Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Cadre de Vie, Environnement

  •   Neige à ParisNotre Dame et ambiance feutrée sur les quais de la Seine, 20 janvier 2013  (photo Monique BF)


    La neige a recouvert la capitale et nous sommes émmerveillés de découvrir les lieux habituels revêtus d'un manteau blanc. En revanche, avec l'arrivée du froid et de la neige, il devient difficile de se déplacer et lorsqu'une telle situation perdure, alors la vie quotidienne des parisiens peut être totalement bouleversée.

    C'est en 1879 que la capitale, comme le reste de la France, a connu une des périodes la plus froide de son histoire. En décembre 1879, le thermomètre descend à –25,6 °, record absolu. Les Parisiens peuvent traverser à pied la Seine gelée. C'est l'épisode le plus dur jamais connu, avec 33 jours de gel consécutifs. Même durant le fameux hiver de 1794-1795 sous la Terreur, la température n'est pas allée au delà de -24°! 

     

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    Caillebotte : vue de toits (effets de neige). Musée d'Orsay

    Devant l'importance des chutes de neige qui sont toutefois moins abondantes que celles de mars 1846 (une couche de neige de 40 cm d'épaisseur tombée en 4 jours), les "sans travail" sont enrôlés par la Ville pour aider les cantonniers qui travaillent jour et nuit. Les tas de neige sont emmenés par des véhicules souvent réquisitionnés. La neige est jetée dans la Seine ou les égoûts. Les rues sont classées en 3 niveaux de priorité de déneigement. Il est fait obligation aux habitants de balayer la neige des trottoirs de leurs immeubles. On envisage même d'utiliser de la vapeur pour faire fondre la neige. Le sel est employé pour la première fois, d'autres capitales eruropéennes nous imiteront ? La taxe sur le sel est supprimée à cette occasion. Le chasse-neige sera inventé à la suite de cet événement et apparaîtra l'année suivante. Il se présentera comme une herse avec des balais serrés tirée par de chevaux.

    Les bâteaux, nombreux sur la Seine, sont prisonniers des glaces. Les parisiens profitent aussi de ces conditions climatiques en utilisant la Seine et  les plans d'eau des parcs jardins et du Bois de Boulogne pour s'adonner au patin à glace. D'autres utilisent le traîneau qui sert aussi à transporter les marchandises les plus lourdes.

    Malheureusement, lorsque le dégel arrive le chaos s'installe dans la Seine en crue, le fleuve, tel un torrent démonté, charrie moult blocs de glace mêlés à des objets aussi divers que des poutres des tonneaux, des  barges. La plupart se fracassant sur les béliers des ponts tels que le montrent des photographies de l'époque. Avant que leur bâteau ne soit emporté, les mariniers déménagent sur les quais ce qu'ils pouvent  sauver de leurs embarcation

     

    Images Le chaos au pied du pont St Michel

     

    Le pont des Invalides, alors en travaux, voit plusieurs de ses arches et une partie de son tablier emportés par les eaux furieuses.

    Le siècle passé a connu aussi des hivers rigoureux notamment celui de 1953-1954, le thermomètre est descendu jusqu’à –15 °. L’abbé Pierre a lancé l'appel qui est resté célèbre pour les sans abris.

    Il est navrant de constater que malgré ces douloureuses expériences, dès que la neige tombe, tout est paralysé et les difficultés s'accumulent.Le citoyen a l'impression que la autorités sont rapidement dépassées et qu'il ne doit plus compter que sur lui…Atre anomalie, est-il normal que la neige tombée en abondance ces derniers jours ne soit pas ou peu enlevée des trottoirs ? Certes le week-end les agents sont moins nombreux mais ne faudrait-il pas qu'à cette situation exceptionnelle repondent des mesures exceptionnelles. Les habitants  ne devraient ils pas eux aussi participer à un effort collectif en nettoyant le trottoir devant leur porte ? Combien le font ils réellement ?

    Rassurons- nous cependant en pensant à ce proverbe italien qui apporte une note positive aux discours ambiants : Année de neige, année d'abondance!

    Dominique Feutry

     

  • Ste catherine terrasse abusive
    Marché Ste Catherine, occupation insensée de l'espace public. Les lignes vertes correspondent à l'autorisation de terrasse accordée par la Ville de Paris. Les riverains se mobilisent et font appel à "Vivre le Marais !" – Cliquez dans la photo pour agrandir

     

    Un mouvement de fond se développe depuis le printemps 2010. Il est centré sur la protection du patrimoine historique, architectural et culturel qui caractérise le centre de Paris et sur la qualité de vie telle que la conçoivent les habitants.

