Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Activités économiques

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    Beaubourg 69-71 délabré 20 05 18L'immeuble du 69-71 rue Beaubourg (IIIe) (Photo VlM)

     

     

    Comme si l'état lamentable de cet immeuble (dénoncé le 20 mars et le 8 août 2017 dans les deux articles de Dominique Feutry que nous lui avons consacré, complétés par des commentaires instructifs de Gauthier Caron-Thibault, Premier adjoint à la mairie du IIIe) ne suffisait pas, un camion de la même espèce est venu se garer devant lui. Il ajoute sa dose de laideur à un ensemble qui ne fait pas honneur au IIIe.

    Cet immeuble de bureaux est en déshérence depuis longtemps. Trois ans au moins, date à laquelle il a été racheté en l'état par la SCPI Fructipierre. Elle ambitionne probablement (c'est sa vocation en tout cas) de faire une opération immobilière rentable en le mettant sur le marché à l'issue d'une restauration qui a pour but de lui rendre un lustre qu'il a perdu depuis longtemps.

    Sa construction date de 1909/1910. On est encore dans le style Art Nouveau mais l'Art Déco se manifeste déjà par petites touches. Dans le cas présent, en regardant la modénature de sa façade on pencherait plutôt pour de l'Art Déco ; une esthétique en avance sur son temps…

    L'immeuble offre 2119 m² de surface utile pour des bureaux. Une demande de permis de construire a été déposée en avril 2017 pour une remise en état de la façade, des menuiseries, l'aménagement intérieur et le rez-de-chaussée, les circulations verticales etc … mais il semble que l'autorisation n'ait pas encore été donnée par la direction de l'urbanisme de la mairie de Paris. Peut-être la mairie du IIIe voudra-t-elle nous dire où en est le dossier ?

    Quoiqu'il en soit, les agences immobilières sont mobilisées pour louer cette surface. Elles annoncent, sans doute de manière optimiste, une livraison de l'espace rénové pour mai 2019. Quand on voit dans quel état sont les lieux aujourd'hui, on a de sérieuses raisons de douter que ce soit réaliste… D'ailleurs, n'est-on pas en train de produire des bureaux en excès dans Paris intra-muros et dans les arrondissements du centre ? On sait que l'espace des 64-66 rue des Archives (IIIe), propriété de Blackstone, a mis du temps à trouver preneurs

    Mais enfin, il semble qu'il y ait désormais une perspective que cette plaie et la laideur qu'elle inflige à tout ce qui l'entoure soit prochainement pansée et qu'apparaisse à nos yeux le projet tel qu'il est présenté communément aux locataires intéressés.


    Beaubourg 69-71 rénové 2Le 69-71 rue Beaubourg tel qu'il apparaitra demain. Pour le moment, ce n'est qu'un mirage d'architecte !

     

    Rendez-vous donc dans un an !

    GS

     

     

     

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    Coutures st gervais galeries 12 05 18Alignement des galeries d'art rue des Coutures St Gervais (IIIe) le long du musée Picasso (Photos VlM)

     

     

    Il est regrettable qu'il y ait cette ombre au tableau de Pierre Aidenbaum, un Maire dont le bilan est élogieux à deux années de la fin de son mandat, qui ne comptera pas moins de 25 années en 2020 date de renouvellement de l'équipe municipale parisienne.

    Pourquoi fallait-il qu'il cède à l'activisme d'un couple de parents de l'école des Quatre-Fils – siégeant dans deux conseils de quartiers différents – en quête d'une rue qui ne soit pas la leur pour accueillir les activités de plein-air de leur progéniture ?

    Nous en avons parlé le 21 août 2017 dans un article qui relatait la "générale" de cette privatisation de l'espace public. Elle a poussé les galeristes (on dénombre une dizaine de galeries d'art contemporain dans cette rue) contre le Maire dont la démarche crée un préjudice à leur activité commerciale. Quant aux habitants-riverains, certains dénoncent des risques que l'occupation de la rue fait peser sur leur état de santé si une intervention urgente était nécessaire. Depuis le projet baptisé "rue 'Golotte" est resté sous le boisseau mais nous savions qu'il referait surface en avril.

    Plus précisément le 4 mai. C’était un vendredi. L'évènement a reçu le soutien actif de la mairie du IIIe mais aussi de l'entourage de la Maire de Paris Anne Hidalgo car c'est un genre de modèle (à défaut de modèle du genre) de ce qu'elle propose aux parisiens pour s'approprier la rue…

    Entre temps, des barrières métalliques ont été installées aux deux extrémités de la voie pour signifier et mettre en œuvre l'interdiction de circuler les jours de "rue 'Golotte".

