Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Auteur/autrice : Vivre le Marais

  • Bournazel delarue figueroa gérard 02 12 19

    Réunis dans une brasserie proche de l'Hôtel de Ville, de gauche à droite Pierre-Yves Bournazel, candidat mairie de Paris, Martine Figueroa  Maire-adjointe du 1er,  Emmanuel Delarue personnalité de Paris-centre, et Gérard Simonet

     

     

    Il est très difficile de prendre Pierre-Yves Bournazel en défaut : il a ses pieds dans le terrain et il connait ses dossiers. Il a de l'empathie à revendre et présente peu d'aspérités. C'est un "premier de la classe", attachant dès le premier regard au point qu'on ait envie de s'en faire un ami…

    Il a démarré très fort notre entretien en promettant, s'il est élu, d'offrir "un Paris sans pub"[licité]. On en a assez de l'affichage sauvage mais on n'en demandait pas tant ! Ceci dit, quand il déclare que "la publicité participe du sentiment de saturation de l'espace public", on dresse l'oreille car ce jugement s'inscrit dans notre souhait que la propreté de Paris s'entende de façon globale, étendue à l'ensemble des éléments du paysage de la rue (bancs publics, murs et rideaux métalliques tagués, armoires électriques, poteaux, descentes d'eau, parcmètres, boites aux lettres, plaques de rues etc…). Ce mobilier urbain est laissé à l'abandon et donne de notre ville une image dénaturée et souvent anxiogène.

    Nous avons suivi avec lui le fil d'Ariane de notre manifeste du 16 juin 2019 à destination des candidats. Deux questions nous brulaient les lèvres cependant et nous n'avons pas voulu attendre : comment les politiques et les médias peuvent-ils s'émouvoir du dérèglement climatique et rester muets sur le fait que TOUS les bars/cafés parisiens  réchauffent l'atmosphère en offrant des terrasses chauffées, à l'électricité ou au gaz ? Il nous a semblé qu'il éprouvait une certaine gène pour nous répondre…

     

    Chauffage terrasse 1

    Les cafés sont considérés comme des faiseurs d'opinion et les clients sont demandeurs… Alors, au diable les bonnes résolutions…. Nous renouvelons quant à nous notre demande que cette pratique disparaisse. Certaines villes déjà l'ont interdite, notamment Rennes à partir du 1er janvier 2020.

    L'autre était la problématique que nous avons soulevée dans notre précédent article sur l'attitude du Parquet dans les affaires d'infraction aux règles d'urbanisme. M. Bournazel n'y avait jamais été confronté manifestement. On n'a pas senti de sa part une quelconque résonance. Mais il ne nous répugne pas de prêcher auprès de sceptiques quand le sujet nous tient à cœur. Nous avons constaté à l'usage que les messages répétés sur un sujet sensé finissent par influencer l'opinion de ceux qu'ils atteignent.

    Pour le reste, ses projets épousent assez bien les contours de nos exigences : renforcement du maintien de l'ordre pour tout ce qui concerne l'occupation de l'espace public et le tapage nocturne, qu'il soit confié à la police nationale, ou à une vraie  police municipale comme il le souhaite avec des agents armés et formés. On perçoit chez lui une forme de candeur quand il affirme que sa police municipale serait efficace et assidue. Peu de gens pensent que la productivité d'agents municipaux est supérieure à celle des fonctionnaires de police. S'il est élu et met en œuvre ce projet il faudra qu'il en apporte la preuve. On lui en  donnera acte bien volontiers !

    Son optimisme s'exprime aussi dans sa volonté de décentraliser les obligations de maintien de l'ordre et la propreté vers les arrondissements. Le débat entre les avantages et inconvénients de la décentralisation est vieux comme notre civilisation et les arguments pour ou contre bien connus. Rien ne prouve que Paris gagnerait à voir ses moyens techniques et humains en matière de maintien de l'ordre et de propreté placés sous la responsabilité opérationnelle des mairies d'arrondissements. 

    Nous nous rejoignons sur la nécessité de lutter efficacement contre le tourisme de masse et la location saisonnière abusive. P.Y. Bournazel a été l'auteur d'un amendement, rejeté en conseil de Paris, pour un contrôle a priori des autorisations de location. Il regrette de n'avoir pas été suivi mais ne désespère pas.

    Beaucoup de gens et notre interlocuteur en particulier affichent leur opposition à densifier encore Paris, qui est déjà la ville la plus dense d'Europe. Chacun souligne le besoin de donner de la respiration et des espaces verts à la ville. Mais chacun y va de ses projets de construction et d'aménagement. M. Bournazel est plus radical : il est contre la Tour Triangle, contre les tours de Bercy/Charenton dans le XIIe, contre les préemptions de logements dans le diffus mais il a lui aussi l'intention d'investir 800 Millions d'€ pour des réaménagements de bureaux en logements…

    Il se dit attentif en effet aux besoins de logements mais il avance qu'ils ne peuvent être satisfaits que dans le respect d'un équilibre entre logement social, très social, classes moyennes et familles, et espaces de respiration. Il souhaite pour cela repousser les limites de Paris vers le "Grand Paris".

    Il n'ose naturellement pas avouer une opposition quelconque aux JO de 2024 mais il plaide pour une grande vigilance financière et écologique, façon de dire qu'il a comme beaucoup des doutes à ce propos… Il ne reviendra pas non plus sur la piétonnisation des berges qu'il porte plutôt au crédit d'Anne Hidalgo en insinuant "qu'elle aurait dû s'y prendre autrement…" et s'engage à créer de nouveaux parkings aux portes de Paris pour faciliter l'accès des habitants de banlieue à la capitale.

     

    Motos enlèvement 09 04 19

    Il rejoint les Verts sur la volonté de faire payer le stationnement aux deux-roues motorisés, à l'image de la ville de Vincennes.  Un tarif adapté, qui pourrait être le 1/3 de la voiture. Il n'a pas pour autant la même aversion qu'eux à l'égard du nucléaire, au nom du réalisme qui commande de ne pas lâcher la proie (nos centrales, la recherche nucléaire, ITER) pour l'ombre (les énergies renouvelables intermittentes comme le solaire et l'éolien).

    Nous avons évidemment évoqué la dette de la Ville de Paris. Il n'est pas optimiste et il a raison. Les bienfaits de la capitalisation des loyers des bailleurs sociaux sur 99 ans n'auront d'effet que jusqu'à fin 2019. Dès l'an prochain cette manne en forme de feu de paille disparaitra et il faudra bien trouver les ressources pour combler le vide. Il s'engage à ne pas augmenter les impôts. Sauf à disposer d'une baguette magique, c'est vers un accroissement de la dette que les nouveaux dirigeants devront se tourner.

    Pierre-Yves Bournazel a beau prêcher la rigueur, on ne voit pas comment lui ou d'autres pourraient échapper au vertige de l'emprunt. Sauf à réduire dramatiquement les dépenses.

