Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Cadre de Vie, Environnement

  • PhotoBanderole devant l'Hôtel de Chavigny (IVe) siège de la 11ème Compagnie d'Incendie et de Secours au 9 rue de Sévigné (Photo VlM)

     

    Une superbe banderole annonce le bal du 14 juillet à la caserne Sévigné 9 rue de Sévigné (IVe), une accasion de s'amuser mais aussi de voir ce qui subsiste de l'Hôtel de Chavigny.

    Bâti à l'origine par le frére de Saint Louis, Charles d'Anjou, roi de Naples et de Sicile en 1265, l'hôtel particulier doit son aspect actuel et son nom à Léon Bouthillier de Chavigny, conseiller du Roi Louis XIII, qui fit modifier la bâtisse originelle par Mansart en 1637. Outre de magnifiques appartements, rien ne fut oublié, jardins, cours, galeries, basse-cour, écuries et orangerie. Il  devînt  l'un des plus importants et somptueux hôtels particuliers de Paris. Lors de son passage à Paris pour une  fête donnée dans l'Hôtel en l'honneur de son maître,  le secrétaire du Prince de Monaco n'écrivait-il pas en 1647, " le palais de ce seigneur peut se dire l'un des plus grands et des plus beaux de Paris ". 

    La succession de  Léon Bouthillier de Chavigny sera traduisit par le rattachement d'une partie des immeubles à l'Hôtel de la Force.

     

    Dscf0233Une des façades de l'Hôtel Bouthillier de Chavigny (IVe) (Photo Struturae)

     

    Confisqué à la Révolution comme bien d'autres propriétés, le bâtiment devint d'abord, en 1792, le siège des Pompes Funèbres, avant d'être affecté aux pompiers à la suite du décret  impérial du 18 septembre 1811 créant le bataillon des Sapeurs-Pompiers de Paris.  C'est à la fin du XIXe siècle que des aménagements significatifs furent effectués, notamment de nombreux appartements destiéns aux officiers et sous-officiers. Acheté par la Ville de Paris en 1913 qui confirma ainsi sa destination de caserne de pompiers, le bâtiment a été classé Monument   Historique en 1988 consacrant de la sorte la plus ancienne caserne de la capitale.

    Un haut mur de la caserne Ouest rappelle qu'il avait fallu isoler les habitants de l'Hôtel du vacarme de la prison de la Force toute proche, l'Hôtel du même nom étant devenu une prison à la fin du règne de Louis XVI. Une sorte de mur anti bruit avant la lettre.

    Le commentaire relatif à l'Hôtel de Chavigny figurant sur le site des pompiers rappelle que "le maintien  pendant quatre siècles d'une porcherie provoqua dans les bâtiments voisins une telle pollution qu'un salpêtre continue de ronger les pierres et le bois des poutres employées en soutien.  La poutre maîtresse qui soutient le plafond de l'actuel gymnase s'est récemment affaissée. Le coût de la restauration est estimé à 300 000 euros. Les donations privées sont d'une grande aide pour ce bâtiment classé monument historique".

    Alors peut-être que lors de votre participation au bal, vous penserez aussi à cet appel des pompiers qui forcent notre admiration par leur dévouement et leur engagement au service des parisiens. 

    Dominique Feutry

     

  • A1Détritus square Renée Vivien rue des Haudriettes (IIIe) (Photo VlM)

     

    Paris est sale, c'est même devenu une tautologie. La capitale de la France est sale, très sale et cela ne fait qu'empirer au fil des mois.

    Les constats sont de plus en plus nombreux et cinglants. Ils arrivent de toute part, les habitants s'insurgent, les touristes comparent le taux de crasse. Tout concourt à ce terrible constat, les salissures, les papiers sales, les traces grasses, les poubelles qui débordent, les mégots, les gobelets jetables, le verre cassé, les canettes qui maculent les trottoirs comme aussi les épanchements d'urine, les flyers souillés ou collés, les crottes de chiens comme les crachats et les déjections canines sans oublier les multiples vomissures jonchant les endroits les plus fréquentés. N'oublions pas les affiches et les dépôts sauvages, les publicités peintes sur les trottoirs et la multiplication des tags.  Quelle vision ! Quelles odeurs ! Quel laisser aller ! Pitoyable et inconvenant à la fois !

