Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Actualité

  • 1mair9 La Mairie du IIIe arrondissement           

                                   

    Le Maire était entouré d'une partie de son équipe ce 29 novembre pour le bilan de son action de 2010 – 2012. Un dossier plutôt flatteur d'une trentaine de pages reprenant toutes les actions entreprises, étant à la disposition des participants, la réunion a surtout consisté en une séance de questions/réponses avec l'assistance.

    Que retenir de ces échanges ?

    Le logement social est le cheval de bataille et sans doute le dossier qui semble le plus emblématique pour la municipalité. Après avoir rappelé les évolutions législatives (locaux vacants,  pourcentage relevé de logements sociaux …), il a  été souligné combien grand était le besoin notamment pour atteindre les nouveaux taux et quil fallait trouver des immeubles, des terrains. D'autant que  le IIIe arrondissement était celui qui avait connu, au cours des dernières années, l'augmentation du nombre d'habitants la plus forte de Paris (+ 6000) créant d'ailleurs des besoins en créches et en classes supplémentaires  dans les établissements scolaires. Toutes les classes qui avaient été fermées par le passé ont été réouvertes mais ce n'est pas encore suffisant.

    Le IIIe est en effet  aussi celui des arrondissements de Paris qui détient une des  plus fortes proportions d'enfants. Le Maire ne serait par exemple pas opposé à l'extension dans l'ilôt Lissac du collège Barbette (annexe du lycée Victor Hugo), qui se trouve dans des locaux inadaptés selon son directeur présent dans la salle (voir article du 27/09/2012). Il a été précisé que tous les aménagements /constructions de logements sociaux répondaient aux standards en matière de normes environnementales, énergétiques et écologiques. Aucun chiffre quant au coût de ces opérations n'a été communiqué. Nous apprenons seulement que 10 chantiers représentant 130 logements sont actuellement en cours.

    Les habitants de la place de la République vont ainsi dans le même esprit bénéficier d'une opération destinée à les mobiliser pour entreprendre des travaux de développement durable dans leur logement. Les modalités exactes n'ont pas été dévoilées. Quant aux travaux d'aménagement de la place, ils respectent le calendrier. Des transformations significatives commencent à être visibles et l'inauguration pourrait avoir lieu lors de la prochaine fête de la musique.

    Sans attendre cette date puisque ce sera à partir du 8 décembre, il est annoncé que la circulation en double sens sera continue sur les grands boulevards,  de la Madeleine à la Bastille. Nous attirons l'attention sur la nécessité d'une bonne signalisation et d'une bonne information pour éviter des accidents aux piétons.


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     Logements sociaux en construction, 25 rue Michel le Comte

     

    L'aménagement du premier tiers de la rue Rambuteau (entre la rue Saint Martin et le boulevard de Sébastopol) touche à sa fin. Les trottoirs sont élargis mais il est question de mettre des bancs. Quelle place sera gagnée pour le passage des piétons surtout si  les emprises des terrasses ne sont pas respectées ? Il est indiqué que des clous délimitant les terrasses sont en cours d'installation, mais cela nécessite des contrôles or la Direction de l'Urbanisme (DU) nous a avoué qu'après 17h00 les agents verbalisateurss n'étaient plus en fonction. Il a été affirmé qu'après l'aménagement de la deuxième partie de la rue Rambuteau entre la rue Saint Martin et la rue Beaubourg, celle-ci ne serait pas rendue à la circulation automobile contrairement aux rumeurs entendues. Enfin, la réalisation du tronçon entre la rue Beaubourg et la rue des Archives sera accélérée et l'ensemble de l'aménagement de la rue sera termimé en 2013.

    A propos du projet de travaux de la rue du Grenier Saint Lazare sur proposition du conseil  de quartier, le Maire confirme que le dossier est soumis à une étude de faisabilité. Il renvoie sur la police la question des autocars qui stationnent illégalement le long de la rue.

    Quant à la terrasse de l'Hôtel Georgette que nous avons dénoncée dans notre article du 21 novembre et pour laquelle nous interrogeons le Maire, il nous est répondu que la DU a été saisie (ce que Vivre le Marais ! avait déjà fait). Des procès-verbaux devraient être délivrés pour non respect de certaines règles. Nous persistons à dire que le service des petits déjeuners et l'installation d'une réception dans une terrasse n'est pas conforme au réglement. Sur ce sujet, notre Députée qui était présente a indiqué qu'avec d'autres parlementaires, elle avait à l'étude une proposition de texte qui reprenait d'ailleurs une proposition passée qui n'avait  pas été votée, visant à augmenter le montant des contraventions.

    L'assistance est informée que les anciens Bains Douches (rue Bourg-l'Abbé), fermés depuis plusieurs années et qui avaient tant pollué les riverains, allaient être transformés en hôtel 4 étoiles.

     

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    Deuxième tronçon devant être aménagé de la rue Rambuteau (IIIe et IVe)

                          

    Le quartier de l'Horloge appartient surtout à des propriétaires privés, il est difficile d'avancer pour revoir son aménagement malgré des rencontres au niveau de la Mairie de Paris. Il nous est annoncé cependant  que 2013 serait l'année de prise en main de ce dossier. Attendons… Par contre il a été rappelé que l'éclairage et le nettoyage, alors qu'il s 'agit de voies privées, étaient assurés par la Ville. 

    Nous avons compris que l'architecte des bâtiments de France (ABF) avait un pouvoir très important puisque l'adjointe en charge notamment des espaces verts ne parvenait pas à obtenir son accord pour faire réaménager certaines parties du Jardin Anne Franck afin qu'il soit mieux adapté aux enfants. Le Maire rappelle à ce sujet les difficultés qu'il avait eues avec l'ABF pour faire installer des panneaux photovoltaîques sur la verrière du Carreau du Temple.

    Le  PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais a été modifié (notre article du 23 novembre). Une explication est donnée sur l'étape de l'enquête publique qui commencera le 1er janvier prochain, les habitants seront informés. Ils pourront faire des observations au Commissaire Enquêteur qui restera libre de les prendre en compte dans son projet de recommandation. Le Maire a mentionné suite à une question de "Vivre le Marais !" que le terrain du square au coin de la rue des Haudriettes et de la rue du Temple devenait constructible dans le nouveau PSMV et qu'il était possible qu'un immeuble y soit construit avec notamment l'installation d'une crèche. Le IIIe qui est pauvre en espaces verts perdrait alors ce square !