     

    Coutures st gervais barrières gs 12 05 18

     

    Les personnes lésées s'apprêtent à saisir la justice. Des accommodements pourtant ont été apportés, qui vont dans le sens de ce qu'elles attendent : l'évènement n'est plus programmé qu'un jour par semaine au lieu de deux et le nombre de mois dans l'année a été également réduit. Il reste une bévue qui peut être traitée : le jour choisi est le vendredi, jour où l'activité commerciale des galeries est la plus intense…

    Aussi nous suggérons deux pistes au Maire du IIIe pour éviter, comme il l'a malheureusement fait, de monter deux populations l'une contre l'autre : transférer la "rue 'Golotte" dans le jardin Leonor Fini adjacent, ou choisir le lundi, jour de fermeture des galeries, pour l'organisation dans la rue des divertissements dont on finira d'ailleurs rapidement par constater qu'ils correspondent peu aux besoins des enfants.

     

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    Ste cath joséphine angle 10 05 18

    "Chez Joséphine", angle rue Caron (IVe), et sa terrasse ouverte délimitée par les croisillons placés par la mairie de Paris (Photos VlM)

     

     

    La place du marché Ste Catherine en ce jeudi de l'Ascension présente un visage apaisé. Nous avions dénoncé "la casemate" qu'elle était devenue cet hiver quand les bars-restaurants en toute impudence s'étaient dispensés du respect des règles d'urbanisme de la Ville de Paris en installant des terrasses fermées interdites avec, détail aggravant, des écrans installés au-delà des barrières qui en fixaient les limites !

     

    DeniseLa casemate de la place, automne/hiver 2017

     

    A l'occasion d'un entretien le 19 mars où nous avons fait la connaissance d'Ariel Weil, nouveau Maire du IVe, nous avons dénoncé le caractère inacceptable de la situation au regard de l'esthétique de la place qui est un joyau du Marais pour le charme qu'elle dégage, à défaut de receler les trésors d'architecture qu'on dénombre par ailleurs. Nous avions trouvé le Maire très déterminé à faire rentrer les choses dans l'ordre.

    Au cours de la réunion qu'il a tenue le 9 avril avec les riverains  de la place, il révélait avoir déclenché de nombreuses interventions des inspecteurs de la direction de l'urbanisme et de la DPSP (direction anti-incivilités de la maire de Paris). Ils ont déversé à tous les établissements en infraction, de façon répétitive, des amendes de 36 ou 60 € pour débordements de terrasses et nuisances sonores. Ces amendes ne sont certes pas dissuasives en soi mais leur répétition fait mal et fait courir le risque d'une suppression de l'autorisation de terrasse.

     

    Ste cath place 10 05 18

    Il serait bon que les commerçants comprennent que, lorsqu'on a la chance d'opérer dans un cadre de cette qualité, on tue la poule aux œufs d'or si on cesse de le respecter. Il faudra y penser quand viendra l'hiver car il n'est pas pensable qu'on revienne aux errements de la saison dernière.

    Les riverains y veilleront et nous savons maintenant qu'on peut aussi compter sur la détermination du Maire du IVe et sur les agents de la mairie de Paris qui ont la charge de maintenir l'ordre.

    GS

     

     

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    Braque clisson 08 05 18

    Vue de l'Hôtel de Clisson (fin XIVème siècle), son portail et ses deux tours, depuis la rue de Braque dont on voit à gauche l'Hôtel Le lièvre de la Grange au n° 4 avec son magnifique portail à deux vantaux surmonté d'un balcon avec consoles ornées de têtes de béliers. Une des plus belles vues du Marais ! (Photos VlM)

     

    C'est aussi une des rues les plus calmes du Marais. C'était, car depuis plusieurs mois un local commercial, "Le Braque", qui n'avait pas trop fait parler de lui s'est transformé en une source de nuisances nocturnes qui font vivre l'enfer la nuit aux habitants du n° 11, propriétaires résidents ou locataires.

    Ils décidaient récemment de constituer un collectif qui rejoignait "Vivre le Marais !" comme nous l'annoncions dans un  article du 10 avril 2018. Ce mercredi 2 mai, ils étaient reçus par le Commissaire Central du IIIe, Vincent Gorre et la Commissaire-adjointe Violette Fléjou, avec qui nous avions eu nous-mêmes un entretien préalable il y a deux semaines.