    Autour de ces aspirations, un consensus se dégage, qui ne doit rien à l'engagement partisan. Ceux qui aiment le Marais sont attachés à sa sauvegarde. Le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) est là, y compris dans sa version révisée qui va être soumise prochainement à enquête publique, pour l'assurer. Il ne sera pas inutile cependant d'être attentifs à ce que la Mairie de Paris, désormais maitre du jeu au détriment du Ministère de la Culture et des Architectes des Bâtiments de France, décidera de faire au nom de la "mise en valeur".

    Le terme en effet est ambigu. Nous concevons la mise en valeur d'un patrimoine comme sa protection et sa conservation. Certains peuvent aussi hélas la concevoir comme son exploitation à des fins marchandes pour capitaliser la force d'attractivité, notamment touristique, des sites et monuments dont nous sommes dépositaires. Le risque est grand que l'appétit commercial s'installe chez nous avant de finir en captation et pillage. L'autorisation donnée par les autorités au "petit train" bleu qui va sillonner le centre historique de Paris est un exemple qui illustre l'incongruité qui nous menace, sans compter les nuisances dénoncées en matière de gène à la circulation et de pollution de l'air par une locomotive diésel.

    La place Ste Catherine, havre de paix sans voitures, plantée d'arbres, aux maisons basses et bancs publics, n'avait pas le droit de conserver son charme. Les bars-restaurants se sont chargés d'en faire un enfer pour les riverains.

     

    Ste catherine la nuitLa nuit, les terrasses s'étalent comme des feuilles de nénuphars

     

    Les riverains de la place sont excédés. Ils se sont constitués en "collectif", qui à son tour vient d'adhérer à l'association. "Vivre le Marais !" leur apporte un cadre, des conseils, un support, de la communication (nous sommes de plus en plus sollicités par les journalistes), et les introduit au coeur de "Vivre Paris !" qui regoupe aujourd'hui une trentaine d'associations dans la capitale.

    Le phénomène se développe. D'autres collectifs (associations ou structures informelles) sont nés un peu partout, autour de la défense d'un dossier qui leur est cher. Ils se tournent désormais vers nous pour les comprendre avant, le cas échéant, de les défendre. Une des conséquences est l'explosion du nombre de nos adhérents : 1.602 au compteur ce matin ! Notre blog accompagne ce développement : autour de 4.200 visites du site par semaine, 498 articles, 2054 commentaires, un album photos et une page Facebook.

    On trouve ces "collectifs" en certains points de nos deux arrondissements, exemples : Archives/Ste Croix, Pierre au lard, pour le IVe et Charlot, Lissac, Gaîté pour le IIIe.

    Et toujours de notre part une farouche neutralité politique qui nous vaut l'estime de ces citoyens qui ne croient plus (ou n'ont jamais cru) en la capacité du personnel politique à leur apporter le bonheur auquel ils aspirent. Le bonheur, pourtant, il est autour de nous pour autant qu'on sache cultiver son jardin (Candide, Voltaire). Il passe par un bon niveau de qualité de vie, qui en est la condition nécessaire à défaut d'être suffisante car il y a malheureusement bien d'autres raisons de ne pas pouvoir savourer la vie.

    Les politiques pourtant s'intéressent à nous. Nous nous garderons bien de nous engager dans l'une ou l'autre voie mais c'est notre volonté de leur dire ce que les citoyens attendent, et veiller à ce qu'ils ne se trompent pas dans les orientations qu'ils prennent. Nous ne désespérons pas qu'ils nous entendent, d'autant que nous approchons d'une échéance électorale importante avec les municipales de 2014.

    Gérard Simonet

     

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    La façade de l'Hôtel d'Hallwyl, 28 rue Michel Le Comte (IIIe)

     

    Dans un article du 31 mars 2010 de notre blog consacré au squat discret de la rue de Montmorency, sur lequel nous sommes revenus récemment (voir le blog en date du 12 décembre 2012), nous évoquions l’Hôtel d’Hallwyl, 28 rue Michel Le Comte (IIIe), aménagé par Claude-Nicolas Ledoux dont le jardin pouvait être admiré des fenêtres de l’immeuble incriminé. Il s’agit de l’unique hôtel particulier de ce célèbre architecte subsistant à ce jour à Paris. Les fameuses rotondes (La Vilette, Parc Monceau) étaient des bâtiments administratifs de la fameuse barrière qui entourait la capitale afin de réduire la contrebande.