    Un échange assez vif a porté sur le projet d'implantation d'une bagagerie rue Béranger suite à la lettre ouverte qui a été diffusée et que nous avons reproduite à la demande d'un de nos adhérents. Le Maire a dit s'être beaucoup investi sur ce dossier mais que le coût du loyer et aussi le fait que le quartier ne soit pas le plus idoine rendaient cette installation difficile. Les recherches d'un lieu adéquat se poursuivent.

    Sur le stationnement des motos sur les trottoirs, le Maire a renvoyé le problème sur la police qui devait verbaliser, l'insuffisance des places de stationnement (171 créées dans le 3e)  et les incivilités. 

    Répondant à une question de "Vivre le Marais !" portant sur le fait que l'arrondissement était sale, ce que ne cessent de rappeler les adhérents de l'association, le Maire a affirmé que les administrés qu'il rencontrait notaient une amélioration, tout en précisant que ceux-ci affirmaient aussi que leur rue par contre était toujours la plus sale. Nous avons insisté en rappelant combien les rues étaient malpropres en particulier les samedis et dimanches matin alors que les agents de nettoyage sont moins nombreux voire absents.

    Nous sommes effectivement dans un quartier qui fait la fête la nuit encouragée par la Mairie de Paris avec toutes les conséquences en matière de pollution qu'il n'est pas la peine de détailler ici. Il est regrettable que le Maire du IIIe ne prenne pas la vraie mesure de cette problématique décriée par nombre d'habitants (voir notre article du 2 juin et celui du 8 juillet). Ce sujet ne doit en aucun cas être traité à la légére car il a des implications en matière d'hygiène, de qualité de vie, d'environnement et ne doit pas gâcher l'attrait de Paris auprès des touristes.

    Alors Monsieur le Maire, dire que "faire davantage pour la propreté nécessiterait d'augmenter les impôts locaux", nous disons non, car ce n'est qu'une simple question d'arbitrage des dépenses …" Une simple réduction de 10%
    des subventions aux associations (300 millions d'€ par an à Paris) dont la raison d'être et
    l'efficacité ne sont pas démontrées, dégagerait 10 à 30 millions
    d'€ suivant les critères choisis. C'est actuellement du
    gaspillage. Cette somme affectée à la propreté permettrait une
    amélioration sensible.

    Dominique Feutry

     

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    Bagagerie

    "Mains Libres 3ème", dont le président est Lauro Capdevila, membre de notre association, milite pour la création d'une bagagerie dans le IIIe pour les SDF, avec aide à la réinsertion, à l'image de celle qui existe dans le 1er arrondissement. Il nous demande de publier la "lettre ouverte" ci-dessous (cliquez dans le lien) :

    Lettre ouverte à Mme Seybah Dagoma, Député de la Xe circonscription, Bertrand Delanoë, Maire de Paris et Pierre Aidenbaum, Maire du IIIe

    Gérard Simonet

     

  • Forez picardie

    Il s'est déclaré sur cet îlot, entre trois rues : Charlot, Forez et Picardie (IIIe)

     

    C'était un bar-restaurant sans histoires en 2002. Quelques mètres de façade sur la rue du Forez, à l'angle du 57 rue Charlot (IIIe). En 2007/2008, il cède le fond à "Innamorati", un restaurant italien dont le propriétaire abat un mur intérieur et ouvre une porte pour agrandir sa surface le long de la rue, vers la rue de Picardie, au grand dam des habitants de l'immeuble qui assurent que les opérations ont été pratiquées sans autorisation.

    En 2011, les locaux sont repris par "Wilbrick's". Les nouveaux exploitants démolissent un mur porteur et s'agrandissent encore sur la rue de Picardie. Le magasin de luminaires qui fait l'angle Picardie/Forez devient le restaurant japonais "Nanashi", dont le propriétaire est le même que celui de "Wilbrick's".

    Les riverains se plaignent du bruit le soir jusqu'à deux heures du matin. Les locaux ne sont appremment pas insonorisés. La police du IIIe est venue constater, ainsi que le "Bureau d'Action Contre les Nuisances" (BACN) de la Préfecture de Police de Paris. Les inspecteurs de la Direction de l'Urbanisme de la Mairie de Paris sont intervenus quant à eux pour verbaliser les travaux d'urbanisme réalisés sans autorisation.

    Nous avons affaire aujourd'hui à un litige qui présente plusieurs facettes judiciaires :

    • Les propriétaires ont assigné l'exploitant au civil devant le Tribunal de Grande Instance de Paris pour travaux entrepris sans l'autorisation de l'assemblée générale de l'immeuble. L'audience se tiendra le 28 mars 2013
    • La Direction de l'Urbanisme a dressé un procès-verbal destiné au Procureur de la République. Nous sommes dans une affaire pénale qui peut faire l'objet de poursuites en correctionnelle. Les habitants ont la possibilité de se porter partie civile par lettre adressée au Procureur de la République.
    • Le BACN a dressé un procès-verbal pour nuisances sonores nocturnes. C'est un dossier pénal du ressort du Tribunal de Police. Les prévenus sont MM. Dov Attia et Adrien Samsam Bakhtiari. Les riverains se sont portés partie civile en qualité de plaignants et de victimes. L'audience est prévue au 1er février 2013. "Vivre le Marais !" pourrait les suivre en vertu de ses statuts et du fait que les riverains concernés sont pour plusieurs des membres de l'association

    Ce dossier, que nous suivons avec beaucoup d'attention, est symptomatique des dérives festives qui menacent la qualité de vie des habitants du Marais. Elle étaient plutôt le fait du IVe, jusqu'à maintenant, mais le IIIe pourrait bien subir le même sort si les habitants n'y prennent garde. Comme l'ont fait les riverains des rues du Forez et Charlot, ils doivent saisir les autorités compétentes en matière d'urbanisme (Mairie de Paris) et de police (commissariat et BACN) sans compter les poursuites éventuelles au civil pour les litiges de copropriété. Nous attendons aussi que le Maire de l'arrondissement, Pierre Aidenbaum, garant de l'ordre public, assume d'orchestrer leur résistance et d'user de sa vigilance pour éviter que de nouveaux foyers s'alument.

