Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Activités économiques

  • Rambuteau brancusi (2)Ventes à la sauvette de livres derrière l'atelier Brancusi rue Rambuteau (Photo VLM)

      

    Fruits, légumes, babioles, livres, eau fraîche, cuirs, artisanat… les vendeurs à la sauvette ne sont pas à cours d’idées et s’installent sur des tréteaux de fortune ou même le sol non loin des bouches de métro (voire dans les couloirs du métro) dans les lieux touristiques restant aux aguets en prévision de l’arrivée éventuelle de policiers. 

    Dans un article du 9 juin 2014, nous indiquions qu’il était « dommage que le "trafic" organisé par ces personnes perdure grâce à des "clients" peu scrupuleux qui achetaient les produits proposés et encourageaient de ce fait ce commerce non autorisé». 

    Plus récemment dans un article du 20 mai 2015 relatif aux pseudo masseurs installés Place de Thorigny (IIIe), nous constations que « l’arsenal contre ces pratiques semblait assez aléatoire et peu efficace. Le législateur prompt à produire des réglementations multiples ferait bien de s’intéresser davantage à ce trafic qui est exercé dans l’illégalité la plus totale, échappe aux taxes et à l'impôt et vient concurrencer les professionnels établis légalement… ». 

     SauvetteEtal sauvage de fruits près de la station de métro Rambuteau (Photo VlM)

     

    Les vacances d’été et l’afflux de touristes multiplient les vocations. Le nombre de vendeurs installant leurs marchandises à même le trottoir ne fait par exemple qu’augmenter le long de la rue Rambuteau (IVe) sous les arbres, côté Centre Pompidou face l’enseigne Leroy-Merlin et au cinéma MK2, un lieu de passage extrêmement dense. 

    Il faudra bien, tôt ou tard, résoudre ce « trafic » illégal qui échappe à tout contrôle. Le problème est entre les mains des autorités… 

    Dominique Feutry   

     

  •    A2La nouvelle pharmacie 20 rue Rambuteau (IIIe) (Photo VlM)

     

    Les vacances  d’été sont toujours propices aux travaux, il suffit pour s’en rendre compte de lire les nombreuses publicités mises en avant dans les magasins de bricolage pour s’en rendre compte. C'est souvent aussi le moment où les commerçants profitent de la fermeture de leur magasin pour le rénover ou lui faire peau neuve à la suite d’un changement de propriétaire.

    Aucun quartier n’échappe à ces travaux. Sans prétendre être exhaustif pour le Marais, nous avons remarqué que les magasins PICARD et MUJI tous deux rue des Francs Bourgeois (IIIe et IVe), respectivement aux 48 et 47, étaient en cours de réaménagement. En revanche la boutique toute proche de l'enseigne Picard Surgelés qui abritait la marque Nickel reste fermée et des tags sont peinturlurés sur les vitrines et enlevés régulièrement.

    Non loin de là, 20 rue Rambuteau (IIIe), la pharmacie tenue depuis 30 ans par Sylvaine Yvenou a dû être cédée. Une affichette apposée sur la vitrine indiquait pendant les quelques semaines de fermeture précédant la rénovation combien la pharmacienne était appréciée par les habitants du quartier. Le repreneur a choisi de refaire la façade de la boutique en bleu pâle, sur le fronton est écrit en lettres noires « Pharmacie des Musées ». La pharmacie ainsi rajeunie affiche un bel aspect.

     

    A1Magasin "Le Creuset" 26 rue des Rosiers (IVe) (Photo VlM)

     

    En face au n° 7 (IVe), les aménagements du bar « Le Fontenoy » (notre article du 20 février 2015) qui a été réuni pour l’occasion au bar-restaurant « Le Felteu » qui le jouxte 15 rue Pecquay, devrait bientôt ouvrir au terme d'une rénovation lourde.

    13 Rue Sainte Croix de la Bretonnerie (IVe) vient de s'installer avec sa vitrine grise très sobre, le "Comptoir des Savonniers" qui propose toutes sortes de savons traditionnels. 

