Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Cadre de Vie, Environnement

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    Motos sur un emplacement réservé aux personnes handicapées 

     

    Le mot « incivilité » est devenu très usité depuis que dans les années 80, des sociologues commencèrent à s’intéresser au sujet. Désormais la moindre altercation, le moindre incident, la moindre difficulté vis à vis d’une personne est qualifié d’incivilité. Le Larousse est précis : « l’incivilité est le manque de civilité, une attitude qui manque de courtoisie, de politesse ». Nous pourrions ajouter en acte et/ou en parole.

    C'est aussi bien souvent un euphémisme qui cherche à masquer en langage politiquement correct, ce qui est en réalité une infraction, voire un délit.

    Le Maire du IIIe qui présentait son compte rendu de mandat justifiait entre autres raisons de l’insuffisante propreté du quartier et du stationnement sauvage des deux roues sur les trottoirs, par le développement des incivilités. D’ailleurs les entreprises, les administrations, les commerçants ont mis en place des systèmes de recensement des incivilités commises à l’égard de leurs collaborateurs de façon à mieux mesurer le phénomène et à mettre en œuvre des politiques de prévention au travers de formations, de plans de dialogues destinés à mieux contenir ce fait de société. Souvent en désamorçant une agression verbale, l’agression physique est évitée, même si les deux sont aussi traumatisantes l’une que l’autre.

    Comment peut-on expliquer la montée des incivilités ? Souvent il s’agit d’une réaction de la personne qui est confrontée à des difficultés matérielles et/ou psychologiques. Il peut y avoir un manque de repères ou une éducation de laquelle ont été absentes ou insuffisantes les notions de courtoisie, de politesse, de tolérance, de respect de l’autre, de respect des règles, de patience, de discipline, de tout ce qui découle de la vie en société.

     

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    Campagne de bus sur les incivilités

                   

    Le problème, car la frontière peut ne pas paraître si évidente, est qu’il n’est pas possible de qualifier d’incivilité tout et son contraire car si certains englobent des actes qui ressortissent plutôt des délits, alors ils peuvent être sanctionnés par la loi.

    Au demeurant, au quotidien nous ne sommes peut-être pas exempts de reproches en la matière?  Les incivilités ne sont pas toujours le fait des autres. N’avons-nous jamais laissé tomber un papier dans la rue sans le ramasser ? N’avons-nous pas déjà laissé de côté un prospectus abandonné à terre par d’autres au lieu de le mettre dans la corbeille toute proche? Avons-nous de la considération pour l’agent de propreté qui finalement l’enlèvera ? Réfléchissons-nous à la pollution que risque d’entraîner l’usage de notre automobile ou de notre moto plutôt que celui d’un transport en commun alors aussi pratique? Ne nous est-il jamais arrivé de vociférer après un conducteur qui n’avance pas assez vite au feu ou qui a fait une imprudence ? Les exemples foisonnent.

    Les solutions commencent donc par notre propre comportement à l’égard de l’autre ! Certes cela ne suffit pas mais nous devons tous montrer l’exemple, concourir à la propreté de nos rues, rester calme face à un individu énervé ? Lorsque cela est possible faisons donc d’abord preuve de pédagogie notamment à l’égard des plus jeunes (des campagnes ont déjà été menées à cet égard par la RATP, la Mairie de Paris). Les acteurs institutionnels (justice, force de l’ordre associations) qui travaillent sur ces sujets (contrats locaux de sécurité …) ont la lourde tâche de prévenir l’escalade des incivilités pouvant tourner à terme à des comportements beaucoup plus graves.

    L’enjeu est de taille et nous ne devons pas perdre espoir. Face à l’adversité, Talleyrand n’hésitait pas à affirmer qu’il n’y avait pas de situations désespérées mais seulement des hommes qui désespéraient des situations. Il savait de quoi il parlait… !

    Dominique Feutry

  • Corbeaux Hartwig HKDOn se plaint des pigeons. Nous sommes face à une nouvelle menace : les corbeaux (photo Hartwig HKD)

     

    La presse s'en est fait l'écho, ces temps-ci. En effet, on commence à les voir et on pourrait bientôt regretter les pigeons, qui sans doute ne sont pas plus propres mais assurément moins sinistres. Et pour ce qui est du bruit, si les pigeons dérangent avec leur roucoulement, le croassement des corneilles est autrement plus agressif, comme l'est leur gros bec pointu parfaitement capable de blesser un homme et encore plus un enfant.

