Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Auteur/autrice : Vivre le Marais

  • Arbalétriers 25 05 18 géné

    Le passage des Arbalétriers, défiguré…

     

     

    Nous balançons ce matin entre crainte et espoir : une réunion très discrète va se tenir ce jour à 16h30 pour débattre des dispositions à prendre par le Centre Culturel Suisse et le gouvernement de la Confédération à l'égard de leur démarche, heureusement  interrompue par la protestation des riverains, qui conduisait à un pavage "salle-de-bains", comme on peut le voir sur la photo alors que le juge de la mise en état avait statué sur un repavage du passage à l'identique c'est à dire avec les pavés d'époque. (Voir notre article du 26 août 2018)

      Arbalétriers pavage 27 08 18Initialisation des travaux avec des pavés sciés en deux au laser !

     

    Participent à cette réunion avec l'architecte du Centre Culturel Suisse : l'Architecte des Bâtiments de France Sophie Hyafil, qui en a été l'instigatrice et on l'en remercie, et Gauthier Caron-Thibault, Premier Adjoint représentant le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum. A noter que les riverains et leurs représentants en ont été écartés !

    Il s'agit donc d'une reprise en mains de la part des autorités compétentes, dont nous espérons vivement qu'elle soit suivie d'effet.

    GS

     

  • Brossat 1

    Ian Brossat, élu du XVIIIème arrondissement à la mairie de Paris, Maire-Adjoint d'Anne Hidalgo, en charge du logement, président du groupe communiste , tête de liste communiste aux élections européennes de 2019

     

     

    J'ai rencontré Ian Brossat pour la première fois en  mars 2010 à l'Hôtel de Ville où il était déjà à cette époque président du groupe communiste à la mairie de Paris. Nous venions de former "Vivre Paris !", un collectif d'associations parisiennes que nous avions créé en réponse au projet "d'états généraux de la nuit" que portait M. Brossat et pour lequel il venait d'obtenir un budget de 60.000 € pour son organisation, si ma mémoire ne me trahit pas.

    Cet événement, souhaité par les professionnels de la nuit et leurs syndicats, prévu pour novembre 2010 avait pour but de stimuler l'activité nocturne de Paris, que les discothèques, les fabricants de boissons alcooliques et de matériel de sonorisation, trouvaient insuffisamment dynamique à leur goût.

    Nous avions découvert à l'époque un Ian Brossat peu soucieux de la tranquillité des parisiens et de leur besoin vital de dormir la nuit "quand tout s'agite autour d'eux". Aux craintes exprimées par les représentants des associations de riverains que la mairie sacrifie leur qualité de vie aux intérêts marchands des exploitants de lieux festifs, sans aucun souci de santé publique, Ian Brossat rétorquait que nous n'avions pas à nous plaindre car le prix de l'immobilier dont il nous supposait propriétaire avait fait de nous des riches à Paris !

    Déçus par ce contact, nous nous en étions ouvert au directeur de cabinet de Bertrand Delanoë qui nous annonçait en juin que M. Brossat était dessaisi du dossier au profit de Mao Péninou.

     

    Bourguinat 17ème chambre 03 02 12Elisabeth Bourguinat, association ACCOMPLIR, avec son avocate, devant la 17ème Chambre Correctionnelle du TGI de Paris en 2012

     

     Nous avons retrouvé Ian Brossat en 2011 et 2012 au Tribunal de Grande Instance de Paris où il avait décidé d'assigner une de nos amies animatrice de l'association ACCOMPLIR (Ier et IIe) en diffamation pour avoir repris des révélations de la presse sur de sombres histoires de financement occulte de la CGT. Par deux fois, en première instance et en appel, il avait été débouté…

    De quoi nous le rendre peu sympathique. Les positions qu'il prend maintenant pour lutter contre les locations saisonnières pourraient corriger le sentiment qu'on a de lui car c'est un sujet sur lequel les associations de défense des parisiens et de leur qualité de vie s'accordent. "Le Parisien" s'en est fait l'écho dans un article du 5 septembre qui révèle que M. Brossat souhaite que soient interdites les activités d'Airbnb dans les arrondissements du centre de Paris ! Les Maires de nos quatre arrondissements ont exprimé leur sentiment à ce propos. Le moins qu'on puisse dire est qu'ils font état de sérieuses réserves…

    Il n'est pas mauvais toutefois que le Maire-Adjoint à l'Hôtel de Ville montre sa détermination à lutter contre une évolution de l'offre touristique qui a des conséquences dommageables sur le logement dont il a la charge à Paris. A la réserve près que les propositions de Ian Brossat relèvent de l'utopie. L'idéologie dont il s'inspire condamne toute "stigmatisation" mais c'est bien de stigmatisation qu'il s'agit quand il choisit de viser quatre arrondissements de Paris sans se préoccuper des autres.