    Inattendue à cet endroit, une boutique de cocottes en fonte de la marque "Le Creuset " resplendit au  26 rue des Rosiers (IVe). Est-ce dû à la proximité des maisons qui vendent des falafels ?

    Dominique Feutry  

     

  • Turenne 60 hôtel équevilly grand veneur cour intLogements réhabilités 60 rue de Turenne (IIIe). Hôtel d'Ecquevilly, dit du Grand Veneur (Photo VlM)

     

    Le discours ambiant autour du logement à Paris s'apparente au mouvement brownien, l'agitation désordonnée des molécules d'un gaz dont la résultante est la pression sur le vase. Pression qui en matière d'habitat a pour effet de pénaliser les accédants à la propriété et les locataires en faisant flamber les prix.

    L'actualité  nous en fournit un nouvel exemple : en tentant d'encadrer les loyers parisiens par une loi "usine à gaz" qui va faire s'arracher les cheveux à plus d'un, la Mairie de Paris, volontaire pour son expérimentation, crée une raison supplémentaire aux yeux des investisseurs de se méfier de la location traditionnelle, pour se tourner vers des formes plus souples comme la location meublée saisonnière.

    On peut, sans prendre de risque, prédire l'échec total de cette mesure que le gouvernement défend d'ailleurs du bout des lèvres tant il sent bien qu'elle est inappropriée.

    Il reste que le problème du logement à Paris est réel et qu'il faut le traiter. Mais personne n'y réussira, à gauche comme à droite, si la situation n'est pas regardée en face. Quelques chiffres à ce propos nous éclairent.

    Les statistiques de l'INSEE nous apprennent qu'il y avait fin 2013, 26  Millions d'emplois en France pour environ 65 Millions d'habitants. Ratio : 26/65 = 40 %

    Pour l'Île-de-France hors Paris, 4,2 Millions d'emplois pour environ 10 Millions d'habitants. Ratio : 42 %

    Pour Paris, 1,9 Million d'emplois pour 2,2 Millions d'habitants. Ratio : 86 %

    Existe-t-il un ratio idéal ? Non, mais si la France comptait 2,0 Millions d'emplois supplémentaires, ce qui veut dire deux Millions de moins de chômeurs, chacun considèrerait cette situation comme satisfaisante. Le ratio serait alors de 43 %.

    Avec un ratio hors norme de 86 %, la population parisienne ne suffit pas à pourvoir les emplois concernés. C'est la périphérie qui les fournit. Il en résulte un flux journalier de ce que les anglo-saxons appellent les "commuters", ces gens qui font l'aller-retour chaque jour entre leur banlieue et Paris. Beaucoup d'entre eux en souffrent et ne rêvent que d'une chose : habiter Paris. Il y a de ce fait une demande considérable de logements et plus particulièrement de logements "Ville de Paris" car les prix de marché pour l'achat et la location à Paris dans le privé dépassent leurs moyens.

    Les politiques ont traité cette problématique dans leur campagne pour les municipales de 2014. Anne Hidalgo s'est engagée à produire 10.000 logements sociaux par an. Nathalie Kosciusko-Morizet a enchéri à 12.000. On sait que ces chiffres sont irréalistes et ne peuvent être approchés qu'au prix de réhabilitations extrêmement coûteuses qui produiront du logement social avec un prix de revient qui lui ne sera pas "social" mais conforme au prix de marché. Le déficit résultant alourdira d'autant les comptes de la Ville et retombera en impôts sur les classes moyennes, qui elles ne bénéficient pas, sauf privilégies, des faveurs de la Ville.

    MorlandImmeuble "stalinien" du 17 boulevard Morland (IVe), délaissé par les services de l'urbanisme de la mairie de Paris et par la préfecture de Paris Île-de-France, pressenti pour être transformé en logements de la Ville

     

    De plus, densifier Paris, la ville la plus dense d'Europe (*) est un non-sens que avons plusieurs fois dénoncé en en donnant les raisons. Ajoutons que l'augmentation du nombre d'habitants crée des emplois induits (commerces, services publics, services à la personne…) qui à leur tour provoquent une hausse de la demande de logements…. Toute proportion gardée, c'est le même principe que la bombe atomique. Les parisiens ne veulent pas faire les frais d'une explosion urbaine de leur ville.

