Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Activités économiques

  • Savig olivier robert mai 09 

    Cet ancien magasin qui appartient à la RIVP (régie des immeubles de la Ville de Paris) au 5 rue des Haudriettes (IIIe), à l'enseigne de SAVIG, était fermé depuis des années. Une galerie d'art contemporain s'y installe. Son gérant, Olivier Robert (photo) nous annonce un vernissage le vendredi 29 mai, de 18h00 à 20h00.

    Nous formulons le voeu qu'il réussisse et qu'il entreprenne de mettre sa devanture en valeur. L'un va d'ailleurs volontiers avec l'autre. Pendant longtemps, elle a pesé sur l'esthétique de la rue par son état d'abandon et sa liberté vis à vis des règles du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais.

    On peut consulter le site de la galerie sur Olivier Robert

                                                                                                    

    Mots-clés : galerie d'art olivier robert rue des Haudriettes, PSMV Marais devantures

                                                                                                                            

  • Gravilliers 11 mai 09 

    L'immeuble R. POCHAT, 11 rue des Gravilliers (IIIe), le plus étrange de la rue. Comme son enseigne l'indique, il abritait, au siècle dernier, une activité courante dans le Marais : le traitement des métaux.

      

    Référence à cet animal qui ne ressemble à rien (c'est un mammifère qui pond des oeufs, possède un bec de canard, de pattes de loutre et une queue de castor et dispose d'un aiguillon venimeux), la société "Ornithorynque" bénéficie d'un permis de construire pour transformer cet immeuble insolite en hôtel.

    Il y a trois ans que le permis de construire est affiché. Rien ne se passait. On croyait au canular tant il paraissait improbable de loger un hôtel derrière une façade aussi mince. L'activité qu'on constate derrière la barricade prouve aujourd'hui qu'on est passé de la facétie à la réalité.

    L'immeuble rénové aura 25 mètres de haut pour 162 m² au sol ( le terrain s'évase vers l'arrière) et 633 m² de planchers. On comprend qu'il s'élèvera sur quatre niveaux et pourrait donc comporter une trentaine de petites chambres.

    Que ce bâtiment soit enfin rénové et qu'y soit créée une activité autre que le commerce de gros est en soi une bonne nouvelle. On ne peut s'empêcher de craindre, tout de même, que les taxis aient quelques difficultés à prendre et déposer leurs clients dans une rue qui est bloquée en permanence par des véhicules qui s'arrêtent en pleine voie pour livrer.

     

     

  • Ste croix 22 Barres contre terrasse

    A gauche, le 22 rue Ste Croix : le projet tel qu'il apparait sur le permis de construire. Un commerce a ouvert, "Le Bazar de la Mode", une sorte de caverne qui déverse sur la rue une musique racoleuse. L'arbre a disparu. La signalétique (immense panneau orange) s'harmonise mal avec le cadre urbain. L'arbre " de haute tige" qui figure au permis, est passé à la trappe. Le commerce a ouvert en l'absence du certificat de conformité. On attendait une réaction de la mairie. Rien n'a bougé.

    A droite, la contre terrasse si controversée du restaurant "chez Julien", avait disparu fin octobre 2008 à notre grande satisfaction, car elle enlaidit la perspective exceptionnelle de la rue des Barres et de l'église St Gervais-St Protais. Elle est revenue avec les hirondelles, au printemps. L'obligation faite aux commerces de ranger les meubles (tables, chaises …) à l'intérieur pendant la nuit n'est pas respectée. Nous avons adressé un courrier de protestation à la Maire Dominique Bertinotti, en date du 3 avril, avec copies à la direction de l'urbanisme et du paysage de la rue (17 Bd Morland), ainsi qu'aux Bâtiments de France, mais nous n'avons aucune réponse à ce jour. La mairie aurait-elle accepté l'inacceptable à seule fin de favoriser les affaires du restaurant ?

                                                                                                                                                             

    Mots-clés : rue Ste Croix de la Bretonnerie, Le bazar de la mode, certificat de conformité, chez Julien, contre terrasse, rue des Barres, Saint Gervais Saint Protais

                                                                                                                                                      

     

  • Degas école de danse 

    Edgar Degas (ci-dessus :"l'école de danse"), Odilon Redon, Edouard Vuillard, s'approvisionnaient chez eux. Mais aussi Louis Pasteur, dont le dessin au pastel était le violon d'Ingres.

