Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Activités économiques

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    La rue des Francs Bourgeois (IVe), zone piétonne le dimanche

                    

    La rue des Francs-Bourgeois vient de perdre en quelques semaines trois enseignes, le magasin "Filofax" au N°32, "Oliviers and Co" qui était installé au N°34 dans une ancienne pharmacie (voir notre article du 23 mai 2009) et le magasin "Art du Bureau" présent depuis plusieurs dizaines d'années au N°47. Un à un, tous ces commerces sont remplacés par des boutiques de mode qui ont progressivement détrôné les autres activités, notamment de bouche. Seuls subsistent le magasin de surgelés Picard et les quelques bars-restaurants (l'un d'eux au N° 23 a fermé il y a quelques mois au profit de la marque Tam-Tam). La chaîne Amorino avec ses glaces et ses chocolats a toutefois ouvert discrètement un point de vente à l'automne dernier au N°1 (tout près de la place des Vosges).

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     L'ancienne boulangerie du N° 29 avec son panneau central peint, devenue magasin de prêt à porter


    Les panneaux extérieurs du XIX° siècle d'une boucherie en face du N°6 ou ceux protégés de la vitrine et du plafond de deux boulangeries aux numéros 23 et 29 attestent des activités exercées par le passé. Les paysages et les scènes qui sont représentées sont des toiles peintes fixées sous verre. Quant à la dernière épicerie qui se trouvait juste à l'angle du passage qui mène à l'entrée du square des Blancs Manteaux, elle a fermé dans les années 90, lorsque sa propriétaire a pris sa retraite. Vêtements, bijoux de fantaisies (l'ouverture du magasin Fred au N° 6 qui proposait des pièces de joaillerie a vite tourné court), parfums, fragrances et produits de beauté, décoration « vintage » bordent le parcours des passants pour la plupart des touristes.

     800-the-filofax-centre-1-1320422821Filofax, l'enseigne qui vient de fermer ses portes

    Depuis 1999, la rue des Francs-Bourgeois est classée zone touristique, ce qui a provoqué l'accélération d'une mutation déjà entreprise plusieurs années auparavant. N'a t-on pas parlé alors d'« une rue aux boutiques pour shoppeurs bobos » ! Merveilleusement située, piétonne le dimanche, l'artère est en plein cœur de Marais sur l'axe très touristique « Centre Pompidou / Place des Vosges ».

    Les enseignes ont collé à cette évolution, un phénomène que l'on rencontre d'ailleurs dans d'autres endroits dans Paris ou dans d'autres villes, ce qui crée une forme de monotonie puisque ce sont toujours les mêmes marques qui s'installent. Certains nostalgiques se font une raison car pour eux ainsi va l'évolution du commerce qui suit les habitudes de consommation, les modes et la mutation des quartiers. "Vivre le Marais !" estime qu'il en va autrement et est favorable à ce que tout soit mis en oeuvre pour refaire de cette rue une zone d'achalandise diversifiée. Il est regrettable que les autorités  qui savent pourtant se doter des moyens nécessaires lorsqu'il le faut, restent passives face à ce glissement.

    Dominique Feutry

     

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    Entrée de l' hôtel 11, rue des Gravilliers (IIIe)

    Une façade grise, du verre et des montants en fer peints qui caractérisent souvent les ateliers d'artistes, donnent un aspect moderne à cet immeuble étroit situé au 11 de la rue des Gravilliers. Il s'agit en fait de l'entrée de l' Hôtel Jules et Jim. Ouvert depuis un peu plus d'un an, il se trouve à l'emplacement même qu' occupaient autrefois les établissements R. Pochat spécialisés dans le traitement des métaux précieux et laissés longtemps à l'abandon (cf notre article du 11 mai 2009)

     

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     IN MEMORIAM : Les établissements R. POCHAT

    Cinq ans d'études et 19 mois de travaux auront été nécessaires pour parvenir à transformer les lieux en un établissement, non pas de charme, mais "intimiste" tel que l'affirme le publicité. La gageure était ambitieuse puisque tout ou presque a dû être revu, entre démolitions, purge des anciens locaux, pose d'étais impressionnants, renforcement de la façade, construction et réhabilitation. Des tonnes de gravats, de terre (le sol ayant dû être dépollué jusqu'à 5 m de profondeur) et de matériaux sont évacués avant d'effectuer le terrassement, puis de réaliser les fondations des immeubles en béton, dont un de 8 étages, qui abriteront des chambres.

    Les  chambres dont certaines avec balcon sont réparties dans 3 bâtiments  que réunit la cour centrale pavée, sobre et accueillante où chacun peut flâner par beau temps. 

