Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Activités économiques

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    Gravilliers bonnardChez Bonnard : cuisine de saison et vins biologiques… (Photos VlM)

     

     

    En 2000, cent pour cent (*) des commerces de cette rue étaient des boutiques de gros, de la maroquinerie surtout et de la bijouterie fantaisie, importées essentiellement de Chine. Avec ce genre de commerce, qui s'étendait aux sous-sols et aux étages, il n'était pas nécessaire de soigner la présentation des devantures et de l'intérieur.

    La population ne faisait pas mystère de sa réprobation et n'hésitait pas à mettre le Maire du IIIe arrondissement sur la sellette en saisissant toutes les occasions de manifester, soutenus par une association qui avait fait de la lutte contre la mono-activité son cheval de bataille.

    Le salut est venu d'Aubervilliers où deux centres d'affaires apparurent dès le début des années 2000, avec l'ouverture en 2006, par l'entrepreneur Michel Rosenberg, d'un immense pôle commercial, le Centre International France Asie (CIFA). Son idée première était d'attirer les commerces du Sentier, ce sont surtout les grossistes du Marais qui répondirent à l'appel du large !

    Il s'agit bien d'un appel "du large" car les commerçants du Marais étaient évidemment à l'étroit, dans des bâtiments peu fonctionnels, et des rues étroites où les camions peinaient à assurer les livraisons. A cette époque, la migration des grossistes vers Aubervilliers commença et elle s'est poursuivie depuis jusqu'à vider la rue et les rues voisines de ce type d'activité.

     

    Gravilliers boucherAu n° 30, la "Boucherie des Gravilliers" de l'ami "Manu"

     

    S'agissant du Maire de l'époque Pierre Aidenbaum, il n'est pas sûr qu'il ait joué un rôle déterminant dans cette mutation qui est venue fort à propos mais il est probable qu'il l'ait accompagnée volontiers car elle lui tirait une épine du pied. Rappelons cependant qu'il a pris une initiative judicieuse il y une dizaine d'années : l'inversion du sens de circulation de la rue, dont l'effet a été heureux de l'avis des riverains. Nous devons aussi porter à son crédit son intervention auprès de la SEMAEST (société d'économie mixte de la Ville de Paris) pour investir dans le local commercial qui devint par la suite la boutique d'Emmanuel Mesnil : la "Boucherie des Gravilliers", très appréciée des habitants du quartier.

    Au regard des 100 % de commerces de gros, on trouve aujourd'hui de Temple à Beaubourg (tronçon Marais) les activités suivantes :

    Grossiste maroquiniers : 1 ; maroquiniers détail : 3 ; grossistes bijoux fantaisie : 7 ; restauration : 13 ; commerces de bouche (boulangerie, boucherie, poissonnerie, primeurs …) : 9 ; galeries d'art : 2 ; agence immobilière : 1 ; services (laverie, coiffeur, onglerie, tatouage, escape game) : 5 ; vaisselle mobilier : 2 ; vêtements, chaussures : 6 ; horlogerie, montres : 2 ; hôtel :1 ; produits de beauté : 3…

    Gravilliers jules et jimL'hôtel Jules & Jim au n° 11 et le restaurant gastronomique Datil au n° 13

     

    Sous réserve d'inventaire….

     

    Gravilliers 29 cartons sur trottoir 19 03 18 Gravilliers primeurs

     

     

     

     

     

    Le monde d'avant à droite et à gauche celui d'aujourd'hui….

    Gérard Simonet

     

    (*) L'expression a un sens métaphorique ici. On entend en réalité que ce pourcentage était simplement "très élevé" !

     

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    Arch sudÉglise (culte protestant luthérien) et cloître des Billettes restaurés (Photos VlM)

     

     

    Il souffle un vent nouveau sur cette portion de la rue des Archives qui va de Rivoli à Ste Croix de la Bretonnerie dans le IVe. Les palissades de chantiers ont disparu devant la façade du nouvel hôtel Grand Mazarin (n/article du 3 septembre 2023) et, plus récemment, devant le cloître des Billettes, dont elles ont occulté pendant longtemps la façade.

