Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Actualité

  • St louisLa brasserie de l'Îsle Saint Louis quai de Bourbon/ rue St Louis en L'Île (Photo Claude Charensol)

     

    Nos amis de l'association de défense du site de Notre-Dame et de ses alentours a rendu compte sur son blog de la réunion qui s'est tenue le 28 janvier 2016 à la mairie du IVe sur de nouvelles dispositions en matière de circulation et de stationnement dans l'Île Saint-Louis.

    Sourire jaune des participants à la réunion en constatant que le magazine "Centre Ville", disponible à l'accueil de la mairie, rendait compte de cette réunion qui n'avait pas encore eu lieu ! On attendait vingt personnes. Il en vint  deux cents ce qui témoigne de l'importance accordée par les habitants de l'Île à ce dossier.

    La réunion n'a pas convaincu les participants que le maire avait du reste apostrophés en introduction sur un regard en disant "l'assistance n'est pas jeune…." (propos rapporté par un participant). Les déclarations des pompiers n'ont pas été persuasives et le Commissaire Central qui était là en civil s'est soustrait sans avoir dit un mot.

    BerthiScène typique de l'Île Saint-Louis : les queues devant les vendeurs de glaces Berthillon

     

    Il y avait donc un parfum de fiasco à la mairie ce soir-là. Il n'est pas étonnant dans ces conditions que le conflit ait prospéré et que l'opposition s'en soit emparée. Le Conseiller LR du IVe, Vincent Roger, devait par la suite réunir les habitants à son tour pour les assurer de son soutien et de celui de la Présidente LR à la Mairie de Paris.

    Dans l'espoir de calmer le jeu et de reprendre l'initiative, le Maire Christophe Girard adressait le 15 février une lettre ouverte (dont nous avons été destinataires) à M. Vincent Roger et à Mme Nathalie Kosciusko-Morizet. Elle s'efforce de remettre les choses à leur juste place mais il n'est pas sûr du tout qu'elle apaise la tension qui touche en ce moment la population de l'Île. Nous publions cette lettre in extenso. Cliquer ICI pour la télécharger

     

  • Conseil paris 15 02 16Conseil de Paris le 15 février 2016, dans les rangs de l'opposition (Photo LR)

     

    L'opposition donne le sentiment d'avoir été prise de vitesse et la majorité d'Anne Hidalgo d'avoir bâclé le travail. Aucune des raisons objectives que nous avons relevées dans notre article du 30 janvier  n'a empêché que ce projet voie le jour et qu'il le fasse dans la précipitation.

    La dispersion des arrondissements en matière de population est conservée. Le centre aura 101.764 habitants, très loin des 237.120 du XVe et des 199.519 du XVIIIe mais très au-dessus du VIIIe avec ses 39.175 habitants et du VIe avec 43.479. L'incohérence se poursuit avec les VIIe et IXe qui n'atteignent pas les 60.000 habitants.

    On l'a dit aussi : les unités opérationnelles de la Ville de Paris (Urbanisme, Propreté, Voirie, Pars & Jardins …) sont déjà organisées suivant une logique qui ignore les arrondissements. Aucune amélioration de la productivité ne doit être attendue de cette restructuration.

    Alors pourquoi cette réforme qui s'est déroulée dans la discrétion et la précipitation ?

    L'opposition dans une tribune de Nathalie Kosciusko-Morizet dénonce un calcul électoraliste. Il est vrai que le centre avec le 1er arrondissement envoie un élu de Paris à l'Hôtel de Ville dans la configuration actuelle et dispose d'un Maire, mais il n'a pratiquement pas de pouvoir. En vérité c'est peu de chose et rien ne dit que les nouvelles règles de calcul du nombre d'élus de Paris seront défavorables à l'opposition actuelle….

    Pour finir, nous citoyens concernés ne comprenons rien aux buts de cette réforme. Et comme toujours, dans ce genre de situation, on flaire la manœuvre et on n'apprécie pas.