    Ces corvidés s'installent à Paris car on les a pourchassés dans les campagnes. Omnivores jusqu'au bout du bec, ils sont amateurs de fromages (dixit La Fontaine) mais s'intéressent surtout à nos résidus alimentaires et aux charognes. Autant dire que leur réputation n'a rien à envier à celle des hyènes et des vautours.

    Certains ne manqueront pas d'établir un lien entre leur apparition et l'état de la propreté de Paris. Le rapprochement est sans doute intempestif mais on peut se demander si le traitement des déchets, notamment à proximité des marchés et magasins d'alimentation, ne devrait pas s'appliquer à les mettre plus vite à l'abri des prédateurs de tout poil (sauf qu'il s'agit de plumes ici). En tout état de cause, des interventions sur la nidation et la reproduction, comme on a commencé timidement à le faire avec les pigeons, pouraient éviter que des hordes de ces volatiles ne viennent assombrir le paysage parisien.

    Gérard Simonet

     

  • 6282794174_85090f9ca2_b Intérieur de l'Hôtel de Beauvais 68, rue François Miron (IVe)

    La Cour administrative d’appel de Paris a l’immense privilège d’être installée depuis 2004 dans le merveilleux Hôtel de Beauvais au 68 de la rue Francois Mitron (4e). Il est classé depuis 1966. D’une maison de ville pour les abbés de Chaâlis (l’abbaye située au nord de Paris sert aujourd’hui d’annexe aux collections du Musée Jacquemart), l’architecte Le Pautre a bâti un Hôtel prestigieux, digne de la première femme de chambre d ‘Anne d’Autriche, Catherine Bellier, l’épouse de Pierre de Beauvais, un marchand drapier anobli. Les historiens relatent que la proximité de la reine de sa première femme de chambre était telle que celle-ci avait le « privilège » de lui faire ses lavements et a eu celui de déniaiser le futur Louis XIV.

    Pourtant les contemporains ne cachent pas la laideur repoussante de cette femme. Il n’empêche qu’étant très riche (elle avait par exemple obtenu de toucher une redevance sur les cadeaux qui entraient et sortaient de Versailles) et le terrain lui ayant été donné par la reine, elle peut engager Antoine Le Pautre (à qui l’on doit le Château de Saint Cloud dont il reste la Grande Cascade et l’Abbaye de Port Royal), premier architecte du roi, pour construire son hôtel à partir de 1654.

    Beauvais3-300-92440 La cour avec au fond les écuries

    La parcelle étroite et très irrégulière ne déroute pas Le Pautre. Son ingéniosité le conduit à bâtir une demeure avec un remarquable grand escalier, une galerie d’apparat dans la même veine que celle de l’Hôtel Lambert, des écuries (les 5 portes à mascaron de la cour), une chapelle, auquel on accède par un escalier de forme elliptique (cf photo de l’article du 04 janvier 2012), un jardin suspendu avec grotte, volière, jet d’eau et un cellier gothique vestige de la maison d’origine.

    La cour légèrement oblongue surprend lorsque nous la découvrons, elle est traitée comme une scène de théâtre avec son décor où les irrégularités du terrain deviennent un atout. Les façades sont régulières, bien dans l’esprit du classicisme français de l’époque. Des modifications seront apportées au XVIIIe siècle par les nouveaux propriétaires, les Orry dont l’un d’entre eux, protégé du Cardinal Fleury, occupera les postes prestigieux de Contrôleur général des finances et de Surintendant des bâtiments du roi puis le quasi Premier ministre de Philippe V d’Espagne.

    Loué à l’ambassadeur de Bavière, l’Hôtel de Beauvais accueillera pendant quelques mois le jeune Mozart et son père. Malheureusement les révolutionnaires transforment les lieux en bureau des diligences et le luxueux bâtiment commencera sa lente agonie. Devenu immeuble de rapport, mal entretenu, il perd peu à peu tout son lustre. Même après que le roi Pierre Ier de Serbie, qui avait entendu parler de ce monument d’exception, ait réussi à le découvrir lors d’une visite à Paris, lui redonnant l’espace d’un instant toute son importance. Ce qui rappelait l'autre grand moment où du balcon, en 1660, Anne d’Autriche, Mazarin et Turenne regardaient l’arrivée à Paris de Louis XIV et sa jeune épouse Marie-Thérèse, juste après leur mariage à Saint Jean de Luz.

    Images

    Détail de la montée d'escaliers

    Racheté durant l’Occupation à une famille juive par la Ville de Paris, l’Hôtel de Beauvais qui a toujours conservé son nom est maintenu en logements locatifs, jusqu’en 1986, les étages ayant été découpés afin d’améliorer le rendement. C'est durant cette période que les membres bénévoles de l’Association du Paris Historique et du Festival du Marais (cf notre article du 27/12/2012) ont dégagé les caves gothiques qui se trouvent sous la cour, devenant des salles de spectacle durant le festival. Il existe d’ailleurs aussi une grande salle où se trouveraient les restes d’un autel.

