Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Cadre de Vie, Environnement

  • AABBUne ancienne vespasienne

     

    Nous avons souvent dénoncé le manque de toilettes publiques à Paris avec ses conséquences néfastes sur nos trottoirs (articles des 8 juillet 2013, 27 avril, 27 mai et 19 septembre 2014). Combien d’endroits sont en effet salis et imprégnés des cette odeur désagréable qui empeste sur des mètres à la ronde !

    Voilà cependant que plusieurs grands quotidiens consacrent leurs colonnes à cette problématique. C'est donc que peu à peu on prend conscience de cette forme de pollution qui s'étend de plus en plus. Il est vrai que Paris compte 374 sanisettes pour une surface de 105 km2 et sur laquelle vivent 2,2 millions d’habitants plus le flot permanent et élevé de touristes. Un livre écrit par Cécile Briand intitulé « Où faire pipi à Paris ? » rappelle qu'en 1914, Paris comptait 4 000 places d'urinoirs et 112 pavillons de dames ».

    L’article du Figaro daté du 2 mars fait référence à cet ouvrage de Cécile Briand qui recense aussi les lieux autres que les sanisettes où il est possible de se soulager gratuitement, les hôpitaux, les parkings, les gares … et les cafés. Mais leur nombre diminuerait, comme dans toute la France, selon les statistiques de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris. 

     

    Dame-Pipi-a-ParisDame pipi dans le métro en 1951 (Photo Willy Ronis)

     

    Jean-Pierre Robin le journaliste qui a approfondi le sujet mentionne que dans certains pays, comme le Japon, il y a des toilettes accessibles et gratuites dans la plupart des commerces. Seulement voilà conclue-t-il, pour faire comme ces pays, il faudrait demander au privé d’assurer gratuitement un service public qui n'est pas dans  les habitudes françaises. Il cite une ordonnance de Louis XV, jamais abolie, qui oblige chaque immeuble résidentiel de prévoir des latrines en rez de chaussée accessible aux passants !

    Or conclut-il, il faudrait obliger les grand magasins comme la RATP à mettre des toilettes à la disposition du public…tout un programme qui demande une volonté politique qui fait défaut, à l'aune des nuisances nocturnes quotidiennes provoquées par des fêtards alcoolisés dont nombre urinent sur la voie publique.

     

  • Mairie 3La mairie du IIIe vue depuis le square du Temple, l'emplacement du château du Grand Prieur (Photo VlM)

     

    Le "CICA" (comité d'initiative et de consultation d'arrondissement)  résulte de la loi du 31 décembre 1989, dite "loi PML". Il a vocation à impliquer les associations qui en font la demande à suivre de plus près les débats du conseil d'arrondissement sur des thèmes précis.

    Nous avions été informés par le Maire Pierre Aidenbaum de la participation au conseil d'hier 2 mars de Didier Dely, Directeur Général de la SEMAEST, société d'économie mixte de la Ville de Paris, spécialisée dans l'animation économique des quartiers.

    Dès 2001, la SEMAEST a été sollicitée dans le IIIe pour affronter la mono activité constituée à l'époque essentiellement pas les grossistes-importateurs de maroquinerie. On se rappelle les débats houleux qui se sont tenus en mairie à propos des nuisances et des risques liés à l'accumulation excessive de cartons vides et pleins dans les espaces commerciaux des rues du Temple, Gravilliers et autres.

    La SEMAEST a procédé à la préemption de murs et de baux chaque fois qu'une possibilité se présentait. Au total, 150 commerces ont été repris par elle en vue de l'installation de commerces de proximité. La rue N.D. de Nazareth en a été profondément changée ; la rue des Gravilliers a vu aussi son paysage évoluer. Selon Didier Dely, il suffit d'agir sur 5% des commerces pour peser sur l'orientation générale.

    C'est ainsi que s'est développé le programme "Vital' Quartier". Dans le secteur "Marais", on a vu apparaitre des galeries d'art autour de Gravilliers et un boucher devenir le symbole de la présence des commerces de proximité. Grâce à la SEMAEST, il a pris la relève du boucher précédent et il prospère raisonnablement depuis.