     

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    Cour intérieure avec son feu à l'âtre

    Les travaux ont été exécutés avec beaucoup de soin et le souci du détail, à la suite des études menées conjointement par les architectes y compris l' architecte des bâtiments de France, les décorateurs et les propriétaires. Des "curiosités" ont été installées ici ou là, elles donnent un caractère chic et une note à la fois sophistiquée et "branchée" à l'ensemble, comme ce joli mur végétal (un second va le rejoindre prochainement), cette cheminée à l'âtre dans la cour intérieure pavée, ce bois de pressoir devenu banc ou ces fûts en métal laqués de couleur éclatante qui servent de pots à des buis taillés en boule. Prendre un verre dans cet endroit chaleureux, le feu allumé est apaisant.

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     La réception de l'hôtel 


    Les chambres sont simples et bien conçues, garnies pour certaines d'entre elles d'une coque composite translucide donnant un aspect cocon à la pièce. La décoration est épurée. Nous avons remarqué, lors de la visite, des cadres mettant en valeur des "vestiges " trouvés sur place lors des travaux (morceaux de poteries des siècles passés). Le bar qui donne sur la cour est conçu tel un atelier ancien, une partie du sol est couvert d'un plancher récupéré sur place. Une plaque en verre épais a même été insérée parmi les lattes, ce qui permet d'apercevoir la cave éclairée avec ses bouteilles. Des objets décoratifs côtoient les livres et les revues, un appel à la lecture. Le mobilier oscille entre le style Jean Prouvé et le côté vintage des années 50/60.

    Un des deux maîtres des lieux,Geoffroy Sciard, nous a fait découvrir l'endroit. La qualité de l'accueil qu'il nous a réservé liée à des commentaires passionnés sur l'histoire récente de l'hôtel et plus ancienne concernant le site rendent cette adresse encore plus sympathique. Il nous précise que des événements sont organisés périodiquement chez Jules et Jim, telle cette exposition de sculptures monumentales de Nicolas Lavarenne ou des projections de films dans la salle de cinéma aménagée à cet effet. 

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       Sculpture "le guetteur" de N. Lavarenne 

    Pénétrer dans cet hôtel est donc franchement " bluffant" d'autant que derrière la façade, nous sommes loin d'imaginer ce que nous allons découvrir. Il n'a toutefois pas seulement suffi d'une idée, il a fallu aussi une bonne coopération entre tous les intervenants (la Ville, les Administrations, les Bâtiments de France, les architectes, les décorateurs, les spécialistes et les entreprises), un enthousiasme et une volonté proches de la passion pour mener à bien ce projet de longue haleine. La réussite est au rendez-vous et nous espérons que d'autres établissements de cette qualité et avec ce cachet  le rejoindront.

    Prix des chambres autour de 250 €/nuit, petit déjeuner : 18 €

    Dominique Feutry

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    Le local du restaurant Nanashi, angle Forez-Picardie (IIIe)

     

    Dans un article du 28 novembre 2012, nous décrivions le combat que mènent les riverains du 57 rue Charlot (IIIe) contre le bruit nocturne et les nuisances générées par un ensemble d'établissements festifs qui occupent tout l'espace limité par les trois rues Charlot-Forez-Picardie, résultat d'acquisistions successives et de transformations effectuées par MM. SAM SAM  BAKHTIARI Adrien et ATTIA Dov.

    L'audience s'est tenue comme prévu le 1er février devant le Tribunal de Police de Paris. L'association "Vivre le Marais !" s'est portée partie civile aux côtés des plaignants, la copropriété du 57 rue Charlot. La décision vient d'être rendue en date du 28 février 2013. Le prévenu est condamné à payer une amende de 450 € et 22 € de frais de justice. Il versera de surcroît 2.000 € de dommages-intérêts à la victime et 800 € à l'association.

    A l'appui de leur demande, les plaignants avaient obtenu un procès-verbal de la police du IIIe et des mises en demeure du BACN (bureau d'action contre les nuisances) de la Préfecture de Police de Paris. Pas moins de seize mains courantes avaient été déposées par les plaignants contre l'établissement.

    Nous attendons que les responsables des établissements adoptent désormais un comportement respectueux des riverains. Une récidive serait de leur part très grave car elle ouvrirait la voie à des sanctions encore plus lourdes et à une fermeture administrative.

    Gérard Simonet

     

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    La façade de la boutique sans nom du 42, rue de Sévigné (IIIe). (Photo VLM)

     

    Au N° 42 de la rue de Sévigné (IIIe), face au lycée Victor Hugo, est installée depuis peu une nouvelle boutique, peinte de couleur bleue assez doux, et qui attire l’œil du passant car aucun nom n'est inscrit . La curiosité aidant, il suffit donc de bien regarder, s'ouvre alors à nous un long local de 65 m2, un espace très sobre, une sorte de petite galerie.