    Autre remarque : il semble se focaliser sur les propriétaires qui louent leur résidence principale. Que ne voit-il dans le Bulletin Municipal Officiel, qu'il devrait consulter consciencieusement comme nous, que chaque semaine on relève de nombreuses demandes d'autorisation de travaux pour la transformation de locaux commerciaux en "résidences hôtelières" destinées à grossir le parc des logements type Airbnb et les autres. En toute légalité et sans qu'aucune contrainte du genre "120 jours" ne s'applique car il s'agit d'une activité "commerciale" dont la loi garantit la liberté.

    Je m'étonne que cet aspect du problème passe inaperçu, et qu'on nous resserve en permanence cette règle des 120 jours qui ne vise que les propriétaires de résidences principales qui ne sont vraisemblablement que la pointe émergée de l'iceberg.

    De mon point de vue, c'est cette cible des résidences hôtelières qu'il faut prioritairement viser en réglementant  l'activité, en imposant des normes, comme pour la profession de l'hôtellerie, et en s'assurant qu'elle est fiscalisée de manière appropriée.

    Il reste les investisseurs nombreux semble-t-il qui achètent des appartement en vue de les louer de façon précaire. Le règlement de la Ville de Paris interdit que des locaux sous le statut "habitation" soit utilisés à des fins commerciales. Les loueurs en infraction doivent être sanctionnés et Ian Brossat et son administration ont raison de le faire. Il faut que les conseils syndicaux des copropriétés concernés et leurs syndics signalent les manquements et n'aient pas de réticence à coopérer avec les services de la mairie de Paris.

     

    A l'approche des élections, notamment des municipales de 2020, nous nous ferons un devoir d'analyser ce que les candidats ont fait depuis des années sur les sujets qui ont trait au patrimoine et à la qualité de vie des habitants. Leurs propositions, leurs prises de position, seront mesurées à l'aune de l'impact qu'elles peuvent avoir sur les questions qui nous concernent. Je vous les livre en vrac : équilibre budgétaire, impôts locaux, gaspillage des deniers publics, sécurité, propreté, circulation et piétonnisation, lutte contre la pollution, maîtrise de la location saisonnière, occupation de l'espace public par les terrasses, nuisances causées par des activités commerciales en milieu résidentiel, contrôle et maîtrise de la vie festive, entretien du mobilier urbain, affichage sauvage, transports publics…

    C'est sur ces bases également que se dérouleront les interview que nous ne manquerons pas d'avoir avec eux comme nous l'avons fait jusqu'ici mais nous observerons davantage leurs engagements à la lumière des actions passées, comme nous l'avons fait ici pour M. Ian Brossat.

    Gérard Simonet

     

     

  • Pierre au Lard 2

    Rue Pierre au Lard (IVe), les immeubles qui la bordent et les consommateurs du Who's qui l'encombrent (Photo VlM/SF)

     

     

    Ceux qui ont passé tout ou partie de cet été caniculaire à Paris le savent : les nuisances sonores en provenance du Who's ont atteint un pic inégalé, à la musique amplifiée diffusée toutes fenêtres ouvertes se rajoutant l'invasion de la rue Pierre au Lard par les clients préférant consommer au frais à l'extérieur et se livrant à un tapage d'autant plus insupportable qu'ils étaient souvent en état d'ébriété. 
     
    C'est dans ce contexte que s'est déroulée, le 5 septembre, l’audience devant le juge des référés dans le cadre de la procédure déclenchée par un riverain à l'encontre de la SAS Moovment, la société gestionnaire du Who's, sur le fondement des troubles anormaux – voire illicites – de voisinage provenant d’un établissement diffusant de la musique amplifiée.
     
