Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Auteur/autrice : Vivre le Marais

  • Archives 19 terPoids lourds stationnés devant les 19-21 rue des Archives (IVe) (Photo VlM)

     

    Ceux qui vivent dans cette section de la rue des Archives dans le IVe en souffrent. Alors que des places de stationnement ont été créées de l'autre côté de la rue, comme on peut le constater sur la photo, des véhicules de livraisons, souvent de gros poids lourds, ont pris l'habitude de stationner indûment le long des numéros 19 à 23, en empiétant ou non sur le trottoir, pour décharger leurs marchandises destinées à des commerces distants.

    Un riverain, Georges, s'en plaint : "Notre trottoir devient un peu plus chaque matin une plateforme logistique de livraisons. A l’encombrement s’ajoute le bruit des moteurs et celui des ventilateurs des camions frigorifiques. Je constate que ces camions sont tolérés sur le trottoir toute la semaine alors que nous n’avons, nous habitants, aucune tolérance pour décharger nos voitures notamment le week-end.

    A noter que  pour la copropriété du 19-21 nous n’avons pas eu l’autorisation d’installer une trémie pour le ravalement de cours intérieures et que le temps de déposer des échafaudages nous avons eu un procès-verbal car des détritus avaient été déposés par des tiers contre les barres métalliques"

    Il s'agit là d'un dossier de la compétence de la DPSP (direction de la prévention, de la sécurité et de la protection) de la mairie de Paris, qui préfigure la future police municipale dont la Maire Anne Hidalgo a fait récemment l'annonce. Nous lui en faisons communication et serons très heureux de publier la réponse qui nous sera faite.

     

  • Dpsp 36 archives 29 05 17Dpsp 36 archives 29 05 17

     

     

     

     

     

     

     

     

    A  gauche, Colombe Brossel, Adjointe à la Maire de Paris en charge de la sécurité et de la prévention s'entretient avec une section de la DPSP. A droite, trois agents en intervention rue des Archives dans le IVe contre un affichage sauvage

     

     

    Quand Bertrand Delanoë a conquis la mairie de Paris en 2001, il avait fait sienne l'opinion que Paris ne devait pas avoir de police municipale. Son concurrent soutenait le contraire. C'est Bertrand Delanoë qui a gagné. Tout au long de sa première mandature (de sept ans exceptionnellement), il était aussi déconseillé de parler de police municipale à l'Hôtel de Ville que de corde en l'hôtel d'un pendu.

    De 2008 à 2014, l'idée de disposer à la mairie de forces pour assurer la prévention et la protection des citoyens fit son chemin mais il n'était toujours pas question de sécurité, domaine réservé à la police.

    Anne Hidalgo est élue en 2014. Très vite elle se convainc qu'une sorte de police municipale devrait exister à Paris pour assurer la lutte contre les incivilités. Pas question pour autant de l'appeler "police" ; la DPP existante, en 2016, se transforme pudiquement en DPSP (direction de la prévention, de la sécurité et de la prévention). Le mot "sécurité" apparaît mais toujours pas le mot "police". La DPSP a été dirigée néanmoins par un Commissaire divisionnaire de la police nationale, Matthieu Clouzeau, jusqu'à maintenant. Il a porté ses effectifs à 3.200 agents en intégrant notamment les ASP (agents de surveillance de Paris) en provenance de la police nationale.

    Depuis le 14 janvier, c'est Michel Felkay, ancien Commissaire général qui assure la direction de la DPSP. C'est aussi le moment que choisit la Maire Anne Hidalgo pour annoncer à la presse (Le Parisien du 25 janvier) son intention de se doter d'une police municipale qui ne tait plus son nom mais dont la Maire nous dit qu'elle ne sera pas armée.

     

    ISVP_en_patrouilleInspecteurs de sécurité de Paris, des agents de police judiciaire 

     

    Au-delà des mots, il ne nous semble pas qu'il s'agisse là d'une révolution, sauf si la création de cette police municipale faisait bouger les lignes de la répartition des responsabilités entre la Maire et le Préfet de police. Il ne semble pas que ce soit le cas en lisant l'article du Parisien mais comme tout n'est pas dit, nous sommes en droit de nous poser des questions.

    Il nous parait dans l'intérêt de la qualité de vie des parisiens que la gestion et la surveillance des ERP (établissements recevant du public) reste du ressort de la police nationale. A ce jour, nous constatons que les organes créés par la mairie pour réguler ce domaine ont conduit au "conseil de la nuit", aux "Pierrots de la nuit" et aux "commissions de régulation des débits de boissons" qui tous se préoccupent prioritairement des intérêts marchands des professionnels de la nuit et des débits de boissons au détriment de la santé et de la tranquillité des habitants.