    La restauration met en valeur la belle modénature de l'édifice. Des travaux se poursuivent à l’intérieur mais ils devraient être terminés au tournant de l'année.

    Il reste les tentes de SDF que le clergé de l'église tolère voire encourage car la charité chrétienne les inspire. Il est possible que les services de la mairie soient plus exigeants demain car un enjeu de taille les accaparent : les JO de 2024 à Paris !

    Rappelons le, dès 2014 nous avons pris position contre l’organisation à Paris de ces jeux. Pour deux raisons essentielles : le gros déficit qui va en résulter et alourdir encore les comptes de Paris d'une part, les désagréments multiples qui vont en résulter pour les parisiens que nous sommes par ailleurs. Sans compter le défi de garantir la sécurité dans un contexte préoccupant.

    Nous ne sommes pas égoïstes et rabat-joie pour autant : nous pensons que les JO devraient être organisés en Grèce, tous les quatre ans, avec la contribution financière des pays participants, pour aider ce pays sympathique. Une façon d'éviter des investissements répétés devenus chacun rapidement inutiles. Une bonne idée, non ?

    OpenL'ex "Open Café", un établissement mythique créé en 1995 par Bernard Bousset, alors président du SNEG (syndicat national des entreprises gay)

     

    En poursuivant notre incursion vers le nord, nous découvrons 17 rue des Archives une autre palissade qui, espérons le, disparaitra prochainement. Elle dissimule des travaux d'aménagement du local existant en vue de l'ouverture d'un commerce de chaussures Birkenstock, une marque allemande dont le siège est à Neustadt (Wied) en Rhénanie-Palatinat.

    Ainsi, c'est à nouveau un café qui disparait au profit d'une autre activité marchande. Est-ce grave ? Une campagne de presse en 2022 faisait état de la disparition en 20 ans de 40% des café parisiens avec ces chiffres de la Chambre de Commerce de Paris : 1907 cafés en 2002, 1410 en 2022, chiffres repris à la cantonade par tous les émules de Panurge sans que personne n'ait eu l'idée de vérifier que l'écart entre ces chiffres est de 26% et non 40, calculette à l'appui !

    On peut penser néanmoins que c'est trop. Nous qui vivons dans ce cadre n'avons pas trop le sentiment de souffrir de la rareté de ces établissements. Certains de nos amis, on pense notamment aux Xe et XIe arrondissements (canal St Martin, Oberkampf, Jean-Pierre Timbaud…) seraient même ravis que le nombre de débitants de boissons, dont beaucoup ne se soucient pas de la tranquillité des riverains et leur pourrissent même la vie, baisse quelque peu….

    GS

     

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    LuminorLe LUMINOR, 20 rue du Temple (IVe) (Photo VlM)

     

     

    Des affiches l'annoncent : notre cinéma d'art et d'essais du Marais est menacé de fermeture. En 2020, le propriétaire des murs, la société SOFRA, donnait congé à l'exploitant du cinéma, dans l'intention d'affecter le bâtiment à d'autres activités. (Voir les explications du LUMINOR)

    Face à la décision du cinéma de refuser les conditions d'indemnisation qui lui sont proposées, le bailleur a assigné son locataire en justice. Nous sommes à l'aube de 2024 et la salle fonctionne toujours pour la joie de ses adeptes du Marais et d'ailleurs. On peut penser, espérer en tout cas, qu'un accord sera trouvé dans l'intérêt des parties pour que l'activité du cinéma perdure. Une pétition a été lancée. Elle a recueilli à ce jour plus de 37.000 signatures.