    Et les transports en commun ne sont pas en reste, il suffit là encore de comparer notre métro à celui d'autres capitales.

    Les auteurs de cette forme de saccage ont-ils un soupçon de décence à l'égard des agents de la propreté qui n'en peuvent plus mais de nettoyer autant qu'ils leur est possible ces souillures permanentes?

    A1Affiche de la Mairie de Paris pour la campagne sur la propreté voulue par la Maire de Paris, si peu explicite qu'on se demande ce qu'elle veut dire !

     

    Pourtant certains élus qui doivent de temps à autre se déplacer à pied ont des yeux pour constater, des oreilles pour entendre leurs administrés et un nez pour sentir les mauvaises odeurs de plus en plus prégnantes. Mais ils continuent à nier. L'annonce de la Maire de Paris de s'attaquer à la propreté et d'en faire la priorité 2015 (notre article du 27 octobre 2014), la récente opération "Paris fais toi belle" (voir notre article du 20 mai 2015) sont sans effet, elles sont aux antipodes de ce que réclame la situation. Certains édiles essaient même de persuader leurs interlocuteurs qu'il ne s'agit que d'une impression de saleté. Tout au plus concèdent-ils que les incivilités progressent !

    Mais est-ce bien la réponse appropriée à l'importance prise par ce problème qui devient aussi  une question de santé publique. Les rats, les corbeaux et autres oiseaux qui se repaissent des déchets n'ont jamais été aussi nombreux. 

      A3Sans commentaire rue du Square Sainte Croix de la Bretonnerie (IVe)

     

    Paris ne peut plus jouer l'autruche face à cette très sérieuse question de la propreté qui n'est pas nouvelle (voir notre article du. ) mais prend une tournure inquiétante qui déclasse Paris et constitue un sérieux handicap  aux yeux des habitants et des  touristes qui comparent.

    La municipalité, la RATP doivent prendre la mesure du phénomène  qui  gagne du terrain jour après jour et mettre en œuvre des plans d'actions puissants et efficaces qui passent par des moyens sensiblement renforcés, des sanctions plus nombreuses et plus chères à l'égard des contrevenants,  une modification de l'approche actuelle en la fondant davantage sur des systèmes de mesure et des objectifs ambitieux comme le ferait une entreprise confrontée à une problématique de cette importance.

    Avec un conseil à la Maire de Paris dont la réputation est en jeu : rien ne sert de postuler pour les Jeux Olympiques en 2024 si la ville donne le spectacle d'un dépotoir à ciel ouvert. Rien ne sert de coller des rustines ici ou là : c'est aux causes du fléau qu'il convient de s'attaquer. Méditez l'équation : attractivité entraine densification, sur-activité et sur-fréquentation, avec toutes les conséquences de plus en plus insupportables que doivent subir malgré eux les parisiens. Il est grand temps de se ressaisir !

    Dominique Feutry

     

  •   A2Ballon survolant le Parvis de l'Hôtel de Ville pour annoncer l'exposition Innov'Climat

     

     

     

    "Innov'Climat" est le thème de l'exposition organisée place de l'Hôtel de Ville pour présenter des innovations dont certaines sont déjà commercialisées, résultat des recherches en partie financées par l'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), un fonds qui depuis 2011 dispose de 3 milliards €.

    Voilà un avant goût de ce qui sera évoqué pendant la COP 21, la conférence internationale sur le climat qui s’ouvrira à Paris, le 30 novembre.

     

    A3L'affiche de l'exposition "Innov'Climat"

     

     

    Chacun peut ainsi se familiariser avec ces nouveautés. On peut découvrir des bateaux tractés par des cerf-volants, une application informatique anti bouchon dénommée Optimod qui donne le meilleur itinéraire en voiture ou le meilleur itinéraire tous modes de transports confondus (vélo, bus, métro…). Cette dernière gère près de 20 millions de données par jour et fournit l’information en temps réel. Vous pourrez découvrir ce qu'est un réseau électrique qui permet de gérer plus intelligemment nos consommations et bien d'autres innovations.