    Gravilliers boucherie manuLa boucherie "Manu", 28 rue des Gravilliers (IIIe) (Photo VlM)

     

    La démarche de la SEMAEST fait appel aux nouvelles technologies. Sous le nom de "CoSto", elle dispose d'une plateforme qui met en réseau les commerçants connectés avec leurs fournisseurs et leurs clients, parisiens et touristes.

    Le modèle économique de la SEMAEST n'est pas évident à percer. La mairie de Paris lui fait une "avance" pour l'acquisition des biens. Cette somme permet de régler les travaux initiaux d'aménagement et, si nous avons bien compris, les mois de carence de loyers qui sont accordés au locataire pour lancer son exploitation. Il est  peu probable que le coût mensuel résultant soit exactement couvert par les loyers lorsqu'ils deviennent intégralement dus. Il est probable alors qu'un mécanisme de "subvention d'équilibre" intervienne,

    Au bout du compte, on peut craindre – mais est-ce anormal ? – que le contribuable finance la politique de maintien des commerces de proximité dont il se fait le chantre. Si Didier Dély souhaite s'en expliquer, ces colonnes lui sont ouvertes.

    On ne doit cependant pas en rester là. Car la SEMAEST doit un jour rembourser son "avance". Comment ? M. Dély nous apporte la réponse : en revendant le bien sur le marché (si possible à l'exploitant) ou en le cédant à une société foncière filiale de la Caisse des Dépôts. On connait la progression du foncier depuis quinze ans dans nos quartiers. Il y a donc tout lieu de penser que cette revente donne lieu à une plus-value qui peut à elle seule compenser les pertes et produire un taux de rendement interne sur la durée de l'opération bien supérieur aux placements et investissements ordinaires.

    Tant mieux pour le contribuable et tant pis pour les rêveurs qui invoqueront le spectre de la spéculation. Ne serait-ce pas d'ailleurs pour sauver la morale qu'une part importante des reventes se font par l'intermédiaire de la société foncière dont il est question plus haut ? M. Dély peut également nous éclairer là-dessus.

    Quoiqu'il en soit, nous ne portons pas de critique sur le mécanisme dans la mesure où il vise à préserver l'équilibre financier des opérations en permettant la mise en œuvre d'une politique de préservation du cadre de vie que nous souhaitons tous. Il reste un danger cependant : le jour où le marché se retourne (et nous y sommes peut-être déjà) ce sera la fin du rêve de Perette et du pot au lait !

     

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    La réunion du CICA a enchaîné sur le conseil d'arrondissement proprement dit, avec un exposé de Benjamin Djiane, délégué à la sécurité, sur le contrat 2015 de prévention et de sécurité qui sera signé comme chaque année entre la Mairie et la Préfecture de Police de Paris.

    Il y aura cette fois des points nouveaux, que M. Djiane a explicités avec clarté et conviction :

    • le phénomène de la radicalisation
    • le sort des familles de SDF et leurs enfants
    • les incivilités sur l'espace public, notamment les terrasses ; prévention et répression
    • la promotion d'une "vie nocturne apaisée"
    • la propreté, avec l'opération "Paris, fais toi belle !" (avec une question : que fait la police là-dedans ?)

    Nous nous réjouissons que deux sujets ayant trait à la qualité de vie des habitants aient maintenant droit de cité. L'action des associations et collectifs concernés, regroupés au sein de "Vivre Paris !" n'y est certainement pas étrangère.

    Marie-Laure Harel pour l'opposition UMP/UDI/Modem nous a livré une analyse et des commentaires bien préparés, suivie par Laurence Hugues qui y a posé sa touche et sa sensibilité humaniste et écologique.

    Gérard Simonet

     

     

     

  • Air 2 

    Brian Chesky, le président d' Airbnb (Photo D. Balibouse/Reuters)

     

    A l'occasion de la visite à Paris de Brian Chesky, fondateur et président de la société qui gère le site américain Airbnb, la plateforme américaine de location touristique entre particuliers, les quotidiens titrent que Paris est le numéro un mondial de la location sur Airbnb.

    Reçu à grand renfort de publicité par le 1er adjoint à la Mairie de Paris, le sémillant Président américain s'est félicité que Paris soit la première destination pour son site. Ainsi depuis 2008, 1,8 million de touristes sont venus dans la capitale via Airbnb, 40 00 logements étant offerts à la location.

