Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Cadre de Vie, Environnement

  • Haudriettes 3 miller's bar

    "Le Miller"s", bar américain, 3 rue des Haudriettes (IIIe). Une salle au rez-de-chaussée et 150 m² en sous-sol.

     

    C'est un des bailleurs sociaux de la Ville, la RIVP (régie immobilière de la ville de Paris) qui héberge ce bar au pied des immeubles de rapport que la Ville a acquis en 2001, au prix de 130 Millions de Francs. Il faut parler maintenant au passé car le bar, en cessation de paiement depuis de nombreux mois, vient de mettre la clé sous la porte.

    On ne le regrettera pas beaucoup car il n'apportait rien à la vie sociale du quartier. Rien que de l'agitation et du bruit certains soirs où se déroulaient des soirées à thèmes ou des karaokés bien arrosés qui rejetaient sur le trottoir une foule d'autant plus bruyante que la nuit avançait.

    La RIVP n'est certainement pas mécontente de l'issue car son locataire ne payait pas et elle ressentait de ce fait l'amertume de mal gérer l'argent public, c'est-à-dire le nôtre. Il convient de rappeler que les bailleurs sociaux reçoivent de la Mairie de Paris des subventions d'équilibre. A titre d'exemple, en 2008, la RIVP a reçu 47,2 Millions d'€. De quoi créer des devoirs envers les riverains-contribuables.

    On se rappelle qu'un groupe d'habitants, avant les vacances, s'était élevé contre une autre société de la Ville, la SEMAEST, qui n'avait rien trouvé de mieux, dans le cadre de sa mission de diversification des commerces du quartier, que de louer un ancien local de grossiste en maroquinerie rue des Gravilliers à un bar, "La Trinquette", qui a longtemps empoisonné les habitants de la rue, la nuit, avec le bruit de ses consommateurs attroupés sur la chaussée (il semble qu'il y ait eu des progrès depuis, grâce au suivi attentif de la police).

    Dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui, la disparition du "Miller's" est a priori une bonne nouvelle. Dans une rue qui fait guère plus de cent mètres de long, de la fontaine néo-classique de Pierre-Louis Moreau-Desproux, décorée d'un bas-relief de Philippe Mignot, jusqu'au carrefour de la rue du Temple, on compte six débits de boissons dont deux de nuit, pour 400 habitants environ. La norme de la préfecture de police de Paris est "une licence IV pour (justement) 400 habitants". A l'échelle de cette rue, nous subissons six fois la norme !!! L'occasion se présente de passer à cinq !

    Cette occasion, nous souhaitons qu'elle soit saisie. Nous avons adressé le 3 novembre une lettre au Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, avec copie au Directeur de la RIVP, pour que la recherche d'un remplaçant s'oriente vers un commerce qui contribue à la qualité de vie de la rue. Le statut public du propriétaire lui commande de faire un choix citoyen qui respecte les attentes des habitants-contribuables. Nous avons la conviction que le Maire du IIIe, (dont il se trouve qu'il est Président de la RIVP), et la RIVP, y seront sensibles. Nous attendons leur réponse. Nous nous ferons un plaisir de la publier.

     

  • Gaspillage-2

    Au moment où nous recevons notre taxe d'habitation, en forte hausse une fois de plus par rapport à l'année précédente, déficit de la Ville oblige, nous prenons connaissance d'un article sur le blog "Nuits Capitales". Il nous apprend que le collectif "Nuit Vive" qui s'est créé à l'initiative des professionnels de la nuit, a reçu 70.000 € de subvention de la Mairie de Paris, plus 18.000 € de la Région Île de France pour "donner aux parisiens l'envie de sortir" et organiser cinq nuits festives consécutives du 17 au 21 novembre.

    De son côté, Mao Péninou, organisateur des "états généraux de la nuit" a obtenu de la Ville un budget de 30.000 € pour mener à bien une démarche dont l'intérêt reste à prouver.

    Le total atteint la somme de 118.000 €, prélevés sur les contribuables parisiens. On est tenté de se dire que pour inciter les gens à sortir, sachant que les sorties coûtent cher, et qu'ils n'en ont pas forcément envie, il aurait mieux valu leur laisser cet argent pour qu'ils le dépensent à leur gré !