    Valérie

    C'est tellement exceptionnel, que nous ne résistons pas au plaisir de vous signaler la super soirée de projection-débat organisée au LUMINOR, ce jeudi 23 novembre à 20h00 autour d'un film qui a occupé sa réalisatrice, Valérie SIMONET, pendant 5 ans et dans lequel elle s'est beaucoup investie. Il traite d'une proposition alternative d'enseignement par le croisement des disciplines, la licence Sciences et Humanités, unique en son genre en France. Une autre façon de penser le savoir, dans un monde complexe.

    Pour en débattre, deux professeurs de talent de la Licence Sciences et Humanités, au cœur de ce film, des anciens étudiants et François TADEÎ, fondateur du Learning Planet Institute, centre de recherches interdisciplinaire, ingénieur des Ponts et Chaussées et chercheur en génétique moléculaire. Des gens remarquables. Le débat promet d'être passionnant !

    Un rafraichissement est offert à l'issue de la soirée.

    Réservation : https://www.luminor-hoteldeville.com/film/592176/

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    Ghibli fileFile de 50 mètres devant le 19-21 rue des Archives (IVe), devant la boutique des produits dérivés Ghibli

     

     

    "The Kooples", le marchand de prêt-à-porter qui lui fait pendant, doit faire grise mine car sa devanture est oblitérée et sa porte interdite d'accès par la file d'attente des amateurs de produits dérivés Ghibli dont la boutique est ouverte tous les jours même le dimanche jusqu'au 24 décembre de cette année. Le succès est tel que les gens doivent attendre sous contrôle d'une hôtesse. On n'est pas loin du ticket numéroté de la Sécurité Sociale !

    Le studio Ghibli Inc est l'équivalent japonnais de Walt Disney et sa renommée n'a plus vraiment à envier à son illustre concurrent américain. Fondé par Hayao Miyazaki en 1985, son studio produit des longs et courts métrages d'animation qui connaissent de nos jours et dans le monde un énorme succès (la princesse Mononoké, le voyage de Chihiro, Kiki la petite sorcière et le prochain attendu : Le garçon et le héron, etc…).

    Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que ses produits dérivés soient recherchés chez nous à l'approche de Noël et que la société commerciale qui les diffuse ait choisi le Marais, dont l'attractivité n'est plus à démontrer.

     

    Ghibli imageUn personnage de Ghibli

     

    Il est regrettable toutefois que la population du quartier se voie dépossédée du trottoir sur une longueur notable et que l'accès aux autres commerces soit un parcours du combattant !

    Une fois encore, c'est la rançon du succès !

    GS

     

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    AV1Le nouvel hôtel, le Grand Mazarin, 4-6 rue des Archives ou 17-19 rue de la Verrerie (IVe) en travaux depuis cinq/six ans… (Photo VlM/AG).

     

     

    On peut prédire, sans risque de se tromper, un clivage de la population de Paris-centre à propos de cet hôtel 5 étoiles qui se prépare à ouvrir le 4 septembre. On relève déjà une fâcheuse coïncidence : le propriétaire de l'hôtel, "Maison Pariente", apprenait le 31 août, quatre jours avant l'ouverture de l'hôtel, la mise en règlement judiciaire de la marque Naf Naf créée par lui en 1973… On ne peut que souhaiter un meilleur sort à ce nouvel investissement !

    L'hôtel occupe deux immeubles qui font l'angle entre la rue des Archives et la rue de la Verrerie. Il s'agit de constructions post-haussmanniennes du XIXème siècle avec façades élégantes comme celles qui bordent la rue des Archives depuis Rivoli jusqu'aux Archives Nationales.

    Des sondages des sols effectués avant réhabilitation font état de deux niveaux pré-existants de sous-sols. Leur existence peut expliquer l'annonce d'une piscine qualifiée "d'extraordinaire" par l'hôtel…

    Le prix de ses 50 chambres et 11 suites se situe entre 700 et 1.000 € la nuit. Les prestations sont de très haut niveau comme en témoignent les photos postées sur le site.