    Bien que l'avocat de la SAS Moovment n'ait pas reculé devant des allégations fausses, voire diffamatoires, envers le plaignant (de mauvaise foi, pervers et manipulateur) et le Collectif de riverains (qui ne regrouperait qu'un nombre insignifiant de personnes n'habitant même pas le quartier….),  notre avocat espère que nous obtiendrons une expertise judiciaire qui démontrera que l'étude d'impact commandée et produite par la SAS Moovment n'est, pour le moins, pas satisfaisante, et que les nuisances sonores perdurent.
     
    Nous espérons que l'expert prouvera que les lieux sont, par nature, incompatibles avec l'activité dominante de bar-discothèque qui y est pratiquée depuis un an et que le Tribunal ordonnera que l'extension du Who’s rue Pierre au Lard soit supprimée. Ceci ne serait que justice puisque cette extension, se situant dans le périmètre de protection des écoles maternelle et primaire Saint-Merri / Renard, l'exploitation d'une licence IV y est interdite.
     
    Nous attendons le prononcé de la décision du juge des référés pour le 19 septembre. Le collectif aura besoin de l'aide de tous, notamment financière pour faire face au coût de cette procédure qui, à travers le plaignant, est menée au bénéfice de tous pour que le quartier retrouve la tranquillité (relative), la salubrité et la sécurité publiques auxquelles nous avons droit. 
     
    Le Collectif Saint-Merri / Pierre au Lard
     
  • Beaumarchais 7

    L'immeuble du 7 boulevard Beaumarchais (IVe) (Photo VlM/MD)

     

     

    Un nouveau collectif de 15 habitants vient de se constituer au n° 7 du boulevard. Il regroupe des résidents de cet immeuble pré-haussmannien qui jouxte le 5 où un collectif s'est déjà créé (article du 19 juillet 2018) il y a deux mois pour s'opposer à l’implantation d'un KFC (Kentucky fried chicken ou poulet frit du Kentucky…) à la pl;ace de la boutique DALOYAU. Tous deux ont rejoint "Vivre le Marais !" qui accompagne leur combat.

    Plusieurs médias ont rendu compte de la résistance des habitants contre l'implantation chez eux d'un représentant de la restauration rapide (certains utilisent le terme de "mal-bouffe"). 

     

  • Jardin temple-haud soubassement

     Jardin de la place Renée Vivien, tags sur le soubassement de la fresque du mur pignon du 78 rue du Temple (IIIe)

     

     

    Le soubassement en pierres de la fresque monumentale qui décore le mur au-dessus du jardin de la placette dite "Renée Vivien", dégradé par une série de tags, sera restaurée avant la fin du mois de septembre par l'atelier qui en est l'auteur.

    Il y a deux ans environ, cette fresque signée Catherine Feff était profanée sans ménagement et sans considération pour l'oeuvre artistique qu'elle représente. Tous les habitués du lieu, ceux qui passent par là ou s'y arrêtent pour profiter d'un banc public, se sont déclarés choqués par ce vandalisme et nous ont demandé d'intervenir pour que les dégâts soient réparés.

    Notre premier réflexe fut de faire appel aux services de la propreté de Paris, qui sont équipés pour l'enlèvement des tags et autres salissures. Ils nous ont répondu que ce genre d'intervention n'était pas de leur ressort, s'agissant d'une oeuvre d'art.

    La direction "Patrimoine & Architecture" de la mairie de Paris, sans grande surprise pour nous car nous avons constaté qu'ils ne vont pas généralement au devant de la tâche, s'est déclarée incompétente.

    Passablement découragés, nous avons décidé d'être pro-actif et de demander un devis de réparation à l'Atelier de l'artiste Catherine Feff, prêts si nous n'avions pas de répondant à commander le travail nous-mêmes. Conscients tout de même que nous risquions en agissant de la sorte d'essuyer des poursuites de la mairie… Nous avons reçu un devis qui nous a semblé raisonnable. La restauration était évaluée à 2.000 € !

    Nous étions décidés à agir avec nos propres deniers quand les services de la propreté nous ont conseillé de nous tourner vers la DAC (direction des affaires culturelles). Une demande a été adressée à Claire Germain sa directrice. Elle a disparu dans un trou noir ! Nous en avons parlé au Maire du IIIe Pierre Aidenbaum qui nous a promis de s'en occuper.