    La satisfaction est telle que le patron du site d'hébergement a  annoncé que Paris était la ville retnue pour y tenir son prochain rassemblement annuel dédié à l'hospitalité "AirbnbOpen" !

    Bien entendu ont été passées sous silence les nuisances que nous ne cessons de dénoncer (voir notre article du 16 février 2015), principal revers de la médaille des locations saisonnières (ou touristiques). Et les mesurettes prises dans le cadre de la loi ALUR, notamment la taxe de séjour, n'y changeront rien malheureusement pour les habitants à qui, au rythme où vont les choses, il sera peut-être demandé à l'avenir de bien se tenir si l'on en juge par les égards réservés hier à l'Hôtel de Ville au chef d'entreprise américain.

     

    AirDéclinaison commerciale du logo d'Airbnb

     

    Tout ceci ne dit rien qui vaille et il faudra pourtant bien que s'arrête cette croissance exponentielle de la location saisonnière dont nous ne connaissons pas l'ampleur réelle puisque chacun sait, pour l’avoir constaté prés de chez lui, que nombre de locations de ce type se font sous le manteau. Mais l'effet est là, le bruit, les nuits blanches, l'alcool coulant à flot dans des copropriétés jusqu'alors paisibles…La routine nocturne diront les plus résignés, laxisme évident diront ceux qui ne veulent pas baisser les bras.

    La Mairie de Paris devrait davantage monter au créneau sur ce sujet  car l'exaspération des électeurs est palpable. Il faut être autiste pour ne pas subodorer ce sentiment de rejet de la part de parisiens confrontés chaque jour, aux nuisances collatérales de la location saisonnière.

    Dominique Feutry

     

  • SP 2Le Village Saint-Paul si caractéristique avec sa succession de cours

     

    Fréquemment, à la vieille du week-end, des panneaux rouge, jaune et noir, disposés aux alentours annoncent que le Village Saint-Paul organise une brocante. C'est l'occasion pour les habitués de chiner et pour les autres de découvrir en plus un secteur très spécifique du Marais.

    Nous venons d'apprendre que dans le cadre de son émission "Paname" qui est est un magazine d’exploration d’une rue de Paris et de ses alentours, France 3 Paris Ile de France se penchera le dimanche 8 mars à 11h30 sur ce lieu emblématique, le reportage aura pour titre "Autour du village Saint-Paul ".

     

    Saint paulLe Village Saint-Paul lors d'une brocante (Photo VlM)

     

    Le résumé de l'émission est ainsi rédigé:

    "Yvan (ndlr: Hallouin) se rend dans le IVe arrondissement pour arpenter le dédale piétonnier du village Saint-Paul et les vestiges des XVIème et XVIIème siècles qui s’affichent dans des hôtels particuliers parfaitement bien conservés. C’est ce qu’Yvan découvre en compagnie du guide-historien Frédérick Gersal à l’hôtel de Sens. Ancienne propriété de l’archevêque de Sens il abrite aujourd’hui la bibliothèque Forney dédiée à l’art graphique. Ce monument illustre alors toute l’ambivalence de ce quartier, coincé entre le Paris de la Renaissance et le Paris de la modernité".

    "La modernité, Yvan s’y confronte en se rendant à la Boutique des Inventions pour y faire relooker sa bicyclette et devenir un OVNI au milieu des rues de Paris. Mais le Village Saint-Paul est aussi un village mondial, puisqu’il abrite la pizzeria La Cerise sur la Pizza et son chef Kader qui offre à Yvan ses pizzas typiquement marseillaises. A quelques pas de là, Yvan se rend à l’épicerie Thanksgiving, véritable temple de l’alimentation américaine. Sa gérante Judith, fait la joie des nombreux enfants du quartier en quête de sucreries « made in USA ». Un retour dans l’enfance qu’Yvan prolonge dans le Musée de la Magie pour y apprendre l’histoire des plus grands illusionnistes et découvrir des automates très animés".

    Nous nous félicitons du choix du Village Saint-Paul par France 3 qui mettra en lumière le renouveau de ce site qui prend peu à peu des couleurs après plusieurs années de stagnation de son activé première,  la brocante et les antiquités.