    Nous vous conseillons de vous rendre à cette exposition pour y découvrir ce que sera notre futur en matière d’énergies.

    Jusqu'au 8 juillet 2015

  • A2Inspecteurs habilités de la DPP (photo Mairie de Paris)

     

    "Vivre le Marais !" et "Marais-Quatre" ont rencontré des représentants de le Direction de la Prévention de la Protection (DPP) et du Centre d’Action pour la Propreté de Paris (CAPP), deux organismes qui dépendent de la Mairie de Paris.

    Nous souhaitions cet échange afin de mieux connaitre nos interlocuteurs, leurs moyens et leur mode d’action tout en spécifiant combien notre quartier était meurtri par l’affichage sauvage et parsemé de flyers dans certaines rues telles que la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie (IVe). Nous avons cité la problématique des nuisances sonores notamment la nuit dues aux terrasses des bars et restaurants  en citant la place du Marché Sainte–Catherine, la rue des Archives ou la place Bourg Tibourg (IVe). Il nous est assuré que dans ces lieux des opérations régulières de verbalisation sont menées. Il nous est même demandé de ne pas hésiter à signaler à la DPP les lieux les plus touchés.   

    M. Pascal Davy–Bouchene, Sous-Directeur de la DPP représentant M. Matthieu Clouzeau le Directeur qui n'a pas pu assister au rendez-vous, nous a indiqué que sa direction disposait sur Paris de 1000 agents dont 600 inspecteurs de sécurité des parisiens, intervenant sur les équipements publics, c’est-à-dire le patrimoine municipal y compris le dimanche même si les inspecteurs sont moins nombreux. La mission est de lutter contre les incivilités, le chiffre de 40 000 PV dressés l’an passé étant cité. L’objectif des verbalisations est de les  rendre « plus fluides, plus efficaces avec obligation de paiement immédiat de sorte à faire mal au portefeuille… », en particulier dans notre quartier agité la nuit ce qui veut dire immanquablement plus de nuisances.

    A1Sur les flyers, le constat qui nous est donné est qu’il y a moins de stickers mais davantage de flyers. Cela est le résultat d’une anomalie juridique judicieusement exploitée qui fait que les cartes publicitaires, mises sur les pare-brises des voitures, ne peuvent pas donner lieu à verbalisation par les équipes de la DPP car ces véhicules sur lesquels elles sont disposées sont considérées comme des propriétés privées ! Seul le conducteur pris sur le fait en train de mettre à terre le papier en question peut être verbalisé ! 

    Il faut préciser que le code de l'environnement interdit le dépôt de tracts sur les biens immeubles. Il aurait suffi que les députés l'amendent en ajoutant "et meubles". Nous avions pensé ingénument en 2012 qu'avec une mairie de Paris et un parlement de la même couleur politique l'affaire serait "pliée". Hélàs, les parlementaires ruraux n'ont pas voulu retirer aux maires de leurs communes la possibilité de faire de la publicité pour leurs kermesses locales ! Voila pourquoi nous subissons le fléau des flyers. De notre point de vue, si la demande avait été soutenue avec vigueur, le problème aurait été réglé. Il reste aux Maires, singulièrement celui du IVe, à trouver ses propres solutions.

    Pour les terrasses et les nuisances sonores liées, il nous est signalé que l’amende montera à 135 € à la rentrée prochaine  (PV de classe IV) à la suite de la volonté de la Mairie de Paris de les alourdir pour non-respect du règlement. Le recouvrement se fera d’office et une procédure plus lourde est prévue pour ceux qui seront verbalisés pour la troisième fois. A ce titre d’ailleurs le CAPP signale que toute entrave à la circulation, à la liberté de passage ou à la sûreté du fait d’encombrements (déchets, dépôts divers…) seront aussi verbalisés 135 €.  L’expérience en cours rue Jean-Pierre Timbaud (XIe) est citée (voir notre article du 21 décembre 2014).   