    C’est en 1986 que commence la restauration de l’ensemble dans son état primitif. Plusieurs projets sont en compétition pour la destination des lieux dont la création d’un institut des parfums de France. Pour être complet signalons que des scènes de  La Banquière ou de Camille Claudel ont été tournées à cet endroit. Des visites à ne pas manquer sont organisées, pour cela il importe de contacter directement la Cour administrative d’appel de Paris ou de profiter des Journées du Patrimoine.

    Dominique Feutry

     

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    Affiche du Festival du Marais de 1972


    Des passionnés du Marais ont réussi cette gageure, avec très peu de moyens au départ, de faire sortir de l'oubli et apporter un rayonnement à un quartier dont les nombreux  monuments, pour la plupart  délaissés par les autorités, attestaient de son riche passé.

    Sous l'impulsion de Michel Raude est créé en 1961 "l'Association du Festival du Marais" dans le but de sensibiliser les parisisens sur l'état pitoyable du secteur.

    Le festival fait suite à des petits spectacles qui sont donnés gratuitement dans des hôtels particuliers comme l'Hôtel de Vigny (cf Article de VLM du 14/02/2007) afin d'attirer l'attention sur le Marais. Les encouragements, la volonté d'aller plus loin et différents soutiens conduisent à ambitionner de donner davantage de spectacles pour ouvrir plus de lieux au public. Ce qui nécessite de trouver des comédiens, des musiciens, des bénévoles et des sponsors.

    Le premier festival se déroule les 15 premiers jours de juin 1962 au  cours desquels sont donnés 35 spectacles (théâtre et concerts attirent alors 10 000 spectateurs. Une plaquette est distribuée au public rappelant que le Marais contient des dizaines de demeures et de chefs d'oeuvre d'architecture française mais aussi des pastiches, des ateliers et des endroits déplorables et sales…Pour la saison suivante, compte tenu du succès rencontré, des subventions sont obtenues et des artistes professionnels sont engagés, ce qui permet d'ouvrir d'autres lieux tels que l'Hôtel Sully,  les églises Saint Gervais, Saint Paul-Saint Louis. Des pièces de théâtre modernes, classiques sont donnés par des Centres dramatiques de province. 

    Parallèlement au festival, de nombreux bénévoles organisent des conférences et des visites guidées qui conduisent à créer en 1963 "l'Association de Sauvegarde de la Mise en Valeur du Paris Historique". A cette occasion la Ville de Paris met à la disposition de l'association 2 vieilles demeures, rue François Miron, la Maison d'Ourscamp dont les membres entreprennent bénévolement la restauration et qui deviendra le siège de l'association .

    Images  

    Affiche de 1979


    Des différents festivals qui se sont tenus jusqu'en 1967, retenons  représentations du Ballet de l'Opéra de Paris (Hôtel de Soubise) , les tours de chants de S. Lama, L. Ferré, G. Brassens et Barbara (Hôtel Sully), des concerts de musique composée par Messian, Prokofiev, Tchaïkovsky, Stravinsky ou Honegger…Les nocturnes de gala avec les gardes républicains, des laquais en livrée redonnant à ces endroits, l'instant d'un soir, tout leur lustre d'autrefois, ont laissé des souvenirs impérissables. Le chiffre record de 85 représentations et plus de 100.000 spectateurs est atteint… Ce qui nécessite une sérieuse et lourde organisation au travers d'une structure  comportant outre un conseil d'administration, des comités de programmation et d'organisation.  Car il faut en effet construitre des scènes, des gradins, aménager les loges, installer l'éclairage, le sonorisation, répondre aux questions de sécurité, réaliser et éditer les affiches, les programmes, les plaquettes… 

    Mais 68 a coupé l'élan de ces grands moments du Marais puisque le festival a dû être annulé. Il reprend et se déplace même aux Halles avant la destruction des pavillons Baltard. Les années suivantes d'autres lieux sont ouverts (Hôtel de Beauvais, Carnavalet…),des spectacles de rue se déroulent place du Marché Sainte-Catherine,  un tourmoi du Moyen-Age est organisé place des Vosges, des fêtes de nuit sont montées mais 68 est passé par là… Les finances sont en baisse. les clients sont plus exigeants, ils demandent des nouveautés et dans des lieux à l'abri du mauvais temps. Des extensions du festival sont donc décidées dans des endroits aussi divers que le Centre Pompidou, la Cité des Arts, le Théâtre Essaïon ou le Café de la Gare. Goldoni, Racine, du jazz mais aussi Mozart, Haydn, Strauss, Bruckner sont à l'affiche. Des colloques, des conférences, des expositions sont données. Un hommage est rendu à Victor Hugo en 1985.