     

  • BallonsMarchands de ballons rue Rambuteau (IIIe)

     

    Il est très inhabituel de croiser des marchands de ballons gonflés à l'hélium rue Rambuteau. S'agissait-il pour ces vendeurs de rejoindre la place des Vosges et les nombreux touristes qu s'y rendent ou bien un autre endroit fréquenté par les enfants ? Nous pensons tout simplement que le bruyant nouvel an chinois provoque la venue de camelots attirés par la perspective de réaliser de bonnes affaires.

    En ce samedi pluvieux et triste, ces nombreux ballons aux couleurs chatoyantes donnaient un air de fête à la rue dont certains commerces sont fermés en raison des vacances scolaires.

     

  • P1080488Bar-Tabac "Le Fontenoy", 7 rue Rambuteau (IVe), en rénovation. Les barbouilleurs en tout genre sont passés par là (Photo VlM)

     

    Autour du 15 mai, "Le Fontenoy" cèdera la place à "L'Amuse-Gueule", un bar-brasserie du groupe Pascal RANGER, qui détient 39 établissements à Paris, dont "Les Phares" place de la Bastille et "La Terrasse des Archives", devant la Fontaine des Haudriettes (IIIe).

    Le débit de tabac va disparaitre. On ne va pas s'en plaindre au nom de la santé publique. En revanche, il serait agréable aux riverains que la boite aux lettres installée rue Pecquay y reste.

    Au vu de la façon dont "La Terrasse des Archives" est tenue et de son respect de l'espace public, le quartier n'a qu'à se réjouir du changement de propriétaire et de concept. Bon vent à Pascal RANGER pour son nouvel investissement.

    Gérard Simonet

     

     

  • Église_Saint-Gervais-Saint-Protais_from_Notre-Dame_de_Paris_02Le quartier Saint-Gervais Paris (IVe). (cliquer une fois pour agrandir)

     

    Le sujet de la propreté a nourri une partie des débats des récents conseils de quartier Saint-Gervais et Saint-Merri. Maintes fois évoqué ce sujet a fait l'objet d'un état  des lieux de la part de la Direction de la Voirie et des Eaux que les habitants pouvaient enrichir. Ces derniers ont relevé les lieux les plus problématiques tant en ce qui concerne les épanchements d'urine que les dépôts sauvages et les concentrations de mégots. Ils suggèrent de développer le nombre de cendriers (bars et mobilier urbain), de sensibiliser les cafetiers et restaurateurs aux problèmes de propreté, d'intensifier le nettoyage, de réimplanter des toilettes dans le métro.

    La Mairie du IVe répond que cet été les ramassages seront doubles comme l'an passé.  A l'identique du IIIe arrondissement, il est précisé que des équipes ont la charge de nettoyer les rues par domaine (flyers/affiches, grilles d'arbres…) et selon des fréquences variables. 

    Autre dossier, l'aménagement  du Square du Bataillon de l'ONU, dorénavant achevé et goudronné, est jugé triste, pauvre en arbres et manquant de bancs. L'animation (manège et commerce alimentaire) devra prendre un bon rythme avec les beaux jours pour compenser ce constat.

    ConseilLes 4 conseils de quartier du IVe arrondissement

     

    D'autres lieux emblématiques sont traités. Il est annoncé que la Place  du Marché Sainte-Catherine pourrait être  réaménagé au travers du budget participatif voulu par la Mairie de Paris. 

    La Place Edmond Michelet bénéficierait, sous réserve de l'obtention des dernières autorisations, de la végétalisation des pieds des arbres, du ravalement du mur du Cloitre Saint-Merri. En relation avec le Centre Pompidou des statues ont de fortes chances d'y être construites. Le conseil de quartier s'étonne qu'il puisse être imaginé par la Mairie du IVe de faire entrer ces aménagements dans le Budget Participatif 2015 !

    Les travaux de la rue Saint-Merri sont en voie de finalisation. Il reste à installer la signalisation. Seul le feu tricolore demandé par le Conseil de quartier n'a pas encore obtenu l'agrément de la Direction de la Voirie.

    Le douloureux sujet du "sans-abrisme" (Sic) est exposé par l'Adjointe de la Mairie en charge notamment de la lutte contre les exclusions. Sans papiers, personnes d'Europe de l'Est, personnes en mauvaise santé,  toute une kyrielle de situations qui ne peuvent trouver des solutions facilement. Il existe bien des structures dans l'arrondissement, des maraudes mais ce qui manque le plus ce sont des bagageries et des bains douches. Le bénévolat est plus que jamais requis.