     

    C'est un ancien pharmacien, Henri Roché, qui reprend les activités "pastels" de la marque "Macle" et ouvre un atelier de production en 1870. Il se spécialise dans le haut de gamme : des produits faits à la main à partir des meilleurs pigments, à l'image du dragon, symbole du secret qui entoure leur composition. Les plus célèbres pastellistes se servent alors chez lui.

    Isabelle Roché est son héritière spirituelle. Arrière-petite-nièce du fondateur, elle décroche un diplôme d'ingénieur civil des Ponts et Chaussées, mais après un début de carrière conventionnel dans un groupe pétrolier, elle décide d'embrasser, seule, la carrière de "métier d'art" et plonge dans l'histoire de sa famille "pour en perpétuer les gestes ancestraux", comme elle se plait à le dire.

    Âgée aujourd'hui de 35 ans, ce chef d'entreprise unipersonnelle affronte un défi : résister à la concurrence des produits bas de gamme, trois fois moins chers que les siens, avec sa méthode artisanale de production des bâtonnets de pastels, pétris à la main et roulés au torchon.
     
    La qualité de ses produits est incomparable mais il faut compter 15 € pour un pastel Roché. Les professionnels et les amateurs éclairés ne voient que par Isabelle Roché. Elle vend en France mais aussi aux USA, au Japon, en Grande-Bretagne ….

    Son atelier se trouve dans les Yvelines. Au 20 rue Rambuteau, elle dispose d'un local d'exposition-vente ouvert un jour par semaine, le jeudi (Tél. 01 40 29 00 67). Elle n'est pas, comme certains, installée sous une verrière mais en pied d'immeuble en fond de cour. Le PSMV, quelque évolution qu'il connaisse, ne la concernera pas.

     

    Pastels roché

                     

  • Flera enseigne  Flera 25 02 09

    Flera, 5 rue Chapon (IIIe), une enseigne gigantesque, genre pompes funèbres, une provocation quand on sait que le règlement du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais exige des lettres de petite taille et des couleurs discrètes.

    En réaction à l'indignation des riverains, nous l'avons signalée à la direction du Paysage de la Rue de la Mairie de Paris et aux Bâtiments de France en septembre 2008. Les choses n'ont pas traîné. Le commerçant a déposé son enseigne (photo de droite). L'état déplorable dans lequel il a laissé le bandeau pourrait laisser penser qu'il persévère dans la provocation, en montrant que le remède est pire que le mal.

    Nous verrons dans les prochains jours ce qu'il faut en conclure. Quoiqu'il en soit, ces péripéties seraient évitées dans l'intérêt de tout le monde si les commerçants comprenaient qu'il faut prendre la bonne orientation au départ et déposer un dossier préalable auprès des services de la mairie. A ceux d'entre eux qui nous lisent, nous demandons qu'ils cliquent dans le lien suivant : vivrelemarais.org/reglementation.pdf

    Ils y trouveront les règles générales applicables aux devantures et le mode d'emploi pour rédiger et déposer leur demande. Un gros travail de sensibilisation et d'information sur le sujet reste à faire dans les mairies d'arrondissement. Il en a été question à diverses reprises mais on n'est pas allé au-delà des intentions. Nous répétons notre étonnement que des municipalités dont 75% du territoire est en secteur sauvegardé n'aient pratiquement rien fait pour le faire savoir et obtenir de leurs administrés une discipline dont il faut bien comprendre qu'elle sert l'intérêt de tout le monde, à commencer par les commerçants eux-mêmes.

    Que les maires n'y voient pas nécessairement une critique de notre part mais plutôt une incitation à ouvrir un chantier qui ne nécessite pas des moyens gigantesques et dont les effets seraient rapidement visibles. Notre site est à leur disposition. Nous sommes prêts à leur en céder gratuitement le contenu. Précisons que l'application a été développée par des membres de notre association, sous le contrôle de l'Architecte des Bâtiments de France et de la direction du Paysage de la Rue de la Mairie de Paris.

    Mots-clés : devantures de commerces, enseignes, règles applicables, PSMV, Marais Paris

                                                                                                                                         

  • Archives sud vue générale Contre terrasse archives

    Rue des Archives côté impair, successivement le Daily Monop' du BHV, Starbucks, le COX et, in fine, l'Open Café, dans un alignement parfait. Pour des raisons historiques, le côté pair ondule au rythme des édifices remarquables qui bordent cette rive.