    Pa00086308Siège de l'association de Sauvegarde et de Mise en valeur du Paris Historique, 44 rue François Miron (IVe)


    Mais la baisse d'intérêt du public liée à des financements de plus en plus difficiles à assurer donnent un coup d'arrêt au festival en 1987. Il  essaiera de renaître quelques années plus tard avec un équipe nouvelle mais, après 4 ans, force est de se rendre à l'évidence, le festival a définitivement vécu.

    Que retenir de cette riche période pour la Marais ?

    Une notoriété qui a dépassé nos frontières et qui ne se dément pas, la création de l'Association de Sauvegarde et la Mise en Valeur du Paris Historique qui existe toujours et a contribué à sauver et  à restaurer nombre de monuments. Enfin, le plus important, la prise de conscience que le Marais était un ensemble exceptionnel qui devait être préservé et réhabilité. 

    "La passion est un moteur dont personne ne mesure la puissance" a écrit l'écrivain belge Pieter Aspe. Cette citation s'applique tout à fait à tous ceux qui ont permis que le Marais devienne ce qu'il est aujourd'hui. 

     Dominique Feutry

     

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    Réagissant à notre article du 23  novembre signé de Dominique Feutry sur l'avancement des travaux de rénovation et d'extension du musée Picasso, Jean-François Leguil-Bayart, directeur de recherches au CNRS et journaliste chez MEDIAPART, proche du PS, nous livre sa vision très critique d'un projet auquel il reconnait peu de vertus.

                     

    Vieille du temple 86 - 86bis tagsMur côté sud des jardins du musée Picasso et du square Léonor Fini. Défiguré depuis au moins dix ans par des tags, sans que personne n'intervienne


     Halte au grand musée Picasso !     

     

    Sous la direction, très contestée par sa propre équipe administrative, de Anne Baldassari, et avec le soutien du ministère de la Culture, le Musée Picasso s’est lancé dans un ambitieux programme de rénovation et d’agrandissement, dont la Cour des comptes a critiqué le coût et la gestion. Son objectif est clair : doubler sa fréquentation et recevoir de 750 000 à un million de visiteurs par an ! Il correspond à l’idée marchande qu’Anne Baldassari se fait du musée, et qui lui vaut les critiques acerbes de ses collègues : elle a refusé de prêter des œuvres à la grande exposition Picasso du Kunsthaus de Zürich, en 2010, et a récidivé en 2012, lors de l’exposition Degas du Musée d’Orsay, parce qu’elle préfère louer à prix d’or des expositions itinérantes pour financer ses travaux, conformément au « plan d’affaires » (sic) fixé en réunion interministérielle le 4 mai 2011.

    On peut à bon droit s’interroger sur la pertinence de cet investissement de 54 millions d’euros, dont 19 millions de subventions d’investissement du ministère de la Culture, à un moment où les finances publiques sont en crise et où l’Etat n’est plus en mesure d’assurer la sauvegarde des monuments historiques. Tout cela dans un quartier qui regorge déjà de musées et de visiteurs, et qui manque cruellement d’espaces verts. Or, précisément, l’extension du Musée Picasso va amputer l’un de ceux-ci, le square Léonor-Fini, sans que jusqu’ici personne ne s’en émeuve faute d’information.

    Il n’est pas seulement question de rénover un plancher et d’aménager une salle souterraine, comme l’affirme benoîtement le panneau, à peu près illisible, qui est apposé rue de Thorigny. Il est prévu de construire une aile de 2 000 m2 et de deux étages sur une partie du square Léonor-Fini, à l’aplomb du musée, au risque de défigurer sa superbe façade, une amputation qu’est censée compenser l’ouverture au public de son jardin privé. Mais, dans les faits, l’espace vert sera bel et bien réduit d’au moins 1 000 m2 et des arbres abattus, une partie de l’aile devant être construite au-delà de l’actuel garage, sur l’aire de jeux réservés aux enfants. Et le square sera subordonné aux intérêts du Musée Picasso, dont le « programme scientifique et culturel » prévoit qu’il y organisera des performances et des concerts « en pratiquant une nocturne hebdomadaire, le samedi soir jusqu’à minuit, afin de répondre à l’affluence du public dans le quartier du Marais en fin de semaine », et dont le million de visiteurs investiront ses pelouses dans la journée. Le square, et sans doute la rue des Coutures-Saint-Gervais, dont la Mairie du IIIe annonce maintenant le réaménagement…