    Accorder une licence IV, constater et sévir en cas de tapage nocturne, de désordres sur la voie publique, de trafic de stupéfiants,  faire traduire un établissement devant le tribunal de police, avec comme objectif la défense des citoyens nous parait devoir rester du domaine de la police. Il faut rappeler qu'un certain nombre d'établissements, notamment dans le Marais, sont supervisés par la BRP (brigade de répression du proxénétisme – l'ancienne "Mondaine") qui en assure le suivi indissociable de celui du commissariat d'arrondissement. 

    Cette opinion est d'autant plus légitime que le maintien de l'ordre s'est sérieusement amélioré dans des quartiers qui étaient déclarés ingérables il n'y a pas très longtemps. On pense au XIe où le cabinet du Préfet de police s'est impliqué aux côtés du commissariat  pour aider les riverains et le Maire d'arrondissement à retrouver la paix, des citoyens dont la vie était pourrie et qui reconnaissent aujourd'hui des "progrès spectaculaires".

    GS

     


  • Hidalgo anne rencontre 06 02 14

    Image d'archives : préparation des élections municipales de 2014. De gauche à droite : Gérard Simonet "Vivre le Marais !", Christophe Girard Maire du IVe, Anne Hidalgo candidate à la mairie de Paris et Pierre Aidenbaum Maire du IIIe

     

     

    Cinq ans après, la donne a peu changé. Anne Hidalgo est candidate à sa propre succession, Pierre Aidenbaum s'engage activement dans le soutien à la Maire actuelle, ainsi que Christophe Girard devenu depuis l'adjoint à la Culture à la mairie de Paris, tandis qu'à la mairie du IVe c'est désormais Ariel Weil qui assure le rôle de Maire et qui pourrait, tout comme Pierre Aidenbaum, avoir des visées sur le futur arrondissement Paris-centre dans la mesure où Anne Hidalgo retrouverait son poste à la mairie de Paris.

    Ce ne sont là bien entendu qu'hypothèses car ce sont comme toujours les électeurs qui en décideront. 

    En attendant, fidèles à la neutralité politique qui nous caractérise, nous réagirons à l'actualité pour dire ce que nous pensons, sans agressivité, sans radicalité, dans la bonne humeur. Nous agirons de la même manière avec les opposants à la Maire sortante, dès que  nous les aurons identifiés et que leurs porte-paroles seront connus.

    Le quotidien "Le Parisien" du 24 janvier nous fournit une première occasion de réagir avec des informations sur l'équipe de campagne de la Maire. Première constatation : les Verts sont présents mais on ne voit plus de communistes. Certains s'en réjouiront car cette idéologie a fait de tels dégâts dans le monde qu'on préfère ne la voir que de loin, là où elle sévit encore, à Pyongyang ou à  Cuba. Les Verts ne sont pas du goût de tous, notamment des automobilistes parisiens, mais on doit les créditer du fait qu'ils ont une vision de la vie dans la cité qui pourrait bien épouser le sens de l'Histoire.

    On apprend, sans trop de surprise, que Jean-Louis Missika animera l'équipe de campagne. Il se présente aujourd'hui comme "macroniste compatible". Dont acte. Notre confiance lui est a priori acquise, encore qu'on le trouve un tantinet extravagant en matière d'urbanisme. Nous le connaissons comme porteur du projet "Réinventer Paris !", alors que personne n'a démontré à notre connaissance qu'il fallait réinventer notre ville. En revanche, nous sommes d'avis qu'il faut d'urgence inventer des solutions pour résoudre les dossiers qui pèsent sur le bilan de la Ville de Paris.

    Nous avons ouvert le 23 janvier la liste des recommandations que nous adressons à Mme Hidalgo,  si elle pense que nous comptons à l'échelle de Paris et si elle est disposée à nous complaire. La réponse qu'elle a faite sur la densification de la capitale va dans le sens que nous préconisons (revoir notre article : Paris, dépeuplement et surpeuplement). Forts de cet encouragement, nous enchaînons aujourd'hui sur le dossier le plus trivial mais qui peut peser très lourd : celui de la malpropreté de Paris.

     

    Affiches sauvages
    Affiches sauvagesBoitier elec et mur tagués 27 02 12

    Coffret tagué pastourelle 15 le 02 04 14 (2)

    Boite aux lettres taguéeBanc tagué

     

     

    La malpropreté, ce ne sont pas seulement des déchets sur le sol. Il faut commencer par là bien entendu mais en regardant à travers le kaléidoscope ci-dessus, on constate que tout est souillé à Paris : murs nus tapissés d'affiches sauvages qui partent en lambeaux, bancs publics recouverts d'inscriptions, rideaux métalliques tagués, armoires électriques de commandes des feux barbouillés ainsi que les boîtiers de contrôle de l'éclairage urbain, boites à lettres immondes (une chance, on va nous dire que c'est la poste qui est responsable !), poteaux et potelets recouverts de publicités douteuses, descentes d'eau des immeubles chargés de stickers, parcmètres souillés…  Toutes ces laideurs font le paysage de la rue à Paris et renforcent puissamment l'impression de saleté ambiante.