    Il convient toutefois de rappeler que la plus connue des réalisations de Ledoux reste la Saline d’Arc-et-Senans en Franche Comté. Mais nous lui devons de nombreux édifices tels le château de Benouville dans le Calvados, le grenier à sel de Compiègne ou le théâtre de Besançon où il créa la première fosse d’orchestre.

     

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    Une façade intérieure

            

    C’est après avoir terminé les décors du Café Militaire, célèbre établissement de la rue Saint- Honoré aujourd’hui détruit dont les boiseries ont été remontées dans une salle du musée Carnavalet que Ledoux reçoit en 1766 (il a 30 ans) commande de cette construction. François-Joseph d’Hallwyl est colonel de la Garde Suisse (un régiment d’infanterie de plus de 2000 soldats affectés au service du roi).

    Ledoux va transformer radicalement l’Hôtel de Bouligneux que Mansart avait aménagé, dont l’un des occupants fut rappelons le Necker et dans lequel est née sa fille qui deviendra plus tard la très connue Madame de Staël.
    Pour magnifier l’ensemble, Ledoux applique ses préceptes de rigueur de composition, d'esprit fonctionnel et de sobriété. Il dote cet ensemble d’une simple façade néoclassique proche de celles de la Renaissance italienne, que l’on retrouve aussi dans d’autres constructions de ce type en Europe. Le portail d’entrée encadré de colonnes cannelées est au centre. Un tympan sculpté de deux génies ailés adossés à une urne le surmonte.

     
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     Vue de la colonnade du jardin

            

    D’anciennes photographies représentent cette façade flanquée de deux magasins à chaque extrêmité!
    Les communs se trouvaient côté rue et les écuries pouvaient contenir 18 chevaux.
    L’aspect extérieur du corps de logis est simple, sans ordonnancement précis, excepté de hautes fenêtres à fronton et balustrade de pierre et des refends à bossages à la manière de certains palais italiens. L’intérieur est décoré avec beaucoup de goût, la plupart des décors et lambris ont disparu au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle.

    On a cependant retrouvé de très beaux plafonds peints à la française du XVIIe donc antérieurs aux travaux de Ledoux lors de la restauration. Ces poutres et solives sont souvent ornés de motifs floraux et de grotesques aux visages expressifs dont les couleurs sont splendides. L'escalier d'honneur à la perspective feinte est sobre et élancé, typique du Marais. Il dispose d’une rampe très élégante en fer forgé. Une des raretés de l’édifice provient de son jardin qui est ordonnancé tel un atrium antique bordé d’une galerie soutenant des terrasses supportées par deux galeries de colonnes doriques encadrant un parterre végétal, autrefois planté de grands arbres. Contre le mur du fond, attenant à la rue de Montmorency se trouve une sorte de « rocaille » constituée d'une nymphée décorée de concrétions (les statues en terre cuite qui entouraient la fontaine ont disparu).

    Ce jardin était encore, il n’y pas si longtemps, recouvert d’une verrière, éclairé de néons (comme tout le reste du bâtiment) et transformé en cantine de la société Lyon- Allemand-Louyot et Cie qui l’occupait depuis 1968.
    Dès 1790, l’Hôtel passe aux mains de la fille unique d'Hallwyl devenue princesse Esterhazy puis à François Guyot de Villeneuve qui le quitteront en 1849. L’ensemble abrita ensuite des banques des commerces, les pastilles Valda, une fabrique de plastiques moulés, une imprimerie papeterie et les services administratifs du fondeur de métaux cité. Petit à petit cet ensemble architectural fut dénaturé.
    Aussi a-t-on pu se réjouir lorsqu'il y a 15 ans, a démarré la restauration redonnant une partie de son lustre à cet ensemble qui compte désormais 9 appartements.

    Dominique feutry

     


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    Sanisette JC.Decaux

                

    Uriner dans la rue est passible d’une amende de 35 €. C’est ainsi que plus de 1000 contraventions ont été dressées en 2011 à Paris, 1100 en 2010. Pour les 7 premiers mois de 2012, 627 personnes avaient été verbalisées. On estime qu’en moyenne 56 000 m2 de surfaces de murs trottoirs et portes cochères et renfoncements sont souillés de cette façon chaque mois dans la capitale. Certaines statistiques évaluent ces surfaces à 65 000 m2 ! On ne les voit pas beaucoup mais on nous dit qu'Il existe à Paris une brigade des incivilités (88 agents) qui chassent les responsables de gestes inciviques (épanchement d’urine, dépôt sauvage de déchets, non ramassage des déjections canines …).

