Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Auteur/autrice : Vivre le Marais

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    Rue Vieille du Temple dans le IIIe. Dans le fond, le musée Picasso (Photo PF)

     

    Tout ce qui fait le paysage de la Ville, ses immeubles, ses monuments et son mobilier urbain sont désormais souillés par des mains imbéciles armées de bombes de peinture ou de marqueurs à l'encre. S'y ajoute mais c'est un autre débat les afficheurs sauvages.

    Tous les éléments de notre cadre de vie sont impitoyablement visés. Nous en avons fait souvent l'inventaire : portes d'immeubles, rideaux métalliques, armoires électriques, boitiers de contrôle de l'éclairage urbain, réverbères, parcmètres, jardinières, boites aux lettres, poteaux indicateurs et potelets, bancs publics…. et même les plaques de rues !

    A la veille du premier tour des élections municipales, nous avons publié un article pour préciser aux candidats ce que nous attendons d'eux en la matière : "Nous sommes très nombreux à dénoncer la situation actuelle à cet égard et nous en appelons à nos nombreux lecteurs en disant aux postulants qu'ils auront notre sympathie, voire notre soutien et nos voix, s'ils conviennent avec nous et reconnaissent ouvertement que l'état de nos rues livrées aux tagueurs est inacceptable. Qu'ils fournissent une réponse réfléchie, argumentée et crédible à ce fléau ! Ces colonnes leur sont ouvertes. Nous publierons leurs réponses…."

    Nous n'avons pas changé d'avis tout en précisant qu'à ce stade nous n'avons reçu que des réponses "langue de bois" là où nous attendons un plan d'action raisonné et convaincant. 

     

    Tags verrerie Tags thorigny

     

     

     

     

    Rue de la Verrerie (IVe) à gauche, place Thorigny (IIIe) à droite (Photos VlM)

    GS

     

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    Fresque 4 fils

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Fresque moderne sur le mur-pignon du 95 rue Vieille du Temple (IIIe)

     

    Ce mur-pignon au carrefour Vieille du Temple/Quatre-Fils a été longtemps un dépotoir pour gribouilleurs et afficheurs sauvages émules d'un "street-art" dévoyé. Grâce à l'initiative privée de Jean-Philippe Nikoghossian, patron de la brasserie la Perle, juste en face, et l'indulgence des services de la mairie de Paris (qui ont reconnu de fait leur impuissance…), on profite désormais de décors de ce type, régulièrement renouvelés et de bonne tenue artistique. Dans l'état de propreté défaillante que nous vaut le confinement, ce panneau en parfait état s'affirme comme un espoir de sortie du marasme…

     

     

    Fontaine Fontaine nettoyée 02 05 20La Fontaine des Haudriettes, vue de côté, 51 rue des Archives (IIIe). Elle était située sur un autre emplacement et  distribuait son eau aux habitants dès 1636. En 1764 elle est reconstruite dans sa forme actuelle et élevée au carrefour Archives/Haudriettes. De style néo-classique, avec une section trapézoïdale, elle se caractérise par la présence d'un  fronton sur la face avant, un attique au sommet de l'ouvrage et un mascaron en forme de tête de lion qui fait office de robinet. Elle est  l'œuvre de Pierre-Louis Moreau-Desproux, avec un bas-relief délicat de Philippe Mignot qui représente une naïade

     

    Il s'agit d'un monument historique. Depuis quelques temps il est la cible de vandales qui le taguent sans respect. En raison de son classement, chaque intervention de remise en état est supervisée par la direction du Patrimoine et de l'Architecture de la mairie de Paris, qui s'assure en principe de la qualité de l'intervention des services de la propreté. Ces souillures ont fait l'objet d'un signalement de notre part le 13 octobre 2019 ! Sans résultat jusqu'à ce jour où nous découvrons avec surprise, étonnement…. et satisfaction que le nettoyage a été fait, en dépit du confinement.

    Nous en remercions les conservateurs du patrimoine mais nous pouvons difficilement nous empêcher de regretter qu'ils n'aient pas agi avec le soin que requiert un monument de cette qualité. On voit en effet sur la photo de droite que les tags n'ont pas été effacés mais simplement recouverts d'un badigeon qui cache mal le spectre résiduel de la souillure. La couleur de plus n'est pas spécialement harmonisée avec celle de la pierre naturelle…. 

    Le remède n'est pas pire que le mal, qui est insupportable, mais il nous semble que les techniques actuelles doivent permettre une restauration de meilleur aloi.