     

    Nous avions déjà parlé de ce projet. Notre article du 23/09/08 était prémonitoire. La Maire du IVe, Dominique Bertinotti, en conseil d'arrondissement avait qualifié nos information de "fantaisistes". C'est pourtant le projet que nous avions esquissé à cette époque qui est ressorti hier. Notre confrère lindependantdu4e vient de lui consacrer un article. Nous lui empruntons l'image qui nous a été projetée.

    Il s'agit, en raccourci, d'élargir le trottoir ouest pour créer des contre terrasses au profit des établissements en bordure, un passage piétons étant aménagé entre la façade et cette contre terrasse.

    Le projet qui nous a été présenté, dont nous estimons le coût entre 1,5 et 2 Millions d'€, n'est apparemment pas porté par la direction de la voirie, dont l'ingénieur, Philippe Chouard, s'est contenté, ce qui ne mange pas de pain, de raconter l'histoire de la rue du moyen âge à nos jours. C'est Jean Didier Laforgue, un représentant de l'urbanisme qui a travaillé avec le CSTB (centre scientifique et technique du bâtiment, statut d'EPIC), qui s'est dévoué pour le faire. 

    La réaction a été violente dans le camp des habitants. "Catastrophique, oeuvre de technocrates, enthousiasmant pour les cafés-bars, économisez l'argent des contribuables et ne touchez à rien, laissez nous dormir la nuit, j'étouffe d'indignation !". Plus mesuré : "notre quartier est un patrimoine qu'il faut songer à valoriser".

    Une commerçante a pris la parole pour approuver le projet et on a eu droit ensuite à une intervention de Gérard Siad, Président du SNEG (syndicat national des entreprises gay). Il a exprimé son étonnement devant l'ampleur du projet, et le désir de son syndicat de veiller à l'harmonie avec les riverains. C'est aussi à peu de choses près ce que nous avons dit. Il faut se rappeler qu'à l'origine de l'affaire (il y a trois ou quatre ans), nous avions souligné le caractère particulièrement agréable de cette portion de la rue et la qualité de son patrimoine, en regrettant vivement, toutefois, qu'un bar en particulier, avec ses attroupements réguliers le soir qui condamnent le trottoir, concentre l'insatisfaction des riverains et leurs critiques.

    On a obtenu des améliorations depuis, grâce il faut bien le dire, à la police, et on peut convenir qu'au prix de quelques aménagements complémentaires et mineurs, les riverains et les autres commerces considèreraient la situation comme satisfaisante. Chacun semble s'accorder, notamment, sur le fait que la largeur de la rue ne doit pas être réduite.

    Dès lors, les vents se sont levés et le calme a succédé à la tempête.

    Dominique Bertinotti en a pris acte et a décidé de créer une "commission de rue" chargée de finaliser une proposition. C'est très bien et parfaitement démocratique. Elle a eu pourtant un mot malheureux qu'elle doit regretter et que nous voulons bien lui pardonner car le verbe quelques fois déborde la pensée ; elle a dit ceci : "si vous venez ensuite vous plaindre, vous ne serez pas entendus, et si le bruit vous dérange, ce n'est pas dans le Marais qu'il faut vivre !". Première magistrate de la cité, garante de l'ordre public, elle aurait dû dire que nous sommes et resterons toujours en droit de nous plaindre du non respect des lois et règlements de la république. Au lieu de nous inviter à partir.

     

                                                                                                                                 

  • Rambuteau bnouveaux restaurants 

    En l'espace de quelques semaines on a vu s'établir : un traiteur grec, une crêperie, un fabricant de tartes et une trattoria italienne. Leurs devantures élégantes s'insèrent dans un ensemble de commerces qui valorisent l'esthétique de la rue. (celle de "Berko", au milieu, n'est pas tout à fait finie)

     

    Cette portion de la rue (IVe) commence avec "Le Celtic", à l'angle Temple. C'est là que Brahim se tient le dimanche, avec ses journaux, toujours prêt à des discussions philosophiques, avec les habitués, sur le sens de la vie. La série des petits restaurants commence plus loin, avec "Le Soleil en Cave" dont la devanture jaune soleil et les vins corses vous invitent aux vacances.

    La poissonnerie s'est donné un nom qui lui va bien : "La Cabane du Pêcheur". "Francesca" et sa gastronomie italienne, au 21, arrive juste après. Son concept : des pâtes et des sauces variées dont on choisit la combinaison. Six pâtes et six sauces donnent trente six plats au choix ! elle propose aussi salades et desserts.