    Il est choquant de constater qu'avant même que soient tirées les conclusions des "états généraux", des mesures comme celles-ci, qui font appel à la bourse des parisiens, et peuvent une fois encore contribuer à perturber leurs nuits, soient déjà mises en oeuvre, alors qu'on est censé se réunir pour en parler.

    Il y a dans les subventions de la Ville (1 Milliard d'€ environ par an) (*) des aides institutionnelles dont la pertinence ne souffre pas la critique. Il y a des interventions qui sont parfaitement légitimes pour des motifs de nature sociale. Mais quand on nous impose des ponctions au profit de professionnels qui tirent leurs revenus de l'alcool sous toutes ses formes, nous disons à Bertrand Delanoë : "Monsieur le Maire, nous vous avons élu, puis réélu brillamment, acceptez vous que nous soyons bernés ?".

    "Ces gens là vous trompent aussi. Paris ne meurt pas, Paris première destination mondiale n'a jamais été aussi visité. Les touristes ont atteint un nombre record cet été. Les bars, les restaurants, les théâtres, les rues sont bondés chaque soir au point que la tranquillité des riverains, vous le savez, pose un problème croissant". Ceux dont les affaires marchent mal doivent s'en prendre à eux-mêmes et décider de mesures qui s'imposent. Le contribuable parisien n'a aucune raison de leur servir de béquille, a fortiori s'ils pourrissent leurs nuits.

    S'ils les respectent, en revanche, "la nuit qui dort" et "la nuit qui s'amuse" vivront en bonne entente.

    Nous sommes pour beaucoup d'entre nous passés par l'industrie. La "com" et la manipulation, nous les avons vécues. S'il y a des gens à la Mairie de Paris ou ailleurs qui veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes, nous leur disons tout de suite qu'ils perdent teur temps. Les "états généraux de la nuit" ne seront utiles que si ceux, comme nous, qui en sont les invités de la onzième heure, sont traités autrement que des figurants appelés à servir d'alibi à la concertation.

     

    (*)  voir année 2004 "Ville de Paris", car c'est la seule année où le total est donné. Il est peu vraisemblable  qu'il ait baissé entre temps

    Pour rejoindre notre association, membre de "Vivre Paris !" CLIQUER ICI

     

  • Rivoli pier import

    "Pier Import", à la "pointe Rivoli", carrefour Rivoli-François Miron (IVe)

     

    Pier Import a vécu. A sa place, McDonald's cherche à implanter un de ses restaurants. Les parents d'élèves du lycée Charlemagne protestent : leurs enfants risquent de fuir la cantine pour manger des big macs, dont la composition d'un point de vue diététique, est critiquée par beaucoup.

    L'affaire fait grand bruit. Au point que la Maire du IVe, Domnique Bertinotti, ait jugé bon d'en parler en conseil d'arrondissement le 11 octobre. Elle s'y oppose et rejoint en cela les parents d'élèves et sans doute la population de l'arrondissement dans sa majorité. Rappelons qu'il y a plusieurs milliers d'élèves de collèges et lycées qui gravitent autour.

    Elle met en avant le nombre déjà élevé d'établissements de la firme de Chicago dans le secteur Halles, Bastille mais aussi rue du Renard, (en voie de transformation en "Mac Café"). Il y a déjà un "Starbucks" sur l'espace St Paul, juste en face. C'est autre chose mais il n'est pas déraisonnable d'essayer d'éviter une "américanisation" à outrance de l'espace St Paul, peu compatible avec son caractère propre, au coeur du secteur sauvegardé du Marais.

    En même temps, il faut reconnaître que McDonald's a fait des efforts : sur sa signalétique, qui est un peu plus discrète, sur la diététique de ses produits, avec l'introduction de fruits et légumes, sur l'élimination des emballages qui dans les débuts se retouvaient inévitablement sur les trottoirs. Il reste que leur étiage dans la côte d'amour des français reste bas. Que nos amis d'outre-atlantique nous pardonnent, l'image qu'on nous véhicule de l'américain obèse dès le plus jeune âge n'est pas pour arranger les choses.