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    Traces d'urine sur le trottoir

     

    Paris est équipé de 400 toilettes publiques gratuites depuis 2006. Leur nombre est insuffisant comparé à d’autres grandes villes notamment sur les grands axes qui attirent les touristes tels les Champs Elysées qui accueillent en moyenne 300 000 personnes par jour. Le Marais est confronté à la même problématique. Ce sont donc généralement les commerçants, cafés, restaurants et points toilettes privées payantes qui accueillent les visiteurs.

    Certains spécialistes comme les essayistes Claude Lussac et Nathalie Marx, auteurs de « Pisser à Paris : Guide Pratique et culturel des WC gratuits » montrent que même un doublement des sanisettes serait insuffisant. Il est vrai que dans de nombreux endroits le mobilier urbain existant (lampadaires, kiosques, métro, terrasses, parkings, stations Autolib et Vélib …) ne permet pas d’installer des toilettes publiques. Les architectes des Bâtiments de France hésitent aussi à en laisser installer dans les sites historiques.

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    Ancien modèle d'urinoir public


    Si Paris sent l’urine, et aucun quartier n’est épargné, c’est un mauvais point pour notre image, d’abord parce que les touristes ne manquent pas de le souligner lorsqu’ils rentrent chez eux, ensuite parce que cela nuit à notre qualité de vie. Habiter un immeuble dont la porte d’entrée sert d’urinoir est une vraie plaie. Traîner ses souliers dans l’urine n’est pas hygiénique.

    Tout cela donne une impression de saleté due finalement aux incivilités des uns et des autres. Nous sommes souvent dans le "tout permis", à la sortie des boîtes de nuit ou de soirées très arrosées, mais aussi du fait de l’augmentation du nombre de sans-abris et d’une population qui vieillit, les hommes ont en effet de plus en plus de problèmes de prostate.

     Dyn009_original_354_353_pjpeg_2524592_40855b05253a6866ebf7e8387c5ae97d                                                 Un empêche-pipi 

    Il faut donc continuer à verbaliser afin de combattre l’incivisme, continuer, en le renforçant, sept jours sur sept, le nettoyage des zones les plus salies et les plus touristiques en n’hésitant pas à employer des produits désinfectants. Mais parallèlement il faut augmenter le nombre de toilettes dans les endroits les plus passants (gares, sorties de métro, lieux historiques…), renforcer la signalétique. Nous conseillons d'ailleurs la lecture du livre de Jacky Legge écrit en 2008 (Editions Mémogrames) intitulé "Les Empêche- pipi", ces installations qui opérent et sanctionnent rapidement les contrevenants.

    Sans doute faut-il que la municipalité lance une concertation sur ce sujet afin d’entreprendre une série d’actions et de mesures concrètes montrant que cette question est prise en main par toutes les parties concernées. Si cette concertation n’est pas entreprise ces incivilités prendront, n’en doutons pas, de l’ampleur et le mécontentement des parisiens et des touristes, déjà perceptible, ira grandissant. Le laxisme n’est plus permis sur ce problème qui empoisonne notre quotidien.

    Dominique Feutry

     

     

  • Palais justice 03 02 12

    Palais de justice de Paris (Ie) : Tribunal de Grande Instance, Cour d'Appel, Cour de Cassation, Cour d'Assises

         

    L'histoire commence le 3 décembre 2010.  Au moment où une pétition de 50 noms était remise à la Maire du IVe de l'époque, Dominique Bertinotti, contre le projet de boîte de nuit de la rue Pierre au Lard (IVe), (dont le permis de construire vient d'être annulé par le Tribunal Administratif), nous recevions une assignation à comparaitre devant le juge des référés du Tribunal de Grande Instance de Paris, pour diffamation et injures publiques sur ce blog, suite à une plainte de la "société BRV" et de M. Frédéric Hervé, gérant du COX – 15 rue des Archives (IVe).

    Le 28 janvier 2011, deux mois après, une ordonnance du juge des référés prononçait la nullité de l'assignation et condamnait les plaignants, la "société BRV" et M. Frédéric Hervé "in solidum", à nous verser 2.000 €.

    Ces derniers ont choisi de nous poursuivre "au fond". Nous avons alors rencontré par deux fois un juge d'instruction, en compagnie de notre avocat, puis nous avons été "cités à comparaitre" le 8 janvier devant la 17ème chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris qui nous a signifié, ainsi qu'à nos adversaires, que l'affaire sera jugée à l'audience du 26 novembre 2013.