    Vient ensuite "Berko", le spécialiste de la tarte. Tartes salées, aux légumes, tartes sucrées aux fruits, façon grand-mère. Sa devise : un repas à la tarte !

    Au 23, chez "Crep' Story", on sert crêpes et galettes au sarrasin, et on boit du cidre dans toutes ses formes. Formule le midi à 12,50 € et une demi-heure montre en main, avec une galette, une crêpe et une bolée de cidre. Evitez le café, qui doit plus au robusta qu'à l'arabica. Ce défaut peut être corrigé très vite. Les galettes, en tout cas, sont excellentes.

    Pour rester dans la restauration légère, on peut faire un saut par dessus la librairie "Les Cahiers de Colette" et la boucherie "Provins" et atterrir chez "Dimitris", le traiteur grec. On a envie de prendre de tout car c'est appétissant et exotique à souhait. Attention quand même à ne pas aller au-delà des besoins, car l'addition pourrait réserver des surprises.

    mots-clés : Rambuteau, restauration légère, Marais, devantures

                                                                                                                                                                                                       

  • Amelot de bisseuil vue générale  Amelot de bisseuil

     La construction de l'Hôtel, commandée par Denis Amelot de Chaillou, 47 rue Vieille du Temple (IVe) remonte à la seconde moitié du XVIIe siècle. C'est son fils Jean-Baptiste Amelot de Bisseuil qui lui a laissé son nom. Il hébergea les ambassadeurs de Hollande autour de 1715 et connut d'autres occupants prestigieux, notamment Caron de Beaumarchais, qui composa dans ses murs en 1778 son frivole "Mariage de Figaro". A droite, portail et fronton. A gauche, vue générale et magasin Oliviers & Co, spécialiste en huiles d'olives.

     

    Détenu aujourd'hui par une société civile immobilière, la SCI Amelot de Bisseuil, qui gère les biens de la fondation Paul-Louis Weiller du nom de l'industriel et mécène qui fit l'acquisition de l'Hôtel en 1951, ce patrimoine remarquable cherche un nouveau souffle. Plusieurs options sont étudiées actuellement par les propriétaires pour que ces bâtiments en jachère soient désormais le cadre d'activités économiques ou culturelles dignes de ce qu'ils sont.

    La restauration entreprise avant la seconde guerre mondiale, et qui s'est poursuivie ensuite avec le concours et sous le contrôle de Jean-François Lagneau, Architecte en Chef des Monuments Historiques, en a fait un ensemble architectural parmi les plus riches du Marais, même si beaucoup encore reste à faire, notamment le ravalement de la façade et du fronton qu'on voit sur la photo.

    Pierre Kjellberg, dans son "nouveau guide du Marais" en décrit la richesse : "portail avec vantaux en quatre parties, sculpté par Thomas Regnaudin, fronton où sont représentées des figures de la guerre et de la paix. Au revers, Romulus et Remus. Vantaux décorés de médaillons d'enfants tenant des masques de méduses. Les bâtiments s'organisent autour d'une cour d'honneur étroite avec balcon à balustres de pierre et fronton soutenu par quatre termes d'enfants, et seconde cour plus vaste avec façade élégante percée de quatre niches ornées de statues. L'intérieur conserve quelques pièces exceptionnelles avec décors et plafonds intacts ou bien restaurés".

    Oliviers & Co, distributeur mondial d'une carte de  25 crus exceptionnels d'huiles d'olives, tient boutique au rez-de-chaussée. Rose-Marie Fournier, qui gère le magasin, craint pour la pérennité de son bail. Dans le doute, le président Albert Baussan a décidé de le déplacer. Pour l'installer où ? nous en sommes ravis, dans le local de la fameuse pharmacie du 36 rue des Francs-Bourgeois (IIIe). On se souvient qu'elle défraya notre chronique avec la tentative de Tara Jarmon d'y implanter un magasin de vêtements, dont le projet de devanture sur l'Hôtel Poussepin  souleva l'indignation des copropriétaires et autres amoureux du Marais.

    Oliviers & Co promet de conserver la devanture en l'état, comme l'exigent les Bâtiments de France. Ils se contenteront, ce qui est admis, de remplacer le bandeau "pharmacie" par leur propre enseigne. C'est l'épilogue d'un combat amorcé en août dernier par les riverains, soutenu par notre association, contre un projet qu'ils désapprouvaient.  www.vivrelemarais.typepad.fr/blog/2008/08/index.html  (archives, article du 30 août 2008).