    La situation est simple à décrire : ce local, qui comporte un rez-de-chaussée et des sous-sols que l'établissement exploite, est incorrectement insonorisé et dispose néanmoins d'une autorisation de nuit. En recevant ses clients, qu'il laisse aussi volontiers se dissiper dans la rue, il condamne les résidents de l'immeuble à vivre des nuits blanches.

    Il faut rappeler la dissymétrie de cette problématique : les fêtards d'une nuit se renouvellent, les résidents sont toujours les mêmes à subir les nuisances. Ils n'ont aucun moyen de récupérer et y perdent vite leur santé.

    La préfecture de police de Paris est parfaitement informée des conflits qui en résultent. On se demande parfois comment il se fait qu'elle accorde des autorisations de nuit en milieu résidentiel. Dans le cas présent, les protocoles en vigueur qui prévoient l’intervention de leurs services spécialisés, en l’occurrence le "pôle études et contrôles" (P.E.C.) laissent trop de possibilités aux exploitants au cours et à l'issue de la procédure.

     

    Braque 11 façade 08 05 18"Le Braque", 11 rue de Braque (IIIe)

     

    Dans cette affaire rue de Braque, les signalisations, les plaintes, les mains courantes et pétitions se sont accumulées ; il faut arrêter la dérive ! Le collectif est ressorti rassuré de son entretien avec le Commissaire et de son engagement à ne pas renouveler l'autorisation de nuit, qui se termine le 16 mai, date à laquelle une nouvelle mesure d'impact a été programmée par le P.E.C. Tout laisse penser que cette étude, si elle est conduite avec sincérité, ce dont nous ne doutons pas, rendra nécessaire une modification radicale du comportement de l'exploitant mis en cause.

     

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    Baguettes

     

    Tandis qu'on craignait à Paris samedi un échange de pains entre les black blocs et la police sur le parcours de "La fête à Macron" de Jean-Luc Mélenchon, on fêtait la baguette de pain avec un "Grand Prix de la Baguette de Tradition Française" qui sera décerné par la Ville de Paris.

     

    Tente

    Sous une vaste tente plantée sur le parvis de Notre-Dame, qui mérite mieux que cette verrue énorme qui surprend les visiteurs nombreux, des stands et une large tribune étaient installés.

     

    Salle

     

    La foule était dense à l'intérieur ce matin. On pouvait y acheter sa baguette, ses croissants, ses chouquettes et autres viennoiseries… et croiser le monde de la politique.

     

    Ah and co

    Anne Hidalgo se prépare à faire son discours. On reconnait Pierre Aidenbaum tout à fait à gauche et Ariel Weil plus au centre (pas de conclusion hâtive, c'est juste le fait du hasard).

     

    Pa et aw

     Échange de salutations avec "Vivre le Marais !". Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, et celui du IVe Ariel Weil, réunis pour l'occasion…. de manifester leur attachement à la Maire de Paris (dont on dit qu'elle conduit son monde "à la baguette").

     

    Nota Bene :

    Nous signalons que nos messages d'alerte adressés aux abonnés "club-internet", "neuf" et "sfr" font l'objet de messages de non-remise pour cause de refus du serveur de messagerie correspondant. Nous le regrettons pour nos lecteurs habituels mais nous n'avons aucun moyen d'intervenir. Il faut s'ils veulent nous lire qu'ils aillent directement sur notre site "Vivre le Marais !"

     

  • Ste Apolline Paola tresses et salon DiosseRue Ste Apolline (IIIe), près de la porte St Martin

     

     

    Dans un message adressé au Commissaire Central du IIIe, Vincent Gorre, avec copie à l'Adjointe au Maire du IIIe Nicole Bismuth-Le Corre, le président de l'association ARQAM (renaissance du quartier des Arts & Métiers) mesure le chemin parcouru et en appelle aux mesures qui restent à prendre pour que son quartier redevienne habitable.

    Il constate que sous les efforts conjugués de la police et de la mairie une amélioration de la situation sécuritaire des rues Ste Apolline, Blondel et St Martin est aujourd'hui visible. Il en remercie tous ceux qui se sont mobilisés. Le nombre de jeunes errants et souvent éméchés dans les trois rues a baissé avec toutefois des pics occasionnels qui restent problématiques.