    S'il n'est pas mis fin à cet état de choses dans les mois qui viennent, tous les arguments que la municipalité pourra développer, tous les projets annoncés, se heurteront à l'objection que Paris est sale, que Paris est abandonné aux vandales, que la ville-lumière n'est plus que l'ombre d'elle-même.

    On nous rétorquera : mais que faire ? 

    A plusieurs reprises, mais sans écho, nous avons regretté que la municipalité ait affecté un très gros budget à une politique idéologique du logement, déconnectée des réalités économiques, et qu'elle ait dépensé et continue à dépenser des centaines de millions d'€ chaque année pour des subventions à des associations dont beaucoup gaspillent cette manne dans des activités fantaisistes.

    Un arbitrage sur ces dépenses aurait permis, sans aggraver le déficit, d'améliorer le fonctionnement des services de la propreté tels qu'ils existent aujourd'hui. Mais ce que nous suggérons avant tout, et c'est là que M. Missika devrait réinventer Paris, c'est une nouvelle approche qui traite la saleté de Paris dans son ensemble en nettoyant de façon régulière et systématique tous les éléments du paysage de la rue. Le moment venu, si on nous accorde du crédit, on exposera notre vision de ce que doit être le mode d'intervention LIFO (*) qui est susceptible de décourager une part significative des incivilités.

    Gérard Simonet

     

    (*) LIFO : mode de gestion des files d'attente qui donne la priorité aux événements les plus récents

     

  • Homard 1

    "Le Homard Parisien", 21 rue Rambuteau  (IVe) – 01 83 91 95 93 (Photos VlM)

     

    Il  semble contredire ceux qui dénoncent la disparition des commerces de détail, de bouche et de proximité. Omar Franka, qui n'hésite pas à jouer sur les mots en mêlant avec humour son nom à son enseigne, a ouvert récemment "Le Homard Parisien" au 21 rue Rambuteau dans le IVe.

    Ceux qui expriment régulièrement leur insatisfaction à propos de l'évolution de nos quartiers diront qu'il n'y a rien de nouveau puisque cette poissonnerie existait déjà. C'est vrai et c'est faux. Une poissonnerie était bel et bien là mais les clients, en dehors de quelques victimes expiatoires souvent étrangères et ignorantes qui s'y laissaient piéger, repartaient tous plumés tant les prix étaient hauts.

    Nous avions fini par considérer que la poissonnerie Lacroix, qui  nous fournissait en poissons, crustacés et coquillages de qualité à un prix convenable et qui faisait autorité au début des années 2000, n'avait pas été remplacée, ce qui a contribué à alimenter l'opinion que les commerces de bouche disparaissaient.

    Homard étalageA l'étalage : bouquets, St Jacques, gambas, homards, pinces de crabes, king crabe….

     

    Omar, dit "Le Homard Parisien" a choisi de relever le gant de la qualité et de la compétitivité. Ses produits, qu'il s'agisse des poissons ou des crustacé/coquillages sont de première fraîcheur et les prix sont dans la même veine que ceux pratiqués au Marché des Enfants Rouges par exemple. A titre d'exemple, la douzaine d’huîtres spéciales Marennes-Oléron n° 2 est à 19,00 € et la Gillardeau n° 3 à 25,00 €. Signe d'excellence, on y trouve du king crabe, une énorme araignée de mer hors de prix mais extrêmement savoureuse. Faire l'essai quand on perçoit le bonus de fin d'année….

     


  • Paris pollué le figaro

    Paris, le pont St Michel

     

    C'est au tour du quotidien "Le Monde" de se saisir de ce dossier qui pourrait devenir l'un des thèmes clivants de la campagne pour  les municipales. Sa manipulation est dangereuse cependant car il entretient l'une de ces schizophrénies dont les journalistes et les politiques ont le secret. Elle repose sur le postulat, non démontré comme  tout postulat, que la qualité de vie des citoyens d'un ensemble urbain dépend de la croissance de sa population. 

    Denis Cosnard, qui signe l'article, donne le sentiment de partager cette vision que l'APUR (atelier parisien d’urbanisme), organisme affilié à la Mairie de Paris confirmerait. Le journaliste au passage donne à l'APUR le statut "d'équivalent parisien de l'INSEE" ce qui est totalement inexact car l'APUR ne procède pas par enquêtes chez l'habitant mais par études d'urbanisme, sérieuses au demeurant, basées sur la connaissance générale qu'on a des distributions de populations dans Paris.