    D’un point de vue environnemental, ce projet d’extension est une aberration. Outre la réduction de l’espace vert, les autocars de touristes emprunteront la rue Vieille-du-Temple et la rue de la Perle pour y décharger leurs passagers et y stationner, en provoquant des embouteillages supplémentaires dans des voies déjà surchargées et en laissant tourner leur moteur pour les besoins de leur climatisation ou de leur chauffage. Pourquoi recréer au cœur du Marais les nuisances dont les riverains de Notre-Dame ont eu à se plaindre pendant de longues années, avant qu’ils n’obtiennent gain de cause et que les autocars soient chassés des abords de la cathédrale ?

    La qualité de l’air, déjà problématique dans ce quartier, sera détériorée par cet afflux de véhicules très polluants, par l’agrandissement du bâti chauffé et climatisé, et par l’abattage d’arbres, sans même parler des deux années de travaux supplémentaires qu’exigera cette extension et qui entraîneront une noria de camions, le fonctionnement de pelleteuses et de grues, la production de poussières industrielles. Enfin le square sera fermé pendant au moins un an et demi, à charge pour le voisinage d’aller respirer et jouer ailleurs – mais où, dans le IIIe arrondissement ?

    L’extension du Musée Picasso est un scandale écologique et un gaspillage inadmissible en ces temps de disette financière. Sa réalisation ne ferait qu’intensifier la dérive marchande du IIIe arrondissement, sa transformation en quartier de tourisme de masse sous prétexte de culture, sa muséification consumériste au prix d’un bétonnage supplémentaire. Au-delà de la subvention d’investissement nécessaire aux travaux, elle se solderait par l’augmentation de la subvention d’équilibre du ministère de la Culture, au profit d’un établissement qui incarne une conception hautement contestable, et peut-être caduque, de la politique culturelle, et au détriment d’autres musées dont les besoins sont souvent plus criants. Madame le Ministre de la Culture, vous avez annoncé, en septembre, la poursuite de ce projet hautement contestable sous prétexte qu’il était trop avancé pour être revu à la baisse. Mais vous avez là une occasion salubre de réaliser les économies budgétaires que la dureté des temps exige de vous !

    Jean-François Leguil-Bayart


     REPONSE de Madame Monique Saliou adjointe au Maire du IIIe, en charge de l'espace public

     

    " L’équipe municipale du 3ème arrondissement ne peut laisser passer sans réaction l’article de M. Jean François Leguil Bayart intitulé « Extension du musée Picasso : halte au feu ».

    Non que nous entendions nous prononcer, en tant qu’élus de cet arrondissement, sur la politique muséologique et les choix qui ont conduit les ministres de la culture successifs à soutenir le projet de rénovation du musée Picasso. Il est un fait : Paris demeure la première ville touristique mondiale et les musées participent à son rayonnement. Chaque citoyen peut avoir ses préférences : grands ou petits musées, approbation ou rejet des expositions temporaires, pas de musées du tout, culture élitiste contre culture dite de masse etc. In fine, c’est à un (e) ministre, membre d’un gouvernement issu d’institutions démocratiques, de trancher. La Cour des Comptes que cite M. Leguil Bayart et dont il a sans doute mal lu les travaux, ne porte pas davantage d’appréciation sur la pertinence du projet Picasso ; elle s’inquiète seulement des coûts supplémentaires de fonctionnement créés par la mise en œuvre de nombreux projets culturels (dont beaucoup ont été abandonnés depuis cet été) ; c’est d’ailleurs à la suite de cette inquiétude que le musée Picasso s’est doté d’un « plan d’affaires », destiné à équilibrer coûts et recettes, dont l’auteur de l’article raille l’existence…

    Si nous avons souhaité réagir, c’est que M. Leguil Bayart énonce des contre vérités et multiplie les procès d’intention sur ce qui touche à l’aménagement des abords du musée. Il est faux de dire que le jardin Leonor Fini sera amputé de 1000 mètres carrés : les constructions prévues pour abriter des expositions temporaires seront édifiées au dessus et à la place de l’entrée du garage actuel et non dans le jardin. Qui regrettera, en outre, l’esthétique douteuse du bâtiment actuel ? Il n’est pas davantage question de fermer le square lors des travaux, pas plus qu’il n’est question de l’ouvrir tous les samedis soir, jusqu’à des heures indues, au profit d’hypothétiques activités du musée…qui dispose d’ailleurs de son propre jardin.