    Gérard Simonet

     

     

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    Orgues de Saint Denys du Saint Sacrement (Daublaire-Collinet) 1839 – 38 jeux

                 

    Paris est sans doute la seule ville au monde à disposer d’un patrimoine organistique aussi riche. Souvent anciens, construits par des facteurs renommés, la plupart des instruments sont rares, imposants et présentent des particularités qui expliquent leur intérêt. Généralement considérées à tort comme des biens cultuels plutôt que culturels, exception faite des instruments les plus prestigieux, les orgues n’ont pas toujours l’estime qu’elles méritent. Et pourtant leur entretien nécessite des financements qui vont bien au-delà du budget annuel de 200 000 € que consacre la Ville à leur entretien, leur restauration ou leur remplacement! Certes des événements particuliers comme les 850 ans de Notre Dame (cf notre article du 21 novembre 2012), l’appel à la générosité de certains passionnés qui prennent ces questions en main en créant une association ou bien la notoriété du titulaire de l’instrument sont de nature à faciliter l’obtention de financement. 26 orgues sont répertoriés dans les 3e et 4e arrondissements. En ce qui concerne le Marais (environ 15 instruments), tous les édifices religieux possèdent un orgue parfois deux, du fait de l’existence d’un orgue de chœur.

    Sgervaisp6 Eglise Saint Gervais-Saint Protais Orgues (41 jeux) datant du XVIIe

              

    La plupart sont du XIXe siècle. Le plus ancien est celui de l’église Saint Gervais-Saint Protais dont l’orgue d’origine sur lequel ont joué les Couperin a été remplacé par Clicquot puis restauré à plusieurs reprises, la dernière intervention datant de 2003. Signalons que l’église des Billettes a eu le privilège en 1983 de recevoir un orgue neuf, le premier financé par la Ville au cours du XXe siècle… Mais des orgues classées comme celles de Saint Denys du Saint Sacrement qui datent du début du XIXe qui ont connu plusieurs restaurations dont celle de la célèbre maison Cavaillé-Coll n’en ont plus bénéficié depuis 1970! L’orgue lui aussi Cavaillé-Coll et classé de la cathédrale Sainte Croix-Saint Jean de la rue du Perche n’a pas été remis en état depuis 1954! L’orgue Kerne classé de l’église des Blancs Manteaux  (cf notre article du 1er septembre 2012) a été refait en 1964 ! Près de 35 ans se sont écoulés depuis le relevage de l’orgue de l’Eglise Réformée de la rue Saint Antoine!

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    Orgues de l'église des Billettes (Mulheisen) 1983 – 29 jeux 

     

    En ces temps de disette budgétaire, compte tenu des différentes priorités souhaitées par la municipalité qui, rappelons-le, est propriétaire de la quasi-totalité des instruments antérieurs à 1905, l’avenir est plutôt sombre pour ce riche patrimoine « musical ». Nous pouvons juste espérer que dans les cas extrêmes et pour éviter un relevage trop coûteux ou une perte irrémédiable, les financements seront tout de même trouvés. En revanche, pour toutes les orgues qui ont besoin d’un entretien régulier, de réfections partielles, il faudra sans doute attendre de longues années sauf à imaginer de rencontrer des mécènes qui prendront le relai…ou de créer une association comme l'ont fait des personnes enthousiastes de l'instrument, aujourd'hui en cours de restauration, de l'église Saint Merri.

    Un orgue pourtant présente des avantages incomparables. Il est à la fois le témoin du passé et d’un savoir-faire toujours actuel qui se perpétue depuis des siècles et que nous devons défendre. Mais un orgue est avant tout un instrument de musique impressionnant. Son rayonnement est porteur de notoriété. Au-delà du simple rôle d’accompagnement des offices, les concerts qui sont organisés, les enregistrements qui ont lieu, les cours qu’ils permettent de dispenser attirent tous les publics et accroissent davantage leur attrait. Paris, dont le montant des fonds alloués à la restauration et l’entretien de ses orgues (près de 200 instruments concernés) a baissé de 50% en 15 ans, pourrait remettre à l'honneur, à l'instar de celui de Chartres ou de Monaco, un grand festival international d’orgue. Ce serait pour les interprètes confirmés et amateurs, pour les jeunes et leurs aînés, mais aussi pour la capitale, une formidable initiative en contrepoint des diverses fêtes nocturnes pour lesquelles des efforts financiers conséquents sont pourtant consentis.

    Dominique Feutry

     

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    Réagissant à notre article du 23  novembre signé de Dominique Feutry sur l'avancement des travaux de rénovation et d'extension du musée Picasso, Jean-François Leguil-Bayart, directeur de recherches au CNRS et journaliste chez MEDIAPART, proche du PS, nous livre sa vision très critique d'un projet auquel il reconnait peu de vertus.

                     

    Vieille du temple 86 - 86bis tagsMur côté sud des jardins du musée Picasso et du square Léonor Fini. Défiguré depuis au moins dix ans par des tags, sans que personne n'intervienne


     Halte au grand musée Picasso !     

     

    Sous la direction, très contestée par sa propre équipe administrative, de Anne Baldassari, et avec le soutien du ministère de la Culture, le Musée Picasso s’est lancé dans un ambitieux programme de rénovation et d’agrandissement, dont la Cour des comptes a critiqué le coût et la gestion. Son objectif est clair : doubler sa fréquentation et recevoir de 750 000 à un million de visiteurs par an ! Il correspond à l’idée marchande qu’Anne Baldassari se fait du musée, et qui lui vaut les critiques acerbes de ses collègues : elle a refusé de prêter des œuvres à la grande exposition Picasso du Kunsthaus de Zürich, en 2010, et a récidivé en 2012, lors de l’exposition Degas du Musée d’Orsay, parce qu’elle préfère louer à prix d’or des expositions itinérantes pour financer ses travaux, conformément au « plan d’affaires » (sic) fixé en réunion interministérielle le 4 mai 2011.