    Il s'engage à les réduire certes. Il entend diminuer l'effectif "administratif" de 2.400 personnes. Une goutte d'eau rapportée aux 55.000 agents de la ville de Paris. Il déclare (un peu mollement) qu'il regardera de près les subventions aux associations (300 Millions d'€ par an) et qu'il "recyclera les énergies pour les orienter vers les besoins réels de la ville". Il mettra un terme aussi à la politique de préemption de logements à vendre, "qui a couté très cher dans la mandature". Des mesures qui ne sont malheureusement que des rustines pour colmater une nef qui fuit de toute part.

    Son projet a été incontestablement préparé, travaillé en équipes et modelé avec soin. Il aborde tous les sujets et à ce titre on peut admettre qu'il est abouti, comme l'affirme le candidat. Abouti comme peut l'être un projet de fin d'études supérieures, ou une thèse dont le porteur s'est assuré de la cohérence des chapitres, des démonstrations et des conclusions. Rendons cet hommage à M. Bournazel ! L'avenir nous dira si ses options tiendront leurs promesses s'il était amené à les mettre en œuvre. En attendant il se bâtit opportunément une crédibilité qui pourra lui servir quand le temps des alliances sera là.

    Gérard Simonet

     

     

     

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    U express 109 temple
    Superette à l’enseigne U-Express au rez-de-chaussée de l’immeuble,
    109/111 rue du Temple et 4 rue de Montmorency (IIIe) (Photos VlM)

     

     

    A la requête du syndicat des copropriétaires de l'immeuble du 4 rue de Montmorency/109 rue du Temple (IIIe) et de deux copropriétaires en particulier, les propriétaires du commerce à l'enseigne U-Express sont assignés devant le TGI de Paris. Le dossier est un imbroglio comme savent les créer les conflits à l'intérieur de copropriétés qui mêlent l'habitation et l'exercice de professions commerciales. On peut le résumer ainsi :

    La société S&D Invest propriétaire de plusieurs lots à cette adresse a sollicité auprès de l'assemblée générale des copropriétaires en 2015 l'autorisation de procéder à des travaux pour la mise en conformité du local commercial. Les copropriétaires ont donné leur accord sous réserve de l'exécution d'une liste d'obligations.

    S&D a cédé son bien à IMMOSOD qui a entrepris la réalisation de travaux qui, selon les requérants, ont occasionné divers désordres dans l’immeuble (apparition de fissures importantes sur les murs porteurs et sur les cloisons dans certains appartements des copropriétaires, obturation des conduits d’aération des caves).

    Le Syndicat des Copropriétaires a été autorisé à assigner en référé IMMOSOD en février 2016. TALISOD, locataire d'IMMOSOD, est intervenue volontairement à l’instance. Le Juge des référés ayant débouté les plaignants et rejeté leur demande de désignation d'un expert judiciaire, ils décidaient en mars 2016 d'interjeter appel.

    La cour d'appel se prononçait en septembre 2017 pour infirmer les conclusions précédentes et dire que la demande d'expertise était justifiée, désigner un expert et définir sa mission notamment le calcul des préjudices.

    Le déroulement de la procédure d’appel a permis aux plaignants de découvrir ce qu'ils ont considéré comme des "manquements graves" dans les déclarations aux services de l'urbanisme de la Ville de Paris, notamment des "faux plans", le refus de "visa conforme" de l'ABF (architecte des bâtiments de France), et le rejet du dossier, décision à laquelle le pétitionnaire est passé outre en confiant les travaux à une entreprise tierce.

    Un procès-verbal d'infraction a du reste été dressé par le service compétent et transmis pour poursuites pénales au Procureur de la République. Comme à son habitude il n'a pas donné suite, ce qui justifie nos critiques réitérées à l'égard du comportement du Parquet qui régulièrement anéantit les efforts de toute une technostructure dont le rôle est de veiller au respect des règlements d'urbanisme au service de notre confort et à l'esthétique de notre cadre de vie.

    L'expert a établi son rapport. Il confirme assez largement que les plaintes des habitants sont justifiées, notamment le bruit de la climatisation : "La grille de soufflage est située à la verticale de l’appartement situé au 1er étage ; elle est de grande dimension et située à quelques mètres des fenêtres et les ventilateurs fonctionnent à plein régime durant la nuit. L’émergence nocturne est de 9 décibels, (vs 3 décibels) soit 4 fois le volume sonore admissible" (l'échelle est logarithmique).

    U express 4 montmorencyL'accès 4 rue de Montmorency

     

    Le jugement sera prononcé dans les semaines qui viennent. Les plaignants réclament la remise en conformité des dispositifs d'aération et de climatisation et le paiement de dommages-intérêts de plus de 100.000 €.

    Ce jugement, s'il va dans le sens des attentes des riverains et s'il suit les conclusions de l'expert, sera évidemment préjudiciable aux intérêts du commerce et pourra mettre sa survie en danger. Il aurait été plus raisonnable que l'autorité pénale statue et bloque le processus de demande de travaux en temps utile. Elle répondra qu'elle n'a pas les moyens de traiter les dossiers qui lui sont soumis. Peut-être, et il serait nécessaire que les politiques s'en préoccupent. Mais en n'agissant pas, le Parquet a reporté sur la justice civile une procédure judiciaire qui est une charge de travail autrement plus importante et une source de dépenses considérables pour tout le monde. 

    C'est communément ce qu'on appelle "un  gâchis".

    GS

                      

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    Notre-dameNotre-Dame avec sa flèche et son toit, avant l'incendie du 15 avril 2019

     

     

    Au colloque national annuel des Journées juridiques du Patrimoine qui s’est tenu à la Maison des Avocats, le 19 novembre, nous étions présents Gérard Simonet et moi. Les participants, nombreux, ont affiché des points de vue différents selon leurs préoccupations prioritaires . Avocats, représentants des Administrations centrales, hommes politiques et Maires de villes au patrimoine remarquable, responsables d’associations et une importante représentation d’universitaires. Les thèmes abordés cette année étaient essentiellement axés sur le Droit et le Contentieux liés à la préservation du Patrimoine.

    La matinée a été principalement consacrée au droit et à la fiscalité des donations, relations entre particuliers, entreprises, collectivités locales et Etat.

    Courte pause-déjeuner au "Bouillon Racine", établissement populaire et bon marché, pur Art Déco, créé lors de la grande crise économique de l’Entre-deux guerres, parfaitement conservé et restauré.

    Bouillon racine

    Le Bouillon Racine, 3 rue Racine (VIe) (Photo VlM)

    L’après-midi, communications sur les contentieux assez nombreux tant devant la juridiction administrative que civile. L’ensemble des intervenants étaient des spécialistes de haut niveau réclamant de l’auditoire une attention soutenue et des connaissances sur les sujets, notamment en matière juridique, assez pointues.