    Nous sommes en présence d'un nouveau concept de magasin entièrement consacré aux modèles haut de gamme de la marque Adidas ! Plutôt mode et moins sport, il s'agit de la première implantation de ce type à Paris. D'autres ont déjà été réalisées à Londres et à Berlin. Les murs intérieurs sont cirés mais abîmés d'apparence, une fausse verrière dont des spots reconstituent la lumière du jour est supportée par des poutrelles métalliques. Le plâtre, le béton et l'acier dominent. Le must est donc de se retrouver dans une boutique Adidas sans imaginer qu'elle pouvait être implantée à cet endroit. Le nec plus ultra de l'abstraction en matière de vente… et cerise sur le gâteau, il existe derrière cette surface de vente, un autre espace de 340 m2 masqué par une cloison d'acier. Il sera consacré aux animations artistiques.

     

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    Intérieur de la boutique N° 42 rue de Sévigné (IIIe)

    Pour l'anecdote, précisons que le groupe Adidas était à l'origine une petite entreprise de pantoufles appartenant à un savetier bavarois du nom de Dassler. Lorsque les 2 fils héritent de l'affaire, ils fabriquent  des chaussures de sport. Le nom de la marque est la réunion du surmon "Adi" d'un des frères prénommé Adolphe et de "Das", 1ère syllabbe de Dassler. A la suite de démêlés avec les autorités américaines consécutifs à la Seconde Guerre Mondiale, les deux frères deviendront des ennemis et lorsqu'ils pourront reprendre les rênes de l'affaire après que leurs femmes respectives aient assuré une sorte d'intérim durant leur absence, l'un d' eux préféra partir et créer sa propre entreprise. Il s'agit de Puma !

    Un "remake" de cette mésentente familiale s'est aussi produit en France entre les frères Veron puisque l'un d'eux restera à la tête des voitures miniatures Majorette alors que son frère créera Norev (Veron en verlan) qui deviendra son concurrent direct ! Pour revenir à Adidas, nous nous souvenons de la reprise de cette affaire par Bernard Tapie puis des différents développements qui s'en suivirent et des difficutés, surmontées depuis lors, de l'entreprise. Aujourd'hui Adidas qui contrôle aussi Reebock est cotée en Bourse depuis 1998.

    Nous nous réjouissons de l'arrivée de cette enseigne, parmi les 10 marques les plus connues au monde, qui a choisi notre quartier pour implanter en France son nouveau concept, ce qui démontre que le Marais est aussi autre chose qu'un ensemble muséal.

    Dominique Feutry

     

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    Sobriété et distinction. Sous les arcades de la place des Vosges, ce restaurant, qui fait partie du patrimoine du Marais, est digne en tout point du cadre exceptionnel qui l'entoure (photo VlM)

     

    Bernard Pacaud crée l'Ambroisie en 1981 quai de la tournelle dans le Ve. Très vite, ce chef surdoué s'attire les faveurs d'un public de connaisseurs. Dix mois plus tard il obtient sa première étoile Michelin, un an après sa deuxième.

    En 1986, il se déplace au 9 place des Vosges dans le IVe, où il prend possession du local d'un joaillier. Il obtient sa troisième étoile en 1988 et ne l'a jamais quittée depuis. Au sein du club prestigieux des trois étoiles de Paris (ils sont 10 à Paris et 27 en France), il est le plus ancien dans cette distinction.

    Bernard et son fils Matthieu (32 ans) règnent sur la cuisine. Danièle est à l'accueil et veille sur la salle avec le maître d'hôtel M. Vetaux.

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     Danièle Pacaud et le maitre d'hôtel à gauche (photo VlM), Bernard Pacaud à droite

     

    La carte est sompteuse. Renouvelée tous les trois mois, elle s'appuie sur les produits de saison. Entrées et plats recourent à la truffe en ce moment : oeuf en île flottante sur coulis de truffe, aspic de foie gras à la truffe, feuilleté de truffe et salade de mâche, Mont d'Or à la truffe. Les crustacés occupent aussi une place de choix : feuillantine de langoustines, noix de Saint-Jacques, fricassée de homard, matelote de baudroie aux écrevisses….

    La carte des vins fait tourner la tête avant même d'y goûter. Un choix de dix millésimes de Montrachet, le plus grand des blancs de Bourgogne, donc du monde ! Un Pétrus 1995, dans les Pomerol. De la Romanée-Conti, dans la Côte de Nuits, réputée introuvable …. Des vins inaccessibles au commun des mortels mais nous sommes ici dans la demeure des Dieux de l'Olympe, dont le nectar était la boisson et l'ambroisie la nourriture, à ce qu'on dit.

    Il faut bien sûr casser sa tirelire avant de s'y rendre. Les entrées sont à 100 € en moyenne, les plats varient de 95 à 240 €, les fromages/desserts autour de 30 €. Pour les vins, il n'y a pas de limite. Si une bouteille honorable peut coûter autour de 300 €, les plus prestigieux dépassent 10.000 € !

    Il ne faut pas s'en offusquer. Ces artistes de la table travaillent pour le rayonnement de la France et pour l'équilibre de nos échanges. Leurs clients viennent du monde entier. S'il existe encore une clientèle locale, on assiste au déferlement de ressortissants de pays qui sont devenus nos créanciers, tandis que la vieille Europe s'essouffle. Tant mieux dans le fond s'ils sont prêts, par snobisme souvent, à dépenser 30.000 € pour s'offrir un vin mythique qui est hors de notre portée. Cet argent entre dans notre économie et nous en avons bien besoin.