    On peut à bon droit s’interroger sur la pertinence de cet investissement de 54 millions d’euros, dont 19 millions de subventions d’investissement du ministère de la Culture, à un moment où les finances publiques sont en crise et où l’Etat n’est plus en mesure d’assurer la sauvegarde des monuments historiques. Tout cela dans un quartier qui regorge déjà de musées et de visiteurs, et qui manque cruellement d’espaces verts. Or, précisément, l’extension du Musée Picasso va amputer l’un de ceux-ci, le square Léonor-Fini, sans que jusqu’ici personne ne s’en émeuve faute d’information.

    Il n’est pas seulement question de rénover un plancher et d’aménager une salle souterraine, comme l’affirme benoîtement le panneau, à peu près illisible, qui est apposé rue de Thorigny. Il est prévu de construire une aile de 2 000 m2 et de deux étages sur une partie du square Léonor-Fini, à l’aplomb du musée, au risque de défigurer sa superbe façade, une amputation qu’est censée compenser l’ouverture au public de son jardin privé. Mais, dans les faits, l’espace vert sera bel et bien réduit d’au moins 1 000 m2 et des arbres abattus, une partie de l’aile devant être construite au-delà de l’actuel garage, sur l’aire de jeux réservés aux enfants. Et le square sera subordonné aux intérêts du Musée Picasso, dont le « programme scientifique et culturel » prévoit qu’il y organisera des performances et des concerts « en pratiquant une nocturne hebdomadaire, le samedi soir jusqu’à minuit, afin de répondre à l’affluence du public dans le quartier du Marais en fin de semaine », et dont le million de visiteurs investiront ses pelouses dans la journée. Le square, et sans doute la rue des Coutures-Saint-Gervais, dont la Mairie du IIIe annonce maintenant le réaménagement…

    D’un point de vue environnemental, ce projet d’extension est une aberration. Outre la réduction de l’espace vert, les autocars de touristes emprunteront la rue Vieille-du-Temple et la rue de la Perle pour y décharger leurs passagers et y stationner, en provoquant des embouteillages supplémentaires dans des voies déjà surchargées et en laissant tourner leur moteur pour les besoins de leur climatisation ou de leur chauffage. Pourquoi recréer au cœur du Marais les nuisances dont les riverains de Notre-Dame ont eu à se plaindre pendant de longues années, avant qu’ils n’obtiennent gain de cause et que les autocars soient chassés des abords de la cathédrale ?

    La qualité de l’air, déjà problématique dans ce quartier, sera détériorée par cet afflux de véhicules très polluants, par l’agrandissement du bâti chauffé et climatisé, et par l’abattage d’arbres, sans même parler des deux années de travaux supplémentaires qu’exigera cette extension et qui entraîneront une noria de camions, le fonctionnement de pelleteuses et de grues, la production de poussières industrielles. Enfin le square sera fermé pendant au moins un an et demi, à charge pour le voisinage d’aller respirer et jouer ailleurs – mais où, dans le IIIe arrondissement ?

    L’extension du Musée Picasso est un scandale écologique et un gaspillage inadmissible en ces temps de disette financière. Sa réalisation ne ferait qu’intensifier la dérive marchande du IIIe arrondissement, sa transformation en quartier de tourisme de masse sous prétexte de culture, sa muséification consumériste au prix d’un bétonnage supplémentaire. Au-delà de la subvention d’investissement nécessaire aux travaux, elle se solderait par l’augmentation de la subvention d’équilibre du ministère de la Culture, au profit d’un établissement qui incarne une conception hautement contestable, et peut-être caduque, de la politique culturelle, et au détriment d’autres musées dont les besoins sont souvent plus criants. Madame le Ministre de la Culture, vous avez annoncé, en septembre, la poursuite de ce projet hautement contestable sous prétexte qu’il était trop avancé pour être revu à la baisse. Mais vous avez là une occasion salubre de réaliser les économies budgétaires que la dureté des temps exige de vous !

    Jean-François Leguil-Bayart


     REPONSE de Madame Monique Saliou adjointe au Maire du IIIe, en charge de l'espace public

     

    " L’équipe municipale du 3ème arrondissement ne peut laisser passer sans réaction l’article de M. Jean François Leguil Bayart intitulé « Extension du musée Picasso : halte au feu ».

    Non que nous entendions nous prononcer, en tant qu’élus de cet arrondissement, sur la politique muséologique et les choix qui ont conduit les ministres de la culture successifs à soutenir le projet de rénovation du musée Picasso. Il est un fait : Paris demeure la première ville touristique mondiale et les musées participent à son rayonnement. Chaque citoyen peut avoir ses préférences : grands ou petits musées, approbation ou rejet des expositions temporaires, pas de musées du tout, culture élitiste contre culture dite de masse etc. In fine, c’est à un (e) ministre, membre d’un gouvernement issu d’institutions démocratiques, de trancher. La Cour des Comptes que cite M. Leguil Bayart et dont il a sans doute mal lu les travaux, ne porte pas davantage d’appréciation sur la pertinence du projet Picasso ; elle s’inquiète seulement des coûts supplémentaires de fonctionnement créés par la mise en œuvre de nombreux projets culturels (dont beaucoup ont été abandonnés depuis cet été) ; c’est d’ailleurs à la suite de cette inquiétude que le musée Picasso s’est doté d’un « plan d’affaires », destiné à équilibrer coûts et recettes, dont l’auteur de l’article raille l’existence…

    Si nous avons souhaité réagir, c’est que M. Leguil Bayart énonce des contre vérités et multiplie les procès d’intention sur ce qui touche à l’aménagement des abords du musée. Il est faux de dire que le jardin Leonor Fini sera amputé de 1000 mètres carrés : les constructions prévues pour abriter des expositions temporaires seront édifiées au dessus et à la place de l’entrée du garage actuel et non dans le jardin. Qui regrettera, en outre, l’esthétique douteuse du bâtiment actuel ? Il n’est pas davantage question de fermer le square lors des travaux, pas plus qu’il n’est question de l’ouvrir tous les samedis soir, jusqu’à des heures indues, au profit d’hypothétiques activités du musée…qui dispose d’ailleurs de son propre jardin.