    Autre volet des réformes souhaitées par la Maire : obtenir plus de responsabilités en matière de maintien de l'ordre. On pense inévitablement à l'occupation de l'espace public, au tapage nocturne, au respect des règles d'urbanisme. Il est vrai que le partage actuel entre mairie et police ne garantit pas un niveau d'efficacité optimal. La question est de savoir dans quelle direction il doit bouger. En toute franchise, nous observons aujourd'hui une réactivité et une disponibilité insuffisantes du côté des forces de l'ordre municipales. On doit en tirer d'abord la leçon avant d'envisager d'accroitre leur domaine d'action, faute de quoi le jugement des citoyens sera sévère.

     

  •   A12Tentes installées dans le jardin du musée Picasso en prévision d'une fête (Photo VlM)

     

     Le score vient de tomber sur les écrans des correspondants  de presse … 1.000.000 !

    Tel est le nombre de visiteurs enregistré par le musée Picasso depuis son ouverture, ce qui correspond en moyenne à  62.500 visiteurs par mois et 2.600 par jour, compte tenu de la fermeture le lundi.

    Cette statistique ne précise pas si ce « beau résultat » intègre les soirées bruyantes et résonnantes qui incommodent le voisinage.  Pour l’instant le mauvais temps étant de la partie, aucune manifestation extérieure dans  le jardin du musée ne nous a été signalée récemment. Mais déjà à l’approche du printemps nous voyons poindre des nocturnes annoncées pour  le vendredi 29 février et le mercredi 30 mars. Les riverains  croisent les doigts  en espérant qu’elles ne seront pas incommodantes et se dérouleront à l’intérieur des bâtiments mais ils craignent déjà ce qui risque de se produire à l’approche des beaux jours…

    Aucun  contact n’est engagé de la part de la direction de l’établissement avec les riverains pour essayer de concilier tranquillité et « business ». Ceux-ci sont les laissés pour compte d’une équipe  qui s’est installée avec toute son intendance (les travaux coûteux d’aménagement des locaux administratifs 20 rue de la Perle étant quasiment achevés) dont la préoccupation essentielle reste celle de boucler son budget annuel.

    Dommage que l’attention sur le voisinage qui aurait dû primer ait été délaissée pour des raisons mercantiles alors que sur le plan du trafic de bus et du stationnement les engagements pris par la municipalité concernant cette zone ont été tenus à quelques exceptions près.

    Si les habitants devaient subir les mêmes affres que l’an passé durant la belle saison, du fait de la  succession de concerts, défilés  et autres manifestations extérieures,  alors ils ne resteraient pas sans agir. Rappelons-le,  il n’y a pas seulement le spectacle mais aussi sa préparation son installation et le démontage qui troublent la quiétude du quartier. C’est-à-dire  avant, pendant et après…, ce qui peut couvrir une journée et une nuit, voire davantage soit beaucoup !

    Dominique Feutry

     

  • Jo expressCampagne de communication hier soir 9 février avec projection de logo sur l'Arc de Triomphe (Photo L'Express)

     

    Quel est le coût pour les parisiens de cette fanfaronnade de Mme Hidalgo qui a décidé que la méthode Coué était la bonne façon pour que Paris ait les J.O. de 2024 ?

    Nous disons depuis le début, et nous le ferons savoir au Comité International Olympique, que les parisiens, instruits des déboires de trop de villes qui en ont fait les frais, ne veulent pas de ces Jeux et demandent un référendum réservé aux habitants de Paris inscrits sur les listes électorales.

    Boston et plus récemment Hambourg y ont prudemment renoncé. Leurs habitants ont la réputation d'avoir les pieds sur terre et ils ont la chance (et le discernement) d'avoir élu un Maire qui tient compte de leur avis. D'ailleurs au rythme actuel des désistements, nous risquons de rester seuls en lice et d'être choisis par défaut ….

     

  • Corderie lemel 4 gigi 08 02 16Place Nathalie Lemel et rue de la Corderie (IIIe) (Photo VlM)

     

    La tempête de la rue de la Corderie et du voisinage du Carreau du Temple repart de plus belle. Dans une note d'information datée du 8 février, l'association des riverains annonce qu'une autorisation de terrasse vient d'être accordée par la Direction de l'urbanisme de la Mairie de Paris au restaurant "GIGI", à l'enseigne de "Au Tour de France",  4 rue de la Corderie, sur le flanc de la placette Nathalie Lemel qui est le terre-plein arboré de la photo.