    De ces études, nous avons privilégié trois thèmes qui intéressent tout particulièrement notre association :

    (1) La loi d’exception pour la restauration et la conservation de Notre Dame de Paris

    L’Assemblée Nationale a adopté le 16 juillet dernier une loi d’exception pour la restauration de Notre Dame, établie en dérogation du droit commun, en l’occurrence du Code du Patrimoine.
    Les justifications à cette décision prise par le Président de la République, sont de donner un cadre juridique à la souscription nationale lancée pour la reconstruction et d’achever les travaux dans un délai très court de cinq années. Dans les conditions prévues à l’article 8 de la Constitution, le Gouvernement est autorisé à prendre par ordonnances, dans un délai de deux ans, toutes dispositions nécessaires et par conséquent prévoir des adaptations ou dérogations, notamment aux règles en matière d’urbanisme, d’environnement, de construction et de préservation du patrimoine et aux règles en matière de commandes publiques.

    Cette démarche n’est pas sans soulever de nombreuses questions quant à la légalité des décisions à venir, qui laissent à penser que l’Exécutif veut conserver la haute main sur la reconstruction, y compris la possibilité de modifications architecturales de l’édifice. Ce malaise est accentué par l’exclusion volontaire de l’UNESCO dans le processus qui au titre de Patrimoine remarquable de l’Humanité aurait pu apporter des fonds substantiels et des compétences (nombreux précédents : Abou Simbel, Venise, Colisée, etc.) … mais avec un droit de regard.

    La mise entre parenthèses de la Convention de Venise dont la France est signataire, impliquant la reconstruction à l’identique d’un édifice Patrimoine remarquable de l’Humanité, convention respectée par exemple pour la Fenice, les Cathédrales Saint-Paul et de Trondheim. Ce type de conventions ne sont pas transcrites directement en droit national et appartiennent à ce que l’on appelle « le droit mou ». La création d’un EPIC dirigé par le Général Georgelin, alors que l’Administration de la Culture disposent d’architectes, conservateurs, spécialistes, et des structures idoines pour ce genre de mission d’envergure interpelle les consciences…

    (2) La revitalisation des centres villes par l’investissement dans le patrimoine historique

    Le programme national « Action Cœur de Ville », conçu par le Ministère de la cohésion des territoires, consiste en un plan interministériel et partenarial (Etat, Caisse des Dépôts, Action Logement) d’investissements de 5 milliards d'€ pour redonner vie aux centres villes en déshérence, particulièrement ceux des villes moyennes, mis en œuvre de manière totalement décentralisée, à rebours de trop de politiques publiques verticales et centralisées.

    Il s’agit d’appréhender une approche globale pour recréer un centre-ville attractif et en repeuplement par la réhabilitation de logements anciens, le maintien de commerces de proximité, le développement des transports publics, services et aménagements urbains, ainsi que d’assurer une transition écologique pérenne.

    Pendant des décennies, on n’a cessé d’éloigner les habitants des emplois, des services, des commerces et des équipements de culture et de loisirs, aboutissant à vider et à paupériser les centres villes par la création de cités dortoirs satellites, ou de zones pavillonnaires en milieu agricole, détruisant le lien économique et social entre noyau centrale et zones périphériques. La dissociation lieu de travail, lieu de résidence et l’isolement culturel de ces petites structures éclatées entraîne l’allongement des temps de transport néfaste au confort de la vie quotidienne et nuisible pour l’environnement.

    Ne plus faire des villes des musées à ciel ouvert, mais des lieux de vie rencontre de nombreux obstacles : insalubrité de certains bâtiments, habitabilité au regard du respect du code de santé publique, sécurité incendie, démolition des constructions parasites, reconstitution de volumes urbains homogènes, restitution de rues, passages et espaces publics.

    Un cadre législatif innovant avec la création de l’ORT (Opération de Revitalisation des Territoires) met en place des outils efficaces, entre autres : mesures de défiscalisation « Denormandie » pour les travaux d’acquisition – réhabilitation de logements anciens, intervention d’Etablissements Publics d’Aménagement et de Restructuration des Espaces Commerciaux et Artisanaux (EPARECA) sur fonds publics, encadrement de l’urbanisme en donnant aux Préfets un pouvoir suspensif pour l’instruction de projets périphériques.

    (3) Réanimer le Dispositif Malraux de 1962

    Malgré son nom, le dispositif de défiscalisation Malraux ne figure pas dans la loi du même nom de 1962 dont les objectifs sont purement patrimoniaux. Il s’agissait d’élargir à l’échelle de quartiers ou d’une ville la possibilité de contrôler, voire d’interdire les démolitions, et d’encourager les travaux de restauration tel qu’instauré depuis 1913 pour les monuments historiques, en 1942 pour leurs abords, et en 1962 avec la création des secteurs sauvegardés.

    C’est en 1977 que la loi élargit le dispositif et vient compenser les sujétions imposées sur les bâtiments non protégés dans ces périmètres. L’article 199 du code général des impôts offre la possibilité d’une réduction d’impôts sur l’ensemble des revenus et non les seuls revenus fonciers, aux contribuables investissant dans la rénovation d’un bien, sous condition d’un engagement de location de neuf ans.

    N’oublions pas que ces dispositifs ont sauvé le Marais de démolitions, de bétonnage et de déstructuration urbaine.

    Le « Malraux » a décliné au fil des ans, bénéficiant actuellement à 8 000 foyers fiscaux, pour environ 130 millions d'€ de travaux, engendrant 30 millions de dépenses fiscales.
    De nouvelles mesures de défiscalisation, nomment le « Pinel réhabilitation » sont entrés en concurrence avec ce dispositif. Celui-ci ayant donné d’excellents résultats dans le passé, un rapport sur l’évaluation et l’adaptation du « Malraux » a été remis au Gouvernement en décembre 2018. Il formule des recommandations pour rendre plus attractif et développer ce dispositif, en préconisant notamment une simplification des dispositions applicables, un élargissement de la défiscalisation, et la possibilité de son utilisation à certains secteurs d’intervention des ORT. Les pouvoirs publics semblent favorables à ces préconisations

    Claude Verrier

     

  • Griveaux rupin gérard 26 11 19De droite à gauche, Pacôme Rupin Député 7ème circonscription (inclut le IVe), Benjamin Griveaux Député 5ème circonscription (inclut le IIIe), ancien Ministre, et Gérard Simonet. Photo Marie-Pierre Lacoste IIe, candidate LReM liste Paris-centre

     

     

    Nous nous sommes retrouvés à l'invitation de Benjamin Griveaux dans un  restaurant proche de l'Hôtel de Ville. Au menu, en plat du jour, de la tête de veau sauce Gribiche. Une double évocation de Jacques Chirac, qui a été Maire de Paris de 1977 à 1995…

    Au menu de nos discussions, le contenu de notre manifeste du 16 juin en direction des candidats aux élections municipales de Paris en 2020. Avec une double intention : relever les réactions des candidats aux thèmes qu'il évoque et les éclairer en même temps sur les attentes des citoyens.