    Il ne semble pas qu'il ait convaincu Mme Germain, qui a sans doute mieux à faire, mais le sujet a été discuté à l'Hôtel de Ville par la directrice de cabinet de M. Aidenbaum et le Maire du IIIe a décidé de financer lui-même les travaux sur la base du devis que nous lui avons transmis.

    Nous nous en réjouissons et nous le remercions ainsi que son assistante pour leur attention et leur efficacité. On se demande pourquoi, tout de même, il a fallu ce parcours du combattant pour régler un problème somme toute ordinaire, avec l'implication d'un acteur extérieur (nous-mêmes) quand on sait que la mairie de Paris emploie 50.000 agents !

    GS

     

  • Quatre-fils 2 resto toit 04 09 18

    Carrefour  Quatre-Fils/Vieille du Temple (IIIe). La plateforme du nouveau restaurant est visible au sommet de l'immeuble

     

     

    Ce restaurant, Jean-Philippe Nikoghossian, patron du "Café La Perle" qui occupe le carrefour, y pense depuis quatre ans. L'immeuble du 2 rue des Quatre-Fils (IIIe) est propriété de la société, PERIAL Property Management, spécialiste de la gestion d'immeubles et de la location de bureaux aux entreprises. Parmi elles, la subdivision de la direction de la propreté de Paris-centre, en charge des quatre arrondissements qui ont désormais vocation à fusionner.

    PERIAL a conclu avec le patron de "La Perle" un contrat de location du toit. Il a fallu pour cela que l'immeuble soit modifié pour le rendre accessible au public, dans le respect des normes nouvelles en la matière.

    M. Nikoghossian s'est établi dans le quartier en 2003 avec l'ouverture du restaurant   "Les Petits Marseillais" au 72 rue Vieille du Temple. Ceux qui l'ont fréquenté à l'époque se souviennent de leurs "supions" (tout petits calamars) sautés à l'ail et à l'huile d'olive, façon cassolette…

    Peu de temps après, il rachète un bar vieillot au carrefour Perle/Vieille du Temple. Une institution depuis les années 1900 où il s'appelait "Café La Perle". Il avait changé de nom par la suite pour s'appeler successivement "Le Chamois" puis "A la Bonne Heure". C'est le nom qu'il portait en 2000 avant que le nouveau propriétaire lui rende son appellation d'origine de "Café La Perle".

    C'est le rendez-vous d'une jeunesse huppée qui s'y retrouve le soir à l'intérieur et – de préférence malheureusement – sur les trottoirs. La diplomatie du propriétaire de l'établissement n'a pas toujours réussi à apaiser les plaintes de ceux qui en subissent les nuisances en dépit de l'absence de riverains directs.

    On ignore encore le nom du restaurant qui du haut de ses 6 étages offrira un des plus beaux panoramas sur Paris, avec une vue sur le musée Picasso, les Archives Nationales et le centre Georges Pompidou à proximité. On ne connait pas avec précision la date de son ouverture. On sait seulement qu'il ambitionne d'être plutôt haut de gamme avec un accent sur la qualité des produits proposés.

    Son implantation ne fait pas que des heureux. Les gens qui vivent dans les immeubles voisins se sont opposés à son ouverture en raison des craintes qu'il soit d'autant plus bruyant qu'il est à ciel ouvert. Une action en opposition au permis de construire a été entreprise devant le Tribunal Administratif par un groupe de riverains. Ils n'ont pas eu gain de cause et réfléchissent à d'autres recours.

    Notre souhait est qu'un affrontement ne soit pas nécessaire. Le comportement du gérant et des ses clients peut faire que les nuisances attendues soient évitées. Entre eux et les voisins, le contact existe, il faut l'institutionnaliser et éviter avant tout la diffusion de musique amplifiée. Elle est d'ailleurs un non-sens. Les clients qui viendront là pour passer une soirée d'exception dans un cadre intimiste de qualité n'auront que faire d'une musique qui rendrait leurs échanges difficiles et les obligeraient à élever la voix pour se faire entendre.