     

  • Anne hidalgo masque

    Anne Hidalgo en uniforme de combattante du COVID 19 !

     

     

    Nous sommes de ceux qui viennent de recevoir une lettre de 10 pages signée de la Maire de Paris. Elle traite du coronavirus, des réflexions que nous inspire la pandémie, des mesures et orientations prises à Paris.

    En voici les têtes de chapitres :

    • Réflexions générales sur la pandémie
    • Port de masques
    • Gel hydroalcoolique et savon en libre-service
    • Tests 
    • Hébergement individel des malades
    • Accueil des enfants
    • Propreté de la ville
    • Sécurité
    • Déplacements autorisés
    • Mesures funéraires à destination des familles en deuil
    • Aide aux plus fragiles et aux personnes en état de précarité
    • Information des parisiens
    • Assistance aux personnes âgées
    • Soutien aux étudiants
    • Soutien aux locataires du parc social
    • Prise en charge des utilisateurs de stupéfiants
    • Soutien de la société civile

     

    Nous vous donnons accès au document complet, que vous pouvez télécharger en cliquant ici.

    Nous nous gardons de le commenter, mais sentez vous libres de le faire, car nous n'avons pas très envie de rejoindre les rangs de ceux qui ont un avis sur tout et critiquent à l'envi. Ils sont nombreux ceux qui voudraient être "vizir à la place du calife". Quel dommage qu'ils ne soient pas au gouvernement, à la mairie, à la Direction de la santé…. ils seraient à leur tour l'objet d'un bashing en règle ! On pourrait craindre toutefois qu'ils s'en satisfassent s'ils sont de ceux pour qui le pouvoir est une fin en soi…

    Dans les situations de catastrophe générale, la vraie attitude digne est d'écouter les dirigeants et de coopérer pour les aider à surmonter les drames. On sera toujours à temps, la crise passée, d'en tirer les conséquences et de conditionner nos votes pour les échéances électorales à venir au jugement global sur le comportement qu'ils ont eu quand ils étaient à la barre.

    GS

     

     

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    Christine

    Aquarelle de Christine Albertin-Simonet : "abeilles et pollinisation"

     

     

    Quand la chauve-souris sourit au pangolin,
    Nul ne pouvait prévoir qu'un funeste destin
    Naitrait de ce couple improbable.

    Et pourtant il advint qu'à Wuhan en Chine
    Un virus inconnu apparut tout à coup.
    Il se répandit vite, le monde devint fou.
    Les gens tombant malades prirent de l'aspirine
    Qui protégeait bien peu des souffrances intimes.

    Il mourraient par milliers, par millions, par milliards.
    Les pays isolés qui se croyaient à part
    Comptaient aussi hélas de nombreuses victimes.

    Il semble que sur terre des animaux divers
    Survécurent au virus et tous s'orientèrent
    Vers des villes meurtries, abandonnées, dont l'air
    Devenait enfin pur.

    Des abeilles audacieuses construisirent des ruches
    Dans les tours de Notre Dame.
    Ouvrières du miel, qui dans ce lieu antique
    Appréciaient le son du bourdon erratique.

    Le Louvre devint vite un repaire de rongeurs
    Qui restèrent peu de temps songeurs
    Devant tant de mets mirifiques.
    Les rats, grands scélérats, dévorèrent sans excuse
    Le célèbre tableau : Radeau de la méduse.
    Les souris ont le goût de l'art. Pour se nourrir
    Elles mangèrent la Joconde ainsi que son sourire !
    Dans les cadres bien vides les araignées tissèrent
    Des toiles magnifiques, chef d'oeuvres de notre ère.

    Dans Venise, esseulée, sur la place Saint Marc
    Se doraient au soleil langoustes et homards.

    Partout de par le monde la vie se modifiait
    N'étant plus celle qu'on connaissait.
    Le jour se levait épuisé.

    Un survivant marchait, nu, perdu, affamé.
    Une femme passait, belle, nue, harassée.
    Ils se virent, s'éprirent, marchèrent d'un même pas
    Et le monde recommença!

    Daniel Sée

     

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    Div comIllustration de la Divine Comédie de Dante Alighieri. Béatrice emportée vers l'enfer par Satan ?…

     

     

    Nous sommes nombreux à connaitre le nom du poète italien Dante Alighieri (1265-1321) et celui de la Divina Commedia,  mais notre érudition en la matière ne va généralement pas plus loin.