    Un autre aspect remarquable est la fermeture depuis janvier du salon de coiffure-manucure du 5 rue Blondel, véritable usine qui ne fermait pratiquement jamais et employait dans des conditions discutables et en permanence une trentaine de personnes. Ce local n'a pas été remis en location depuis sa fermeture il y a quatre mois. C'est un pas dans la bonne direction, dont les riverains se félicitent.

    Le point noir est la persistance d'un nombre encore excessif de boutiques génératrices de nuisances qui fonctionnent avec des rabatteurs qui achètent et consomment sur place de l'alcool à toute heure. L'association s'applique à attirer de nouveaux commerces diversifiés dans les boutiques dès qu'elles ferment. C'est ainsi que s'est installé il y quelque temps un "Espace Game".

    Les riverains ont une requête ancienne à rappeler qui leur paraît centrale pour la reprise en main de leur quartier : l'installation d'une caméra de vidéosurveillance au carrefour des rues Saint-Martin et Sainte Apolline, requête qui ne devrait pas être trop difficile à satisfaire…

     

  • Fiscalité int'le

     

     

    Je me propose de quitter un instant le Marais pour revenir sur un sujet sur lequel je me suis exprimé dans un article sur ce blog en date du 29 février 2016 : l'évasion fiscale des multinationales. Pour dire d'entrée de jeu qu'il s'agit bien d'évasion du point de vue du pays qui en fait les frais mais qu'aux yeux des entreprises et même aux yeux de la Loi universelle c'est d'optimisation qu'il s'agit.

    L'analyse que j'en faisais il y a deux ans n'a pas vieilli. Ce qui a changé ce sont les propositions qu'on voit fleurir ça et là, notamment en France où le gouvernement vient de proposer une mesure à ses partenaires européens où il serait question que les GAFA (Google, Amazone, Facebook, Apple) soient taxés à hauteur de 3% du chiffre d'affaires par pays.

    Cette suggestion manifestement ne fait pas l'unanimité. On peut comprendre que les États qui sont les moins-disants fiscaux n'aient pas très envie de voir une manne dont ils profitent s’envoler…  Mais il y a plus grave : comment des technocrates peuvent-ils proposer une mesure qui n'est pas applicable ?

    Ils devraient savoir que ces sociétés multinationales localisent le chiffre d'affaires où elles le veulent, au même titre que leurs bénéfices ! Elles-mêmes peuvent évidemment savoir dans quels pays leur chiffre d'affaires est généré mais il s'agit du secret des affaires et ce chiffre ne figure pas obligatoirement dans les comptes là où ils sont déclarés. Qui aura la candeur de communiquer ces données à des pays comme la France si l'on sait qu'il y a une lourde taxe à la clé ?

    Il faut donc trouver une autre voie. Voici ce que j'écrivais sur le sujet. Il revient dans l'actualité. Certains qui ont zappé à l'époque pourraient s'y intéresser cette fois. Sachant aussi que le problème n'est pas limité aux GAFA mais à toutes les entreprises de taille internationale qui opèrent sur des modèles similaires.

     

    Extraits de l'article du 29 février 2016

     

    Nous vivons depuis quelques années une révolution mondiale qui est celle de l'information, de son traitement, de son transport et de son stockage. La capacité de traitement des microprocesseurs double tous les 18 mois, la fibre optique véhicule 100 Millions (bientôt 1.000 Millions) de bits par seconde (100 fois, 1.000 fois plus que l'ADSL d'il y a dix ans), les capacités de stockage de l'information évoluent aux même rythme dans d'immenses mémoires domiciliées dans des « clouds » capables de conserver la masse vertigineuse des données du monde et des gens qui le peuplent… 

    Face à cette transformation radicale de notre environnement industriel, qui coïncide avec la sortie du sous-développement de continents entiers, avec une émancipation des plus pauvres qui implique fatalement un transfert de bien-être du nord vers le sud et de l’occident vers l’orient, les dirigeants des nations, les économistes, les penseurs et surtout les médias s’obstinent à commenter les affaires du monde comme si rien ne changeait.

    L’impact de cette myopie est considérable chez les élus où des pans entiers de la classe politique s’accrochent à des visions passéistes qui doivent plus à Karl Marx qu'aux courants de pensée novateurs. En se raccrochant à des chimères, en refusant de voir des réalités comme le poids insoutenable de la dette, ils nous acheminent tout droit vers l'apocalypse.