    C'est la vague de trop qui soulève le navire. Les riverains soulignent que 300 places de terrasses ont déjà été créées aux abords immédiats du Carreau du Temple, dans des rues étroites où le bruit des consommateurs résonne. Ils rappellent qu'un huissier est intervenu en juin 2015 pour constater un niveau de bruit le soir qui atteint 75 décibels.

    Corderie 8 terrasse barav 08 02 16Le "BARAV", 10 rue de la Corderie (Photo VlM)

     

    Certaines de ces terrasses vont bien au-delà de la simple provocation. Le "BARAV", situé au 10 de la rue de la Corderie, exploite avec impudence une terrasse qui occupe le trottoir dans sa totalité et empiète sur une partie de la chaussée. On le voit sur la photo avec une rangée de chaises dans le caniveau. On imagine trop aisément ce que donne ce dispositif lorsque le bar regorge de monde !

    C'est dans un contexte déjà tendu que les riverains apprennent que "GIGI" serait autorisé à créer une nouvelle terrasse de 4 tables de 8 à 10 personnes.

    Corderie 4 gigi terrasse 12 02 16Crèperie GIGI, ses quatre tables qui occupent tout le trottoir (Photo VlM)

     

    Le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum s'y était pourtant opposé en septembre et le comité de suivi de la charte entre commerçants et riverains se serait réuni s'il n'y avait pas eu les évènements de novembre qui ont bouleversé les agendas. Cette réunion se tiendra finalement en mars 2016. Les riverains attendent une clarification. Le trottoir de 1,30 mètres devant "GIGI" ne permet pas la création d'une terrasse au terme du règlement des étalages et terrasses de la Ville de Paris (mais que penser alors du BARAV ?). L’autorisation porterait-elle sur une contre-terrasse sur la place ? C'est ce que les habitants essaient de savoir et appellent à se retrouver sur leur site.

    On lira avec intérêt les commentaires sur notre article déposés par les exploitants de ces établissements dont le comportement semble aberrant à première vue. Ils attribuent la situation au fait que la rue est devenue piétonne. S'il en est ainsi, ne nous étonnons pas que personne n'ait envie de voir des voies privatisées alors que bien des arguments écologiques plaident en faveur d'une telle évolution. On peut se demander ici si la Mairie de Paris n'a pas commis une erreur – toujours réparable – en décidant de fermer la rue aux véhicules à quatre roues.

     

    Troisième café parismaraisLe Troisième Café, 18 rue de Beauce (IIIe) (Photo Parismarais)

     

    C'est en ce moment de surcroît qu'on apprend que "Le Jules", le café-restaurant du Carreau est l'objet de pourparlers avec "Le Troisième Café", pour reprise de l'activité. Le Troisième Café est un établissement associatif et collectif qui s'est créé il y a trois ans rue de Beauce. Il bénéficie d'une aide financière de la mairie du IIIe, de la Députée de l'arrondissement et de la contribution de quelques bénévoles pour offrir des consommations à des prix imbattables et des prestations d'animation. Ce n'est pas en soi une mauvaise nouvelle pour les habitants du quartier mais certainement une donnée dont ils vont devoir tenir compte.

     

  • Carreau du temple rénové 02 05 14Le Carreau du Temple, rue Eugène Spüller (IIIe) (Photo VlM)

    Le "Carreau du Temple" est une SPL (société publique locale) de droit privé, dont le capital social est détenu par la  Ville de Paris à hauteur de 70 % et le Département de Paris pour 30 %.

    La SPL a pour mission la gestion et l'exploitation du Carreau du Temple avec toutes les activités qui s'y attachent.

    Les deux premières années d'exploitation se sont traduites par une perte cumulée de 554.000 €. Autant dire qu'il ne reste rien du capital social initial (300.000 €) et de la "subvention d'investissement" destinée à gonfler ses fonds propres.

    En conséquence, dans le but d'éviter  la cessation d'activité, les actionnaires publics sont appelés à procéder à une augmentation de capital qui ressemble à un sauvetage : ils sont invités à verser 300.000 € pour reconstituer le capital social. C'est une manière de subventionner la société pour effacer ses pertes antérieures. Le conseil de Paris va en délibérer prochainement.