    Il convient d'ajouter que plus de vingt personnes extrêmement qualifiées sont nécessaires au fonctionnement de l'établissement. Un restaurant qui est condamné à l'excellence, faute de quoi les étoiles s'éteindraient les unes après les autres. Dire qu'il est cher n'a pas de sens : il coûte le prix de la perfection.

    La décoration participe au plaisir du repas. On le doit à François-Joseph Graf. Il respecte l'environnement XVIIème siècle de la place des Vosges mais ne s'en sent pas prisionnier. C'est ainsi qu'il n'a pas hésité à mélanger les genres pour le mobilier : l'art déco côtoie les styles anglais et viennois. Les tapisseries sont classiques et donnent au cadre de la chaleur et le sentiment d'être "chez soi", dans un décor irréel cependant, en attendant que résonnent les douze coups de minuit pour un retour à la réalité.

    Vosges 9 l'ambroisie-1Une des salles à manger (photo VlM)

    Dans ce restaurant d'exception, un évènement exceptionnel s'est produit. En 1997, Jacques Chirac alors président de la République, y a emmené son invité Bill Clinton. C'était une dérogation à la règle qui veut que les chefs d'Etat étrangers soient reçus à l'Elysée. Mais Jacques Chirac l'a voulu ainsi. Danièle Pacaud raconte que le quartier était envahi de gardes US armés, de fonctionnaires de la CIA, et les cuisines investies par une armée de goûteurs inquiets des risques que leur président soit empoisonné !

    Gérard Simonet

     

     

     

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    La rue des Rosiers (IVe), un lieu très fréquenté par les touristes


    Les responsables de l’hôtellerie parisienne ont le sourire. Malgré les prévisions pessimistes sur la baisse de fréquentation, le taux d’occupation des hôtels n’a pas faibli en 2012 comparé à 2011. Et cela en dépit d'un constat plus mitigé pour le reste de la France.

    Les chiffres sont encore meilleurs lorsqu’il s’agit des établissements 4 et 5 étoiles. Nous rappelons qu’un hôtel de ce type est prévu rue Bourg l’Abbé (IIIe) dans les anciens locaux des Bains Douches, le permis ayant été délivré par la mairie.

    Cette stabilité des nuitées à Paris n’est pas le fruit d’une baisse des prix – ceux-ci ont plutôt crû – il est dû au retour des américains (une progression de 11,4% a été enregistrée sur les 11 premiers mois de l’année) qui représentent au total 1,3 millions de personnes. Les japonais reviennent aussi (+ 6,2%) et leur nombre se rapproche de ce qu’il était avant Fukushima. Le plus fort taux d’accroissement est inattendu car il concerne les suisses (+20,3% au 30 novembre 2012).

    Quant aux touristes Chinois, leur nombre n’a pas changé par rapport à 2011. Le tourisme parisien se porte donc plutôt correctement ce qui en ces temps de crise est plutôt rassurant pour le commerçants en particulier, alors que par ailleurs les grands hôtels comme Le Ritz, Le Crillon ou Le Plazza sont en travaux et que les jeux olympiques de Londres apparaissaient comme un lourd handicap.

    Notre quartier est aussi un bon baromètre. Nous y côtoyons jour après jour de nombreux visiteurs dont beaucoup ne parlent pas français et les musées sont très visités. Des efforts ont été entrepris pour augmenter l’offre hôtelière, l’offre Musées, la qualité des grandes expositions (voir notre article du 6 septembre 2012) .

     

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    Touristes et parisiens sur les pelouses, place des Vosges

     

    Espérons que le prochain salon du tourisme (15 au 18 mars) confirmera la tendance. Pour les habitants et les riverains d’un quartier aussi touristique que le Marais, il faut veiller à ce que la propreté soit encore améliorée car des efforts sont possibles, en particulier les week-ends où les sorties nocturnes ne restent malheureusement pas sans trace sur la voie publique. Le Maire adjoint nouvellement en charge de la Propreté, Mao Péninou doit être particulièrement vigilant sur ce point et pousuivre la chasse aux tags et aux affiches sauvages.

    De même, il faut veiller à ce que les cars de touristes respectent les aires de stationnement qui leur sont réservées et évitent de faire tourner leur moteur inutilement pour maintenir la climatisation ou le chauffage, alors que les voyageurs visitent les musées. Enfin, autre point d’importance, le bruit. Plus les visiteurs sont nombreux et plus il y a de bruit. Nous avons évoqué à plusieurs reprises ce sujet (voir nos articles des 25 juin 2012 et 31 janvier 2013), nous continuerons à surveiller son évolution afin d'intervenir auprès des autorités chaque fois que nécessaire.