    N’étant pas un commentateur politique, je laisse à d’autres le soin de développer ce thème pour me concentrer sur un sujet sur lequel je possède une expérience que je dois à mon activité professionnelle passée. Il s’agit des accusations d’évasion fiscale dont sont l’objet les entreprises multinationales, en particulier celles qui se sont développées ces quinze dernières années sur les nouvelles technologies de l'information.

    CharbDessin de Charb

    Il n’est pas inutile de définir ce qu’on entend par « entreprise multinationale » : c’est généralement une société qui est née dans un pays, s’y est développée et a créé des filiales dans d’autres pays. Il est courant que ces filiales soient pour commencer des sociétés commerciales qui ont la charge de vendre localement et d’y rendre un service après-vente (formation, installation, maintenance….). Le moment arrive où le développement d’un réseau international de filiales conduit les dirigeants à repenser l’organisation et la répartition de l’ensemble des taches, en terme de management, recherche, développement et production.

    Naturellement, ceux qui ont la charge de gérer ces groupes sont guidés par un souci d’optimisation, qui se traduit par la recherche de résultats financiers satisfaisants et de la "création de valeur" pour l’entreprise, avec comme finalité d’assurer sa pérennité dans son univers concurrentiel. La morale parait ne pas y trouver son compte car les résultats semblent ne concerner que les actionnaires. En réalité, le socle sur lequel une entreprise a toute chance de prospérer est un trépied : les actionnaires, les clients et le personnel. Que l’une de ces composantes soit négligée et c’est l’entreprise qui bascule. C’est donc par la force des choses, si ce n’est par philanthropie, que l’entreprise est dans l’obligation de soigner ses employés au même titre que ses propriétaires.

     

     

    Laddict dot comToujours plus haut afin de survivre !

    Dans l’environnement qui a prévalu jusqu’aux années 80, où peu ou prou régnait le contrôle des changes et des transferts financiers, on pouvait décomposer l’entreprise en "centres de profits" et "centres de coûts", avec un "siège" où se concentraient des entités fonctionnelles. Chaque pays générait son chiffre d’affaires local, enregistrait ses coûts de fonctionnement et achetait ses produits chez lui ou les importait. Il était logique dans ces conditions de construire un compte de résultat à partir de revenus et charges locaux affectés de "frais de siège" (management fees). Sur cette base, la filiale était en mesure de présenter au fisc de son pays une comptabilité sincère sur laquelle la fiscalité locale avait tout le loisir de s’appliquer.

    Vaille que vaille, ce modèle a tenu la route pendant des décennies. Il avait pourtant ses faiblesses : rien ne garantissait la sincérité des coûts de production en cas d’importation (variabilité des prix de transfert), pas plus que celle des frais de siège qui ont toujours eu mauvaise presse car ils ont souvent permis de majorer ou minorer un résultat pour le déplacer vers les pays à fiscalité favorable.

     

     

    ParadisImage du paradis fiscal dans la conscience collective

     

    Ce sentiment d’arbitraire a explosé  à partir des années 90. On a assisté alors à l’abolition quasi générale du contrôle des changes dans les pays de l’OCDE et la disparition progressive des devises non convertibles qui traçaient de fait une frontière physique autour des pays concernés.  La nature des filiales est passée de centres de profit à centres de coûts (cost centers) fonctionnant en mode « cost plus ». Les anglo-saxons, États-Unis en tête, ont été influents dans le choix de cette approche qui leur laissait les coudées franches pour structurer leur organisation internationale et jouer sur les flux financiers.

    Son principe repose sur l’existence d’une ou plusieurs plateformes de facturation, domiciliées dans des pays choisis. Elles ont pour effet de retirer aux autres pays leur autonomie de gestion. Ainsi, un client français d’une filiale française reçoit une facture d’un centre de facturation à l’étranger et procède à son règlement par transfert financier sur le pays concerné. Aucun chiffre d’affaires n’apparait dans la filiale française. Cette société n’enregistre que des charges et par voie de conséquence ne dégage aucun bénéfice.

    Le mécanisme du « cost plus » implique enfin sur une subvention d’équilibre du siège à la filiale à hauteur de ses charges, majorée d’un montant qui devient du bénéfice (le "plus" au-dessus du "cost") et constitue de fait l’assiette imposable.

    On voit bien comment s’est installé le chantage : on argue que la filiale serait en perte dans une comptabilité d’exploitation classique. On donne le choix au fisc de n'avoir rien à taxer ou de lui assurer une perception faible mais garantie. Ce modèle de tractation, qui laisse de plus aux agents du fisc des prérogatives en matière de négociation, s’est généralisé dans le monde.

