Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Cadre de Vie, Environnement

  •  Sans-titreDes touristes louant pour une grande part sur les plateformes de locations saisonnières (photo VlM)

     

    A la suite d’une plainte contre X pour non-respect de la réglementation déposée en novembre dernier par les professionnels du secteur de l’Hôtellerie (une soixantaine d’associations et d’organismes) contre les plates-formes de locations saisonnières de logements dont la plus connue est Airbnb, une enquête a été ouverte par le Parquet, a révélé récemment la presse. D’après les informations avérées ou non qui circulent,  alors que l’offre de locations proposée par les particuliers est devenue supérieure à celle  des professionnels,  il semblerait que les sites en question ne soient pas accrédités pour encaisser de l’argent et de surcroît ces sites exerceraient illégalement la profession d’agent immobilier ou d’agent touristique qui suppose l'inscription préalable sur un registre professionnel, or ils n’y figureraient pas.

    En réponse sans doute aux difficultés rencontrées par le secteur hôtelier qui subit de plein fouet cette concurrence, quatre amendements votés par la Sénat seront discutés en Commission mixte paritaire le 29 juin à l’occasion du projet de loi « Pour une République numérique ». Si ces propositions étaient acceptées, elles limiteraient fortement l’activité des plateformes visées. Ainsi pour figurer sur un site,  il faudra justifier de sa qualité de propriétaire  ou de l’autorisation du bailleur. Tout loueur devra s’enregistrer auprès des mairies quelle que soit la taille de la  commune considérée (et pas  seulement celles de plus de 200 000 habitants), avant de faire paraitre une offre de location.

    Les plateformes devront aussi transmettre au fisc les revenus perçus pas leurs utilisateurs afin de limiter la fraude fiscale. Enfin le 4ème amendement  est lié à la loi ALUR qui commande de louer  pour une durée maximale de 120 jours. Cette durée est déjà critiquée car des villes ont d’ores  et déjà imposé une durée plus courte  (New York, San Francisco..) voire même supprimé simplement toute location saisonnière comme à Berlin qui craint une raréfaction de l'offre locative pour ses habitants.  

    Pour ce qui concerne Paris, des contrôles ont été annoncés à grand renfort  de publicité.  Une liste des déclarations des loueurs par arrondissement a été rendue publique sur le site de la mairie, mais elle est bien pauvre au regard des locations existantes, notamment dans le Marais. Des règles ont été instituées, mais elles  restent bien molles. Fin mars en effet, un accord a été signé avec Airbnb afin que les loueurs  susceptibles de dépasser les quatre mois de location par an, reçoivent via Airbnb (!) un e-mail leur rappelant la réglementation. Il faut savoir que ce site perçoit  pour le compte de la Ville depuis octobre 2015 la taxe de séjour (4,6 millions € en 2015).  

    Rappelons incidemment que le dirigeant d’Airbnb avait été reçu en grandes pompes à l’Hôtel de Ville par le 1er Adjoint de la Maire en personne  (voir notre article du 28 février 2015). Enfin le tableau ne serait pas complet si nous ne parlions pas du nombre de nuitées réservées sur Airbnb qui a doublé en 2015,  passant à 23,8 millions dont 50% en Europe. Paris concentrant le un tiers des logements offerts à la location sur l’Hexagone.

    Nous espérons que les 4 amendements cités plus haut seront adoptés par les parlementaires car si souvent les retombées économiques de cet afflux de touristes sont mises en avant,  rien ne permet d’affirmer que sans Airbnb et autres plateformes, les touristes ne seraient pas venus néanmoins dans notre pays.

    Dominqiue Feutry

     

  • IMG_2601

    IMG_2611Peintures murales à Colombo, auteur Marko93 (Photos MT)

     

    A Colombo, Sri Lanka, les emplacements des peintures murales sont négociés et celles-ci 
    sont inaugurées avec le concours
    d'un orchestre français de jazz qui n'abuse pas des
    décibels : le "Gala Swing Quartet". Dans un environnement
    culinaire concocté par le
    restaurant de Jacques et Laurent Pourcel.

    Financement assuré à 90 % par la mobilisation de fonds privés.

    "Haiku" (*) pour la première : "Ballet de couleurs "Et danse calligraphique "Insuffler la vie"

    "Haiku" (*) pour la deuxième :

    "Paris pendentifs
    "Regard d'avant le sourire  
    "Capter l'être humain"

    * Haiku = F
    orme poétique d inspiration japonaise
    Michel T.