    GS

     


  •  

    Sénat ext

    Le Palais du Luxembourg, bâti sur 23 hectares pour Marie de Médicis, reine de France et épouse du roi Henri IV, est affecté à la fonction de Chambre Haute, sous diverses formes, depuis 1799. Construit par Salomon de Brosse en 1630, il fut modifié en 1800 sur ordre de Napoléon Bonaparte

     

     

    C'est au Sénat qu'on a débattu récemment du rôle des ABF (architectes des bâtiments de France), des fonctionnaires du Ministère de la Culture, qui ont vocation de protéger et mettre en valeur le patrimoine français, qu'il s'agisse de monuments ou de paysages.

    C'est une mission de nature régalienne. Si la France est le plus beau pays du monde, c'est grâce à ses paysages, incroyablement variés, pittoresques pour certains, et à ses villages, à ses villes et aux monuments qu'une histoire très riche nous a laissés.

       Conques

    Conques, perle du Rouergue dans l'Aveyron, ville-étape sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle (Photo VlM)

     

    La loi ELAN (évolution du logement, de l'aménagement et du numérique) a été adoptée en première lecture le 10 juin 2018 par l'Assemblée Nationale. Elle comporte des dispositions qui visent à dispenser de certaines obligations la construction des logements sociaux pour accélérer le processus. Elle supprime notamment l'obligation de concours d'architecture pour les bailleurs sociaux (en deçà de certains seuils), ouvrant ainsi la porte à des contrats librement négociés, pour des organismes pourtant largement subventionnés.

    Le projet de loi fait mention également de la suppression de l'avis conforme des architectes des bâtiments de France  (ABF) pour les travaux entrepris sur des bâtiments patrimoniaux dégradés et insalubres. C'est le Maire de la commune et lui seul dans ce cas qui a la maîtrise du dossier.

    Présenté au Sénat au cours du mois de juillet, le projet de loi a été contesté par la Commission de la Culture du Sénat qui s'est opposée à la transformation de l'avis conforme des ABF (qui sous-entend l'obligation de le respecter) en avis simple, purement consultatif, qui laisse la décision à l'autorité territoriale.

    En dépit de la résistance de la commission, appuyée par les associations nationales de défense du patrimoine comme "Sites & Monuments" et  "France Nature Environnement", le projet de loi a été approuvé par la majorité du Sénat. (voir tribune de "Sites & Monuments")

    Il va revenir vers les députés pour qui le champ est libre désormais, à moins qu'ils n'aient mis les vacances d'été à profit pour réfléchir à la gravité de la loi qu'ils s'apprêtent à entériner, et qui pourrait porter en germe le crépuscule des ABF et leur effacement devant les maires dans la préservation du patrimoine de notre pays. Et à terme l'enterrement pur et simple de fonctionnaires devenus inutiles !

    Hôtel de mayenne après travaux

    Hôtel de Mayenne, 21 rue St Antoine (IVe) après travaux de restauration en 2010-2012, dont la mairie de Paris ne voulait pas et que le Ministère de la Culture et les ABF ont arrachée au forceps. Qui regrette aujourd'hui cette réhabilitation remarquable, qui fait pendant à celle de l'Hôtel de Sully ? (Photo VlM)

     

    C'est ce que redoutent les opposants à la loi. Que doit-on en penser ?

    Si l'on s'en tient aux mesures proposées, qui limitent sérieusement le champ d'action de la loi, il n'y pas de quoi crier au loup ! Cependant, il nous semble de notre devoir de défenseurs nous aussi du patrimoine et de l'environnement, de rester attentifs à la tendance.

    Déjà en 2008, le gouvernement de Nicolas Sarkozy prônait la déconcentration du domaine régalien de la Culture vers les autorités territoriales. On s'en est rendu compte à Paris dès 2009 à l'occasion de la révision du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais. L'Etat a admis le partage de responsabilité avec la Mairie de Paris, à charge pour elle d'en supporter tous les frais, car l'Etat est pauvre et les mairies ont les moyens…

    Réaction somme toute légitime des mairies face à cette attitude : je paye, donc je décide ! C'est ce qui est arrivé à Paris, sans pour autant qu'il en résulte, en toute honnêteté, des orientations préjudiciables au patrimoine.