    En ce qui concerne le marquage au sol, comme l’affichage sauvage, le CAPP nous indique que les fautifs paient à la  fois le déplacement  des entreprises  qui interviennent et le coût de l’enlèvement lui-même. Depuis le 1er juin d’ailleurs suite à une décision du Conseil de Paris,  3 heures forfaitaires d’un montant de 399 € sont facturées outre l’intervention ensuite, pour chaque infraction sachant  que c’est la société de marketing qui est mandatée par les commanditaires qui désormais paie.

     

    A2Pancarte sauvage de vente de tapis rue de Turenne (IIIe) (Photo VlM)

     

    Les panneaux annonçant des "ventes de tapis" à des prix concurrentiels sont souvent l’œuvre de gens du voyage qu’il est difficile de retrouver et donc de verbaliser. Seules sont inquiétées les personnes qui leur louent des locaux. Dès lors pour contourner cela, les ventes ont lieu de plus en plus dans des camions près des adresses des locaux où ils étaient auparavant exposés et il devient plus difficile de verbaliser. 

    Bien entendu des actions conjointes sont entreprises avec la police. 

    Plusieurs annonces nous sont faites en conclusion. Tout d’abord dans le prolongement de la proposition électorale de la Maire de Paris de créer des brigades vertes, 2016 verra sans doute le rapprochement des  services de la DPP et du CAPP de manière à renforcer les moyens d’action.  Des discussions sont aussi en cours entre la Mairie de Paris et la Préfecture de police quant aux ASP ces agents rémunérés par la Mairie mis au service de la police, afin de renforcer les compétences tant en matière de circulation que de stationnement. La Ville  souhaiterait réaffecter ces personnes pour ses propres besoins. Nous avons enfin appris incidemment qu’un projet de réaménagement de la place du Bourg Tibourg serait à l’étude ?  

    Nos interlocuteurs reconnaissent que leur action est de longue haleine dans un environnement et face à des comportements qui ont beaucoup changé. Ils soulignent qu’arriver à la sanction de fermeture temporaire d’un établissement qui bafoue les règlements reste difficile. 

    Ils insistent pour que nous les sollicitions lorsque nous constatons des dérives  notamment via l’application « Dansmarue ». 

    Pierre Colboc, président de Marais-Quatre 

    Dominique Feutry, président de "Vivre le Marais !"

     

     

  • Passage désirLe "Passage du Désir", 23 rue Ste Croix de la Bretonnerie (IVe)

     

    C'était en 2008, il y donc sept ans, ce magasin ouvrait ses portes dans le IVe avec son pendant rue St Martin (IVe). Il suscita un article de notre part que nous vous invitons à redécouvrir car il décrit les prémisses de l'évolution dont nous constatons les effets sur nos quartiers aujourd'hui.

    Vous verrez que nous avons plutôt applaudi (sans frénésie cependant) à l'apparition de ce commerce plutôt insolite, car il n'avait et n'a toujours rien de vulgaire et qu'il respecte les codes du Marais en matière d'urbanisme. Mais nous avions à cette occasion alerté les élus, les deux Maires notamment, sur le risque que nous avions qualifié de "pigallisation" de nos quartiers. Allusion à leur spécialisation dans les commerces consacrés aux plaisirs en tous genres, dont on sait qu'ils ne font généralement pas bon ménage avec une certaine idée du paysage de la rue.

    Derrière ce néologisme, provocateur à dessein, se dissimulait deux visions différentes du Marais, alors que la révision de son PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) se profilait. Il y avait en effet deux façons d'interpréter le concept de "mise en valeur". L'une que nous avons toujours privilégiée qui est la réhabilitation et la restauration "pour l'amour de l'art" ; l'autre qui en faisait saliver déjà plus d'un, la possibilité d'exploiter extensivement notre cadre historique et son patrimoine sur des bases marchandes, dans la mesure où il faisait peu de doute que le succès commercial de masse serait au rendez-vous.