    La mairie de Paris devrait s'inspirer de cette politique au lieu de laisser les crypto artistes s'approprier des murs sans l'autorisation des propriétaires et infliger aux habitants une vision de l'art qui n'est pas forcément la leur, généralement peu conforme au cadre ambiant. Le Marais, dont les monuments historiques sont régulièrement maltraités par des barbouilleurs ou des afficheurs publicitaires, pourrait ainsi bénéficier du jugement de gens avisés, dont l'esthétique est le métier.

     

  • Sans-titreLe  bâteau-hôtel "Off Paris Seine" du quai d'Austerlitz, au centre la piscine (Photo Urban attitude)

     

    Inédit pour certains, mesurant 80 m de long  sur 18 de large, l’Hôtel flottant  « Off Paris Seine » qui vient d’ouvrir quai d’Austerlitz a de quoi étonner.  Avec ses 54 chambres ses suites et sa piscine, l’exploit de cette  constriction est à l’honneur des  chantiers de Dieppe.

    Bénéficiant d'une concession de 35 ans, cette installation représente un investissement de 11 millions d'€.

    Si cette création peut être discutée en raison de la part de marché prise par Airbnb et ses consœurs au détriment de l'hôtellerie classique qui constate une baisse significative d'activité, la problématique qui se pose aussi, et surtout, est celle de l'encombrement de la Seine.

    Le 15 juin dernier l'accident d'un bateau heurtant le Pont Royal qui a fait 6 blessés ou le triste naufrage de 2008 qui a entrainé la mort de 2 personnes montrent que la navigation sur la Seine est dangereuse. Aussi installer de nouvelles barges, de nouveaux bateaux le long du fleuve, quelles que soient leur finalité (restaurants, bars, hôtels, boite de nuit, habitation, cinéma, piscine, galerie d'exposition etc…), n'est pas raisonnable. L'encombrement qui s'en suit réduit incontestablement la partie navigable et accroit les risques d'accident. Nous l'avons signalé dans notre courrier adressé au Président de la commission d'enquête publique sur le projet d'aménagement de la rive droite. Nous avons d'ailleurs ajouté que les rives de la Seine étant inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO, elles devraient naturellement conserver leur intégrité.

    La question se pose aussi d'un autre point de vue. Dès lors que pour réduire la pollution atmosphérique la voie navigable est de plus en plus privilégiée au détriment des camions pour le transport de marchandises alimentant la capitale (voir notre article du 7 novembre 2014), nos élus seraient bien inspirés en lien avec les spécialistes chargés de l'exploitation du fleuve, d'établir un plan d'aménagement de la Seine facilitant et développant  la navigation plutôt que de la rendre contrainte.

    Dominique Feutry

     

     

  • Vélo-taxiDéfilé de vélos taxi

     

    Ils sont partout où se trouvent des touristes et poussent comme des champignons. Ces deux roues tractés par un homme ou tricycle motorisés ont des noms divers sur les sites touristiques de Paris tuk-tuk,  vélo-taxi, cyclopolitain… Il sont mis en avant par l’office du tourisme et présentés comme écologistes. Ces moyens de transport d’un genre nouveau font l’objet de publicités aguichantes, « redécouvrez la capitale de façon décalée à travers des balades découvertes » ou bien « coupe de champagne et roses offertes » ou encore un tour « Paris Romantique »… !

    Nous commençons à en apercevoir du côté du Marais et nous sommes dubitatifs sur la finalité réelle de ces véhicules. Créés à l’origine pour fournir un complément de revenus à des étudiants qui les louent à des sociétés, il semble que ce juteux commerce soit en grande partie passé aux mains d’équipes aguerries qui n’hésitent pas à défier la police lorsqu’ils occupent des emplacements réservés aux taxis ou gênent la circulation. Il nous a été aussi rapporté que la facture de la course pouvait être salée dans la mesure où, lorsqu’un  couple utilise ce transport pour visiter notre capitale, le prix qui lui a été annoncé peut très bien se trouver doublé en fin de parcours au motif que le montant s’entendait "par personne"…. !

    Peut-être devient-il nécessaire de réguler cette activité mal encadrée qui crée une concurrence déloyale, gêne la circulation à certains endroits très touristiques de Paris et peut laisser une mauvaise impression  à des touristes lorsqu’ils sont  trompés sur le prix ?