    Quant aux aménagements des rues avoisinantes (rue Thorigny, rue des Coutures Saint Gervais), aucune décision ne sera prise sans une large concertation, selon une méthode suivie pour tous les aménagements réalisés depuis des années dans le 3ème arrondissement. Un conseil de riverains sera réuni très prochainement qui débattra sur les solutions envisageables.

    Enfin, la perspective d’une noria d’autocars stationnant, tous moteurs allumés, rue Vieille du Temple, relève du procès d’intention. La mairie du 3ème n’a pas la moindre intention de tolérer une dérive de ce type et les mesures seront prises, en concertation, avec la préfecture de police pour préserver la tranquillité du quartier et la qualité de l’air.

    Observons d’ailleurs que les inquiétudes de M. Leguil-Bayart ne sont pas partagées par tous : il suffit de regarder les devantures des agences immobilières pour constater que l’adresse « proche du musée Picasso » est un argument de vente. Notre arrondissement est attractif, il gagne des habitants dont beaucoup de jeunes et de familles, il a une image de dynamisme. Tout en redoublant de vigilance sur la qualité de vie dans nos quartiers, ne nous en plaignons pas !"

     

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    Hôtel Salé côté jardin

    En présence du Directeur de l’Etablissement Public, de l’Architecte en Chef des Monuments Historiques et des différents intervenants, le Maire du 3e a organisé une réunion publique relative au chantier du Musée Picasso. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire, la réouverture au public est fixée au 1er octobre 2013.

    Après un bref historique sur le monument construit en 1656 pour le Fermier des gabelles, Pierre Aubert de Fontenay, l’Hôtel Salé, le plus grand corps de logis construit à cette époque, a subi des transformations au XVIIIe siècle puis fut vendu à la Révolution pour devenir un immeuble de rapport (Balzac y logea). Quelques années plus tard, il abrita l’Ecole Centrale des Arts et des Manufactures.

    Un amphithéâtre est érigé sur la cour d’honneur et des salles de classe occupent les jardins. Après le déménagement de l’Ecole Centrale, à la fin du XIXe, un bronzier d’art s’y installe et aménage les appartements en « show-room ». Une école de formation aux métiers d’art le remplace juste après la seconde guerre mondiale. Des projets (musée de la mode, centre des archives de la Seine) sont envisagés durant les années soixante, mais la décision est prise d’y loger la dation Picasso. Des travaux sont entrepris sous la direction de l’architecte Roland Simonet et le musée ouvre en 1985.

    Au fil des années, face à l'afflux des visiteurs, du fait que le projet initial n'a pas été réalisé en totalité pour des raisons de coûts, du fait aussi de l'entrée en vigueur de nouvelles normes, le musée présentait un certain nombre de défauts : une sécurité insuffisante, des accès (ascenseurs…) et une capacité d’accueil étriqués, des surfaces d’exposition limitées, une climatisation et des installations électriques à revoir…

    Le but de la rénovation est donc de pallier ces problèmes et d’en profiter pour terminer le grand projet initial. Ce qui représente un coût de 51 millions d’€ (l’Etat et la Région apportent 19 millions €, une politique de prêts payants de œuvres durant la fermeture permet de compléter en partie le financement). Cette dépense très élevée comprend les travaux et des investissements dont l’acquisition de l’immeuble du 20, rue de la Perle où sera transférée l’administration du musée. Une boutique-galerie sera installée au  4, rue de Thorigny, elle ouvrira dans les toutes prochaines semaines et servira de lieu d’échanges avec le public sur le projet jusqu’à la livraison, prévue en mai prochain.

    Nous retiendrons de la présentation à laquelle nous avons assité les évolutions les plus importantes. Ainsi les surfaces d’exposition passeront de 1600 à 5000 m2 soit 500 œuvres accrochées en permanence contre 300 auparavant. L’éclairage de l’escalier d’honneur et des vestibules qui ont traversé le temps est entièrement changé et sera plus doux. L’éclairage des façades sera entièrement revu. L’entrée se fera toujours par le porche (en restauration) rue de Thorigny et l’accès par un espace (emplacement de l’ancienne basse-cour) largement agrandi avec, au-dessus, l’installation d’un café prolongé d’une grande terrasse.

    A3d33cd6-168b-11e1-9494-e3acaff19457 Projection non définitive du hall d'accueil (photo Bodin et associés Artefactory Lab.) 

     

    La circulation à l’intérieur du musée sera facilitée par la réouverture de portes qui avaient été condamnées. Le sous-sol des jardins sera organisé en réserve technique, salle de conférence de 100 places et locaux polyvalents car l’objectif est de recevoir 75 000 scolaires par an (une plage horaire de 9h00 à 11h00 leur sera consacrée chaque jour). Un accès dans les locaux, réservé au personnel, à la livraison de œuvres, sera possible à partir de la rue Vieille de Temple le long du square et du jardin côté rue de la Perle ou seront installés des édicules qui « s’inséreront dans la paysage » dont une sorte d’orangerie avec un habillage de plantes grimpantes « …plutôt que des buis ». Les tilleuls seront préservés et a priori l’emprise du square ne serait quasiment pas réduite. Ces installations nouvelles changeront toutefois l'aspect général de ce côté de l' Hôtel Salé auqel nous nous étions habitués.

    Des échanges avec la salle, il ressort que la demande des riverains de réunir en un seul espace, le jardin et le square Léonor Fini ne sera pas possible pour des raisons de sécurité. Afin d’améliorer l’accès et les conditions de sécurité des réflexions sont en cours pour les aménagements des abords extérieurs du musée. En effet 800 0000 visiteurs par an sont attendus contre 300 0000 auparavant et davantage de scolaires. Beaucoup s’étonnent de la dangerosité de la rue de Thorigny, étroite ouverte à la circulation, où se situera l’entrée. Le Maire n’a pas caché qu’il ne pouvait pas grand'chose quant au choix de l’entrée qui est imposée. En revanche, il faut qu’il revoie le plan de circulation puisque pour l’instant tout est à l’état de réflexion.