    On comprend que Mme Hidalgo, dont l'adjoint au logement est Ian Brossat, président du groupe communiste à la Mairie de Paris, ait cédé aux instances de celui qui lui a fourni des renforts pour son élection. On comprend moins que Mme Kosciusko-Morizet, qui est polytechnicienne et forcément attachée aux raisonnements logiques, se soit laissée entrainer dans ce qui est une erreur d'analyse.

    En effet, la meilleure façon d'obtenir que le ratio de Paris baisse assez pour que sa fonction de pompe aspirante sur la banlieue s'assagisse, c'est que les emplois migrent en masse hors de Paris, vers toutes ces zones de l'Île-de-France où le ratio est faible. On est en droit d'en attendre une meilleure qualité de vie des "commuters", une baisse de la densité d'habitants à Paris et la maîtrise des nuisances liées à la foule (occupation abusive de l'espace public, saturation des services publics, tapage, saleté et pollution de l'air), avec comme conséquence directe une détente du marché de l'immobilier pour les accédants et pour les locataires.

    Grand parisParis et la Seine (Photo "Le Parisien")

     

    Ceci veut dire qu'il faut cesser de promouvoir l'attractivité de Paris et de tout faire pour l'accroitre, en  privilégiant au contraire des pôles distribués sur l'Île-de-France. De là notre attitude négative à l'égard de plusieurs décision de la Maire : modification du PLU (plan local d'urbanisme) pour supprimer le COS (coefficient d'occupation des sols) et permettre ainsi de densifier l'habitat (en autorisant les surélévations par exemple), construction de tours, notamment la monumentale Tour Triangle, maintien à tout prix de Roland Garros à Paris, alors que Versailles était volontaire, et enfin une candidature pour les J.O. de 2024 (après des Gay Games déjà prévus pour 2018) pour mettre les projecteurs une fois encore sur Paris.

    Le projet de "Métropole du Grand Paris", qui sera mis en œuvre dès 2016 avec Paris et les 123 communes de la petite couronne, va dans ce sens pour ses 6,7 Millions d'habitants, pour autant que ses dirigeants y voient un moyen de procéder à un rééquilibrage salutaire. Nous sommes à la veille de ce qui sera une mutation profonde pour la région parisienne. Alors, pourquoi les élus de Paris ne décideraient-ils pas, en attendant, de surseoir à toute décision du genre de celles que nous dénonçons, pour simplement laisser les parisiens tranquilles et leur permettre de respirer.

    Gérard Simonet

     

    (*) A titre de comparaison, Londres affiche des densités deux fois plus basses que Paris pour les 3.232.000 habitants des "inner boroughs" (équivalents aux arrondissements de Paris), soit 13.200 habitants/km² (contre 24.000 à Paris). (Chiffres Alain Bertaud – New York pour 2011).  Télécharger les chiffres

     

  • A7Façade de la pâtisserie "Bontemps" 57 rue de Bretagne (IIIe) (Photo VlM)

     

    Une ancienne de la haute finance qui s'est lancée dans les gâteaux pour créer la Maison Bontemps 57 rue de Bretagne (IIIe). L'évolution n'est pas peu banale.

    Le magasin est discret et fait face au Square du Temple. Mais lorsque l'on pénètre dans la pâtisserie le décor est soigné avec sa jolie vitrine bleue remplie de présentoirs à gâteaux anciens, cette belle vaisselle d'autrefois qui rappelle le « bon temps ». Le laboratoire est au sous-sol.

    A7Intérieur de la pâtisserie "Bontemps" (Photo VlM)

     

    Quant aux gâteaux il sont aussi agréables à l’œil que délicieux. Fiona, la responsable passionnée, vous explique chaque fabrication et vous oriente plutôt vers le cœur Framboises de Corrèze et Fruits de la Passion, le Bontemps Pistache Bio de Sicile ou l'exceptionnel cake au citron, le sablé restant la base des productions.