    Dominique Feutry

     

  • Fête de la musique 2014Fête de la musique 2014 rue des Archives dans le IVe. Toujours le même principe, un peu atténué, en 2016. Où est la musique ? (Photo VlM)

     

    Comme nous l'ont indiqué les commissaires de police des deux arrondissements, des dispositions sécuritaires avaient été prises étant donné les dangers latents pour cette édition 2016 de la fête de la musique. Certaines rues étaient interdites à la circulation et de ce fait bondées, des véhicules réussissant néanmoins à se frayer un chemin.

    Des fumées blanches épaisses sortaient des fenêtres au-dessus de certains établissements, des amplificateurs aux balcons, des projecteurs lançant des flashs éblouissants et un déversement continu de bruit assourdissant… Bien entendu badauds, fêtards et musiciens d'une soirée marchaient ou restaient figés prés des baffles. Beaucoup malheureusement portaient à la main un signe distinctif,  un verre ou une canette  de boisson alcoolisée !  Tel apparaissait en cette fête le bas des rues des Archives et du Temple (IVe).

    IMG_2598Chorale improvisée à l'angle des rues Pexquay et Rambuteau (IVe) (photo VLM)

     

    Plus loin dans la cour de l'Hôtel de Soubise ou celle du Crédit municipal rue des Francs Bourgeois, l'ambiance était plus paisible, plus chaleureuse, dans l'attente des "Jeunes Talents" qui ont interprété des pièces de musique classique.  Un oratorio de Joseph Haydn a été donné dans l’église ds Blancs Manteaux toute proche  A quelques mètres une chorale semblant improvisée s'est installée à l'angle des rues Pecquay et Rambuteau attirant de nombreux passants étonnés.

    Le village Saint-Paul était aussi cette année un lieu pour les voix féminines. Il était plus difficile, sécurité oblige, de pénétrer dans l"Hôtel de Saint-Aignan (musée d'art et d'histoire du judaïsme) où il  a fallu attendre pour écouter du rock oriental. Quant au Carreau  au du Temple il est devenu l'espace d'un soir la maison du jazz comme l'était aussi la place des Vosges qui accueillait par ailleurs des chanteurs de variétés.

     

    IMG_2597Le bas de la rue du Temple (IVe) interdite à la circulation (ballons, fumées, baffles…) (photo VLM) 

     

    Tous les styles de musique étaient donc représentés, la préfecture avait demandé un arrêt des décibels pour minuit 30 et fait savoir qu'il y aurait des contrôles. Il semble que globalement ces consignes aient été respectées et que la raison l'ait emporté en comparaison des années précédentes sans retenue. Au petit matin les équipes de la propreté s'activaient pour redonner un visage convenable à nos quartiers.

     

  • Mairie IVe face 06 03 16La Mairie du IVe arrondissement place Baudoyer (Photo VlM)

     

    Nous souhaitons vous communiquer et commenter quelques points relevés lors du Conseil d’arrondissement du IVe qui s’est tenu le 20 juin.

    Les 2 projets « Réinventer Paris » concernant le IVe arrondissement ont fait l’objet d’une délibération. L’un portait sur le quartier Morland qui devrait apporter une vitalité nouvelle à un morceau de l’arrondissement considéré parfois comme un peu oublié. Il a été approuvé avec enthousiasme sauf de la part les représentants d’EELV qui ont indiqué qu’il y avait des projets plus intéressants pour les habitants. Il a été annoncé que 241 logements (39% de logements sociaux et 41 % de logements intermédiaires) seraient aménagés et que des équipements sportifs, une auberge de jeunesse, un hôtel, de l’agriculture urbaine étaient prévus ainsi qu’une œuvre d’art installée postée sur le toit …

    L’autre dossier portait sur l’Hôtel de Coulanges qui va devenir "Cité de la mode et espace de coworking" (soit 1 500 m2 des 2 170 m2 de surface totale), les avis sont plus réservés voire carrément hostiles au projet. Le Maire du IVe s’est efforcé d’en limiter les aspects négatifs (éviter de pénaliser la rue des Francs Bourgeois lors qu’il y aura des défilés de mode, impliquer les riverains dans la programmation, maintenir une servitude de passage vers le jardin des Rosiers-Joseph Migneret). Ce projet de transformation risque de devenir sensible. Les espaces seront modulables pour organiser des événements (prix jeunes talents, showroom, ateliers, salle de presse, bureau de création, etc…). Plus inquiétant, des espaces professionnels partagés et hyper connectés accessibles aux entrepreneurs et créateurs seraient ouverts 24 heures/24.