    Quant aux aménagements des rues avoisinantes (rue Thorigny, rue des Coutures Saint Gervais), aucune décision ne sera prise sans une large concertation, selon une méthode suivie pour tous les aménagements réalisés depuis des années dans le 3ème arrondissement. Un conseil de riverains sera réuni très prochainement qui débattra sur les solutions envisageables.

    Enfin, la perspective d’une noria d’autocars stationnant, tous moteurs allumés, rue Vieille du Temple, relève du procès d’intention. La mairie du 3ème n’a pas la moindre intention de tolérer une dérive de ce type et les mesures seront prises, en concertation, avec la préfecture de police pour préserver la tranquillité du quartier et la qualité de l’air.

    Observons d’ailleurs que les inquiétudes de M. Leguil-Bayart ne sont pas partagées par tous : il suffit de regarder les devantures des agences immobilières pour constater que l’adresse « proche du musée Picasso » est un argument de vente. Notre arrondissement est attractif, il gagne des habitants dont beaucoup de jeunes et de familles, il a une image de dynamisme. Tout en redoublant de vigilance sur la qualité de vie dans nos quartiers, ne nous en plaignons pas !"

     

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    Grenier st lazare 36 hôtel georgette 20 11 12

    Hôtel Georgette, 36 rue du Grenier Saint-Lazare (IIIe)

     

    Au 36 rue du Grenier Saint Lazare (IIIe) et après de longs mois de travaux, un nouvel hôtel, "l’Hôtel Georgette", vient d’ouvrir ses portes. Il remplace un vieil établissement situé au même endroit.

    D’aspect moderne et agréable ce commerce a construit une terrasse fermée, une sorte de "véranda", qui lui permet de disposer sur la rue d’un espace supplémentaire qui abrite la réception et aménage une salle pour les petits déjeuners.

    Le règlement des terrasses de la Ville de Paris prévoit en son article 2.1: "une terrasse fermée est une occupation délimitée du domaine public de voierie couverte et close destinée limitativement aux exploitants de débit de boissons, restaurants, glaciers et salons de thé pour la restauration sur place de leur clientèle". Comme ce commerce n’est ni un restaurant ni un débit de boisson, cette extension ne devrait pas être autorisée. Au vu de sa taille, il est plus que probable qu'elle dépasse le seuil du tiers du trottoir utile.

    Nous nous étions réjouis du réaménagement de la rue du Grenier Saint lazare par la Mairie de Paris. Nous sommes moins enthousiastes de constater que les nouveaux espaces qui ont été dégagés suscitent l'appétit de marchands qui se soucient peu de l'équilibre, qu'il faut pourtant préserver, entre leurs intérêts et la qualité de vie des habitants

    Nous avons donc signalé cette anomalie à la Direction de l’Urbanisme et à la Police. Nous attendons leur réponse avec intérêt.

    Dominique Feutry

     

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    Rue des Francs-Bourgeois, face à l'entrée de la rue Elzévir


    Un demi-vélo planté dans un mur agrémenté de tags face à l'angle de la rue Elzévir et de la rue des Francs-Bourgeois ! Où s'arrêtera l'imagination des pourfendeurs du beau et du saccage en règle des façades, des vitrines, des portes, des porches et du mobilier urbain ?

    Lorsque l'on regarde cette demi-bicyclette de couleur rose bonbon, on imagine une enseigne de magasin de cycles. Pas de chance, le commerce tout proche est un magasin de sous vêtements féminins ! Si on pense plutôt à un cirque, nous sommes bien loin de la rue Amelot ou de la pelouse de Reuilly ! Alors peut-être nous annonce-t-on une nouvelle piste cyclable ? Ce n'est pas cela non plus. Tout milite donc pour choquer tant l'incongruité de cette action, qu'il s'agisse du sujet et du lieu, sciemment choisi car particulièrement passant, sont anachroniques.

    Ces constats militent pour un enlèvement rapide par les services compétents de la Ville de Paris ("Vivre le Marais !" a adressé un courrier à la Direction de l'Urbanisme), tout en espérant que les fautifs soient tôt ou tard trouvés et sanctionnés en conséquence, comme il se doit… car ils recommenceront à abîmer d'autres murs. Notre seul espoir est que cet incident soit "l'oeuvre" d'un isolé et ne crée pas de vocation auprès de nouveaux acteurs de l'enlaidissement.

    Dominique Feutry

     

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    Paris dans le smog, depuis le trocadéro (Photo Airparif)

    La pollution de l’air reste un des grands sujets d’inquiétude de nos concitoyens.