     

    A7La vitrine bleue et la collection de ses présentoirs à gâteaux en porcelaine (Photo VlM)

     

    Un spécialiste de la pâtisserie a écrit sur cette maison … "La pâte et les préparations sont réalisées chaque jour avec les meilleurs produits. Les ganaches sont légères, les accords de saison (fruits), les chocolats et le pralinés reçoivent de notre part une médaille d’or. L’ acidulé des fruits de la passion semble avoir trouvé sa moitié avec le sel de Guérande discret de la pâte sablée".

    Alors avis aux gourmets et aux gourmands.

     

  • BostonBoston, Massachusetts – USA

     

    On ne peut pas dire que les habitants de Boston soient des plaisantins. Héritiers des migrants du Mayflower (les Pilgrim Fathers) qui aborda les côtes du Massachusetts en 1620, ils vivifient une métropole de près de cinq millions d’habitants qui accueille les plus grandes universités du monde, le M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology) et Harvard. Et Princeton, qui hébergea Albert Einstein, n'est pas loin …

    Les habitants de Boston viennent de se déterminer : ils disent NON à une candidature aux Jeux Olympiques de 2024. Leur Maire, Marty WALSH, vient de l'annoncer, en souhaitant avec une pointe d'humour, bonne chance à d'autres villes plus dignes que la sienne d'organiser une manifestation de cette envergure….

    Parmi elles Paris, dont la Maire Anne Hidalgo a été un temps hésitante puis a cédé au lobby qui va du président François Hollande à tous ceux dont c'est l'intérêt que la Ville se lance dans l'aventure au risque de se trouver face à un déficit financier dont elle aura du mal à se remettre et que les contribuables parisiens devront bon gré mal gré assumer. Il faut méditer sur Londres, dont le budget initial des JO de 2012 était de 3 Milliards d'€ et qui a fini par atteindre la bagatelle de 13 Milliards d'€. Sans que les retombées soient au rendez-vous (voir à ce propos l'article très documenté de "The Economist" de février 2015  "Just Say No !")

    L'erreur majeure de cette candidature ne s'arrête malheureusement pas à cette considération financière.

    Paris, qui étouffe sous une densité d'habitants record en Europe (24.000 habitants au km², alors que Boston par exemple n'en affiche que 5.000), dont l'activité économique aspire ou stérilise celle de sa périphérie et engendre une demande de logements qu'on ne peut pas raisonnablement satisfaire. Paris dont la pollution aux particules fines est devenue intolérable et cause des ravages sur la santé de ses habitants. Paris où il est devenu impossible de faire régner un semblant de propreté tant les foules qui l'occupent deviennent incontrôlables avec un record mondial de 35 Millions de visiteurs par an (*). Paris ne peut pas assumer et ne veut pas d'un évènement qui ne peut qu'accentuer ses souffrances.

      CanalUn haut-lieu de Paris : l'eau du canal Saint Martin (Xe) (Dossier "Marion", habitante du Xe) Article "Les Inrocks"

     

    A l'image des habitants de Boston, qui sont tout aussi respectables que ceux de chez nous, il faut que les parisiens fassent savoir urbi et orbi qu'ils ne sont pas d'accord pour que leur ville fasse acte de candidature. Le Comité International Olympique est sensible à l'accueil que réservent les citoyens au projet. Nous comptons sur de nombreux commentaires de nos lecteurs pour enrichir ce dossier.

    Dire comme on l'entend que les français y sont favorables n'a pas de sens. Ce sont les parisiens exclusivement qu'il faut consulter et nous maintenons qu'un référendum doit être organisé à Paris, puisque c'est la Ville de Paris qui postule.

    Nous demanderons aux médias de nous relayer. Les temps ont changé : sous la mandature précédente, les équipes dirigeantes de la Mairie de Paris pouvaient à coup de communication savante et de pseudo concertation ou démocratie de proximité faire passer des vessies pour des lanternes. Aujourd'hui, avec Internet et les réseaux sociaux, il n'est plus aussi facile de nous infantiliser avec un enfumage subtil car nous raisonnons et nous échangeons.