    Enfin parmi les divers points traités ont été rappelées deux enquêtes publiques en cours,  la " reconquête des berges de Seine" (jusqu'au 08 juillet) (voir notre article du 11 juin 2016) et "le prolongement de la ligne 11" (jusqu'au 13 juillet). Quant à Paris plage 2016, l'ouverture est fixée au 18 juillet.

     

  •   A3Effraction d'une porte (Photo Le Figaro)

     

    Le fait est suffisamment rare pour être rapporté. Un magasin du Marais rue de Turenne (IIIe) spécialisé dans la vente de doudounes a fait l'objet d'un hold-up up audacieux digne de l'affaire Spaggiari à Nice (voir article Le Figaro). Cette boutique dénommé Ken Claude a subi un préjudicie de 500 000 €. les malfrats ont agi non pas en pénétrant par la vitrine protégée par un rideau de fer mais en creusant un tunnel dans la cave.

    Cet épisode malheureux doit nous conduire à rester vigilent. A l’approche des vacances il est utile de rappeler qu'il est possible de bénéficier de l'opération  « Tranquillité vacances » à votre domicile ou pour votre commerce proposée par la Préfecture de police (direction de sécurité de proximité de l'agglomération parisienne). Le site  « Tranquillité vacances » permet de s’inscrire en ligne mais il est possible de s'adresser à son commissariat central ou au service de l'accueil et de l'investigation de proximité (SAIP), ouvert 7jours/7, 24h/24 .  Des patrouilles quotidiennes de la préfecture de police surveilleront domicile ou commerce signalés.

    Bien entendu la police conseille de prévenir vos voisins présents de votre absence qui pourront alerter en cas  de suspicion ou si ils constate une anomalie.  Elle rappelle aussi qu' il faut verrouiller portes et fenêtres, changer les serrures en cas de vol ou de perte de ses clés ou lorsque l'on s'installe dans un nouvel appartement. Il est aussi déconseillé d’inscrire son  nom et son adresse sur le trousseau de clés. Il importe de ne  pas garder  d'importantes sommes d'argent à son domicile et de répertorier les objets de valeur en notant les n° de série de même pour les chèques et cartes de crédits… Enfin il est recommandé de laisser  une apparence habituelle à son habitation. il peut être judicieux de  demander à une personne de confiance d'ouvrir et de refermer les volets chaque jour et de relever le courrier.

     

  •  Shots-660x438Longue rangée de verres d'alcool en prévision d'un "Happy Hour"  

     

    Dans un rapport accablant publié le 13 juin 2016 intitulé "Les politiques de lutte contre les consommations nocives d'alcool ",  la Cour des comptes relève un nombre très élevé de dysfonctionnements dans la lutte contre les consommations excessives d'alcool. Elle indique dans son communiqué de presse  que "la coordination entre les acteurs publics est inaboutie".

    En conclusion de son rapport, la Cour des comptes formule une série de propositions, censées améliorer quelque peu l'action publique.

    • Adapter, à partir de programmes de recherche renforcés, les messages en direction des consommateurs à risque
    • Développer la prévention et la communication vers les publics les plus fragiles
    • Supprimer l'autorisation d'introduction et de consommation sur le lieu de travail
    • Renforcer la formation initiale et continue à l'addictologie, développer l'implication des personnels de santé dans le repérage précoce des consommateurs à risque
    • Relever la fiscalité sur les boissons alcoolisées pour diminuer les consommations à risque et préparer la mise en place d'un prix minimum
    • Appliquer à tous les supports numériques les restrictions de publicité en faveur des boissons alcooliques
    • Accroître la probabilité des contrôles et des sanctions immédiates en ayant recours à un seul appareil portatif homologué de mesure de l'alcoolémie contraventionnelle et délictuelle, en augmentant le montant des amendes forfaitaires et en appliquant un régime de contraventions immédiates jusqu'à une alcoolémie de 1,2 g par litre de sang.

    Le rapport de la Cour des comptes prend appui sur le rapport Kopp qui avait été présenté et commenté lors de la réunion publique du 31 mai 2016 organisé par le réseau "Vivre le Ville Europe !" dont est membre "Vivre le Marais !" (voir notre article du 01 juin 2016). Il met notamment en cause :

    • Une coordination inaboutie entre les acteurs et à ce titre l’insuffisance du pilotage interministériel, alors que le réseau "Vivre le Ville !" tente de faire le pont entre le ministère de l’intérieur et celui de la santé depuis septembre 2015
    • Des subventions mal orientées, dénonçant que les fonds alloués à la lutte contre la délinquance n’aient pas bénéficié à la lutte contre les consommations nocives d’alcool.

