoix détagage 18 02 20Détagage d'un tronçon de voie : la rue Quincampoix (IVe)

     

    Cette annonce soulève une vraie question de recherche opérationnelle. Est-il plus performant de procéder ainsi ? A priori, on peut effectivement penser que la dispersion des interventions sur signalisation nuit au rendement par comparaison au traitement groupé. Mais le niveau de satisfaction peut ne pas être au rendez-vous car la méthode implique l'enlèvement aveugle, non sollicité, de souillures existantes et le choix des rues peut créer des frustrations.

    Le procédé a l'inconvénient de surcroit de ne pas répondre à l'exigence de réponse immédiate (mode LIFO) seul susceptible de décourager les tagueurs car il rend leur "œuvre" éphémère.

    Il y a cependant un aspect rationnel dans cette façon de redéployer les moyens puisqu'elle transforme un mouvement brownien, brouillon par essence, en travail organisé exempt des déperditions inhérentes au caractère aléatoire des demandes.

    La Maire de Paris, Anne Hidalgo, qui porte au final la responsabilité de la propreté de sa ville, fait face à un enjeu d'importance car si comme on le pense elle nourrit des ambitions présidentielles pour 2022, elle doit faire la preuve qu'elle sait surmonter des situations difficiles. Comment sans cela persuader les français qu'elle saurait gérer une pandémie ou toute autre crise nationale sérieuse ?

    De notre point de vue, il faut s'orienter vers une combinaison des deux méthodes : le regroupement par rues ET l'intervention ponctuelle sur signalisation à "DansMaRue". C'est possible à la condition de consacrer des ressources financières plus importantes à la propreté et à l'éradication d'un phénomène qui fait honte à Paris. Nous l'avons dit à diverses reprises : 10 % de réduction des subventions attribuées aux associations, dont beaucoup sont fantoches, libèrerait 30 millions d'€ qui sont plus que suffisants pour mettre en œuvre une politique efficace en la matière.

    GS

     

  • Courbes

     

    On entend fréquemment parler de "croissance exponentielle". C'est un abus de langage. En matière de croissance, pour une grandeur f, facteur de x (qui peut être le temps) et en simplifiant l'exposé, on distingue :

    • La croissance linéaire. C'est la droite rouge. Elle est constante, sans accélération.
    • La croissance puissance de x (x2, x3….). C'est la courbe bleue, avec accélération modérée.
    • La croissance exponentielle où x est l'exposant (2x, ex….). C'est la courbe verte

    Si on oublie les valeurs basses de x, on voit que la croissance linéaire est modérée et constante, la croissance puissances de x est forte et s'accentue, et la croissance exponentielle se situe bien au dessus. On peut dire qu'elle "explose".

    Dans la vie courante, les croissances exponentielles ne le sont pas. Une croissance en x2 (parabolique) est déjà très forte. Qu'on se le dise….

    Mr Cosinus

     

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    République revisitéeUne autre vision de la place de la République

     

    Exaspéré comme beaucoup de parisiens par l'usage qui est fait de cette place et son décor, Quentin Divernois vient de déposer ce 8 février un dossier dans le cadre du "budget participatif" en vue de "redonner ses lettres de noblesse à cette place devenue une gigantesque dalle sans âme" dont il regrette le caractère exclusivement minéral, l'absence de fontaines et de jeux d'eau, l’indigence du mobilier urbain devenu la cible des tags, l’exposition aux souillures et dégradations de la statue centrale et l'inadaptation aux familles. Il précise qu'il ne remet pas en question l'objectif de réduire la place de la voiture.

    Il estime la dépense à 10 Millions d'€

    Il nous invite à consulter son dossier sur : une vraie place de la république – Budget Participatif

     
    image.png
     
    La configuration actuelle de la place de République et l'usage qui en est fait soulève de nombreuses protestations des gens qui vivent autour ou y font commerce. On les encourage à prendre connaissance de ce projet, à partager et à le soutenir s'il est jugé pertinent.
     
     
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    St merri barrière gérardLa barrière rue Saint-Merri, côté rue du Temple (Photo VlM). Présence paradoxale de véhicules à l'arrêt…


     

    Nos entretiens avec le Maire Ariel Weil sur le sujet de la piétonisation de Paris-centre ont toujours été sans ambiguïté de part et d'autre : nous sommes favorables à la limitation du trafic des voitures et des motos, à l'élimination de la circulation de transit, pour autant que l'accès aux riverains et aux véhicules de service et de livraisons soit assuré. Le Maire nous a donné sa garantie sur ce point fondamental.