    Nos entretiens avec le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum nous avaient laissé penser que son option était a priori la deuxième. C'est pourquoi nous avions entrepris à l'époque de l'éclairer sur les conséquences prévisibles de cette orientation et son incidence sur la qualité de vie des habitants. Nous avions utilisé à cette occasion le terme de "pigallisation". Le mot avait rendu le Maire perplexe mais peut-être l'a-t-il incité à méditer. Il est vrai que les litiges que nous vivons aujourd'hui avec le musée Picasso et le Carreau du Temple semblent démentir qu'il ait infléchi son orientation mais on peut penser qu'il ait été dans les deux cas entrainé à son corps défendant dans des stratégies d'entreprises où seul le résultat financier compte. On espère toutefois qu'il s'en souviendra et que son entourage en tirera la leçon.

    On se souvient de sa déclaration au moment des élections municipales de 2014 d'où il ressortait que sa priorité serait désormais la qualité de vie et la tranquillité des habitants. Sans doute est-il prisonnier des opérations déjà lancées mais on peut espérer au minimum qu'il réfléchira à deux fois avant d'en lancer de nouvelles. Il est significatif, par exemple, que le Premier-Adjoint du IIIe, Gauthier Caron-Thibault, ait donné un avis défavorable à la demande de permis de construire du "restaurant sur le toit" du 2 rue des Quatre-Fils (nonobstant le fait que la mairie de Paris n'en ait tenu aucun compte…). Les mois qui viennent nous diront si notre analyse est pertinente ou candidement naïve.

    Dans le IVe Dominique Bertinotti était à la barre. Nous ne dirons jamais assez quelle a été sa détermination, quel a été son courage dans l'affaire de la grande boite de nuit de la rue Pierre au Lard, dont la réalisation aurait déstabilisé le secteur. Son successeur Christophe Girard a suivi la même voie, en se rendant ultérieurement compte que la solution du problème était contenue dans la révision du PSMV.

    Mme Bertinotti a aussi œuvré, mais sans succès, à résoudre le scandale de l'occupation de l'espace public par le COX-BAR. Elle a cru en 2010 que la signature par toutes les parties d'une "charte des bons usages de la rue des Archives" conduirait à la fin des conflits. On sait qu'il n'en a rien été.

    Bertinotti archives charteDominique Bertinotti présentant sa charte aux commerçants de la rue des Archives, le 25 mai 2010

     

    Christophe Girard a pris la suite en 2012. Le mieux qu'on puisse dire est qu'il subit aujourd'hui une situation qui le dépasse (notre article du 21 juin). Sauf pour lui à nous apporter la preuve du contraire dans les mois qui viennent.

    Les craintes que nous formulions en 2008 se sont vérifiées mais l'orientation prise ne débouche pas à l'évidence sur cette "pigallisation" que nous avions appréhendée. Les commerces douteux n'ont pas fleuri. A leur place c'est le luxe qui s'impose avec la gentrification  des quartiers. Au détriment il est vrai du commerce de proximité qu'on regrette comme un vieil ami qu'on aimait et qui disparait sans qu'on puisse réellement en vouloir à quiconque.

    Gérard Simonet

     

  • 95912_gay-pride-de-parisL'affiche de la gay pride 2015

     

    Rien de commun ou presque avec la fête de la musique une semaine plus tôt (voir notre article du 22 juin 2015), la gay pride qui a lieu samedi dernier 27 juin s’est déroulée  de l’avis de nos adhérents dans une ambiance un peu plus respectueuse des habitants que lors des éditions des années précédentes.

    Bien  sûr que certains excès notamment le bruit dû aux attroupements et à la musique  ont été constatés jusque tard dans la nuit et toujours dans les mêmes secteurs du fait notamment de quelques établissements bien connus que ce soit dans la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie ou la rue des Archives (IVe). L’alcoolisation aidant n’a fait que renforcer le phénomène.

    Ce qui est à déplorer aussi est l’avalanche de tracts, flyers et affiches de mauvais goût, le plus souvent en nombre et destinés à attirer le chaland. La Mairie  de Paris a eu connaissance des commanditaires en lisant ces publicités et a dû intervenir comme il se doit en verbalisant les fautifs. L’a-t-elle fait ?