    Avant même que le sujet ne fasse la une des journaux et
    mobilise des chaines comme France 5 à une heure de grande écoute, "Vivre
    le Marais !" sonnait le rappel. Dans un article du 8 avril
    2009
    , à propos de la décision des Maires des IIIe et IVe de piétonniser la rue
    des Francs-Bourgeois, nous avions publié les chiffres de pollution donnés par
    Airparif et conclu qu'il était dérisoire, du point de vue strict de la pollution, d'interdire la circulation une demi-journée
    par semaine sur un périmètre étroit de la ville. Nous suggérions que l'ensemble du trafic, au centre de Paris au minimum, soit réduit tous les jours.

    Le Maire Bertrand Delanoë vient d’annoncer un plan antipollution qui, à peine est –il connu, suscite de nombreuses critiques. A commencer par les nôtres :

    • Baisse de la vitesse sur le périphérique de 80 à 70 km/h : c'est un voeu pieux, la vitesse résultante ne sera pas réduite dans ces proportions
    • Multiplication des "zones 30" à Paris : il ya déjà de nombreuses zones 30 : personnne ne sait de quoi il s'agit réellement et peut-on dire qu'on circule à 30 km/h dans Paris ? C'est plutôt soit 20 (encombrements) soit 100 (le conducteur déjanté)
    • Incitation à la voiture électrique : un autre voeu pieux dans l'état actuel des choses
    • Interdiction de circulation des véhicules les plus polluants, à savoir les voitures, poids lourds et bus de plus de 17 ans (sic) et deux-roues motorisés de plus de 10 ans : elle concerne un nombre trop limité de véhicules d'âge canonique et qui peut croire un seul instant que les contrôles à ce sujet seront effectifs ?



    Camion ancien
    A noter que ces propositions ne seraient applicables qu'en 2014. Aucune mesure n'est prévue concernant le diésel qui génère des micro partricules cancérigènes (voir notre article du 16 septembre 2012). A fin avril 2012, c'est la quantité maximale annuelle qu'il nous a été donné de respirer. La Cour de Justice européenne menace de condamner la France à des amendes de plusieurs centaines de millions d'€.

    Le diesel, un secret bien gardé qui
    pourrait entraîner un scandale comme ceux de l'amiante ou du sang contaminé. Il
    implique des millions de personnes, fait tous les ans des dizaines de milliers
    de victimes en France. Au départ, ce
    carburant était destiné à «sauver» l'industrie automobile française.
    Aujourd'hui, il détruit des vies et les autorités françaises n'ont pas alerté
    l'opinion assez tôt sur ses méfaits.

    Ceux qui se revendiquent de l'Ecologie à la Mairie de Paris déclarent :

    Denis Baupin, Député EELV (Europe Ecologie Les Verts) : "c'est de la non-assistance à personnes en danger"

    Jean Vincent Placé, sénateur EELV : "c'est un scandale pire que l'amiante"

    Yves Contassot, Conseiller de Paris EELV : "un jour sur trois de pollution depuis le début de l'année 2012, on n'a jamais vu ça, il n'est pas possible qu'on continue"

    Aucune mesure n'est proposée pour lutter contre la pollution des deux-roues motorisés, qui pullulent dans Paris. Le même Denis Baupin qui est cité plus haut a été l'artisan en 2006 d'une charte signée avec les "motards en colère" pour leur permettre à Paris de rouler et stationner sur les trottoirs et de remonter les files. Fort heureusement, le Préfet de Police de Paris ne l'a pas avalisée mais le signal donné par la Ville demeure et les "motards en colère" sont plus que jamais revendicatifs. Comme demeure la trouille des élus devant des gens qui manifestent agressivement et en masse sur leur engin bruyant dès qu'ils sentent venir une menace pour leurs privilèges.

    Privilèges, en effet : le parking est gratuit pour eux. Ils occupent pourtant de la place comme les voitures. Le décret qui instaure le contrôle technique, en vigueur pour les voitures, attend depuis 2009 d'être signé. Il est de bon ton en ce moment de parler de justice. Où sont la justice … et le courage ?

    Il est angoissant de constater que la classe politique est tétanisée sur un dossier qui met en jeu à ce point la santé des populations. Nous avons entendu, dans le reportage de France 5, que la Ville de Tokyo a éradiqué la pollution en interdisant, sans exceptions et sans délai, la circulation des diésels. Si c'est comme on nous dit une question de vie ou de mort, pourquoi les responsables politiques en France font-ils si peu de cas de notre sort !