    Dominique Feutry

     

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    Le Bazar de l'Hôtel de Ville (angle des rues du Temple et de Rivoli) indissociable de son illustre voisin

     

    Lorsque des clients ou des flâneurs se rendent au BHV, peu d’entre eux imaginent que cet important magasin, devenu emblématique dans le paysage du sud du Marais, au même titre que l’imposant Hôtel de Ville, est né au début de la seconde moitié du XIXe siècle, de la vente par des camelots de bonneterie exposée dans de simples parapluies. Ces vendeurs étaient à la solde d’un certain Xavier Ruel, un commerçant imaginatif, quincaillier lyonnais, venu à Paris pour faire des affaires. Il s’aperçoit assez vite que la meilleure zone de chalandise est à l’angle de la rue des Archives et de la rue de Rivoli, une zone très passante.

    C’est donc tout naturellement qu’en 1856 il parvient à s’installer à cet endroit en ouvrant son commerce qui est encore loin de connaître l’ampleur qu’il déploiera plus tard sur la rue. L’histoire veut qu’à cette époque, les chevaux de l’attelage de l’impératrice Eugénie qui passait devant le magasin se sont emballés. Xavier Ruel réussit à maîtriser la monture. Il reçoit une récompense qu’il investit aussitôt dans son magasin dont le nom est le Bazar Napoléon.

    1bhv_cpa3Le BHV au début du XXe siècle


    Les affaires sous le Second Empire sont prospères, la France et Paris en particulier connaissent un développement sans précédent. De nombreux autres grands magasins sont aussi fondés durant cette période : le Bon Marché (1852), les Grands Magasins du Louvre (1855), la Belle Jardinière (1856), le Printemps (1865) et la Samaritaine (1869). Si par contre les Trois Quartiers avaient été créés bien plus tôt en 1829, les Galeries Lafayette n’ont quant à elles été ouvertes que beaucoup plus tard, en 1895 !

    Dans ce contexte de forte expansion, notre entrepreneur réussit et il parvient en 1866 à louer de plus grandes surfaces au 54 rue de Rivoli, mais il occupe toujours une façade assez réduite sur la rue, l’activité s’étendant à d’autres immeubles formant îlot. Les parisiennes apprécient la modernité affichée du magasin et ses comptoirs à prix fixes. Lorsque Xavier Ruel meurt, en 1900 l’affaire, fidèle à ses aspirations est plutôt populaire. Elle compte 800 employés.

    C’est un petit-fils, Henri Viguier qui, à 23 ans (il disparaîtra en 1967), prend les rênes du grand magasin. Il entreprend dès avant la première Guerre Mondiale d’énormes travaux, la rotonde et l’essentiel de la silhouette actuelle du magasin aménagés sur les plans de l’architecte Auguste Roy datent de cette époque. Le bâtiment s’élève sur 11 étages. Certains artistes connus, tels Marcel Duchamp, se fournissent au BHV pour créer leurs œuvres ajoutant à la notoriété du lieu.

     

    BHV  Vieille publicité du BHV 

    En 1926, le magasin étend ses activités à l’ameublement et au confort de la maison. Durant la Seconde Guerre Mondiale des étages sont fermés faute de marchandises. A la fin du conflit, le BHV ouvre des espaces au sous-sol, puis installe son premier escalator en 1954. L’année précédente il avait mis en place un service clientèle destiné à régler les litiges. Dans les années soixante sont créés de nouveaux magasins en Ile de France. Son « vaisseau amiral » dispose de l’air conditionné dès 1966. A cette même époque, il est surélevé d’un étage.

     

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    Les anges sous la coupole veillent aux destinées du BHV


    Dans les années 70, d’autres magasins seront ouverts axés sur le bricolage et la décoration. Il est bon aussi de rappeler que le BHV a institué dès 1932 les allocations familiales pour son personnel. De même durant le terrible froid de l’hiver 1954, touchés par l’appel de l’abbé Pierre, les dirigeants mettent des camions du magasin à disposition pour le transport des marchandises destinées aux nécessiteux.

    Au plan capitalistique, le BHV réalise son introduction en Bourse en 1960, il passe ensuite dans le giron des Nouvelles Galeries (1969), puis dans celui des Galeries Lafayette (1991) qui le détiennent toujours aujourd’hui.

    Le BHV après avoir fermé la plupart de ses magasins n’arrête pas de se transformer afin de résister à la concurrence toujours plus vive et essaie de trouver des services, espaces et nouveaux concepts qui le démarquent (espace homme, espace moto, espace chiens et chats, espace Médical, travaux à domicile, espace chaussures…). Il n’empêche que pour nombre de parisiens, il reste le « temple du bricolage » et les changements significatifs qui avaient été annoncés par le presse à l’automne dernier, nous avaient émus (voir notre article du 30 octobre 2012). Nous savons aujourd’hui qu’ils sont de moindre ampleur et que le BHV qui a pris son nom actuel l’année même de la Commune deviendra le « BHV Marais » en septembre prochain.