    Une nouvelle fois nous devons saluer le travail accompli par les forces de police et les services de la propreté qui ont dû d’une part assurer la sécurité et d’autre  part effacer les nombreuses traces des excès commis, sachant qu’ils ont dû œuvrer ensuite à la suite du passage du carnaval tropical (voir notre article du 28 juin 2015).  

     

  •    Tour-Triangle-Credit-Herzog-et-de-Meuron-tour-triangle_com_Photo montage de la tour Triangle (Photo Herzog et de Meuron)

      

    Courte majorité due à des ralliements de dernière minute et quelques modifications apportées au projet ont eu raison des oppositions pourtant nombreuses à la construction de cette tour dite Triangle (voir notre article du 08 décembre 2014) pour laquelle la polémique ne va pas s’arrêter pour autant.

    Est-ce bien « une formidable chance pour Paris » comme le prétend la Maire qui accouche de ce dossier aux forceps et que certains appellent déjà « le caprice » ?

    Car élever un building de 180 m de haut à Paris ce n’est pas rien ! Et c’est certainement le coup d’envoi à d’autres tours, cela ne fait aucun doute. Déjà des voix dénoncent le manque de concurrence dans l’attribution du marché au promoteur Unibail, le fait que ce soit un bail à construction de 80 ans (!), qu’un un loyer jugé dérisoire ait été fixé,  que  le même promoteur ait déjà obtenu le marché de la canopée des Halles et qu’il n’ait pas été  tenu compte la surabondance de bureaux à Paris (1 000 000 m2 non loués). La future tour en effet comprendra ¾ de bureaux un hôtel 4 étoiles et un équipement culturel. 

     

    Sans-titreVue de la future tour Triangle du centre de Paris (Photo montage Atlantico)

     

    Ce qui est regrettable dans affaire, et notre position sur ce plan n’a jamais varié, est une nouvelle fois l’attitude des politiques qui semblent tout faire pour que Paris perde son âme. Comme s’il y avait une volonté rentrée, dont on ignore les raisons, de gommer, de casser tous azimuts un passé qui a fait la grandeur de la capitale au prétexte que ceux qui veulent préserver ces acquis sont des ringards, des malotrus, des habitants obtus qui veulent soi-disant préserver leur confort. Ils n’ont d’ailleurs rien compris car dans une économie de globalisation le standard  est  d’édifier des tours de bureaux, de « merchandiser » le plus d’espace, de développer le tourisme surtout le tourisme nocturne et bien entendu tout ce qui touche de loin ou de près à la fête… Alors que les habitants se le tiennent pour dit, ils n’ont pas voix au chapitre et vont finir par agacer les élus. 

    Vraiment trop c’est trop, ils ont déjà le privilège d’habiter Paris, que veulent-ils de plus ! J’oubliais ils ont une arme, leur bulletin de vote…

    Dominique Feutry

     

  • A5Le Musée Picasso éclairé par de puissants projecteurs pour le défilé, toutes les habitations alentour sont éclairées comme en plein jour (Photo JFLB)

     

    Nous publions ci-dessous un article de Jean-François Leguil Bayart concernant les animations non muséales qui se multiplient au musée Picasso à l'instar de ce qui existe dans d'autres lieux emblématiques du Marais et de Paris en totale contradiction avec la qualité de vie que sont en droit d'attendre les habitants qui se sentent de plus en plus marginalisés par leurs élus. 

     

    "Comme il était à craindre, le Musée Picasso, contraint par son business plan à autofinancer 61% de son budget de fonctionnement (Libération 17 juillet 2014) entend privatiser l’Hôtel Salé autant que nécessaire et exercera, pour ce faire, sa souveraineté sur le quartier, sans égard aucun pour ses habitants. C’est ainsi que les riverains du square Léonor-Fini, du jeudi 25 au vendredi 26 juin, ont vécu à l’heure d’un défilé de mode : invasion de la rue Vieille-du-Temple par une nuée de camions polluants qui ont squatté toutes les places de stationnement résidentiel entre la rue des Coutures-Saint-Gervais et la rue des Quatre-Fils, essais de sono tonitruants, illumination de la façade de l’Hôtel Salé mais aussi des immeubles avoisinants que balayaient des projecteurs éclairant l’intérieur des appartements comme en plein jour.