    L'opposition mérite d'être fustigée son tour. Elle a cédé au chant des sirènes des promoteurs de la "Tour Triangle", elle a voté comme un seul homme en faveur des Jeux Olympiques de 2024 (sachant que nous sommes déjà concernés par les Jeux Gay de 2018 et l'Exposition Universelle de 2025), elle vote à chaque conseil de Paris le déluge de subventions aux associations qui emplissent les ordres du jour (voir celui des 29-30 juin et 1er juillet 2015) et vident nos poches. Il y a des élections importantes en décembre (Régionales). Il faudra que les masques tombent et que des engagements crédibles soient pris pour que nos bulletins aillent vers ceux qui partagent réellement nos convictions.

    Gérard Simonet

     

    (*) Ces 35 millions de visiteurs effectuent 4 nuitées environ par séjour. Ceci se traduit par un excédent "d'équivalent population" dans Paris de 350 à 400.000 personnes

     

  • LuthierVitrine de la boutique du luthier, 6 rue Charlot (IIIe) (Photo VlM)

     

    Le Marais était autrefois le lieu de prédilection des artisans, pour la plupart des métiers d’art dirions-nous aujourd’hui. Bon nombre ont disparu avec l’évolution du quartier mais fort heureusement, il en reste encore quelques-uns et souvent qui œuvrent dans des domaines insoupçonnés (voir notre article du 30 janvier 2013 sur les éventails) demandant une longue expérience.

    Le bas de la rue Charlot (IIIe), non loin de la rue des Quatre Fils et de la cathédrale arménienne (notre article du 28 décembre 2013) abrite un rescapé, au N° 6, les « Ateliers de Lutherie Vent Bois » dont la destinée est aux mains de Guy Collin depuis 1988.

    Spécialisé notamment dans la réparation et la vente de flûtes bois et métal, de saxophones, hautbois, bassons et clarinettes, Guy Collin fait un peu figure de résistant face aux magasins de mode et aux bars–restaurants  qui ont remplacé peu à peu, depuis plusieurs décennies, ses nombreux collègues artisans.

    Après avoir enseigné la musicologie, musicien lui-même, être passé par Copenhague, Guy Collin passionné par les instruments de musique, s’est dirigé vers son métier actuel comme le prolongement de son attrait pour ces beaux objets, fruit de nombreuses heures de travail, qui ont pour les pièces d’occasion toute une histoire connue ou imaginaire qui leur est attachée.

    Les amateurs de ces « belles mécaniques » ont un premier aperçu en admirant les instruments exposés en vitrine, mais pénétrer dans l’atelier qui en   est plein aussi est autre chose ! Guy Collin vous fera découvrir les plus remarquables donnant de nombreuses explications qui vous plongeront dans un monde inconnu qu’il maîtrise à la perfection.

    Vous apprendrez davantage sur les opérations d’entretien, de révision, de  retamponnage ou de débosselage qui redonne vie et allure aux instruments les plus abîmés.

    Nombre d’artistes ont franchi la porte pour faire reprendre leur flûte ou leur basson et leur joie est immense lorsqu’ils récupèrent leur « outil de travail » qui semble avoir subi une cure de jouvence, le sourire qu’affiche leur visage est la plus beau remerciement que peut recevoir Guy Collin.

    « Objets inanimés avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer » (Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses)

    Dominique Feutry

     

  • Grenier st lazare déchets bouteilles 13 07 15Rue du Grenier Saint Lazare (IIIe) (Photo EH)

     

    Ce matin du 13 juillet les riverains éberlués ont découvert cet amas de canettes au pied du container à verre qui trône sur le large trottoir de la rue du Grenier Saint-Lazare (IIIe).

    L'un d'eux nous envoie cette photo sous le titre "la honte !" et stigmatise l'inertie de la Mairie de Paris.