    Un premier pas vient d'être franchi avec la fermeture sélective de certaines rues qui abritent des écoles primaires et maternelles. Parmi elles, la rue St Merri qui assure le lien entre la rue du Temple et la rue du Renard. Les riverains s'expriment. Il n'y pas de contestation de principe contre la mesure mais, le diable étant dans les détails, ils demandent dans la tribune qui suit, des assurances que les engagements du Maire soient réellement tenus dans toutes ses implications.

     

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    Il n’y a pas que des écoliers dans les “rues aux écoles” !

     

    Cela s’appelle des “rues aux écoles”, et c’est un engagement de mandature. Depuis la rentrée des classes 2020, des dizaines de rues se sont vues ainsi interdites à la circulation automobile par des barrières pivotantes fermées par cadenas dans l’objectif proclamé d’apaisement de l’espace public. On nous explique qu’il s’agit par là de sécuriser le cheminement des familles aux abords des écoles et de limiter la pollution de l’air et la pollution sonore.

    Nul ne peut décemment aller contre de si louables préoccupations, mais on aurait pu penser que la transformation des rues accueillant des écoles en aires piétonnes eût pu suffire. Dans ces zones, nous dit le Code de la route (article R 110-2), le piéton a la priorité sur la chaussée sur tout véhicule et la circulation de transit est interdite ; mais la desserte interne reste permise aux véhicules autorisés, qui doivent circuler au pas ainsi d’ailleurs que les cyclistes. En effet, l’aménagement piétonnier d’une rue ne saurait légalement interdire l’accès par des véhicules au domicile des riverains (…) car le libre accès des riverains à la voie publique est une liberté fondamentale (Conseil d’État, décision du 14 mars 2011, n°347345).

    Qu’apporte donc de plus une barrière physique ? Il est sûr qu’elle empêche absolument la circulation de transit, mais elle fait obstacle en même temps au libre accès des riverains à la voie publique. Or la circulation de transit est déjà interdite et la municipalité est parfaitement au courant du droit des riverains puisque qu'elle indique sur son site que "les rues St Merri, Poulletier et du Fauconnier ont fait l'objet d'une implantation de barrière mi-décembre pour limiter la circulation à la seule desserte locale".

     Elle reconnaît donc que la desserte locale est autorisée et doit se faire librement. De même, la Direction de la voirie a répondu à un riverain qu’au cas où « un système de fermeture serait mis en place (…), les riverains connaîtront et posséderont les modalités d’accès. »

     

    école st merri 08 02 21L'école primaire/maternelle "avant-gardiste" et la piscine de la rue St Merri, carrefour St Merri/Renard (IVe) (Photo VlM)

     

    Cependant, la réalité des faits et des décisions est tout autre. S’agissant de la rue Saint-Merri, où les riverains n’étaient pas opposés à des fermetures courtes de la barrière aux heures d’entrée et de sortie des classes sous réserve qu’ils continuent à avoir un libre accès à leurs domiciles, « aucune remise de clefs ne sera à priori effectuée. » Tout au plus, la Directrice de cabinet adjointe propose-telle que des membres de la communauté éducative assurent une présence à la barrière lorsque celle-ci est fermée pour laisser passer les riverains. Quelle garantie a-t-on du respect d’un tel engagement sur la durée ? On croit rêver… Dans les “rues aux écoles”, il n’y a pas que des écoliers !

    Le libre droit d’accès des riverains à leurs domiciles doit être respecté. Il faut également que ces barrières, si elles doivent être maintenues pour la sécurisation des abords des écoles, soient impérativement ouvertes hors des heures de classe : le soir, les week-end, pendant les vacances scolaires. Car l’apaisement de l’espace public ne passe pas seulement par des mesures de diminution drastique de la circulation automobile. Il passe aussi par une politique ferme de limitation des nuisances sonores liées à l’envahissement de la chaussée par toutes sortes d’activités bruyantes et à l’installation sauvage de terrasses et étals sur l’espace public, auxquels la fermeture de ces barrières le soir et les week-ends constituerait malheureusement une invite involontaire.

    Car voyez-vous, dans les “rues aux écoles”, il n’y a pas que des écoliers, il y a aussi des habitants !

    Le collectif St Merri/Pierre au Lard