    Réponse benoite du musée à l’interpellation de Vivre le Marais : « dans le cadre de ses activités (il) accueille exceptionnellement un défilé de mode qui ne durera pas plus de trente minutes ». Sauf que la performance de trente minutes a été précédée de plus de vingt-quatre heures de préparatifs. Sauf que les riverains du square Léonor-Fini avaient eu droit à un spectacle d’acrobates tout aussi bruyants quelques semaines auparavant. Sauf que l’on a quelque peine à comprendre le rapport entre « les activités » du musée Picasso et un défilé de mode qui participe plus de la fashion week que de l’art du Maître.

    Tout comme au Carreau du Temple, un établissement culturel se transforme en lieu d’exposition marchand. Tout comme au Carreau du Temple, les riverains, les premiers concernés, en sont les premières victimes, et l’objet de l’indifférence, quand ils se taisent, du mépris, quand ils s’expriment, des pouvoirs publics. Tout comme au Carreau du Temple, ces derniers, directement impliqués dans la gestion de l’établissement culturel, par le biais de leur présence au sein du conseil d’administration, voire leur présidence de celui-ci, pratiquent le mélange des genres en faisant passer la tranquillité et la santé publiques, dont ils sont redevables en tant qu’élus, après l’intérêt marchand. Carreau du Temple et Musée Picasso, même combat des riverains ! Terrasse du Jules et restaurant-toit de La Perle, même combat des riverains !

     

    A2Camions stationnés tôt le matin rue Vieille du Temple afin de préparer la manifestation (Photo JFLB)

     

    Ces événements n’ont rien d’ « exceptionnel ». Ils institutionnalisent un état d’exception dont les habitants du Marais font les frais, et que consacrera le classement imminent de leur quartier en zone touristique internationale, à la faveur de la loi Macron. Comme dans tout état d’exception qui se respecte, les droits des citoyens ne sont plus garantis par les autorités publiques qui accordent des dérogations à qui mieux mieux, permettant aux prédateurs de la nuit de faire valoir qu’ils ont obtenu les « autorisations » nécessaires et leur prodiguant une indulgence sans limite quand ils s’affranchissent de ces dernières. Ce n’est pas parce que le Musée Picasso a obtenu l’autorisation administrative d’illuminer l’intérieur des appartements jouxtant le square Léonor-Fini, et la brasserie La Perle le permis de construire un restaurant sur le toit du 2 de la rue des Quatre-Fils, que leur accaparement de l’intimité des riverains et la violation de leur droit au sommeil sont pour autant légitimes et acceptables.

    Il n’empêche que, dans un état d’exception, le Cox et les Jules peuvent exploiter une terrasse sans autorisation administrative avec la complicité de fait de la municipalité, La Perle enfreindre la législation sur l’ivresse publique sans encourir de fermeture administrative comme l’a illustré le scandale Galliano… et le Musée Picasso faire passer du tapage nocturne pour de la culture, voire de l’art.

    Soumis à la pression du lobby puissant et plein d’entregent des entrepreneurs de la nuit, ayant transformé les établissements culturels en partenariats publics-privés et les ayant ainsi rendus tributaires de la loi du profit, en proie à l’hybris de l’industrialisation touristique de la capitale bien qu’elle soit déjà la ville la plus visitée au monde, fantasmant sur les euros des millions de voyageurs chinois annoncés et les retombées supposées des Jeux Olympiques, les édiles de Paris se jettent dans une fuite en avant qui piétine les droits élémentaires de ses habitants : droit au sommeil, droit au repos notamment dominical, droit de circuler librement sur les trottoirs, droit à un marché du logement résidentiel déconnecté de la bulle des locations saisonnières frauduleuses, droit à des commerces de bouche, droit à une ville sans publicité sauvage à vague prétexte culturel, droit à l’égalité devant la fiscalité ou la réglementation relatives aux engins à moteur, droit de ne pas voir ses impôts grevés par des investissements inconsidérés en faveur d’événements sportifs mondiaux qu’entachent la corruption, le dopage et la spéculation télévisuelle – en bref, droit à une vie normale et non dérogatoire.