    Il ne savait plus d’ailleurs si un groupe de travail ad hoc avec des habitants existait. Sa préconisation, afin de faciliter l’accès pompiers mais aussi de réduire les nuisances sonores, serait de supprimer les places de stationnement de la rue des Coutures Saint-Gervais afin d’élargir la chaussée. Toutefois il y verrait bien une quarantaine de places de stationnement en épi pour les motos. Enfin, le mur côté musée, le long de cette même rue, n’est pas d’époque mais dans l'esprit, il devrait être maintenu. Nous devons donc être très vigilants et ne pas hésiter à donner notre point de vue (groupes de réflexion, espace échanges 4, rue de Thorigny…) car ces travaux d’aménagement des abords du musée seront réalisés pour longtemps en cette période de restrictions budgétaires.

    Cette réunion a permis de mieux connaître le projet et son état d’avancement. La réouverture du Musée sera un événement culturel majeur pour Paris et notre quartier.

    Gageons, comme l’ont souligné les participants, que des moyens suffisants, dignes de l’enjeu, soient engagés afin d’amélioration la circulation, la signalisation, la propreté, la sécurité du quartier et la qualité de vie de ses habitants. Il serait dommage que la coûteuse valorisation du musée et le travail des nombreuses personnes qui ont oeuvré à ce chantier soient mis à mal par une sous-évaluation de ces problématiques bien réelles.

    Dominique Feutry

     

  • Réaumur 39 art nouveauImmeuble "Art Nouveau", 39 rue Réaumur (IIIe). Les étages élevés sont mis en valeur (balcons, loggias, colonnes, consoles, rosaces et motifs végétaux)

      

    Tout le monde s'accorde à reconnaitre que l'architecture des XIXème et XXème siècle avait été négligée dans le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais en 1996. L'attention des rédacteurs à l'époque s'était focalisée sur l'architecture des XVIIème et XVIIIème siècles, sachant qu'il existe peu de vestiges du moyen-âge et de la renaissance. L'Art nouveau, caractéristique des années post-haussmanniennes et l'Art Déco, qui a prospéré autour de 1920, s'y trouvent pourtant en abondance même si leur présence se manifeste  surtout en périphérie du Marais (rues du Renard, Beaubourg, des Archives, Réaumur, de Bretagne, de Turenne ….).

    La délibération du Conseil de Paris des 12 et 13 novembre a comblé cette lacune. Nous nous en réjouissons. Le texte de 22 pages qui présente le projet de PSMV révisé, avec ses considérants, ses orientations et ses conclusions vaut d'être consulté par tous ceux qui s'intéressent au patrimoine exceptionnel dont nous disposons dans le centre historique de Paris, et à son devenir.

    Pour en parler, il nous parait inutile de le paraphraser. Certains aspects méritent cependant qu'on les analyse et qu'on les commente sans se soucier du "politiquement correct" qui caractérise les textes officiels et leur langue de bois.

    Sur la "concertation" d'abord, présentée comme un modèle du genre, nous aimerions relativiser. Les divers ateliers qui se sont tenus effectivement en mairies étaient soigneusement encadrés et seules sont remontées les prises de position qui obéissaient à la ligne tracée par les animateurs. Notre association, qui est  pourtant membre de la "commissison locale du secteur sauvegardé", n'a pas été autorisée, au stade de l'examen du projet en commission, à exposer l'opinion de nos adhérents, souvent des érudits en histoire et architecture de Paris.

    C'est d'autant plus regrettable que nous approuvons la plupart des dispositions proposées. Nous serons certes amenés à défendre des points de vue d'habitants qui auraient localement des objections à telle ou telle mesure, mais nous n'aurions pas voté contre le texte de la commission, repris par la Mairie de Paris, si nous avions été présents à la séance (deux fois reportée) du 23 octobre 2012.

    Pour ceux qui n'auraient pas la force de lire les 22 pages et qui ne sont pas dépourvus de sens critique, voici ce que nous en retenons, avec nos commentaires et nos réserves.

    Il est dit que la densité du "bâti" est faible dans le Marais, inférieure à la moyenne parisienne. Ce qui justifie la décision de densifier. C'est vrai, parce que les immeubles sont bas. Mais comme les immeubles sont serrés les uns contre les autres le long de rues étroites, la densité au km² est la plus haute de Paris, notamment dans le IIIe (source APUR). Cette densité-là crée le sentiment d'étouffement que le PSMV actuel avait résolu de réduire pour "donner de la respiration" aux quartiers, en démolissant les constructions parasites, en reconstituant les cours et espaces verts ainsi que les cheminements.

    Il faut rappeler que le centre de Paris est le siège d'une "bulle de chaleur" où les températures dépassent de 4 à 7 degrés celles des quartiers périphériques. C'est moins sensible dans le IVe, à cause de la Seine qui raffraîchit, mais le IIIe détient le recours absolu en la matière.

    Ces édifices légers, qui occupent généralement des cours pavées, devaient disparaitre pour ce motif et rendre au bâti son harmonie originelle. Il n'en sera rien dans 90 % des cas. Il est vrai que certains d'entre eux méritent d'être pérennisés mais à ce titre combien de laideurs auront définitivement acquis droit de cité avec en prime une valeur foncière confortée ?

    Portefoin 11 édicule cour intérieureEdicules sur cour, 11 rue Portefoin (IIIe)

    Le volet social, que personne ne conteste, mérite qu'on en mesure les conséquences. L'obligation qui est faite aux rénovations supérieures à 800 m² de consacrer 30% de la surface au logement social est généreuse dans son inspiration mais il faut être capable de surmonter les difficultés qui en résultent.

    On a encore en mémoire les conflits dans la gestion du 108 rue Vieille du Temple (IIIe), en 2010. La présence dans une même copropriété d'habitants de statut social comparable mais dont certains bénéficient de conditions préférentielles, a conduit à des actions contentieuses mettant en cause la mairie.