    Il reste que les tout jeunes (et quelques autres) plébiscitent ce mode de restauration, car ils peuvent s'offrir un repas complet pour 5 €. Qui dit mieux ?

     

    Post scriptum du 22 avril 2011

    Pier Import est sur le départ. Selon une représentante du collectif de riverains qui s'oppose à l'arrivée d'un Mac Do', c'est finalement "Confo Déco" (groupe Conforama) qui reprendrait lles locaux. La mobilisation des riverains semble avoir été efficace. On attend tout de même confirmation que cette information est exacte.

     

  • Portefoin 8 incendie parking

    8 rue Portefoin (IIIe), parking deux-roues incendié.

     

    Le "serial burner" a sévi à nouveau. Dans la nuit de dimanche 10 octobre à lundi, vers 02h00 du matin, les habitants ont été réveillés par des explosions. Le feu a pris tout de suite. L'immeuble de quatre étages du n° 8 abrite 40 logements. La bibiothèque municipale, qui est installée au n° 10 a été légèrement touchée. Il y avait quelques scooters de ce côté-là. Les vandales n'en ont pas laissé un seul intact. Une voiture aussi a brulé.

    Les habitants, terrorisés en attendant les pompiers, se sont réfugiés loin des flammes, qui ont atteint le sommet de la façade. Par chance, on ne compte aucun blessé.

    Portefoin 8 incendie façade

    Vue de la façade de l'immeuble.

    On sait que la Préfecture de Police et le commissariat du IIIe sont mobilisés pour mettre un terme à cette série d'exactions (5  en dix jours). Les hypothèses vont bon train sur les motivations de leurs auteurs. Une chose parait évidente : ce geste répétitif a une signature. Il reste aux investigateurs à la décoder et à remonter à la source ou prendre les auteurs en flagrant délit d'exécution ou de préparation.

    Il faudra tirer les leçons des évènements ensuite. Des quartiers laissés sans surveillance policière directe ou indirecte la nuit ne sont plus compatibles avec la délinquance ordinaire que nous subissons, pas compatibles non plus avec le niveau de risque terroriste qui nous est signalé depuis quelques semaines.

     

     

     

  • Perche 16 incendie (3) 09 10 10

    16 rue du Perche, IIIe

     

    C'est la St Barthélemy des motos ! On a assisté à une nouvelle exaction dans la nuit du 9 octobre. Des individus ont mis le feu aux deux-roues stationnés devant le 16 de la rue du Perche, en face de l'église arménienne. L'incendie a été plus sérieux encore que les trois précédents.

    Les rez-de-chaussée ont brulé ainsi que les premiers étages. Les flammes ont léché la façade sur toute sa hauteur. Dimanche après-midi, le Maire Pierre Aidenbaum était sur place.

    Comme pour les incendies précédents, le ou les auteurs se sont attaqué à un parc de deux-roues. Hasard ou signature ?

    On se demande à ce propos si les partisans de caméras de sécurité n'ont pas raison. Il est certain que leur existence contribuerait à l'élucidation dans l'enquête judiciaire.

    Voici l'état des lieux avant le sinistre :

    Perche tags nettoyés

     

     

  • Raidd bar fête musique 2010

    Fête de la musique 2010, rue du Temple (IVe). "il faudra que la fête de la musique retrouve sa véritable vocation". Christophe Girard, élu du IVe, Maire-Adjoint chargé de la Culture, Mairie de Paris.

     

    Ces "états généraux de la nuit" se tiendront les 12 et 13 novembre à l'Hôtel de Ville. Un "comité de pilotage" a été constitué en juillet. Une série d'ateliers se seront penchés entre temps sur des thèmes variés : médiation, culture, transports, réglementation etc …. Nous avons participé, au nom de "Vivre Paris !", aux ateliers "médiation" et "culture de la nuit".

    Mao Péninou, Adjoint chargé de la qualité des services municipaux, s'est vu charger de l'organisation de ces "états généraux". Il a retenu trois thèmes, "la nuit qui fait la fête, la nuit qui dort, la nuit qui travaille". Cette proposition nous a paru sincère et pertinente.