                           

  • Rue_Quatre_Fils                 L'immeuble " le Caran" et le mur Napolèon III rue des Quatre Fils

    La bataille semble s’intensifier entre modernistes et conservateurs, c’est-à-dire les promoteurs et les défenseurs, à propos du site de l’Hôpital Laennec. Des articles de presse relatent la situation actuelle contre laquelle des riverains se battent, à savoir la construction déjà bien avancée d’un immeuble à côté de la chapelle du XVIIème siècle dont il n’est pas acquis d’ailleurs qu’elle reste un lieu de culte.

    Ce cas, qui s’est déjà produit dans le cadre d’autres projets, pose la question des limites de la préservation du patrimoine architectural face aux contingences de la société actuelle. Même le Marais, pourtant très protégé (cf article sur le PSVM) est concerné et certains exemples d’immeubles récents implantés à des endroits historiques peuvent sembler choquants pour les puristes.

    Prenons le cas du Caran (Centre d’Accueil et de Recherches des Archives Nationales) rue des Quatre Fils (IIIe). En son temps, sa construction a fait débat. Si le projet fut lancé en 1976, il ne put démarrer qu’après son acceptation, 6 ans plus tard, par le Ministre de la Culture de l’époque Jack Lang. Les travaux ne démarrèrent qu’en 1986 et l’inauguration est intervenue en 1988. Il a donc fallu 12 ans pour mener à bien cette opération.

    C2Façade du Caran côté jardin


    Les contraintes ont été fortes pour l’architecte retenu, Stanislas Fiszer qui est à l’origine de réalisations aussi diverses que la façade de l’Ambassade du Japon, les Thermes d’Aix les Bains ou l’extension de la Bourse de Varsovie. Il a dû, outre les problèmes techniques, tenir compte de la présence d’un côté, des communs de l’Hôtel de Rohan (XVIIIème), de l’autre d’un long mur d’époque Napolèon III et d'importants travaux en sous-sol.

    L’aspect général du bâtiment, composé du Grand Caran et du Petit Caran, reste très moderne. Les matériaux employés et la volonté d’insérer au mieux ce nouvel ensemble dans ce paysage protégé ne se traduit véritablement que par la couleur de la façade proche de celle des pierres des édifices voisins.

    Souvenons-nous de ce tag qui a longtemps « orné » un mur de l’autre côté de la rue et qui représentait un personnage montrant du doigt le Caran fraîchement construit s’exclamant : « Mon Dieu que c’est laid ! ». Si notre œil s’est habitué à voir cet ensemble ainsi, il n’en demeure pas moins que nous sommes très éloignés du style des constructions environnantes et peut-être qu’aujourd’hui les démolitions qui ont été entreprises ne seraient plus autorisées. De plus les murs extérieurs vieillissent assez mal.

    Pourtant les Archives Nationales devaient s’agrandir, sécuriser leurs documents et apporter davantage de confort à leurs lecteurs. Cela signifiait aussi des espaces plus modernes, plus conviviaux, plus éclairés, en résumé plus attrayants en intégrant les meilleures techniques du moment. Or cette réalisation a permis de répondre au cahier des charges avec toutes ses composantes. Il était difficile d’y parvenir avec les immeubles existants.

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    Sculpture "les Quatre fils" de Y. Theimer

    Ainsi, un architecte encore peu connu mais imaginatif s’est fait un nom, le Caran étant son premier grand chantier. Il ne s’est pas laissé entraîner dans une reproduction à l’identique et sans originalité des constructions environnantes. De même des artistes ont pu exprimer leur art, sans avoir à copier leurs illustres prédécesseurs. Citons le bronzier Yvan Theimer, concepteur du bronze des Quatre Fils sur la façade et auteur de l’Obélisque Mystique soutenu par des Tortues qui est installée dans les jardins de l’Elysée. Pierre Gaucher quant à lui a fabriqué les 4 grilles sur la rue et le jardin (elles ont été modifiées par la suite), la sculpture monumentale de la place Ballersdorf de Strasbourg est une autre de ses réalisations.

    C'est de cette façon que  de nombreuses œuvres d'artistes ont pu être créées et parvenir jusqu’à nous, forgeant par là même une partie de notre environnement actuel, mais des choix ont pu déplaire car ils conduisaient assez fréquemment à détruire des réalisations plus anciennes pourtant remarquables.