    Le premier échange a porté sur la circulation et sur la place de la voiture à Paris. Benjamin Griveaux annonce qu'il ne reviendra pas sur ce qui a été fait par Anne Hidalgo pour les berges. Il précise néanmoins qu'il définira plus précisément l'usage qu'on en fait. Lui et Pacôme Rupin, élu du IVe qui connait bien les bords de Seine, expliquent que le fleuve doit être une voie pour le transport des personnes et des marchandises, beaucoup plus utilisée qu'elle ne l'est aujourd'hui. Ils proposent par ailleurs qu'une véritable piste réservée aux vélos soit aménagée sur la rive…

    Pour la circulation le candidat pose comme principe qu'il ne faut pas s'opposer à la voiture mais s'attaquer à la pollution, qui fait selon lui 6.500 morts par an dans l'agglomération parisienne. Ce qui signifie que l'utilisation de voitures électriques en nombre serait acceptable ? On a dévié alors vers une autre pollution, celle qui est liée à la production du courant électrique nécessaire à la recharge des batteries.

    Nos interlocuteurs reconnaissent que la France a la chance de bénéficier d'un programme nucléaire et qu'elle ne doit pas se précipiter vers la fermeture des centrales "car la France doit assurer sa souveraineté et ne pas dépendre de la Russie ou de l'Iran pour ses approvisionnements énergétiques". Les énergies renouvelables montrent clairement leurs limites. "Notre pays doit miser sur les développements technologiques à venir qui nous feront découvrir de nouvelles sources d'énergies renouvelables et rendront le nucléaire moins risqué qu'il ne l'est aujourd'hui". Les Verts apprécieront !

    Incontestablement le personnage de Benjamin Griveaux a pris de l'épaisseur depuis notre premier contact en 2017 en prélude aux élections législatives. Il sait manifestement élever un débat. Il est probable aussi qu'il ait travaillé sa com' car le contact avec lui se révèle amical et sans aspérité.

    Ainsi sur la densification. Il y est opposé et milite pour la création d'espaces verts. Où ? En verdissant au maximum l'existant et "en valorisant les bois de Boulogne et de Vincennes". Ils reprochent tous deux à Anne Hidalgo "d'avoir bétonné Paris" en prenant pour exemple la reconversion qu'ils désapprouvent de l'ancien hôpital Saint Vincent de Paul dans le XIVe, libéré de ses activités hospitalières depuis 2012, sur les 3,4 hectares de l'enclos historique.

    Tous deux reconnaissent toutefois qu'il n'y a eu rien de tel dans Paris-centre… Rien à redire notamment sur le réaménagement du 17 boulevard Morland (IVe) suite au départ de services de la Ville et de la Préfecture de Paris Île-de-France.

    Benjamin Griveaux nie être intervenu (en avait-il d'ailleurs le pouvoir ?) pour que le Parlement refuse que Paris ait sa police municipale avant les élections de 2020. On veut bien le croire mais – qu'il nous pardonne d'avoir un doute – il ne serait pas surprenant, que par tactique électorale, il l'ait fait d'une manière ou d'une autre… Les enfants de chœur ne sont pas légion en politique !

    Lui attendra 2020 s'il est élu pour avoir sa police municipale à part entière et ses policiers seront armés, ce que déclinent ses concurrents. En attendant, à l'initiative de Sébastien Lecornu Ministre chargé des collectivités territoriales, le Parlement est saisi d'un projet de loi  qui contient d'autres dispositions qui renforcent potentiellement le pouvoir des maires notamment en matière d'amendes (qui pourraient aller jusqu'à 500 € !) et de fermetures administratives des établissements recevant du public. Nous nous sommes déjà exprimés sur ce sujet. Nous avons répété qu'il est difficile d'apprécier la mesure a priori. Les citoyens jugeront sur pièces…

    On a évoqué la dette de la Ville : près de 7 Milliard d'€ ! B. Griveaux l'attribue à la réticence "idéologique" de la Maire à faire appel à des partenariats public-privé. Il s'engage en tout cas lui aussi à ne pas augmenter les impôts mais il taillerait dans les dépenses. Il dénonce l'existence de 400 conseillers dans les différentes délégations. Il ramènerait ce nombre à 200 ! Il dénombre 417 personnes au service de la communication, alors que 30 contrôleurs seulement essaient de traquer Airbnb, ses pompes et ses œuvres….

    En même temps il se propose de donner plus de responsabilités aux maires d'arrondissements, de sorte que le Maire de Paris ne soit plus un homme-orchestre mais un chef-d'orchestre !

    Il a conscience que la mairie de Paris distribue 250 à 300 Millions d'€ à des associations non institutionnelles et qu'il y lieu de mettre de l'ordre dans ce maquis. Il pense en particulier aux "associations communautaristes anti-républicaines" qui reçoivent une aide financière inappropriée. B. Griveaux et P. Rupin rappellent à ce propos que s'ils respectent toutes les communautés ils n'admettent ni l'un ni l'autre le communautarisme. Dont acte !

    Gérard Simonet

     

     

  • Frag

    En collaboration avec "Vivre le Marais !"

    CULTURE & PATRIMOINE

    après un trop long silence dû à d’importants problèmes informatiques, nous sommes heureux de vous proposer une belle visite avant les Fêtes

    Le Musée du Parfum Fragonard

    3-5 square Louis Jouvet (à côté de l’Opéra Garnier) métro Opéra

    Le mardi 3 Décembre à 14h15 RV devant l’entrée du musée

     

    Fondée en 1928, Fragonard est une maison familiale au remarquable savoir-faire dans la parfumerie. Notre visite guidée vous permettra de découvrir les secrets de fabrication du parfum et son extraordinaire histoire de l’Antiquité à nos jours. Vous verrez le matériel de fabrication, les multiples flacons et pourrez poser toutes les questions que vous souhaiterez. Puis une visite à la boutique du Musée vous permettra de compléter, si besoin est, vos cadeaux de Noël et de fin d’année.

    Merci de prévenir de votre venue Marie-Françoise Masféty-Klein par mail mfmk@free.fr ou par téléphone, d’indiquer le nombre de personnes qui vous accompagneront et de prévoir une participation de 10 euros pour les adhérents de l’association et de 15 euros pour les non adhérents. Au plaisir de vous revoir lors de cete visite, nous vous adressons nos fidèles amitiés.

    Marie-Françoise Masfety-Klein

    01.42.72.61.41/06.50.96.05.12

    Blog Culture et Patrimoine

     

  •  Temple photo 23 11 19Temple photo 23 11 19

    Porte du 64 rue du Temple (IIIe)

                            AVANT  : 14 novembre                                              APRES :23 novembre

     

    Depuis des semaines, l'état de cette porte en bois peint, plutôt élégante, choquait le sens de l'esthétique et de la propreté de nombreux passants. Les habitants quant à eux ne semblaient pas s'en préoccuper puisque rien ne bougeait.

    Nous avons donc décidé de prendre le taureau pas les cornes et le 14 novembre nous déposions une réclamation sur DansMaRue, le site anti-tags de la mairie de Paris. Notre signalisation a été enregistrée sous la référence "anomalie S2019K24624".