     

    Contr

    Cette situation a prévalu pendant environ deux décennies sans faire trop de vagues alors qu’elle était fiscalement imparfaite puisque fondée sur l’arbitraire des prix de transfert, des frais de siège et du mécanisme de « cost plus ». Bien entendu, on savait déjà comment utiliser ces paramètres pour déplacer le profit vers des paradis fiscaux. Ceux qui font mine de découvrir le phénomène aujourd’hui en le dénonçant bruyamment manquent à l’évidence de culture dans ce domaine.

    Depuis le début des années 2000 nous vivons un phénomène nouveau. Les produits que nous consommons sont pour l’essentiel ou pour partie dématérialisés, s’agissant de ces géants que sont devenus Microsoft, Google, Yahoo, Facebook, Twitter, Amazone, Airbnb, eBay, Uber et autres… A la différence des multinationales des années 80, comme IBM, elles n’ont plus nécessairement besoin de filiales, en France comme ailleurs. Si elles s’en sont doté, (Google et Amazon notamment), c’est pour héberger et légaliser une part de leur activité qui est visible localement. Il en est ainsi de la démarche commerciale de Google qui vend le "positionnement" sur ses pages à des entreprises françaises, et d’Amazon ou eBay qui vendent, entreposent et livrent des produits matériels.

    AmazonEntrepôts d'Amazon

    A côté de ces géants on dénombre une multitude d’entreprises qui vendent des services immatériels et qui se font payer par carte bancaire sur Internet. La plupart des sociétés informatiques qui hébergent des sites Internet ou des blogs, qui vendent des logiciels, des antivirus, des applications… n’ont aucune présence « de droit » en France. Leur chiffre d’affaires n’apparait nulle part et le bénéfice que l’administration française pourrait essayer de taxer n’est pas matérialisé en France. Y a-t-il évasion fiscale ? Certainement. Est-ce nouveau ? Non ! En croissance : Oui. Peut-on imaginer une parade ? Difficilement.

    Il faut préciser toutefois que si la société prestataire de services invisibles se trouve dans l’obligation pour des raisons d’efficacité commerciale, de service après-vente de proximité (autre qu’une « hot-line »), d’exercer une présence même légère en France, elle est repérable et peut être suspectée de disposer chez nous d’un "établissement stable de fait" passible de l’impôt sur le bénéfice des sociétés. Elle peut sur ce fondement être recherchée et taxée d'office mais, en l’absence de livres comptables, le calcul d’un tel impôt et sa justification sont un casse-tête que les inspecteurs du fisc répugnent à affronter.

    Dans le paysage actuel on note que Google déclare en France un chiffre d’affaires 2014 de 225,4 Millions d’€ et un résultat net (imposable) de 12,2 Millions d’€ (5% du CA). Son chiffre d’affaires mondial est de 60 Milliards d’€ et son bénéfice de 14,4 Milliards d’€ (24% du CA). Est-il logique que la France pèse 4 pour mille du business mondial de Google alors que son PIB est de 4 pour cent du PIB mondial ; et que le bénéfice ne soit que de 5% du chiffre d’affaires contre 24% dans le monde ?

    Amazon affiche une situation encore plus douteuse. La société n’a déclaré aucun revenu en France, et s’apprête seulement à le faire en Allemagne à hauteur d’un modeste 11 Millions d’€. Jusqu’à ce jour, tout passait par le Luxembourg. Elle vient seulement d’accepter timidement de modifier son mode de facturation sur les instances de la Commission européenne.

    Facebook a une petite implantation en France avec 37 personnes. Elle affiche un chiffre d’affaires de 19,9 Millions d’€ en 2014 et un résultat net très modeste de 638.100 €. A comparer aux 35 Milliards d’€ de chiffre d’affaires mondial (0,6 pour mille seulement déclarés en France !).

    A l’évidence, on peut avoir légitimement des doutes sur la sincérité des comptes que Google et les autres affichent en France et considérer avec suspicion leur comportement de "tax payers". Ensuite que faire, quand on a connaissance de la multitude de paramètres dont dispose l’entreprise pour optimiser ses impôts en toute légalité. Comment les contraindre à payer un impôt dont elles peuvent parfaitement dire qu’il ne les concerne pas ? Qui est capable d’étreindre des fantômes ?