    Il reste, cette opération faite, à savoir s'il existe une chance que l'exploitation du Carreau trouve un équilibre pour son exploitation. Son chiffre d'affaires annuel tourne autour de 2 Millions d'€, ses coûts de fonctionnement excèdent ce chiffre de 250 à 300.000 €. Il y a deux approches possibles : augmenter les recettes ou/et diminuer les charges.

    L'accroissement de l'activité se heurte à l'opposition des riverains à toute forme d'agression et de pollution de leur environnement. La SPL peut essayer toutefois d'imaginer des activités dont l'impact sur l'environnement serait maitrisé. Sinon, c'est sur les charges qu'il faudra jouer.

    Deux nouvelles directrices ont été nommées il y a un an. Nous avons prévu de les rencontrer prochainement. Ce sujet doit être à l'évidence en bonne place sur leur agenda.

    Il est encore tôt pour tirer la morale de l'affaire. Mais on risque peu de se tromper en affirmant qu'il faut tempérer les enthousiasmes chaque fois qu'un projet à caractère public est annoncé. La Fontaine pourrait en faire une fable. Le chantier des Halles et sa fameuse "canopée", avec le "carreau du Temple", lui en fourniraient la matière.  Soyons également attentifs aux "22 projets qui vont réinventer Paris" (article du 5 février).  Quant à la chute, elle pourrait être celle-ci : "en toute chose, il faut considérer la fin" (Le renard et le bouc – Jean de la Fontaine).

    Gérard Simonet

     

  • Agent nettoiement 27 02 12Celui qu'il faut célébrer pour le travail ingrat mais indispensable qu'il accomplit ; celui qu'il faut respecter aussi en se gardant de gestes inciviques, jets de déchets, flyers, chiens qu'on laisse chier sans ramasser, affiches et affichettes sauvages : l'agent de la propreté de Paris (Photo VlM)

     

    Lors du Conseil de Paris du 15 au 17 février, sera proposé un projet de plan de propreté dont nous avait déjà entretenu, pour partie, Mao Péninou Maire-adjoint de Paris, en charge de la propreté lors de notre dernière entrevue (article du 25 novembre 2015). Ce plan qui s’ajoute aux précédents est plus qu’attendu car le classement de Paris comparé aux autres grandes métropoles n’est pas bon dans ce domaine. Il faut vraiment agir vite et fort d’autant que la Maire en avait fait un thème de campagne lors des élections municipales.

    Papiers, affiches sauvages, tags, flyers, déjections canines, épanchements d’urine, corbeilles débordantes et autres joyeusetés ne font que se multiplier au fil des mois. Certes des actions ont été menées (campagne anti mégots, nouvelles corbeilles installées, site pour l'enlèvement des affiches et des graffiti "DansMaRue", majoration du prix des amendes, …) mais les résultats restent maigres alors que les incivilités sont en hausse et que le nombre de touristes augmente, sans oublier l’afflux de fêtards la nuit dans un certain nombre de quartiers.

    Le plan envisagé est estimé à 25 millions d'€. Il prévoit le recrutement de 100 éboueurs et conducteurs de bennes (l’effectif dédié à la propreté passera alors à 5 700 personnes), davantage d’équipements dont des souffleuses et plus de sanisettes (450 contre 400 actuellement). Par ailleurs 10 nouvelles déchetteries seront installées à échéance 2020.

    Enfin une brigade anti incivilités sera constituée avec la volonté non dissimulée d’impliquer les habitants dans la perspective d’un objectif « zéro déchet ».

    Il y a sur le plan de la propreté une véritable bataille à mener, le combat est rude. Il faut mettre tous les moyens pour la gagner,« éduquer » et « sanctionner » tout à la fois ceux qui salissent car au final les habitants respectueux en souffrent et paient pour ceux qui s’en moquent.

    Dominique Feutry

     

  • A4 Photo montage du 17 boulevard Morland après son aménagement

     

    Toute la presse en parle, certains déclarent même et c’est le cas des élus de la majorité municipale qu’il s’agit d’un « moment historique », les qualificatifs ne sont pas assez nombreux pour magnifier l’instant.