    Rien n'est pourtant moins sûr que cette affirmation que Paris se dépeuple. Nous avons publié récemment sur ce sujet un commentaire de Pierre Merlin qui fait autorité en matière d'urbanisme (ingénieur géographe, urbaniste, expert-démographe, statisticien et actuaire. A présidé l'Université de Paris-VIII). Voici ce qu'il en dit (extraits) : "la soi-disant perte de population de Paris n'a aucune signification. Les recensements sont d'une précision toute relative. Les spécialistes de l'INSEE avouent une marge d'erreur de 2%, soit 40.000 personnes à l'échelle de Paris, donc autant ou plus que les variations constatées depuis 1982.
    La nouvelle méthode de recensement qui n'est en fait qu'un sondage chaque année sur 8 % des logements n'a fait que dégrader encore cette précision".

    La réalité, c'est qu'il y a depuis longtemps 2,2 millions d'habitants environ et que ce chiffre varie peu. Et pourtant chacun à la mairie de Paris et dans la presse emboîte le pas à la rumeur et construit sa rhétorique au service d'intérêts évidents qui leur sont propres.

    Face à ce qui est présenté comme une critique (car ce serait signe d'échec que la population baisse…), l'entourage d'Anne Hidalgo vient pourtant de faire sien ce qui est notre leitmotiv depuis des années avec cette phrase qui porte notre signature dans ses détails :  « pour nous, l’enjeu n’est plus tant d’augmenter le nombre d’habitants à Paris que d’améliorer le cadre de vie de ceux présents ». Une raison-clé à cette approche : avec 252 habitants à l’hectare (hors bois), Paris est déjà la ville la plus dense d’Europe.

    On a envie de dire : Enfin ! et de se réjouir que la Maire de Paris s'extraie de la schizophrénie ambiante pour clamer que si la population baisse c'est une bonne chose car elle est excessive. Quand la population croit, les équipements publics (écoles, transports en commun, hôpitaux, voirie, tribunaux….) deviennent insuffisants. Et si l'investissement, comme c'est souvent le cas, ne suit pas, les encombrements augmentent ainsi que la pollution, le bruit, l'insécurité, l'inconfort et la malpropreté. 

     

    Paris pollué le figaro

     

    Anne Hidalgo serait donc sur la bonne voie ? Ses concurrents vont-ils la suivre ou s'enferrer dans l'exploitation du mythe de la dépopulation néfaste ? On se rappelle qu'en 2014 lorsque Mme Hidalgo s'est engagée à densifier Paris en annonçant 10.000 logements de plus par ans, Mme Kosciusko-Morizet enchérissait à 11.000 ! Chacune passant sous silence, outre l'atteinte à la qualité de vie des parisiens, la conséquence inévitable qui était le déficit et un endettement, qui sans surprise a bondi à 6,5 Milliards d'€ aujourd'hui !

    Dans la perspective des municipales, nous nous efforcerons de passer en revue, sans parti pris obtus, chacun des sujets qui font débat à Paris. Circulation et propreté occuperont une place de choix mais aussi la capacité pour la Ville à résister au tourisme de masse et à la transformation anarchique des logements et autres espaces existants en résidences hôtelières. Car le vrai danger est là : un tourisme excessif qu'on ne peut plus maîtriser qui  provoquerait alors bel et bien la fuite des habitants.

    Gérard Simonet

     

  • Archives cloître billettes façade 19 01 19

    L'église (sur la droite) et la façade du cloître des Billettes, 22 rue des Archives (IVe) (Photos VlM)

     

     

    C'était une des préoccupations des habitants du quartier, l'état de la façade du cloître des Billettes entretient des inquiétudes car des éléments de la maçonnerie menacent à tout moment de se détacher et de blesser des passants en tombant sur le trottoir. Nous en parlions déjà en 2015. Le temps de la restauration est aussi long sinon plus que le temps judiciaire, en matière de sauvegarde du patrimoine !….

    Mais enfin la mairie du IVe a fait savoir au conseil de quartier Saint-Merri qui s'est tenu le 16 janvier, que la DAC (direction des affaires culturelles) a lancé fin 2018 la procédure de restauration, qu'un marché de maîtrise d'oeuvre a été attribué et que les études ont commencé. Des investigations sont conduites en même temps. qui pourraient éventuellement déboucher sur des compléments de travaux susceptibles de modifier le délai de réalisation et le budget consacré à l'opération.