    Au premier degré, les services de la Ville sont évidemment "responsables". Sont-ils "coupables", pour reprendre ce fameux débat autour du sang contaminé ? En d'autre termes, comment éviter qu'une place soigneusement nettoyée se retrouve copieusement souillée, peu de temps après, par des dépôts massifs de déchets qui sont le fait d'une "foule" ?

    La foule en effet est incontrôlable. En promouvoir le rassemblement, stimuler la participation, se réjouir de la mobilisation de centaines de milliers de personnes, quel qu'en soit le motif, souvent respectable, c'est prendre le risque (qui devient une certitude), d'en payer le prix.

    ChrlieLe monument de la place de la République (Photo "Libération")

     

    Le phénomène "Charlie" a uni la France autour du refus de la barbarie et la place de la République a été au cœur de l'évènement. Il n'est venu à l'idée de personne à ce stade ("Libération", toutefois, a lancé un ballon d'essai), de se plaindre des graffiti qui recouvrent encore la statue de Marianne en bronze et le soubassement en pierre qui accueille les allégories de la Liberté de l’Égalité et de la Fraternité, car elles sont le fait d'une foule qui a cédé à une émotion légitime. En d'autres circonstances, les mêmes inscriptions auraient soulevé des vagues d'indignation.

    On voit donc que les phénomènes liés à la foule ne sont pas jugés à l'aune des lois et règles en vigueur mais bénéficient d'une complaisance inhabituelle à l'égard de formes diverses de dégradation du bien public et privé.

    Le triste spectacle qui nous est rapporté de la rue du Grenier St Lazare, dont nous ignorons les tenants et les aboutissants, semble issu tout droit d'un rassemblement de personnes, en plein air ou dans un établissement, qui ont consommé de la bière en abondance, probablement dans la nuit du 12 au 13 juillet. Les conteneurs de verre sont déchargés périodiquement par les services de la Mairie de Paris. Rien n'est prévu pour l'enlèvement de dépôts massifs et simultanés comme celui-là.

    De ce point de vue, la municipalité n'est pas fautive. Elle serait bien inspirée toutefois d'envoyer ses inspecteurs enquêter sur un évènement qui se traduit par une nuisance pour les riverains, et réagir en amont, en coopération avec la police si nécessaire, pour éviter la récidive.

    Pas fautive … au premier degré seulement. La Maire de Paris, Anne Hidalgo, dont nous avons vu l'élection avec sympathie, est en train de perdre peu à peu son capital de confiance en faisant tout pour que Paris absorbe ce qui se présente, avec la voracité d'un trou noir (*), La liste est déjà longue : Roland Garros qui verra la destruction d'une partie des serres d'Auteuil, la Tour Triangle et ses 70.000 m² de bureaux alors même que le marché est saturé, les tours du XIIIe, les Jeux Olympiques de 2024 (après des Jeux Olympiques Gay en 2018) et de façon concomitante l'exposition Universelle de 2025. Sans oublier le PLU (plan local d'urbanisme) de Paris dont le coefficient d'occupation des sols (COS) est supprimé pour densifier encore l'habitat parisien.

    Cette boulimie serait de l'ambition louable si Paris était une ville défavorisée. La réalité est tout autre : elle est dotée de mille appas, avec son architecture exceptionnelle, sa richesse culturelle et son histoire, sa création artistique, le romantisme des bords de Seine… Sa population est la plus dense d'Europe avec 24.000 habitants au km² ; son activité économique est vivace au point de susciter une forte demande de logements et son attractivité font pâlir ses rivales puisqu'elle est la première destination de touristes au monde (35 millions de visiteurs par an).

    La réalité est que la Maire de Paris, qui règne sur 2.200.000 habitants ne se préoccupe pas des 10 millions de citoyens qui peuplent sa périphérie, encore moins de trouver un équilibre avec les autres métropoles françaises. Ce faisant, elle satisfait son ego mais elle vise à accroitre la population et l'activité propre à un Paris intra-muros déjà sursaturé, asphyxié par la pollution et au bord de l'explosion.