    Plus simplement la Maire de Paris vient d'annoncer au pavillon de l'Arsenal les 22 idées retenues pour « réinventer Paris » à la suite d’un appel à projets. « La capitale n’est pas une ville vitrifiée par la nostalgie » a-t-elle  affirmé dans son discours. Certes mais Paris doit garder son unité, son harmonie ce qui n’est pas  une question de nostalgie mais de cohérence. Or par exemple l’idée des tours ceinturant la capitale dont nous avons suffisamment parlé  nous parait l’illustration même de la fausse bonne idée.

    L’écologie est mise en avant dans les choix qui ont été retenus comme le projet dénommé " mille arbres" qui reliera Neuilly à la porte Maillot. Mais entre « la rue gourmande »,  « la tour de Babel écologique » et  le « philanthro-lab » …l’inventivité ne manque pas.

    En ce qui concerne nos arrondissements, comme nous l’écrivions dans notre article du 15 novembre 2014 annonçant cet appel à projets, "Parmi les sites retenus qui appartiennent à la Ville, deux figurent dans le IVe : l¹Hôtel de Coulanges (la Maison de l¹Europe) au 35 rue des Francs-Bourgeois, et surtout l¹immeuble Morland, connu pour avoir abrité des services de la Préfecture de Paris Île-de-France ainsi que les services de l'Urbanisme de la Ville de Paris".

     

    A3Photo montage d'un défilé de mode dans la cour de l'Hôtel de Coulanges

     

    Le projet attaché à l'Hôtel de Coulanges porté par le « Collectif Coulanges» souhaite "offrir aux jeunes créateurs un endroit de référence, innovant… créatif, culturel axé sur une vision entrepreneuriale et sociale.,. qui les accompagne et leur permette de faire leurs premiers pas… Le projet repose sur la combinaison de trois business models et l’appui de deux partenaires : l’École supérieure des arts appliqués Duperré et le leader mondial du coworking, WeWork.
    Ensemble, ils élaboreront et administreront un lieu au service de la mode, de la création et du design… Plus d’un tiers de la programmation et des moyens seront accessibles gratuitement. Sur 1.500 m2, on trouvera le collaboratif et l’entrepreneuriat, des espaces professionnels partagés et hyper connectés, ouverts 24
    heures/24, accessibles aux entrepreneurs et créateurs."

      MorlandPhoto-montage du nouveau "Morland" vu de la Seine

     

    Le nouveau visage de l'immeuble Morland, 17 boulevard Morland (IVe) intitulé "Mixité Sociale", est un projet qui comporte."… une crèche de 66 berceaux… un hôtel, une auberge de jeunesse,… une piscine  et 5.000 m2 de logement social… Il … ouvre le bâtiment aux parisiens et créé un nouveau flux, tout en proposant de nouveaux équipements pour le quartier…. L’ancien hall d’accueil, complété de constructions neuves, sera repensé sous la forme d’un espace ouvert à tous qui abritera un marché alimentaire avec une offre diversifiée. Le sommet de la tour… accueillera… sur les deux derniers étages, un concept artistique… au sein du bar panoramique et du restaurant."

    PalaisLe  palais de Ceaucescu, à Bucarest, construit en 1980, architecte Anca Petrescu

     

    Le hasard est cruel. Nous disions de l'immeuble actuel qu'il est "stalinien". Celui qu'on nous propose a la mauvaise grâce de rappeler le palais démentiel que s'est fait construire le dictateur Ceaucescu à Bucarest, sur les ruines de la vieille ville dont la démolition barbare n'a pas épargné des chapelles anciennes. Qu'on en juge par la photo ! Les nouveaux promoteurs n'en sont naturellement pas responsables car ils se sont efforcés tout de même d'atténuer la lourdeur du bâtiment existant et la finalité de leur ouvrage est Dieu merci beaucoup plus humaniste. Nous ne résistons pas cependant à sourire de cette similitude et dire qu'on retrouve dans les deux cas un corps de bâtiment central avec deux ailes et des façades dont la structure alvéolaire recourt à la même combinaison de lignes verticales et horizontales.

    Certains points de Paris vont donc subir de lourds travaux. Nous comprenons que si certains projets sont destinés à une meilleure qualité de vie des habitants d'autres feront hélas la part belle au festif (Hôtel de Coulanges ouvert 24h sur 24, des membres d'équipes "lauréates" sont connus comme promoteurs de la fête la nuit, ainsi en est-il du projet de la Sous station Voltaire 14 avenue Parmentier XIe…) ce qui risque  d'accroître les nuisances notamment sonores et renforcer l’antipathie entre fêtards et riverains.