    Nous restons très attentifs au devenir de l'Hôtel lui-même. Pour en avoir parlé avec le président de la société qui le gère, nous avons le sentiment qu'il agira dans le respect du cadre architectural du Marais et avec le souci de protéger les riverains d'une atteinte à leur environnement.

    Gérard Simonet

     

    mots-clés : Amelot de Bisseuil, Ambassadeurs de Hollande, Marais, monuments historiques, Vieille du Temple, Oliviers & Co, pharmacie

                                                                                                                                            

  • Terrasse bâchée 

    Une terrasse bâchée dans le IVe

     

    On sait que les cafés-restaurants ont mal accepté la loi contre le tabagisme actif et passif qui interdit, depuis le 1er janvier 2008, de fumer dans les salles. Les gens de la profession estimaient que la fréquentation de leurs commerces baisserait si on interdisait aux clients de fumer.

    Le législateur est passé outre mais le contrôle s'est voulu tolérant. Il est admis, à Paris, qu'on fume à l'extérieur sur les terrasses ouvertes, mais aussi fermées, pour autant qu'elles présentent une ouverture sur l'un des côtés. C'est du moins ce que nous comprenons.

    Mais chacun sait qu'il fait froid l'hiver. Les consommateurs sont volontaires pour s'installer dehors si on leur permet de fumer mais ils ne veulent pas mourir de froid. Aussi a-t-on vu pousser comme des champignons ces braseros qui entretiennent une température relativement confortable à l'intérieur des terrasses. Comme il s'agit d'une chaleur "rayonnante" (à l'image du soleil), l'effet est assuré même si la terrasse est ouverte.

    Cette évolution pose divers problèmes. De santé publique d'abord. L'objectif de la loi, à savoir la baisse du tabagisme, est contourné et les restaurateurs sont complices. On aurait peut-être dû aller jusqu'au bout du raisonnement et traiter les terrasses comme l'intérieur. C'est ce qui a été fait sans concession dans les avions puis dans les trains. Personne aujourd'hui ne le regrette.

    Il faut ensuite se rendre à l'évidence et donner acte aux "Verts" : en période d'économie d'énergie, on dissipe toute la chaleur des chauffages d'appoint dans l'atmosphère. D'une certaine manière, on marche sur la tête.

    Enfin, il est difficile de dire que ces terrasses fermées par des bâches plastiques, avec une jupe qui traîne sur le sol, participent à la qualité du paysage de nos rues du Marais où le respect du patrimoine historique interdit en principe les agressions visuelles de cette nature.

    Un compromis est-il possible ?

    Nous le croyons. Pour commencer, on peut regretter que les fumeurs s'obstinent mais comprendre en même temps leur attitude et l'accepter dès  lors qu'ils ne gènent pas les autres consommateurs et que les employés des établissements acceptent une soumission au tabagisme passif atténuée, du fait des ouvertures sur l'extérieur.

    Pour répondre aux objections des "Verts", nous pensons qu'une démarche doit être entreprise auprès des professionnels pour que le chauffage soit électrique (infra rouges) de préférence au gaz de ville ou autres hydrocarbures. Ainsi, pas de CO² ni de résidus de combustion. La chaleur rayonnante donne une sensation de bien-être mais elle se transmet peu dans l'atmosphère. Et la production d'électricité, en France, ne fait pas appel aux énergies fossiles.

    Quant à l'esthétique, il faut que les responsables du Paysage de la Rue à la Mairie de Paris et les Bâtiments de France édictent des règles adaptées aux nouvelles circonstances. Nous sommes d'avis que les terrasses doivent être fermées à la base par une cloison métallique qui épouse le périmètre autorisé pour l'occupation du trottoir. La partie haute peut être au choix ouverte, ou fermée par une fenêtre plastique. C'est une façon de clairement délimiter l'emprise sur l'espace public, et de restreindre le recours au plastique inesthétique.

    En l'absence de règles claires, le mouvement est parti dans tous les sens. Il reste maintenant aux pouvoirs publics à définir les conditions d'un compromis qui nous semble accessible.