    Nous souhaitons qu’il reste encore longtemps une des grandes institutions de la Rive Droite.

    Dominique Feutry

     

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    Entrée de la Banque de France, rue Radziwill (Ier)

    Récemment j’ai eu l’occasion de visiter les locaux historiques du siège de la Banque de France au 31, rue Croix des Petits Champs (Ier) à deux pas de la Place des Victoires. Il s'agit d'une  chance et je souhaite partager ce que j'ai pu apprendre au sujet de ce patrimoine assez exceptionnel dont l'accès est difficile pour des raisons évidentes de sécurité.  

    On ne sait pas toujours que l’ensemble est formé de bâtiments construits au fil du temps en fonction des besoins de l’Institut d’Emission et qu’il comprend une ancienne et grande demeure, celle de l’Hôtel de Toulouse, témoignage des fastes passés. L’immeuble s’appelait à l’origine l’Hôtel de le La Vrillière du nom du secrétaire d’Etat qui le fit construire en 1640 par François Mansart dont ce fut la première réalisation d’importance. L’idée du propriétaire était notamment de pouvoir y abriter sa riche collection de peintures essentiellement italiennes. Pour ce faire le célèbre architecte conçut une longue et large galerie (40 m de long, 6,5 m de large et 8 m de haut) sur le modèle de celle qui existait au Palais Farnèse et qui servit d’exemple pour la galerie des Glaces à Versailles ou celle d’Apollon au Louvre. Le plafond est peint à la fresque par François Perrier qui fut assistant de Simon Vouet et professeur de Charles Le Brun. On lui doit la décoration du Cabinet des Muses de l’Hôtel Lambert (IVe). Quant aux murs, ils sont recouverts de 10 toiles prestigieuses exécutées en autres par Pierre de Cortone, Le Guerchin et Nicolas Poussin.

     

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    La Galerie Dorée

    Passé aux mains d’un Fermier des Postes, l’Hôtel est acheté en 1713 par le Comte de Toulouse, un des fils naturel de Louis XIV et de Madame de Montespan. L’Hôtel prend alors son nom, toujours actuel, d’Hôtel de Toulouse et restera dans cette famille jusqu’à la Révolution. Il fait procéder à des aménagements par l’architecte Robert de Cotte. Sont installés des lambris dorés aux sculptures extrêmement abondantes de pur style Régence. Elles sont exécutées par François Antoine Vassé qui travailla pour le château de Rambouillet. Les travaux dureront 5 ans. Elles sont toujours en place et classées depuis 1926. Il faudrait des journées entières d’observation pour s’imprégner de l’ensemble des représentations sculptées représentées avec une minutie impressionnante et qui abondent sur les panneaux très vastes ouvragés sur toute leur surface. Les objets d’art et de nombreuses œuvres achetés par le duc de Penthièvre, fils du Comte de Toulouse, viennent compléter les collections. Lorsque ce dernier s’éteint en 1793, la propriété est saisie et les œuvres dispersées dans des musées notamment en province.

     Bdf5Détail des lambris

    La Banque de France déménage de la place des Victoires pour s’y installer en 1810, 7 ans après que Napoléon Bonaparte lui ait donné le monopole d’émission des billets. L’hôtel de Toulouse mal entretenu qui abrita un temps l’Imprimerie Nationale ne sera restauré qu’en 1865, année où est décidé un important programme de réhabilitation de la Galerie Dorée car la voûte est en passe de s’effondrer tant les désordres qu’elle présente sont importants. Il faudra 5 ans de travaux. La copie peinte sur une toile à l’identique de la fresque de Perrier sera appliquée sur la fausse voûte reconstituée et que l’on peut admirer aujourd’hui. De même les 10 grands tableaux transférés dans les grands musées de province seront copiés et remis dans leur emplacement dans les boiseries. Cette grande galerie sert désormais pour des réceptions, des grandes réunions internationales, elle fut aussi utilisée un temps pour faire passer les concours d’entrée des cadres de la Banque…

    Bdf20Meubles et tapisserie

    D'autres salons et bureaux renferment de belles pièces de mobilier français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles ainsi que des tapisseries, des porcelaines, des tapis et des peintures, certaines ont été exécutées par des artistes de renom comme Fragonard ou Boucher.

     

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    Jardin intérieur de la Banque de France

    Bien entendu la Banque de France est dépositaire de l’histoire et de la préservation des lieux qu’elle occupe, de sa propre histoire aussi puisqu’ elle a investi ce groupe d'immeubles (dont elle a augmenté la surface au XIXe siècle) depuis plus de 200 ans. Mais elle reste aussi une institution et un acteur importants dans le paysage économique français, une entreprise et un lieu de travail. Elle est à la fois institut d’émission, garant de la stabilité monétaire au sein de l’Euro système, garant de la sécurité des moyens de paiement, superviseur des établissements de crédit et d’assurance. Elle gère les réserves de change de la France (or et devises) et traite le surendettement des particuliers. Au–delà de ce rappel, pouvoir visiter la Banque de France est un "must". En y pénétrant, nous sommes plongés au sein même de l’un des prestigieux palais de la République si caractéristiques des lieux de pouvoir de notre pays. Il est possible de téléphoner longtemps à l’avance pour obtenir l’autorisation de visiter les lieux le samedi matin. Sinon, il reste les journées du patrimoine, mais la file d’attente est longue.