    Plus généralement, l'obligation pour le promoteur de céder 30 % de la surface à un prix diminué de 50 % environ, le conduit à augmenter ses prix sur les 70 % restant, tout calcul fait, de 20 % pour s'y retrouver. Si le marché était élastique au prix, le vendeur devrait limiter ses ambitions et s'en tenir au prix de marché, mais ce n'est pas le cas. S'il s'agit d'une rénovation prestigieuse, il trouvera toujours un étranger fortuné pour en payer le prix quel qu'il soit. Le résultat est une pression à la hausse sur les prix de l'immobilier, dont les records aujourd'hui interdisent aux parisiens de la classe moyenne d'accéder à la propriété.

    Enfin, une autre conséquence domageable serait le renoncement pur et simple à la rénovation sur des programmes moins prestigieux où l'élasticité bien réelle de la demande au prix peut faire reculer le promoteur.

    Alors que le Marais échappait – en théorie – aux dispositions de la loi SRU (solidarité et développement urbain) qui prévoyait une obligation de construire 20 % (bientôt 25 %) de logement social, le Marais désormais se distinguerait avec un taux de 30 % applicable dans son périmètre et non pas à l'ensemble de la commune comme c'est le cas en règle générale. Est-ce réaliste ? Une fois de plus, on le voudrait bien mais comment pourra-t-on parvenir à ce résultat ?

    Pour ce qui est des équipements collectifs, on note avec satisfaction la création de deux crèches dans le IIIe, dont une bizarement au "carrefour maudit" des rues Temple/Haudriettes (encombrements, bruits et pollution record, on en reparlera ultérieurement), une école au 64 rue de Turenne, et pour le IVe, un gymnase au 10 rue Charles V.

    Gérard Simonet

     

     

     

     

     

  • Notre dame parvis vue du pont

      Parvis de Notre-Dame vu du pont (IVe)

    A l’occasion des 850 ans de Notre Dame (cf notre article du 5 octobre 2012), le parvis de la cathédrale sera transformé en « Chemin du Jubilé » et des espaces vont bientôt « sortir de terre ». Ainsi un beffroi (haut de 13 mètres) sera construit dans lequel pourront être admirés des vitraux du maître verrier Jacques Le Chevallier (1896-1987) qui a travaillé pour Notre Dame et aussi construit sa renommée sur la production de luminaires épurés.

    Des photographies et des documents historiques guideront les visiteurs sur un plan incliné qui les conduira sur une esplanade placée à 5 mètres du sol afin de pouvoir scruter de près les multiples éléments sculptés des trois portails d’entrée du célèbre monument. Des projections sont programmées et pourront être regardées des 800 places en gradin qu’il est prévu d’installer.

    Enfin plusieurs maisons seront dressées pour abriter des tailleurs de pierre, des facteurs d’orgue, des verriers ainsi que des associations caritatives. Une redevance sera versée à la Ville de Paris pour cette occupation de l’espace public durant une année. Elle est comprise dans le coût des différents travaux et événements prévus (estimés à 6 millions d’€). Les principaux étant la restauration des grandes orgues, la réfection de l’éclairage intérieurde l'édifice, l’amélioration de la muséographie des collections du Trésor de la cathédrale, des concerts avec la maîtrise de la cathédrale, des publications, des expositions, un congrès et surtout le remplacement des cloches.

    Conf061020122Le grand bourdon de Notre-Dame

    A ce sujet d’ailleurs selon certaines sources journalistiques, une polémique pitoyable se serait malheureusement déclarée entre une communauté religieuse désireuse de racheter les illustres cloches  pour les conserver et le recteur archiprêtre de Notre Dame partisan de les faire fondre, pour en faire des minicloches vendues comme souvenirs … Il est vrai que le remplacement des cloches dont le son n'est plus très bon nous dit-on, par des cloches fraîchement fondues, coutera fort cher.

    Le lancement du 850e anniversaire de la cathédrale est prévu le 12 décembre prochain et durera jusqu’au 24 novembre 2013. L’œuvre choisie pour le concert d'ouverture est celle des Vêpres de Monteverdi. Avis aux amateurs intéressés et peut-être que ces manifestations permettront de dépasser les 14 millions de visiteurs recensés chaque année en ce lieu. Ce qui n’est pas sans poser des problèmes de circulation, de stationnement, de propreté et de sécurité….

    Dominique Feutry

     

  • FRAN_SF_20110089_2001
    Camions de déménagement sur le site de Paris (IIIe)                

     

    Depuis le 22 mai dernier, les fonds des archives nationales postérieurs à 1790 partent vers leur nouvelle destination à Pierrefitte sur Seine. Le transport, en provenance de l’Hôtel de Soubise et de Fontainebleau, est prévu respectivement durant 9 mois et 16 mois, soit deux ans au total. Il s’agit d’une tâche immense puisque 250 km environ de documents vont être ainsi déplacés. Les cartes, les plans et les photographies seront déménagés en dernier car ils sont destinés à rejoindre des salles spécialement aménagées.

    Conf061020122
    Le nouveau bâtiement de Pierrefitte conçu par l'architecte Massimiliano Fuksas

                        

    Cette opération, la plus importante en la matière depuis l’après-guerre, est préparée depuis 5 ans au travers de la Mission du Chantier du Fonds. Les implications sont multiples. Il a fallu tout d’abord dépoussiérer, reconditionner et désinfecter des kilomètres de documents, tout en respectant un classement selon 6 thématiques (Education-Culture, Exécutif-Législatif…).Ensuite les transports (des centaines de camions sont à pied d’œuvre) sont assurés par une entreprise spécialisée en appliquant des principes de sécurité et sous la surveillance des personnels des Archives nationales. Trois à 4 quatre kilomètres de fonds arrivent chaque semaine dans leur nouveau bâtiment.

    Les salles de lecture de Pierrefitte ouvriront début 2013 (elles ont été ouvertes en avant-première lors des dernières Journées du Patrimoine). En attendant les fonds sont communiqués via des navettes et retournent à Paris lorsque des lecteurs veulent les consulter. Le coût de cette opération est important, 19 millions d’€, mais nombre d’archives étaient en danger faute de pouvoir être conservées dans de bonnes conditions.