    Jean-Claude Théodart

     

  • Cox attroupement 23 03 12 recadRue des Archives et square Ste Croix (IVe) occupés, vendredi 23 mars 2012

     

    Le cabinet d'avocats retenu par les riverains, dans un courrier adressé en fin de semaine dernière au Préfet de Police de Paris avec copie au Maire d'arrondissement Christophe Girard, rappelle que quatre plaintes pour troubles réguliers à l'ordre public avec occupation des trottoirs et de la chaussée et tapage nocturne ont été déposées courant janvier 2012 auprès du Commissaire Central du IVe.

    Une de ces plaintes a fait l'objet de suites. Il s'agissait de tapage nocturne émanant du FREEDJ, un bar de nuit du 35 rue Ste Croix. Après constatation, la Préfecture lui a infligé neuf jours de fermeture administrative, ramenés à six par souci de conciliation.

    Les trois autres qui concernent le COX-BAR et l'occupation du trottoir de la rue des Archives et des trottoir et chaussée du square Ste Croix (une rue qui débouche sur la rue des Archives), ont été instruites par le Commissariat du IVe qui a conclu sur une demande de retrait de l'autorisation de terrasse. Cette information a été confirmée par le Commissaire du IVe en réunion de mairie avec les conseils de quartiers le 9 octobre. Depuis le mois d'avril, la mesure proposée est bloquée par la Préfecture de Police, qui n'a pas jugé bon de s'en expliquer avec les riverains.

    Les riverains attendent désormais une réponse concrète de la Préfecture pour que cesse enfin une situation choquante qui donne le sentiment d'une démission de l'Etat. A défaut, ils envisagent  de saisir la juridiction administrative d'une demande de réparation formée contre lui.

    Nous sommes à leurs côtés pour les soutenir, en compagnie de l'association-amie "MARAIS QUATRE" et de l'association "Les Droits du Piéton", toutes membres de "Vivre Paris !".

    Dominique Feutry

     

     

  • Yin et yangReprésentation symbolique du yin et du yang

     

    On évoque le yin et le yang dans la cosmologie chinoise, quand deux éléments s'opposent, sont en interdépendance ou s'engendrent l'un l'autre.

    On constate qu'elle est en voie de s'installer rue du Temple, dans cette partie où les grossistes-importateurs sont encore en quasi monopole. Au n° 111, un commerce a ouvert récemment. Sans la moindre autorisation, il a refait une devanture à l'enseigne de "CHARIS". Dans Paris et a fortiori dans le secteur sauvegardé du Marais, toute modification de devanture doit faire l'objet d'une demande auprès de la Direction de l'Urbanisme, Sous-Direction du Permis de Construire et du Paysage de la Rue (voir notre documentation à ce sujet). Dans le cas présent, on ne s'en est pas préoccupé.

     

    Temple 111 charis 12 11 12"CHARIS", bijouterie fantaisie, 111 rue du Temple (IIIe)

    Un contrôle de la Mairie de Paris a été effectué en août avec constat. Le commerce a alors déposé une demande de régularisation. Demande rejetée par l'Architecte des Bâtiments de France constatant que l'enseigne n'est pas conforme au règlement du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais. Une injonction de dépose a été adressée au commerçant.

    Que peut-il se passer maintenant ? Au-delà du délai accordé, des poursuites pénales sont prévues : rédaction d'un procès-verbal qui va chez le Procureur de la République et émissions d'astreintes. S'il décide de ne pas le classer, il y a jugement avec sanctions à la clé. Une association comme la nôtre est habilitée à se porter parie civile.

    Il serait naturellement plus simple et plus citoyen que le commerçant tire la leçon des évènements. Il suffit qu'il s'inspire d'un autre commerce qui s'est ouvert à deux pas et en face de chez lui, à peu près au même moment : "STRADA CAFE". C'est un modèle de discrétion et de bon goût. Il remplace avantageusement un autre grossiste et c'est déjà en soi une grande nouvelle ; la confirmation que la diversification, qui s'impose déjà dans la partie IVe de la rue, est en marche dans cette portion du IIIe qui paraissait vouée à la mono-activité.


     


    Temple 94 strada café et voisinage              

    "STRADA CAFE", du café BIO, des viennoiseries et de la petite restauration, 94 rue du Temple (IIIe). Notez l'intégration harmonieuse de la devanture dans l'architecture de l'immeuble et l'extrême discrétion de la toute délicate enseigne en drapeau.

     

    On conviendra que les deux éléments décrits s'opposent. Ils se sont engendrés l'un l'autre puisque le café succède à un grossiste. Pour les besoins de la cause, on dira enfin qu'ils sont en interdépendance car le grossiste sera trop heureux d'aller là boire son petit café du matin. On est bien dans le yin et le yang. Et ne dites pas que la symbolique est tirée par les cheveux. C'est le prix à payer pour rêver un peu !

    Gérard Simonet