    Ce 23 novembre, neuf jours après, nous recevions ce message :

    Bonjour,

    L'anomalie S2019K24624 concernant la présence de graffitis sur un mur, une façade sur rue ou un pont au 64 rue du Temple, 75003 PARIS a été prise en charge.

    Une équipe est intervenue afin de résoudre l’anomalie.

    Les équipes de la Ville de Paris en charge de l'application DansMaRue vous remercient de votre participation à l’amélioration de la qualité de l’environnement urbain.

    Pour nous améliorer, merci de nous donner votre avis sur le dispositif DansMaRue que vous avez utilisé : https://www.sphinxonline.com/SurveyServer/s/mairiedeparis/SN_DANS_MA_RUE/SN_DANS_MA_RUE_post-service.htm

    Nous nous sommes rendus sur place pour constater que la porte est tout aussi taguée qu'elle n'était. Il n'est pas nécessaire d'être égyptologue spécialiste des hiéroglyphes pour constater que les gribouillages sont les mêmes. Les services de la mairie ont-ils foiré ? Se peut-il qu'ils aient eu la légèreté d'annoncer une intervention qui n'a pas eu lieu ? A moins qu'ils entendent par "intervention" le fait qu'ils soient simplement venus voir ?

    Qu'en pensent les propriétaires et locataires de l'immeuble ? La question leur est posée. Ils sont au moins aussi concernés que nous ! Peut-être se sont-ils masochistes et opposés au nettoyage ?

    En tous cas, puisque la mairie nous demande notre avis sur le fonctionnement de leur dispositif DansMaRue, nous leur adressons cet article qui mérite pour le moins une explication.

     

    Postscriptum du 28 novembre

    Les évènements se sont enchainés depuis. Le 24 novembre, une habitante du 64 rue du Temple nous révélait que son immeuble avait signalé le barbouillage de la porte depuis des mois à DansMaRue, sans résultat. En revanche, à la suite de la publication de notre article et d'un message de notre part à la direction territoriale de la propreté et à l'Hôtel de Ville, le prestataire qualifié intervenait et nous avons découvert que dès le 25 la porte avait été nettoyée.

    Temple 64 propre

    Au carrefour Temple/Rambuteau, une opération de désaffichage sauvage allait bon train, tandis que la rue Quincampoix recevait elle aussi la visite des équipes spécialisées pour effacer les tags du 41 de la rue, particulièrement maltraité par les vandales.

    Quincamp avant
    Quincamp après

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le 41 rue Quincampoix ; "avant" à gauche et "après" à droite

     

    On ne peut que s'en réjouir mais il n'est pas concevable que toutes les situations soient traitées sous un régime d'exception comme celle-là. Nous nous en sommes ouverts dans un message adressé en ces termes aux autorités concernées : mairie, propreté de Paris, Hôtel de Ville, DPSP et police :

     

    "De nombreux messages me parviennent, qui confirment mes propres observations, pour souligner la mobilisation hier toute la journée du 25 novembre des équipes de la propreté de Paris pour le nettoyage des tags et l'enlèvement d'affiches sauvages.

    Nous avons constaté leur présence active notamment au carrefour Temple/Rambuteau, rue du Temple et rue Quincampoix. A noter que rue Quincampoix, au n° 42, un commerce vend tout le matériel nécessaire aux tagueurs, des bombes de peinture notamment… Je crains qu'il n'y ait rien dans l'arsenal législatif pour s'y opposer mais je pense aussi qu'une convocation du gérant par le Maire et/ou le Commissaire central pour une explication ne serait pas un luxe. L'activité marchande de ce commerce génère des dépenses de nettoyage qui sont payées par le contribuable parisien…

    Je vous adresse nos remerciements en tout cas pour la mobilisation constatée. Notre blog va en rendre compte. Il faut toutefois échapper au syndrome du tonneau des Danaïdes qui se vidait aussi vite qu'on le remplissait. On aimerait que la Ville de Paris ait un plan d'ensemble pour éviter qu'il en soit ainsi. Ce serait un excellent signal à l'approche des prochaines échéances électorales. On ne peut pas continuer à coller des rustines sur un radeau qui prend l'eau de toute part…

    Bien cordialement

    Gérard Simonet"

     

    Il s'en est suivi un appel du directeur de cabinet du Maire-Adjoint à la propreté à l'Hôtel de Ville, Paul Simondon, et des explications peu rassurantes. Nous avons retenu en particulier que les signalisations DansMaRue vont directement chez le prestataire (privé) et que les services de la mairie n'en sont pas avisés, sauf intervention particulière. De quoi méditer… 

     

  • Police centreDe gauche à droite : Emmanuel Dubail, en charge de l'unité de police administrative, Olivier Morges Commissaire Divisionnaire arrondissements 1-2-3-4 et Gérard Simonet

     

     

    Ils ont leurs bureaux au 4-6 rue aux Ours (IIIe) depuis le 1er septembre, en attendant la fin des travaux de l'immeuble de "La  Garantie" rue Perrée, qui doit les accueillir en 2022/23 : Frederi Cheyre, Commissaire Général du district comprenant les 1er, IIe, IIIe, IVe, VIIIe, IXe, XVIe et XVIIe (le grade le plus élevé dans la hiérarchie des commissaires) et son Adjoint Olivier Morges, Commissaire Divisionnaire en charge de la circonscription Paris-centre. L'agglomération parisienne est découpée en trois districts

    Nous les avons rencontrés en compagnie de la porte-parole du collectif des "riverains de la rue Pierre au Lard", ainsi que Emmanuel  Dubail qui a quitté le boulevard Bourdon (IVe) pour les rejoindre à la tête de "l'unité de police administrative" (UPA), qui gère les relations avec les ERP (établissements recevant du public).

    Après un bref rappel des caractéristiques de notre association et de sa communauté de membres actifs et réactifs, nous avons remis l'accent sur les dossiers qui sont à nos yeux les plus sensibles à ce jour : le secteur St Martin/Ste Apolline/Blondel (IIIe) qui aspire à la tranquillité que pourrait lui apporter des caméras de surveillance ; l'ouverture – demain  – du "Hellfest Center" au 37 rue Quincampoix (IVe) sous la haute surveillance des riverains inquiets et des autorités de police et de mairie ; et le Who's (IVe), qui reste le Who's et fait l'objet de plusieurs procédures judiciaires de la part du voisinage.

    On observe que l'agglomération parisienne est découpée désormais en trois districts séparés sous la direction de commissaires chevronnés. On se demande si cette nouvelle structure traduit une volonté de déconcentrer les décisions, notamment en matière de sanctions administratives, du cabinet du Préfet de police de Paris vers l'autorité de terrain. Nous n'avons naturellement aucune préférence à ce propos. Seule nous préoccupe l'efficacité des interventions car nous partageons l'analyse du Dr Lukacs : l'injustice reste grande entre ceux qui sont capables de nuire instantanément par les désordres qu'ils créent et ceux qui en souffrent et vivent leur calvaire pendant des mois car l'Etat de droit leur impose des procédures interminables et couteuses.