    Le comité de pilotage s'est tenu le 8 juillet. On a découvert alors sa composition. Perplexité de notre part : des associations "de circonstance", créées tout récemment, siégeaient avec nous. Pour avoir droit au chapitre, nous avions constitué "Vivre Paris !", en réunissant des associations qui ont pignon sur rue depuis plusieurs années. D'autres ne sont pas donné cette peine. Simples émanations d'intérêts marchands locaux, elles ont été retenues d'office, dans un premier round dont nous étions absents. On mettra cette approche sur le compte de la précipitation des organisateurs. Ils ont pris le risque de jeter un doute sur l'objectivité de leur démarche.

    Tout aussi surprenante, l'absence d'objectifs explicites pour ces "états généraux" et de processus pour réglementer le déroulement des discussions et la prise de décisions éventuelles. Mao Péninou semble, a priori, se contenter de la perspective que ces "états généraux" débouchent sur des orientations générales à long terme. Pourquoi pas ? Il se pourrait que chacun y trouve finalement son compte.

    Le premier atelier, consacré à la médiation a semblé consensuel. On a suggéré la création de cellules dédiées à cette tâche.  Mais sur ce sujet, le consensus est plus apparent que réel. Pour les habitants, la médiation doit s'exercer à l'apparition d'un problème, le bruit d'un établissement par exemple. Pour les professionnels de la nuit, la médiation est attendue pour adoucir l'application de sanctions. Evidemment, les habitants n'en veulent pas dans cette acception-là. Ils ont déjà tellement de mal à obtenir des sanctions qu'ils admettraient mal qu'elles puissent être différées ou atténuées.

    Le dernier atelier était consacré à la culture. Il a été ouvert par Christophe Girard, adjoint au Maire de Paris pour la Culture. Christophe Girard pétille d'intelligence et d'humour. Cet égaré en politique a su incarner la culture à Paris dans ce qu'elle a de plus large, dans l'espace, dans le temps et dans la forme. Autant dire qu'il considère que la culture doit vivre la nuit comme le jour. Il est d'ailleurs l'inventeur de la "nuit blanche", tout comme Jack Lang a été l'inventeur de la "fête de la musique".

    Il a fait passer dans sa courte introduction le message que les activités de nuit doivent rester respectueuses de la tranquillité des riverains. Détail important, la nuit pour lui (comme pour nous) commence au coucher du soleil. Elle englobe donc tous les spectacles traditionnels qui nous sont familiers : cinéma, théâtre, concerts, restaurants, dîners en ville, conférences, expositions, discothèques et ne se définit pas uniquement comme la nuit des nignt-clubs qui commence à deux heures du matin pour aller au-delà du lever du jour.

    Dans ce contexte, y a-t-il un déficit de culture dans les nuits parisienne ? Son adjointe a répondu par la négative en donnant une série de statistiques de fréquentation à Paris et en province qui montrent, avec des rapports de 1 à 100,  la domination écrasante de la capitale. Cette donnée, associée au fait que Paris est la ville la plus visitée au monde et une des plus dense en habitants, milite fortement pour une déconcentration de la culture vers la périphérie de Paris pour commencer et vers la province ensuite. Le projet de "grand Paris" ou "Paris métropole" arrive à point nommé. Cessons de raisonner sur Paris intra muros – et a fortiori Paris centre historique -, et décentralisons la culture.

    L'assistance s'est efforcée de définir ce qu'elle entend par "culture". On a vu tout de suite l'enjeu : la distraction, le divertissement, appartiennent-ils au domaine de la culture ? Pour certains, le mixage de trois disques par un DJ qui crée une ambiance, en fait partie. C'est naturellement la voie ouverte "au tout et n'importe quoi" mais l'assemblée, avec sagesse et de façon unanime, s'est défaussée d'un combat stérile en optant pour une définition sans frontière de la culture. Après tout, les huit notes monodiques de la musique de "touche pas au grisbi", trônent sans complexes au panthéon des chefs-d'oeuvre aux côtés des "variations Goldberg".