    On touche là au cœur du sujet. La décentralisation a du bon puisqu'elle rapproche la décision du terrain mais elle suppose des décideurs irréprochables et compétents. Ils ne le sont pas toujours, qu'il s'agisse de béotiens peu sensibles à l'esthétique des choses, ou de gredins qui sacrifient leurs scrupules à l'autel du clientélisme politique ou affairiste. Sur les 35.357 maires de France, il n'y pas que des esthètes et des enfants de chœur ! 

    On a souvent reproché aux ABF leur intransigeance voire, c'est un comble, leur mauvais goût. Il est vrai que la perfection n'est pas de ce monde mais il vaut mieux s'en remettre en matière de choix esthétiques et architecturaux à des gens diplômés dans cette discipline et de par leur fonction politiquement et lucrativement désintéressés.

    Pour ces raisons, nous préconisons de laisser leur chance aux députés de mettre en oeuvre les mesures qu'ils croient utiles au démarrage de notre économie qui traîne les pieds avec 1.7 % de croissance alors que les USA avec un président décrié (surtout par nous) caracolent avec un taux de 4.1 %, mais d'écouter et d'entendre notre plaidoyer pour une politique – tant pis si elle est jacobine – qui respecte et mette en valeur les atouts de la France en maintenant la compétence et le rôle dominant de ceux qui ont été formés pour cela.

    Gérard Simonet

     

  • Fumée

    Fumée noire au-dessus des émetteurs d'Orange, rue des Archives. (Photo VlM/IR)

     

    Isabelle nous envoie cette photo prise dimanche 26 août depuis la rue Vieille du Temple (IIIe). Elle montre une épaisse fumée noire en direction des immeubles dont certains sont encore la propriété de la société Orange, nom actuel de l'ancienne France Telecom qui a occupé jusqu'à une date récente la plupart des constructions du quadrilatère Archives/Pastourelle/Temple/Haudriettes.

    Elle témoigne qu'elle voit cette fumée "très fréquemment" et "depuis plusieurs années". Au vu de sa noirceur, il y a peu de chance qu'il s'agisse de vapeur d'eau et on a tout lieu de craindre qu'elle soit toxique

    On a pas d'indication à ce stade sur son origine et sa composition mais il ne doit pas être difficile, si on est habilité à intervenir, de les identifier et d'agir contre la pollution atmosphérique qu'elle crée. Nous saisissons dans ce but la direction de la propreté et de l'environnement de la mairie de Paris en informant simultanément le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum et la Préfecture de police de Paris. Nous ne doutons pas qu'une réponse nous parvienne rapidement.

     

  • Arba 1900      Arba 2010

    Un siècle sépare ces deux photos, les pavés de 2010, à droite, sont restés les mêmes qu'en 1910 (à gauche). Des pavés "Napoléon". (photos VlM/YdM)

     

     
    Au terme d'une longue procédure judiciaire, le juge de la mise en état a ordonné aux quatre copropriétés en indivision, propriétaires du passage des Arbalétriers (IIIe), que celui-ci soit réparé et  repavé à l’identique, conformément au rapport de l’expert judiciaire. Il a désigné la Confédération Suisse, qui possède un local dans la copropriété à disposition du Centre Culturel Suisse, maître d’oeuvre pour l'exécution des travaux de rénovation.
     
    Deux riverains copropriétaires du passage nous informent de ce qu'ils viennent de découvrir au cœur de l'été :

    "On constate aujourd’hui que les travaux de repavage viennent de démarrer dans le passage des Arbalétriers, à la suite de la rénovation des canalisations en sous-sol dont l’état de vétusté extrême avait provoqué des effondrements sur sa longueur. 

    "Il apparaît que les pavés originaux qui devaient être replacés à l'identique ont été dénaturés,  coupés en deux au laser pour obtenir une surface totalement lisse comme du marbre poli. Cette intervention a pour effet d’altérer l’aspect du passage historique et de dénaturer son caractère architectural alors qu’il se situe dans le secteur sauvegardé du Marais (à hauteur du 38 de la rue des Francs-Bourgeois).

     
    Arba pavage bis

    "Cette dégradation de pavés centenaires est le fait  du Centre Culturel Suisse qui occupe dans ce passage un local provisoire destiné à redevenir un espace vert dans la copropriété du 34-36 rue des Francs-Bourgeois. 