    Dominique Feutry

     

  • Patinoire-de-lHotel-de-Ville-Paris-Noel  Patinoire devant l'Hôtel de Ville à la nuit tombante

    La Ville de Paris a installé 5 patinoires éphémères durant l’hiver. La plus grande est abritée par la superbe verrière du Grand Palais dont l’entrée est payante alors que dans notre quartier celle qui se trouve sur le parvis de l’Hôtel de Ville jusqu’au 17 mars est gratuite (seule la location des patins est facturée 5€). Ouverte de 12h à 22h et dès 9h les dimanches et jours fériés, elle présente une surface de près de 1400 m2 dont 200 m2 réservés aux enfants. Des moniteurs aident les patineurs, font des démonstrations et des séances de hockey sur glace sont programmées. Il est intéressant de signaler aux adeptes de ces sports que les disciplines de glace et de neige ne sont devenues olympiques que lors des premiers jeux d’hiver qui se sont déroulés à Chamonix en 1924.

    Df0307600Partition de la Valse des Patineurs d'Emile Waldteufel

    Tous les patineurs sont acceptés sur cette piste parisienne. Les plus aguerris pourraient s’entraîner au son de la célèbre Valse des Patineurs (1882) qui a fait la renommée internationale du célèbre compositeur Emile Waldteufel. Par opposition nous pourrions imaginer les débutants, évoluer sur les notes de la Valse Lente de Claude Debussy et les habitués aux chutes sur la Valse Oubliée de Franz Liszt.

    Au-delà de ces considérations musicales, il faut souligner que ce type d’initiative, qui existe d’ailleurs dans d’autres villes de l’Hexagone, est une bonne chose pour les parisiens. La douceur inhabituelle du climat, la pluie pourraient entraîner une fermeture temporaire, ce qui n’est pas souhaitable. Pour l’instant seul un film d’eau couvre la surface de la glace, ne perturbant pas la glisse.

    Il est aussi possible d’imaginer que ces installations certes ludiques feront peut-être naître des vocations et des talents assurant ainsi la relève de nos champions. Enfin, les touristes aussi peuvent s’essayer sur ces pistes de glace. Cela nous semble bien plus original que les « petits trains » qui vont bientôt sillonner nos rues historiques ( cf notre article du 28 décembre 2012 ).

    Dominique Feutry

     

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    Nettoyage des trottoirs parisiens

    Les médias se sont emparés du sujet relatif à la taxe de balayage qui selon certains augmenterait de 688% pour les contribuables parisiens.

    Qu’en est-il exactement ?

    Cette taxe est un très vieil impôt puisqu’elle entrera dans sa 150ème année en 2013. Ce qui montre qu’elle présente un intérêt certain pour les communes. Elle sert à couvrir les dépenses de nettoiement effectuées par ces dernières ou par leurs prestataires en lieu et place des riverains à qui ce nettoyage incombe pourtant. Elle touche tous les propriétaires dont l’immeuble donne sur une rue. Le calcul est effectué à partir des informations cadastrales fournies par l’Administration. Le produit de cet impôt doit être inférieur aux dépenses engagées.

    A Paris, le taux de couverture est bas puisqu’il est quasiment de 50 %. En fait la polémique découle d’une décision du Conseil de Paris qui date de l’automne 2011 et qui a alors décidé de supprimer les 8 barèmes existants au profit d’un barème unique qui correspond à la tranche la plus haute appliquée auparavant, soit 9,22 € le m2, ce qui rapporte à la commune, alors que 70 000 immeubles sont concernés, 104 millions d’€ (soit 34 millions d’€ supplémentaires en comparaison avec l’année précédente).

    Balayage   Balayage entre des motos

                      

    La Mairie de Paris interrogée se veut rassurante. Elle a d’abord indiqué que cette hausse restait modeste puisqu’elle ne représentait que 26 € par foyer. Elle ajoute que seuls 0,8 % des immeubles (c’est-à-dire 59 au total) étaient assujettis à la tranche la plus basse de l’ancien barème et seuls ceux-ci subiraient la hausse de 688%. Enfin, elle met en avant le fait que la Mairie était avec l’Etat et quelques grandes entreprises les premiers contributeurs du fait du nombre d’immeubles que chacun détenait. Il est néanmoins possible aussi que ces taxes soient répercutées sur les locataires et nous espérons que tel est le cas. Chacun sait aussi que la baisse des recettes due à la contraction des droits de mutation oblige les communes à trouver d’autres compensations outre la réduction possible des dépenses, notamment en cette période difficile au plan économique.