    Dominique Feutry

     

  • AnticStore-Medium-Ref-6527Magnifique éventail écaille et plumes de la Maison  Duvelleroy (vers 1900)

     

    A quelques encablures du Marais, au N° 2 du boulevard de Strasbourg, se trouve un rare atelier/ musée subventionné par la Ville de Paris connu le plus souvent des seuls connaisseurs et curieux. Il s’agit de la Maison Hoguet, dernier producteur spécialisé en France d’éventails haut de gamme. Les historiens s’accordent à penser que l’éventail est apparu sur les rives du Nil, il y a des milliers d’années. Les égyptiens s’en servaient pour éloigner les insectes et s’éventer. Sorte d’écran, cet accessoire est utilisé aussi en Chine, en Inde, en Mésopotamie et en Grèce puis à Rome où il devient un accessoire de mode féminine.

    L’éventail le plus ancien connu qui existe encore aujourd’hui se trouve en Chine, il date du VIIe siècle avant notre ère. Le Japon acquiert l’instrument dans les années 700. C’est dans ce pays qu’est inventé le « Sensu » c’est-à-dire l’éventail pliant. La légende voudrait que le fonctionnement des ailes de la chauve-souris ait inspiré l’artisan qui a mis au point le procédé. L’éventail arrivera en Europe au XVIe siècle par l’intermédiaire des portugais qui le ramenèrent du Japon et en firent commerce. Mis à l’honneur par les reines Elisabeth et Catherine de Médicis dans leur cour respective, c’est Colbert qui instituera la corporation des éventaillistes en 1678, au détriment des doreurs sur cuir et des merciers qui en assuraient la fabrication.

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    Différentes étapes de fabrication  d'un éventail

    Pour être reçu maître, les étapes sont longues car produire un éventail est complexe, cela nécessite de nombreuses opérations et exige une solide expérience. L’éventail connaît un fort développement dans les grands pays européens mais reste un objet aristocratique reproduisant des tableaux connus sur ses feuilles montées sur écaille, ivoire, bois précieux ou nacre. Mais l’éventail se démocratise et devient accessible aux classes moyennes grâce à des procédés de fabrication plus « industriels » du fait de l’arrivée de nouvelles techniques (moule à plisser, pochoirs, impressions …). Si la Révolutions donne un coup d’arrêt, l’éventail réapparaît sous le règne de Louis Philippe où les productions du XVIIIe siècle sont copiées. 409_eventail

    Eventail français "Les saltimbanques "1760

    La période la plus faste sera celle du Second Empire qui voit réapparaître notamment les éventails à plumes et les éventails publicitaires (ils avaient servis de vecteur de propagande lors de la Révolution) qui sont produits en grande série. La France est alors le principal producteur en Europe avec l’Espagne. Deux maisons se détachent dans cette activité, Alexandre et Duvelleroy. Il faut signaler que des peintres connus ont exercé leur art sur des éventails, tels par exemple Renoir ou Maurice Denis. N’oublions pas aussi de mentionner dans ce rapide résumé l’invention du langage des éventails mis au point par des marchands pour accroître leur chiffre d’affaires. On apprend ainsi que le fait de faire tournoyer un éventail dans sa main gauche signifie « nous sommes surveillés », si on le place près du cœur alors cela veut dire « tu as gagné mon amour »…

    Epb0210a                                       Eventail publicitaire pour Cinzano

    Soyons donc très prudents si nous utilisons un éventail lors des chaleurs de l’été. Même si nous apercevons dans ces moments particuliers quelques éventails, ils ne sont plus à la mode et sont peu utilisés de nos jours. Seules l’Espagne, la Chine et l’Inde ont maintenu une production de masse. Nous ne saurions trop vous conseiller de vous rendre à l’atelier/musée Hauguet qui maintient cet artisanat en fabriquant, en réparant et en exposant des éventails exceptionnels, La collection comprend près de mille pièces. Les heures d’ouverture pour admirer les objets sont les lundis, mardis et mercredis de 14h00 à 18h00.