    GS

     

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    Bruit boucher oreilles 28 10 19Le supplice du bruit dont sont victimes les jeunes comme les vieux…

     

     

    Le Dr Bertrand Lukacs milite depuis des années pour que les méfaits du bruit soient pris au sérieux, assumés et traités par les pouvoirs publics, Assemblée Nationale, mairies, préfectures et organismes associés comme BruitParif ou le CIDB (centre d'information et de documentation sur le bruit). Il s'est attaché à proposer des solutions pour que le canal St Martin (Xe) reste vivable pour les riverains. Il a ensuite élargi son combat dans une démarche "Vivre Paris !" et créé l'association Habiter Paris d'où il s'exprime dans la tribune que voici.

     

     

    TRIBUNE sur le BRUIT et la POLITIQUE de la NUIT par le Dr Bertrand Lukacs

     

    La politique de la nuit doit s’appuyer solidement sur une politique de lutte contre la pollution sonore :
    Lutter contre la pollution est un enjeu écologique majeur.
    Dans une ville aussi dense que Paris, la pollution ne se limite pas à la seule pollution atmosphérique. La pollution sonore est elle aussi un enjeu de santé publique. Cette pollution est en effet responsable de la perte de plusieurs dizaines de milliers d’années de vie en bonne santé par an et coûte plusieurs milliards d’€ à la collectivité. Cette pollution est aujourd’hui totalement oubliée.

    Lorsque la mairie de Paris parle de pollution, il faut comprendre pollution atmosphérique. Cette vision verticale, en silo, de la seule pollution atmosphérique peut avoir des effets pervers. Le réaménagement de la place de la République en est l’illustration : la diminution théorique de la pollution atmosphérique a été remplacée par une augmentation bien réelle de la pollution sonore, avec pour résultat un impact assurément négatif sur la santé des riverains.

    La lutte contre la pollution sonore doit se porter, en priorité, sur la pollution sonore de la nuit pour deux raisons synergiques entre elles. Même si certains souhaiteraient que ce ne soit pas le cas, pour l’homme, le temps du jour n’est pas équivalent au temps de la nuit. Ainsi est construite notre biologie rythmée par le cycle circadien. Ce cycle joue un rôle déterminant dans la régulation de notre métabolisme. C’est en partie la raison pour laquelle, à travail égal, les travailleurs de nuit ont une plus grande morbidité et mortalité que les travailleurs de jour. Le sommeil de jour n’a pas la même qualité que le sommeil de nuit. Le jour est le temps de l’éveil, la nuit est le temps du sommeil.

    Dormir n’est pas du temps perdu. C’est au contraire un temps indispensable pour le corps et plus encore pour l’esprit et le cerveau. Les progrès récents en imagerie médicale du cerveau font apparaître combien les différents temps du sommeil sont essentiels pour organiser, stocker, sélectionner toutes les informations reçues dans la journée, intégrer les connaissances et les concepts, gérer nos émotions. Ces moments sont particulièrement importants chez les enfants, les adolescents, lorsque le cerveau est en phase d’apprentissage. Récemment Santé publique France soulignait l’importance du temps de sommeil total (TST) comme étant un déterminant de santé fort, corrélé à plusieurs comorbidités métaboliques, vasculaires, mentales. Les auteurs s’alarmaient de la diminution de ce TST chez les adolescents dont une des causes est la perturbation du sommeil par la pollution sonore.

    La nuit, les causes de la pollution sonore sont multiples. Les plus fréquentes proviennent du trafic routier notamment des deux roues. Mais aujourd’hui, les plus gênantes, dans une ville comme Paris, proviennent de la vie nocturne : terrasses de café non contrôlées, désinhibition des comportements liée à la consommation excessive d’alcool ou autres drogues, établissements de nuit mal insonorisés, nouveaux usages non régulés d’occupation de l’espace public….

    Cette pollution sonore liée à la vie nocturne s’aggrave à Paris.

    Habitants de la place de la République, de la Butte aux Cailles, de la rue Saint-Martin, du quai de Jemmapes et du quai de Valmy, de l’avenue Richerand, de la rue Jean-Pierre-Timbaud, de la rue Quincampoix, de la rue Pierre-au-Lard, de la rue Dauphine, pour ne donner que quelques exemples, nous sommes tous victimes de cette pollution même si les origines en sont différentes. Nous sommes tous victimes d’une inégalité de traitement qu’il est urgent de corriger : il existe une bien trop grande asymétrie entre la facilité à créer ces nuisances et l’extrême difficulté rencontrée par les riverains victimes de ces nuisances pour en obtenir la régulation… quand ils y arrivent ! Cette asymétrie est responsable de conflits, de souffrance, de désespérance et affecte fortement la santé des riverains.

    Aujourd’hui, la politique de la nuit à Paris, telle qu'elle est conduite par la Maire et ses Adjoints, crée beaucoup plus de pollution sonore qu’elle n’en supprime. Prenons comme exemple deux cas récemment cités par Frédéric Hocquard, Adjoint en charge de la nuit : la Mutinerie et les cafés concerts. Concernant la Mutinerie, il était d’emblée évident que les locaux n’étaient pas adaptés au type d’utilisation prévue. Le bon sens aurait été de réaliser les travaux d’insonorisation avant toute poursuite de l’activité en cause plutôt que de faire subir aux riverains des mois et des mois de nuisances sonores avec leur cortège de mains courantes, de plaintes, de tensions pour qu’enfin la Préfecture de police donne l’injonction de faire ces travaux.

    Encourager le développement de salles de café-concert sans aucunement vérifier que les lieux sont phoniquement adaptés, c’est de facto accepter la création de nuisances sonores que les riverains mettront des années à faire cesser.

    Nous ne voulons plus de cette politique favorisant l’émergence de nouvelles pollutions sonores obligeant les riverains à s’engager dans d’interminables et épuisantes batailles. Cette politique est inique. Nous voulons simplement que les fêtes, les nouvelles créations se déroulent dans des lieux adaptés.

    Nous sommes, nous aussi, attachés au fait que Paris soit une ville où l’on peut se divertir la nuit, mais nous sommes tout autant attachés à la possibilité de bien dormir. Nous sommes convaincus que ces objectifs sont compatibles à condition de mener une politique équilibrée investissant autant d’énergie et de moyens dans le développement d’activités nouvelles que dans la protection de la santé de ceux qui doivent dormir.

    Nous voulons un système parfaitement transparent privilégiant la prévention et la détection précoce des nouveaux foyers de pollutions sonores, quelle qu’en soit la cause. Nous voulons une obligation de résultat facilement mesurable par l’enregistrement des niveaux sonores. Nous voulons un circuit court de résolution des problèmes en cas de manquement.