    Le confinement que nous impose le coronavirus et l'épidémie diabolique qu'il a déclenchée sont peut-être une chance à saisir pour élargir notre connaissance, avec l'aide de la "Maison de la Poésie" dans le IIIe. S'agit-il d'une prémonition ? Le 13 mars, juste avant l'annonce des directives gouvernementales imposant le confinement, nous avions publié un article pour rappeler qu'il y a près de chez nous un foyer de la littérature et de la poésie qui s'est donné pour mission de les rendre accessibles au plus grand nombre.

    Il s'agit généralement de lectures. J'ai choisi celle qui nous parle du grand poète italien du XIIIème siècle et de son œuvre principale. Avant de vous livrer le lien qui vous fera découvrir le site et apprécier le texte et l'introduction musicale en forme de fugue baroque, je vous livre les premiers vers en italien du premier cantique "L'Enfer". Le lecteur Denis Podalydès que vous écouterez ensuite nous les donne traduits en français. C'est bien, mais la saveur n'est pas tout à fait la même. On y on perd notamment la rime savante qui imbrique les vers dans un mode A-B-A / B-C-B / C-D-C etc…

    Nel mezzo del cammin di nostra vita    
    mi ritrovai per una selva oscura,                            
    ché la diritta via era smarrita.
    Ahi quanto a dir qual era è cosa dura
    esta selva selvaggia e aspra e forte
    che nel pensier rinova la paura !
    Tant’ è amara, che poco è piú morte ;
    ma per trattar del ben ch’io’ vi trovai,
    dirò dell’altre cose ch’ i’ v’ ho scorte.

     

    Wikipedia parle de l'œuvre en ces termes :

    "Depuis la colline de Jérusalem, Virgile conduit Dante à travers l'enfer et le purgatoire parce qu'à travers ce voyage son âme pourra se relever du mal dans lequel elle était tombée. Puis Béatrice prendra la place de Virgile pour guider Dante au paradis de la théologie chrétienne. Virgile, dans le récit allégorique, représente la raison, mais la raison ne suffit pas pour arriver à Dieu ; la foi est nécessaire et Béatrice représente cette vertu. Virgile en outre n'a pas connu le Christ, il n'est donc pas baptisé et il ne lui est de ce fait pas permis de s'approcher du royaume du Tout-Puissant".

    Maison de la Poésie. La Divine Comédie de Dante Alighieri par Denis Podalydès

    Gérard Simonet

     

  • 1200px-Strauss-Kahn _Dominique_(official_portrait_2008)

    Dominique Strauss-Kahn

     

    Je me suis hasardé dans un article sur ce blog le 15 avril à dire ce que je pense des conséquences de l'ouverture massive des vannes financières par les Etats et notamment la France pour faire face à l'effondrement de notre économie suite à la pandémie.

    La revue "Politique Internationale" dirigée par Patrick Wejsman en a eu connaissance et nous signale que son n° 167 – "Printemps 2020" – traite ce dossier sous la signature de Dominique Strauss-Khan.

    La lecture de sa tribune exige beaucoup plus d'attention qu'il vous en a fallu pour me lire, et quelques compétences générales en matière d 'économie mais une fois la tâche accomplie on doit reconnaitre qu'il s'agit d'une analyse qui ne laisse rien dans l'ombre.

    "Politique Internationale" nous autorise à le publier. La période de confinement permet à bon nombre d'entre nous de consacrer une heure environ à s'informer en profondeur sur ce sujet d'actualité brûlante. Voici en introduction ce qu'en dit Patrick Wajsman.

    Gérard Simonet

     

    Par rapport au drame que vit notre pays, les analyses les plus brillantes semblent soudainement assez lointaines. notre rédaction a souhaité, néanmoins, ne pas vous priver de ce numéro de printemps — et cela, malgré les nombreuses difficultés techniques (impression, routage…) dues au confinement. sur tous les sujets majeurs de l’actualité, nos lecteurs retrouveront dans ces pages (et sur notre site) les décryptages et les témoignages des grands experts et acteurs de la vie internationale. avec, comme à l’accoutumée, des signatures prestigieuses  : Tony Blair, Josep Borrell, le général David Petraeus, Dominique Strauss-Kahn… À cet égard, nous sommes heureux que DSK, en tant qu’ancien patron du FMI, ait choisi notre revue pour offrir au public, en avant-première, sa vision de la crise et de ses conséquences. telle est bien, en effet, l’interrogation essentielle : à quoi le « monde d’après » ressemblera-t-il ?   