     

    Fantomes

    Je me rappelle ce séminaire dans les années 80 autour de Dominique Strauss Kahn où nous parlions de la taxe professionnelle. Pour la critiquer bien sûr car elle constituait disait-on un frein à l’investissement et à l’embauche. En réfléchissant il apparaissait que pour décider qu’une société verse de l’argent à une commune où elle possède une forme d’implantation (bureaux, usines….), parce que le hasard a fait qu’elle se trouve là, il fallait bien définir des critères. Le chiffre d’affaire, le résultat n’ont de sens qu’au niveau national. D’où l’idée de taxer la "visibilité" de la présence locale ce qui conduit inévitablement au nombre de salariés et à la taille des investissements (machines, bâtiments…). Rien de stupide par conséquent en dépit des apparences.

    Je m’étais risqué à dire alors à DSK qu’il serait peut-être préférable de supprimer la taxe professionnelle et de majorer en conséquence l’impôt sur les sociétés au niveau national (là où on sait le calculer) en réservant le résultat ainsi dégagé aux communes où la société est implantée, sur la base d’un montant proportionnel au nombre d’habitants. Que n’ai-je dit ! J’ai eu droit à cette réplique : "vous êtes un affreux jacobin !" Car cette approche aurait privé les dirigeants politiques locaux de leur prérogative de décider de cette taxe.

    La référence aux jacobins à vrai dire me souciait peu mais être qualifié d’affreux à propos d’une idée qui aujourd’hui encore ne me parait pas stupide m’avait rendu le personnage peu sympathique et suscité en moi des doutes sur la compétence dont il était auréolé.

    Si je parle de cet épisode c’est qu’à bien des égards il se rapproche de la problématique actuelle. On ne réussira pas à contraindre Google et les autres à payer un impôt sur les bénéfices en France très différent de celui qu’ils affichent. En revanche, et l’OMC (organisation mondiale du commerce) peut prendre en charge ce genre de dossier, on pourrait convenir que sur la base du bénéfice mondial, qui est connu, audité, observé, on admette que chaque pays où la société est active se voie affecter une part de ce bénéfice correspondant à sa part dans le PIB mondial.

    Ce chiffre servirait d’assiette au calcul d’un impôt du type "impôt sur les sociétés" avec un taux d’imposition unique dans le monde et situé au bas de l’échelle des taux (5 ou 10% par exemple), de manière à rendre inutile la recherche d'un paradis fiscal.

    Dsk"Vous êtes un affreux jacobin ! (DSK)"

     DSK peut dire que je suis encore plus jacobin qu’il ne le pensait. S’il a une solution meilleure à nous proposer, il est temps de nous le dire car la planète est noyée sous les pleurs de ceux qui voient des Milliards échapper au fisc. Chaque année en France notre conservatisme nous coûte la bagatelle de 70 Milliards d'€, à cause de toutes les brèches dans la fiscalité, bien sûr, mais à cause il faut bien le dire du caractère hautement confiscatoire des prélèvements chez nous.

    Baisser indistinctement la fiscalité en France n’est pas possible à cause de nos déficits cumulés et de la dette colossale qui en résulte. Renoncer à une partie de notre souveraineté fiscale, n’en déplaise à M. Strauss-Kahn, pour faire revenir vers nous des ressources considérables plutôt que s’y attaquer en partant à la chasse aux feux follets avec un filet à papillons, est à mon sens une piste que notre pays et la communauté internationale doivent étudier.

    Gérard Simonet

     

  •   Saisons

    Le Guide Pudlo 2018 les présente en ces termes : "les splendides fromages sélectionnés, affinés, maturés, vendus en musique, avec précision et poésie, par Mariette Grammont et Frédéric Deville aux "Saisons", 30 rue du Grenier St Lazare (IIIe)" - 01.81.29.47.52 – www.saisons-paris.fr

     

     
     
    Gilles Pudlowski récompense chaque année, dans son incontournable Guide Pudlo, les meilleurs restaurants et artisans de bouche… Voir son blog.
     
    Depuis lundi, Mariette et Frédéric font partie du palmarès de ses 10 nouveaux lauréats !
     
    Ils ont préparé un stand pour la soirée de sortie du guide, et ont très envie de partager l'évènement avec leurs clients et ont donc décidé de faire de ce samedi 28 avril une journée de fête chez "Saisons" !
    Passez les voir dans la journée, ils trinqueront avec vous à cette grande nouvelle et vous ferons goûter leurs merveilles de fromages !
     