    Quant à la Maison de l’Histoire de France qui devait remplacer les espaces libérés, jugé "extrêmement coûteux et un petit peu contestable" par le nouveau Ministre de la Culture, le projet, économies budgétaires obligent, a été remisé comme d’autres (l’Hôtel de Nevers, la Comédie Française, et l’Hôtel de la Marine). Le coût était estimé à 60 millions d’€ (le même montant que les travaux de réfection du Carreau du Temple). Cette déclaration a donc sonné la fin des polémiques sur le contenu de ce musée, l’arrêt des grèves et de l’occupation des locaux par le personnel mécontent. En revanche, rien n’est annoncé sur la destination des salles libérées de la rue des Francs-Bourgeois. Il a juste été dit que l’espace retrouvé permettrait des nouvelles collectes, notamment celles des minutes des notaires interrompues par le manque de place.

    Le quadrilatère conservera le Musée des Archives Nationales et les 55 kilomètres d’archives déjà présentes (celles antérieures à la Révolution). Attendons donc la fin de cette gigantesque opération de transfert et peut-être qu’ensuite nous apprendrons ce qu’il est envisagé pour occuper tous ces mètres carrés et volumes ainsi dégagés.

    Dominique Feutry

     

  • 79547522 L'ossature du Carreau du Temple  

     

    Entouré notamment de l’architecte en charge du projet et de Jean-Luc Baillet, Directeur Général fraîchement nommé pour diriger ce futur ensemble, Pierre Aidenbaum a présenté un point d’étape sur le chantier du Carreau du Temple. Il a indiqué que l‘ensemble serait placé sous la responsabilité d’une Société Publique Locale (détenue par la Ville de Paris et la Région) dont il venait d’être élu à la présidence par le conseil d’administration de 7 membres, tous conseillers municipaux dont les 2 adjoints (l'un en charge du commerce, de l'artisant, des professions individuelles et des métiers d'art, l'autre du sport). Il souhaite aussi la mise en place d’un conseil consultatif afin que les forces vives de l’arrondissement soient représentées et donnent leur avis.

    L’architecte de la Ville de Paris rappelle ensuite que le Carreau comprendra une salle de spectacle de 250 places, 1800 m2 d’espace polyvalent dédié à des activités sportives, culturelles et économiques et au sous-sol différentes salles dont un studio d’enregistrement. Ces espaces réversibles sont jugés de grande qualité par les présentateurs et en partie écologiques puisque des cellules photovoltaïques ont été installées sur la verrière. Une isolation thermique et une isolation acoustique ont été intégrées, ce qui n’est pas simple dans ce bâtiment atypique, classé monument historique en 1982, dans lequel devront être réinstallées les échoppes qui sont elles-même classées. Le chauffage urbain a été amené en prolongeant de 330 m la conduite de la rue des Archives. Ce qui explique les travaux que nous avons constatés dans cette rue durant l'été.

    Fin 2012, les façades seront totalement terminées. Les structures métalliques ont toutes été décapées et la structure métallique de la salle de spectacle est posée. L’échéance des travaux est prévue fin 2013.

    ImagesCAM5PH77Le projet d'aménagement

    Il est mentionné que le lieu pourra abriter jusqu’à 2800 personnes et sera ouvert au public 320 jours sur 365. Pour l’aménagement extérieur des 4 côtés du bâtiment (accès sécurité, trottoirs, plantations, stationnement, circulation, pistes cyclables, mobilité réduite…), une réflexion est en cours avec des riverains et les équipes du chef de circonscription territoriale de la voirie pour les 4 premiers arrondissements qui assistait à la réunion. Mais il est déjà annoncé que le programme qui sera défini sera exécuté sur plusieurs années, la Ville de Paris n’ayant pas le budget nécessaire pour réaliser ces investissements sur un seul exercice.

    L’architecte souligne que sur les trois ans de travaux prévus, un an a été consacré à des fouilles archéologiques qui ont permis de retrouver une partie du tracé de l’église Sainte-Marie du Temple, détruite à la Révolution, et les bases de la "Rotonde" de Perrard de Montreuil, un bâtiment “utopiste” édifié en 1788 pour abriter des échoppes et des petits appartements (article du 14 mars 2009).

    ImagesCAASTGNZ "La Rotonde" de Perrard de Montreuil. Une maquette en bois est visible au musée Carnavalet.

                  

    Le cimetière qui se trouvait à cet endroit a révélé plus de mille tombes dont les plus anciennes remontent au XIIe siècle et vont jusquau XVIIIe siècle. Aucune découverte majeure n’a eu lieu.

    M. Bayet présente ensuite les grandes lignes de son projet. Après avoir rappelé qu’il avait été chargé culturel à l’ambassade de Bamako, conseiller du maire de Lille capitale européenne de la culture, il insiste sur sa connaissance du cirque, ayant dirigé le Centre National des Arts du Cirque de Châlons en Champagne. Pour cela, il se dit « proche des pratiques populaires de la culture ». A ce titre il dévoile les orientations principales qu’il souhaite développer. Outre les sports scolaires, les cours pour les associations, il entend attirer des activités payantes telles que des congrès, des salons, des concours, des défilés et des spectacles de toutes formes dans les espaces à louer. Son équipe sera constituée d’une vingtaine de personnes, le budget annuel est de 2,750 millions d’€ dont 50 % de charges fixes.

    Le satisfecit apparent qui transparaissait dans la présentation du dossier par les intervenants s’est trouvé contrarié par certains participants dans l’assistance, au demeurant peu nombreuse, bien que nous ayons noté la présence de notre nouveau député. Certains en effet ont souligné le manque de transparence du Maire du IIIe antérieurement à cette présentation. Pour notre part nous serons intéressés par le devenir effectif du Carreau et l’orientation réelle qui sera prise dans le respect des annonces faites au cours de cette réunion. Il est important aussi, et nous le souhaitons vivement, que ce lieu historique ne devienne pas un puits sans fond pour les contribuables parisiens ; car cette opération, financée par la Ville de Paris, représente tout de même un investissement de 60 millions d' euros auquel s'ajoute le budget annuel de fonctionnement, net des recettes envisagées.

    Notons qu’il est possible de visiter le chantier en s’inscrivant à la mairie du IIIe.

    Dominique Feutry