    Parmi les mesures proposées, nous retrouvons les principales lignes directrices du réseau "Vivre le Ville !"  :

    • Supprimer les « Happy Hours », et plus généralement agir par le prix, comme cela est pratiqué déjà pour la cigarette
    • Rendre plus transparent le lobbying des alcooliers
    • Rénover la législation sur les débits de boissons pour responsabiliser les exploitants par une meilleure formation et un meilleur contrôle des ouvertures d’établissements.

     

  • P1020340Michel Autheman, architecte à l'origine de la maison de retraite de la Perle (dite Madeleine Béjart) et du jardin attenant rue de Thorigny (Photo AMF)

     

    Rappelons que la mairie du IIIe a le projet d’ouvrir au public le jardin de la maison de retraite Madeleine Béjart, 2 rue de la Perle (IIIe). La transformation qui en découle entraînerait l’abattage des cinq grands érables qui jouxtent le musée Picasso et leur remplacement par des arbustes. Des habitants du quartier, regroupés dans "le collectif Thorigny" (LCT), lié à "Vivre le Marais !", ont lancé une pétition sur http://www.petitionpublique.fr/ pour manifester leur opposition à l’abattage brutal de ces grands arbres en bonne santé du Marais…

    Pour enrichir le débat, les riverains ont rencontré Michel Autheman, concepteur de la maison de retraite et du jardin actuel, qui n'a cependant pas été consulté pour ce projet de jardin. 

    Michel Autheman est familier du Marais. Il a d’abord été l’architecte du 1er secteur central, couvrant 9 hectares dans sa partie la plus historique, qui a mis en évidence entre 1963 et 1965 les bâtiments à conserver, les jardins à restituer, les voies de circulation piétonnes et les parkings. Il fut ensuite, au début des années 70, architecte du secteur opérationnel de l’ilot du IIIe délimité par les rues des Francs Bourgeois, Payenne, Parc Royal et Elzévir. Il eut en charge l’extension de ce secteur avec la Place de Thorigny, la rue de la Perle et la réalisation de la maison de retraite.

    Compte-rendu de son interview :

    LCT : Michel Autheman, vous avez participé pendant de nombreuses années à la rénovation du Marais et vous avez laissé dans le quartier de nombreux témoignages de vos interventions. Parmi celles-ci, la résidence de la Perle, rebaptisée Madeleine Béjart, est parfois critiquée à cause du décrochement du bâtiment sur la rue de la Perle. Pourquoi ne pas avoir suivi l’alignement de la rue de la Perle ?

    MA : C’est le point qui a été le plus débattu, et ceci dès l’origine. Nous avons rétréci la rue de la Perle au droit de l'hôtel Libéral Bruant (ex musée Bricard, musée de la serrurerie – NDLR), dans un double but, identité de largeur entre la rue de la Perle et celle du Parc Royal, et création de la place de Thorigny. Si, en sortant de la rue du Parc Royal, on avait débouché sur la large rue de la Perle, cela aurait moins bien fonctionné.

    Perle 1 hôtel musée bricardL'ex musée Bricard, œuvre de Libéral Bruant. Vue depuis la maison de retraite (Photo VlM)

     

    LCT : Quelles sont les autres options qui ont été prises pour cette maison de retraite ?

    MH : Ce qui était essentiel c’était d’obtenir une conformité des volumes, des hauteurs et des alignements de la résidence avec ceux de l'hôtel Libéral Bruant. Il fallait absolument aussi affirmer l’alignement du nouveau bâtiment sur l’hôtel Salé. C’est la raison pour laquelle nous avons planté des arbres d’alignement le long de la rue de Thorigny.

    LCT : Vous voulez dire que l’alignement d’arbres a été décidé avant le jardin ?

    MH : L’alignement d’arbres et le jardin font partie du projet architectural d’ensemble.

    LCT : Quelles ont été vos idées pour ce jardin, pourquoi l’avoir un peu encaissé ?

    MH : Le caractère de ce jardin se voulait proche du béguinage, petit jardin urbain et historique installé au pied de grands arbres dont le rôle majeur était, outre la valeur d'ombrage, très importante pour des personnes âgées, la nécessité d'affirmer une nouvelle trame verte dans la rénovation du Marais.  Elle s’est poursuivie rue de la Perle. D'une façon générale, ce petit jardin, lien entre deux architectures, devient lui-même ainsi un paysage architecturé conforme à l'histoire du quartier.