     

    Chambres-suites-le-grand-mazarinUne chambre du Grand Mazarin (Photo Maison Pariente)

     

    Un restaurant complète le dispositif : le "Boubalé", spécialisé dans la cuisine ashkenaze que le chef étoilé Assaf Granit entend revisiter. Les prix de la table ne sont pas indiqués pour le moment mais on peut imaginer qu'ils épouseront le barème de l'hôtel. Les anciens du quartier se souviendront qu'en 2010 on pouvait consommer là précisément, à "La Comète", le  café en terrasse le moins cher de Paris pour 1,90 € !!!

    De "La Comète" au "Boubalé", on peut difficilement faire mieux en matière de gentrification. Est-il pour autant justifié de s'en plaindre ? Le Marais des années 50, délabré et insalubre, était menacé de démolition. Le Corbusier (qu'on ne présente plus forcément comme un urbaniste génial) proposait sa démolition totale et son remplacement par un quartier central de tours en béton. On l'a échappé belle !!!

    Grâce à André Malraux et quelques autres visionnaires, nos trésors architecturaux ont été mis à l'abri dans les années 60 et le Marais est devenu pas à pas le quartier le plus beau de Paris, qui est elle-même la plus belle ville du monde. Il n'est pas surprenant dans ces conditions que les prix de l'immobilier s'en ressentent et que les entreprises du tourisme investissent. Maison Pariente explique "Nous avons choisi un quartier adoré des Parisiens et des voyageurs du monde. Une adresse singulière, parenthèse de luxueuse sérénité au cœur de l’effervescence. Un lieu inattendu et attachant."

    Il n'est pas permis pour autant à ces nouveaux venus de perturber la tranquillité des riverains. Nous serons attentifs à l'occupation éventuelle de l'espace public par une terrasse, qui est vécue à ce jour comme la menace majeure du nouvel établissement.

    Gérard Simonet

     

  • BouquetLe "Bouquet des Archives", 31 rue des Archives (IVe) (Photo VlM/PM)

     

     

    Lorsque le signal a été donné par la Maire de Paris en 2020 pour déployer des "terrasses estivales" sans contraintes, certains bars-restaurants se sont livrés à des excès en tout genre pour attirer le plus possible de consommateurs. Un des proches du "Bouquet" s'est particulièrement distingué, chacun l'identifiera. Il est d'ailleurs rentré depuis dans le rang….

    Le "Bouquet des Archives" en revanche est resté sage et nous nous en sommes réjouis. Il est en train de nous décevoir avec cette décoration de mauvais goût, tellement contraire à l'esthétique du Marais dont il profite pourtant de la réputation et du prestige.

    Nous souhaitons que la mairie de Paris-centre et l'ABF (architecte des bâtiments de France) s'y intéressent et demandent gentiment au gérant de cet établissement de retirer sa décoration douteuse. Promis, juré, il n'aura pas un client de moins, au contraire ! Avec en prime notre estime !

     

  • BouquinistesLes bouquinistes, illustration de "change.org"

     

     

    Nous avons publié un article en date du 31 juillet 2023 sous le titre "Les bouquinistes de la Seine déclarés non grata aux JO de 2024". Notre propos était de relever un des aspects du prix à payer pour ces JO, en l'espèce les ennuis causés aux bouquinistes des bords de Seine par le déroulement des jeux. 

    Nous constatons que d'autres en font un usage plus intéressé en invitant à signer une pétition lancée par un quidam. Si la sollicitation s'arrêtait là il n'y aurait pas lieu de s'en plaindre car chacun a le droit de s'exprimer, mais le site organisateur, "change.com" suggère aux signataires de contribuer financièrement pour améliorer l'efficacité de la démarche. Il se flatte du reste des sommes rondelettes déjà reçues…

    En multipliant le nombre de ces interventions, "change.org" a toutes les chances de prospérer, si nous sommes nombreux à nous laisser prendre. Son message d'appel est attractif : " A Change.org, nous croyons au pouvoir des gens ordinaires. Avez-vous une cause qui vous tient à cœur ?" En leur signalant une cause, et Dieu sait qu'il est facile d'en détecter chaque jour en étant attentifs à l'actualité, on nourrit leur business qui a besoin pour tourner d'une seule personne avec un ordinateur et d'un fichier d'adresses mail aussi nourri que possible. 