     

    Archives cloître billettes intérieur 19 01 19Le cloître, qui a bénéficié en son temps des soins de Viollet le Duc, héberge régulièrement des expositions. En ce moment, du mobilier de l'Himalaya 

    L'Histoire de l'église et du cloître des Billettes est une des plus excitante du Marais. Une légende rapporte qu'en 1290 une hostie profanée, jetée par un homme dans une marmite d'eau bouillante, puis poignardée, aurait saigné… Le site porta le nom du "lieu où Dieu fut bouilli !" Il n'en fallut pas moins pour qu'un culte s'installe et se développe en cet endroit. Une église et un cloître furent construits au bénéfice de la communauté des frères de la "Charité Notre-Dame" au tout début du XVème siècle.

    Deux siècles plus tard, sous l'impulsion d'une nouvelle communauté, les Carmes-Billettes, l'église et le cloître sont reconstruits sur le modèle visible actuellement. Ils deviennent propriété de la Ville de Paris sous Napoléon 1er qui l'affecte en 1812 au culte chrétien protestant.

     

    Bibl. Alexandre Gady – Le Marais – Ed. Le Passage

     

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    Minuit bars rue oberkampf juillet 2016 excellent

    Minuit, foule devant les bars rue Oberkampf (XIe)

     

     

    D'un arrondissement à l'autre dans Paris, les scénarios se répètent avec une acuité variable mais selon le même processus. Ils mettent en scène des riverains perturbés voire excédés par le bruit et les dérives nocturnes de la foule des consommateurs ; des exploitants qui ne sont pas tous irresponsables mais dont certains sont sans scrupules ; des maires d'arrondissements qui voudraient bien défendre leurs administrés mais dont les moyens sont à l'Hôtel de Ville où on s'est beaucoup plus préoccupé depuis 2014 et malgré une inflexion récente (cf article du 20 novembre 2018) de développer la nuit parisienne que d'en maîtriser les conséquences sur la santé des citoyens ; et enfin une police nationale sous le contrôle de la préfecture, qui s'efforce d'être efficace en respectant l'Etat de droit que beaucoup trop d'acteurs de la nuit traitent avec légèreté.

    Depuis quelques mois, une commission de régulation des débits de boissons a été créée avec la participation des syndicats concernés tels l'Umih, le Synhorcat et le Sneg & Co. Elle est censé faire régner l'ordre dans sa profession…

    Nous ne sommes pas les plus mal traités à Paris-centre. Il y a chez nous quelques points chauds que nous traitons avec méthode et souvent avec résultat mais nous devons garder les yeux ouverts sur ce qui se passe ailleurs et qui pourrait bien un jour nous atteindre si nous baissons la garde.

    C'est le rôle de l'alliance "Vivre Paris !" – qui a vu le jour en 2010 mais s'est un peu disloquée depuis, en conservant cependant les mêmes objectifs – de faire en sorte que la résistance se manifeste partout dans Paris dans un large mouvement de solidarité. A ce titre, nous avons décidé de publier le témoignage que nous venons de recevoir d'une habitante du XIe (dont le prénom a été changé) et qui montre le niveau de gravité de la situation :

     

    Nouvelle nuit de tapages et à nouveau fermeture au delà de l’horaire légal hier soir pour le Guru, 16 rue Deguerry XIe. Hurlement de la clientèle avinée dès 23h00, chants d’alcooliques du jeudi soir, choc des meubles, des shots que l’on frappe sur les tables au delà de 02h00 en s’encourageant pour finir d’un trait le verre.

    J’ai téléphoné 8 fois au commissariat du onzième sans réponse. J’ai réussi à joindre le 17 à 01h45. On m’a répondu qu’il fallait que je me tienne prête à répondre à mon téléphone portable en cas d’intervention de la police, que sinon, il n’y aurait pas d’intervention ( ?). Il n’y en a pas eu. A 02h15, le gérant fermait son rideau de fer latéral. A 02h25, le second. Ballet des Uber et leurs klaxons devant l’établissement pour récupérer les épaves qui avaient toutefois la force de hurler encore et encore.

    Mes enfants, qui sont au collège, ont été tirés de leur sommeil à 01h00 et se sont rendormis pour de bon à 03h00 !

    Cet établissement a écopé d’une fermeture administrative de neuf jours entre fin novembre et début décembre dernier, après 18 mois de tapage, de beuveries, de dépassement des horaires, de non-respect de sa licence. Le gérant a bien compris les règles. Dix huit mois de liberté + quelques amendes égale neuf jours de fermeture au moment le plus creux de l’année en termes d’activité, donc tout bénéfice. Il peut reprendre ses habitudes et c’est bien ce qu’il a fait depuis décembre. Il peut continuer à servir de l’alcool sans licence, continuer à organiser ses beuveries, mettre de la musique à plein volume dès que ça le chante, laisser sa clientèle hurler dedans, dehors, s’affranchir des demandes de mises au normes… Je me demande s'il paye ses amendes, qu’est ce que cela peut bien faire ?