    Dominique Feutry

     

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    Bords de Seine éclairés la nuit

    Jusqu’au règne de Louis XIV, Paris n’était pas éclairé la nuit ! Au début de son règne le Roi Soleil crée les porteurs de flambeaux qui moyennant rémunération, accompagnent les personnes qui le souhaitent. A partir de 1667, le Lieutenant Général de Police de Paris Gabriel-Nicolas de la Reynie fait installer un éclairage des rues durant l’hiver au moyen de lanternes à bougies suspendues à des poteaux par une corde (les mèches devaient être coupées toutes les heures…). L’éclairage à huile fait son apparition en 1759, sous l’impulsion d’un des successeurs de La Reynie, Antoine de Sartine. Une mèche trempe dans l’huile de tripes et la flamme de la lanterne est placée sous un réflecteur métallique qui « réverbère » la lumière vers le sol. Ces réverbères étaient suspendus soit à un câble, au milieu de la rue, soit accrochés à des potences. Ils étaient espacés de 50 m et éclairaient beaucoup mieux que les bougies. Les allumeurs de réverbères sont plus nombreux et doivent allumer entretenir et éteindre les lampes par tous temps. 

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    Allumeur de réverbères à Paris

    Les éclairages urbains à gaz font leur apparition à la suite de plusieurs découvertes françaises et anglaises de la fin du XVIIIe siècle. Les premières expérimentations sont faites en 1816 dans le Passage des Panoramas par l’anglais Windsor. Beaucoup furent émerveillés, même Louis XVIII investira personnellement dans cette activité afin de développer l’industrie française en retard sur celle du Royaume Uni. Ce système d’éclairage fut généralisé ensuite dans toute la ville malgré les frayeurs de ceux qui craignaient les risques d’explosion. Les premiers réverbères sur pied recevant les becs de gaz sont alors posés. Le préfet Rambuteau fut un fervent partisan de leur installation puisqu’au moment de son départ en 1848, 15 ans après sa prise de fonction, le nombre de réverbères au gaz était passé de 69 (il y avait alors encore 13 000 lampes à huile) à 8 600 ! Parallèlement les commerçants et les particuliers s'équipent afin de bénéficier de ce nouveau système d'éclairage.

     

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    Réverbère de Hittorf place de La Concorde

    Dès 1855, des règles précises sont fixées entre les pouvoirs publics et les producteurs de gaz sur la qualité et le prix du gaz. A la veille de la guerre de 1870, alors qu’il ne restait plus que 1000 lampes à huile, on estime que la consommation annuelle de gaz atteignait 26 millions de m3 dont 16 millions destinés à l’éclairage public constitué de 31 000 becs de gaz et 1000 km de canalisations qui les alimentaient depuis les différentes usines de production de gaz. Le rouleau compresseur des nouvelles technologies alliées aux grands travaux d’Haussmann avait produit ses effets. Avec la découverte de l’ampoule à incandescence en 1878, l’électricité condamne à terme l’usage du gaz pour assurer l’éclairage public. Même si les premières ampoules sont très dévoreuses d’énergie, les améliorations nombreuses et successives apportées ensuite et jusqu’à nos jours (lampes à décharge, tubes puis ballons fluorescents, lampes à sodium à basse et à haute pression, lampes à iodures et enfin les leds) auront raison du gaz d’éclairage.

     

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    C’est en 1900, à l’occasion de l’Exposition Universelle que les visiteurs découvrent que l’électricité va prendre le pas sur le gaz qui ne disparaîtra définitivement de l’éclairage public qu’en 1962 ! L’éclairage électrique prendra véritablement son essor après la Première Guerre mondiale. L'arrivée de l'éclairage électrique annonce aussi la disparition des allumeurs de réverbères.

    Aujourd’hui la Ville de Paris est propriétaire des installations et la maîtrise d’ouvrage de l’éclairage public est assurée par la Direction de la Voierie et des Déplacements et le Service du Patrimoine de la Voierie qui lui est rattaché. Les installations se composent d’environ 90 000 supports dont 60 000 candélabres et 30 000 consoles sur les immeubles, auxquels il convient d’ajouter 2 200 lampadaires sur le boulevard périphérique. Il faut enfin savoir que la Ville a la charge des illuminations des 304 sites et monuments répartis dans la capitale. Comme toutes les communes françaises, l’éclairage public à Paris coûte cher.

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    Nouvel éclairage du pont de l'Alma

    La facture est d’un tiers environ du coût énergétique de la capitale. Au-delà de la question de la pollution lumineuse et en CO2 qui doivent être réduites car c’est un sujet important, un objectif a été fixé de diminuer de 30 % la consommation d’énergie d’ici 2020. Un vaste et difficile programme qui concerne les 200 000 points lumineux existants à Paris et comprend aussi bien la simple limitation des horaires d’éclairage des monuments que l’emploi de nouvelles technologies moins voraces en énergie et plus respectueuses de l’environnement. Le Pont de l’Alma a été rénové et son éclairage a été étudié de manière à ce qu’il ne représente plus que 10% de la facture avant modernisation de l’installation. Augurons que les exemples vont se multiplier et faire baisser les dépenses qui sont finalement à la charges des parisiens.

    Mais soyons réalistes et sortons de ce rêve passager car loin est sans doute le jour où nous verrons, comme conséquence d'une gestion budgétaire rigoureuse, nos impôts diminuer… !

    Dominique Feutry