    À la différence de la pollution atmosphérique dont les causes sont multiples et peuvent être géographiquement très éloignées de ceux qui la subissent, la pollution sonore a toujours une cause locale parfaitement identifiable et mesurable. Cette particularité rend les prises de décisions locales immédiatement efficaces, pour peu qu’il y ait la volonté politique de la réguler.

    Disposer, en temps réel, des mesures de niveaux sonores en toute transparence pour tous est indispensable et nécessaire pour organiser une prévention, détecter rapidement l’émergence d’un nouveau foyer de pollution ou suivre l’efficacité des mesures prises pour réguler une pollution existante. C’est possible en généralisant la pose de sonomètres type « Méduse » de Bruitparif dans les lieux nécessitant ces mesures. Cela implique que la Marie de Paris rééquilibre ses attributions budgétaires en augmentant fortement celles dédiées à la lutte contre la pollution sonore.

    Ces mesures doivent être l’outil central de travail de commissions locales de concertation. Ces commissions, nouvelles, impliquent la mutation des actuelles commissions de régulation des débits de boisson (CRDB) en commissions locales de régulation des pollutions sonores. Les cinq CRDB parisiennes en place à ce jour n’ont jamais recours à l’enregistrement des niveaux sonores en temps réel qui est pourtant le seul critère objectif de mesure de résultat. Elles s’intéressent uniquement aux débits de boissons alors qu’elles devraient également traiter des espaces publics comme les berges du canal Saint-Martin, la place de la République ou le Champ de Mars.

    Elles commencent par une phase de concertation mais celle-ci est illimitée dans le temps alors qu’elle devrait être de durée prédéfinie pour obliger à trouver des solutions avant l’application de sanctions. Enfin, elles sont totalement opaques pour les riverains qui en sont exclus. De nombreuses villes (Bordeaux, Nantes, Rennes…) ont mis en place des CRDB : toutes invitent les riverains à y participer, Paris est la seule exception.

    Après la phase de concertation, doit venir le temps des sanctions pour ceux qui restent des pollueurs. Les sanctions sont indispensables mais celles applicables aujourd’hui ne sont plus adaptées. Il est nécessaire d’étudier sans délai la mise en place d’un modèle progressif type «permis à points» sur le modèle de celui en vigueur à Genève : sanctions de sévérité croissante, rapides à mettre en œuvre sur des critères facilement objectivables et dont le dernier niveau est la fermeture administrative.

    Cette nouvelle politique garantissant un équilibre entre les deux objectifs recherchés pour la nuit à Paris – un Paris festif mais protégeant la santé de ceux qui doivent dormir – peut être mise en œuvre rapidement. Elle doit s’accompagner d’une campagne d’information et de sensibilisation aux méfaits de la pollution sonore et à l’importance d’un sommeil de qualité la nuit.

    Concernant la pétition récemment signée par Monsieur Hocquart en tant que représentant de la Mairie de Paris (voir la dernière newsletter du Conseil de la nuit), nous maintenons que la mairie de Paris ne doit pas signer une telle pétition sauf à en cautionner tous les termes et toutes les revendications. Qualifier les fermetures administratives décidées par la préfecture de police de roulette russe est choquant et inacceptable. Instrumentaliser un cas particulier pour habilement demander la suppression des fermetures administratives extra judicaires est inconvenant. Réduire, de façon générale, la responsabilité des établissements à une obligation de moyens et pas de résultat est en opposition totale avec ce qu’attendent les habitants de Paris. Concernant la pollution sonore, pour protéger les clients et les riverains, nous demandons une obligation de résultats.

    Vous pensez, comme nous, que la lutte contre la pollution sonore à Paris est un enjeu aujourd’hui largement sous-estimé et minimisé par l’équipe municipale actuelle, vous pensez que la prochaine équipe municipale, quelle qu’elle soit, doit s’engager résolument dans la lutte contre cette pollution : alors dites-le ! Diffusez ces idées, écrivez, twittez, tchatez, commentez et diffusez cet article. Plus nous serons nombreux à nous exprimer, plus nous aurons de chances d’être entendus.
    Respectueusement
    Bertrand Lukacs

    Président

    Association Habiter Paris

    ass.habiterparis@gmail.com

     

     

  • DS 2

    De gauche à droite : Thomas Luquet, candidat mairie Paris-centre, David Frémiot, Gérard Simonet et Danielle Simonnet, candidate "La France Insoumise" à la mairie de Paris. Photo Elyse Lethuillier.

     

     

    Chacun aura compris que la proximité des patronymes est  une coïncidence. Nous sommes convenus toutefois d'une origine commune de nos ancêtres dans l'ancien duché de Lorraine, attribué par Louis XV à son beau-père Stanislas Leczinski en viager, jusqu'à la mort de ce dernier en 1766….

    Excellente entrée en matière pour un dialogue de deux heures avec la candidate "La France Insoumise" à la mairie de Paris. Fidèle à notre démarche avec tous les candidats rencontrés à ce jour, nous nous sommes référé à notre manifeste du 16 juin 2019 qui précise "ce qu'on veut pour Paris et ce qu'on ne veut pas". 

    Disons tout de suite que Danielle Simonnet dans son insoumission ne semble pas aussi intransigeante que son mentor Jean-Luc Mélanchon. Sa vision de la démocratie repose sur le RIC (référendum d'initiative populaire) pour dire oui ou non à un projet. Pourquoi pas si on se sent capable de bien poser la question ?

    Il y a d'ailleurs entre elle et nous des points d'accord : le refus des JO à Paris en 2024 (un RIC sur le sujet à Paris nous aurait évité la funeste aventure dans laquelle nous sommes engagés), l'opposition à la Tour Triangle, à une densification de l'espace vital au détriment de "la pleine terre" et des espaces verts, dont elle estime que chaque habitant doit disposer de 10 m² hors bois (de Boulogne et de Vincennes). Une ambition séduisante mais qui conduirait à remplacer, tout calcul fait, 21 % environ de bâti actuel par des espaces verts…

    Elle s'est saisie d'emblée du sujet de la dette de la Ville en soulignant la responsabilité de l'Etat qui a réduit sensiblement ses dotations, pour dire que la dette de Paris est modérée par rapport à la majorité des grandes villes en France et ailleurs et ajouter que la maire actuelle en a tiré prétexte abusivement pour recourir au financement par des promoteurs privés. Tout espace est ainsi "devenu une proie" livrée aux "spéculateurs", alors qu'il aurait été plus judicieux d'emprunter pour financer ces investissements tout en réduisant les dépenses en faisant la chasse aux "gabegies" (exemples : cession des parkings publics très rentables à Indigo, le CPCU chauffage urbain à ENGIE…).

    Sur la densification, nos opinions se rejoignent : il faut la repenser, ainsi que l'attractivité, en terme de Paris-Métropole (Grand Paris), de sorte que la densité de Paris intra-muros se réduise au bénéfice des départements de la couronne. C'est à ce titre qu'elle regrette la décision d'Anne Hidalgo qui a hésité puis décidé de postuler pour les JO de 2024, car ces jeux braquent les projecteurs sur Paris (qui accueillera, selon nos sources, 39 sites olympiques et 44 sites d'entrainement). 