    Nous ne redirons jamais assez combien la propreté reste un sujet sensible qui nécessite la mise en œuvre de moyens importants qui ne nous paraissent d’ailleurs pas toujours suffisants. Les chiffres ci-dessus montrent les sommes en cause. Il ne faudrait cependant pas que les montants qui lui sont alloués deviennent un enjeu budgétaire. Nous sommes persuadés qu’il est toujours possible de procéder à des arbitrages judicieux qui toucheront des postes de dépenses moins prioritaires que la propreté.

    Dominique Feutry

     

     

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    Bâtiments XVIIème de l'Hôtel Voisyn, 80 rue de Turenne (IIIe), côté rue


    Construit au milieu du XVIIe siècle, l'Hôtel Voisyn qui est situé à quelques dizaines de mètres de l'église Saint-Denys du Saint-Sacrement, est un des grands hôtels particuliers typiques de l'époque. Le corps de logis principal est encadré par une cour pavée, que l'on découvre à l'entrée depuis la rue par un "bâtiment porche", sur la façade avant et un jardin sur la façade arrière.
    Le grand jardin privé à l'arrière était bordé latéralement par un corps de logis secondaire ou galerie, longeant le mur gauche.

    Des modifications sont apportées au XVIIIème siècle. L’Hôtel Voysin fut remis au goût du jour dans le style épuré du siècle des Lumières. Au siècle suivant, l’Hôtel fut transformé en atelier comme la plupart des immeubles du quartier, Il fut par ailleurs surélevé et un bâtiment industriel fut construit le long du jardin.
    Au XXème siècle, il est occupé par des artisans et peu à peu abandonné.
    Racheté en 2011 pour devenir un "immeuble de prestige". Le projet de rénovation a été confié par le promoteur à l’architecte Bertrand Monchecourt, architecte du patrimoine diplômé de l'Ecole du Louvre.

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    Maquette de l'Hôtel Voysin après rénovation (cabinet B. Monchecourt)

    Les travaux ont débuté depuis lors et l'Hôtel n'est plus qu'un immense chantier.
    Cet édifice doit son nom à l'un de ses occupants, Daniel Voysin de la Noiray (1655-1717) qui fut un protégé de Madame de Maintenon qui appréciait son épouse (celle-ci n'a aucun point commun, malgré son nom, avec la « Voisin » mêlée au scandale de l'affaire des poisons). Cette proximité avec la maîtresse du roi Louis XIV a permis à Daniel Voysin de devenir directeur de l'école de Saint- Cyr, puis Secrétaire d'État à la Guerre et Chancelier de France .

    Il fut mêlé à des affaires troubles de la fin du règne de Louis XIV.
    Au XVIIIe siècle, l'Hôtel sera un lieu privilégié par les grands personnages de l'État. Son dernier occupant célèbre fut le malheureux Marquis Jourdan de Launay, gouverneur de la Bastille qui fut massacré le 14 juillet 1789, c'est sa tête qui fut brandie au bout d'un pic ! L'Hôtel revint alors à l'une de ses filles, la baronne de Jumilhac, puis fut vendu en 1841 à Guillaumet de Chrétien et ensuite, en 1880, à un nommé Touchard.

    La rénovation prévoit l'aménagement d'une cinquantaine d'appartements et 9 logements sociaux (représentant une surface totale de 553 m2 préemptés par la Ville pour un montant de 2,67 millions € en partie financés  par des prêts de la Caisse des Dépôts et Consignations d'une durée de 40 et 50 ans, cf délibération du Conseil de Paris des 19 et 20 mars 2012).

    Les surfaces des logements proposés à la vente oscilleront entre 30 et 120 m2. Une partie d'entre eux se situera dans l'ancien bâtiment industriel qui a été préservé. Il représente en effet un témoignage intéressant de l'architecture du XIX eme. 

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    Un des 2 escaliers XVIIéme        

    Deux cages d'escaliers du XVIIème encore conservées seront sauvegardées. Les jardins seront en partie reconstitués.
    Augurons que cette rénovation respectera l'esprit voulu par les concepteurs des différentes parties de cet ensemble qui il est vrai a été bien malmené durant deux siècles…

    Dominique Feutry

     

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    De gauche à droite et de haut en bas : La Vieille Charité, l'Eglise Saint Laurent, vue de la Cathédrale de la Major et du Fort Saint Jean, la place de Lenche.


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    RE-EDITION                                                                                          

    J'avais délaissé le Marais, l'espace d'un instatant en 2008, pour un court séjour à Marseille, une ville qui n'a pas de secteur sauvegardé malgré ses 2.600 ans d'histoire. Née en l'an 600 avant JC de l'union d'une princesse ligure, Gyptis, et d'un capitaine grec venu de Phocée, Protis, elle ne conserve que quelques rares souvenirs  de son passé en amont du XVIIe siècle.