    L'intérêt de ne pas cloisonner la culture, c'est aussi d'y faire entrer des populations de jeunes par une porte, quelqu'étroite qu'elle soit, en leur permettant ensuite de circuler en s'enrichissant à l'intérieur. Chacun suivant son inclination pourra trouver la forme de son choix dans un parcours individuel  d'initiation.

    Il faut ajouter à ce "rapport d'étape" que les discussions se déroulent dans une atmosphère amicale avec des gens qui privilégient l'argument à l'invective. C'est donc une occasion pour ceux qui se sont toujours croisés sans se parler, en s'insultant quelques fois, de se rencontrer enfin et de se connaître. On découvre alors qu'il n'y a pas que des exploitants avides et des riverains grincheux.

     

    Pour que votre voix soit entendue dans ce débat, rejoignez l'association. Comment ? Cliquer ICI

     

     

  • Ste croix vieille du t le central Vieille dt t le central

     

     

     

     

     

     

    Après 30 ans de service, le bar-hôtel de tourisme "Le Central", 33 rue Vieille du Temple (IVe) tire sa révérence en offrant une soirée d'adieux le samedi 9 octobre.

    Il offrait 7 chambres et un appartement en plein coeur du centre historique de Paris, au barycentre des musées Picasso, Carnavalet, du centre Beaubourg, de la place des Vosges et bien d'autres centres d'intérêt.

    Il se chuchote que l'immeuble sera transformé en logements (le prix du marché y invite très fort) et le rez-de-chaussée en magasin de prêt-à-porter, pour changer un peu.

    A deux pas de là, au 10 rue Ste Croix, le "Rendez-vous des Amis" a repris des couleurs depuis son incendie il y a quelques mois. Il va pourtant être vendu. Un restaurateur chinois était sur les rangs mais n'aurait pas fait affaire. On a plutôt tendance à s'en réjouir car il s'agit d'un établissement dans la tradition des bistrots parisiens qu'on aimerait conserver aussi longtemps que possible. Les marchands de fringues sont à l'affut mais le propriétaire actuel a des scupules qui l'honorent. Il veut que s'installe là un restaurant comme le sien. Date prévisible : premier trimestre 2011.

    Ste croix 10 rendez vous des amis

     

     

     

     

     

     

     

  • Interview national public radioLe président de "Vivre le Marais !" répondant pour "Vivre Paris !" aux questions d'Anita Elash, micro à la main, correspondante de "The World", pour le compte de National Public Radio.

     

    Nos amis d'outre Atlantique ont souvent du mal à nous comprendre. Il arrive, comme c'est le cas aujourd'hui pour les terrasses, qu'ils dépêchent un journaliste pour démêler sur place un sujet qui, dans leur logique, leur semble surréaliste.

    Le dossier des terrasses en fait partie. Nous sommes les spécialistes en France des mesures antagonistes : on interdit de fumer dans les salles mais on prie les fumeurs d'aller en terrasse et on ouvre la boite de Pandore. On interdit de consommer debout sur le trottoir mais les attroupements autour de certains bars jouissent d'une impunité surprenante. Aux USA, en Californie et à New-York maintenant, au moins c'est clair : il est interdit de fumer où que ce soit.

    On y viendra …. dans dix ans. Avec ce décalage qu'on retrouve systématiquement sur toutes les décisions de bon sens ou de santé publique qui ont été prises dans les pays civilisés et qui sont inévitablement décriées chez nous à leur annonce. Exemple : la limitation de vitesse sur routes, la ceinture de sécurité, les phares blancs et plus récemment l'interdiction (encore partielle) de fumer.

    Anita Elash  attendait essentiellement deux réponses : d'abord la confirmation que "Vivre Paris !" ne veut pas la mort de Paris. Le nom même de notre réseau est un clin d'oeil à "Vive Paris !" Qui a bien pu lui souffler une pareille ineptie ? Il n'est pas très difficile de deviner : ceux qui font des affaires mirobolantes avec la vente de boissons la nuit et qui en veulent davantage. Rappelons que le nombre de visiteurs à Paris cet été a battu tous les records. Il n'a pas été non plus très difficile de lui montrer que nous oeuvrons pour le rayonnement et la réussite économique de Paris, qui reposent sur d'autres critères bien plus valorisants que la fruste consommation nocturne d'alcool.