    Ceci nous ramène au titre sur l'impossibilité de gérer les foules : toute mesure qui se traduit par une hausse potentielle de la fréquentation génère son cortège irrépressible de nuisances : saleté, bruit, pollution et inconfort. On a le vague espoir que 2016, qui voit la naissance du "Grand Paris", introduise plus de solidarité entre le cœur de Paris et les communes voisines, une véritable décentralisation et moins d'égoïsme à l'égard du reste de la France. Un exemple : Versailles était candidate pour Roland Garros, avec son prestige, ses espaces illimités et sa proximité avec la capitale. Fallait-il condamner son ambition légitime en mutilant les serres d'Auteuil, un élément de notre patrimoine collectif ?

    Gérard Simonet

     

    (*) Trou noir : singularité de l'espace-temps en astrophysique. Le "trou noir"  aspire et détruit tout ce qui passe à sa portée, y compris la lumière (ce qui explique son nom et le fait qu'il ne soit pas visible)

     

  • Frederique_PANASSACEntrée du Crédit Municipal 55 rue des Francs Bourgeois (IVe)

     

    Le Crédit Municipal de Paris ayant son siège dans le Marais (55, rue des Francs Bourgeois IVe), il nous parait utile et important de mettre en lumière et d'expliquer les événements qui le concernent. En l'occurrence, des informations reprises dans la presse depuis plusieurs semaines font état de difficultés rencontrées par la vénérable institution. 

    Qu'en est-il exactement ?

    Il s'agit en réalité d'une situation cantonnée à sa filiale bancaire créée en 2005, CMP Banque. Cette dernière est en effet déficitaire depuis plusieurs années, la production de prêts, objet de son activité, étant insuffisante pour couvrir les coûts qu'elle génère.

    Cmpbanque

    Malgré un plan de départs mis en œuvre en 2013, la décision qui devrait être prise se traduira par l'arrêt pur et simple de cette diversification et sans doute entraînera des licenciements. Pour l'instant est annoncée l'information/consultation du Comité d'entreprise. Pendant plusieurs années encore le stock de crédits en cours continuera néanmoins à être géré jusqu'à son extinction. 

    Lors du dernier Conseil de Paris une recapitalisation significative de 42 millions € a tout de même été votée afin de donner les moyens à l’établissement de fermer sa filiale sans impacter ses autres activités. 

    Il importe donc de bien noter que l'activité "historique" de "ma tante" n'est pas concernée par ces mesures. 

    Dominique Feutry 

     

  • A2Affiche annonçant l'opération de "Jeune Rue" (IIIe)

     

    Une jeune start-up spécialisée dans la location de boutiques éphémères, HopShop, reprend le projet de la Jeune Rue (voir nos articles des 14 décembre 2014 et 8 février 2015) en lançant une opération de crowdfunding (financement participatif) KissKissBankBank.

    Ainsi seront installés pendant 2 semaines de jeunes entrepreneurs dans des boutiques éphémères, à loyer zéro, dans la rue du Vertbois du 4 au 18 juillet 2015  !

    Designers, stylistes, commerces de bouche et créateurs seront chez eux pendant 10 jours.

    Les entrepreneurs et animateurs de la start up  ont réussi à trouver 10 emplacements.

    Si la campagne de crowfunding réussit (il y a  28.000 euros à trouver), 20 marques (principalement textiles mais aussi de bouche) pourront participer.

    La Ville de Paris ne s'engage pas pour l'instant, compte tenu du fiasco du précédent projet.

     

  • Passage désirLe "Passage du Désir", 23 rue Ste Croix de la Bretonnerie (IVe)

     

    C'était en 2008, il y donc sept ans, ce magasin ouvrait ses portes dans le IVe avec son pendant rue St Martin (IVe). Il suscita un article de notre part que nous vous invitons à redécouvrir car il décrit les prémisses de l'évolution dont nous constatons les effets sur nos quartiers aujourd'hui.