    Une exclusivité Politique Internationale : voici, en avant-première, l’article que Dominique Strauss-Kahn vient de consacrer à la crise actuelle et à ses conséquences.

    Patrick Wajsman

     

     

    Le 5 avril 2020
    par Dominique Strauss-Kahn

    Ancien Ministre de l’Economie et des Finances,
    Ancien Directeur-général du Fonds Monétaire International

     

    La crise sanitaire que nous vivons est différente de toutes celles que les générations précédentes ont pu connaître. Les convocations de la grande peste noire de 1348 ou de la grippe espagnole de 1918-1919 sont intéressantes en ce qu’elles nous permettent de repenser les conséquences des pandémies. Mais elles ne disent rien, pour autant, de la capacité de résilience d’une société dont l’économie est mondialement intégrée, et qui avait perdu presque toute mémoire du risque infectieux.

    Si la crise actuelle est de prime abord différente, ce serait par la vitesse de propagation de cette maladie. Trois mois après le début de la crise sanitaire, près de la moitié de la population de la planète est appelée au confinement. Même si la contagiosité du virus a vraisemblablement joué un rôle dans ce basculement, du stade épidémique à celui de pandémie, la mondialisation marquée par l’accélération de la circulation des personnes est au cœur du processus de propagation (1). Le délai de réaction des pays développés, dont les systèmes de santé ont été rapidement submergés, doit sans doute être également incriminée.

    (suite…)

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    Place_de_la_concorde_mars2020

     

     

    La place de la Concorde en mars 2020 pendant la période de déconfinement due à la pandémie du coronavirus COVID 29. Parisian Fields, un blog anglo-saxon spécialisé sur Paris, domicilié chez WordPress.com, nous soumet cette photo d'actualité et nous rappelle qu'il existe une multitude de photos anciennes qui montrent Paris VIDE d'habitants à diverses époques. Ce sont des réalités ou des effets spéciaux. Il est très agréable de les parcourir, même si vous n'êtes pas à l'aise avec la langue de Shakespeare car les images parlent d'elles-mêmes et portent des signatures célèbres comme Louis Daguerre ou Charles Marville

    Feuilletez ce blog

     

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    Illustration "Le Parisien"

     

     

    Pacôme Rupin, Député de la 7ème circonscription de Paris (IVe en totalité, XIe et XIIe en partie) et candidat à la mairie du nouvel arrondissement Paris-centre, réagit à notre article sur la statégie nationale de déconfinement conduite par Jean Castex auprès du Premier ministre. Nous publions sa déclaration ci-dessous. N'hésitez pas à faire part de vos commentaires :

     

    Cher Gérard Simonet,

    Merci pour votre contribution [de vos associations, NDLR]. Je partage l'idée que nous devons avoir une attention spécifique sur la reprise des rassemblements de publics. La priorité est de s'assurer que les mesures barrières puissent être effectivement appliquées et je suis d'accord avec vous sur le fait que cette réouverture ne pourra pas se faire sans restriction. Je crois qu'il faut discerner les dispositions pour des raisons sanitaires et le respect des règles en terme de nuisances qui ont pu être observées par le passé.

    L'enjeu de la réouverture des établissements recevant du public est double : économique et sanitaire. Autrement dit nous ne pouvons pas attendre que le virus ne circule plus pour que les commerces reprennent. Il faudra donc, le moment venu, être en mesure d'assurer que les établissements qui ouvriront mettront en place très fermement les mesures barrières pour protéger les clients et les employés.

    Je serai très attentif aux solutions qui seront proposées pour faire face à ces risques.

    Je vous souhaite bon courage pour la suite du confinement,

    Bien cordialement,

    Pacôme Rupin

     

  • Louvre musée pyramide foule 18 08 19La pyramide du Musée du Louvre (2019)

     

     

    Nous avons annoncé sur ce blog dans un article du 7 avril 2020 notre souhait de rencontrer pour un entretien le Haut-Fonctionnaire Jean Castex, chargé auprès du Premier Ministre de la "Mission Nationale de Conduite du Déconfinement". 

    Nous avons préparé à la demande de son cabinet une note synthétisant nos réflexions sur le sujet. Son contenu est appelé à alimenter concrètement les réflexions engagées sur les modalités du déconfinement.