     

    A6Préparatifs dans les jardins du musée, on aperçoit les colonnes d'amplificateurs … (Photo JFLB)

     

    Certes, la municipalité a pris des mesures utiles à la qualité de la vie depuis une décennie, en particulier en matière de transports publics, et s’efforce d’endiguer le phénomène des locations saisonnières. Mais sa politique débridée de marchandisation de la ville et son culte niais de la fête de masse la mettent en contradiction avec elle-même. Fascinés par la course à l’échalote de la nuit la plus in (et la plus bruyante) dans laquelle les a précipités le lobby des limonadiers "new age", les édiles ont pris le parti de snober leurs électeurs. Ils oublient que la victoire dans les urnes de la nouvelle équipe municipale de Barcelone doit beaucoup au ras le bol de ses habitants à l’encontre du tourisme de masse qui a dénaturé leur ville.

    Nous sommes de plus en plus nombreux, dans le Marais, à avoir retenu la leçon et à faire dépendre nos suffrages à venir des réponses qui seront apportées aux scandales du COX, des "Le Jules" et de "La Perle"– entre autres – et à la dérive marchande des établissements culturels tels que le Carreau du Temple ou le Musée Picasso."

    Jean-François Leguil-Bayart

    Directeur de recherches au CNRS – Journaliste

     

  • A3Décoration non sollicitée à l'aplomb du mur de côté de l'immeuble du 62, rue Chapon (IIIe) (Photo VlM)

     

    L'artiste Shepard Fairey, très connu pour son portrait de Barack Obama lors de la campagne présidentielle de 2008, est poursuivi malgré sa notoriété par la justice américaine pour avoir peint sans autorisation de nombreux bâtiments de la ville de Détroit en mai dernier. Accusé de dégradations malveillantes, il risque jusqu'à cinq ans de prison et 10 000 dollars d'amende (9 000 euros) !

     

    En lisant ces informations du Journal Le Monde reprises du New York Times, on se prend à rêver…

    Et si nos politiques pouvaient  être assez avisés pour s'en inspirer, les barbouilleurs de tout poil réfléchiraient à deux fois avant de défigurer lamentablement nos rues !

    A méditer…

    Dominique Feutry

     

  • A3L'entrée du soir du "Café Cour" par le passage donnant sur la Tour Pierre Alvart de l'enceinte Philippe Auguste 57 bis rue des Francs Bourgeois (IVe) (Photo VlM)

     

    Nous évoquons souvent le nombre important de bars-cafés qui 's'installent à la place de commerces de bouche et font que leur densité s'accroit parmi les commerces à l'instar de ce que nous constatons pour les boutiques de prêt à porter.

    Notre surprise fut grande toutefois ces derniers jours passant devant le Crédit Municipal  rue des Francs Bourgeois (IVe) de découvrir que le vénérable établissement venait d'ouvrir un café à son tour.

    Dénommé "Café Cour", il est installé dans la cour intérieure de l'institution 55 rue des Francs-Bourgeois (IVe) et le soir alors que les bureaux sont fermés, il reste ouvert. L’accès se fait alors par le 57 c'est-à-dire par l'étroit passage menant à la Tour Alvart de l'enceinte de Philippe  Auguste. Une charmante hôtesse accueille et renseigne les passants voulant s'y rendre et des panneaux sont affichés pour expliquer qu'il y a là un bar car on ne le voit pas de la rue.   

    il s'agit d'un café éphémère ouvert jusqu’en septembre, dans lequel il est possible de dîner bio et de profiter d'une animation. "Sans le bruit des terrasses ambiantes" tel est un des slogans de la publicité, il est vrai que cela est devenu une chose rare dans la quartier !

    Une incitation pour aller découvrir cet endroit paisible.