     

  • Capture d’écran 2023-08-09 135910Sur "Le Parisien" du 9 août, cette illustration parlante d'une pratique qui est devenue un véritable phénomène de société, au même titre que le télétravail….

     

     

    A 24 heures d'intervalle, les quotidiens Le Figaro et Le Parisien ont publié deux articles sur l'état des locations touristiques – dites Airbnb – dans la capitale. A l'origine, des déclarations de Ian Brossat, président du groupe communiste à la mairie de Paris et Maire-adjoint à l'Hôtel de Ville, en charge du logement.

    Tous deux révèlent une incohérence dans le fait que M. Brossat pavoise sur l'efficacité de sa répression alors que les infractions et les sanctions ont sensiblement baissé ces trois dernières années (3,5 millions d'€ en 2021, 2,5 millions en 2022 et seulement 0,5 millions à fin  juillet 2023, selon Le Figaro).

    Ian Brossat est habile : si le nombre de dossiers a baissé c'est en raison, nous dit-il en bombant le torse, de l'efficacité de la dissuasion qu'il a mise en place….

    On le sait, on peut faire tout dire aux chiffres avec un peu de malice et d'à-plomb !

    Mais après tout il a peut-être raison, même si la perception des résidents notamment dans Paris-centre est tout autre. Paris-centre qui détient la palme des amendes en 2022 avec un montant de 877.701 € (c/ 951.100 € en 2021, selon Le Figaro).

    En fin de compte l'avalanche de chiffres communiqués, au lieu de nous éclairer sur le phénomène, nous le font paraitre plus obscur. Chacun se réfugie dans l'appréciation personnelle qu'il en a, et son décompte des valises à roulettes dans les immeubles et sur les trottoirs….

    Pour mieux comprendre ce qui se passe, apportons une fois encore notre contribution : il faut considérer la typologie des loueurs. Les plus inoffensifs sont ceux dont on a le plus parlé : les propriétaires-occupants qui mettent leur logement sur le marché dans la limite de 120 jours par an. Le plafond pourrait d'ailleurs être réduit car il est difficile de prétendre qu'un logement inoccupé aussi longtemps est une résidence principale. Il ne serait pas choquant de limiter la faculté offerte à 90 jours ; mais on va pas se battre pour cela !

    Vient ensuite la catégorie des multi-propriétaires loueurs en meublé. La mairie de Paris a trouvé la parade : comme les logements ont le statut "habitation", il est interdit aux propriétaires de pratiquer la location saisonnière car c'est une activité professionnelle, sauf à demander et obtenir leur conversion en "commercial", ce que la mairie refuse tout simplement en pratique. Cette disposition est tellement bien ficelée que cette catégorie de loueurs ne devrait tout simplement pas exister et c'est probablement là où Ian Brossat réussit le mieux dans sa politique de dissuasion et de répression. Ajoutons que si les habitants ordinaires ont une faible propension à dénoncer des résidents permanents, ils ont moins de scrupules à signaler à la mairie des infractions commises par des loueurs qui en font leur métier.

    Il y a enfin un troisième cas de figure dont on n'entend apparemment pas parler : les propriétaires de locaux commerciaux qui les transforment en résidences hôtelières. C'est le cas par exemple de ces grossistes-importateurs qui ont tenu le haut du pavé dans le Marais dans les années 2000 avec des magasins et entrepôts qui occupaient les rez-de-chaussée, les caves et mêmes les étages.