    Constat très amer. Mes enfants, bêtement élevés dans le respect des lois, finiront par apprendre que les règles ne s’appliquent qu’à ceux qui les respectent. 

    Carlina

     

    Minuit bars rue oberkampf juillet 2016 excellent

    Le "Quartier Général" rue Oberkampf – Auto- qualifié "d'idéal pour les soirées festives"

     

    L'association des riverains du XIe rappelle à ce propos que cet établissement situé rue Deguerry, ainsi que le bar "Le Guet-Apens – La Bonne Excuse" qui, lui, sévit rue Jean Pierre Timbaud,  ont fait tous deux l'objet d'un examen au cours des deux dernières réunions de la commission locale de régulation des débits de boissons du XIe présidée par le Maire en présence des syndicats professionnels (voir mise au point de Remi Calmon, directeur Exécutif du Sneg & Co, organisation professionnelle qui est associée avec l’Umih, en "commentaire" à un article précédent ).  

    On y apprend que ces réunions ont été inopérantes car les établissements ne sont pas affiliés à ces syndicats. On découvre aussi que la commission n'a pas vocation à s'occuper d'établissements qui ont déjà fait l'objet de sanctions ou même d'avertissements. On est en droit légitimement de se demander alors à quoi elle peut bien servir…

     
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    Montmorency hyper U

    Rue de Montmorency (IIIe) autour de 9h00, déchargement des livraisons au U – Express

     

     

    Qu'il s'agisse du Monop' de la rue des Haudriettes qui condamne la rue au petit jour et oblige le bus 29 à se dérouter au préjudice des gens qui l'attendent plus loin, du Franprix de la rue du Bourg Tibourg (IVe) où aucun espace de livraisons n'existe du fait de la faible largeur de la voie, ou du U-Express qui fait l'angle entre les rues du Temple et de Montmorency, une supérette qui fait sienne la rue de Montmorency pour y décharger ses marchandises en condamnant toute circulation, l'existence de commerces de détail ou de bouche ne fait pas bon ménage avec l'aspiration à la tranquillité et le droit de circuler des riverains ou usagers de la voirie.

    On relève toutefois une forme d'incohérence de la part des habitants qui dénoncent régulièrement la disparition des commerces mais reprochent à ceux qui sont présents les libertés qu'ils prennent avec les camions qui les approvisionnent.

    Rue des Haudriettes, les services de la voirie de la mairie de Paris ont sanctuarisé un espace strictement réservé aux livraisons. En pratique, il est souvent occupé par des gens qui n'ont rien à y faire et quand il est libre il n'est pas du goût des livreurs qui trouvent trop grande la distance au magasin et se garent en pleine voie devant l'entrée.

    La RATP a beau réagir, les gestionnaires du commerce font le dos rond et les habitants se résignent ou se consolent en se disant que c'est peut-être le prix à payer pour bénéficier d'un service de proximité. D'autres s'imposent des contraintes comme partir au travail avant l'heure habituelle des livraisons…

    Dans un Etat de droit, sachant que le stationnement en pleine voie est interdit, des amendes dissuasives associées à une surveillance active devraient venir à bout d'une pratique incivique. Il n'en est rien car le législateur répugne à revoir les sanctions à la hausse et les services du maintien de l'ordre ne disposent pas des moyens humains nécessaires au contrôle

     

    Grenier st lazare 07 05 18L'espace réaménagé de la rue du Grenier St Lazare

     

    Dans un Etat où régnerait le bon sens, une plateforme logistique serait créée en dehors des quartiers trop denses pour accueillir des poids lourds, pour assurer le dispatching vers les commerces de détail à l'aide de véhicules légers, non encombrants et non polluants. C'est ce qui se dessine avec le projet de réaménagement de la rue du Grenier St Lazare (IIIe), dont on espère qu'il saura éviter les nuisances d'une noria prévisible de poids lourds. La crainte qu'on peut avoir, c'est de subir une hausse des prix de détail due à l'augmentation du coût des livraisons. Si elle est raisonnable, et si c'est le désir de chacun de voir régner l'ordre et la tranquillité, la formule pourrait mettre tout le monde d'accord et prospérer…

     

  • Mairie 4 estrade

    La salle des fêtes de la mairie du IVe

     

    En décidant la fusion des quatre arrondissements du centre de Paris, Anne Hidalgo a-t-elle réalisé qu'elle déclencherait un casse-tête pour l'utilisation des locaux libérés. Ceux qui commencent à réfléchir à la redistribution des espaces de chacune des mairies existantes réalisent que le nouvel arrondissement Paris-centre, comme les autres à Paris, a besoin d'une salle des mariages mais pas quatre, et qu'une salle des fêtes est utile mais pas forcément deux.