     

  •   Bretagne devanture café ancien ret 07 10 122010

     

    On a tous le souvenir un peu ému de cette devanture qui était un trompe-l’œil en forme de café ancien à l'angle nord des rues de Bretagne et Debelleyme (IIIe).

    Elle a disparu un jour, autour de 2010, pour laisser la place à un décor de fast food à l’enseigne de "Subway".

     

    Bretagne subway déco 20 06 122012

     

    Les plus bienveillants d'entre nous ont estimé que cet ouvrage n'était pas du meilleur goût et qu'il nous faisait sincèrement regretter la fausse devanture du café-bar ancien. On a eu droit successivement à des variantes, toutes plus indigentes les unes que les autres.

    Jusqu'à ce jour tout récent où, ô miracle, le mur coté Bretagne a cessé d'être aveugle et ouvre désormais sur une devanture qui n'est plus factice. L'exploitant en a obtenu l'autorisation de la Direction de l'Urbanisme et des Bâtiments de France.

     

    P10804782015

     

    "Subway" laisse la place à un établissement de restauration. Nos informations font état d'une succursale du "Pain Quotidien", un concept de table d'hôte venu de Belgique où on sert des tartines garnies et des boissons, comme on peut le voir à hauteur du 12 rue des Archives dans le IVe.

    L'établissement n'est pas encore ouvert mais il a déjà sa terrasse. Un peu envahissante si on se réfère au règlement de la Ville de Paris. On espère que tout rentrera dans l'ordre le jour de l'inauguration. On espère aussi que son gérant ait le bon goût d'effacer les inscriptions qui défigurent ce qui reste encore du trompe-l’œil au-dessus du store.

    (Photos VlM)

     

  • 92906816La foule des visiteurs à l'intérieur du Louvre sous la pyramide

     

    La statistique impressionnante est tombée. 2014 a vu le nombre de touristes parcourant la planète passer la barre des 1,100 milliard c'est-à-dire  51 millions de plus que l’année précédente et semble–t-il le mouvement est loin de devoir s’arrêter lorsque l’on sait que les voyages, souvent à bas coût, se développent de façon exponentielle.

    Mais voilà, l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), comme l’Unesco, commencent à tirer la sonnette d’alarme notamment à l’égard des sites les plus visités, souvent appelés les « must see ». Outre les dégradations, il y a aussi les salissures et déchets induits, l’usure accélérée des monuments, les vols (une statue volée ou abîmée chaque jour à Angkor Vat…), la pollution provoquée par les cars qui déversent les cohortes de visiteurs, la gêne pour la circulation et le bruit pour les autochtones.

    Des ouvrages raisonnés sur ce sujet du tourisme de masse font état de l’inquiétude de leur auteur pour l’avenir. Ils en viennent à préconiser des mesures drastiques allant de la limitation quotidienne du nombre de visiteurs, à la visite sur réservation, voire à la fermeture définitive comme pour la grotte de Lascaux.

    Lorsque l’on sait que Notre Dame reçoit chaque année 14 millions de visiteurs, le Sacré Cœur et le Louvre autour de 10 millions, la Tour Eiffel près de 7 millions et que le Centre Pompidou approche les 4 millions, on comprend que ces lieux puissent être victimes de leur succès. Si l’activité économique induite qui s’y attache est florissante, les monuments souffrent et les réparations dues à l’usure et aux dégradations deviennent fréquentes et coûteuses. Le tableau de Corot volé en 1998 au Louvre en pleine affluence n’a jamais été retrouvé, ni le carnet de dessins de Picasso dans le musée du même nom.

     

    0RRBXvMmRUZNSKE4CpKurOFGVt4@500x378La foule de touristes devant Notre Dame

     

    Les déclarations de l’OMT et de l’UNESCO arrivent donc à point nommé à un moment où le tourisme a pris une ampleur telle que nous sommes parfois proches de la rupture. Il est donc temps de réfléchir à une autre façon de faire connaître ces merveilles. Les touristes doivent être mieux éduqués, plus respectueux et sensibilisés en amont de leurs périples. Les responsables doivent être davantage à l’écoute de ceux qui vivent les conséquences négatives du tourisme devenu trop industriel et à l’écoute des habitants qui subissent ces flots continus de visiteurs. Un sujet qui n’est pas simple, qui concerne de nombreux pays et se concentre essentiellement à Paris pour la France.