    Ces surfaces ont toutes le statut "commercial" hérité de leur activité ancienne. Depuis quelques années on assiste à leur transformation et nombre d'entre elles se convertissent en résidences hôtelières dont le modèle, proche des locations saisonnières, est insuffisamment encadré. Leurs propriétaires n'ont pas de raison de demander le changement de statut. Ils se bornent à déposer des demande d'autorisation de travaux à la direction de l'urbanisme qui les leur accordent généralement sans rechigner.

    Il se peut que M. Brossat ait lancé des actions pour mieux contrôler ce type de processus et éviter qu'il y ait là une possibilité de contournement massif des barrières qu'il a construites pour réguler les locations saisonnières mais nous ne les connaissons pas et nous n'en voyons pas trace dans la presse. Qu'il veuille bien nous adresser une mise au point, nous nous ferons un devoir et une joie de la publier.

    Gérard Simonet

     

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    Bourg tibourg red"Place" du Bourg-Tibourg (IVe), beauté sereine d'un Marais apaisé… (Photo VlM)

     

     

    Retour au clavier après quelques semaines d'éloignement, et le besoin de faire un  point avec vous, membres de l'association et autres lecteurs, qui constituez autour d'elle et de son site Internet (Blog Vivre le Marais !) l'un des réseaux sociaux les plus actifs de Paris-centre.

    J'anime ce réseau depuis près de vingt cinq ans. Le temps ne m'a pas épargné et j'en ressens naturellement les effets. Ce constat me commande d'être moins actif et de souhaiter que des forces vives nous rejoignent pour assurer une relève qui peut aussi prendre la forme d'une refondation.

    Dans cette attente, je continuerai, à mon rythme et avec l'aide précieuse des membres du conseil d’administration, d'animer l'association et de contribuer à ses activités de défense du patrimoine et de la qualité de vie des habitants, ainsi que l'organisation de spectacles musicaux, lyriques et instrumentaux.

    Une "Histoire du Marais" pendant ce quart de siècle est inscrite dans les 3.333 articles et 14.280 commentaires de notre site. Notre cadre de vie a beaucoup changé, pour le meilleur mais aussi pour le pire. J'ai pourtant le courage de dire, sans tresser de lauriers à qui que ce soit car je suis attaché à notre neutralité politique, qu'il s'est globalement amélioré, même si de nombreux résidents se plaignent de sa gentrification, de la disparition des commerces traditionnels et de l'invasion des badauds du week-end, des fêtards et des "marchands de fringues".

    La mono-activité des grossistes en maroquinerie, nuisance n° 1 en 2000, s'est résorbée pour laisser la place à une diversité de bon aloi comme on le constate rue des Gravilliers, Temple et Chapon (IIIe, IVe). Les flyers ont disparu des voitures et des caniveaux. L'affichage sauvage est partiellement maitrisé et le fléau des tags a reçu une réponse qui, bien que partielle encore (les rideaux métalliques des boutiques en témoignent) montre que l'Hôtel de Ville est mobilisé au sommet.

    On a craint le pire avec les terrasses estivales. Il ne s'est pas produit car le Maire de Paris-centre y a veillé en affichant une grande fermeté. L'emprise des terrasses au final s'est accrue, mais dans des proportions qu'il faut mettre en perspective avec l'extension de l'espace repris par les piétons aux voitures (Charlot, Poitou….).

    Enfin la circulation des véhicules motorisés a visiblement baissé. La piétonisation des berges est un vrai cadeau. Si Ariel Weil finit par reconnaitre aux résidents les mêmes droits qu'aux bus et taxis, comme Anne Hidalgo s'y est engagée (en rappel, "Le Parisien" du 10 juillet, M.A. Gairaud et F. Hélaine), nous aurons de vraies raisons de convenir que nous sommes gagnants en terme de pollution, d'encombrement et de bruit.