    S'agissant du Marais, nous disions comme une boutade que le meilleur traitement à faire subir au bâtiment de Morland était de le détruire et de créer un parc, car Paris a besoin d'alléger sa densité d'habitants et d'activités et donner de la respiration au milieu urbain mais nous devons reconnaitre que le projet retenu, par la diversité de ses objectifs, est à défaut ce qu'il y avait de mieux à faire.

    Quant à Coulanges, le projet  dont nous avons eu connaissance prévoyait la création  d'un lieu de rencontre de grands chefs, une sorte de Villa Medicis de la gastronomie, avec commerces et table d'hôte sur la cour centrale ; le choix qui a été fait n'est pas fondamentalement différent et pourrait s'avérer moins perturbant pour les habitants du quartier.

    Dominique Feutry

     

  • ArtRobert Rickhoff, Park Bench, 2012

     

    Le BMO (Bulletin Officiel de la Ville de Paris) du 29 janvier fait état  d’un arrêté portant sur  la création, auprès de la Maire, d’une « Commission pour l’art dans l’espace public dans Paris ». Il est déjà en prévision du vote probable de la nouvelle loi patrimoine qui officialisera  le désengagement de l‘État (voir notre article du 14 novembre 2015).

    Cette instance voulue par Anne Hidalgo aura pour but, dit l’arrêté, d’éclairer la maire sur toutes les missions de sa compétence.

    Quelles sont ces missions ?

    • Rendre des avis sur les projets d’installation d’œuvres éphémères (c’est-à-dire d’une durée inférieure à 9 mois).
    • Proposer des orientations et émettre des avis en matière d’intégration d’œuvres dans les opérations de construction et d’urbanisme.
    • Se prononcer sur les propositions émises par les parisiens dans le cadre des "budgets participatifs" et ayant trait à l’espace public.
    • Accompagner la réflexion et l’action municipales dans le domaine de la médiation et de la valorisation des œuvres existantes.
    • Assurer un rôle particulier de suivi en matière de « street art ».

    Il est spécifié enfin que la commission qui se réunit 4 fois par an rend des avis après avoir examiné les projets sélectionnés par la Directeur des Affaires Culturelles quant au contexte et à la pertinence de la proposition, à leur qualité artistique, au rapport au site proposé, aux modalités d’appropriation par le public et à leurs conditions de durabilité.

    Les objectifs poursuivis par la mise en place de cette commission nouvelle sont louables, l’important en la matière étant d’assurer un rôle de veille de manière à ne pas dénaturer l’environnement dans lequel les œuvres pourront s’insérer. Officialiser les choix est une excellente chose mais encore faut-il que le rôle de la commission soit respecté à la lettre. Or concernant par exemple le « street art », la mission de la commission est laconique et vague. Et justement ce qui est qualifié à tort de « street art » défigure souvent nos murs et rues de nos quartiers.

    StreetStreet art et humour anglais

     

    4 représentants de la Ville siègent dans cette commission (le 1er Adjoint en charge de la culture, le Directeur des Affaires culturelles, la Conseillère culture au cabinet de la Maire et le responsable de la mission programmation, expérimentation, animation et valorisation de l’espace public au sein du Secrétariat général. Trois personnes qualifiées désignées pour 3 ans y siègent par ailleurs, la Responsable du programme culture de la Fondation de France, la Directrice du Musée d’Art contemporain du Val de Marne et une conservatrice du musée d’Art moderne de la Ville de Paris ;

    Lors d’une récente interview consacré à son dernier livre intitulé « L’imposture de l’art contemporain » paru aux éditions Eyrolles, l’auteur, Anne de Kerros, n’a pas caché qu’aujourd’hui « N’importe quoi peut devenir de l’art contemporain à l’exception du grand art qui suppose un talent, une excellence. ».

    Nous souhaitons vraiment que les membres de la nouvelle "commission pour l’art dans l’espace public dans Paris" gardent à l’esprit ce conseil pertinent lorsqu’ils auront à rendre un avis à la Maire de Paris. Le centre historique de Paris est très concerné, lui qui concentre nombre de monuments et d’œuvres d’art, il doit être absolument préservé.