                                                                                                                 

  • Ste croix passage désir 

    Embarquement pour Cythère : le "passage du désir", 23 rue Sainte-Croix de la Bretonnerie (IVe)

     

    On ne sait ce que l'Ordre de Sainte Croix, communauté dominicaine fondée en 1211 dans l'actuelle Belgique, par Théodore de Celles, penserait de ce nouvel hommage rendu par les hommes du XXIe siècle à la Sainte Croix de Jésus, mais il faudra s'habituer à voir dans la rue qui lui est consacrée, des établissements qui ont choisi de se spécialiser dans autre chose que les images pieuses, les livres d'église ou les objets du culte.

    Ne voulant céder en aucune manière à la vulgarité, je refuse de me livrer à un jeu de mots douteux sur les objets en question. Mais ceux que ce commerce propose nous invitent aux délices de Capoue. Il a choisi pour enseigne : "le passage du désir" avec pour sous-titre : "le magasin de l'amour". Il a opté pour un style sobre, respectueux du caractère du Marais. Dont acte. Notre préoccupation, plusieurs fois affirmée, est que nos quartiers résistent à la dérive de la "pigalisation", la vulgarité dans le sexe, la pornographie en guise d'érotisme. Il nous semble que ce commerçant a une approche du sexe qui reste compatible avec la dignité humaine. Chacun appréciera en fonction de ses valeurs.

    Pour autant, nous ne donnons pas licence à ceux qui voudraient que ce type de commerce prolifère. La qualité d'un quartier est dans la diversité de ses composantes, qu'elles soient morales, politiques, culturelles, sociales ou économiques. La Maire du IVe doit y être attentive mais elle dispose encore de peu de leviers pour intervenir. Il y a des dispositions dans le PLU (plan local d'urbanisme) de Paris qui pourraient l'y aider mais elles sont en instance de jugement dans un litige au Tribunal Administratif, qui oppose en appel le Préfet au Maire de Paris. 

    Il s'agit de la préservation des commerces de proximité. Déclarée incompatible avec la liberté du commerce, en première instance, il se pourrait, selon Didier Bertrand, Directeur Adjoint de l'Urbanisme à la Mairie de Paris, que les nouvelles lois sur la "modernisation de l'économie et de l'artisanat" fournissent au tribunal l'assise légale qui a fait défaut dans le jugement précédent, pour déclarer le PLU recevable dans ses nouvelles dispositions.

     Il faudrait ensuite que ces dispositions soient déclinées dans le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, à l'occasion de sa révision car, il faut le rappeler, c'est lui qui régit le secteur du Marais.

     

    26 novembre 2008

    Publication d'une lettre de Philippe Haeringer, docteur en urbanisme et lecteur du blog :

    Merci, Monsieur, de cette information régulière, de votre vigilance, de votre sagacité, de votre engagement. Je mesure le découragement que vous pouvez ressentir quelquefois. Dans le monde entier le centre historique des très grandes villes est en proie à un syndrome d'autodestruction.

    L'issue de cette pathologie est souvent la table rase. On y a songé naguère pour notre quartier. Il semble acquis qu'on n'y reviendra pas. Mais, depuis ce temps, le Marais se bat pied à pied, quelquefois le dos au mur, pour que la gangrène ne reprenne pas le dessus. C'est épuisant pour ceux qui, comme vous, prennent part à ce combat. Heureusement, ça marche : pour un pas en arrière, deux pas en avant sont faits. Moi, qui ne fais que passer de loin en loin, j'admire.

    Chercheur à la retraite, vivant dans les Préalpes drômoises, je continue cependant de piloter une équipe doctorale que j'avais réunie avant de partir et qui poursuit sa route. Ce groupe s'appelle  "Orients urbains". Il rassemble en effet de jeunes architectes, économistes ou géographes de tous les pays d'Orient, du plus proche au plus lointain, qui aspirent à devenir docteurs en urbanisme. Je multiplie avec eux les "explorations urbaines" dans tous les plis et replis de l'agglomération Ile-de-France. Je les ai aussi emmenés à plusieurs reprises dans le Marais. Mais je viens de décider de leur faire découvrir votre blog ainsi que le Bulletin trimestriel de notre association.

    Comme je vous l'ai dit entre deux portes le mois dernier, celui-ci est devenu, au fil des ans, un trésor d'expérience locale qui méritera un jour publication. Ce qui sera utile à mes étudiants, c'est notamment la diversité des thèmes abordés et leur mise en relation avec les rouages du gouvernement local. Ils apprécieront aussi la simplicité de vos "brèves", l'efficacité de vos photos, et le suivi que vous assurez sur chacun de ces dossiers.

    Encore une fois, bravo et merci !

    Philippe Haeringer,

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