    De nombreuses artères ont été requalifiées (Archives, Beaubourg, Rambuteau, Bretagne, Turenne, Haudriettes, Grenier St Lazare….) en offrant plus d'espace aux piétons. Ajoutons que tous les bâtiments qui devaient être restaurés dans le Marais IIIe et IVe le sont désormais. Le dernier en date est l'Hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal (IIIe). Il est aujourd'hui le siège des Thés Mariage Frères.

    Le portail de l'Hôtel Raoul (6 rue Beautreillis – IVe) est sauvé. Nous participons au financement de sa restauration. On la doit à la mobilisation de Michel Cribier, un amoureux des belles pierres, et au soutien de l'Hôtel de Ville.

    Au chapitre des activités cultuelles, onze concerts lyriques ont été donnés depuis 2017 et quatre récitals dans le cadre du programme de la mairie de Paris-centre "De la Culture avant toute chose".

    Cochez d'une croix blanche dans vos agendas la date du jeudi 19 octobre 2023 à 20h00. Les "Moments Lyriques du Marais" vous préparent un spectacle de gala en forme d'apothéose avec une représentation complète de l'opéra CARMEN de Georges Bizet, dans une adaptation pour huit voix, notre pianiste chef de chant et un récitant. L'événement se tiendra en la cathédrale Ste Croix des Arméniens dans le Marais IIIe avec une modeste participation aux frais de 20,00 €. L'annonce officielle sera faite en temps utile.

    Gérard Simonet

     

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    Terrasse estivaleTerrasse estivale typique au carrefour Beaubourg/Rambuteau (IVe). Barrière bois ajourée, hauteur 1,10 mètre

     

     

    Il y a eu un vent de panique à la mairie de Paris (et d'ailleurs) en 2020 quand l'épidémie déclencha le confinement généralisé et la fermeture des établissements recevant du public comme les bars et les restaurants. La Maire de Paris Anne Hidalgo a donné l'impression d'ouvrir alors la jarre de Pandore en autorisant leurs exploitants à occuper l'espace public sans modération.

    Ils ont été nombreux à utiliser cette liberté nouvelle pour étendre leurs terrasses, certains avec une exubérance qu'on a pu juger légitimement choquante.

    L'épidémie a cessé en 2022 mais chacun se doutait qu'on ne reviendrait pas à la situation antérieure, au nom du principe des "droits acquis", en feignant d'ignorer que ce qui est un droit pour les uns peut être un châtiment pour d'autres, en l'espèce des nuisances pour ceux qui vivent dans les parages des nouvelles terrasses dites "estivales" (du 1er avril au 31 octobre). Voir Terrasses et Etalages à Paris.

    Cette appréciation se complique du fait que la mairie a poursuivi en parallèle sa politique d'expulsion des voitures de la chaussée pour laisser plus de place aux piétons en élargissant les trottoirs. Elle a créé une sorte de marché donnant/donnant avec les riverains : voulez-vous des voitures devant chez vous ou des terrasses à leur place, en suggérant que le bilan esthétique est généralement favorable aux terrasses pour autant qu'elles soient dessinées avec goût ?

    A cette interrogation, et pour qu'elle soit pertinente, il faut ajouter un curseur : combien de mètres carrés de terrasses contre l'équivalent de chaussée ? Si le ratio est de un pour un le combat est perdu. S'il est de un pour deux, on doit réfléchir. Si on va jusqu'à trois ou plus, le riverain est gagnant. Si on se réfère à des espaces traités comme les rues Charlot, Poitou et Saintonge (IIIe), il semble en première analyse que les habitants soient gagnants.

    Ouvrons le débat sur le sujet. S'attaquer sans discernement aux terrasses estivales n'est pas nécessairement un bon combat si on n'examine pas le contexte. Leur faire bon accueil suppose par ailleurs que l'environnement s'y prête comme on vient de le voir, et que les service de police de la mairie veille au respect du règlement qui les régit (RET du 11 juin 2021)