     
    "En dénaturant l’aspect traditionnel  du passage, le Centre Culturel Suisse et la Confédération Helvétique n’avaient pour seul souci que de s’assurer une autorisation d’ouverture au public délivrée par la Préfecture de Police, pour ses activités commerciales payantes de concerts et  de spectacles,  qui  nécessiteraient l'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite.  
     
    "La Confédération Helvétique a financé sur ses propres deniers (en dehors des travaux et devis autorisés par le Juge et l’expert judiciaire)  la découpe par moitié des pavés centenaires.
     
    Arba pavés détail
     
    "Aucune demande d’autorisation pour cette opération supplémentaire, aucune information ni compte-rendu n’ont été adressés aux copropriétaires. L’architecte des Bâtiments de France n’a pas été consultée pour ce changement d’aspect extrêmement dommageable au patrimoine du Marais. 
     
    "Ce traitement de pavés centenaires n’était d’ailleurs pas nécessaire au regard des règles d'accessibilité dans la mesure où le Centre Culturel Suisse dispose déjà d’un accès conforme au public, au 34 de la rue des Francs-Bourgeois.
     
    "Il est encore temps  de revoir les conditions de ce repavage pour lui rendre sa forme originale conforme à l’esthétique et à l’architecture d’un des passage les plus anciens de Paris dans le respect des injonctions de la Justice". 
     
     
    Si comme nous le disent ces riverains que nous croyons très volontiers, c'est la Confédération Helvétique qui agit en maître d'ouvrage de l'opération, les riverains, appuyés par le Maire du IIIe et l'Architecte des Bâtiments de France doivent demander audience à l’Ambassadeur de Suisse à Paris pour obtenir réparation. La Suisse est une grande nation dont on attend qu'elle respecte notre patrimoine historique notamment lorsqu'elle en est propriétaire sur notre sol.
  • Roue

    "Sites & Monuments" est la marque de la  SPPEF, "société pour la protection du patrimoine et des paysages de France". Parmi ses combats, le départ de la grande roue de Marcel Campion, place de la Concorde 

     

     

    Alexandre Gady, président de "Sites & Monuments", bien connu des habitants du Marais pour le livre qu'il lui a consacré,  a choisi de taper fort pour faire entendre sa voix. Une voix qui peine à se faire entendre tant les lois "Création et Architecture" de 2016, et la loi ELAN en voie de publication se sont attachées, sous prétexte de stimuler la construction de logements, à libérer les protections qui existaient en France en faveur de notre patrimoine collectif.

    Fallait-il pour autant déposer plainte auprès du Procureur de la République contre la Ministre actuelle de la Culture, Françoise Nyssen, pour une affaire de travaux non déclarés il y a vingt ans à l'urbanisme à Paris et Arles pour le Siège de la maison d'édition "Actes Sud" dont elle était propriétaire ?

     

    NyssenFrançoise Nyssen, Ministre de la Culture

     

    Non, si on constate l'exploitation politique qui en est faite alors que ces infractions sont monnaie courante à Paris et que l'Architecte des Bâtiments de France et la direction de l'urbanisme de la mairie de Paris réagissent mollement en demandant généralement la régularisation des irrégularités sans autre forme de procès….

    Oui, si on désire que cessent les abus en la matière,

    Oui, si on pense qu'il y a trop de dérives aujourd'hui dans notre pays, qui sacrifient trop souvent  la protection du patrimoine et des paysages à des intérêts économiques, clientélistes ou bassement marchands.

    Les médias ont réagi ce jour à la révélation de l'affaire par le "Canard Enchaîné". Voir l'annonce France Info.

    GS

     

    Post-scriptum du 24 août

    Les déclarations d’Alexandre Gady à France-Info ce matin sont un peu confuses. Il renonce "à déposer plainte" mais se "porterait partie civile" si le Parquet traduisait les prévenus en justice. Il faudrait pour cela, de ce que nous savons, que la direction de l'urbanisme de la mairie de Paris dresse un procès-verbal et que le Parquet se prononce au vu de ce document. Pour des faits vieux de 20 ans, sachant que la période de prescription est plutôt courte (6 ans ? ) cette affaire a toutes les chances de faire un flop. Nous recommandons à ce sujet la re-lecture de notre article du 24 décembre 2015 à propos du rôle du Parquet dans les affaires d'urbanisme.