    En effet, il y a une très belle salle des fêtes dans la mairie du IIIe et une autre somptueuse à la mairie du IVe. Cette dernière fait autour de 40 mètres de longueur et peut accueillir 500 personnes debout et plus de 300 personnes assises.

    Mairie 1 et campanile

    La mairie du 1er est très belle avec son campanile de style gothique flamboyant en harmonie avec l'église de Saint-Germain l'Auxerrois, mais elle n'a pas de salle des fêtes.

    Mairie 1 mariages

    Elle a néanmoins une salle des mariages de très belle facture avec un ensemble sculptural et trois peintures qui datent de 1887.

    La mairie du IIe n'a pas non plus de salle des fêtes, juste une annexe qu'on peut utiliser en extension de la salle des mariages. 

    Ce sont au total deux salles des fêtes et quatre salles des mariages dont on va disposer dans le nouvel arrondissement, là où une seule salle des fêtes et une seule salle des mariages suffiraient….

    Que va-t-on faire de ces espaces prestigieux qui n'ont plus apparemment de raison d'être ?

    Des bureaux ? On dit que l'Hôtel de Ville avec le recrutement massif qu'il a connu aimerait bien s'étendre vers la mairie du IVe qui n'est qu'à une encablure. Pourquoi ne pas transformer la salle des fêtes en bureaux "open space" pour une centaine d'agents ? Ou découper la salle des mariages en salles de réunion ?

    On se dit également que si Ian Brossat avait vent de l'affaire, il pourrait bien décider de convertir à grands frais les bâtiments libérés en logements….

     

  • Dérèglement
    La fonte des glaces et ses conséquences prévisionnelles

     

    "Le XVIe Demain" est une association importante par sa taille et par la nature des dossiers qu'elle traite, notamment en matière d'urbanisme. Elle s'est battue récemment contre la destruction partielle des Serres d'Auteil. Membre comme nous de la mouvance "Vivre Paris !" qui a vu le jour en  2010, elle s'exprime sur des sujets et avec des points de vue qui sont proches  des nôtres.

    En revanche, sur les questions de circulation et de déplacement dans Paris, sans doute parce que nos intérêts moraux et économiques sont au centre de Paris tandis que les leurs se situent à la périphérie, nous avons tendance à mieux accepter la politique menée par la Ville, a propos notamment du traitement piétonnier des voies sur berges qui ne fait certes pas l'unanimité mais ne déclenche pas de rejet radical.

    Les thèmes développés par "Le XVIe Demain" sont rassemblés dans une "lettre" mensuelle dont nous vous proposons de lire le n° 168 de janvier 2019.

    Un article a plus particulièrement retenu notre attention dans ce numéro car il traite de la problématique "pollution et dérèglement climatique". Nous le reproduisons ci-dessous in extenso :

     

    Les pollutions parisiennes

    Le tango de l’âne

     

    En octobre, une grande manifestation s’est tenue à Paris. Les participants voulaient souligner les inquiétudes de la population intoxiquée par un matraquage médiatique sur une dégradation catastrophique du climat, affirmée par le "groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat" (GIEC).

    Cette dégradation est attribuée aux activités humaines. Ce rapport est exploité à l’envi par des politiques de tous bords en dépit de grosses lacunes scientifiques (taches solaires, phénomènes cycliques, instruments de mesure différents,…) qui laissent beaucoup de questions en suspens.

    On ne doit pas s’arrêter à ce catastrophisme du GIEC. En effet, il existe dans ce rapport des solutions qui limitent cet aspect inquiétant. Mais ces solutions à l’échelle mondiale dépassent les capacités de la Ville qui doit rester pragmatique sur un tel sujet.

    La confusion entre pollution et dérèglement climatique perturbe les « rousseauistes » adeptes d’un retour à la nature, inquiets de la surconsommation et de l’accélération de la mondialisation.

    Les causes de pollution sont multiples et complexes. La dégradation de la qualité de l’air est nuisible à la santé. Elle se manifeste particulièrement lors des épisodes de vent d’est, aujourd’hui plus fréquents et plus intenses. Ainsi nous sont renvoyées les fumées des centrales à lignite germaniques exploitées lors de l’interruption de production des éoliennes, dites écologiques !

    À Paris, les particules et les gaz nocifs proviennent de la combustion des moteurs, du roulement des voitures, du chauffage et des industries. Ce n’est pas le CO2 qui pollue, donc ne culpabilisons pas les Parisiens en invoquant le réchauffement climatique. Remercions les lanceurs d’alerte écologistes mais leur dogmatisme et leurs incohérences ne doivent pas leur assurer « notre considération et notre soutien », selon les mots d’un de nos amis, défenseur du centre de Paris.