    Gérard Simonet

     

    Note de synthèse de notre collectif d'associations

    à l'attention de M. Jean Castex  et la

    Mission Nationale de Conduite du Déconfinement

     

    Lieux publics et lieux recevant du public : la levée des mesures de restrictions n’est pas à l’ordre du jour à Paris

     

    Une étude épidémiologique réalisée par l'Institut Pasteur en collaboration avec Santé Publique France et l’Inserm a été mise en ligne le mardi 21 avril . D’après ses résultats, ce sont moins de 6 % de la population française qui auront été en contact avec le coronavirus SARS-CoV-2 le 11 mai prochain.

    La diffusion de l’infection sera donc très loin des 70 % nécessaires pour obtenir une protection collective par la seule immunité de groupe . Cette prévision confirme la pertinence de la politique de prévention mise en œuvre par le gouvernement mais aussi la gravité de la menace qui continue de peser sur le pays.

    Comme chacun le sait désormais, c’est grâce aux mesures de restrictions que la mobilisation du système de santé français a porté ses fruits. Le respect des gestes barrières, les restrictions appliquées aux activités non-essentielles, la limitation drastique du nombre des déplacements, l’interdiction des rassemblements, ainsi que le confinement des personnes, toutes ces mesures se sont conjuguées pour réduire la propagation d’un virus particulièrement dangereux.

    Pour prendre connaissance de la lettre dans son intégralité, cliquez dans le texte ci-dessous

    (suite…)

  • Monop'

    Rassemblement devant une supérette du IIIe au moment de la récupération des denrées dont la date limite de vente est dépassée (Photo VlM)

     

     

    Six personnes attendent devant cette supérette et se précipitent au moment attendu pour retirer du conteneur à déchets les articles qui ont dépassé la date limite de vente, mais qui restent pour elles "consommables". 

    La réglementation prévoit deux genres d'articles. D'une part les produits périssables (charcuteries, viandes fraiches, crèmerie…) qui font l'objet d'une DLC (date limite de consommation). Leur vente est interdite au-delà. Le commerçant qui ne respecte pas cette obligation s'expose à des sanctions pénales.

    D'autre part, les denrées préemballées dont la DLUO (date limite d’utilisation optimale) est celle où le produit alimentaire peut avoir perdu de ses qualités, sans présenter de danger pour la santé. Cette date est indicative ; il n’est donc pas nécessaire de jeter le produit quand la DLUO est dépassé. Certains magasins en font d’ailleurs leur spécialité.

    On constate que chaque jour les commerces alimentaires se débarrassent d'un certain nombre d'articles et en remplissent un conteneur qu'ils mettent sur le trottoir pour enlèvement par les services de ramassage des ordures ménagères. C'est le signe qu'ils sont attentifs aux dates de péremption. S'agit-il de produits DLC ou DLUO ? Nous avons questionné le manager d'un de ces magasins sans obtenir de réponse.

    Il n'y a rien d'étonnant à ce que ces denrées, dans la mesure où elles sont encore consommables, qu'elles sont bien emballées et qu'elles ne coutent rien, suscitent un intérêt de la part de personnes à faible pouvoir d'achat. Qu'elles s'en accaparent avant que ces produits partent dans la benne à ordures est tout à fait compréhensible et si le commerçant laisse faire c'est tout à son honneur. 

    La scène à laquelle on assiste chaque jour soulève cependant des questions essentielles. On ne peut pas parler de précautions sanitaires et de distanciation sociale quand une demi-douzaine de personnes sont dans un corps à corps au bord d'un conteneur pour en prélever le contenu. On ne peut pas se satisfaire non plus d'une situation qui fait fi de la dignité de ces gens en les conduisant à se bousculer pour se procurer une nourriture qui leur est jetée en pâture.

    "La façon de donner vaut mieux que ce qu'on donne". On ne jette la pierre à personne. Il est probable que le commerçant ait conscience de l'inconvenance de la situation et que des contraintes de place, économiques ou de personnel l'empêchent d'agir autrement. Il est évident aussi que les pouvoirs publics, mairies et police, sont informés de cette pratique qui concerne toutes les supérettes de Paris-centre et sans doute d'ailleurs, et pensent plus judicieux de fermer les yeux.

    Il reste à trouver un mode opératoire qui respecte les directives sanitaires actuelles (qui ont toutes les chances de s'imposer de façon durable) et la dignité humaine. Nous attendons des témoignages dans ce sens de nos lecteurs. Le simple remplacement du conteneur d'ordures ménagères par un "présentoir" offrant plus d'espace pourrait être un progrès. Mais peut-être avons-nous affaire à un cas typiques de problème sans solution et ce serait bien triste….

    GS