    Dominique Feutry

     

  • Bourg tibourg 3 contre-terrasse 28 01 16Rue du Bourg Tibourg, contre-terrasse et son dispositif de chauffage (Photo VlM)

     

    Le quotidien "Le Parisien" nous apprenait ce 26 janvier que le Tribunal Administratif a fait droit à le requête d'un bar-restaurant contre la Mairie de Paris qui l'avait sanctionné pour chauffer une contre-terrasse.

    Par contre-terrasse, on entend une portion de l'espace public séparée de l'établissement, contrairement aux terrasses simples qui sont des excroissances du local de l'exploitant sur le domaine public.

    Il est rappelé qu'une autorisation d'emprise sur le domaine public est accordée à titre personnel et qu'elle est temporaire, précaire et révocable.

    Dans la dernière version du règlement des étalages et terrasses du 6 mais 2011, rédigé par la Directrice de l'Urbanisme de l'époque Élisabeth Borne en concertation avec "Vivre Paris !", il est indiqué (Titre 1 – DG 6 – Développement durable) que "les demandeurs d'autorisation doivent prendre en compte des impératifs de développement durable", notamment renoncer aux dispositifs de chauffage extérieurs au gaz et quel que soit le mode tout dispositif de chauffage pour les contre-terrasses.

    En moins abscons : chauffer l'extérieur si ce n'est pas au gaz, oui pour les terrasses, non pour les contre-terrasses.

    Vosges ma bourgogne terrasse 28 01 16Terrasse simple chauffée place des Vosges (photo VlM)

     

    Il y a donc dans le règlement une discrimination évidente. Nous avions demandé que tout  chauffage extérieur soit interdit car c'est chauffer l'atmosphère alors que la planète est invitée à livrer un combat contre le gaspillage de l'énergie, la pollution de l'air et le dérèglement climatique qui en résulte.

    La mairie a concédé au lobby des commerçants le chauffage des terrasses. Elle a tenu bon pour les contre-terrasses. Est-ce sa complaisance à leur égard qui lui vaut aujourd'hui d'être condamnée par le tribunal ? Faute de connaitre les attendus du jugement, nous ne pouvons nous prononcer mais il nous semble peu probable que les juges se soient fondés sur une réflexion qui ne repose que sur le bon sens. Ce n'est pas faire preuve d'irrévérence à l'égard des magistrats du tribunal administratif que de dire qu'ils s'attachent presque exclusivement aux questions de forme.

    On va voir maintenant ce que dira la Cour d'Appel. Nous répétons à cette occasion que dans les circonstances actuelles il est saugrenu et aberrant de chauffer l'extérieur pour étendre sa surface commerciale et accroitre ainsi son chiffre d'affaires alors que l’État met la pression sur les citoyens pour qu'ils améliorent à grands frais l'isolation de leurs logements. On marche sur la tête et il est désolant que la justice incite à aller sans ce sens.

    Nous déclarons en tout cas notre soutien à la Mairie de Paris dans le prochain combat judiciaire en soulignant que les commerçants n'ont aucun  droit sur l'espace public et que la Ville est discrétionnaire dans sa décision de leur accorder on non – et de leur retirer – ce qui est un privilège et pas un droit.

    Gérard Simonet

     

    Postscriptum du 28 janvier

    Nous ne pensions pas si bien dire en suspectant des erreurs tactiques qui engendrent des maladresses sur la  forme. Nous nous sommes procurés l'ordonnance du jugement. En voici un résumé succinct mais cruel :

    Dans un 1er arrêt, la Ville entendait se faire payer des droits pour le chauffage d'une contre-terrasse exploitée sans autorisation, alors que : 1°/ l'autorisation avait été obtenue, et que 2°/ il est interdit de chauffer les contre-terrasses.   

    Dans un second arrêt, alors que le cafetier prétendait contre toute évidence qu'il n'avait pas de système de chauffage sur sa contre-terrasse, la Ville se contente de produire deux photos non datées ! Pas de constat d'huissier, pas de rapport d'agent assermenté ! Autant dire que son dossier est vide.

     

     Il s'agira de faire mieux en appel !