    La propreté est pour elle un dossier important mais elle tient à dénoncer les inégalités de traitement en fonction des arrondissements. Elle affirme que le XXe est moins bien traité que les arrondissements de Paris-centre (dont nous avons pourtant tendance à nous plaindre…). Nous avons renouvelé à cette occasion l'indication que le sentiment de propreté ou de saleté dépend du paysage de la rue dans son ensemble et que l'état du mobilier urbain, maltraité, contribue pour une large part à la mauvaise impression générale.

    Danielle Simonnet regrette à ce propos que la Ville ne mette pas à disposition des non-professionnels qui veulent communiquer de vastes panneaux d'affichage municipaux. Elle plaide pour un accroissement du nombre d'agents de propreté (nous lui avons rappelé que depuis 2001 les effectifs de la Ville sont passés de 40.000 à 55.000) en souhaitant qu'ils deviennent les artisans d'un lien social avec la population.

    Au chapitre des déplacements, on note des convergences avec certains d'entre nous qui pensent que le temps de la voiture individuelle à forte dose est révolu dans les centres-villes et qu'il convient d'encourager les mobilités alternatives. Notre interlocutrice précise à ce propos qu'elle est contre les trottinettes en "free-floating" et qu'il faut les interdire. Elle enchaine sur une critique appuyée de l'état de nos transports publics. Faisant écho à un dossier publié ces jours-ci en Amérique par le magazine City Lab, elle fustige la ligne 13 du métro, archétype de l'échec en la matière, qui n'a d'égale dans le monde que les pires lignes de Sao Paulo et de Rio…

    On attendait son point de vue sur notre critique de la politique dispendieuse de la Maire de Paris au profit des associations non institutionnelles qui reçoivent 300 Millions d'€ de subventions par an. Elle considère que leur soutien financier est justifié quand elles "exercent une délégation de service public", comprenez "une tâche à caractère social que la collectivité ne peut ou ne veut pas assumer" mais que, en tout état de cause, "l'usage des fonds doit être transparent et sa régularité régulièrement contrôlée".

    Il n'y a de notre point de vue rien à redire à cela sauf que les activités les plus fantaisistes y sont éligibles en pratique et que leur contrôle est inexistant ce qui se traduit par la prolifération des bénéficiaires. 

    On a aussi parlé des impôts. Il ressort que Mme Simonnet serait friande d'un "grand soir fiscal" où les impôts locaux deviendraient progressifs, comme l'impôt sur le revenu. A chacun de faire ses comptes ! 

    A propos du communautarisme, elle répond "respect de la laïcité". Ce qui veut dire qu'un communautarisme non confessionnel lui convient, quel qu'il soit. Elle peste en revanche contre Airbnb et dénonce la faiblesse des moyens affectés : 30 personnes seulement pour faire la chasse aux locations non autorisées sur Paris…

    Enfin elle affirme qu'elle n'est pas "Hidalgo compatible", ce qui surprend car la Maire actuelle est alliée aux communistes, pourquoi pas alors aux "insoumis" qui ne leur sont pas si éloignés ? On verra ce qu'il en advient au second tour. Danielle Simonnet pèse 7% dans les sondages du jour. Un chiffre qui peut faire réfléchir…

    Gérard Simonet

     

     

  • Hellfest 17 11 19Devanture et entrée du "Hellfest Corner", 37 rue Quincampoix (IVe) (Photo VlM)

     

     

    La saga du Dr Feelgood et de ses démêlés avec les riverains de la rue s'est conclue il y a quelques mois par sa fermeture. La mairie de Paris s'était alors refusée justement à l'aider à financer sur des fonds publics des travaux pour l'insonorisation de ses activités bruyantes. Le voisinage connait la paix depuis lors mais un repreneur s'est fait connaitre avant l'été. Il s'agit de Hellfest Corner connu par le Hellfest Summer Open Air, festival de musique français spécialisé dans les musiques extrêmes et la musique hard rock "métal".

    L'enseigne Hellfest a des raisons a priori de faire frémir car elle évoque un "festival d'enfer". C'est ainsi que les habitants du 37 rue Quincampoix et des immeubles voisins  l'ont ressenti. Cependant les promoteurs ont été reçus par la Préfecture de police et la mairie de Paris et les échos de ces entretiens sont réconfortants car ils font état de mesures de protection du voisinage contre la diffusion du bruit, considérées comme sérieuses.

    Le Maire du IVe Ariel Weil, candidat pour la mairie de Paris-centre, les qualifie de "mesures concrètes : insonorisation du lieu, fumoir, gestion des files d'attente lors du lancement, vigile devant la porte, installation de limitateur de bruits…" L'installation d'un sonomètre extérieur est envisagée. Par ailleurs, le Maire rappelle que, "contrairement au Dr Feelgood, le lieu n'accueillera pas de concerts "live" et qu'il devrait donc être plus simple de maîtriser le niveau sonore de la musique diffusée".

    Il poursuit en indiquant que les gérants ont écrit à nouveau cette semaine "pour confirmer la mise en oeuvre de ces différentes mesures". Et ajoute à notre intention : "je vous sais déjà en contact avec eux mais je vous confirme qu'ils sont à votre disposition pour en discuter quand vous le souhaiterez. N'hésitez pas à les contacter".

    De son côté, le Commissaire Général de police des arrondissements du centre, Frederi Cheyre, affiche sa confiance et celle de ses fonctionnaires en charge des activités économiques en affirmant : "nous sommes, en tous points, sur la même longueur d'onde [que le Maire – NDLR]. Mes effectifs en charge de la police des débits de boissons ont rencontré ce jour les exploitants qui ont fait une très bonne impression".

    Le décor est planté. Il n'y a plus qu'à attendre la générale et les représentations suivantes pour vérifier si les défenseurs de l'ordre public sont réalistes, optimistes ou naïfs. Nous n'hésiterons pas à les porter au pinacle s'ils ont dit vrai. Et à réserver notre jugement et notre attitude si le calvaire des habitants de la rue devait reprendre à cause du bruit de l'établissement, des allées et venues des consommateurs, de leurs vociférations dans l'espace public, de leurs motos aussi encombrantes que sonores quand elles démarrent à 2 heures du matin…

    A priori nous sommes confortés et nous le disons à tous ainsi qu'aux gérants de l'établissement. A eux de ne pas trahir une confiance émoussée par des années de lutte inégale, "car la pollution sonore liée à la vie nocturne s’aggrave et il existe une trop grande asymétrie entre la facilité à créer ces nuisances et l’extrême difficulté pour les citoyens à obtenir une régulation efficace, quand ils y parviennent ! Cette asymétrie est responsable de conflits, de souffrance, de désespérance et d'impact fort sur la santé des riverains" (Dr Bertrand Lukacs – Habiter Paris).  

    Gérard Simonet