    L'abbaye de Saint Victor, dont l'origine remonte au XIe siècle, l'eglise Saint Laurent, bâtie au XIIe et les vestiges gréco-romains qui ont été mis à jour sous la place de la Bourse, sont des exceptions.  Les Forts Saint Jean et Saint Nicolas datent pour l'essentiel du règne de Louis XIV. Le quartier du Panier, que la bourgeoisie abandonna au XVIIe siècle pour s'installer à l'est, et qui hébergea depuis toutes les vagues d'immigration que la ville a connues, n'offre au visiteur que des maisons reconstruites dont la plus ancienne, qui attend toujours son rénovateur, ne remonte pas au-delà de cette époque.

    C'est néanmoins un lieu plein de charme où il est très agréable de flâner en allant de la Cathédrale de la Major (XIXe) à la Vieille Charité (XVIIe), dont Le Corbusier a évité la destruction, en passant par la place des Moulins, qui offre un coin de campagne dans un bâti hyper dense, la place de Lenche d'où la vue plonge dans les eaux du Vieux-Port et remonte vers Notre-Dame de la Garde et la montée des Accoules et son clocher, immortalisé par Pagnol dans sa trilogie, qui descend sur l'Hôtel Dieu, bâtiment remarquable qu'on doit à l'architecte Mansart.

    Il y a eu beaucoup d'erreurs d'urbanisme à Marseille. De grandes barres d'immeubles en béton construites dans les années 50, 60 et 70 défigurent les perspectives de la Major, de la Corniche, la colline de N.D. de la Garde et les contreforts des montagnes de Marseille-Veyre.  Plusieurs tours encombrent le centre-ville tout près du "Jardin des Vestiges" où sont exposés les restes du port des origines de la ville.

    Avec le projet "Euro Méditerranée", la ville a entrepris un chantier titanesque de réhabilitation du site que le vingtième siècle n'a pas épargné et de réconciliation des habitants avec le cadre exceptionnel qui leur est offert avec le port naturel du Vieux Port, la rade dont la perspective s'étend bien au-delà de l'Estaque, jusqu'au Cap Couronne, le long de la Côte Bleue, la Corniche, ses criques et ses îles du Frioul, d'If et Maire, la colline de la Garde qui sert de socle à la "Bonne Mère" et les forts Saint-Jean et Saint-Nicolas qui trônent des deux côtés de l'entrée du Vieux-Port, pour en garder l'accès.

    Avec ces atouts, on peut s'étonner que le centre historique de la ville, c'est-à-dire le "Panier", révélé par la série télévisée "Plus belle la vie", n'ait pas revendiqué et obtenu le statut de secteur sauvegardé. Sans doute le bâti, en dépit de son charme et de sa situation qui attirent de plus en plus d'artistes et de créateurs, ne mérite-t-il pas les efforts de sauvegarde et de conservation qu'on déploie dans un secteur comme le Marais de Paris, où tant d'hôtels particuliers et d'immeubles ont la qualité de bâtiments historiques.

    Peut-être faudrait-il considérer "le Panier" comme un quartier dont la valeur architecturale n'est pas dans le détail mais dans son ensemble urbanistique, qui est une crèche provençale grandeur nature. Je suggére au Maire, Jean-Claude Gaudin d'oeuvrer dans ce sens et j'ajoute deux remarques qu'il devrait accepter de ma part puisque je suis originaire de sa ville, où je suis né et où j'ai grandi : (1) débarrasser les ruelles du "Panier" de tous les graffiti qui le défigurent franchement et (2) …. reconstruire le Pont Transbordeur.

    Ce pont a été le symbole de Marseille, comme la Tour Eiffel est celui de Paris, l'Opéra celui de Sydney et le  Cable-Car celui de San Francisco. Il est unique au monde. Les Allemands l'ont détruit en 1943, c'est une victime de guerre à qui on doit réparation. Si on me dit : " il ne serait pas compatible avec le trafic du port", je réponds : "il n'est pas nécessaire de rétablir sa fonction, seulement sa structure avec ses deux tours et son tablier, ce qui signifie qu'on pourrait se passer de la nacelle qui assurait un transport des véhicules d'une rive à l'autre, devenu inutile. Ce serait de plus une économie considérable sur le coût de l'opération.

    Pont_tranbordeur

                            
    Gérard Simonet