    La lutte contre la pollution de l’air avait été considérée, à juste titre, par Bertrand Delanoë comme l’objectif essentiel du plan de déplacement de Paris. Anne Hidalgo a repris avec raison cet objectif… Or la fermeture des voies sur berges n’a fait que déplacer la pollution tout en perturbant la vie sociale et économique de la capitale et des communes voisines.

    Déboutée par le tribunal administratif pour une motivation insuffisante, Anne Hidalgo se justifie maintenant par une protection du patrimoine des berges de Seine !! Elle danse le tango sur un dossier sérieux.

    Même si, grâce à l’énergie nucléaire, la France n’a qu’un impact carbone mondial assez minime, la Ville ne doit pas négliger les interactions entre CO2 et pollution. On serait coupable de ne pas s’attacher à la réduire. Il faut toutefois savoir hiérarchiser les causes.

    Sachons agir sur ce qui est à la portée d’une ville :

    • la pollution atmosphérique, par une amélioration de la fluidité de la circulation (aménagement de carrefours, synchronisation ou suppression de certains feux), le développement de véhicules propres, une régulation de la circulation avec des solutions reconnues dans le monde, mais combattues par la Ville, comme le péage urbain adopté par d’autres villes, à ne pas négliger
    • la pollution lumineuse qui a des effets sur les rythmes biologiques. La Mairie a un devoir d’information et de répression pour que les bureaux et les commerces éteignent leur éclairage après leur fermeture
    • la saleté des trottoirs qui engendre un risque sanitaire. Il faut verbaliser sévèrement la désinvolture de nos concitoyens. Les Américains ont su le faire depuis très longtemps avec des arguments forts
    • la pollution visuelle de nos rues du fait du stationnement abusif alors qu’elles n’ont pas la capacité d’accueillir autant de véhicules : la politique de parkings souterrains est à revoir.

    Donnons-nous des objectifs de long terme sans communication démagogique. La voiture électrique est le type de solution à long terme inéluctable par sa simplicité d’exploitation, mais dont le bilan carbone total devra être amélioré [si toutefois c'est possible – NDLR]. Sa réalisation suppose un plan d’ensemble : batteries chinoises dont la fabrication est polluante, installation de sept millions de bornes de rechargement, production électrique nécessaire équivalente à quatre nouvelles centrales nucléaires.

    Pour lutter contre la pollution, il faut avant tout repenser le plan de circulation à court et moyen terme dans la capitale.

     

    Commentaire de "Vivre le Marais !" :

    Vous avez raison de soulever la question des voitures électriques. On lit beaucoup de choses là-dessus notamment que son empreinte carbone est au moins égale à celle d'un véhicule thermique car sa fabrication n'a rien d"écologique et – surtout – il faut l'alimenter en courant électrique produit par une centrale qui fonctionne au charbon ou au fioul à moins qu'elle ne soit nucléaire…

    Ne parlons par des éoliennes et des panneaux voltaïques qui sont des sources intermittentes de courant et dont l'impact écologique est catastrophique. En théorie, il est même probable que l'empreinte carbone de la voiture électrique soit supérieure car elle induit deux transformations successives d'énergie (énergie thermique en énergie électrique puis énergie électrique en énergie dynamique) au lieu d'une pour la voiture thermique (énergie thermique en énergie dynamique).

    La thermodynamique nous instruit que chacune de ces transformation augmente l'entropie du système qui exprime une perte d'énergie en chaleur, qu'on retrouve dans un "rendement" (par exemple 40 %). Les rendements se multiplient entre eux (p. ex 30 % x 40 % = 12 %) ce qui donne un rendement résultant particulièrement bas. Pour un résultat identique en bout de chaîne, il faut donc consommer plus d'énergie dans le cas de la voiture électrique.

    Soulignons à ce propos que la Chine est en train de nous damer le pion en mettant en oeuvre une stratégie d'intégration de la filière électrique car elle dispose d'un marché intérieur potentiel 20 fois supérieur au nôtre et elle possède de façon quasi exclusive les terres rares (lanthanides), le cobalt et le molybdène nécessaires à la fabrication des composants notamment les batteries.

    A court et moyen terme il reste un intérêt pour la voiture électrique : son utilisation en ville, car elle ne pollue pas (ou très peu) LOCALEMENT. Les citadins, égoïstes à leur corps défendant, ne peuvent que s'en réjouir. Les autres n'auront plus qu'à assumer… et rejoindre la cohorte des "gilets jaunes" !

    Gérard Simonet