    Les différents alignements de murettes qui le composent, toutes parallèles au grand mur de l'hôtel Salé, assurent le lien et une continuité visuelle entre le bâti ancien – immeubles classés de la rue de Thorigny et de la rue de la Perle -  et le nouveau.

    J’ajouterai que les trois jardins du quartier, Thorigny, George Cain et Louis Achille ont chacun leur marque propre :

    • le premier est un jardin architecturé s'appuyant sur le grand mur de l'hôtel Salé le long de la rue de Thorigny
    • le second s'inscrit autour d'un centre en creux avec une fontaine
    • le troisième est une surélévation sur la rue du Parc Royal.

    Georges cain vue généraleLe jardin Georges Cain, rue Payenne (photo VlM)

     

    Ces trois jardins urbains sont complémentaires car ils sont construits chacun en fonction du ou des monuments dont ils dépendent. Ils offrent charme et romantisme.

    LCT : Alors, il ne faut rien changer au jardin de la rue de Thorigny ?

    MH : Pas du tout ! On peut toujours améliorer les choses ! Et l’ouverture au public du jardin est probablement l’occasion de le faire.

    LCT : Vous voulez faire un contre-projet ? 

    MH : Il n’en est pas question. Ce serait faire injure aux architectes talentueux d’aujourd’hui et aux services de la Ville de Paris. Mais quand on entreprend ce genre de modification, il est important de bien s’imprégner de l’historique des choses. En l’occurrence, il ne faut pas perdre de vue qu’on est rue de Thorigny,  ne pas ignorer la présence et l'orientation du grand mur de l'hôtel Salé perpendiculaire à la rue, et rechercher les raisons qui ont amenés les intervenants précédents à faire telle ou telle chose.

    Musée picasso et jardin thorigny 07 06 16Le jardin Thorigny, sur le flanc de l'Hôtel Salé, musée Picasso (Photo PR)

    Il est certain que les jardins de Paris, petits ou grands, s’inscrivent chacun dans des situations qui leur sont propres et qu’ils ont un rôle d'accompagnement de l'architecture. J’ai été frappé de constater, à cet égard, qu’il n’y avait aucune vue en perspective du futur jardin dans le projet de la Ville de Paris. On ne peut pas visualiser l’impact sur le paysage urbain de cette transformation, ce qui est regrettable pour un endroit si sensible.

    Je me permettrais aussi de suggérer, de façon plus accessoire, que pour une meilleure conformité avec l'esprit du Marais, il serait nécessaire de remplacer le « bouquet végétal » au croisement des rues de la Perle et de Thorigny. Il y a là une profusion inconsidérée d'arbres de sapin et de taillis qui n'assurent en rien une quelconque complémentarité avec la présence des érables, d'autant qu'ils brouillent la vue sur la perspective des érables et du grand mur de l'hôtel.

    LCT : La ville de Paris dit que c’est l’obligation de rendre accessible le jardin aux personnes à mobilité réduite qui condamne les arbres. Qu’en pensez-vous ?

    MH : Les réponses données à cette obligation sont éminemment politiques, dans le sens noble du terme. Ouvrir le jardin n’impose pas nécessairement de couper les arbres. Si la ville souhaite les garder, il ne manquera pas, j’en suis sûr, d’hommes de l’art capables d’imaginer les solutions techniques répondant à cette contrainte.

    LCT : Merci beaucoup pour toutes ces informations intéressantes et utiles. En conclusion, si c’était à refaire, modifieriez-vous quelque chose à votre projet initial ?

    MA : La seule chose que je regrette, c’est de ne pas avoir pu faire une architecture plus contemporaine. A l’époque, les conditions n’étaient pas réunies pour oser cela. Mais, en matière d’architecture,  comme dans la vie, il faut souvent trouver des compromis.

    Le collectif Thorigny

     

     

  • A2Le nouveau magasin de la marque "Lancel", 43 rue des Francs Bourgeois (IVe) (Photo VlM)

     

    Bien que disposant d'un « corner » au BHV Marais, la marque Lancel, suivant en cela le mouvement de maillage du Marais pas les grandes enseignes de la mode et de la parfumerie, vient de s’installer rue des Francs Bourgeois (IVe).

    Une boutique sobre aux devantures peintes de couleur noire, la tendance actuelle, sur laquelle ressortent les lettres blanches de la marque teinte retenue aussi pour l'intérieur de la boutique .

    Ces arrivées successives sont telles que le jeu va bientôt consister à chercher quels sont les noms de la mode et du luxe qui ne sont pas encore installés dans le Marais ?