    Elle a voulu aussi savoir pourquoi nous acceptons chez nous de chauffer les terrasses, c'est à dire l'atmosphère, et pourquoi ce serait un moindre mal d'imposer l'électricité. Nos explications sur la transmission de chaleur par rayonnement dans l'infrarouge, propre à l'électricité, et la transmission par convexion, plus caractéristique du chauffage au gaz, le fait que cette source de chaleur implique une combustion, génératrice de dioxyde et de monoxyde de carbone, et pas l'autre car notre électricité est d'origine nucléaire, l'ont amenée à nous faire répéter deux fois les explications. La vraie question, sous-jacente, est restée sans réponse, car il n'y en pas : "comment est-il concevable, en période d'économie d'énergie, qu'on en vienne à chauffer les rues ?"

    Il n'est pas sûr que ses auditeurs comprendront les finesses du raisonnement parisien. National Public Radio diffuse sur tout le territoire américain, sur le modèle de la BBC anglaise. Nous sommes honorés que notre message aille aussi loin et bien que conscients que nul n'est prophète en son pays nous aimerions que ceux qui prennent pour nous des décisions regardent bien en face nos contradictions et s'appliquent à les résoudre.

     

     

  • Coutures st gervais motos bruléesCoutures st gervais immeuble brulé   

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pastourelle 13 motos brulées

     

    Coutures st gervais motos brulées zoom   

     

     

     

     

     

     

     

    Trois foyers d'incendie ont été allumés successivement dans les rues de Poitou, Pastourelle et des Coutures St Gervais (IIIe).

                                                                                                                                                          

    Carcasses calcinées, façades noircies, portes brulées, habitants choqués, tel est le bilan du jeu auquel s'est livrée une bande d'individus cagoulés dans la nuit du 29 au 30 septembre.

    Selon le propriétaire de la galerie du 14 rue des Coutures St Gervais, interviewé pendant qu'il nettoyait sa vitrine, la police a déclaré que des actions similaires ont eu lieu simultanément dans Paris. Ce détail fait frémir. Le IVe, apparemment, n'a pas été touché. Toujours selon la police, une cellule d'enquête a été constituée au niveau de Paris pour élucider l'affaire et retrouver les coupables.

    Nos quartiers sont vulnérables la nuit. La police tourne au ralenti. Si deux incidents surgissent en même temps, elle n'a pas les effectifs nécessaires pour réagir.

    Les apprentis-sorciers, qui rêvent à l'Hôtel de Ville d'un Paris encore plus animé la nuit, seraient bien inspirés de se demander comment sera assurée la sécurité des personnes et des biens dans une ville sursaturée et surexcitée. Ce que nous constatons aujourd'hui les lendemains de fêtes nous incite à la plus grande réserve.

     

     

     

  • Terrasse laurent jeanin-naltet

    Une terrasse parmi tant d'autres cet été.

                                                                                                                                                        

    L'avant-projet de règlement des étalages et terrasses nous a été adressé pour examen au mois d'août par la Directrice de l'Urbanisme (DU), Elisabeth Borne. Nous avons de multiples raisons de le contester en raison des conséquences négatives qu'il aurait sur la qualité de vie à Paris. Il a toutes les apparences d'un document rédigé pour satisfaire les revendications des commerçants.