    Vous verrez que nous avons plutôt applaudi (sans frénésie cependant) à l'apparition de ce commerce plutôt insolite, car il n'avait et n'a toujours rien de vulgaire et qu'il respecte les codes du Marais en matière d'urbanisme. Mais nous avions à cette occasion alerté les élus, les deux Maires notamment, sur le risque que nous avions qualifié de "pigallisation" de nos quartiers. Allusion à leur spécialisation dans les commerces consacrés aux plaisirs en tous genres, dont on sait qu'ils ne font généralement pas bon ménage avec une certaine idée du paysage de la rue.

    Derrière ce néologisme, provocateur à dessein, se dissimulait deux visions différentes du Marais, alors que la révision de son PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) se profilait. Il y avait en effet deux façons d'interpréter le concept de "mise en valeur". L'une que nous avons toujours privilégiée qui est la réhabilitation et la restauration "pour l'amour de l'art" ; l'autre qui en faisait saliver déjà plus d'un, la possibilité d'exploiter extensivement notre cadre historique et son patrimoine sur des bases marchandes, dans la mesure où il faisait peu de doute que le succès commercial de masse serait au rendez-vous.

    Nos entretiens avec le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum nous avaient laissé penser que son option était a priori la deuxième. C'est pourquoi nous avions entrepris à l'époque de l'éclairer sur les conséquences prévisibles de cette orientation et son incidence sur la qualité de vie des habitants. Nous avions utilisé à cette occasion le terme de "pigallisation". Le mot avait rendu le Maire perplexe mais peut-être l'a-t-il incité à méditer. Il est vrai que les litiges que nous vivons aujourd'hui avec le musée Picasso et le Carreau du Temple semblent démentir qu'il ait infléchi son orientation mais on peut penser qu'il ait été dans les deux cas entrainé à son corps défendant dans des stratégies d'entreprises où seul le résultat financier compte. On espère toutefois qu'il s'en souviendra et que son entourage en tirera la leçon.

    On se souvient de sa déclaration au moment des élections municipales de 2014 d'où il ressortait que sa priorité serait désormais la qualité de vie et la tranquillité des habitants. Sans doute est-il prisonnier des opérations déjà lancées mais on peut espérer au minimum qu'il réfléchira à deux fois avant d'en lancer de nouvelles. Il est significatif, par exemple, que le Premier-Adjoint du IIIe, Gauthier Caron-Thibault, ait donné un avis défavorable à la demande de permis de construire du "restaurant sur le toit" du 2 rue des Quatre-Fils (nonobstant le fait que la mairie de Paris n'en ait tenu aucun compte…). Les mois qui viennent nous diront si notre analyse est pertinente ou candidement naïve.

    Dans le IVe Dominique Bertinotti était à la barre. Nous ne dirons jamais assez quelle a été sa détermination, quel a été son courage dans l'affaire de la grande boite de nuit de la rue Pierre au Lard, dont la réalisation aurait déstabilisé le secteur. Son successeur Christophe Girard a suivi la même voie, en se rendant ultérieurement compte que la solution du problème était contenue dans la révision du PSMV.

    Mme Bertinotti a aussi œuvré, mais sans succès, à résoudre le scandale de l'occupation de l'espace public par le COX-BAR. Elle a cru en 2010 que la signature par toutes les parties d'une "charte des bons usages de la rue des Archives" conduirait à la fin des conflits. On sait qu'il n'en a rien été.

    Bertinotti archives charteDominique Bertinotti présentant sa charte aux commerçants de la rue des Archives, le 25 mai 2010

     

    Christophe Girard a pris la suite en 2012. Le mieux qu'on puisse dire est qu'il subit aujourd'hui une situation qui le dépasse (notre article du 21 juin). Sauf pour lui à nous apporter la preuve du contraire dans les mois qui viennent.

    Les craintes que nous formulions en 2008 se sont vérifiées mais l'orientation prise ne débouche pas à l'évidence sur cette "pigallisation" que nous avions appréhendée. Les commerces douteux n'ont pas fleuri. A leur place c'est le luxe qui s'impose avec la gentrification  des quartiers. Au détriment il est vrai du commerce de proximité qu'on regrette comme un vieil ami qu'on aimait et qui disparait sans qu'on puisse réellement en vouloir à quiconque.

    Gérard Simonet