    Si le nombre de touristes continue à croître au rythme actuel, il faudra bien en passer par de sérieuses évolutions des pratiques existantes tant de la part des visiteurs que des pays d’accueil les plus visités.

    Dominique Feutry

     

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    ImagesGP15R3M2Le pour … et le contre

     

    "Fluctuat … sed mergitur" (elle est ballotée ET elle sombre) va-t-elle devenir la devise actualisée de la Ville de Paris ? La Maire Anne Hidalgo s'opposait en novembre au Président de la République sur la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2024. C'était faire preuve de cran et nous l'avions salué.

    Car rien ne démontre l'intérêt pour les parisiens que cet évènement ait lieu chez eux. On apprend pourtant qu'Anne Hidalgo change d'attitude et pourrait, si le conseil de Paris l'approuve, présenter un dossier de candidature auprès du Comité Olympique.

    On sait depuis Edgar Faure que "ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent". Ce revirement nous désoriente quelque peu car rien à notre connaissance n'a changé dans la façon dont le problème se pose. On en connait le cadre : Paris est saturée par sa densité de population, la plus élevée d'Europe, par le tourisme qui enregistre un record mondial, Paris subit une pollution qu'aucune mesure ne parait devoir endiguer (*), Paris concentre sur 100 km² la plus forte activité économique du territoire, la circulation y est impossible, les moyens de transports n'y suffisent plus ….

    La France en dehors de Paris et de sa communauté urbaine est un semi désert. Mais c'est à Paris pourtant qu'on envisage de consacrer des dépenses colossales qui accentueront le sort inéquitable des collectivités territoriales. Dans les années 70/80 nous avions la DATAR (délégation interministérielle à l'aménagement du territoire) qui intervenait de façon directive sur le choix des sites d'implantation d'activités.

    Au fil des années et de ses changements de dénomination, il semble qu'elle ait perdu de sa raison d'être. Sinon comment comprendre qu'elle ne tape pas sur la table dans le débat qui nous intéresse en disant : c'est ailleurs qu'à Paris que les Jeux Olympiques doivent se tenir car d'autres métropoles ont à la fois la capacité de le faire et le besoin impérieux d’accroitre leur attractivité pour appuyer leur développement.

    Lille et sa métropole, Lyon et sa région, Marseille-Provence, Bordeaux et tout le Bordelais peuvent y prétendre. Il y aurait ainsi quelque chance de provoquer un rééquilibrage au moins partiel du territoire national. Avec un coût présumé de 6 Milliards d'€, on sait que le comité olympique contribue pour 1,8 Milliards alors que les entreprises peuvent être sollicitées à hauteur de 2 Milliards d'€. Si l’État apporte un concours pour boucler le dossier financier, il est préférable qu'il le consacre au développement régional plutôt qu'à accentuer un déséquilibre entre la France et sa capitale.

    Rappelons que Paris est déjà retenue pour l'organisation des Jeux Olympiques Gay (Gay Games) en 2018 et qu'une exposition universelle se profile pour 2025.

    Les sondages sur Internet montrent que plus des trois-quarts de la population parisienne est opposée à la candidature de Paris. Anne Hidalgo déclarait à BFM-TV le 10 février : "il n'y a pas une ville engagée pour les jeux qui s'y soit retrouvée financièrement". On le sait. Il convient d'ajouter qu'à cette triste perspective qui conduirait les parisiens à mettre une fois de plus la main à la poche, c'est leur qualité de vie qui serait mise à rude épreuve avant, pendant et après les jeux. C'est donc tout autant l'intérêt que la générosité qui les pousse à souhaiter que les bienfaits d'une candidature profitent à une autre métropole.

    Gérard Simonet

     

    (*)     Dioxyde d'azote (NO2) :       46 % au-dessus de la limite admise par l'OMS

                Particules fines PM 10 :         79 %                     idem

    Source : associations agréées de surveillance de la qualifié de l'air (AASQA)