    "Vivre le Marais!", bien avant M. Pudlovski, les avait repérés dès la rentrée de 2016 et leur avait consacré un article ! C'est dire si nous sommes heureux qu'ils soient confortés par la décision du Guide Pudlo de les inclure dans les "promus de 2018". Un succès bien mérité !
     
     
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    Quincampoix 101 résid; hôtelière 25 04 18Rue Quincampoix au n° 101 (IIIe) : un local commercial qui se destine désormais à l'hébergement hôtelier

     

     

    Le propriétaire de ce local commercial qui comprend un rez-de-chaussée et un entresol sur rue se dispose, comme beaucoup d'autres, à le transformer en "résidence hôtelière". On va devoir s'habituer à ce concept qui s'inscrit aux côtés de la location saisonnière de la résidence principale. Celle dont on a beaucoup débattu à propos des 120 jours…

    En réalité, tandis que ce sujet occupait la scène, de nombreux propriétaires de locaux commerciaux dans nos quartiers, ceux-là dont on s'est beaucoup plaint dans les années 2000 car ils géraient des entrepôts d'articles inflammables et alimentaient un trafic de camions de livraisons préjudiciable à la tranquillité des résidents, se retrouvent aujourd'hui avec de larges espaces disponibles.

    Ils ont réalisé, avec l'explosion du tourisme de masse et la demande d'hébergement qui en résulte, qu'ils disposaient là d'une nouvelle source potentielle de revenus, pourvu qu'ils fassent les transformations nécessaires. A leur égard les contraintes municipales qui visent les propriétaires de leur résidence principale ou les investisseurs de logements locatifs meublés dont le statut "commercial" est quasiment impossible à obtenir, ne les concernent tout simplement pas.

    Car ils ont déjà le statut commercial.  Il n'est donc pas nécessaire pour eux de l'obtenir de la mairie de Paris, avec à la clé des compensations qui sont une course d'obstacles digne d'un steeple chase. Il n'y pas lieu non plus d'affronter le syndicat des copropriétaires qui peut s'opposer à l'exercice d'une activité de nature commerciale dans des logements dont la destination originelle est l'habitation.

    En clair pour eux la voie est libre, pour autant qu'ils respectent les dispositions nouvelles qui obligent le loueur à se déclarer en mairie et cela va de soi à déclarer ses revenus et payer ses impôts.

    Faut-il s'en alarmer ? A priori pas nécessairement. Les activités du passé, la vente en gros essentiellement, n'étaient pas propices à la qualité de vie et à l'environnement. Elles se sont largement déplacées vers des territoires qui, comme Aubervilliers, offrent un cadre beaucoup plus favorable à leur épanouissement qu'il s'agisse de la place disponible ou des facilités d'accès. L'accueil de touristes ne comporte pas que des avantages mais c'en est fini au moins de ces nuisances-là et on peut penser que d'autres destinations, la restauration par exemple, auraient aussi leurs inconvénients.

    Il faut rappeler que les résidents ont toujours leur mot à dire contre un comportement de nouveaux venus non respectueux de leur tranquillité. Ils peuvent le faire sur la base du règlement de copropriété qui généralement inclut des dispositions qui protègent les résidents et par référence au code de la santé publique avec intervention de la Préfecture de police si les niveaux de bruit constatés sont passibles de procès-verbaux.

     

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    Bd crime

    Fleurissement du pied des arbres boulevard du Temple (IIIe) ex "boulevard du Crime". Une initiative Évelyne Dress, membre de l'association

     

    Petite place

    Place de Thorigny : les exploitants du café "La Petite Place" en prennent à leur aise avec l'occupation de l'espace public. Les consommateurs apprécient, les piétons un peu moins….

     

    Temple 24 enene 21 04 18

    Un nouveau commerce rue du Temple (IVe). Il remplace "Mr B Paris – (Leather & Rubber) qui a fermé. On ne regrette pas trop sa devanture agressive. A la place : ENENE. Pourquoi ce nom ? Il s'agit de N et N comme "nouveaux navigateurs" prononcé à la portugaise. Un "concept store" spécialisé dans les produits de ce pays qu'on aime : le Portugal. Un peu caverne d'Ali Baba avec des choses à se mettre sur le dos, d'autres sous la dent…. Un franc succès en nombre de visiteurs ce samedi d'avril. Nous n'y avons pas résisté nous-mêmes, avec l'achat d'une paire de baskets cuir à 150 € et une remontrance amicale au gérant qui distribuait des tracts tandis que les services de la propreté s'acharnaient à les extraire du caniveau…