    Voici les sujets de litige. Les premiers sont une détérioration de la situation actuelle :

    • passage minimum pour les piétons réduit à 1,60 m, c/ 1,80 dans le "schéma d'accessibilité" approuvé en 2002, confirmé en 2005 par Lyne Cohen-Solal Maire-Adjoint auprès de Bertrand Delanoë
    • possibilité d'accorder des autorisations de terrasses de 50 cm, c/ minimum 60 cm actuellement. Ceci veut dire en pratique que tout le trottoir est annexé.
    • atténuation de la règle "un tiers pour les terrasses/deux tiers pour les piétons" par l'indication que cette règle s'applique "en principe". Les lois et règlements ne s'appliquent pas "en principe". Ils s'appliquent tout court. Est-on prêt  à accepter, à la Mairie de Paris, que les impôts locaux soient payés "en principe" ?
    • les terrasses peuvent couvrir 50 % du trottoir, s'il a la taille requise. Auparavant, une telle décision était soumise à l'avis motivé du Préfet de Police. Cette contrainte est supprimée.
    • Dans les zones piétonnes (ex. rue Montorgueil, rue St Denis), suppression de la règle du tiers pour les piétons. Il suffit de laisser 4 mètres de chaussée libre pour les véhicules de sécurité et autres, quelle que soit la largeur de la voie. Ceci entérine le fait que des terrasses puissent occuper la totalité des trottoirs.
    • la terrasse est désormais définie comme un espace laissé libre à l'exploitant pour son activité personnelle. Définition actuelle, à laquelle nous sommes très attachés : c'est un espace où il est autorisé à installer des tables et des chaises pour ses consommateurs. La DU veut-elle maintenant autoriser la consommation debout verre à la main sur l'espace public, en dépit des dérives et des nuisances constatées ?
    • la réglementation en vigueur exige que les matériels soient rangés la nuit à l'intérieur de l'établissement. Le projet n'en fait plus état.
    • les "chevalets", interdits aujourd'hui mais tolérés s'ils restent dans l'emprise de la terrasse, ne le seraient plus. Autant dire qu'ils seraient permis.
    • Disparition de l'obligation pour les propriétaires de s'assurer que "l'exploitation des installations n'apporte aucune gêne pour le voisinage et tout particulièrement entre 22h00 et 7h00 du matin" (art 26 du règlement actuel).
    • un point positif : les chauffages au gaz sont interdits. Mais pas les autres.
    • autres points positifs (car il y en a) : prise en compte de "la qualité architecturale et patrimoniale du paysage bâti et non bâti", vérification que le commerce est en mesure de fonctionner en l'absence de terrasse, pour le cas où l'autorisation serait retirée, meilleure prise en compte de la position des arbres pour le calcul de l'espace disponible.

    Des suggestions que  nous avions faites dans notre contribution de juillet n'ont sans doute pas été portées à l'attention des auteurs du projet. Il s'agit de :

    • l'attribution de l'autorisation à une personne physique (au lieu d'une personne morale). Avantage : la terrasse, qui n'est qu'une tolérance et non un droit d'utiliser l'espace public, n'est pas un élément constitutif de l'actif immatériel du commerce mais une faveur consentie à une personne qui est tenue responsable de sa bonne utilisation
    • obligation d'effectuer une étude d'impact du bruit comme condition préalable à l'attribution d'une autorisation de terrasse.
    • avis favorable du Maire d'arrondissement exigé
    • retrait de l'autorisation en cas d'infraction répétée ou aggravée
    • interdiction des bâches en plastique, en particulier dans le secteur sauvegardé du Marais.

    Enfin, il est dit dans cet avant-projet que les situations conflictuelles seront réglées par des chartes. C'est de l'inconscience ou pure tactique. Une charte n'a pas de valeur juridique. Renoncer à la loi et aux moyens de la faire appliquer, faire appel à ce cache-misère qu'est la charte, c'est faire comme Ponce Pilate : s'en laver les mains.

    Nous sommes invités le 8 octobre par Lyne Cohen-Solal, Maire-Adjoint de Paris, chargée du commerce et de l'artisanat pour un échange de vues. C'est elle qui a autorité sur les autorisations de terrasses et étalages. Nous attendons beaucoup de cet entretien mais nous avons quelques préventions. Mme Cohen-Solal peut-elle concevoir un règlement équilibré alors qu'elle est l'autorité de tutelle à Paris du commerce et des commerçants. Que Mercure nous pardonne, il y a là une forme de conflit d'intérêt potentiel qui nous inquiète.  Nous saurons à l'issue de la rencontre si nos craintes étaient justifiées ou pas.